samedi 7 janvier 2012

500 personnes à Orléans avec Jeanne [+vidéo]

Pour la vidéo: se reporter à la suite de ce message

"Jeanne d'Arc je n'y ai jamais rien compris" dites-vous Julien. Eh bien ! Je pense que les Parisiens et les Orléanais que je salue et qui avaient fait le déplacement dans le froid glacial de la cathédrale Sainte-Croix ce matin, ces gens qui ont entendu le recteur de la cathédrale, le Père Claude Girault, évoquer avec feu la plus longue cathédrale de France ouverte pour l'épiphanie aux fêtes johanniques d'Orléans, ces gens qui ont écouté Yves Avril évoquer avec beaucoup de pudeur et de savoir la fabuleuse espérance qui est commune à Jeanne d'Arc et à Charles Péguy, ceux qui ont eu le temps de visiter la salle consacrée tout entière à notre héroïne au Musée historique d'Orléans, ceux là ne peuvent pas dire que Jeanne, ils ne la comprennent pas. Mais une chose est vraie Julien, dans ce que vous dites : Jeanne ne se laisse pas arraisonner par des réflexions théoriques, il faut "rêver avec Jeanne" selon le programme de cette journée bien remplie, il faut vivre à ses côtés, la suivre du regard, le coeur battant, dans ses chevauchées, avoir peur pour elle, être scandalisé ulcéré avec elle et pour elle si on veut tenter de la comprendre. Il ne s'agit pas de se représenter Jeanne, il faut vivre avec elle, sentir son rythme, le rythme qu'imprime sa foi si pure à toute son existence. Jeanne d'Arc ? Ce n'est pas un concept, c'est un exercice spirituel.

Il me semble que les cinq cents personnes que nous étions sous les voûtes de Sainte-Croix d'Orléans, nous avons loyalement essayé de faire cet exercice spirituel. Des évocations de Jeanne que nous avons entendues, nous sommes sortis plus ardents, plus fermes, plus conscient du réalisme de la foi. Jeanne d'Arc ne dit pas au gentil Dauphin : "nous allons prier pour remporter la victoire, Dieu veuille que nous soyons vainqueurs", dans le style inimitable que vous reconnaissez entre mille comme celui de la terrible "Prière universelle". Non, Jeanne d'Arc n'est pas venue nous inviter à une prière universelle. Elle dit au futur Charles VII : "Gentil Dauphin, je vous dis que Dieu a pitié de vous, de votre royaume, de votre peuple". Ca y est. C'est maintenant. Pas demain.

Qui dira, dans chacune de nos vie, ce présent de la foi, toujours à notre disposition et comme à portée de main ? "Si tu veux..." dit le Christ au Jeune homme riche de l'Evangile.

La Liturgie, sobrement célébrée par l'abbé Ribeton selon l'extraordinaire rite qui nous est habituel, était tout entière dans cette autoréalisation du Royaume de Dieu sur la terre. Et les chants du Choeur Fra Angelico nous ont transporté dans cet autre monde qui n'est pas un au-delà à venir, mais comme l'envers du décor qui nous fascine, la Réalité qui nous attend si nous savons la désirer. J'ai retrouvé avec joie la Messe des anges harmonisée par Gaston Roussel, cette puissance d'une musique si tranquillement si fermement croyante. Confidence : je l'avais choisie pour ma première messe voici... 23 ans. Et c'était déjà le Choeur Fra Angelico qui l'interprétait. Il y a 23 ans : une paille ! Merci aux choristes qui avaient fait le déplacement et aux deux chefs du choeur parce qu'ils ont compris et deviné l'importance spirituelle de cette journée, en acceptant immédiatement d'y participer. Merci aussi à tous ceux qui ont organisé cet hommage à la Pucelle d'Orléans, et qui en ont fait, pour chacun des présents, une petite tranche de vie, vécue "avec Jeanne".

4 commentaires:

  1. Merveilleux ! Je regrette de ne pas avoir pu venir. Dommage que la qualité de la vidéo ne soit pas exceptionnelle.

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  2. Et merci à vous, mon Père,car c'est une réussite merveilleuse où vous vous êtes investi beaucoup. J'espère que nous nous retrouverons peut-être à Domrémy pas très loin de la colline de Sion, la colline inspirée de Maurice Barrès, qui est toujours un lieu de pèlerinage en Lorraine.
    Willy

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  3. Comme ce que vous dites, Monsieur l'abbé, est à la fois émouvant et magnifique ! Vous me faites regretter, à moi aussi, de ne pas avoir pu venir.

    Nadine

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  4. Jeanne d'Arc, il faut vivre avec elle, sentir comme elle, avoir peur pour elle pour... répondre comme elle et répondre de sa Foi après avoir répondu par toute sa vie au danger, dans des circonstances historiques très précises qui requéraient le courage de l'action immédiate et décidée. Mais commémorer Jeanne d'Arc, n'est-ce pas, secrètement, espérer qu'elle nous parle dans les circonstances que nous-mêmes affrontons? Et n'est-ce pas, pour certains, envoyer un message subliminal très premier degré teinté d'arrière-pensées très peu arrière:

    "Il faut bouter les étrangers hors de france!"

    Or une arrière-pensée ou de la xénophobie sont-elles des actes politiques? Et sont-ce les étrangers qui nous font la guerre, ou est-ce une manière de gouverner le monde qui nous désidentifie et ne respecte pas les peuples? Comment nous ressaisir de nous-mêmes et auprès de quel organe, de quelle puissance politique vraiment bien intentionnée et guidée par l'amour de la France faire valoir que notre peuple ne veut pas mourir?

    Jeanne d'Arc est la sainte la plus métapolitique de france; en sorte qu'on peut venir à elle, attiré par sa puissance spirituelle, où l'on peut voir celle d'une sainte dont la Foi est plus forte que les organes très officiels qui voudraient la faire douter d'elle-même, de ses voix, de son destin, de son Dieu! Est-ce cette sainte de france abandonnée par l'Eglise à un bras séculier ennemi qui va la brûler vive sous prétexte de ne pas comprendre la flamme dont elle brûle déjà, avant de se repentir du sort qu'elle lui a réservé! Et alors, est-ce que le message subliminal de la commémoration de Jeanne d'arc deviendrait une métaphore de la résistance spirituelle catholique des traditionalistes? Mais vous me l'accorderez certainement, vivre avec Jeanne, ce n'est pas accepter de faire d'elle une métaphore.

    Vivre avec Jeanne, c'est répondre avec elle, dans une angoisse inébranlable de certitude, à la question:
    "etes-vous en état de Grâce?"

    "si je n'y suis, dieu m'y mette et si j'y suis, dieu m'y garde!"

    Quant au style inimitable des prières universelles, vous l'avez admirablement rendu.

    "Seigneur, nous te prions pour ceux qui se dévouent auprès des plus démunis",
    et d'interdire avec pertes et fracas l'entrée de l'église au clochard de service qui pourrait être moi, car enfin... Une vie peut basculer si vite.

    Si vous organisez un pèlerinage à Domrémy, j'essaierai d'être du voyage!

    Bien amicalement

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