Tout se passe comme si, en Jésus-Christ, Dieu, se faisant semblable à nous, s’était approché trop près de nous pour que nous le reconnaissions… Il nous promet le Saint Esprit : « Lui vous enseignera à pratiquer tout ce que je vous ai commandé. Il vous conduira à la vérité tout entière ».
L’Esprit saint c’est à la fois une Puissance nouvelle et une science nouvelle.
Quelle science ? La seule qui soit vraiment utile, celle qui contribue à répondre à la question que posait brutalement le poète breton Victor Segalen : « Qui suis-je ? Quoi suis-je ? ». Dans le Saint Esprit nous découvrons que nous sommes avant tout une volonté de Dieu et que Dieu doit être notre centre, notre vie. Et pour cela, impérativement, rester toujours en dialogue avec Dieu. Madame de Sévigné, qui voulait tant "être une chrétienne" comme elle disait, écrit à sa fille la manière - très simple - dont elle envisage ce dialogue : « Un peu rêver à Dieu et à sa Providence, posséder son âme, songer à l’avenir ». Avons-nous déjà rêvé de Dieu ?
La vie actuelle nous laisse-t-elle ce « saint loisir » ? Il faut que nous lui reprenions un peu du temps qu’elle nous arrache pour retrouver cette épaisseur de notre âme, habitée par le Saint Esprit. Si nous nous laissons vivre, nous sommes littéralement plaqués à la surface de nous-mêmes par toutes les sollicitations (bonnes souvent, mauvaises parfois) que la vie nous envoie… Et nous oublions ce centre caché, cette présence secrète, ce dialogue continuel que nous devons avoir avec l’Esprit saint, c’est-à-dire avec l’Esprit de Dieu.
Quel est l’Esprit de Dieu ? Comment le reconnaître par rapport aux autres esprits "répandus dans le monde pour perdre les âmes" ? C’est lui qui nous donne la foi, l’espérance et la charité. Ces vertus sont appelées théologales parce qu'elles ne sont pas concevables sans l'Esprit saint. Elles ne nous appartiennent pas. Elles affirment bien plus que ce que nous sommes.
La foi ? Ce saut au dehors de nous-mêmes quand nous avons compris que nous ne nous sauverons pas par nous-mêmes.
L’espérance ? Cet élan au-delà de nous-mêmes, quand nous avons perçu que les espoirs de ce monde sont tous relatifs et que nous devons nous jeter plus loin.
La charité ? C’est le mystère de l’amour ou l’amour comme mystère. Au delà des désirs qui nous agitent, c’est l’un en deux, l’unidualité. Entre Dieu et l’homme d’abord. Entre les hommes ensuite.
La Pentecôte n’est pas un moment d’excitation particulière auquel n’auraient accès que le happy few des élus de Dieu. L’Esprit de Dieu est offert à tous comme une science nouvelle.
L'Esprit saint est offert à tous comme nous manifestant la puissance du Dieu qui nous transforme. Il est l’Esprit créateur, qui planait sur les eaux au commencement du monde. Il est l’esprit du Rédempteur, l’esprit du Christ, enfin accessible après son Ascension, esprit re-créateur, esprit divinisateur.
Quand l'Esprit de Dieu s'unit à notre esprit, nous devenons comme Lui, nous nous transformons en Lui, nous changeons de dimension, nous aspirons à l'Infini, qui seul nous captive, même si mille désirs étrangers à son Règne peuvent nous capturer.
Réfléchir à ce qu'est le désir de vérité dans notre coeur. Marx dans sa fameuse 11ème thèse sur Feuerbach expliquait : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde. Ce qui importe, c'est de le transformer". Ecrivant cela, il faisait prendre à la critique sociale et à la science économique un incroyable virage, en leur donnant, sans crier gare, l'antique régime de la Vérité chrétienne. C'est la vérité chrétienne qui est accessible à la pratique, cela parce qu'elle est surnaturelle, hétéronome, aspirée par le Saint Esprit dans des dimensions qui nous dépassent.
Marx a voulu "temporaliser le Royaume de Dieu", en imaginant une vérité politique accessible seulement à la pratique, et qui devait se construire devant l'homme et pour l'homme au cours de l'histoire, comme se construisait soi disant la société parfaite, la société sans classe qui sonnerait la fin de l'histoire. Il a déplacé le régime de la vérité chrétienne en le ramenant du ciel sur la terre. Inutile d'épiloguer sur les échecs retentissant de tous les marxismes, les intransigeants à la mode chinoise ou les transigeants à la mode trotskiste.
Quant à nous, instruits de ces échecs, nous voulons replacer le régime chrétien de la vérité là où il a toujours été, nous voulons retrouver cette vérité vraiment surnaturelle et accessible non à l'essence humaine, mais à la pratique graciée dont l'animal humain devient capable par le Saint Esprit. Nous voulons remettre la Onzième thèse à sa place.
Le Saint Esprit nous donne une science nouvelle, mais cette science nouvelle est en même temps une Puissance nouvelle : une puissance de transformation. Pensons nous à ce que nous disons lorsque nous nous écrivons en latin : Emitte Spiritum tuum et creabuntur et renovabis faciem terrae : Envoie ton Esprit et toutes choses seront créées et tu renouvelleras la face de la Terre ? La vérité chrétienne est celle que la Puissance de Dieu manifeste en avant de nous-mêmes.
Quelle est cette transformation ? La véritable "praxis". La véritable "quête de vérité". Je l'ai souvent appelée "l'évidence chrétienne".
On peut la caractériser de deux façons : premièrement il s'agit de mettre l'amour au coeur de toute notre vie, d'en faire le véritable moteur de la morale, le commandement unique et non négociable : Tu aimeras ! Il faut que cet amour purifie et rectifie nos désirs, qu'il corrige notre trajectoire vitale, qui d'elle-même ne sait aller que de satisfaction en satisfaction, c'est-à-dire de néant en néant. Cet amour est la seule chose qui puisse justifier que nous devions continuer de vivre, car il est seul capable de nous projeter en dehors de nous-mêmes (en dehors de ce piège que nous constituons pour nous-mêmes dans ce qui s'appelle le péché). Cet amour, parce qu'il nous fait accéder à l'être, est forcément infini : il est l'amour de l'Infini, qui est Dieu.
Deuxièmement : après que nous ayons mis de l'ordre dans nos désirs, il faut nous purger de toute occasion de peur : "Que votre coeur ne s'effraie pas, qu'il ne se trouble pas" nous dit Jésus dans l'Evangile de la Pentecôte. Comment avoir peur si Dieu est en nous, si "le Royaume de Dieu est à l'intérieur de nous", si nous portons l'Infini ? Éprouver la peur, sans doute oui : la peur est une passion. Qui le sait ? elle est apparemment la plus terrible, la plus secrète, la plus tabou, la plus honteuse, parce qu'elle est la plus totale, la plus totalitaire. Le saint Esprit ne nous délivre pas de cette épreuve, mais Il ne permet pas que nous nous installions dans la peur.
En nous faisant vaincre nos peurs, le Saint Esprit les fait servir à notre promotion ontologique, à notre métamorphose annoncée.
En effet, si Dieu "a fait chez nous sa demeure", cela signifie qu'il y a en nous plus puissant que la Peur, c'est que nous avons toujours, à portée de main, si nous le voulons, de quoi la vaincre.
- Comment vaincre la peur ? - Il suffit de le vouloir, répondait saint Thomas à sa soeur, dans une lettre aussi célèbre que laconique... Le vouloir et se sentir dans la Main de Dieu, c'est mon souhait de Pentecôte.
L’Esprit saint c’est à la fois une Puissance nouvelle et une science nouvelle.
Quelle science ? La seule qui soit vraiment utile, celle qui contribue à répondre à la question que posait brutalement le poète breton Victor Segalen : « Qui suis-je ? Quoi suis-je ? ». Dans le Saint Esprit nous découvrons que nous sommes avant tout une volonté de Dieu et que Dieu doit être notre centre, notre vie. Et pour cela, impérativement, rester toujours en dialogue avec Dieu. Madame de Sévigné, qui voulait tant "être une chrétienne" comme elle disait, écrit à sa fille la manière - très simple - dont elle envisage ce dialogue : « Un peu rêver à Dieu et à sa Providence, posséder son âme, songer à l’avenir ». Avons-nous déjà rêvé de Dieu ?
La vie actuelle nous laisse-t-elle ce « saint loisir » ? Il faut que nous lui reprenions un peu du temps qu’elle nous arrache pour retrouver cette épaisseur de notre âme, habitée par le Saint Esprit. Si nous nous laissons vivre, nous sommes littéralement plaqués à la surface de nous-mêmes par toutes les sollicitations (bonnes souvent, mauvaises parfois) que la vie nous envoie… Et nous oublions ce centre caché, cette présence secrète, ce dialogue continuel que nous devons avoir avec l’Esprit saint, c’est-à-dire avec l’Esprit de Dieu.
Quel est l’Esprit de Dieu ? Comment le reconnaître par rapport aux autres esprits "répandus dans le monde pour perdre les âmes" ? C’est lui qui nous donne la foi, l’espérance et la charité. Ces vertus sont appelées théologales parce qu'elles ne sont pas concevables sans l'Esprit saint. Elles ne nous appartiennent pas. Elles affirment bien plus que ce que nous sommes.
La foi ? Ce saut au dehors de nous-mêmes quand nous avons compris que nous ne nous sauverons pas par nous-mêmes.
L’espérance ? Cet élan au-delà de nous-mêmes, quand nous avons perçu que les espoirs de ce monde sont tous relatifs et que nous devons nous jeter plus loin.
La charité ? C’est le mystère de l’amour ou l’amour comme mystère. Au delà des désirs qui nous agitent, c’est l’un en deux, l’unidualité. Entre Dieu et l’homme d’abord. Entre les hommes ensuite.
La Pentecôte n’est pas un moment d’excitation particulière auquel n’auraient accès que le happy few des élus de Dieu. L’Esprit de Dieu est offert à tous comme une science nouvelle.
L'Esprit saint est offert à tous comme nous manifestant la puissance du Dieu qui nous transforme. Il est l’Esprit créateur, qui planait sur les eaux au commencement du monde. Il est l’esprit du Rédempteur, l’esprit du Christ, enfin accessible après son Ascension, esprit re-créateur, esprit divinisateur.
Quand l'Esprit de Dieu s'unit à notre esprit, nous devenons comme Lui, nous nous transformons en Lui, nous changeons de dimension, nous aspirons à l'Infini, qui seul nous captive, même si mille désirs étrangers à son Règne peuvent nous capturer.
Réfléchir à ce qu'est le désir de vérité dans notre coeur. Marx dans sa fameuse 11ème thèse sur Feuerbach expliquait : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde. Ce qui importe, c'est de le transformer". Ecrivant cela, il faisait prendre à la critique sociale et à la science économique un incroyable virage, en leur donnant, sans crier gare, l'antique régime de la Vérité chrétienne. C'est la vérité chrétienne qui est accessible à la pratique, cela parce qu'elle est surnaturelle, hétéronome, aspirée par le Saint Esprit dans des dimensions qui nous dépassent.
Marx a voulu "temporaliser le Royaume de Dieu", en imaginant une vérité politique accessible seulement à la pratique, et qui devait se construire devant l'homme et pour l'homme au cours de l'histoire, comme se construisait soi disant la société parfaite, la société sans classe qui sonnerait la fin de l'histoire. Il a déplacé le régime de la vérité chrétienne en le ramenant du ciel sur la terre. Inutile d'épiloguer sur les échecs retentissant de tous les marxismes, les intransigeants à la mode chinoise ou les transigeants à la mode trotskiste.
Quant à nous, instruits de ces échecs, nous voulons replacer le régime chrétien de la vérité là où il a toujours été, nous voulons retrouver cette vérité vraiment surnaturelle et accessible non à l'essence humaine, mais à la pratique graciée dont l'animal humain devient capable par le Saint Esprit. Nous voulons remettre la Onzième thèse à sa place.
Le Saint Esprit nous donne une science nouvelle, mais cette science nouvelle est en même temps une Puissance nouvelle : une puissance de transformation. Pensons nous à ce que nous disons lorsque nous nous écrivons en latin : Emitte Spiritum tuum et creabuntur et renovabis faciem terrae : Envoie ton Esprit et toutes choses seront créées et tu renouvelleras la face de la Terre ? La vérité chrétienne est celle que la Puissance de Dieu manifeste en avant de nous-mêmes.
Quelle est cette transformation ? La véritable "praxis". La véritable "quête de vérité". Je l'ai souvent appelée "l'évidence chrétienne".
On peut la caractériser de deux façons : premièrement il s'agit de mettre l'amour au coeur de toute notre vie, d'en faire le véritable moteur de la morale, le commandement unique et non négociable : Tu aimeras ! Il faut que cet amour purifie et rectifie nos désirs, qu'il corrige notre trajectoire vitale, qui d'elle-même ne sait aller que de satisfaction en satisfaction, c'est-à-dire de néant en néant. Cet amour est la seule chose qui puisse justifier que nous devions continuer de vivre, car il est seul capable de nous projeter en dehors de nous-mêmes (en dehors de ce piège que nous constituons pour nous-mêmes dans ce qui s'appelle le péché). Cet amour, parce qu'il nous fait accéder à l'être, est forcément infini : il est l'amour de l'Infini, qui est Dieu.
Deuxièmement : après que nous ayons mis de l'ordre dans nos désirs, il faut nous purger de toute occasion de peur : "Que votre coeur ne s'effraie pas, qu'il ne se trouble pas" nous dit Jésus dans l'Evangile de la Pentecôte. Comment avoir peur si Dieu est en nous, si "le Royaume de Dieu est à l'intérieur de nous", si nous portons l'Infini ? Éprouver la peur, sans doute oui : la peur est une passion. Qui le sait ? elle est apparemment la plus terrible, la plus secrète, la plus tabou, la plus honteuse, parce qu'elle est la plus totale, la plus totalitaire. Le saint Esprit ne nous délivre pas de cette épreuve, mais Il ne permet pas que nous nous installions dans la peur.
En nous faisant vaincre nos peurs, le Saint Esprit les fait servir à notre promotion ontologique, à notre métamorphose annoncée.
En effet, si Dieu "a fait chez nous sa demeure", cela signifie qu'il y a en nous plus puissant que la Peur, c'est que nous avons toujours, à portée de main, si nous le voulons, de quoi la vaincre.
- Comment vaincre la peur ? - Il suffit de le vouloir, répondait saint Thomas à sa soeur, dans une lettre aussi célèbre que laconique... Le vouloir et se sentir dans la Main de Dieu, c'est mon souhait de Pentecôte.
"Avons-nous déjà rêvé de Dieu ?"
RépondreSupprimerCette phrase, seule, est un dîamant.
"Se sentir dans la main de dieu", ce qui a pour corrolaire de "tout dire à dieu". Le rappeler me permet de saluer au passage la femme qui a donné lieuà la rédaction de l'article auquel je fais allusion, et que nous n'oublions pas dans nos pensées, ni dans nos prières. Mais je voudrais revenir au début de votre article-homélie:
RépondreSupprimer"tout se passe comme si, en Jésus-Christ, Dieu, se faisant semblable à nous, s’était approché trop près... pour que nous le reconnaissions…" C'est si vrai que le trompe-l'oeil n'est pas fini! Le Mystère de l'Incarnation n'a pas fini de nous étonner. Car ce Mystère se poursuit, non seulement à travers la Présence réelle de Jésus dans Son corps, dans nos âmes (que nous devrions "posséder", selon le beau mot de Mme de sévigné) ou dans nos communautés (ou assemblées) de croyant (pour faire écho à une polémique en cours sur d'autre forums à propos de mgr fonlupt), mais dans cet être "déconcertant" qu'est le marginal, le vociférant, le loufoque, le loup solitaire, le solitaire qui est loin d'être un loup, le matériellement ou moralement démuni, tour à tour ce prophète ou ce "Jésus que nous devrions écouter ou vénérer, chausser", vêtir, nourrir quand nous Le rencontrons, sans attendre que l'etat s'en charge. Ne nous voilons pas la Face: lorsque nous rencontrons ces icônes vivantes de Jésus-Christ, nous continuons à prendre le Messie pour un fou, tout ainsi que nous aurions fait, si nous l'avions rencontré dans la Figure originellle et irremplaçable de Son Incarnation, nous qui sommes tellement attachés au maintien des institutions que ce Mystère est venu bouleverser.
Mais paradoxalement, on pourrait dire aussi que, dans le deuil de Jésus où nous demeurons tellement que notre impression la plus persistante est qu'"Il continue à être en agonie jusqu'à la fin du monde", l'esprit-Saint nous apparaît un baume si lointain que nous avons du mal à L'identifier. "Comment savoir que j'ai l'esprit-saint en moi", posait au prêtre qui disait la messe à laquelle j'assistai hier "un fervent catholique". Ce prêtre lui répondit qu'il le saurait selon son aptitude à être "déconcertés" et "émerveillés". Déconcertés par les figures nouvelles qui deviennent les icônes de la Figure originale de l'Incarnation; et émerveillez quand on aura passé la surprise de l'esprit. Mais combien d'entre nous savent-ils la passer! Combien encore savent-ils se faire "déconcertation" et surprise permanentes pour ne jamais être là où on les attend, non par posture de toujours changer de posture, mais par aptitude à penser contre soi-même! Et passée la déstabilisation de la surprise, trouver l'émerveillement de déchiffrer "la langue des signes" de dieu à travers celle des événements.
(suite)
RépondreSupprimerA vrai dire, comme vous le soulignez très justement, cette "déconcertation" est l'effet de ce que la vérité est toujours placée devant nous, comme la sagesse, pour s'offrir transformatrice avant d'être spéculative. La logique de l'intelligence ancienne voudrait qu'on réfléchisse avant de parler; celle de l'"intelligence nouvelle" veut que l'on agisse avant de réfléchir, ce qui paraît tout à fait antipolitique, après qu'on a déjà été heurté par le fait que la pratique ne soit pas le "régime propre" du politique, tandis que le domaine réservé du spirituel serait les nues. La pratique, si elle a une dimension politique, part d'une vérité spirituelle qui s'étend alentours dans tout le champ du monde: c'est que l'événement ne cesse de venir déstabiliser le dessein déconcerté. Cela ne nous dispense pas de forger des desseins, mais en sachant qu'ils ne tiendront pas la route, qu'il va falloir les redresser à mesure qu'ils se seront cassés la figure et que des déviations nous obligeront à regarder la carte à nouveau. Reste à faire en sorte que, sous prétexte de nous laisser déconcerter, ces déviations ne deviennent pas des déviances!