Né en 1951, l’abbé Anthony Cekada a été ordonné en 1976 par Mgr Lefebvre. Il s’en est ensuite éloigné – l’abbé ne voulait pas adopter le missel de Jean XXIII (trop moderne!), il y avait aussi des divergences doctrinales. Concrètement, l’abbé Cekada est sédévacantiste, c’est-à-dire qu’il ne reconnaît pas Paul VI, Jean Paul I, Jean Paul II ni Benoît XVI comme papes de l’Eglise catholique. Le sédévacantisme est une opinion assez terrible qui n’est certes pas celle du MetaBlog. Je mentionne qu'elle est celle de l’abbé Cekada à seule fin de montrer qu’il n’est a priori ni libéral ni mou-du-genou. Or c’est ce prêtre, plutôt hardline, qui a écrit en 1994 un texte («Why Do Good Priests Leave Bad Impressions?») que j’ai envie de partager avec vous. Certains pourront le lire en anglais sur internet. Pour les autres voici un extrait, en traduction plus ou moins libre:
Quelle impression donnons-nous, nous les prêtres traditionnels, aux personnes qui se rendent pour la première fois dans nos centres de messe ? Pour en donner une idée, imaginons ce petit scénario :---Imaginez que vous soyez un jeune laïc catholique avec une femme et deux petits enfants. Vous n’aimez pas ce que vous voyez dans votre paroisse locale, Saint-Teilhard. A peu près tout ce que vous y trouvez vient contredire ce que vous savez être l’enseignement catholique. … Vous en avez assez, et vous lisez une annonce pour une messe en latin traditionnelle. … Vous vous levez tôt ce dimanche, le centre de messe est à une demi heure, vous entassez dans la voiture votre femme qui est sceptique, votre gamin de 6 ans qui trépigne, et votre nourrisson qui s’agite – et c’est parti. – Vous entrez dans la chapelle, vous installez au fond. Un type pas très sympa arrive avec un napperon en dentelle, le jette à votre femme en disant «voilà !». La messe est prévue à 9H00, elle commence avec 15 minutes de retard, il parait que le prêtre terminait de confesser. La messe commence, vous êtes impressionné par l’aspect révérencieux du rite, mais vous ne comprenez pas ce qui se passe. – Le prêtre va à l’ambon, suivent toute une série d’annonces. Le prêtre explique qui est interdit de Communion, c’est long et compliqué, quelque chose à propos des baptêmes douteux, des mariages invalides et du Novus Ordo (késako?) – Il se lance ensuite dans un sermon qui attaque les «parents libéraux» qui n’envoient pas leurs enfants à son école, et reproche à tous l’insuffisance de leur soutien financier. Quel sermon! Ou plutôt, vous pensiez que c’était le sermon. Viennent l’épître et l’évangile en anglais. Apres quoi le prêtre s’embarque pendant 25 minutes dans une dénonciation du Novus Ordo (encore cette expression zarbi) et du pape (je pensais que c’était un type bien!), le tout ponctué par de terribles menaces qui toute personne liée à l’un ou à l’autre ira probablement directement en enfer. – A un moment, le prêtre s’arrête net et vous dévisage : votre nourrisson, sans doute, a fait un peu de bruit. …. Enfin, après 45 minutes à l’ambon, le prêtre retourne à l’autel. Vous êtes impressionné par le déroulement de la messe… jusqu’à la Communion. Vous recevez la Communion mais le prêtre s’arrête à votre femme : «vous n’êtes pas habillée comme il faut, et je ne vous donne pas la communion» lance-t-il. Ca vous surprend : elle porte un pantalon baggy et un chemisier à col haut sans manche – comparée aux femmes à Saint Teilhard, votre épouse s’habille comme la reine Victoria. Elle s’éloigne de la table de Communion. – Quand le prêtre finit par quitter l’autel, il est 10h40, une heure et quarante minute après le début théorique de la messe (vous apprenez ensuite qu’il ne s’agit que de la messe basse et vous vous demandez combien durerait la messe au nom menaçant de grand’) – Vous sortez, espérant attraper le prêtre et lui poser quelques questions. Dommage vous dit un responsable : il est déjà parti, en route vers une autre messe. Vous cherchez quelque chose qui vous expliquerait ce qui s’est déroulé. Sur un présentoir, tout ce que vous trouvez sont quelques vieux livres de neuvaines. – La plupart des gens vous ignorent, sauf une dame qui vous alpague. Après quelque brefs préliminaires, elle vous met en garde : le prêtre est un vrai monstre. Elle est rejointe par une autre dame qui tente d’être d’une grande aide pour expliquer la situation dans l’Eglise depuis Vatican II. Ça parle de soucoupes volantes, et du pape qui est en fait un robot contrôlé par un ordinateur du nom de ‘666’, à Bruxelles. Elle vous confie qu’elle a appris cela tandis qu’elle était prisonnière de David Rockefeller dans le donjon de la Chase Manhattan Bank. – Sur un jeu de mot vous quittez les lieux avec votre femme pour prendre un petit-déjeuner.---J’aimerais vous dire que j’ai inventé ces horreurs pour illustrer mon propos – Hélas ! soit je les ai perpétrées moi-même à certains moment de ma vie sacerdotale, soit je les ai laissées avoir lieu dans les centres de messe que j’ai desservis, peut-être pas toutes le même jour, espérons-le. Nous, les prêtres qui célébrons la messe traditionnelle, nous exerçons parfois notre ministère sans trop nous soucier des laïcs catholiques «non-convertis» qui ne se satisfont pas de la nouvelle religion, mais qui ne savent pas encore trop que faire, en pratique. Ces âmes peuvent entendre parler d’une messe traditionnelle près de chez eux et décider de venir voir. Ils savent probablement que l’ establishment conciliaire nous considère comme des renégats. C’est un grand pas pour eux de pousser la porte d’une chapelle traditionnelle un dimanche matin. S’ils le font, ça peut être notre seule chance de les convaincre. Si ces nouveaux venus ont une mauvaise impression la première fois (que nous sommes sectaires, bizarres, etc.), nous ne les verrons plus jamais, à défaut d’un extraordinaire miracle de grâce divine. – Comment pouvons-nous améliorer cette première impression ? tout d’abord, les prêtres traditionnels devraient considérer ce qui se passent dans leurs chapelles du point de vue d’une personne qui assiste pour la première fois à la messe traditionnelle. Dans notre scénario, peut-être penser que ce père de famille va revenir ? c’est peu probable. Alors qu’il est parti d’un bon a priori envers la foi catholique traditionnelle et qu’il a fait un gros effort de son point de vue pour travailler la chose, à peu près tout ce qu’il a trouvé le dissuade d’aller plus avant. Les laïcs qu’il rencontre sont bizarres ou impolis. Il n’a reçu aucune information sur le déroulement. Il a entendu des règles bizarres exprimées de manière peu familière. Le tout semblant mal organisé. Les annonces et le sermon sont de longues tirades. Le prêtre humilie sa femme et ses enfants. Et le tout dure bien trop longtemps. Bref : tout lui indique de retourner à Saint-Teilhard. – Ce sont là autant de ratages en matière de communication, de bonnes manières, de bon sens et de charité. Le prêtre en charge d’un centre de messe néglige d’apporter l’information qu’il faut à un «converti» potentiel, ou permet qu’on le traite comme un lépreux.. [...]
Voici donc l'extrait du texte de l’abbé Cekada. Comme je sais que chacun d’entre nous peut avoir la tentation d’y aller de sa petite anecdote, et comme je pense que ce genre de choses ne s’améliorent pas via internet, je ferme ce message aux commentaires.
Le 30 janvier 2011 à 17:28 j'écrivais ceci dans la rubrique précédente
RépondreSupprimer"L'abbé Beauvais, dont j'ai lu le prêche sur le blog voisin, est devenu fou de folie absolue. Outre l'anachroisme des propos il est contradictoire. Il se propose d'excommunier les femmes qui portent des jupes trop courtes ou le pantalon : a priori le pantalon me semble plus préserver la pudeur qu'une jupe même un peu longue. Et puis pourquoi exiger que les femmes se couvrent le chef ?"
Cela illustre parfaitement le propos de votre abbé sédévacantiste Cékada.
J'ajoute qu'il n'y a pas que dans les communautés traditionnalistes que l'on traite les fidèles ainsi qu'en témoigne l'anecdote suiante.
Il y a une dizaine d'années j'ai du me rendre aux obsèques d'une espèce de parente éloignée qui étaient célébrées dans une paroisse tout ce qu'il y a de plus officielle et de plus chic à la périphérie de Paris. Bie entendu nous eumes droit à une Messe de Paul 6 entièrement en français. A la communion qu'elle ne fut pas notre étonnement d'entendre le jeune prêtre nous asséner ceci : "seules les personnes en situation régulière au regard du droit canonique peuvent venir communier". Toute l'assistance en était pantoise et bien entendu personne, je dis bien personne, ne s'approcha de la Sainte Table et le célébrant se retrouva tout bète avec son ciboire qu'il n'eut plus qu'à rapporter au Tabernacle. Deux ou trois personnes, visiblement outrées s'éclipsèrent bruyamment.
A la fin de l'office, alors que nous avions salué les proches de la défunte mon voisin s'approcha de moi et me dit : "Pardon Monsieur, je crois que vous êtes catholique, probablement fervent si j'en juge par votre comportement, personnellement je suis israélite et vos affaires ne me regardent pas, mais pourriez-vous m'expliquer pourquoi ce prêtre a ainsi tancé l'assistance devant une famille éplorée ; il me semble que toutes les personnes présentes étaient parfaitement honorables et n'ont jamais commis aucun crime ni aucun délit". J'ai répondu à mon aimable interlocuteur qu'il s'agissait d'un jeune prêtre un peu trop zélé mais qu'effectivement les propos tenus étaient très mal placés. Je lui ai demandé de ne pas juger le clergé catholique à l'aune de cet ecclésiastique mal embouché, ce dont il a bien voulu convenir, car il avait déjà assisté souvent à ds mariages ou à des enterrements. J'étais quand même fort triste du spectacle que nous avions donné.
Il faudrait que nos communautés catholiques de toutes tendances et de tous bords se montrent plus accueillantes envers les frères et soeurs.
commentaire censuré!
RépondreSupprimerTout cela montre que ce prêtre sedevacantiste mais anglais ne manque pas d'humour!
Ah oui, tous les prêtres de toutes paroisses ont besoin d 'humour
Un autre protestant et sûrement une nouvelle secte anti catholique la 20,0001ième croyances irréconciliables avec la Vérité l'Unité la Sainteté l'Universalité .
RépondreSupprimerJe crois qu'il est "Cekadavacantiste"..
RépondreSupprimerLa traduction est un peu rapide et ne rend pas le caractére humoristique du texte original. Je conseille aux internautes de lire la version originale : c'est à mourir de rire. Si j'ai le temps je vous enverrai ma propre traduction même si c'est très difficile. Je ne sais pas si l'auteur est sedevacantiste ou quoi que ce soit mais en tout cas c'est a real Englishman.
RépondreSupprimerOn pourrait lancer un concours de la meilleure traduction mais je ne sais pas quel sera le prix délivré au vainqueur.
NB personnellement je connais très bien l'anglais mais je trouve que c'est très difficile à traduire en français : il y a des expressions qui ne "passent pas" sans faire d'interminables périphrases et l'humour se perd en chemin.