mercredi 23 mars 2011

Anarchisme chrétien ?

Trop long me dit-on à propos du dernier post, le 13ème billet de Carême. Je m'en excuse. Je tâcherai etc. A ma décharge ? J'essaie de ne traiter que ce qui concerne précisément la formule évangélique commentée ce jour. Et je laisse de côté des considérations qui peuvent paraître adjacentes.

En revenant sur la Chaire de Moïse et ceux qui se font appeler "Maître", je voudrais préciser quelque chose. L'autorité dans l'Eglise s'exerce toujours de manière personnelle et non de façon anonyme et ou totalitaire. Celui qui prend une décision dans le Royaume de Dieu s'engage lui-même en la prenant. Il en est responsable... et s'il est prélat, il en est donc comptable devant les fidèles d'une manière ou d'une autre.

Pour prendre un exemple extrême, l'Eglise, cela n'a rien à voir avec cette Commission européenne qui nous gouverne sans que nous connaissions les commissaires (sinon de nom et encore) et sans que nous puissions établir, de l'extérieur, une traçabilité des décisions. Rien d'anonyme, rien d'occulte, dans la société chrétienne et surtout pas le Pouvoir suprême. L'autorité est un service que des personnes rendent à d'autres personnes. "Sicut ministrator" comme dirait le Père Laberthonnière quand il veut caractériser l'exercice de l'autorité : celui qui commande doit agir comme celui qui sert. Sublime anarchisme chrétien !

Je ne peux pas m'empêcher de vous faire remarquer le point commun qu'il y a entre le fonctionnement de l'Eglise et celui d'une monarchie chrétienne quelle qu'elle soit. Le pouvoir n'y est jamais anonyme. Il ne se dilue pas dans la très efficace mais très aveugle et très moderne "souveraineté". il est exercé au grand jour. Le secret du Roi ? C'est uniquement le processus personnel à travers lequel il en vient à décider - devant Dieu. Si Louis XIV assistait à la messe tous les jours, ce n'était pas pour la Galerie des courtisans qui l'accompagnaient à la chapelle comme partout. C'était pour prendre ses décisions devant Dieu, en homme faillible et responsable qu'il entendait être.

Lorsque Louis XV fait du "secret du Roi" un service d'espionnage très efficace, il choque les contemporains, habitués à la transparence de son prédécesseur et qui, du reste, ne comprendront pas sa politique extérieure. Signe de cette incompréhension ? La Révolution française reviendra à la politique de Louis XIV cinquante ans après le renversement des alliances et la réconciliation avec les Habsbourgs. Les décisions de Louis XV, pas toujours glorieuses, reconnaissons le, mais, pour ce qui est des grandes orientations - à l'intérieur comme à l'extérieur - souvent très pensées, n'avaient pas le caractère scénique et partagé par tous que savait leur donner Louis XIV. Lorsque le pouvoir est vraiment personnifié, il s'exerce en public comme le pouvoir de tous : vicem gerens multitudinis dit saint Thomas : tenant la place du peuple. Il y avait quelque chose de cette personnification du pouvoir - quelque chose de profondément chrétien - chez Jean-Paul II.

Pourquoi le secret est-il si difficile à admettre venant de celui qui a un pouvoir personnel, quel qu'il soit ? Parce que de la personnification publique et solaire du pouvoir, on passe très vite à la personnalisation torve de l'autorité. Les deux extrêmes du spectre politique ont le même principe : la personne.

La personnification du pouvoir permet l'exercice charitable de l'autorité "sicut ministrator". Elle est créatrice de consensus.

La personnalisation du pouvoir en revanche conduit à préférer un bien particulier aperçu secrètement par tel dirigeant, et à le faire passer avant le bien commun. Cette personnalisation du pouvoir conduit celui qui la pratique à se passer le plus fréquemment de l'adhésion des subordonnés, au nom du fameux "C'est moi qui commande" dont tout ce qu'on peut dire est que, menant à toutes les injustices, il ne l'emporte jamais longtemps dans une situation donnée. A moins de virer totalitaire.

Ces considérations sur le pouvoir personnel vous semblent obsolètes ? N'oubliez pas que les grandes entreprises du CAC 40, au delà de leur conseil d'administration, sont le plus souvent gérées par une personne seule. Comme autrefois la monarchie française, le roi ayant la responsabilité du consensus et gouvernant en ses conseils, comme en autant de "conseils d'administration". Le malaise chez Renault, ou il y a quelques mois chez France Télécom ? Il faut sûrement chercher autour des modalités d'exercice d'un pouvoir personnel. N'est pas Louis XIV qui veut, comme l'ont compris... Bernard Tapie, Jean-Marie Messier ou... Louis XV !

4 commentaires:

  1. Dans l'Eglise, le "pouvoir" n'est jamais anonyme car nous savons tous que, bien que baptisés, nous sommes tous prêtres, prophètes et rois PARCE QUE le Christ est LE prêtre par excellence, l'unique et éternel Prophète, le seul Roi souverain de l'univers.
    Il ne faut donc pas parler de pouvoir (potestas) dans l'Eglise mais d'autorité (auctoritas) malgré les subtiles catégories du pouvoir politique Romain et les siècles de monarchie chrétienne qui ont entraîné une confusion à ce sujet (cela dit sans critique car c'est un fait historique dû au contexte et non une faute, une tâche indélébile dans laquelle certains tentent d'enfermer l'Eglise pour la faire taire à tout jamais).
    Cette auctoritas "administre", ad-ministre, comme vous le soulignez, monsieur l'abbé, que l'on soit Pape ou simple curé, mais aussi laïc en mission au sein d'un service d'Eglise.
    Je crois donc, à cause de cette distinction, qu'on ne peut plus envisager le fonctionnement administratif, spirituel et même juridictionnel de l'Eglise en rapport avec un quelconque fonctionnement politique (en l'occurence monarchique). Même les décisions relevant de la discipline et de la juridiction relèvent de l'auctoritas (des évêques) et non d'une quelconque potestas. Sinon on est obligé de remonter le cours de toutes ces divisions du pouvoir jusqu'au censeur puis au dictateur puis à l'Empereur...on est dans la personnalisation.
    Il nous fait vraiment sortir de cette vision politique de l'Eglise, si l'on veut finir par accepter que s'il offre un aspect anarchique (côté plaisant de l'anarchie), le fonctionnement de l'Eglise est métaphysique.
    "Tout commence en métaphysique et finit en politique" disait Péguy.
    Eh bien, comme l'Eglise (ou le Saint-Esprit) fait toujours le contraire de ce que le monde attend, on peut constater que, pour l'Eglise, tout commence en politique et finit en métaphysique.
    L'ère métaphysique a commencé pour l'Eglise:
    j'espère que beaucoup d'entre vous participeront à cet événement splendide et prophétique (et salvateur) auquel nous convie Benoît XVI à partir d'aujourd'hui: le "Parvis des Gentils" http://www.parvisdesgentils.fr/parvis-de-notre-dame.html

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  2. En parlant de Louis XIV.
    Le roi aura eu beau se rendre à la messe tous les jours, (pour ne pas épater la gallerie), il en demeure pas moins qu'il refusa la Grâce!(Voire demandes du Sacré-Coeur par Sainte Marguerite-Marie Alacoque en 1689).

    Les historiens étant déchirés sur son cas jusqu'aux apparations de Fatima en 1917.

    Il est maintenant prouvé sans aucun doute que Louis XIV a reçu de son confesseur Jésuite, le Père de Lachaise, les demandes du Sacré-Coeur qu'il a refusé de mettre en exécution.

    Il ne s'agit pas ici de vouloir sans faute condamner le roi soleil. C'est pas à nous de juger. Mais s'agit d'y voir une preuve historique implacable reçu par une petite bergère illettrée, Lucie de Fatima. Et de pouvoir après les évènements une façon crédible dans cette vie des hommes, de faire preuve de l'intervention de Dieu pour ses créatures.

    Sur la consécration de la Russie en 1917, la Vierge lui aurait affirmée: "S'ils ne le font pas, comme les Roi de France, ils le payeront dans le malheur !"
    Conclusion tout à fait logique.
    Le roi a connu les demandes, il a refusé. C'est pourquoi 1689 fut le sommet pour la monarchie en France. Cent ans presque jour pour jour c'était la révolution.

    Raspoutine, autre illettré, que je voudrais surtout pas comparer à notre sainte religieuse, fut quand même un personnage énigmatique oui, mais qui apporta quand l'on regarde les évènements avec les yeux de la foi, des éléments pour y cerner l'intervention divine dans la vie des hommes. Raspoutine ne fut pas le monstre que l'on s'amuse trop souvent à décrire.

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  3. j'avoue ne rien comprendre...je ne vois nulle différence entre la suppression de la messe latine ou le catéchisme vide imposé par des conférences épiscopales anonymes et tous les "absences de choix"(comme j'ai failli l'écrire à Ségogol à propos de son" pass contraception" en Poitou Charente) qui nous régissent : ruine par dette, insécurité, immigration de masse, islamisation galopante, euro et chômage, alimentation et médecine frelatées, justice protégeant les criminels, corruption ...
    Dans tous les cas, on ne peut s 'en prendre qu'à un "système" , ce qui est ne se prendre à rien du tout . Flatus vocis...
    Piégés et annihilés...
    Il n'y a que dans le domaine de la Grossesse que le NON DESIR a force de loi !

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  4. - Vous évoquez ici un pouvoir monarchique théorique, dont il est indéniable qu'il est juridique. Or le droit est représenté par les pouvoirs démoniaques du sanhédrin et de Ponce-Pilate dans le Nouveau Testament. En AUCUNE manière le Christ n'exerce un pouvoir juridique. Le terme "personnel" n'a lui-même aucune signification pour un chrétien, puisque il est une expression juridique, un sophisme puisqu'il n'y a en droit aucun pouvoir qui ne dérive de la collectivité. Toutes les valeurs humaines sont renversées dans le Nouveau Testament.
    - Pour ce qui est de la REALITE du pouvoir, maintenant, seul un tarfuffe grandiloquent comme l'abbé de Tanouärn peut faire croire qu'il existe séparément du veau d'or et de Mammon.
    - Tanouärn ignore le droit, il ignore l'histoire de France, il ignore encore l'avertissement chrétien de ne pas tenter de faire le royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-ce que c'est que ce sagouin ?

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