lundi 1 mars 2010

Une vraie discussion autour de Vatican II

C'était sur Radio Courtoisie tout à l'heure, à l'émission de Philippe Maxence, rédacteur en chef de L'homme nouveau, un moment vraiment agréable et en même temps une confrontation sur un sujet qui n'a pas fini de faire couler de l'encre : Vatican II... Il y avait trois noirs, ce jour-là, deux robes, la mienne et celle de l'abbé Grégoire Celier, de la Fraternité Saint Pie X, et puis Daniel Hamiche,comme d'habitude tout en noir même si bien sûr il n'est pas en soutane. Philippe Maxence, comme d'habitude, en arbitre des élégance, passait la parole à l'un et à l'autre, assurant l'impartialité du débat, avec cette autorité toute naturelle qui n'appartient qu'à lui. C'est lui qui met le sujet sur le Concile, sur les négociations de la FSSPX avec Rome et sur la série de conférences sur Vatican II qui a lieu à Notre Dame de Paris et aussi au Centre Saint Paul.

Ce qui est impressionnant, c'est que Benoît XVI avec son concept d'herméneutique de continuité, contribue chaque jour un peu plus, qu'on le veuille ou non, à mettre tout le monde d'accord. C'est vraiment la gloire de l'olivier dont parlent les prophéties (pas si sottes) de Malachie à propos des papes. De gloria olivae : la gloire de l'olivier, dans la Bible, c'est que son rameau annonce la fin du Déluge (Gen. 6). Quelle fin meilleure imaginer pour l'instant à la période diluviale que nous sommes en train de vivre que l'unité des catholiques, faisant encore une fois reculer la fin ?

La paix qu'on la veuille ou non, comment c'est possible ?

C'est possible par la logique que portent les mots que l'on emploie. Il y a des mots qui sont faits pour tuer. Il y a un lexique qui est meurtrier, celui qui emploie la dialectique mortelle de l'intégrisme et du progressisme, sans s'apercevoir que le progressisme est mort en 1995, avec Mgr Gaillot à Évreux et que l'intégrisme n'est plus que résiduel. Il faut dire qu'entre catholiques, la mauvaise habitude de cette dialectique imbécile (j'emploie le mot "imbécile" au sens technique que lui donne Bernanos dans ses pamphlets) remonte, excusez du peu, au cardinal Suhard et à sa fameuse lettre essor ou déclin de l'Église, juste après la Guerre. Je n'étais pas né que cette guerre de religion se déclinait déjà avec ce lexique binaire. Force est de constater que comme la lutte des classes est périmée (malgré Dunkerque, Total et tant d'autres catastrophes humaines de l'après-crise), la dialectique des intégristes et des progressistes n'intéresse plus personne. La guerre de 70 [1970 bien sûr] est terminée.

En effet, lorsqu'on parle d'herméneutique de continuité, quel catholique peut s'opposer à ce discours ? Chacun y trouve son compte, les herméneutes de la liberté tous azimuts, qui ne veulent pas entendre parler d'un texte normatif, parce qu'il faudrait l'appliquer et les partisans de la continuité qui sont trop heureux de voir que ce qui n'était plus bien souvent qu'une nostalgie de la continuité redevient opératoire grâce à l'herméneutique. En substance, il n'y a plus de problèmes sur Vatican II. Et je me suis laissé dire que même la Commission de discussion, envoyée à Rome par Mgr Fellay, ne parlait plus de Vatican II et s'était accrochée avec les experts romains, non pas sur la lettre du Concile, censée les occuper, mais à propos du pape Jean Paul II et de son long pontificat de transition, de ses 13 encycliques, si différente de la première à la treizième, de ses innombrables discours, du Sommet d'Assise avec toutes les religions et de quelques autres de ses initiatives.

Je crois que s'il faut parler de Vatican II, s'il faut en parler de plus en plus, c'est que sur ce sujet, l'histoire avançant et censurant implacablement les échecs ou les naïvetés du passé, nous allons vers un consensus vrai. Grâce au Concile, nous sommes mis en face des vraies questions (le rapport de la foi et de la raison ; les relations de l'Église et de l'État moderne ; les religions du monde face à la vérité chrétienne). Et ces questions, le pape nous en a averti solennellement, il faut les travailler dans la continuité avec la Tradition de l'Église, au sein de laquelle le Concile prend son sens.

J'ai toujours été très frappé de constater que au début des années 60, dans les Vota de la Minorité traditionnelle pour le Concile, il n'y avait aucun projet, aucune perspective. Seulement des demandes de condamnation. En affrontant frontalement la modernité, on doit se mettre au travail. Comme le dit très bien Christophe Dickès dans L'Homme nouveau, Jean-Paul II était le pape de la représentation (planétaire). Benoît XVI apparaît de plus en plus comme le Pontife de la Confrontation avec le monde.

Une telle confrontation est une chance historique pour l'Église. Cela ne se manque pas.

7 commentaires:

  1. Ben pour faire taire, en qq années, 40 ans de débat et de confrontation, on ne peut que se dire que ce pape est vraiment inspiré par l'Esprit saint !

    Mais vous le remarquiez vous-même, Mgr Lefebvre en avait eu l'intuition quand il demandait de lire le concile à la lumière de la Tradition. Ce qui m'étonne toujours, c'est qu'on a passé des années à lire le concile à la lumière de Chenu, Congar ou Rahner...

    Et puis vous avez raison de pointer cette tendance à dénoncer, à s'agiter, à discourir mais non point à agir ! La seule action proposée par les intégristes à l'Eglise a été (est encore) le retour en arrière ! Comme si le monde n'avait pas totalement changé, comme si le langage du XIXème siècle pouvait encore être audible dans les cités ou en Afrique...

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  2. Traiter Jean Paul II de pape de la représentation, il faut le faire !!
    C'est facile de faire le brillant causeur dans le poste c'est de la médisance pure et simple !!
    Jean Paul II est le plus grand évangélisateur de tous les temps, c'est le pape de la Miséricorde divine, de l'alliance entre la foi et la raison (cf Fides et ratio et Benoit XVI), celui qui nous rappelle que l'Eglise vit de l'Eucharistie, le pape marial enfin, celui du Rosaire !!
    Mais tout cela n'est rien pour nos tradis qui jugent à l'aune de leur supériorité critique et de leur compétence universelle et auto proclamée à porter un jugement définitif sur un pape qui,Dieu merci, leur échappe de tous les côtés.

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  3. Sur la «lutte des classes»… ce n’est pas un concept marxiste! Marx n’invente pas la lutte des classes. Il la constate. Accessoirement, il souhaite que les travailleurs la gagnent.

    Il y a ceux qui possèdent le capital. Et puis les prolétaires qui n’ont que leur force de travail, et peut-être un bout de jardin plus ou moins grand, ce qui ne change pas grand chose. Les rapports des uns et des autres sont régis par la loi de l’offre et de la demande. Il y a entre eux une lutte, de même qu’entre le client et son fournisseur.

    Si vous pensez que +capital+ relève de la vulgate marxiste (forcément «dépassée»?) lisez La Tribune ou Les Échos. Si vous pensez que +capitaliste+ relève de l’idéologie gauchiste, considérez Warren Buffet. Il pèse 50 milliards de dollars, il est américain et il estime que: «tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n'avons jamais été aussi prospères. C'est une guerre de classes, et c'est ma classe qui est en train de gagner.»

    Dit comme cela ce n’est pas très cool. Pas très bisounours. Il est plus sympathique (c’est l’idéologie ‘Figaro Magazine’) de penser que la «lutte des classes» est une lubie, une théorie fumeuse, heureusement obsolète.

    Dans ce système de pensée, quand un patron s’organise avec quelques autres pour faire valoir ses intérêts, c’est un homme entreprenant. Mais quand un ouvrier fait de même, c’est un nuisible qui entrave les intérêts de l’entreprise. Laquelle est censée tourner dans l’intérêt de tous… Ce sont là des fables que le public veut bien croire tant qu’il est du bon côté du manche, et dont les actionnaires n’ont que faire.

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  4. Grâce à Benoît XVI la modération a bien meilleur goût.
    Le concile a été bafoué autant par les uns que par les autres. Je parle des deux tendances de l'Église.
    Nous avons des ''fixistes'' d'une part qui s'approprient le monopole de la Vérité. (Le Cardinal Ratzinger avait fait la proposition à Mgr Lefebvre à Rome de voir le concile à la Lumière de la Tradition. Et Mgr Lefebvre de répondre: ''Je suis prêt à signer cela mais si c'est un shéma contradictoire, se sera le contraire d'un cheveu dans la soupe..''Il se cru le seul au monde à posséder la Vérité.
    D'autre part nous avons des ''tout tournent et tout bougent'' qui ont pris le concile pour une émancipation personnelle, s'affranchissant ainsi le monopole d'un état de fait qui n'existait tout simplement pas. Se construisant de célèbres noms d'experts faisant passé l'improvisation et la somnolence pour de la sommité, intervenant comme si le monde venait d'être créé après eux.
    Ces deux tendances sont tout simplement nébuleuses. J'ai confiance à Benoît XVI qui sait s'élever à l'intelligence de la foi pour régler cette petite crise d'adolescents.

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  5. Cher Monsieur l'abbé,

    en habile tacticien que vous êtes, vous opposez "un pape de la représentation" (planétaire) dont le pontificat a été l'un des plus longs de l'histoire à
    un "pape de la confrontation" (avec le monde). donnons-vous-en acte, ne serait-ce que pour l'habileté, l'intelligence du distinguo. cela étant, cette confrontation
    (avec le monde) est-elle nécessaire? est-elle bienvenue? N'a-t-elle pas déjà que trop duré? L'Eglise n'est-elle pas ressentie comme "l'organe qui ne sait
    dire que non"? et surtout, combien de temps cette confrontation pourra-t-elle survivre à la vie du pape? Je suis peut-être un peut rop entêté de la chronologie
    pure et dure; mais, à vues humaines, le pape est un vieil homme. comme me le disait un prêtre il y a beau temps déjà, "le Vatican est dirigé par de vieux
    gars"... combien de temps tout cela pourra-t-il durer sans que l'on dise:
    "Le christianisme? Mais il est en train de mourir de vieilesse..."
    A la parution du "génie du christianisme", une de ces dames qui faisaient l'opinion littéraire s'écria tout au contraire:
    "comment? Le christianisme, c'est donc cela? Mais il est délicieux!"
    J'attends qu'on ressente à nouveau le délice d'être chrétien... qu'est-ce qui se vit sous les voûtes des églises, tradis ou non? Pas beaucoup de fraternité,
    ne parlons même pas de charité, le mot est trop connoté: il a vieilli. Mais enfin quoi! Un sacrement, c'est vrai, mais "mal produit"! ce blasphème n'est
    pas de moi, il est de thierry ardisson. "Mal produit" parce qu'excessivement ritualisé! comment avons-nous pu "râbacher comme les païens" dans ce qui est
    une caricature de "langue sacrée", le latin n'étant jamais que la langue de l'occupant... qu'avait-il de sacré, sinon sa tendance au juridisme? N'avez-vous
    pas vous-même déploré bien souvent que l'on réduise le christianisme à un moralisme?nisme, ct
    Julien Weinzaepflen

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  6. Juste un mot pour remercier Laurent (ci-dessus) de son propos sur le Vénérable Jean-Paul II, ce Pape que nous aimons tant, qui a ouvert le monde au coeur immaculé de Marie et qui a relevé le bâton bien poussiéreux de pélérin de St Paul pour porter la parole du Christ dans le monde entier. Le Saint Père BXVI serait d'ailleurs le premier à soutenir vos paroles !

    Cette tendance bien fâcheuse des lefebvristes de tout bord à semer la division entre ces deux immenses Papes (et très grands amis au demeurant) pour s'autopersuader que BXVI serait "de leurs", rappelle les procédés de "quelqu'un" dont l'art de la DIVISION est la spécialité.
    cf gr diabolos

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  7. Je me rappel un prêtre, dans les années 70, me disant, on n'as pas besoins de ces grenouilles de bénitiers qui trainent dans les églises avec leurs dévotions,(bien sur ce n'est pas au mot à mot ce qu'il me disait, j'exprime ce qu'il me disait, l'expression de sa pensée) on n'a pas besoins de tous ces gens qui se disent catholiques et qui ne vont à la messe du Dimanche que pour ne pas déparaitre à leur entourage, le résultat: il y avait 80% de catholiques pratiquants à cette époque, s'il en reste maintenant 3% je suis large.
    Les séminaires étaient pleins. A Saint Martin, 2° paroisse d'une ville comme Brest, il y avait 7 vicaires en plus du curé.
    Catholiques nous ne sommes même plus capables de défendre Notre Seigneur Jésus Christ lorsqu'il est insulté dans une pièce de théâtre. Sur une ville de la taille de Paris et sa région, environ 20 millions d'habitants, il y avait tout au plus 150 personnes chaque jours à réciter le chapelets devant le théâtre, des prêtres déconseillant de participer à ces protestations de "fondamentalistes" mot inventé pour la circonstance pour déconsidérer toute action de protestation contre les insultes portées dans cette pièce à notre Sauveur.
    Je me rappel, a Chateau Neuf de Gallore, le Pere Finey, nous racontant l'histoire de la boulangère amoureuse du boucher du village, qui aimerait bien aller avec lui, seulement ça jaserait dans le village, et il nous disait, évidemment ce serait mieux que la boulangère soit fidele en esprit à son mari, mais c'est mieux qu'elle n'aille pas avec le boucher même pour des raisons d'ordre subalternes, car il vaut mieux marcher avec des béquilles que de ne pas marcher du tout.
    Oui il y avait peut-être des hypocrites qui pratiquaient pour des raisons de convenance, il y avait tout de même des vocations, des prêtres, des enfants a qui on apprenait qui était Jésus, il y avait des chants de noël, le pays était chrétien, qu'en reste-t-il aujourd'hui.
    Alors me direz-vous, qu'est ce que cela à a voire avec le concile.
    Evidemment, je ne prétends pas être très intelligent, ça m'ennuie un peu, enfin lorsqu'une entreprise lance un nouveau plan marketing, qu'a la suite de ce plan, elle voit tous ses clients partir à toute jambes, elle se pose au moins des questions, il parait que c'est tres bêtes comme réflexion, je voue demande pardon…
    Aujourd'hui, il faut être intelligent, pour cela il est nécessaire de penser comme tout le monde, de faire comme tout le monde, on peu se distinguer avec des cheveux longs, avec une natte dans le dos, des pins dans le nez ou ailleurs, mais surtout plus de réflexions simple nous vivons une époque moderne, une époque ou nous avons tués dans le ventre des mères plus d'enfants qu'Hitler et Staline réunis, mais nous sommes tellement intelligents, et bien permettez moi d'être heureux d'être un imbécile, et pourtant cela ne me satisfait pas tout a fait, je soufre tout de même de voir a quel point les media peuvent détruire un beau pays qui fut la France, a quel point les gens se laissent avoir par la pensée dominante. Gobel n'aurait pas fait mieux, il est vrai qu'a cette époque, que je n'ais pas connu, il y avait aussi 80% de nazi en Allemagne. Oui nous sommes une époque moderne, qu'est ce qu'elle fabrique l'époque moderne… des robots, des machines sophistiquées, de la communication, mais les hommes, que fait-elle des hommes?
    De même que pour le concile je n'ais pas constaté d'amélioration dans l'évolution de notre beau pays, il semblerait plus tôt que nous tombions de plus en plus bas aussi bien au plan économique que celui de la simple morale humaine, l'homme devient de plus en plus égoïste, un ménage sur deux divorce qu'importe les enfants, ce qui compte c'est soi même.
    Bientôt nous tuerons les vieux, cela se fait déjà.
    J'arrête ici il y aurait tellement à dire.

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