mercredi 1 juin 2011

Il faut tout dire à Dieu

Merci à tous ceux qui ont répondu au message de détresse publié à la suite du dernier post. Je crois que ce qui manque le plus à une femme lorsque l'homme qu'elle a aimé devient violent et tourne cette violence contre elle, ce sont des mots de vraie consolation et si possible une amitié, qui permette de vider un sac trop lourd à porter et de vérifier, dans le regard d'un autre, que non on n'est pas nul, que l'on fait ce qu'il faut sous le regard de Dieu et qu'aucun sacrifice n'est jamais perdu.

Le langage du sacrifice est dur à entendre aujourd'hui. Mais dans certaines circonstances, forcément douloureuses, douloureuses quoi qu'on fasse, c'est ce langage qu'il faut réussir à se tenir à soi-même pour dominer les circonstances. Vous connaissez le mot de Bernanos, dans plusieurs de ses lettres à ses proches : "Je suis dans la main de Dieu. Va-t-il serrer ?"

Le plus urgent : ne pas craquer. Faire face. Et pour cela : que l'Esprit saint s'unisse à notre esprit pour le renforcer. J'avoue que je ne crois pas beaucoup dans les organisations (qui font ce qu'elles peuvent, mais de l'extérieur). Je crois au grand allié de tous nos combats, je crois au Saint Esprit, je crois qu'il y a un dialogue permannent avec lui (qu'on l'appelle de ce nom ou d'un autre peu importe) et qu'il ne faut jamais rompre ce dialogue intérieur, sous peine de se retrouver dans une solitude irrémédiable. La société actuelle agit comme une gigantesque centrifugeuse, qui nous plaque à la surface de nous-mêmes. Nous avons à l'intérieur de nous des richesses insoupçonnées. Pour les entretenir, pour les redécouvrir ? il faut parler à l'hôte intérieur. Voyez (ou allez voir) dans The tree of life, le jeune Jack, qui doit être un double de Terrence Malick. il veut tuer son père, tellement est lourde la chape de silence et d'obéissance dont s'entoure ce père abusif (et animé par ailleurs des meilleurs intentions du monde). Mais ce jeune Jack, même animé des pires intentions, il prie. Il dialogue sans cesse avec Dieu, jusqu'à lui dire à un moment : "Tue-le ! Tue-le !" Les bonnes âmes crieront au sacrilège. Elles n'ont rien compris. Le Saint Esprit n'a pas peur de nos injustice, de nos ordures, petites ou grandes. Pas même de nos haines. Mais il ne faut pas rompre le dialogue avec lui et ne pas craindre de le ré-ouvrir. Comment ? mettez-vous à genoux. Dans une église peut-être, c'est souvent plus facile. Offrez-vous ! Au moment où vous vous donnez vous-même à Dieu, il se donne à vous, avec son esprit [son intelligence, sa vision de l'existence], sa force [pour compenser votre faiblesse] et sa puissance sur les événements, qui tourneront en votre faveur.

J'ai rencontré ce soir quelqu'un qui m'a expliqué qu'il sortait d'une passe extrêmement difficile (je ne préciserais pas davantage). Il pensait n'avoir que quelques jours à vivre. Il a redécouvert Dieu, il s'est remis à lui parler... Je me suis permis de lui dire : les Eglises vont mal et certains croient que leur rôle est terminé. Mais Dieu est au fond du coeur de l'homme. Ce n'est pas la raison discursive qui le découvre, c'est la compréhension intuitive du Mystère du monde, auquel renvoie le mystère de notre naissance et de notre destinée. Le mystère de notre mort... Tellement logique, attendue, cette mort, et tellement scandaleuse. A la fois naturelle et antinaturelle.

Est-ce qu'on fait dans le subjectivisme en affirmant que Dieu est au fond du coeur de l'homme ? L'Evangile nous le dit : "Le Royaume de Dieu est à l'intérieur de vous".

Je voulais aussi vous parler de saint Thomas d'Aquin sur ce sujet. J'ai le bonheur de donner un cours sur la Somme théologique, chaque lundi soir au Centre Saint Paul, avec des personnes de toutes formations. Cette année était au programme la Première Partie de la Deuxième Partie sur les principes généraux de la vie morale. Nous en étions à la Question 106, sur la loi nouvelle, la loi de l'Evangile. Saint Thomas d'Aquin se demandait : "Est-ce que la loi nouvelle est une loi écrite ?". Réponse : non. La loi nouvelle est écrite dans nos coeurs. Nos coeurs sont les parchemins sur lesquels elle est profondément gravée. Il y a comme disait Tertullien "un témoignage de l'âme naturellement chrétienne". Pour que ce témoignage soit rendu, que faire ? Peut-être juste redécouvrir qu"'on a une âme, c'est-à-dire recommencer à parler avec Dieu, le prendre à témoin, l'inviter dans tous nos débats intérieurs.

J'ai rencontré une autre personne ce soir, qui se reconnaîtra sans doute en lisant ce texte et qui me disait combien elle avait pu aider l'Eglise, et très concrètement sa paroisse, en donnant aux enfants son expérience d'entrepreneur chrétien et sa culture de littéraire impénitent. Mais, me dit-il, l'Eglise, quand même ! Cela me faisait l'effet d'un sectarisme. Il a hésité sur ce mot. Je lui ai suggéré "cléricalisme", en insistant sur le fait que les prêtres avaient forcément des réflexes de boutiquier et qu'ils voulaient leurs ouailles à l'abri. Réflexe sécuritaire bien compréhensible !

Comme il insistait sur le doute, je lui ai répondu que la foi et le doute font bon ménage. C'est l'absence de doute, le matérialisme bétonné, la foi athée qui s'oppose à la foi chrétienne. Mais pas le doute ! Son doute sur la résurrection a mené saint Thomas apôtre, jusqu'aux Indes !

A partir de là, je me suis permis (ce qui ne se fait pas dans les dîners en ville j'en ai conscience) de lui parler de la Question 106 de la Somme théologique : la foi est un élan personnel suscité, en chacun, par le Saint Esprit. La Loi nouvelle n'est pas une loi écrite... Ou plutôt, comme le précise saint Thomas, elle l'est secondairement ("secundario") à titre de préparation ("dispositive"). Qu'apportent les prêtres ? Qu'apporte l'Eglise ? Non pas une gestion des âmes. Non pas une autorité sur les âmes. Le rôle de l'Eglise est de mettre à la disposition des fidèles les formes liturgiques, théologiques, catéchétiques, qui lui permettront d'avancer droit.

C'est dans cette perspective que l'on voit le drame d'un certain esprit du Concile qui, suite au discours introductif de Jean XXIII, distingue le fond et la forme du message chrétien, en méprisant les formes, considérées comme purement accidentelles par rapport au fond. Le problème, c'est que à considérer ces formes comme accidentelles, l'Eglise qui en était la gardienne attitrée, a perdu sa raison d'être, avec à la clé, parfois, la tentation de gérer "le fond".

Plus que jamais, il faut répéter cette phrase lumineuse de Félix Ravaisson : "Tout le christianisme n'est qu'une préparation". Préparation à quoi ? A la rencontre personnelle avec Dieu, dont parle la Question 106. Préparation à ce que les thomistes appellent encore : la grâce efficace. Le mystère de cette rencontre, l'Eglise peut le préparer. Elle ne peut pas le produire. C'est à chacun de se prendre en charge devant Dieu. Et pour cela d'abord, encore une fois : ne jamais rompre le contact. On peut tout dire à Dieu... même des horreurs, si on le prie, jusque dans le péché, jusque dans la révolte et l'incompréhension... Peu importe. Si on s'adresse à lui, il ne nous laissera pas tomber.

C'est tout le message de the tree of life, message que l'on ne trouve pas chez Bernanos, que l'on découvre peut-être dans les Frères Karamazov de Dostoievski, lors de la rencontre entre Aliocha et le starets Zossime : si tu ne romps pas le dialogue avec Dieu, Dieu ne rompra jamais avec toi. Dans le film, le jeune Jack (Hunter McCracken simplement inspiré) s'est révolté contre Dieu. Il a pensé que Dieu pouvait être méchant puisqu'il permettait les choses méchantes. Et en même temps, c'est à travers la conscience qu'il a de son péché qu'il revient à Dieu [voilà justement le thème de Dostoïevski]. Il a péché, comme l'adolescent violent qu'il est... Mais il a conscience de ce péché et il continue à parler à Dieu : "Ne me regarde pas, je ne peux pas te parler !" Il parle à Dieu pour lui dire qu'il ne peut pas lui parler ! Dieu ne rompra jamais avec lui...

13 commentaires:

  1. Les deux peuvent fort bien marcher ensemble : Dieu ET les groupes humains d'aide et d'écoute. C'est même l'idéal quand les deux "marchent" ensemble. Dieu le veut.

    RépondreSupprimer
  2. Quand on m'a "flingué mon père" ("symboliquement", j'avais onze ans, Dieu m'a permis de Le découvrir. Il m'a ainsi permis de ne pas devenir fou... (enfin, pas trop)
    Mais quand je me tourne "au dedans" quand je considère mes richesses littéraires, mon expérience, etc ... je sais que je suis "occupé": troué par l'inceste et occupé par le "monde" auquel il a fallu s'ouvrir...i.e. à dire, dans mon cas,se faire éventrer une seconde fois !
    Je dis donc à Dieu " vous qui êtes en moi, mais séparé par le mur de chair pourrie qu'on a fait de moi, que votre volonté soit faite... et menez-moi là où vous voulez..pour votre gloire et ma joie"... Il m'a déjà fait bien des grâces (morts, maladies, divorce, harcèlement professionnel etc ) Sur le moment, je n'ai pas apprécié du tout..
    Avec le temps, il nous détache..pour Lui...
    Mais heureusement que de temps en temps (très rarement) , il m'envoie une petite "touche sensible"...de sa présence (quand je suis à bout de ressources)... car dans un tel désert ( renforcé d 'une désertification criminelle)..comment tiendrai-je?
    Je cherche une Eglise qui ne se voile pas la face sur l'inceste et ce qui se passe dans les "familles" libérales d'il y déjà a 60ans !!! Et qui propose effectivement toute la riche splendeur de la Révélation, afin que le chemin intérieur ne s'égare pas dans les sables et le stupre...
    Ne trouvant pas, je fais ...

    Entrant dans les églises, je suis toujours stupéfait..Parfois, il est signalé que c'est un lieu de prière .Bien. ...Mais nulle part je ne vois de précisions( sur le saint sacrement, par exemple, la présence réelle mais aussi mille autres choses ....) Et sur les tables de "pub" je ne vois rien qui dise " vous êtes, athée...voilà ce que Jésus vous dit" "vous "êtes agnostique , voila ce que Jésus vous dit " "vous êtes protestant, bouddhiste, ,orthodoxe , new age, sataniste, etc ... "VOUS ETES CATHOLIQUE? VOILA A QUOI VOUS ETES TENUS"...

    Sortant des églises ,je suis stupéfait .D'accord " ite MISSA est" Mais l'envoi,mais la mission, avec quel biscuit ??? Où les tracts simples sur l'histoire véritable de l'Eglise notamment sur toutes les légendes noires? où les citations merveilleuses des Pères et des spirituels, à diffuser autour de soi GRATUITEMENT? comme nous avons reçu ? où les poèmes, les bibliographies, les citations..

    et pendant ce temps là, la CRAPULE au pouvoir partout continue de diffuser ses calomnies, ses approximations,ses mensonges majeurs ou par omission, ses séductions de strass et paillettes... meurtrières sous leur apparence légère...

    A quoi joue-t-on , dans les églises ???
    De quoi faire regretter Inquisition Index et Croisades!

    RépondreSupprimer
  3. A qoi sert l'Eglise? à quoi servent les prêtres? Et bien, vous, M.l'Abbé vous "servez" incontestablement à donner ou redonner des ailes aux pauvres pêcheurs que nous sommes!Merci!
    Le véritable abandon, oui, est de tout dire à Dieu. Mais avec ce bon esprit du Gloria où la bonne volonté est louée! "Paix aux hommes de bonne volonté"!
    ET pour vous, chère personne découragée dont parle notre Abbé, je vais prier pour vous, au sein de cette grande et magnifique famille que nous formons. Et j'espère que la Providence vous mettra sur mon chemin un jour pour que je puisse vous faire du bien...même si je ne sais pas que c'est vous! ("que l'on voit que vous êtes chrétiens entre vous..").

    RépondreSupprimer
  4. Et si on a longtemps renié Dieu et qu'un jour on se rend à quel point on avait tort, et qu'on revient vers lui ?

    RépondreSupprimer
  5. A l'Anonyme qui a tant souffert, j'admire votre Foi et je me dis : comme Dieu est grand! et comme l'Homme est grand lui aussi dans sa quête de la vérité, de la beauté, de la dignité et de l'honneur! (ah oui, au passage, votre chair n'est pas pourrie, c'est l'homme qui a abusé de vous qui est pourri, jusqu'à la moelle).

    Ce que vous ne trouvez pas dans les églises pourtant existe. Il y a tant d'initiatives, vraiment, dans les paroisses, diocèses, au sein des maisons d'édition : que de publications!! c'est admirable ce que l'on fait pour les jeunes par ex. ou pour d'autres tranches d'âges, chez Bayard Presse, Fleurus-Mame, Artège, Fraternité StPierre et ses Trois Blancheurs, Téqui, l'Emmanuel, et tant et tant. Pour les Paroisses par ex. il y a les fiches CROIRE, à voir sur http://croire.bayardcdn.com/fiches/fiches_croire.htm . Un certain nombre de paroisses les ont sur des présentoirs attrayants même si certaines fiches sont un peu insuffisantes (la Messe par ex.) Le problème est que cela n'est pas "donné" et que les paroisses ont de moins en moins de moyens...alors aux curés de prendre le relais et de confectionner ou faire confectionner des fiches ou dépliants agréables à lire, colorés, sur les points essentiels de la Foi. C'est une demande qui revient très souvent. J'ai déjà vu cela dans des églises de province avec les moyens du bord : polycopiés, feuillets reliés, fabriqués par des curés inventifs et soucieux de catéchiser. Leur problème en province à présent, c'est le manque de temps (quand on a 13 paroisses à visiter...).
    Alors, messieurs en retraite, et si vous vous mettiez au travail? on se passerait ces fiches bien volontiers..mais sachez qu'il en faut des multitudes car elles disparaissent très vite et il faut sans cesse remplir les présentoirs...et on en revient au premier problème : c'est cher!
    En dehors de ça, il y a les nouvelles formes de catéchèse, de réunions, rencontres, les groupes "Alpha", les équipes "Tandems", etc.
    Non, ne désespérez pas. Vous, l'Anonyme de 10h02, mettez la main à la pâte car le Seigneur appelle tout particulièrement ceux qui sont revenus de l'enfer car ils peuvent témoigner en toute connaissance de cause. Ils savent ce qui est la Vie et ce qu'est la mort.
    L'Eglise, c'est vous. N'attendez rien qui doive tomber du ciel tout fait du Pape, des évêques et des curés, l'Eglise pour vos contemporains, c'est vous, c'est nous tous. ON DEMANDE DES BONNES VOLONTÉS !

    RépondreSupprimer
  6. D'accord avec vous, Monsieur l'abbé, et merci de ce réconfort que vous nous apportez. Beaucoup de pauvres, blessés par la vie, sont rebutés par certains nantis, à qui tout a réussi: études, argent, mariage en blanc et enfants bien lavés derrière les oreilles. Tant mieux pour eux...Mais ils auront à rendre compte de toutes ces grâces reçues. Et ils font du mal, lorsqu'ils culpabilisent les autres, ceux qui n'ont pas réussi comme eux, selon les critères bourgeois, et qui ne savent même pas de quoi ils sont victimes. Il n'y a pas qu'un seul chemin pour aller à Dieu...

    RépondreSupprimer
  7. Cher S. si on a longtemps renié Dieu et qu'un jour on revient vers Lui, alors Il sort de sa Maison et court à ta rencontre et Il te prend dans ses bras et c'est Lui qui te porte jusqu'à l'intérieur.
    Lire la parabole du fils Prodigue dans l'évangile selon saint Luc, chapitre 15.
    Le sacrement de la Pénitence, c'est ça. Tu vas voir un prêtre, tu lui dis en toute simplicité "je regrette profondément, je ferai tout ce que je pourrai pour ne pas recommencer...que puis-je faire pour réparer? j'aime Dieu". Il t'écoute, il te parle, il te conseille, il fait un beau signe d'absolution sur toi.
    Et tu sors de là tout neuf comme un petit enfant nouveau baptisé.

    RépondreSupprimer
  8. En effet, bien belle famille que forme le métablog! Ma compagne, qui a vécu la violence dans sa chair à un point que je ne saurais décrire, m'a souvent dit:
    "Il n'y a qu'une alternative: "Dieu ou la violence!"

    Quand on a vécu saintement le martyre que voulaient nous faire subir les violents, on est protégé pour jamais de la violence quant à soi; ça ne veut pas dire que l'on ne va pas rencontrer des personnes qui soient à l'abri de cette violence; pour moi, je sais que je ne suis pas à l'abri; alors, je prie que Dieu me préserve de la violence dont je serais capable sans Lui!

    Est-ce que je me parle le langage du sacrifice? Enfant de ma génération, je serais bien incapable de me l'inculquer à moi-même ; mais il y a un langage du sacrifice qui me parle: c'est celui du "coeur brisé". Je viens à dieu avec mon coeur brisé et Il me dit qu'il ne faut pas venir à Lui avec davantage pour être prêt par cela seul à faire Sa volonté. Alors je dis:
    "voici, je viens!"

    Et venant à Lui ainsi, étant bien incapable de lui offrir autre chose que ce coeur qui ne sait rien donner, mais qui est resté sensible, n'ayant d'autre part jamais rompu le dialogue avec Lui, dans la joie comme dans l'angoisse, j'ai toujours ressenti que tel était le chemin par lequel Il me permettait de ne jamais Le perdre ni me perdre. Et de fait, si je me suis souvent mis en état de Le perdre, Lui ne m'a jamais perdu!

    RépondreSupprimer
  9. ha bon, je ne comprends pas bien tout ce que vous dites : je vais me permettre beaucoup de franchise directe, j'espère que vous me pardonnerez.
    Pourquoi parlez vous de cela ? Où voulez vous en venir ? J'aurais préféré que vous alliez droit au but.
    L'abbé Vella m'a dit, droit dans ses bottes, franco de port, que les femmes, puisque ce sont des femmes, n'ont pas de contact direct avec Dieu et par conséquent avec le Christ, sauf par l'intermédiaire du prêtre, ou de son mari ou de son père.
    Ce qui, me semble t il, est en contradiction parfaite et totale avec les Saintes Écritures, et en contradiction aussi bien avec ce que nous disent la Bible et les Évangiles, en contradiction avec l'Ancien Testament et le Nouveau, en contradiction avec le Catéchisme de l'Eglise catholique, en contradiction aussi avec notre Pape Benoit XVI par exemple dans sa catéchèse VII "Les femmes mystiques" que je suis en train de lire. Je peux aussi citer de nombreux exemples de Saintes qui sont plus "branchées" que lui en direct sur le Seigneur, et dans tous les siècles du christianisme.
    Alors, si c'est ce que vous croyez à l'IBP, que les femmes n'ont pas de relation personnelle avec le Seigneur, je suis drôlement étonnée et très blessée de ces propos. Je me demande bien d'où vous provient cette croyance, est-ce que cela vous vient de ce que l'on vous a raconté à la FSSPX ? C'est singulier de manque de charité et j'ose dire de vérité.
    Excusez-moi, s'il vous plait de ce ton qui peut vous sembler abrupte, et je me doute bien que mon propos peut vous déplaire, ne le publiez pas si vous voulez, je ne m'en offusquerai pas, mais je serai bien reconnaissante si vous vouliez bien me répondre sur le sujet, même en message privé pour éclaircir cette question, car j'avoue que je suis fort troublée.

    RépondreSupprimer
  10. Je ne crois pas que l'abbé G de T. ait jamais dit que les femmes ont moins de contact direct avec Dieu que les hommes.
    Par contre, il semble dire à travers une certaine valorisation du sacrifice de notre pauvre soeur subissant la violence de son mari (voir plus haut : lettre du 5è dimanche), qu'il lui faut accepter cette violence...
    Non, il ne faut pas l'accepter. Elle n'a pas vocation à être martyrisée par un pervers, un "dominant", un sadique. S'il faut accepter un jour des souffrances c'est pour le Christ.
    Là, c'est un aveuglement et un mensonge que de croire à la valeur d'un tel sacrifice.
    En effet, on laisse le violent dans l'ignorance quant à la légitimité de son comportement.
    Notre devoir de Chrétien: corriger celui qui est dans l'erreur.
    Il ne s'agit pas de supporter patiemment "les défauts du prochain" ici car il y a comportement aberrant. Il y a rupture du "contrat" entre époux. La femme a non seulement le droit mais le devoir de se protéger.
    D'autant qu'elle est tentée par le suicide et qu'elle a lancé un au secours. Attention à ce que vous dites, vous les clercs dans ces cas-là. Je ne sais qui est l'abbé Vella ni si c'est bien ce qu'il a dit mais cela me semble du n'importe quoi. Nul et non avenu.
    Quant au cas qui nous interesse ici, ne nous laissez pas croire s'il-vous-plaît que vous voudriez que cette femme dise AMEN à son mari ?
    C'est à Dieu seul qu'elle doit dire AMEN. Et Dieu n'a jamais demandé que ce mari frappe sa femme!!

    RépondreSupprimer
  11. Je serais plutôt en accord avec ce que dit anonyme de 15:56 : cette personne a le droit et doit de protéger de la violence de son époux.
    Et en effet, c'est pour le Christ que l'on doit accepter les souffrances, pas pour faire plaisir à un sadique.
    En incitant cette personne à supporter sans rien dire, et surtout sans dénoncer, on se rend complice du mal qui est fait.
    Quant aux propos auxquels je faisais référence, ils ont bien eu lieu, et je n'ai pas dit que l'abbé de Tanouarn les a prononcés, mais je voulais savoir s'ils correspondent à ce qui est professé à l'IBP, et si c'est le cas, d'où vient cela ? Et croyez moi ou non, la personne concernée prend la chose très très mal que je lui exprime mon désaccord à ce sujet. Tant pis après tout. L'IBP est l'église catholique , certes, mais pas toute l'église catholique.

    RépondreSupprimer
  12. "Le rôle de l'Eglise est de mettre à la disposition des fidèles les formes"...

    C'est marrant, cher M. l'Abbé, mais moi je crois exactement l'inverse ! les formes, on peut se les transmettre des uns aux autres, comme on se transmet les évangiles écrits, que chacun peut lire et s'approprier... Bref, on peut accéder au contenu sans passer par une structure, on peut accéder à la Parole de Dieu en se mettant en écoute directe... Mais on n'aura accès qu'à la Lettre, il manquera toujours l'Esprit. C'est l'Esprit qui a été laissé à l'Eglise par le Christ et c'est l'Esprit qui nous est donné par Elle, dans les sacrements, dans le magistère, scriptural et vivant, dans le gouvernement... Et autant la lettre seule tue, autant l'Esprit vivifie cette même lettre quand nous la recevons par l'Eglise... C'est un peu comme un sacrement administré validement mais sans la juridiction de l'Eglise : il est valide mais illicite : donc il ne transmet pas la grâce sacramentelle.
    Alors certes, nous avons besoin de la forme parce que nous sommes humains, mais l'Eglise nous transmet surtout ce qui ne se voit pas : l'Esprit vivificateur... Bref, par l'Eglise, nous avons à la fois la lettre et l'Esprit !

    RépondreSupprimer
  13. Antoine Carlier Montanari16 juillet 2011 à 09:20

    Il faut tout dire à Dieu, dire à un Dieu qui a déjà tout entendu, que notre existence est une calamité. La seule chose qui nous pousse à parler et qui fait dire à l'âme le peu d'espérance qu'elle peut avoir dans l'existence. Cependant il y a ce petit espace qui réside dans l'esprit et qui recueille autant qu'il le peut des grâces qu'un amour plus grand lui fournit. Mais en cette demeure ne peut s'épanouir l'idée d'un Dieu, aussi flamboyant soit-il, sans que les voix d'un enfer tout entier la percute en permanence. Les oeuvres perverses plongent l'esprit au règne du monde, incliné à boire l'eau du Léthé, l'héritage maudit nous étripe et ceux qui s'en affranchissent ne doivent leur mérite qu'à la seule volonté du Seigneur. Lui dire qu'on l'aime est une chose mais on lui dirais bien qu'au regard d'un ange, notre nature n'est point à envier, vaudrait mieux pour nous être comme tel, cela aurait été moins douloureux. L'homme aussi grand soit-il aux yeux de son Créateur, reste une composante blessée qui laisse derrière lui beaucoup de ses frères en enfer. Mourir à la cause noble, pour nous éviter d'y aller, voilà le sentier qu'il faut emprunter. L'édifice sacrificiel, derrière son Dieu, n'ayant pas d'autre refuge, se courbe comme une voûte, touchant le front des pieds et s'arme de son meilleur courage. Aux mots qui peuvent suffire, dire la douleur qui nous traverse et de la moitié de l'être se dresse comme un géant pour se confondre au sommet les plus beaux. Plus vaste que les voiles d'un navire, sortent deux grandes ailes qu'un pareil phénix surgit des hauteurs, vient emporter celui qui s'est offert. A savoir parler des langues érudites, qu'en plaise à notre intelligence, ne peut octroyer ce qui vient du coeur. Contempler de notre triste prison un ciel radieux ne peut qu'affirmer dans notre bouche les besoins de nous élever. L'élan qui déracine la chair, qui en elle trouve autant de raisons que lucifer peut en donner pour ne pas s'elancer. De rage et de douleur, d'angoisse et de chagrin, autant de fardeaux qui nous mangent, si goulûment que bien des pleurs ne trouvent jardin à fleurir. A cette condition, notre échelle ne vient que de notre humilité et braver les titans serait aisé si nos larmes ne trouvaient pas en dedans des obstacles pour pardonner. D'où provient ce Dieu, ce soleil qui consume nos fautes, cette clarté qui gonfle le coeur? Que celui-ci laisse là-haut son corps, renvoyant l'infernale mesure à sa propre dislocation, connaître ainsi le Dieu qui s'est fait chair nous enracine comme des princes, mais à son solstice notre misère n'en demeure pas moins. Oui, il ne faut pas rompre le dialogue avec lui, mais lui crier: " Le tourment, Père, si nous te mangeons, serait moindre pour nous; nos pauvres corps de chair, las de vivre, sont écrasés d'une pesanteur que même ta justice ne peut soustraire."
    Antoine Carlier Montanari

    RépondreSupprimer