Je découvre en ce moment l'oeuvre magnifique et écrasante d'Imre Kertesz. Littéralement, il voit la shoah partout. Voici comment il l'explique à ces lecteurs. Vous vous souviendrez que shoah signifie catastrophe...
Affaire... à suivre !
« Nous vivons à l’ère de la Catastrophe, chaque homme est un porteur de la catastrophe, c’est pourquoi il faut un art de vivre particulier si l’on veut survivre. L’homme de la catastrophe n’a pas de destin, pas de qualités, pas de caractère. Son environnement social effroyable – l’Etat, la dictature, appelle cela comme tu veux – l’attire avec la force d’un tourbillon vertigineux jusqu’à ce qu’il cesse de résister et que le chaos jaillisse en lui comme un geyser brûlant – et que le chaos devienne son élément naturel. Pour lui, il n’y a plus de retour possible vers un centre du Moi, vers une certitude inébranlable et indéniable du Moi. Il est au sens propre du terme, perdu. L’être sans le Moi c’est la Catastrophe, le mal véritable où l’homme sans être mauvais lui-même est capable de tous les méfaits ».Je suis convaincu qu'il y a grâce à ce que Kertesz appelle le génie éthique des Juifs et grâce à ce que nous pouvons nommer, avec saint Paul, le don de Dieu sans repentance, une anthropologie (encore balbutiante) de la Shoah qui devrait réapprendre l'enfer aux incurables optimistes et aux fieffés menteurs (sur nous mêmes) que nous voulons à toutes forces rester...
Le livre est intitulé Liquidation. Vous trouvez ce texte p. 59 de l'éd. Babel.
Affaire... à suivre !
Cher Monsieur l'abbé.
RépondreSupprimerQuand je lis ce passage:
"Pour lui il n'y a plus de retour possible vers un centre du Moi..." il me semble lire tout le mal qui frappe le peuple d'Israel même si les dons de Dieu sont sans repentances, ils ne peuvent plus servir les même fins quand l'on refuse de le reconnaître.
Sauf qu' à Dieu rien n'étant impossible, Israël seul malgré tout ses dons, ne peut se convertir.
Et si le retour est possible c'est par la grâce de Dieu.
Et l'on comprend encore mieux alors de quel aveuglement ce peuple est frappé.
Avez vous lu Varlam Chalamov: Récits de la Kolyma.. Cela dépasse de loin Soljenitsyne sur la description de l’horreur due l’enfer soviétique
RépondreSupprimerLà bas on mourrait à petit feu, mais on mourait presque à coup sûr avec la complicité agissante de la maffia criminelle des condamnés de droit commun. Chez lez Nazis la mort arrivait plus vite, mais on retrouve chez les deux la même volonté d'effacer l'homme à l'image de son créateur et de laisser le bourreau face au vide infini deson image volontairement déchue..
Dans les deux cas, mais plus nettement chez les Soviétiques les bourreaux finissaient par s’entre détruire
Reste, .le retour à la foi pour Soljenitsyne, comme Dostoïevski, la fin des rêves humanitaires d’un Tolstoï pour Chalamov, bref d’un humanisme qui a tué Dieu ou l’a mis entre parenthèses , mais pour nous aujourd’hui que va-t-il surgir , immergés que nous sommes dans un goulag mou , abrutissant , mais bien réel.( vu à la télé, !). On oublie que le goulag frappait toute la Russie, ceux qui y allaient et ceux qui le craignaient et qui moralement étaient déjà prêt à y aller et étaient hors d’état de le dénoncer
Que sommes nous capables encore de dénoncer aujourd’hui en dehors de ..
H.P.