mardi 1 mars 2011

Oui, je sais, c'est trop tard...

Oui, je sais, c'est trop tard pour la plupart d'entre vous. Mais je tenais à vous signaler ma conférence ce mardi soir à 20H15 au Centre saint Paul sur le Pari de Pascal. Sous-titre : Pourquoi personne ne peut y échapper. Le "fragment Infini-rien"est un texte sur lequel je travaille depuis quelques mois : il ne signifie pas ce que l'on croit qu'il dit (un calcul des risques), mais plutôt, dans la ligne de Platon (eh oui...), qu'il suffit de parier (mais qu'il faut parier) pour gagner.

Je voudrais aussi éclairer le Pari de Pascal avec le "pari à l'envers" de Nietzsche au § 124 du Gai savoir : "Nous sommes tous embarqués..." Il y a une foi athée. L'athéisme est une forme paradoxale de la foi humaine.

Ne vous attendez pas à un exposé très spécialisé comme il en existe déjà tant sur le sujet. Ce que je souhaite montrer, en ce temps bénit de la Septuagésime, où les textes du Missel sont si riches, c'est que l'aventure spirituelle garde toute sa force probante aujourd'hui - et que c'est ainsi qu'il faut comprendre Pascal : non comme un janséniste triste, ainsi que l'a très bien expliqué François Mauriac, mais comme un amant de la vérité. N'est-ce pas Platon qui disait, presque en énigme : "La vérité, il faut y aller avec toute son âme". Toute son âme ? Voilà le Pari.

Car nous ne voulons pas le reconnaître, mais nous sommes tous des joueurs. Dieu seul, Logos infini, ne joue pas aux dés (quoi qu'en ait dit Héraclite), Dieu seul n'a pas besoin de la foi, dans l'éclat absolu de sa Lumière. Quand je pense que certain grand théologien encensé parle de "la foi du Christ" : encore un qui n'a rien compris au Pari. Comme si le Christ, Fils de Dieu, pariait quoi que ce soit. C'est nous, pauvres mammifères supérieurs, qui avons besoin de parier, qui avons besoin de ce saut de la foi, pour devenir ce que nous ne sommes pas encore en vérité : des fils et des filles de Dieu.

J'entendais tout à l'heure sur Radio Notre Dame un très beau texte du Père Bloom, un célèbre théologien orthodoxe. Il expliquait que, contrairement à une idée reçue, la prière de demande est supérieure à la prière d'action de grâce ou de louange. Il nous est facile en effet de louer ou de remercier Dieu. Il nous est plus difficile de nous confier à Dieu, de Lui confier nos demandes, de nous jeter dans son Coeur, en lui réclamant de dont nous avons besoin. La prière ? Mais c'est cette demande inlassable, par laquelle, pariant, nous nous jetons, nous nous remettons à Dieu.

Voulez-vous comprendre cette "nouvelle catégorie de l'esprit humain" qui est la foi ? Venez donc ce soir au Centre Saint-Paul scruter avec moi le texte du Pari, qui est véritablement le coeur méconnu des Pensées de Pascal.

Mardi 1er mar 2011 à 20H15 : «Le pari de Pascal : Pourquoi personne ne peut y échapper» par l'abbé de Tanoüarn - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - la conférence est suivie d’un verre de l’amitié.

6 commentaires:

  1. L'athéisme n'est ni une foi ni une croyance, c'est une position philosophique : je pense qu'il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent "dieu".

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  2. Cher monsieur l'abbé,
    Je n'ai pas pu venir mais je compte bien acheter le CD de cette conférence. Le néo-platonisme de Pascal est selon moi un aspect de sa philosophie absolument essentiel et trop peu abordé.
    Par ailleurs, je ne crois pas que le pari de Pascal soit celui de la foi. Ce serait en contradiction avec sa théorie de la grâce. La foi est une grâce de Dieu, elle est dans l'ordre du coeur. C'est à mon sens une des plus belles choses dans la philosophie pascalienne: Dieu qui touche directement le coeur de qui Il veut, quand Il veut. Le pari est donc seulement un parti-pris raisonné de l'intelligence, une manière de se mettre dans de bonnes conditions pour recevoir cette grâce. Le pari pascalien n'est pas, ou seulement de loin, un moyen d'obtenir le Salut. Il reste avant tout un calcul d'intérêts proposé à une catégorie très particulière d'individus: les libertins. Ce n'est qu'un premier pas.
    Quant à l'athéisme, ce n'est pas une foi. En cela je suis d'accord avec l'intervenant du 1° mars, 10h05. Avez-vous jamais remarqué l'effet de cette petite phrase sur un athée: "ce n'est pas parce que tu ne veux pas qu'Il existe qu'Il n'existe pas." Je m'en émerveille toujours pour ma part et j'ai vu des gens vraiment bouleversés quand je leur disais cela. Cela les force à regarder en face la vérité de leur prétendu positionnement philosophique qui n'est finalement qu'un calcul d'intérêt (en ce sens, oui, il y a un pari athée et je vous suis complètement sur le rapport avec Nietzsche). Ce n'est pas qu'ils soient persuadés que Dieu n'existe pas (l'inexistence est toujours plus difficile à prouver que l'existence), mais seulement qu'ils ne veulent pas qu'Il existe. C'est très clair chez Sartre qui avouait ne pouvoir supporter l'idée que quelqu'un quelque part puisse lire dans ses pensées et un jour le juger. A l'adolescence, il a donc décidé qu'il était plus agréable de penser que Dieu n'existait pas. Cela n'a rien d'une foi. C'est un choix de confort... qui masque avant tout une profonde ignorance.

    J'ai hâte d'écouter ce que vous avez pu dire sur ces thématiques très intéressantes.

    ingrid

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  3. A l'attention de Claude,
    Vous avez le droit de penser que rien ne ressemble de près ou de loin à Dieu. Histoire de vous titiller un peu, dans la Genèse, Dieu se présente à Moïse à peu près comme ceci : "Je suis celui qui suis" En gros, cela veut dire qu'il est l'existence par essence. Or, s'il y a bien quelque chose que vous en pouvez nier, c'est qu'il existe quelque chose plutôt que rien. Ce qui est déjà extraordinaire en soi.
    C'est, sans doute, la base de la raison du pari de Pascal dont parle monsieur l'abbé.
    Cordialement,
    Clément d'Aubier (pseudo de rêverie)

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  4. Cher monsieur l'abbé,

    Voilà plusieurs années que je m'intéresse aux écrits de Blaise Pascal. Je regrette profondément de n'avoir pu assister,-habitant à Toulouse- à votre conférence qui promettait d'être passionnante. Pouvez-vous m'indiquer comment je pourrai me procurer le CD de celle-ci, s'il existe.

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  5. Vous, Claude, vous ressemblez à Dieu car vous créez, vous pensez, vous aimez, avec esprit, intelligence et générosité. Vous êtes capables de vous dévouer, de donner votre vie à un idéal, à des êtres chers, à un amour.
    Vous, Claude;, vous ressemblez à Dieu, car vous prenez soin de , vous organisez, vous prenez le temps de, vous admirez, vous vous émerveillez, vous contemplez.
    Sur une plage déserte, dans un champ au printemps, au sommet d'une montagne enneigée, vous contemplez "ces espaces infinis" (Pascal) et vous vous installez dans cette contemplation heureuse, bienheureuse, comme si rien ne devait finir.
    Vous êtes dans la vie, vous vivez vos jours avec une finalité, quelle qu'elle soit: rendre ma femme heureuse, élever mes enfants, protéger mes vieux parents, aménager un lieu de vie pour personnes handicapés, lutter pour plus de justice.
    La finalité de notre vie, c'est toujours la vie, c'est toujours l'amour. D'où ça nous vient, Claude? seulement de l'instinct? Drôle d'instinct...attiré par l'éternité.

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  6. Il y a une foi athée ; l'athéisme est une forme paradoxale de la foi humaine.

    ... et c'est pour cela qu'un athée peut dire : << je suis athée, Dieu merci ! >>

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