Article paru sur Monde & Vie
Ça y est, c’est officiel : le pape Benoît XVI, nous l’annoncions dans notre dernier numéro, a fait savoir sa volonté d’organiser une grande réunion interreligieuse à la fin de l’année à Assise. Objectif : commémorer le geste de Jean-Paul II, convoquant pour la première fois une réunion interreligieuse dans la même ville d’Assise, il y a 25 ans. Quelle est la signification de cette annonce, faite en grande pompe le Premier de l’An neuf ?
La question de la signification de ce projet d’anniversaire se pose d’autant plus aisément que le cardinal Ratzinger passait pour l’un de ceux qui, dans la Curie de Jean Paul II en 1986, avait émis des critiques ou des doutes au sujet du bien fondé de cette convocation des religions du monde à « être ensemble pour prier ». On ignore bien sûr la teneur exacte de ce que se sont dit Jean Paul II et le futur Benoît XVI à ce sujet. Mais dans son ouvrage Foi, Vérité, tolérance, le pape régnant revient sur le dialogue interreligieux. Il est assurément critique sur ce chapitre, en soulignant le danger de relativisme inhérent à de telles tentatives, le caractère d’exception dont elles sont revêtues et en insistant sur les précautions à prendre (voyez l’encadré).
Pourquoi convoque-t-il une telle réunion, alors qu’il est si clairement opposé à la dynamique perverse que revêtent de tels gestes, non seulement pour ceux qui assistent à ces réunions, comme il le précise, mais pour tous ceux qui en sont informés d’une manière ou d’une autre ?
Il me semble qu’il y a deux explications, aussi importantes l’une que l’autre : une explication circonstancielle et une explication fondamentale. Les circonstances ne sont pas moins importantes que les raisons abstraites : ce sont elles qui les font venir au jour.
L’un des actes les plus controversés de Benoît XVI, c’est, à l’occasion de sa visite en Turquie, en décembre 2006, sa présence à la Mosquée bleue, où il s’est retrouvé dans une position de prière familière aux musulmans. Le Discours de Ratisbonne venait d’avoir lieu. Le pape avait évoqué le risque de violence inhérent à un certain islam. Il avait déclenché une tempête de protestations. C’était en septembre. En décembre il était à Istanbul. A l’époque, Mustafa Cagrici, Grand Mufti d’Istanbul et amphitryon du pape en la circonstance, avait déclaré à la presse turque : « La prière de Benoît XVI est encore plus significative qu’une excuse [pour le discours de Ratisbonne]. Avec sa posture [familière aux musulmans : mains croisées sur le ventre, les yeux fermés, les lèvres mi-closes], il a donné un message à tous les musulmans ». Benoît XVI lui-même, quelques jours plus tard, place Saint Pierre, avait expliqué ainsi sa prière : « En m’arrêtant quelques instants pour me recueillir en ce lieu de prières, je me suis adressé à l’Unique Seigneur du Ciel et de la terre, Père miséricordieux de l’humanité tout entière ».
Les circonstances et la doctrine sont ici mêlées : Benoît XVI, lors de ce voyage en Turquie, donnait des gages à la Bienpensance universelle, en montrant son aptitude au dialogue interreligieux, pour faire oublier la saillie de Ratisbonne. Mais en même temps, il élaborait, l’air de rien, une nouvelle doctrine et une nouvelle pratique de la prière interreligieuse (et non pas seulement multireligieuse, ce qui, dans la terminologie du pape, aurait supposé des lieux de prière différents), doctrine et pratique assez différentes somme toute de ce que l’on peut lire dans Foi, Vérité, tolérance.
Pour le cardinal Ratzinger, dans Foi, Vérité, Tolérance, on ne peut prier ensemble que si l’on a la même conception de Dieu. Pour le pape Benoît XVI aujourd’hui, on ne peut prier ensemble que selon une conception de Dieu qui nous est commune. Il a donc prié, avec Mustafa Cagrici, « l’unique Seigneur du Ciel et de la terre ». A ce jeu, je le signale, les chrétiens, qui ont la foi la plus compréhensive et la plus riche, sont toujours perdants : ils adorent le Christ, mais, nous dit-on, ils peuvent bien prier « le Seigneur du Ciel et de la terre »… en faisant abstraction du Christ. Inconvénient d’une telle pratique : on fait oublier que toute prière passe par le Christ, qu’il n’y a pas de prière agréable à Dieu sans le Christ. La prière est prononcée en son nom. Même le Notre Père, qui s’adresse au Père, on peut dire que c’est lui, le Christ, qui nous l’a apprise. Elle est d’une certaine façon sa prière.
Il est clair que la vérité chrétienne a beaucoup à perdre dans cette gesticulation programmée. L’abbé Lorans, dans Dici, généralise encore la crise doctrinale qui s’annonce. Il explique le lien étroit qui existe, dans la prédication pontificale, entre liberté religieuse et dialogue interreligieux. La liberté religieuse fait, en cette année 2011, le fond du « Message pour la paix », traditionnellement délivré par le pape le 1er janvier de chaque année ; et c’est en ce même premier jour de l’an que s’est faite, de manière hautement symbolique, l’annonce d’Assise III, relançant le dialogue interreligieux. L’abbé Lorans, réfléchissant à cette occurrence, écrit : « On voit comment s’établit, pour le pape, un lien étroit entre son Message pour la paix et l’annonce de sa présence en octobre à Assise, entre la liberté religieuse et le dialogue interreligieux, entre la laïcité et la paix. Cette paix doit être obtenue par la reconnaissance du pluralisme laïque, au nom de la liberté religieuse qui autorise le dialogue interreligieux. La Vérité révélée se trouve alors ravalée au rang des autres « convictions religieuses » ».
On peut penser ce qu’on veut des intentions du pape que nul ne connaît avec certitude. On peut se fier à ce que le cardinal Ratzinger écrivit en 2002 sur les difficultés d’un Sommet interreligieux (voir encadré). Mais il est clair que l’on ne maîtrise pas forcément toutes les conséquences de ce genre d’événements, par hypothèse ultra-médiatisé.
Et puis, s’il advient qu’au mois d’octobre prochain, toutes les religions se réunissent pour la paix, sans distinction de croyances et sans la moindre prière commune, comme certains le pensent ou le souhaitent, la question de l’islam coranique se trouvera à nouveau posée. Oh ! C’est vrai qu’elle ne se pose pas dans les pays occidentaux, pas encore. Mais en Égypte ? En Irak ? Au Nigéria ? Au Pakistan ? Aux quatre coins du monde musulman, cette question de la violence envers les non-musulmans se pose. Elle est posée par le Coran (voyez ne serait-ce que la sourate 9).
La tenue d’un sommet interreligieux n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui. Il ne peut plus revendiquer la nouveauté et l’audace. Il affronte une situation géopolitique extrêmement tendue. Il faudra au pape toute sa diplomatie, toute sa douceur, tout son courage et toute sa science pour que « le tournant » ne se termine pas dans un précipice…
Abbé G. de Tanoüarn
Ça y est, c’est officiel : le pape Benoît XVI, nous l’annoncions dans notre dernier numéro, a fait savoir sa volonté d’organiser une grande réunion interreligieuse à la fin de l’année à Assise. Objectif : commémorer le geste de Jean-Paul II, convoquant pour la première fois une réunion interreligieuse dans la même ville d’Assise, il y a 25 ans. Quelle est la signification de cette annonce, faite en grande pompe le Premier de l’An neuf ?
La question de la signification de ce projet d’anniversaire se pose d’autant plus aisément que le cardinal Ratzinger passait pour l’un de ceux qui, dans la Curie de Jean Paul II en 1986, avait émis des critiques ou des doutes au sujet du bien fondé de cette convocation des religions du monde à « être ensemble pour prier ». On ignore bien sûr la teneur exacte de ce que se sont dit Jean Paul II et le futur Benoît XVI à ce sujet. Mais dans son ouvrage Foi, Vérité, tolérance, le pape régnant revient sur le dialogue interreligieux. Il est assurément critique sur ce chapitre, en soulignant le danger de relativisme inhérent à de telles tentatives, le caractère d’exception dont elles sont revêtues et en insistant sur les précautions à prendre (voyez l’encadré).
Pourquoi convoque-t-il une telle réunion, alors qu’il est si clairement opposé à la dynamique perverse que revêtent de tels gestes, non seulement pour ceux qui assistent à ces réunions, comme il le précise, mais pour tous ceux qui en sont informés d’une manière ou d’une autre ?
Il me semble qu’il y a deux explications, aussi importantes l’une que l’autre : une explication circonstancielle et une explication fondamentale. Les circonstances ne sont pas moins importantes que les raisons abstraites : ce sont elles qui les font venir au jour.
L’un des actes les plus controversés de Benoît XVI, c’est, à l’occasion de sa visite en Turquie, en décembre 2006, sa présence à la Mosquée bleue, où il s’est retrouvé dans une position de prière familière aux musulmans. Le Discours de Ratisbonne venait d’avoir lieu. Le pape avait évoqué le risque de violence inhérent à un certain islam. Il avait déclenché une tempête de protestations. C’était en septembre. En décembre il était à Istanbul. A l’époque, Mustafa Cagrici, Grand Mufti d’Istanbul et amphitryon du pape en la circonstance, avait déclaré à la presse turque : « La prière de Benoît XVI est encore plus significative qu’une excuse [pour le discours de Ratisbonne]. Avec sa posture [familière aux musulmans : mains croisées sur le ventre, les yeux fermés, les lèvres mi-closes], il a donné un message à tous les musulmans ». Benoît XVI lui-même, quelques jours plus tard, place Saint Pierre, avait expliqué ainsi sa prière : « En m’arrêtant quelques instants pour me recueillir en ce lieu de prières, je me suis adressé à l’Unique Seigneur du Ciel et de la terre, Père miséricordieux de l’humanité tout entière ».
Les circonstances et la doctrine sont ici mêlées : Benoît XVI, lors de ce voyage en Turquie, donnait des gages à la Bienpensance universelle, en montrant son aptitude au dialogue interreligieux, pour faire oublier la saillie de Ratisbonne. Mais en même temps, il élaborait, l’air de rien, une nouvelle doctrine et une nouvelle pratique de la prière interreligieuse (et non pas seulement multireligieuse, ce qui, dans la terminologie du pape, aurait supposé des lieux de prière différents), doctrine et pratique assez différentes somme toute de ce que l’on peut lire dans Foi, Vérité, tolérance.
Pour le cardinal Ratzinger, dans Foi, Vérité, Tolérance, on ne peut prier ensemble que si l’on a la même conception de Dieu. Pour le pape Benoît XVI aujourd’hui, on ne peut prier ensemble que selon une conception de Dieu qui nous est commune. Il a donc prié, avec Mustafa Cagrici, « l’unique Seigneur du Ciel et de la terre ». A ce jeu, je le signale, les chrétiens, qui ont la foi la plus compréhensive et la plus riche, sont toujours perdants : ils adorent le Christ, mais, nous dit-on, ils peuvent bien prier « le Seigneur du Ciel et de la terre »… en faisant abstraction du Christ. Inconvénient d’une telle pratique : on fait oublier que toute prière passe par le Christ, qu’il n’y a pas de prière agréable à Dieu sans le Christ. La prière est prononcée en son nom. Même le Notre Père, qui s’adresse au Père, on peut dire que c’est lui, le Christ, qui nous l’a apprise. Elle est d’une certaine façon sa prière.
Il est clair que la vérité chrétienne a beaucoup à perdre dans cette gesticulation programmée. L’abbé Lorans, dans Dici, généralise encore la crise doctrinale qui s’annonce. Il explique le lien étroit qui existe, dans la prédication pontificale, entre liberté religieuse et dialogue interreligieux. La liberté religieuse fait, en cette année 2011, le fond du « Message pour la paix », traditionnellement délivré par le pape le 1er janvier de chaque année ; et c’est en ce même premier jour de l’an que s’est faite, de manière hautement symbolique, l’annonce d’Assise III, relançant le dialogue interreligieux. L’abbé Lorans, réfléchissant à cette occurrence, écrit : « On voit comment s’établit, pour le pape, un lien étroit entre son Message pour la paix et l’annonce de sa présence en octobre à Assise, entre la liberté religieuse et le dialogue interreligieux, entre la laïcité et la paix. Cette paix doit être obtenue par la reconnaissance du pluralisme laïque, au nom de la liberté religieuse qui autorise le dialogue interreligieux. La Vérité révélée se trouve alors ravalée au rang des autres « convictions religieuses » ».
On peut penser ce qu’on veut des intentions du pape que nul ne connaît avec certitude. On peut se fier à ce que le cardinal Ratzinger écrivit en 2002 sur les difficultés d’un Sommet interreligieux (voir encadré). Mais il est clair que l’on ne maîtrise pas forcément toutes les conséquences de ce genre d’événements, par hypothèse ultra-médiatisé.
Et puis, s’il advient qu’au mois d’octobre prochain, toutes les religions se réunissent pour la paix, sans distinction de croyances et sans la moindre prière commune, comme certains le pensent ou le souhaitent, la question de l’islam coranique se trouvera à nouveau posée. Oh ! C’est vrai qu’elle ne se pose pas dans les pays occidentaux, pas encore. Mais en Égypte ? En Irak ? Au Nigéria ? Au Pakistan ? Aux quatre coins du monde musulman, cette question de la violence envers les non-musulmans se pose. Elle est posée par le Coran (voyez ne serait-ce que la sourate 9).
La tenue d’un sommet interreligieux n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui. Il ne peut plus revendiquer la nouveauté et l’audace. Il affronte une situation géopolitique extrêmement tendue. Il faudra au pape toute sa diplomatie, toute sa douceur, tout son courage et toute sa science pour que « le tournant » ne se termine pas dans un précipice…
Abbé G. de Tanoüarn
Se réunir ça va mais le pape ne doit pas laisser croire qu'il existe deux véritables religions voulues par Dieu et qui enseigne la Vérité.
RépondreSupprimerLa position du pape est pour le moins ambigüe et risque - s'il persiste - d'aboutir à une impasse préjudiciable à la chrétienté et au christianisme. La persécution de l'islamisme envers les chrétiens ne peut faiblir que si on reste ferme et "droit dans ses bottes". Cela ne sert à rien de céder si peu que l'on croit aux musulmans. Les gestes ou les paroles "fraternelles" sont interprétés systématiquement comme une preuve de faiblesse .Quand comprendra-t-on qu'il s'agit d'une guerre totale, par tous les moyens, et sans merci? J'espère aussi que Benoît XVI fera tout son possible pour prendre le "tournant" avant le précipice.
RépondreSupprimerWilly
la guerre existe déjà en Europe. Mais pas là où les journaleux caquètent!Les morts existent déjà, mais pas là pour où prient les ecclésiastiques.
RépondreSupprimerCes martyrs-là ne le seront que ...dans le Coeur de Dieu . C 'est sans doute la meilleure place et la meilleure part.
Dans ma "paroisse", le dialogue cela donne de grandes banderoles maçonniques sur l'église ou des résumés dans le papyrus officiel où seul l'islam défend une incidence de la " religion" sur la vie publique, les "catholiques" s'en tenant à la séparation de l' église et de l'Etat. Comme ils se définissent comme "ayant Dieu au coeur et la bible à la main" (c'est écrit en gros dans l'église... comme de vulgaires parpaillots.
La FSSPX qui dialogue au Vatican, saura donc clairement jusqu'où s' étend le dialogue et à quelle sauce elle est accommodée...
Encore une pierre à l'édifice sans Pierre( dit" sédévacantiste")...
quant à nous, nous savons que nous continuons d'être totalement désarmés et envoyés à poil au casse-pipe...
Dieu sait ce qu'Il fait .
St Gédéon, St David priez pour nous , GOliath se surmultiplie !
la SCCU (Section Catholique de la Confusion Universelle) prospère!
A.S. et tous les Abandonnés du Sacerdoce Suprême( S.S.)
Vous dites :
RépondreSupprimer* "Pour le cardinal Ratzinger, dans Foi, Vérité, Tolérance, on ne peut prier ensemble que si l’on a la même conception de Dieu. Pour le pape Benoît XVI aujourd’hui, on ne peut prier ensemble que selon une conception de Dieu qui nous est commune."
Oui...et où est la différence??
* "Ils peuvent bien prier « le Seigneur du Ciel et de la terre »… en faisant abstraction du Christ."
Ah bon? et en quoi fait-on abstraction du Christ, nous Chrétiens, en priant le Seigneur du ciel et de la terre?
Au contraire, nous savons bien qu'il est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin de tout !
* "Cette paix doit être obtenue par la reconnaissance du pluralisme laïque, au nom de la liberté religieuse qui autorise le dialogue inter-religieux."
Mais on est bien obligés d'agir dans CE monde-ci! dans un monde qui n'est peut-être pas l'idéal mais comment AGIR AUTREMENT que dans cette société laïque?
Vous êtes contre cette liberté religieuse? vous en jouissez pourtant.
Par ailleurs le problème n'est pas là, ce geste transcende tout-à-fait notre problématique crispée au sujet de la laïcité ou du laïcisme puisque le Pape s'adresse au MONDE entier, dont nous verrons les représentants religieux issu de divers modèles de sociétés, loin d'être toutes "laïques"! Profitons donc de cette liberté religieuse chez nous pour nous adresser aux autres MALGRÉ leur sociétés totalitaires.
* "Mais il est clair que l’on ne maîtrise pas forcément toutes les conséquences de ce genre d’événements".
Oui, ça c'est "clair" et si vous voulez donner la moindre chance au Saint-Esprit d'agir de façon à vous émerveiller dans ce monde-ci, il faut bien poser des gestes de PAIX comme ceux-là!
On sait bien que les Musulmans sont féroces. ON NE LES CHANGERA PAS, humainement.
Mais c'est de notre devoir de POSER ces gestes pas ambigus du tout, sauf pour les méfiants et les parcimonieux. Et aussi ceux qui n'aiment pas assez...le successeur de saint Pierre. Et CE N'EST PAS LE MOMENT!
A moins que vous préfériez tourner le dos et tirer la langue aux autres représentants des religions du monde?
les honorer de votre superbe? de votre mépris?
OUI, DITES-NOUS UN PEU CE QU'IL FAUDRAIT FAIRE DE BIEN MIEUX? ne rien faire? se terrer? attendre qu'ils nous trucident?
Les convertir? d'accord avec vous. Bon, et maintenant : COMMENT ??
Je vous propose la CONFIANCE !
(au lieu de nous désespérer)
En croyant être lucide, vous vous -et nous- privez de l'Espérance. Donc vous vous aveuglez.
On ne "cède" rien aux Musulmans quand on les rencontre ou alors vous condamnez toutes les actions d'un Charles de Foucauld ?
Et puis vous croyez Benoît XVI bien imprudent! bien naïf! comme s'il ne connaissait pas l'Islam et les Musulmans!
Avec vous il faudrait les rejeter en bloc? et il ne faudrait rien montrer aux yeux du monde comme gestes d'apaisement et de Paix par crainte de passer pour des faibles ou des nigauds?
Cette position est fermée et stérile.
Benoît XVI compte surtout sur votre prière ce jour-là afin que l'Esprit-Saint sème des germes de Paix et de Salut dans les coeurs de bonne volonté.
Dans la Mosquée Bleue, Benoît XVI a prié selon son attitude physique habituelle : l'attitude de l'humilité, avec sa coutumière économie de gestes que l'on retrouve dans ses signes de croix minimalistes. Le Saint Père ne recherche jamais la provocation, il n'a donc pas joint les mains, selon la posture catholique classique, mais il a prié humblement, en prenant son temps, et le musulman à ses côtés, ayant fini de prier, s'est tourné vers le Pape et s'est aperçu que celui-ci, les yeux clos, paisible, priait encore.
RépondreSupprimerCe jour-là, Benoît XVI a témoigné par son exemple de l'intériorité fondamentale de la prière des chrétiens.
Et pour nous catholiques, c'est une manière de nous rappeler que nous pouvons prier partout et sans support matériel, même si c'est évidemment plus facile dans une église.
Monsieur l’abbé, bonjour,
RépondreSupprimerJe pense pour ma part que Benoît XVI a parfaitement raison de porter le débat de la liberté religieuse et de la foi et de la raison au cœur du dialogue de l’Eglise catholique et de l’islam. C’est le glaive à deux tranchants de son discours de Ratisbonne qui a permis de notables progrès de ce dialogue, notamment avec les 138 « érudits musulmans ». La célébration annoncée pour l’anniversaire du geste d’Assise poursuit cette exigence de dialogue ressentie par tous, sinon par la Tradition dont vous vous réclamez, en perpétuelle croisade contre l’impie. Je vous en conjure, Monsieur l’abbé, n’ayez pas peur ! Jean-Paul II puis Benoît XVI ont relancé spectaculairement le débat avec les autres religions, et je pense qu’ils ont raison et d’ailleurs que la demande de liberté et de démocratie des peuples d’Afrique du Nord montre toute la pertinence de leur action. Enfin, pardonnez au pauvre laïc et enfant de Marie que je suis de vous rappeler à vos devoirs tant à l’égard des persécuteurs de chrétiens qu’à l’égard du Vicaire du Christ, en vous suggérant par exemple de relire Mt 5:38-45 et Mt 16:18-20.
Denis
Je crois que c'est quand même grave de laisser voir que le saint Père sait pas ce qu'Il fait à Assise.
RépondreSupprimerLe pluralisme religieux étant une réalité dans ce monde d'ici-bas, il me semble qu'en représentant du Christ, le Pape se doit de rencontrer ceux qui sont différents.
Cela ne signifie pas pour autant qu'Il approuve. Mais comme Jésus, sans être du monde il est présent au monde qui l'entoure.
Tout le monde à genoux. Prions pour le Saint Père.
C'est bien. On dirait que le clash de l'IBP a libéré l'abbé GdeT. Il n'y a donc pas un Ratzinger aux yeux bleus et un autre aux yeux noirs. Cela dit, je ne vois pas pourquoi les sédévacs s'excitent. Le pape est devenu une sorte d'abstraction ou de showman, qui n'intervient plus au fond des choses, qui agit en fonction de l'impression qu'il peut donner. Qui donne des os à ronger. Une fois à droite, une fois à gauche. Son prédécesseur a fait très fort dans ce domaine là. Ce qui me frappait le plus c'était le baiser à la déesse terre, Erda, comme chez les Niebelungen. Il est comme notre abbé : organiser des spectacles et laisser braire. Je me demande si ce n'est pas la Sainte Vierge qui va pousser les dominos. Prions-là et laissons-là faire.
RépondreSupprimerJ'admire ces protestations de confiance et d'espérance. On pourrait les étendre à toute circonstance de notre existence individuelle et collective, puisque rien n'arrive ici bas sans la permission du Bon Dieu. Je les trouve "positifs", et suis prêt à me les approprier à condition qu'ils ne soient pas entachés de "papolatrie", c'est à dire d'une posture qui consiste à faire de tout propos prononcé par le successeur de Pierre parole d'Evangile. (cf les nombreux débats et considérations sur l'infaillibilité et les conditions de son existence). Une posture d'acquiescement spontané est certes requise, mais elle n'éteint pas l'exercice de notre discernement, fondé sur la formation que nous avons pu recevoir. Au nombre des critères de ce discernement, il y a le fait qu'on juge l'arbre à ses fruits. Or, précisément, quels sont ceux d'Assise I et II ?
RépondreSupprimerMt16:18/20: C'est à Benoit XVI qu'il faut rappeler que les portes de l'Enfer vont s'ouvrir s'il persiste dans le scandale absolu qu'est Assise. Elles s'ouvriront pour lui, et tous ceux qui s'uniront au scandale. Le reste, c'est bla-bla-bla!
RépondreSupprimerGallicanisme pas mort.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que rien n'a bougé depuis 1769 ou 1788.
Nos magistrats de l'ordre judiciaire sont à l'image de leurs prédécesseurs des Parlements de Luis XV et de Louis XVI : ils sèment la révolte contre l'Etat et l'ordre établi, tout comme il y a deux siècles il menaient la guerre contre ll'Eglise et la royauté pour le seul bénéfice de leurs avantages. Tout comme hier les magistrats veulent jouer un rôle politique.
Vivement un nouveau Maupeou.
Que ces magistrats se méfient : la Révoluton les a supprimés (ou leur a coupé le cou) et les a remplacés par des juges élus. Je me demande si la justice faite par des juges élus ne serait pas moins pire (après tout les jugements rendus par les juges consulaires sou les conseillers prud'hommaux ne sont pas plus infirmés que ceux rendus par leurs colègues professionnels).
Je n'ai jamais compris la crispation que manifestent les traditionalistes envers le geste d'assise. Pourtant Jean-Paul II leur a donné toutes les clefs pour le décrypter en précisant:
RépondreSupprimer"Nous ne nous réunissons pas pour prier ensemble, mais afin d'être ensemble pour prier".
Prier ensemble, cela aurait voulu dire qu'on invoquerait le même dieu en faisant abstraction du Nom par Lequel nous, chrétiens, confessons être sauvés en adressant au Père céleste la seule prière qui lui soit agréable. Mais cette précision de Jean-Paul II n'y a rien fait: lorsqu'elle n'a pas été jugée rhétorique, les traditionalistes l'ont qualifiée de maçonique. Etant "ensemble pour prier", nous formerions malgré nous un egregor qui ferait que nous finirions par "prier ensemble". J'allais dire: et quand bien même... Car enfin, qui est la puissance invitante de cette démarche de prière commune? C'est l'eglise du christ et même, plus précisément, l'Eglise catholique. Nous formerions un egregor, et que faisons-nous d'une des dernières promesses du christ:
"quand Je serai élevé de terre, J'attirerai tout à moi."
Estimez-vous qu'avec des gestes comme Assise, nous lui forçons la main? Vous ne déniez pas le rôle des circonstances, mais il faut savoir les créer autant que les attendre pour pouvoir, comme le dit dans une belle formule un de nos anonymes, avoir une chance de s'"émerveiller" de l'action de l'Esprit-saint. Le moment est-il moins favorable que jamais? Je pense exactement le contraire. Devant les persécutions dont sont victimes beaucoup de nos frères, il faut plus que jamais réaffirmer que nous ne devons paps rendre le mal pour le mal. Nous ne pouvons qu'y perdre dans de telles initiatives? Là encore, je suis de l'avis strictement opposé. Car nous qui ne connaissons plus aucune "guerre totale" dévastant notre sol, nous confondons la guerre avec le terrorisme. Les sociétés musulmanes vivent une situation de guerre civile larvée, les événements des dernières semaines le montrent assez, où des dirigeants affreusement corrompus et disposant d'une police plus ou moins parallèle qui n'hésite pas à recourir à la torture, prétendent mater leurs peuples, qui estiment être gouvernés ainsi parce que leurs gouvernants donnent des gages à la force étrangère. C'a beau être un peu facile de toujours accuser les autres, ce n'est qu'en partie faux. Notre christianisme s'accommode assez facilement des conditions injustes dictées par un capitalisme laïciste, mais aussi postcalviniste et que beaucoup de musulmans estiment être cryptochrétien, comme le socialisme a correspondu à l'invasion dans le monde entier d'"idées chrétiennes devenues folles", selon la prophétie de fatima. Les musulmans sont donc fondés à penser qu'une grande partie du mal qu'ils subissent au plan politicosocial, mal qu'ils assimilent à l'injustice, vient d'un désordre mondial cryptochrétien. C'est plus que jamais le moment de dire au monde musulman que le christianisme ne se solidarise en rien avec cete dérive laïciste d'une injustice structurelle et non pas seulement d'un terrorisme conjoncturel et circonstantiel, ne voyons pas le monde avec nos seules oeillaires occidentales!
Ouf je suis rassuré par les 3 derniers anonymes et ne suis pas tout seul à penser ce que je pense !
RépondreSupprimerM. l'Abbé, par pitié, ne vous appuyez pas sur l'ab Lorans : comme autorité de l'Eglise on a fait mieux !
- On se fout de l'interprétation médiatique ! je ne vis pas ma foi en fonction de ce que disent les journaux mais en fonction du Christ tel que me le montre le magistère de l'Eglise, notamment par la voix du pape.
- la stratégie de l'Eglise est la bonne vis à vis des chrétiens d'Orient : vous voulez quoi ? les laisser crever et de notre côté, tuer autant de musulmans en application du Talion ? Vous proposez quoi pour les sauver, ces frères catholiques orientaux ??? Ou vous vous satisfaites de ce martyre par procuration ?
- les musulmans ne sont pas tous coraniques ! Il y a presque autant de chapelles que chez les tradis, c'est dire ! Alors comment on les convertit si on ne dialogue pas avec eux ? Vous proposez quoi ???
Bref, le temps du catholicisme intransigeant du XIXème (tel que le fait sublimement vivre la FSSPX !) est terminé : le contexte a changé, revendiquer des Etats confessionnels catholiques c'est accepter des Etats soumis à la Charia : ce n'est pas cela que vous voulez. Et puis laissez aux catholiques de bouche l'analyse détaillée et critique de l'action du Saint Père : nous vivons dans l'Espérance et la Foi dans l'Eglise de Pierre et nous attendons de vous que vous rajoutiez à son action et à son enseignement plutôt que d'y retrancher.
"... pas pour prier ensemble, mais ensemble pour prier..."
RépondreSupprimerC'est bien cela qui est inquiétant! si encore nous pouvions prier ensemble! si nous pouvions faire une même demande!
Mais là, non! nous nous mettons ensemble pour prier, mais chacun dans sa voie, et ces voies seraient incompatibles au point qu'on ne puisse ensemble formuler une demande commune?
Quand on prie on s'adresse à Dieu. On ne peut donc pas prier ensemble si l'on ne s'adresse pas au même Dieu. Or avec les Musulmans et les Juifs nous n'avons pas le même Dieu. Nous ne pouvons donc pas prier ensemble car notre Dieu est le Dieu de Jésus-Christ. Certes nou sommes monothéistes mais nous croyons dans un Dieu en trois Personnes égales de même substance (et non pas de nature comme le dit de manière hétérodoxe le Credo de Paul 6 en français, la version latine étant orthodoxe), ce que ni les Juifs ni les Musulmans ne peuvent comprendre (ce qui de leur point de vue est d'ailleurs parfaitement compréhensble).
RépondreSupprimerQue l'on se rassemble pour discuter soit car toutes les religions ont des problèmes communs, mais pour prier c'est une autre paire de manches.
Le problème du "prier ensemble" n'est pas que l'on puisse demander une même chose ensemble, mais de savoir à Qui la demander. Pour les chrétiens, on ne peut valablement rien demander au Père que par le Nom de Jésus, le christ, le seigneur. Il n'est au pouvoir de personne, pas même aux moins intransigeants d'entre nous dont je suis, de transiger là-dessus. Mais le pari d'assise n'est pas celui-là. Il est de se tenir en un même lieu "ensemble pour prier" pour que la Face de dieu S'éclaire dans la splendeur de Sa Vérité aux participants à la prière. Si les traditionalistes savaient quelquefois montrer faire preuve d'un peu plus de confiance et de foi, ils pourraient se dire, dans une perspective qui n'est pas la mienne, qu'à tout prendre, assise essaie de refaire à toutes les religions le même coup qu'a fait le prophète eli. aux prophètes de Baal. Seulement, j'espère que s'est éloignée la perspective des exactions qui s'en sont suivies de la part du prophète eli.
RépondreSupprimerC'est quand même curieux que 25 ans plus tard qu'il y ait encore des catholiques pour se laisser abuser par les même artifices rhétoriques et qui propagent les mêmes sophismes selon lesquels :
RépondreSupprimer1- renoncer à être ensemble pour prier (ou l'inverse) serait renoncer à "dialoguer" avec les mécréants ou les pécheurs
2- que le "dialogue", devant caméra, avec les principaux patrons des multiples fonds de commerce religieux du monde, puisse porter le moindre fruit sincère de conversion à la vraie foi de leur part.
Comment imaginer que les principaux représentants de ces fonds de commerce aient besoin de caméra, de presse et d'Internet, ET de se réunir, tel un G20 religieux, pour s'interroger intimement et sincèrement sur la nécessité de leur conversion à la seule vraie Foi....
La discrétion d'un Pie XII avec le grand rabbin Zolli s'est montrée autrement plus efficace que le bruit de ces mascarades médiatico-religieuses.
Il y aurait encore des catholiques qui ignoreraient (ou qui voudraient ignorer) que le bien ne fait pas de bruit (à toute démarche de conversion) et que le bruit ne fait pas de bien.
Sont-ce là les fruits de la nouvelle "pastorale" imaginée par les pères de ce concile de "l'ouverture de l'Eglise au Monde" et..... à son Prince...?
EA
- songeur sur la condition humaine du catholique
Pour répondre aux extrêmistes, il faut relire le catéchisme de St Pie X :
RépondreSupprimerQu’est-ce que les infidèles ?
Les infidèles sont ceux qui ne sont pas baptisés et qui ne croient pas en Jésus-Christ ; soit qu’ils croient à de fausses divinités et les adorent, comme les idolâtres ; soit que tout en admettant le seul vrai Dieu ils ne croient pas au Christ Messie, venu en la personne de Jésus-Christ ou encore à venir : tels sont les mahométans et autres semblables.
Donc, selon l'Eglise,nous avons bel et bien le même Dieu que les Musulmans...
J'en reviens à mon idée : on ne peut pas prier avec des non-chrétiens, c'est un non sens.
RépondreSupprimerPar contre, il n'est pas interdit de dialoguer avec des dirigeants d'autres religions des problèmes qui se posent à tous les hommes religieux, à savoir par exemple la bioéthique, le mariage (que toutes les religions réservent à un couple formé d'un homme et d'une femme) de l'avortement, de l'homosexualité ou de l'euthanasie.
Prenons garde si nous ne faisons pas front commun ce sont les laïques qui imposeront leur point de vue.
Avec les laïques et les athées il n'y a aucun dialogue possible.
De ce point de vue il n'est pas mauvais que le Pape réunisse les autres chefs religieux pour leur suggérer d'unir nos forces face à l'immoralité grandissante.
Peut-être un peu tard, mais une réaction s'impose :
RépondreSupprimerD'où vous vient cette idée que les autres religions adorent d'autres Dieux ? c'est un paradoxe, croyiez-vous qu'il y aient plusieurs Dieux ???
C'est quoi ce polythéisme ???
Il n'y a qu'un seul Dieu et les différentes tradition religieuses l'honorent de différentes manières, en reconnaissant Sa qualité de Créateur, Son unité, Son existence en tant que Principe Premier. Jésus dit "Je suis le Chemin..", mais cela n'exclue pas qu'il y aient d'autres visions de la transcendance.
Difficile de voir en quoi cela enlèverait quelque chose au Christ d'admettre qu'il existe d'autres traditions religieuses, d'autres visions du Divin ?
C'est l'intention humaine qui compte et si un homme se tourne vers plus haut que lui-même et cherche à honorer le Créateur, comment peut-on même supposer que c'est le démon qu'il adore ? Le Christ sait très bien tout cela, il connaît la nature humaine mieux que l'homme lui-même et son regard est bien supérieur à toutes ces pirouettes linguistiques.
Dieu n'est pas ceci OU cela ou PAS cela - il est TOUT CELA et bien plus encore, bien au delà de ce que l'homme puisse concevoir ou imaginer.
L'humanité tournée ensemble vers le Seigneur (sous quelque forme soit-Il vu par les hommes) est une très belle image de la créature qui rend hommage à son Créateur; les Papes ont compris cela, il suffit de leur faire confiance, ils ont plus de discernement que nous tous pris ensemble.
Puis, s'il n'y avait que le catholicisme (et je suis catholique pratiquant), quel appauvrissement ce serait pour l'humanité, ne serait-ce que culturellement, du point de vue philosophique, littéraire, architectonique, musical, artistique. Mais certes, les intégristes ne voyagent que peu, n'aiment pas les musiques orientales, ne lisent pas de livres qui ne pensent pas comme eux, ne dansent pas (alors la danse orientale...), donc forcément ne ressentent point quel appauvrissement ce serait si nous n'avions que notre culture catholique uniforme et rien d'autre dans le patrimoine de l'humanité.
Personnellement je suis content de l'existence du judaïsme, de l'islam , du bouddisme, de l'hinduisme, bien que ce ne soit pas ce qui m'occupe en premier.
Mais le monde serait bien triste s'il ressemblait uniformement au tradiland et ses inconditionnels.