Un livre du Pape François |
Qu'y découvre-t-on ? Dès les premières pages, une merveilleuse apologie de l'espérance, placée au-dessus de la foi et de la charité, parce qu'elle est plus urgente : "elle nous dispose à mener le bon combat de la foi et de l'amour" ; et surtout "elle fait la différence entre le bien et le mal". Redire à notre société nihiliste que sans espérance, on ne peut plus distinguer le bien et le mal, c'est d'une importance souveraine. Attention ! Cette espérance n'est pas forcément... optimiste. Le pape François tonne contre "ceux qui déguisent en richesse la pauvreté des solutions qui sont à leur disposition". La première qualité de l'espérance (ce qui est la pierre de touche pour distinguer vraie et fausse espérance), c'est la lucidité. Mais cette lucidité nous met pareillement en garde contre "le défaitisme". Ce défaitisme des clercs qui est "une forme de vanité".
Un passage est très beau et prend une force particulière quand on connaît la suite de l'histoire et le cardinal devenu pape, c'est celui qui porte sur la "première grâce" de Pierre apôtre. Cette notion de première grâce (que j'ai rencontrée naguère chez Saint-Cyran) me semble particulièrement importante dans la vie spirituelle. Elle est "celle sur laquelle se fonderont toutes les nouvelles conversions, vécues grâce aux nouvelles corrections offertes par le Seigneur"... Vous avez bien lu ! Le Seigneur nous corrige, et parfois d'importance, notait le cardinal Bergoglio : qu'importe ! Ces corrections sont encore des grâces. Comment les déchiffrer ? En revenant à la première grâce, à la première conversion, aux premières impressions spirituelles qui se sont gravées en nous, aux premières impulsions, aux premiers mouvements de l'âme, à l'évidence chrétienne telle qu'elle s'est imprimée, chacun, dans notre propre coeur.
Mais quelle est la première grâce de Pierre ? "Ce que l'on appelle la première confession de Simon Pierre" en Luc 5, 8-10. "Eloigne toi de moi Seigneur car je suis un homme pécheur - Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras". Commentaire bergoglien : "Simon Pierre ne dissociera jamais plus ces deux dimensions de sa vie : il se dira toujours pécheur et prêcheur". La première grâce en nous aussi provient toujours du péché... pardonné et de l'impulsion devinée...
Il y aurait beaucoup d'autres choses à relever. Autant vous inviter à lire! Mais je ne veux pas quitter ce petit ouvrage sans vous signaler la formule bergoglienne sur "l'originalité de l'Evangile". Oui, l'Evangile, pris à coeur, fait de nous des originaux. Prendre à coeur l'Evangile, "recouvrer la puissance de l'Evangile, c'est l'objectif de ces exercices spirituels"... Puissions nous être des originaux dans le Seigneur en refusant de "nous conformer à ce monde" (formule de saint Paul citée sous cette forme dans le chapitre sur le monde). Nous avons un pape original! Les termes même dans lesquels se pose sa spiritualité font de lui un original, prenant ses leçons dans l'Evangile plutôt que dans le monde. Où sont les accents du Concile sur la nécessité de s'ouvrir au monde? Il faut sortir de nos sacristie, nous dit François, mais pas pour aller au monde : "Notre foi est révolutionnaire"!
Le titre de ce petit bouquin svp M l'Abbé?
RépondreSupprimerQuelle pitié de voir un prêtre catholique s'enferrer dans le commentaire de texte abscons!
RépondreSupprimerL'Abbé ets pr^t à présent à tout croire, à tout espérer, à tout avaler y compris les pitreries sacrilèges de l'usurpateur du Vatican.
La foi catholique s'éloigne à vitesse grand V d'un prêtre jadis catholique.....Quelle pitié!!!
Oremus.
Cher Monsieur l'abbé, permettez-moi, à moi (votre paronyme belge G2S) qui admire souvent la profondeur de votre coup d'oeil, de trouver pathétique la façon dont vous essayez ici comme ailleurs de mêler la révérence à Rome (et tant qu'on y est, au cardinal Vingt-trois) avec la détestation incurable du Concile...Vous vous accrochez désespérément à un fantasme: celui de la répudiation de Vatican II par l'Eglise qui s'y est exprimée solennellement, et qui en vit. Ne pas trouver de citation de Vatican II dans cet ouvrage du cardinal Bergoglio: divine surprise ! Le pathétique devient ici un peu comique...et vous permet de tordre à contre-sens l'orientation jusqu'ici majeure du nouvel évêque de Rome: comme le Verbe, prendre chaire dans le monde. Que pensez-vous alors de son coup de téléphone à l'ancien secrétaire de Jean XXIII pour le féliciter de son ouvrage "Pâques et résurrection à la lumière du concile Vatican II " ? Une manoeuvre pour tenir tranquilles les derniers conciliaires ? Monsieur l'abbé, à un moment, ou progressivement, il faut choisir entre fantasme et réalité. Je crois que ce choix de la réalité ( choix, "élection":"Eligendo", devise de Jorge Bergoglio!) est l'essentiel de la spiritualité ignacienne - comme de l'Evangile. Cordialement à vous !
RépondreSupprimerOups, désolé: lapsus amusant: "prendre chair", et non pas "chaire" !
RépondreSupprimerNon je crois que ce n'est pas un lapsus. Je l'ai lu au premier degré. "Prendre Chaire" celà veut dire prendre la chaire c'est à dire le magistère ou la proclamation de l'Evangile. Par ailleurs je n'ai trouvé nulle révérence à l'égard du cardinal 23 dans la prose de votre homonyme, mais au contraire une critique. Je partage votre avis lorsque vous dites que les tradis s'accrochent au fantasme de la répudiation de Vatican II par l'Eglise ; il ne faut pas se tromper, tout retour en arrière est impossible. Il ne faut pas ressembler aux ultras qui pensaient possible en 1815 de supprimer les acquis de la Révolution et de l'Empire.
RépondreSupprimerJe crois qu'il ne faut pas se tromper sur la personnalité du Pape François. Certes il fera des réformes à la marge sur les questions de liturgie ou de gouvernance de l'Eglise. Mais attention c'est un jésuite élevé dans des collèges de jésuites puis formé par eux. Il a été Provincial (poste de confiance). Sur l'essentiel il ne lachera rien ni sur la doctrine, ni sur le dogme ni sur la discipline et notamment sur le célibat sacerdotal réservé aux hommes ou sur le mariage gay. Gageons qu'il saura faire sentir sa férule. Sur le célibat sacerdotal la question a été définitivement "verrouillée" par JPII. Il me semble que c'est un homme énergique qui ne s'en laissera pas compter. Il ne faut pas se fier à son air faussement "papelard". Vous connaissez le proverbe chinois qui dit à peu près ceci : "quand la main montre la lune l'imbécile regarde le doigt". Malheureusement les journalistes et les progressistes ne s'intéressent qu'au détail(la couleur de ses souliers ou de sa croix pectorale). Tout comme son saint patron, François nou surprendra. Un signe qui ne trompe pas : il ne parle pas mais il écoute.
RépondreSupprimerJe précise mon propos. Il est au moins paradoxal, monsieur l'abbé, de vous référer à un ouvrage que votre évêque "nous" a recommandé lors d'une messe chrismale - symbole de l'unité des prêtres autour de l'évêque local - messe à laquelle, si je ne me trompe, vous publiez ailleurs votre refus de principe de participer ! Il est plus paradoxal encore de célébrer le pape François, dont tous les premiers gestes marquent avec une évidence claire comme le jour son inscription dans la tradition conciliaire ( oui !), sur les trois axes centraux que dénonçait, le supérieur de votre institut dès le lendemain de sa fondation " l’oecuménisme, la collégialité et la liberté religieuse sont scandaleux" (Blog de l'abbé Laguérie, 9 février 2007). Oecuménisme: tous entendent son insistance sur son titre et sa fonction d'évêque de Rome, "qui préside dans la charité" comme le rappela le Patriarche oecuménique qu'il fit asseoir à sa droite, sur un siège égal au sien en recevant les représentants des autres communautés chrétiennes et juives, et des communautés non chrétiennes. Pour la collégialité, tous entendent que cette même insistance sur son statut d'Evêque de Rome est significative d'une conception bien plus "horizontale" que pyramidale du service "pétrinien", selon la formule significativement neuve que lui a léguée Benoît XVI in extrémis. Enfin, pour la liberté religieuse, faut-il rappeler le geste sans précédent, deux jours après son élection, par lequel il s'abstint d'imposer d'office sa bénédiction à tous les journalistes, "pour respecter la conscience des non-croyants et des croyants des autres religions" qui n'étaient là que pour raison professionnelle - tout en priant pour les enfants de Dieu qu'ils sont tous ? Voilà, cher monsieur l'abbé, ce qui me paraît intenable : persister dans le refus lefevriste de ces trois axes majeurs de l'enseignement conciliaire, et se référer sans complexe à l'évêque et au pape qui les enseignent en actes et en paroles... Je sais bien, hélas, que tout homme est divisé - sauf les saints, dont le oui est oui et le non, non. Mais ce grand écart constant entre dissidence et révérence...
RépondreSupprimerA G2S, Belgique4 avril 2013 11:18
RépondreSupprimerVous n'avez pas tort mais votre paronyme français non plus. François a dooné quelques signes vaguement modernistes qui ne prêtent pas à conséquence. Rassurez-vous il ne lâchera rien. Il semble vraiment orthodoxe et "carré" sur l'essentiel. Mais comme tout jésuite qui se respecte il aime la simplicité, le travail et l'obéissance. Il est certes très oecuméniste mais ne s'en est pas laissé conter par les Mega Churches argentines ; il s'est servi de leurs méthodes pour ouvrir des Mega Churches catholiques ; en bon fils de St Ignace il sait prendre ce qui est utile chez les autres, un peu comme Matteo Ricci avec les rites chinois.
Non, Monsieur l'abbé, la foi est première. Sans la foi, pas d'espérance ni de charité, mais seulement leur contrefaçon. L'unité de l'Eglise se fait sur la foi.
RépondreSupprimerCher anonyme de 23:14,
RépondreSupprimerle critère de la foi est-il de "ne rien lâcher" ? C'est l'attitude du mauvais serviteur dans la parabole des talents: il conserve "intégralement" le dépôt, et c'est là sa faute. Etonnant, non ? Ou, pour reprendre l'image de G2T, il reste dans la sacristie...
En contraste, me semble-t-il, ce même chapitre 25 de l'évangile selon Matthieu fait suivre la parabole des talents par la scène du jugement, qui explicite la fécondité attendue des serviteurs: non pas la garde du dépôt, ni même la reconnaissance du Christ ("quand donc t'avons-nous vu ? "), mais la sortie risquée, et tellement séculière (nourriture, vêtement, visite...) vers "les moindres", les "périphéries"...
Alors, ce qui m'inquièterait, ce ne serait pas que le pape ou l'Eglise "lâchent" quelque chose, mais au contraire rien qu'ils ne lâchent rien du ron-ron confortable où l'on s'encense entre vrais fidèles : ce serait la "mondanéité de l'Eglise", selon la vision très ignacienne de l'évêque de Rome François.
G2S Belgique
RépondreSupprimer"l'orientation jusqu'ici majeure du nouvel évêque de Rome : comme le Verbe , prendre chair(e) dans le monde"
Monsieur de Belgique, du haut de sa bonne conscience conciliaire d'une Eglise soudain éclairée par....les Lumières après des siècles d'obscurité , discerne une "orientation majeure" à partir de.... rien .
De plus je ne vois pas bien ce que signifie la formule confuse et redondante "prendre chair dans le monde" comme le Verbe .Je ne vois pas bien comment le Verbe se serait fait chair hors du "monde" qui a plusieurs sens dans l'Evangile de Jean . Il faudrait citer le prologue in extenso mais cela poserait quelques problèmes et provoquerait des contorsions chez les idéologues conciliaristes qui prétendent ,sans le dire clairement, faire d'un gentil concile plein de "bonnes intentions" (dont on sait qu'elles pavent un certain chemin ...)un dogme implicite ou un métadogme qui ne dit pas son nom .
Le Verbe s'est fait chair , period , ou point. Il ne s'est pas fait "monde" au sens de mondain...
Bref nous verrons bien ce que fait ce pape qui n'est que le pape et un pape parmi bien d'autres depuis Pierre , espérant pour ma part qu'il ne nous mènera ni en "avant" ni en "arrière" (pour sortir de cette fausse alternative dialectique marxisante) mais vers le "haut", vers l'éternel Présent ou l'éternel commencement du Dieu Un et trine
G2S Belge
RépondreSupprimerFaire fructifier ,si vous vouliez être plus précis , ses "talents" c'est un développement naturel comme l'arbre produit du fruit .
Ce n'est en RIEN "lacher" quelque chose . Aller vers le "monde" , pas vers l'esprit du monde , pas vers "le siècle" comme aurait dit Péguy , et pas vers la sécularisation contrairement à ce que vous dites.
La nourriture , le vêtement ...sont des réalités qui n'ont rien de "séculière" contrairement à ce qu'il vous plait de voir .
Comme si le créé était séculier ! Disons plutot que vous êtes un peu sécularisé.....grace au grand Concile indépassable
M.AG2T est un fin connaisseur de St Augustin et de St Paul, n’est-ce pas ? Bien évidemment la Foi est première. Quand je vous dis que l’Abbé cherche à se rassurer…
RépondreSupprimer« …et préparer par la foi même son âme à recevoir les semences de la vérité, c'est là une chose non seulement très salutaire, mais tellement nécessaire que sans elle les âmes malades ne peuvent revenir à la santé. » St Augustin
Cher Peripathos,
Supprimertout d'abord: pourquoi tant de hargne ? Un désaccord doit-il s'exprimer par le mépris ?
Ensuite: à propos des "talents", je suppose que vous ne comprenez pas par là des capacités ? Les "talents" de la parabole sont de (très grosses) sommes d'argent... Bien à vous.
G2S de Belgique
RépondreSupprimerMauvais procédé . Ne vous défilez pas derrière une quelconque "hargne" ou un hypothétique "mépris" . En effet je méprise ce genre de procédé de fuite.
Vous faites donc le contre sens de ceux qui veulent , sous prétexte d'aller au monde , que l'EGLISE se dilue et se fonde dans le monde alors qu'il s'agit , à l'inverse , d'amener le monde au Christ et à son Eglise car c'est le Bien et la Fin de la personne humaine et de la Création