François Bayrou demande une grande manifestation réunissant la droite et la gauche. Utopique ? Voire... La dernière réforme de l'enseignement public apparaît comme une véritable destruction de l'instruction publique. A Monde et Vie nous avons consacré le dernier numéro à ce sujet, avec Claude Meunier-Berthelot, Elisabeth Nuyts, Laurent Garnier, Laurent Wetzel et bien sûr Eric Letty. Vous pouvez nous nous retrouver en ligne. Cet article est tiré du dernier numéro que vous pouvez acheter en ligne.
La réforme Belkacem en préparation, et qui doit être imposée à tous les collèges de France repose sur deux idées simples : il y a trop de matières, cela coûte cher en professeurs ; il faut absolument mutualiser les disciplines et faire en sorte que les profs deviennent le plus polyvalents possibles au nom de l’Interdisciplinarité, c’est-à-dire de cours qui seront comme des activités d’éveil, « animés » par plusieurs professeurs à la fois. La loi René Haby, imposée aux collèges en 1975 et prescrivant le collège unique à tous les enfants entre 11 et 15 ans, semble un peu la source de tous les malheurs éducatifs que nous connaissons, parce qu’elle ne permet pas aux jeunes de s’orienter dans la vie avant l’âge de 15 ans (16 ans aujourd’hui avec le ‘tronc commun’ jusqu’à la Seconde). La réforme drastique de l’enseignement des collèges, proposé par l’administration Belkacem, risque, elle, d’avoir des conséquences irréversibles sur la culture française. Pour la première fois on change fondamentalement les programmes. On a pourtant plus que jamais besoin d’une culture qui unifierait les Français entre eux et favoriserait l’assimilation de populations allogènes ? Qu’importe ! Au nom des économies, au nom d’une sorte de haine de l’humanisme soi-disant facteur de sélection, on envoie par dessus les moulins les professeurs supplémentaires, les professeurs chers parce que diplômés : plus de latin, plus de grec, nous le disions déjà dans le numéro 907. Plus d’allemand. Plus de classes européennes ou de classes bilingues. Toutes ces matières coûtent cher et elles servent de repères aux « bons élèves », elles représentent donc une offense à l’égalité, une sélection cachée des meilleurs. C’est intolérable pour les idéologues de l’Ed nat.
Mais cette fois, au moins faut-il l’espérer, la ficelle est trop grosse. Le voleur chinois n’a pas eu la patience d’attendre son heure. Et beaucoup de gens de droite (Alain Finkielkraut inévitable sur ce sujet) mais aussi beaucoup de gens de gauche (Régis Debray, Pascal Brukner, Michel Zink, président de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, auquel Belkacem avait demandé aide et soutien pour mieux enterrer le latin) élèvent la voix. Perdant soudain son flegme et peut-être encouragée par le soutien bruyant que lui prodigue en toutes occasions Manuel Valls, Nadjat s’est retournée contre ses critiques en les traitant de « pseudos-intellectuels ». Tout ces gens qui justement n’ont que ce statut pour briller, n’ont pas aimé, mais alors pas du tout… Ils sont bien décidé – au moins en apparence – à ne pas se payer de quelques mots gentils de la Ministre, en exercice de déni permanent. Jack Lang est intervenu aussi. Avec force : . « Je serais ministre, je prendrais ma plume après avoir lu attentivement les programmes et je les réécrirais ». On est heureux d’apprendre que Jack Lang se sert encore d’une plume. Au moins n’a-t-il pas tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de donner son avis : il a mis le doigt où le bats blesse : « Ce n’est pas en décapitant le meilleur que l’on peut construire une école de l’égalité ». C’est bien la passion de l’égalité, « l’âme de la France » comme disait imprudemment François Hollande en préface à ses Soixante propositions de gouvernement, qui risque de déculturer définitivement nos enfants. En effet les langues que l'on n’a pas apprises à 15 ans, on ne les apprendra correctement plus tard que moyennant des efforts disproportionnés ou une situation particulière dans l'existence.
On n'écrit pas Nadjat Belkacem, mais Najat Valaud-Belkacem. Remarque politiquement correcte au possible, mais pourquoi lui refuser le nom de dame et le tiret qui est accordé à n'importe quelle femme issue de la bourgeoisie française?
RépondreSupprimerSinon en vertu d'une pointe de racisme très appréciée de nombre de vos lecteurs, mais pas vraiment digne d'un prêtre. Même perfidie dans l'allusion à Jack Lang et à sa plume.
On n'écrit pas non plus "des classes bilingues", mais "bilangues",
c'est moins Français et plus artificiel, donc plus "culturel" et plus apprécié...
On ne dit pas non plus l'"éd nat", mais plutôt l'éduc nat.
Alain Finkielkraut ne se reconnaîtrait pas comme un intellectuel de droite.
En dehors de ces quatre erreurs et maintenant que votre copie est corrigée:
-Il y a trop de matières, certes, et ce n'est pas cette réforme qui en enlève. Elle en rajoute au contraire à la faveur de "l'interdisciplinarité", qui recycle là les interventions de prévention et l'initiation à la citoyenneté ou au "développement durable". L'interdisciplinarité est la passion des pédagogistes depuis au moins 1998, où je puis attester de son apparition sous la plume de Jacqueline Costa-Lascoux ou de PHilippe Meyrieu. Il n'y a qu'à dire que "l'interdisciplinarité" est le nouveau nom des centres d'intérêt multiples de "l'honnête homme" du vingt et unième siècle.
-la passion de l'égalité qui anime les "élites" françaises est celle d'une égalité non différencialiste, malgré la passion du droit à la différence que les mêmes professent...
Une école qui mettrait vraiment l'élève au centre du système chercherait à développer chacun dans le génie particulier de son intelligence. Elle ne mépriserait pas le bas et le haut de l'échelle sociale où se manifeste le mérite de devenir manœuvre ou médecin et d'embrasser des métiers dont l'exercice demande beaucoup d'efforts. Elle développerait une orientation qui se soucierait à la fois du goût des élèves et des besoins de la nation. Elle favoriserait moins un enseignement de masse que des classes de niveau.
-Avez-vous remarqué qu'on ne peut plus parler d'"école" sans ajouter que c'est celle de "la république"? C'est quand manque la chose qu'on la remplace par le mot. Quarante ans de lutte contre les mécanismes de reproduction sociale dénoncés par Pierre Bourdieu n'ont fait que les intensifier.
Oui mais sur RCF le responsable de l'enseignant catholique dit que cette réforme est une bonne chose .
RépondreSupprimerQui peut expliquer ?
Merci pour cet article mesuré, et qui aide à réfléchir. Une suggestion: ne pourriez-vous donner quelques références/renvois pour alimenter cette réflexion ? Je sais que les références, c'est un peu scolaire ou académique, mais bon...
RépondreSupprimerJe viens d’écouter un court reportage américain sur les raisons de nos abrutissements programmés : Les QI sont en nette descente et les plus élevés d’entre eux n’atteignent plus ceux d’autrefois. Si l’on ajoute à cela les produits chimiques dangereux ajoutés à la nourriture, ainsi que les nouveaux vaccins pour nourrissons qui seront responsables à court ou moyen terme de maintes maladies dégénératives, on a un petit aperçu de la forme que prend l’assujettissement d’une partie de la population terrestre par une autre. Le drame c’est que la désinformation aidant (ou n’aidant pas) les français découvrent au « coup par coup », sans y croire vraiment, cette mise en esclavage programmé. L’état totalitaire liquidera toute dissidence et toute velléité de nostalgie envers une Nation, une culture, un culte. Pour certains, notre terre étant trop peuplée, il faut faire de la place, la guerre souterraine étant la plus soft. Quelques piqûres par-ci par-là (chimiques et culturelles) et on euthanasiera facilement des milliards d’humains (sans même parler de l’Islam envoyé comme « virus » dans l’organisme chrétien) ! Alors aller manifester ? L’Etat a déjà répondu par la force et le mépris comme pour le mariage pour tous. Il n’y a aucune possibilité de négocier avec ce mondialisme, AUCUNE ! Par contre lors de chacune de ces manifestations, il y a une prise de conscience des français. Petit à petit la France se réveille… Alors, le Latin, le Grec, l’Allemand (quelle injure pour nos soi-disant amis d’outre-Rhin !)… Tout cela ne reviendra pas sans un bouleversement politique et une révolution dans les consciences. Plus de soupirs, mais des actes !
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