mardi 16 mars 2010

Désir d'empire...

Je vous est parlé déjà de la sensationnelle Mélancolie française d'Eric Zemmour. Je m'y suis plongé une partie de l'après-midi. Et il me semble que, aussi bonapartiste soit-il, je suis d'accord avec la thèse fondamentale d'Eric Zemmour. La France est travaillée depuis toujours par un désir d'empire. Elle a vu s'envoler la couronne impériale à Verdun en 843 (ça ne nous rajeunit pas). Cette couronne s'est posé sur la tête de Lothaire. Puis les Othonides l'ont récupérée à leur profit au tournant de l'an Mil et elle est restée germanique. Contre toute logique !

"La France est programmée depuis 1000 ans pour succéder à l'empire romain" déclare Zemmour. Elle aurait dû être l'empire. Elle a essayé de l'être sous François 1er : ça s'est terminé par un échec à Pavie et quelques années de captivité pour le Roi de France dépassé par Charles Quint et par la Maison de Bourgogne. Déjà les juristes de Philippe le Bel expliquait que "le roi de France est empereur en son royaume". Louis XIV rêvait lui, au début de son Règne, d'un Patriarcat gallican dont il aurait pris la tête... Une manière comme une autre de rêver d'empire.

L'Europe française au XVIIIème siècle a été la réalisation culturelle - la plus stable - de ce désir d'empire. Les "philosophes" français ont prêché le progrès à l'Europe et ils ont prêché en français. L'idée de Zemmour est que les Bourbons, après la Paix d'Utrecht (1713) où Louis XIV sauve les meubles, se sont contentés de manière trop modeste de l'idée (anglaise dit Z) de "concert des nations". Il se sont mis à penser la France non plus à l'échelle de l'Europe mais à l'échelon d'une nation parmi d'autres. Et la Révolution, c'est l'humiliation du peuple en armes, plus nationaliste, plus impérialiste que son Souverain et qui souhaite sanctionner la civilisation de l'Europe française par une domination politique effective. Le fameux renversement des alliances et l'amitié avec l'Autriche (matérialisée par Marie Antoinette "l'Autrichienne") est mal passé. La France ne veut pas d'une amitié avec l'Empire. Elle veut être l'Empire. Il faudra dix ans de révolution pour qu'elle y parvienne.

Là où l'idée d'empire est intéressante, c'est dans sa persistance actuelle. L'Europe des six est le rêve gaullien d'un empire français. L'Europe à 27 est le rêve fracassé et le triomphe de la Hanse sous protectorat américain. Mais nous continuons à croire au rêve (ou à faire semblant d'y croire) et à payer un dollar pour un euro cinquante : le prix du rêve.

On peut penser aussi que la politique migratoire de la France des années 80 laisse réapparaître le désir d'empire. Cette fois bien sûr le modèle est états-uniens. Après l'élection de Barak Obama, j'ai entendu un speaker expliquer avec le plus grand sérieux que nous autres en France nous n'avions pas encore un président noir mais que ça ne saurait tarder. Aucun antiracisme militant dans ce propos, mais simplement la douleur (plus ou moins consciente) d'avoir été surclassé, encore une fois, par Carthage. Démographiquement, la France s'imagine comme un Empire, en rivalité, depuis sa naissance, avec l'Empire américain.

Quant à moi j'avancerais cette idée qu'il y a certes, dans le ventre de ce vieux pays, un désir d'empire. Mais chaque fois ce désir finit mal... Il faudrait donc comprendre que cet empire n'est pas séculier, qu'il est spirituel : le seul empire qui tienne, gesta Dei per Francos.

3 commentaires:

  1. on paie un dollar avec trois quarts d'Euro, au cours actuel. c'était un euro qui valait un dollar cinquante, avant la crise grecque.

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  2. vivelechristroi16 mars 2010 à 09:15

    M. l'abbé,

    Une petite correction: nous ne payons pas 1.5 euro pour avoir un dollar, mais plutôt le contraire, à savoir qu'au plus fort, il y a quelque mois, nous avions 1.5 dollar poiur 1 euro (c'est ce qui rend les voyages dans les pays de la zone dollar aussi avantageux actuellement).

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  3. Quelques veriations libres :

    l'euro plus bas favorise nos exportations, c'est bon pour le business

    D'une manière plus générale : un "rêve d'empire" ? Vous avez raison de souligner qu'il finit toujours mal, c'est bien une utopie française qui fait sourire de part le monde.
    Est-ce un critère de bonheur ? est-ce que, disons, (au hasard) les danois se posent la question d'un "empire" ? De la "grandeur" du Danemark ? Ils s'en fichent royalement (un royaume ;-) d'ailleurs). Ce qui compte, c'est le bien-être, le niveau de vie, le bonheur des habitants; on le mesure à quoi l'on veut, mais très peu aux rêves d'empires (l'Europe en a connu un sous Napoléon, combien de morts ?) ,...à moins que ce ne soit de la Royauté du Christ qu'il s'agisse.

    Tous les pays européens (sans oublier l'Asie) sont très vieux, juste leur organisation politique s'est constitué différemment dans le temps (certains centralisés, d'autres en principautés autonomes etc), la France ne fait pas l'exception.

    Si Marie-Antoinette était "Autrichienne" (alors qu'elle était Lorraine à 50% par son père, certes Lothringen germanique), Louis XVI était un Saxon polonais à ascendance espagnole. Et c'était très bien comme ça, nous avions une vraie Europe sous l'Ancien régime, c'est seulement la Révolution qui a consolidé les nationalismes !

    "La France est programmée depuis 1000 ans pour succéder à l'empire romain" déclare Zemmour"
    --> ridicule ! programmée par qui ?? pour quoi faire ? à quoi bon ? - en voilà encore une phrase dont on se gaussera longtemps (enfin, les quelques lecteurs rescapés du conditionnement par les "rêves d'empires" de la propagande)

    Les "rêves de grandeur" prennent leur source dans un complexe d'infériorité non soigné.
    (à appliquer aux organisations dont états, comme aux individus)

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