En réponse à l'anonyme de mon post précédent et aussi en réponse à une petite campagne de dénigrement qui touche essentiellement les milieux cléricaux, je voudrais revenir sur Maurras et le fascisme. En constatant une fois de plus que dans certains milieux, Maurras reste une passion française...
Nous sommes à la mi-temps des "années folles". Maurras soutient l'alliance entre les alliés et l'italie, pour couper la route du sud à Hitler... C'est dans cette perspective purement française qu'il professe son admiration pour le Duce. Une caractéristique de Maurras : il a toujours dit qu'il ne parlait que pour la France et par rapport à la France, menacée par l'Allemagne, tout le monde l'a compris depuis 1933. Il ne lui vient pas à l'esprit de dire "Fascistes de tous les pays unissez-vous". Dans Devant l'Allemagne éternelle (1938), il évoque "les hordes de Hitler". Il aurait voulu que Mussolini soient de ceux qui lui fasse face...
Si vous cherchez des admirateurs du fascisme (et même du nazisme) cherchez du côté de Drieu La Rochelle théoricien de la jeunesse du monde, de Rebatet la pytonisse des Décombres ou de Robert Brasillach, ému par la nuit de Nuremberg. Vous ne trouverez rien chez Maurras.
Si vous cherchez des zélateurs du fascisme, cherchez chez les Jeunes radicaux (qui se nommaient eux mêmes jeunes Turcs en hommage aux réformes laïques de Mustafa Kemal), contre l'incurie de la IIIème République, ils le sont tous devenus, fascistes. Voyez Jouvenel et Bergery, voyez Déat chez les socialistes, Doriot, le maire de saint Denis, chez les communistes. Là vous avez des fascistes, qui iront souvent et logiquement jusqu'à la collaboration avec l'Allemagne. Si vous mettez avec ça tous les communistes qui ne sont jamais que des fascistes de gauche, comme dit joliment Hans Küng, eh bien vous avez une idée de la vie intellectuelle entre les deux guerres.
Mais ce que je visais dans mon post, c'était la pensée maurrassienne, rigoureusement anti-fasciste. La formule politique du fascisme italien, donné par G. Gentile, c'est "Tout pour l'Etat, rien en dehors de l'Etat". Cette fascination pour "l'Etat fort" vous la trouvez à l'époque jusque chez Alexandre Kojève l'hegelien, dans un texte lyrique sur le Maréchal Pétain. Hegel avait dit : "Je vois Napoléon à cheval, je vois la Raison à cheval". Son Commentateur n'est pas loin d'en dire autant... pour Pétain en 40!
Eh bien ! Chez Maurras, il n'y a pas de théorie de l'Etat fort. Il y a d'abord une théorie de la décentralisation et du fédéralisme (c'est ça aussi le nationalisme intégral : un nationalisme fédéraliste). il y a plus tard une claire vision de l'antériorité de la société sur l'Etat (dans Mes idées politiques en 1938, en pleine flambée idéologique fasciste), il y a une théorie de l'autorité forte et personnelle contre le pouvoir moderne absorbant et dépersonnalisant (avec cette fameuse formule que j'ai souvent vérifiée personnellement : "Tout pouvoir faible centralise"). Je n'hésite pas à dire que tout cela représente bien les substructures d'une pensée sociale chrétienne. Sa formule sur l'Etat ? "L'Etat est le fonctionnaire de la société". On est très loin de Gentile et du fascisme, très loin du hégélianisme et du marxisme.
Reste l'antisémitisme, où se manifeste jusqu'au bout l'antichristianisme de sa jeunesse. Cet antisémitisme n'est pas un antisémitisme de peau ou un antisémitisme "scientiste" ou médical, comme chez Céline. Il renvoie à la théorie des Etats confédérés. C'est un antisémitisme politique, lié aux circonstances politiques de sa jeunesse, qui se double d'un antijudaïsme culturel, expression d'une incompréhension profonde de l'Ancien Testament. On doit déplorer cet antisémitisme de Maurras, mais reconnaître qu'il ne joue pas un rôle clé dans sa pensée.
Ajoutons, comme le remarquait Pierre Boutang, qui a connu Maurras personnellement, une propension à la colère. La violence verbale en politique était générale dans les années 30, mais il est vrai que l'Action Française était un journal qui cédait à ces colères et à cette violence, plus souvent qu'à son tour.
Reste dans les textes de Maurras que personne ne lit plus, une rigueur de pensée rarement atteinte, une souplesse et une aptitude à distinguer les principes et leur application en proposant une véritable méthode d'analyse, qui a souvent fait dire après 68 : Marx ou Maurras. On aurait tort de se priver de ces textes aujourd'hui, en se contentant de synthèses rapides issues de la littérature secondaire. Que ceux qui utilisent le nom de Maurras sans l'avoir lu puisse ouvrir Mes idées politique ou la démocratie religieuse...
Quant à la critique que fait l'anonyme du fameux "je suis Romain, je suis humain deux propositions identiques", je lui signale Ovide dans les Fastes : Romanae spatium est Urbis et orbis idem. L'espace de la ville de Rome et (l'espace) du monde sont identiques. Maurras humaniste n'a pas pu ne pas penser à Ovide... Quant aux chrétiens, ils ont raison de penser que la Bénédiction du pape s'étend à la ville et au monde. Rome est une ville-monde, parce que la culture qui y a trouvé refuge a une vocation universelle et parce que la Chaire qui y a trouvé son lieu redouble cette universalité en la montrant non pas seulement comme raisonnable mais comme salvifique.
Maurras, dans ses écrits, se garde bien de glisser sur cette pente
Nous sommes à la mi-temps des "années folles". Maurras soutient l'alliance entre les alliés et l'italie, pour couper la route du sud à Hitler... C'est dans cette perspective purement française qu'il professe son admiration pour le Duce. Une caractéristique de Maurras : il a toujours dit qu'il ne parlait que pour la France et par rapport à la France, menacée par l'Allemagne, tout le monde l'a compris depuis 1933. Il ne lui vient pas à l'esprit de dire "Fascistes de tous les pays unissez-vous". Dans Devant l'Allemagne éternelle (1938), il évoque "les hordes de Hitler". Il aurait voulu que Mussolini soient de ceux qui lui fasse face...
Si vous cherchez des admirateurs du fascisme (et même du nazisme) cherchez du côté de Drieu La Rochelle théoricien de la jeunesse du monde, de Rebatet la pytonisse des Décombres ou de Robert Brasillach, ému par la nuit de Nuremberg. Vous ne trouverez rien chez Maurras.
Si vous cherchez des zélateurs du fascisme, cherchez chez les Jeunes radicaux (qui se nommaient eux mêmes jeunes Turcs en hommage aux réformes laïques de Mustafa Kemal), contre l'incurie de la IIIème République, ils le sont tous devenus, fascistes. Voyez Jouvenel et Bergery, voyez Déat chez les socialistes, Doriot, le maire de saint Denis, chez les communistes. Là vous avez des fascistes, qui iront souvent et logiquement jusqu'à la collaboration avec l'Allemagne. Si vous mettez avec ça tous les communistes qui ne sont jamais que des fascistes de gauche, comme dit joliment Hans Küng, eh bien vous avez une idée de la vie intellectuelle entre les deux guerres.
Mais ce que je visais dans mon post, c'était la pensée maurrassienne, rigoureusement anti-fasciste. La formule politique du fascisme italien, donné par G. Gentile, c'est "Tout pour l'Etat, rien en dehors de l'Etat". Cette fascination pour "l'Etat fort" vous la trouvez à l'époque jusque chez Alexandre Kojève l'hegelien, dans un texte lyrique sur le Maréchal Pétain. Hegel avait dit : "Je vois Napoléon à cheval, je vois la Raison à cheval". Son Commentateur n'est pas loin d'en dire autant... pour Pétain en 40!
Eh bien ! Chez Maurras, il n'y a pas de théorie de l'Etat fort. Il y a d'abord une théorie de la décentralisation et du fédéralisme (c'est ça aussi le nationalisme intégral : un nationalisme fédéraliste). il y a plus tard une claire vision de l'antériorité de la société sur l'Etat (dans Mes idées politiques en 1938, en pleine flambée idéologique fasciste), il y a une théorie de l'autorité forte et personnelle contre le pouvoir moderne absorbant et dépersonnalisant (avec cette fameuse formule que j'ai souvent vérifiée personnellement : "Tout pouvoir faible centralise"). Je n'hésite pas à dire que tout cela représente bien les substructures d'une pensée sociale chrétienne. Sa formule sur l'Etat ? "L'Etat est le fonctionnaire de la société". On est très loin de Gentile et du fascisme, très loin du hégélianisme et du marxisme.
Reste l'antisémitisme, où se manifeste jusqu'au bout l'antichristianisme de sa jeunesse. Cet antisémitisme n'est pas un antisémitisme de peau ou un antisémitisme "scientiste" ou médical, comme chez Céline. Il renvoie à la théorie des Etats confédérés. C'est un antisémitisme politique, lié aux circonstances politiques de sa jeunesse, qui se double d'un antijudaïsme culturel, expression d'une incompréhension profonde de l'Ancien Testament. On doit déplorer cet antisémitisme de Maurras, mais reconnaître qu'il ne joue pas un rôle clé dans sa pensée.
Ajoutons, comme le remarquait Pierre Boutang, qui a connu Maurras personnellement, une propension à la colère. La violence verbale en politique était générale dans les années 30, mais il est vrai que l'Action Française était un journal qui cédait à ces colères et à cette violence, plus souvent qu'à son tour.
Reste dans les textes de Maurras que personne ne lit plus, une rigueur de pensée rarement atteinte, une souplesse et une aptitude à distinguer les principes et leur application en proposant une véritable méthode d'analyse, qui a souvent fait dire après 68 : Marx ou Maurras. On aurait tort de se priver de ces textes aujourd'hui, en se contentant de synthèses rapides issues de la littérature secondaire. Que ceux qui utilisent le nom de Maurras sans l'avoir lu puisse ouvrir Mes idées politique ou la démocratie religieuse...
Quant à la critique que fait l'anonyme du fameux "je suis Romain, je suis humain deux propositions identiques", je lui signale Ovide dans les Fastes : Romanae spatium est Urbis et orbis idem. L'espace de la ville de Rome et (l'espace) du monde sont identiques. Maurras humaniste n'a pas pu ne pas penser à Ovide... Quant aux chrétiens, ils ont raison de penser que la Bénédiction du pape s'étend à la ville et au monde. Rome est une ville-monde, parce que la culture qui y a trouvé refuge a une vocation universelle et parce que la Chaire qui y a trouvé son lieu redouble cette universalité en la montrant non pas seulement comme raisonnable mais comme salvifique.
Maurras, dans ses écrits, se garde bien de glisser sur cette pente
Eh bien l'abbé, à force de pousser votre défense échevelée de Maurras, vous avez fini par mettre le doigt sur un point central qui m'amène à penser qu'en définitive la remarque des Evêques français et de certains membres de la Curie sur le maurrassisme des traditionalistes français est plus que justifiée !
RépondreSupprimerMaurras fait preuve, selon vous d'une "incompréhension profonde de l'ancien Testament"... Merci ! On retrouve tout à fait chez les tradis cette même incompréhension de l'AT qui les pousse à refuser tout le travail fait depuis Nostra Aetate, à s'en tenir à une version inutilement humiliante de la prière du vendredi saint alors que les mots ont effectivement changé de sens et à oublier la première alliance qui est la seule, renouvelée par la Croix, puisque nous sommes la descendance d'Abraham...
Un point pour la CEF et la Curie donc...
A part ça, que les tradis n'aient jamais lu Maurras, certes ! Ils n'ont pas lu grand chose en dehors du titre du Bref Examen Critique qui leur sert plus de méthode d'analyse que de sujet de méditation ! L'analyse des tradis est donc ontologiquement critique, ainsi que brève et sans arguments de préférence : on tombe dans la colérique attitude de Maurras qui insultait beaucoup (et argumentait pas mal, mais on n'a retenu que les imprécations chez les tradis que l'on utilise à l'envi contre les évêques, les modernistes, le pape et tous les autres, tous ceux qui ne font pas partie du "milieu" des parfaits, des purs...)
Un point pour vous, mais est-ce suffisant ?
"Je suis romain, je suis humain" : je vous l'ai déjà dit, lorsque l'on connait le fondement positiviste et comtien de la pensée maurrassienne, on ne peut s'empêcher d'y voire une ressemblance avec une déclaration du Concile Vatican II ! On a pourtant assez reproché à ce concile son humanisme hypertrophié ! Et cette phrase de Maurras montre combien il manque définitivement de sens spirituel et donc catholique... C'est le digne héritier pélagien de Socrate, de Protagoras, de Sénèque ou d'Erasme, mais en aucun cas de Saint Augustin, de Saint Alphonse de Liguori ou de Sainte Thérèse de Lisieux !
En réalité, il en est resté à l'Eglise de Constantin, universelle car héritière de la Rome impériale, capable d'imposer un ordre mondial dont il loue, certes, la morale, mais principalement en raison de ses vertus pacificatrices et uniformatrices... Rien de spirituel dans tout cela au contraire, et c'est ce qui me semble parfaitement dangereux : il suffit de lire sa critique de Mounier pour réaliser combien l'Eglise est mise par lui au service de son projet politique et que le règne social de NSJC lui passe largement au dessus de la tête ! Maurras n'est pas catholique et l'Eglise est vue par lui comme un moyen politique, non comme une fin surnaturelle, c'est cette inversion qui a été condamnée par Pie XI, à juste titre, on oublie de le rappeler !
Tous les tradis ne connaissent pas Maurras ? Vous oubliez Madiran qui assistait le "Maître" sur son lit de mort ! Le rare courant intellectuel tradi français est imprégné de maurrassisme : Itinéraire et sa rédaction (les Salleron, Saint-Pierre, Charlier et alii) comme Présent et son fondateur...
(suite)
RépondreSupprimerMaurras a effectivement formé ou déformé des générations de catholiques de droite depuis le début du XXème siècle : il leur a appris qu'il était inutile de s'investir concrètement pour faire changer les choses et pendant que la démocratie chrétienne s'organisait en Italie, il stérilisait les bonnes volontés, faisant avorter toute idée concrète de révolution en rédigeant des vers à l'intention de la femme d'un de ses adjoints (!) alors qu'on lui propose de prendre le pouvoir dans la nuit du 6 février 1934 ! C'est la culture de la critique et de la vocifération, jamais celle de l'action et l'Action F. n'est qu'un leurre car en dehors de fessées à des professeurs de Sorbonne, jamais rien de bien sérieux n'a été entrepris. En cela, les catholiques français ont bien appris : on critique l'Eglise, éventuellement on crée son monde parallèle, mais jamais on ne s'investit dans le monde réel, dans le cœur du sujet ! Et surtout on estime que tout ce qui est à changer est chez les autres : bien loin de l'idée chrétienne qui consiste à commencer par se convertir soi-même...
Enfin, vous parlez des zouaves pontificaux : l'anachronisme est trop cruel pour que l'on s'y arrête... ("Ce maître avait deux ans"...) Mais le dossier de Maurras et de la papauté est essentiel car personnellement, j'accuse Maurras d'avoir fait perdre le sens de la papauté au catholiques français et d'avoir été le plus efficace destructeur de l'ultramontanisme ! Lors de la condamnation, il y eut une soumission de façade pendant que les principaux ténors distillaient en sous-main que la compétence du pape ne pouvait porter sur des sujets politiques, qu'il était mal informé, que son infaillibilité ne portait que sur la foi, qu'il ne devait pas être obéi en matière disciplinaire... etc. Cela ne vous rappelle rien ? On dirait la position de la FSSPX vis à vis des papes depuis le concile ! "C'est à nous de trier dans ce que fait le pape", "il n'est pas compétent dans tous les domaines", "il ne peut aller contre la Tradition que nous connaissons mieux que lui"... ad nauseam... (Alors qu'on s'en tient en réalité aux déclarations de Küng ou d'autres que l'on estime être les interprètes autorisés du magistère !)
Oui, Maurras a dévalorisé, détruit le rôle du Pape, oui Maurras a dénaturé la mission spirituelle de l'Eglise, oui Maurras a encouragé la critique stérile au détriment de l'action et à commencer par l'action sur soi-même, oui Maurras a incité les catholiques à vivre dans le rêve absurde d'un retour en arrière vers une monarchie de Disneyland, idéalisée et sans rapport avec la réalité, oui Maurras a fait croire que même l'Eglise pouvait être l'enjeu de combats politiques, avec une droite et une gauche, où les seules actions menées se mesuraient en nombre d'insultes déversées dans des revues confidentielles, et ont remplacé les 7 commandements de l'Eglise...
Et ne me parlez pas de ce qui a été fait par la FSSPX et de cette "œuvre" : vous savez qu'elle est coupée de l'Eglise, qu'elle n'est pas vecteur normal de la grâce et qu'elle entretient des idées hétérodoxes, pour ne pas dire hérétiques, sur la magistère ordinaire universel de l'Eglise et des Papes, qu'elle entretient un état d'esprit maurrassien !
Oui, Maurras a déformé le catholicisme français, à l'insu de notre plein gré en quelque sorte, et oui, il a nui à l'Eglise et aux âmes !
Oui, Maurras est une belle mécanique intellectuelle et culturelle mais il est aussi une véritable imposture si l'on veut en faire un penseur chrétien !
Bravo pour votre réplique à cet anonyme, que vous invitez à lire Maurras. Ce sera pour lui une découverte,celle d'un univers réel,le notre,exposé à un chaos permanent.Pour oeuvrer à l'avènement d'un cosmos ordonné, Maurras voit en l'Eglise une puissance apollinienne, toute d'ordre, et ordonnant l'hybris en chacun.Rien ne dégoute Maurras autant que le dyonisiaque, et la puissance dissolvante.C'est à ce titre qu'il redoute les états confédérés contre l'Eglise. Maurras dit souvent"A bas!",jamais"A mort",nuance!Pour défendre la France, il combat tout ce qui combat l'Eglise,et une France forte.
RépondreSupprimerCeux qui rêvent d'une entropie générale en politique peuvent ils, par ailleurs,comprendre quoi que ce soit à l'amour de Maurras pour Sainte Thérèse, et aux prières du Carmel pour son ouverture au Surnaturel authentique? Elevé en chrétien, puis fasciné par la sagesse gréco-romaine,Maurras s'élèvera, par la splendeur de la vérité ecclésiale,vers le Crucifié,le Vrai Maitre du monde. Et tant pis pour la maurrassophobie de ceux qui ont négligé de le découvrir. Docteur Ph. de Labriolle
Maurras adversaire de la papauté? Sans entrer dans les détails de la condamnation de 1927, rappelons que le Martégal s'inscrit dans une tradition bien française et qui remonte loin. Saint Louis, tout saint qu'il était, n'hésitait pas à résister à Innocent IV et l'on n'a garde d'oublier l'attentat d'Agnani, en 1303. Ici, Maurras n'a fait que reprendre à son profit une vieille tradition française.
RépondreSupprimerA ce point de vue, les rapprochements avec le traditionalisme post Vatican II doivent être fortement nuancé. Tout d'abord je dois, à ma grande honte confesser mon ignorance. Je ne savais pas que Maurras avait écrit le "Bref examen critique". Dans mon insondable inculture, j'étais persuadé qu'il s'agissait d'un texte écrit par le père Guérard des Lauriers et cosigné par les cardinaux Ottaviani et Bacci sur la messe de Paul VI. Merci Antoine d'avoir éclairé ma religion sur ce point.
Il est de fait qu'aujourd'hui la pensée de Maurras fait l'objet, chez nombre de "tradis" d'une ignorance inviolée. Ils ont d'ailleurs des circonstances atténuantes. En dehors de rares philosophes comme Pierre Boutang (et à un moindre degré Jean Madiran), la pensée de Maurras n'a pas été vraiment développée, et encore moins continuée pendant des années. Au mieux il y a eu de respectables épigones qui ont répété un catéchisme fossilisé au fur et à mesure que la figure du Maître s'éloignait, laissant la place à des incantations de moins en moins comprises. Et puis l'opposition à Vatican II a été aussi le fait d'un clergé qui se nourrissait à d'autres sources. Maurras n'a trop souvent été, principalement chez les laïcs, qu'une incantation commode, ou, au contraire un repoussoir. On lui a reproché son positivisme, sa vision "laïcisée" (cum grano salis), ce que finalement lui reprochaient les clergeons modernistes des années 20. On l'a fait parler indûment, ou, au contraire on en a fait un épouvantail. Est-ce vraiment lui qui a nuit à l'Eglise et aux âmes, ou ceux qui s'en sont emparés sans le comprendre?
Soyons clairs: Maurras s'est essentiellement voulu un penseur politique. Son action dans le domaine religieux n'a été que de l'ordre du surcroît.
Oui, il y a chez lui un antisémitisme insoutenable et des invectives indignes, oui, ce grand esprit s'est laissé engloutir par la rédaction de son quotidien, au point parfois d'en arriver à des positions indéfendables (notamment pendant l'Occupation). Ce Maurras-là, noirci par ses adversaires, mais aussi par certains pseudo-disciples sans discernement n'est pas le vrai, il n'est qu'une caricature, et même une contrefaçon.
Le vrai Maurras n'est pas un penseur chrétien, pas plus que ne le furent Aristote ou Platon. Mais, d'une certaine façon, il demeure un penseur de la Chrétienté.
Que Maurras, agnostique, n'ait pas évoqué le rôle spirituel de l'Eglise et qu'il se soit contenté de considérer l'aspect purement politique est finalement tout à son honneur. C'est une simple question d'honnêteté. On ne peut sérieusement reprocher à quelqu'un qui n'adhère pas pleinement au dogme catholique de ne considérer que l'aspect temporel des choses.
RépondreSupprimerOn le peut d'autant moins qu'il faut tout de même rappeler le contexte historique. Maurras est né en 1868, ce qui veut dire que ses années de formation correspondent à l'installation de la République, une installation qui a été menée (faut-il le rappeler?) en opposition frontale à l'Eglise romaine. Pour un opposant déterminé à cette République, s'appuyer politiquement sur l'Eglise est une évidence, d'autant que nombre de jeunes catholiques voient alors en la pensée maurrassienne le moyen le plus efficace de résister à un anticléricalisme dont nous avons oublié la violence (verbale et physique). C'est dans ce cadre historique qu'il faut également replacer la théorie des "quatre Etats confédérés": juifs, protestants, "métèques" et francs-maçons. Ces groupes constituent alors les viviers privilégiés pour le recrutement des cadres d'une jeune République qui, rejetant les élites catholiques traditionnelles, est bien obligée de chercher ailleurs, chez les républicains "par position", pour peupler ses cabinets ministériels et garnir les bancs des assemblées. Dans de telles circonstances, le recours à l'Eglise, sur le plan politique, était inévitable et les reproches adressés à Maurras dans ce domaine paraissent en grande partie manquer leur cible.
Il en est de même concernant la phrase tant contestée "je suis romain, je suis humain". Bien sûr, il y a l'aspect "régent de collège" qui agaçait tant Bernanos, mais remarquons que Maurras rejoint dans une certaine mesure Simone Weil. Gustave Thibon, lors d'une interview, m'avait cité un propos de la philosophe soulignant pour le christianisme la nécessité de "l'alliage romain". Et puis il faut encore une fois revenir à l'histoire et plus précisément à cette histoire sacrée où la Rome ancienne a sa part. Après tout, les voyages décrits dans les "Actes des apôtres" auraient été impossibles deux siècles plus tôt. C'est l'Empire romain, l'empire de César, avec ses routes, ses mers sécurisées qui a permis à Pierre et Paul d'aller jusqu'à Rome. C'est Rome qui, mieux peut être que les Grecs, a fait pressentir au monde païen l'unité du genre humain, et, finalement, qui a donné au christianisme le cadre de sa première expansion. Peut-on en vouloir à Maurras de l'avoir entrevu?
On ne peut plus soutenir Maurras à cause de son antisémitisme : ce sont ses disciples qui dans les bureaux de Vchy on concocté le premier statut ds juifs avant même toute demande des allemands.
RépondreSupprimerAllez voir le film "La rafle" qui démontre l'antisémitisme de toute une partiede l'opinion française.
L'attitude de Maurras lors de son procès a été ignoble, par la haine qu'il a continué de porter aux juifs allant jusqu'à proférer cette énormité "c'est la revance de Dreyfus".
Redisons-le : on ne peut être chrétien et antisémite ; ainsi que le rappelait Paul Claudel, c'est faire injure à la Sainte Vierge.
Enfin au moment ou l'Eglise catholique traverse une épreuve terrible (je viens d'apprendre qu'un séminariste complètement dégoutté venait de quitter l'Eglise)il serait bon que les catholiques se serrent les coudes au lieu de s'invectiver pour des histoires de latin ou de soutane.
J'avoue en avoir assez de me faire traiter par les collègues et amis de "soutien des pédophiles".
Espérons qu de cette épreuve nous sortirons plus forts et plus unis.
Si la FSSPX avait pour deux sous de bon sens elle ferait amende honorable et mettrait toutes ses forces au côté du Pape, attaqué de toutes parts.
Qu'on ne puisse soutenir Maurras "à cause de son antisémitisme" peut s'entendre de différentes façons. Relisez à ce sujet "Mes arches de Noé" de Michel Déon. Bien sûr, l'antisémitisme de Maurras est parfaitement indéfendable aujourd'hui, mais cela infirme-t-il pour autant le reste de sa pensée? Cela ne semble pas évident. Après tout, il fut un temps où "La Croix" se proclamait "le journal catholique le plus anti-juif de France". Et l'on trouve des propos encore plus furieusement antisémites que ceux de Maurras chez Hegel ou chez Fichte (et tous les autres idéalistes allemands). Cela n'empêcjhe pas qu'il y ait aujourd'hui des hégéliens que l'on peut difficilement accuser d'antisémitisme. On peut parfaitement honorer le penseur Maurras et rejeter son antisémitisme. Après tout, il ne s'agit là que d'appliquer cette théorie éminemment maurrassienne qu'est la tradition critique.
RépondreSupprimerIl y eut certes des disciples de Maurras dans les bureaux de Vichy, mais on en trouve aussi dans la Résistance. Faut-il rappeler que Cordier, secrétaire de jean Moulin, était maurrassien lorsqu'il entra en Résistance? Faut-il rappeler les noms d'Honoré d'Estienne d'Orves, de Maurice Duclos et de bien d'autres? Faut-il enfin rappeler les écrits de Bernanos? Vous avez vu "La Rafle", mais rappelez-vous de "L'Armée des ombres".
Quant au procès de Maurras, si l'on peut ne pas apprécier cette phrase, d'ailleurs contestable, "c'est la revanche de Dreyfus!", je cherche en vain dans les débats de Lyon de longs développements antisémites, et je les cherche d'autant plus vainement dans le compte-rendu du procès publié par Géo London, lui-même juif. Maurras avait bien mieux à faire à ce moment-là.
Quant au reste, je suis plutôt d'accord avec vous, y compris, et peut-être surtout, sur la phrase de Claudel.
Mais ceci est une autre histoire, où Maurras n'a que peu à voir.
Je ne sais pas pour répondre à votre question si Maurras était un petit diabletin, mais je sais que le Père Le Floch lui, fut diabolisé que pour ne l'avoir cité..
RépondreSupprimerAlors si je cite par exemple un Léon Daudet peut-être serais-je moi aussi un petit démon.
Mais je le cite quand même.
''La démocratie c'est comme la révolution couché qui fait .. dans ses draps.''
13 mars 2010
RépondreSupprimerBeaucoup de choses ont été dites (et tellement mieux que je ne l'aurais fait, moi qui ne suis pas un expert en maurrassisme ni en enregistrement de commentaires sur Blog G) sur le sacrilège de Maurras, écrivain de génie, mais récupérateur de l'Eglise à des fins politiques, comme si le corps mystique qui a "les promesses de la vie éternelle" était en rien récupérable… L'Eglise est irrécupérable... Elle est cette preuve par le diamant que la vie est incorruptible, preuve que vous fustigez, Monsieur l'abbé, dans un autre de vos postes après votre visite au musée Maillole où vous êtes allé voir une exposition sur la mort vous tourniez damien First en ridicule… Quant à moi, dont l'opinion certes est de peu d'importance, Je tiens cette preuve pour nulle si "la vie commence dans le carbone", comme le soutiennent les évolutionnistes échevelés qui utilisent le carbone pour antidater le linceul de Turin. L'évolutionnisme n'est pas une belle vérité et, si la vérité est dénuée de valeur esthétique, elle est suspecte. Pris comme instance de commencement, le carbone fait le jeu d'une ère de glaciation affective et sentimentale. Mais je reçois cette preuve par le carbone que vous jugez puérile si la vie, non pas commence dans la neige carbonique, mais finit comme le carbone, a le destin du carbone, se montre matériellement incorruptible au passage… Je reçois dès lors en louangeant Dieu cette preuve par le carbone, ce clin d'œil de la matière aux croyances de mon âme, qui a la notion de l'éternité plus que celle du temps, parce qu'elle ne se souvient pas de sa naissance et se croit donc sans commencement...
Donc maurras voulut récupérer l'Eglise et vous voulez récupérer Maurras : c'est décevant et désolant ! c'est désolant parce que vous ne prenez même pas la peine de dissimuler que vous agissez en stratège, en "habile tacticien", habileté que j'avais saluée dans un précédent commentaire... Il faut conjuguer les stragtégies, dites-vous en substance, pour sauver l'eglise du marasme. Or y a-t-il pire marasme que celui que vous illustrez en faisant le grand écart en commençant par bichonner les juifs avant de caresser le dernier carré de leurs ennemis, qui se montreraient volontiers leurs persécuteurs, si la persécution physique était encore de mise à leur encontre dans le monde occidental ? (C'est l'abbé Laguéry qui baptise la fille de dieudonné au prénom de Plume, plus chrétien que celui de son frère Judas, l'enfant ayant pour parrain M. le Pen, qui a une longévité probable plus courte que celle de son père biologique, l'humoriste qui dirige "le théâtre de la main d'or"…) C'est une stratégie du marasme et du tohu-bohu intellectuel qui ne vous honore pas et dont j'ose espérer qu'elle ne vous ressemble pas.
(suite)
RépondreSupprimerIl n'y a pire marasme à la fin que de déshonorer son père en lui donnant le coup de pied de l'âne après avoir édité un numéro de "res publica christiana" pour dire qu'on l'aimait, avec certes moins d'exclusivité qu'il pourrait le souhaiter, mais enfin qu'on l'aimait tout de même et qu'il s'en fallait de peu qu'on lui demandât pardon… L'antisémitisme est une maladie névralgique de l'humanité. Quand on touche au "peuple juif", on touche aux nerfs du monde. Que ne vous avons-nous entendu dire que la shoah, même si les Juifs ne sont pas prêts à recevoir une affirmation si indélicatement et si péremptoirement exprimée, est la contribution indirecte du peuple juif en son entier à la Passion du christ, est la Passion du peuple juif configuré à son Messie qui est aussi le nôtre… et que c'est pour cela - bien plus que pour d'obscures raisons politiques qui ont aussi leur part dans cette omerta, ne travestissons pas la vérité, mais elles sont marginales -, que c'est à cause de la Passion du peuple juif, parce qu'elle ravive la douleur névralgique du monde et que tout malade tient à sa douleur (comme nous tenons nous-mêmes à consoler le Christ jusqu'à la fin des temps), que le monde continue 60 ans après à évoquer le martyre du peuple juif tandis qu'il passe sous silence les crimes du communisme… et que Les martyres du goulag comptent médiatiquement pour du beurre, ce qui n'est pas normal, mais s'explique parce que qui touche au peuple juif touche à l'élection humaine telle que celle-ci a été voulue par dieu.
(suite 2)
RépondreSupprimerL'eglise a sa part dans ce Mystère d'Election, une part plus qu'enviable : elle est le Corps du christ, mais elle n'a pas souffert de toute l'involonté de sa chair : elle a eu ses martyres, mais c'étaient de libres confessants, tandis que les Juifs n'ont pas eu le choix de ne pas être associés à la Passion d'un Messie que, par ailleurs, beaucoup d'entre eux ne reconnaissaient pas. Cette assimilation d'élection a été réservé au peuple juif : "les voies de dieu sont impénétrables et Ses desseins sont insondables",, on ne peut que s'incliner devant eux et certainement pas, pour faire bonne mesure, convoquer les mannes des rescapé d'auschwitz et juste après celles de Maurras, par stratégie, même si ce monsieur à la plume alerte faisait prendre tous les jours une "cure d'altitude intellectuelle" au pauvre Marcel Proust dont les longueurs avaient bien besoin de se désintoxiquer du snobisme et de la mondanité de leur auteur… En votre âme et conscience, vous n'avez pas le droit de suggérer que le négationnisme de Mgr Williamson, (qui était il y a peu un évêque de l'autorité duquel vous dépendiez, avant que la Fraternité sacerdotale Saint-Pi X ne vous congédiât avec son tact habituel), que ce négationnisme ne vous dégoûte pas, de suggérer que ce négationnisme n'est pas antichrétien, quoi qu'il en soit de la possibilité démocratique qu'on devrait sans doute lui accorder de s'exprimer… Mais alors, nous ne parlons pas sur le même plan… Et vous suggérez que l'antisémitisme est un péché véniel, dès lors que, vous utilisez l'espace public de votre "blog" pour raviver la mémoire d'un homme, Maurras, qui le symbolise dans sa version paganochrétienne des "amitiés françaises", que cet antisémitisme soit dit actif par appel au meurtre ou passif en se contentant de regarder les Juifs comme "le parti de l'étranger en France"… vous n'avez pas le droit de cultiver l'ambiguïté cruelle en donnant envie de discuter avec vous, parce que vous êtes un esthète qui fréquentez les expositions, parce que vous feriez très "abbé de salon" dans un dîner, mais qu'à peine aurait-on conversé de confiance avec vous en portant un toast au premier verre de vin que vous ne pourriez vous retenir de brandir, vos vieux démons vous reprenant - ou parce que vous souhaitez rester "le saint patron de "Minute", comme vous qualifie "Gollias" - ce vieux grigou de maurras qui a vu dans la défaite de la France "une divine surprise" sous prétexte qu'elle était reprise en mains par un vieux maréchal qui lui faisait faire sa "révolution nationale" après qu'une chambre radicale lui avait certes voté "les pleins pouvoirs" à 80 voix près, mais afin seulement qu'il rédigeât une constitution dont on n'a jamais vu la couleur parce qu'on avait certes mieux à faire en temps de guerre, et ce n'allait tout de même pas être ce monarchiste de Maurras qui serait allé demander à ce vieil "officier républicain" de Pétain d'être un peu plus constitutionnel, lui qui avait horreur des constitutions et du parlementarisme… Maurras en effet partageait au moins cette opinion avec Grégoire XVI de trouver que "le parlementarisme, ça fait pas très sérieux"… Mais il ne partageait certainement pas avec le pape régnant du temps de Louis-Philippe le mépris du "magnificat", dont je ne saurais croire que vous le professez aussi souverainement que celui que vous n'appelez pas "votre vieux maître", ayant garde de vous déclarer maurassien après que votre supérieur, l'abbé Laguéry, toujours lui, avait jugé plus subtil d'assurer que votre Institut ne l'était pas… Est-ce encore un effet du "grand écart" ?
(suite et fin)
RépondreSupprimerAvant de mettre le mien, de point final, à ce poste, je vous dirai pour rentrer dans vos bonnes grâces - car je suis stratège à mes heures, moi aussi - qu'il y a tout de même une leçon que je retire de Maurras : quand on lui reprochait de vouloir récupérer l'Eglise bien qu'il fût à millie lieues d'en partager la foi avant de se convertir in extremis (mais la conversion in extremis est un genre littéraire, comme diraient nos exégètes bibliques…", Maurras répondait qu'"il la prenait pour ce qu'elle se donnait" et faisait fi de ses propres a priori ou croyances pourvu qu'il se rencontrât avec elle un terrain de convergence. Le terrain de convergence n'est pas ici ma partie : mais c'est une vraie leçon d'humanisme que de prendre chacun pour ce qu'il se donne. J'ai peut-être manqué de charité envers votre académicien en ne comprenant pas tout ce pour quoi il se donnait ; mais c'est parce que j'ai de l'estime pour vous que je vous pose cette question :
"Pour qui vous donnez-vous" ? Je ne vous dirai pas : "à la fin", bien qu'on soit lassé de votre façon de naviguer un coup à gauche, un coup à droite… Dans votre genre, vous êtes un peu séducteur… Je ne vous dirai pas "à la fin" parce qu'à l'instant où je vous parle, ni vous, ni moi ne sommes définitivement définissables, et j'espère que, même après la mort, nous ne le serons pas encore… Je me risque à vous demander, non pas pour qui vous vous prenez (car à ce coups,vous pourriez me retourner le compliment), mais pour qui vous vous donnez, démarquant humblement ma question sur celle que Dieu (que je ne suis pas : je n'en suis qu'une simple Image qui a perdu beaucoup de ressemblance) pose à Adam et que j'aime bien restituer sous cette forme :
"Où en es-tu ? comment te situes-tu ?", même si j'ai lu hier soir dans les "cahiers parisiens" de claude Vigée, sur le site de sa revue "temporel" que l'Hébreu demande plutôt :
"d'où viens-tu et surtout, où vas-tu" ?
Où et comment allez-vous, cher et valeureux abbé pour qui j'éprouve une irrépressible amitié, peut-être entraînée par l'attrait du génie, mais je ne suis pas sûr que nous marchions "dans la même direction"… Où et comment allez-vous ? Je veux dire : pourriez-vous enfin préciser quelle est votre stratégie ? qu'est-ce que vous voulez à la fin… ? C'est quoi, le problème du monde ? L'Eglise est-elle là pour y remettre de l'ordre ? ca se résume à ça, pour vous, la Rédemption ? cosmomos/ordre et beauté dans le Logos ! Mais ce n'est pas à proprement parler le Logos qui a "sauvé le monde" même s'il peut arriver qu'en effet, les mots sauvent littéralement la vie. Non : ce n'est pas vraiment le Logos qui a sauvé le monde : le Logos l'aurait plutôt fait surgir du chaos. A tout prendre, le Logos a créé le monde, quand c'est le Christ qui l'a sauvé. Permettez que je risque cette distinction métaphysique entre le Logos et le christos que je préfère à l'antique distinction entre la nature humaine et la nature divine du christ, même si le Logos recouvre cette nature divine prime et ultime au sein du trine, tandis que le Christos, la part de dieu qui meurt, embrasse la nature humaine en proie au sacrifice et au sentiment de la dette…
Julien WEINZAEPFLEN
http://www.etudestorrentielles.blogspot.com./
(Suite 3)
RépondreSupprimerJe vous donne ma parole que pour un médiocre médiologue de mon acabit, ce "grand écart" est autrement ignoble et venimeux que toutes les critiques casuistiques que vous pouvez adresser au concile "pastoral" encore que se déclarant "dogmatique", et qui doit être interprété selon "l'herméneutique de la continuité" : stratégie, stratégie, quand tu nous tiens... (Savez-vous qu'à l'avènement de benoît XVI, Mgr Di falco hasarda au micro de denise dumolin sans que la phrase fût reprise ni que la journaliste l'eût coupée au montage, que le cardinal Ratzinger était connu au Vatican pour être "une sorte de JR" dont le prélat n'allait pas jusqu'à dire qu'il avait intrigué pour devenir pape, mais que, sans doute, il n'était pas fâché de l'aubaine, bien qu'ayant simulé vouloir prendre sa retraite et retourner en Allemagne… ?)
Je m'énerve ? Un peu. Et sans doute ma réaction est-elle celle que vous sollicitiez. Afin de quelle confrontation avec le monde ? En quoi Maurras est-il plus "réel" que lui ou que moi ? Je n'ose croire que c'est parce qu'il avait "la positiviste attitude" : c'est peut-être nul, mais ça ne l'est pas plus que de soutenir que Maurras était antifasciste sous prétexte que, comme le démocrate chrétien bayrou reprenant ségolène royal au micro de Jean-Jacques bourdin, Maurras, non seulement ne confondait pas, mais distinguait "etat et société", tandis que le fascisme ne voyait que par l'etat :
"Tout pour l'Etat et rien en dehors de l'Etat"…
Moi, je veux bien, si toutefois vous arrivez à me prouver que le vieux père Maurras, pétri de réalisme, employait le mot de "société" dans le sens abstrait où ce mot ne désigne plus à nos oreilles modernes que "l'esprit du temps", la mentalité collective, le substratum dans lère duquel on vit et dont on respire l'atmosphère. La "société" est pour nous un mot atmosphérique tandis qu'elle était, pour Maurras, une "communauté organique", qui se serait assez accomodé de votre "personnalisme intégral", même à la sauce cajetan. Cet admirateur "(organisé)" de "l'empirisme thomiste" n'aurait pas récusé son disciple et il vous aurait enrôlé avec celui en l'honneur de qui vous composâtes votre canard de doctorant... Or, que je sache, pour le fascisme, Etat et société devaient être coorganiques de même que, ce qu'appelait de ses vœux Maurras, c'était que l'Etat redevînt "organique à la société" dont toutes les sphères devaient s'élever comme des faisceau lumineux, en partance vers le mêmepoint final. Cette apothéose de la société n'est certes pas du plus mauvais effet de politicoplastie…
Une autorité IBP s'exprime sur Maurras :
RépondreSupprimerhttp://blog.institutdubonpasteur.org/spip.php?article117
Ce texte mériterait une bien plus large publication; cela rendrait l'image de la tradition moins entachée par les sympathies supposées pour certains mouvements qui sentent le souffre.
J'aimerais
RépondreSupprimerPremièrement que sur certains sujets restés brûlants anonymes divers prennent au moins un prénom ou pseudonyme.
Deuxièmement n 'étant pas maurassien au sens strict ,- ma fidélité vient de plus loin- j'aimerais aussi qu'on le traite avec plus d'honnêteté intellectuelle sans chercher éternellement à régler des comptes . Je rappellerai qu'à propos du pape que Maurras fut le seul à défendre Benoit XV lors de ses tentatives valeureuses pendant la première guerre monbdiale de s'obstiner à la paix , pour arrêter le suicide de l’ Europe encore chrétienne, otage d’un nationalisme issu de la révolution française -bien analysée par Jean de Viguerie - et prévenir la guerre de revanche alors que les catholiques et leurs évêques au nom de l’Union Sacrée dans leur quasi -totalité se défaussaient sur le pape devant une opinion publique chauffée à blanc par les anticléricaux , qui ont même obligé nos prêtres et séminaristes par une loi ! en 1917 à prendre des armes et à être des combattants au lieu rester aumôniers ou brancardiers, ce qui est contraire au droit canon ! Les opinions étant tellement surexcitées, que le Pape Benoit XV à la demande des évêques français a du se résoudre à accorder une dispense. On comprend mieux pourquoi Pie XII a préféré agir dans la discrétion et l’efficacité pour sauver les juifs lors de la seconde guerre mondiale, lui qui était Nonce en Allemagne pendant la première guerre mondiale, et tentait alors d’obtenir des concessions pour arriver à cette paix. (Il a pu observer la manipulation d es opinions publiques ne cas de guerre.) Enfin Maurras n a cessé de demander qu’on agisse, contre Hitler, ( comme d’ailleurs bien des généraux allemands, qui voyaient sa folie grandir) notamment en 1936 lors de l’occupation de la rive gauche du Rhin. S’il avait été écouté jamais les juifs en France n’auraient subi les persécutions. Donc plutôt -qu’ à propos de ses douloureux et épouvantables événements de l’accabler sur son antisémitisme,- certes, condamnable, et qui aurait du totalement cesser dès 1940 - on ferait bien aussi de rendre justice à sa clairvoyance sur la faillite radicale morale et politique de la III République à protéger le pays de sa défaite et donc aussi les juifs s’y trouvant
Personne n’est forcé d’être maurassien, simplement qu’on fasse preuve d’honnêteté intellectuelle, et qu’on prenne un peu de distance, qu’on cesse de régler des comptes sur son dos, au lieu de se remettre en cause
L’absence de lucidité, la passivité pour ne pas dire la veulerie dont on fait preuve entre les deux guerres , n’ont rien de chrétien, car le devoir des chrétiens est aussi de protéger les faibles, ceux qui subissent la violence. Cela n’a pas changé et les conséquences non plus.