"Nul n'est prophète en son pays" Luc 4, 24
L'expression est passée en proverbe. Dans le langage courant, elle signifie à peu près : "Nul n'est un grand homme pour son valet de chambre". Le pays qui a vu naître le héros, les gens qui ont côtoyés le grand homme l'ont vu de trop près pour comprendre sa véritable grandeur. Cette remarque est valable de façon très générale. En Marc 6, 3, on lit par exemple : "N'est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont elles pas au milieu de nous ?". On sait que Jacques et Joset sont les fils d'une autre Marie, la femme de Cléophas (Mc 15, 40)... Cela montre bien que les personnes citées, membres de la famille de Jésus, sont ses cousins. Lui est "le fils de Marie". Les frères et les soeurs de Jésus forment une caste ou un parti nombreux aux origines de l'Eglise Ce sont des judaïsants. Il sont très soupçonneux vis-à-vis du Christ, mais en même temps ils cherchent à "profiter" de sa célébrité. Soulignons que parmi les apôtres, un certain nombre font partie de la famille de Jésus, ne serait-ce que parmi ceux que j'ai cité plus haut.
Le Christ a souvent pris ses distances vis à vis de sa famille ("ceux là sont mes frères et mes soeurs et ma mère, qui écoutent la parole de Dieu et la gardent"), et tout particulièrement de sa mère. Durant les Noces de Cana, il la rabroue : "Femme qu'y a-t-il entre toi et moi ?". C'est qu'il veut instaurer entre ses disciples un nouveau lien, qui n'est pas un lien communautaire mais un lien ontologique ou spirituel.
Lien ontologique ? Qu'est-ce que cela signifie ?
Celui qui devient chrétien par un désir plus ou moins obscur, on doit dire qu'il se lie à l'Infini divin par un lien nouveau. Dieu est le seul père de nos âmes, nous l'avons vu récemment. Nous sommes ses fils et ses filles et c'est un titre que nous ne pouvons pas perdre, ce que l'on appelle dans la théologie du sacrement un caractère une marque indélébile. il y a des enfants rebelles et des enfants soumis, il y a des enfants qui n'ont plus rien à voir avec leur Père et il peut en être ainsi du Père céleste. Mais ce titre, ce caractère ne se perd pas. Il nous a fait accéder à une dimension nouvelle de notre être, en nous introduisant dans la familiarité de Dieu.
Nous appelons Dieu : Notre Père et nous sommes tous frères et soeurs par ce lien transcendant et régénérant, comparable à une deuxième naissance, puisque nous possédons une nouvelle vie, une vie éternelle (Jean 3). Lorsque saint Pierre lance : "Aimez la fraternité" (I Pi 2, 17), c'est ce lien nouveau et transformant qu'il désigne. faut-il imaginer la communauté chrétienne comme une famille repliée sur elle-même ? Cela a pu être le cas dans les persécutions. Mais du point de vue de la théologie, il faut affirmer exactement le contraire. Loin de correspondre à une famille restreinte, notre appartenance au Corps du Christ, notre nouveau titre de fils ou de fille de Dieu nous rend solidaires de tous les hommes que Dieu appelle d'une manière cachée à participer eux aussi à sa divinité. Cette fraternité chrétienne est donc vraiment universelle, sinon en fait, du moins en espérance. C'est ainsi que le Père de Foucauld a voulu être "le frère universel".
Cela étant dit, cette fraternité nouvelle, parce qu'elle désigne un nouveau lien entre tous ceux que le Christ appelle, n'a pas besoin de détruire les anciennes solidarités entre les hommes. Par son baptême le chrétien devient citoyen du monde, mais cet universalisme spirituel ne lui interdit pas de cultiver les liens qu'il a avec sa petite patrie ou avec sa famille selon la chair. Au contraire. Tout cela relève du quatrième commandement de Dieu (Tes père et mère honoreras) qui n'a jamais été abrogé et qui demeure aussi urgent qu'au premier jour sur le Mont Sinaï.
Être chrétien, c'est toujours se situer dans une forme de dualité. De la même façon que nous avons deux vie, nous avons deux appartenances, qui ne sont pas concurrentes, parce qu'elles ne se situent pas sur le même plan.
Saint Paul a admirablement exprimé cette dualité chrétienne, qui n'a rien d'ambigu, mais qui représente une richesse qu'il faut gérer : "On nous croit tristes, nous qui sommes toujours joyeux ; on nous prend pour des indigents nous qui faisons tant de riches ; on imagine que nos n'avons rien, nous qui possédons tout" (II Cor 6). Ce texte de Paul est l'un des plus importants pour désigner la condition chrétienne et le jugement à deux niveaux qu'elle implique.
Le Christ est de Nazareth. D'une manière non encore élucidée on l'appelle le nazaréen. Son ministère s'est déroulé en grande partie autour du lac de Génésareth où il a toujours vécu. Mais en même temps sa parole a rempli l'univers. On le prend pour un provincial, lui qui est le premier citoyen du monde.
L'expression est passée en proverbe. Dans le langage courant, elle signifie à peu près : "Nul n'est un grand homme pour son valet de chambre". Le pays qui a vu naître le héros, les gens qui ont côtoyés le grand homme l'ont vu de trop près pour comprendre sa véritable grandeur. Cette remarque est valable de façon très générale. En Marc 6, 3, on lit par exemple : "N'est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont elles pas au milieu de nous ?". On sait que Jacques et Joset sont les fils d'une autre Marie, la femme de Cléophas (Mc 15, 40)... Cela montre bien que les personnes citées, membres de la famille de Jésus, sont ses cousins. Lui est "le fils de Marie". Les frères et les soeurs de Jésus forment une caste ou un parti nombreux aux origines de l'Eglise Ce sont des judaïsants. Il sont très soupçonneux vis-à-vis du Christ, mais en même temps ils cherchent à "profiter" de sa célébrité. Soulignons que parmi les apôtres, un certain nombre font partie de la famille de Jésus, ne serait-ce que parmi ceux que j'ai cité plus haut.
Le Christ a souvent pris ses distances vis à vis de sa famille ("ceux là sont mes frères et mes soeurs et ma mère, qui écoutent la parole de Dieu et la gardent"), et tout particulièrement de sa mère. Durant les Noces de Cana, il la rabroue : "Femme qu'y a-t-il entre toi et moi ?". C'est qu'il veut instaurer entre ses disciples un nouveau lien, qui n'est pas un lien communautaire mais un lien ontologique ou spirituel.
Lien ontologique ? Qu'est-ce que cela signifie ?
Celui qui devient chrétien par un désir plus ou moins obscur, on doit dire qu'il se lie à l'Infini divin par un lien nouveau. Dieu est le seul père de nos âmes, nous l'avons vu récemment. Nous sommes ses fils et ses filles et c'est un titre que nous ne pouvons pas perdre, ce que l'on appelle dans la théologie du sacrement un caractère une marque indélébile. il y a des enfants rebelles et des enfants soumis, il y a des enfants qui n'ont plus rien à voir avec leur Père et il peut en être ainsi du Père céleste. Mais ce titre, ce caractère ne se perd pas. Il nous a fait accéder à une dimension nouvelle de notre être, en nous introduisant dans la familiarité de Dieu.
Nous appelons Dieu : Notre Père et nous sommes tous frères et soeurs par ce lien transcendant et régénérant, comparable à une deuxième naissance, puisque nous possédons une nouvelle vie, une vie éternelle (Jean 3). Lorsque saint Pierre lance : "Aimez la fraternité" (I Pi 2, 17), c'est ce lien nouveau et transformant qu'il désigne. faut-il imaginer la communauté chrétienne comme une famille repliée sur elle-même ? Cela a pu être le cas dans les persécutions. Mais du point de vue de la théologie, il faut affirmer exactement le contraire. Loin de correspondre à une famille restreinte, notre appartenance au Corps du Christ, notre nouveau titre de fils ou de fille de Dieu nous rend solidaires de tous les hommes que Dieu appelle d'une manière cachée à participer eux aussi à sa divinité. Cette fraternité chrétienne est donc vraiment universelle, sinon en fait, du moins en espérance. C'est ainsi que le Père de Foucauld a voulu être "le frère universel".
Cela étant dit, cette fraternité nouvelle, parce qu'elle désigne un nouveau lien entre tous ceux que le Christ appelle, n'a pas besoin de détruire les anciennes solidarités entre les hommes. Par son baptême le chrétien devient citoyen du monde, mais cet universalisme spirituel ne lui interdit pas de cultiver les liens qu'il a avec sa petite patrie ou avec sa famille selon la chair. Au contraire. Tout cela relève du quatrième commandement de Dieu (Tes père et mère honoreras) qui n'a jamais été abrogé et qui demeure aussi urgent qu'au premier jour sur le Mont Sinaï.
Être chrétien, c'est toujours se situer dans une forme de dualité. De la même façon que nous avons deux vie, nous avons deux appartenances, qui ne sont pas concurrentes, parce qu'elles ne se situent pas sur le même plan.
Saint Paul a admirablement exprimé cette dualité chrétienne, qui n'a rien d'ambigu, mais qui représente une richesse qu'il faut gérer : "On nous croit tristes, nous qui sommes toujours joyeux ; on nous prend pour des indigents nous qui faisons tant de riches ; on imagine que nos n'avons rien, nous qui possédons tout" (II Cor 6). Ce texte de Paul est l'un des plus importants pour désigner la condition chrétienne et le jugement à deux niveaux qu'elle implique.
Le Christ est de Nazareth. D'une manière non encore élucidée on l'appelle le nazaréen. Son ministère s'est déroulé en grande partie autour du lac de Génésareth où il a toujours vécu. Mais en même temps sa parole a rempli l'univers. On le prend pour un provincial, lui qui est le premier citoyen du monde.
Toujours gêné par la récupération des thèses les plus anti chrétiennes ( le cosmopolitisme "Lumières" des citoyens du monde, la "fraternité universelle" etc comme dans un autre billet "la vie"...
RépondreSupprimerCar le fait de ne pas marquer l'absolue singularité chrétienne par rapport aux "vertus chrétiennes devenues (non seulement) folles" mais criminelles ( et pas seulement meurtrières des catholiques,des chrétiens mais de tout homme et de tout l'humain dans l'homme..(1))
nous reconduit dans toutes les ambiguités qui font que nous sommes désormais persécutés par l'eglise elle-même...( ou quasi)..comme nos frères martyrs sont reversés au compte de victimes des "valeurs des républiques"!!!
La "potentialité" humaine n'est rien (qu'enfer..)si elle n'est pas actuée.
l'opposition est radicale de la part du Satan à l'indéfinie méchanceté contre les personnes, les familles, les nations etc ( tous corps intermédiaires qui découlent de la création ET de la Grâce de Dieu).
Notre "petite" patrie est aussi spirituelle, notre "petite famille" est aussi surnaturalisable..
C'est pour avoir oublié cela que les ecclésiastiques nous ont vendus pied set poings liés aux ennemis de Dieu ...
Il n'y a pas de fraternité ( sauf fratricide, l'histoire l' a prouvé) sans la Paternité de Dieu.
Et nous n'entrons pas dans la paternité de Dieu , dans la filiation- dans l'hoir- du Fils sans la maternité de Marie( qui n'est pas "rabrouée" pour les raisons classiques des conflits intergénérationnels) et à laquelle Jésus reste soumis au ciel ( voir Grignion de Montfort)
Et par laquelle Jésus est accouché, allaité, éduqué, prophète, roi et prêtre, crucifié à sa pleine stature et sera ressuscité ) en nos âmes
L'universalité de ce " surnaturel naturel" de cette " grâce élevant la nature" là où la nature n'aurait jamais imaginé, rêvé ni cauchemardé d'aller ( c'est à dire dans la Charité, "aimer Dieu comme Dieu Lui-Même en Lui-Même S 'Aime) est toute singulière, "provinciale" et "cantonnale" en un sens..mais la seule à ne pas massacrer( voir les ravages de l"universalité abstraite" qui n'est qu'une vague généralité foldingue (de cette folie qui a tout perdu fors la logique !) , un pur être de "raison") dans toute l'histoire moderne et contemporaine ...
Merci de ne pas oublier l'Ennemi ...c'est une charité que je vous demande ...
En espérant que ce n'est pas un "démon muet" qui ventriloque à travers mes pauvres verbiages..
Supplions
(1) voir l'"eschatologie" de Foucault sur l'homme apparu récemment et bientôt disparaissant , ou ce titre récemment publié de Günther Anders - pas encore lu l'ouvrage - "lobsolescence de l'homme"