mardi 11 octobre 2011

A propos de la saint Denis (9 octobre) : qu'est-ce que la conversion

Le 9 octobre, nous célébrions la Saint-Denis, qui, à Paris, est une fête de première classe. Nous savons peu de chose au sujet de ce personnage, présenté comme le fondateur du diocèse de Paris, mais dont l’identité est confondue avec celle du Pseudonyme qui écrivit au IVème siècle des traités mystiques magnifiques : les Noms divins, les Hiérarchies célestes, les Hiérarchies ecclésiastiques et la Théologie mystique. Cette confusion a longtemps donné à l’Eglise parisienne une aura intellectuelle qu’elle a gardée… jusqu’aujourd’hui ! Qu’en est-il exactement ? Mgr Darbois a longuement défendu l’authenticité de cette identification. Au vrai, personne n’en sait rien !

La seule chose qui soit claire est que le dénommé Denys est grec d’origine. Il s’appelle Dionussos, portant le nom du dieu païen du vin, ce qui signifie qu’il est lui-même un converti.

C’est de conversion que je voudrais parler aujourd’hui. Le texte de l’Evangile de saint Marc est très clair : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ». Se convertir, c’est admettre une vérité qui sauve, qui transforme notre vie, qui modifie notre destinée. Nous naissons, mammifères supérieurs, doués d’une étincelle de raison et nous nous transformons, par cette vérité reçue, en fils ou en fille de Dieu. Cette conversion est d’abord le fait de ceux qui, comme Denys, n’ont pas reçu une éducation chrétienne dans leur enfance. Mais plus largement, comme nous dit Tertullien, il faut bien reconnaître qu’aucun de nous n’a des droits imprescriptibles sur le Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas chrétiens de naissance. Non nascuntur christiani. Nous ne sommes pas libres de naissance. Nous ne sommes pas bons de naissance.

De naissance, que sommes-nous ? Des animaux supérieurs, qui ont comme une nostalgie de ce qu’ils ont été, un souvenir de l’Absolu, qu’il leur demeure impossible d’atteindre. Voilà le péché originel : c’est le plus petit de tous les péchés personnels dit la théologie. Mais il établit un mur entre Dieu et notre désir. A cause du péché originel, nous sommes incapables de trouver la vérité de notre condition par nous-mêmes. Ce que nous cherchons, ce n’est pas la vérité, c’est notre propre satisfaction.

Que nous donne cette nouvelle naissance que nous vivons par la parole de Dieu ? Ce n’est pas quelque chose d’automatique, comme un ticket qui donnerait des droits à ceci ou à cela. Chacun d’entre nous doit effectuer un travail sur lui-même ; il doit le faire non pas pour seulement pour s’accepter soi-même. Pas seulement ! Ce ne serait pas suffisant. Le christianisme n’est pas une morale ! Il nous importe aussi, si nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans notre mortalité, de nous dépasser nous-mêmes. Comment cela ? Par la connaissance que Dieu nous donne de notre destinée dans son Evangile, par l’acceptation de cette existence de surcroît qui nous est proposée, avec le baptême. Bref, par la foi : «Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé».

Chacun d’entre nous doit choisir librement cette vérité qui le transforme et il est responsable de ce choix, de son entièreté, de sa fécondité (comme il serait responsable de son absence de choix et de la condamnation que cette absence engendre).

8 commentaires:

  1. Retour de l'anonyme de 19h45

    Assise III est l'arbre qui cache la forêt et avec lequel vous nous endormez. "Dormez bien bonne gens, le "bon pape tradi" Benoît XVI, bien qu'entouré de méchants modernistes, veille sur vous", semble nous dire "l'AB2T".

    Pourtant les visites aux hérétiques de tous poils continuent dans le silence assourdissant de ce même "AB2T" et des autres ralliés, sans parler des autorités en pleine déliquescence de la FSSPX.

    Ainsi, le 23 septembre dernier à Erfurt, pour célébrer (en avant première pour le cinquième centenaire et la levée de son excommunication?) Luther.

    Benoît XVI a rendu hommage à Luther, un geste fort à l'égard des protestants à Erfurt (Est) où fut pensée la Réforme.

    "Ce qui ne laissait pas (Luther) en paix était la question de Dieu, qui fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de son itinéraire tout entier", a-t-il déclaré au couvent des Augustins où le penseur de la Réforme, alors encore catholique, a vécu de 1505 à 1511.

    Benoît XVI a prononcé ce discours très attendu dans la salle du chapitre, lors d'une rencontre à huis clos, pendant une demi-heure, avec vingt délégués de l'Eglise protestante allemande.

    "La pensée de Luther, sa spiritualité toute entière était complètement centrée sur le Christ."

    "Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux: cette question pénétrait le coeur de Luther et se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et chaque lutte intérieure", a déclaré Benoît XVI, en exprimant son "émotion" d'être venu sur les traces de celui qui devait fonder la Réforme.

    Il a ensuite concélébré un service oecuménique dans l'église médiévale du couvent où Luther fut ordonné prêtre en 1507 et où il lut sa première messe le 2 mai la même année.

    Dans la matinée, Benoît XVI avait appelé à un meilleur dialogue entre chrétienté et islam, au deuxième jour d'un voyage marathon dans son pays natal.

    "Je pense qu'une collaboration féconde entre chrétiens et musulmans est possible", avait estimé Benoît XVI en recevant à Berlin des représentants de l'islam en Allemagne.

    Après cette rencontre, le Conseil des musulmans en Allemagne a estimé que cette rencontre était une "grande chance" pour stimuler le dialogue chrétien-musulman. "C'était un signe important et bienfaisant", a déclaré le porte-parole du Conseil, Aiman Mazyek.

    Source : AFP http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5ihcrJ5JPt46A8uShm70oHYhQvYNQ?docId=CNG.c615a8236972d87ab47c79dc9a0554f4.271

    Je sais bien bien qu'avec un peu de casuistique on peut tout justifier, y compris Assise III et toutes les rencontres "oecuméniques" pourtant condamnées par tous les Papes et la pratique constante de l'Eglise.

    Mais ne conviendrait-il pas de mettre un terme à cette pseudo-théologie et de revenir à la saine doctrine quitte à reconnaître ce qui saute aux yeux : la défaillance de l'Autorité à la tête de l'Eglise ? Une défaillance pourtant impossible de Foi divine et qui montre bien que les occupants actuels du Siège ne sont pas légitimes.

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  2. « Nous naissons mammifères supérieurs »… Avez-vous conscience, monsieur l’abbé, que vous contredisez quelque peu, avec cette façon de voir, la Genèse, où les mots homme et femme sont prononcés, pas ceux de mammifère supérieur. Une fois que nous avons reconnu que nous sommes créés à l’image de Dieu, il nous reste à cultiver, en Jésus-Christ, cette ressemblance et cela s’appelle la conversion. Mais pourquoi ravaler l’homme à une animalité, fût-elle supérieure ?
    J’ai été baptisé âgé de trois semaines, en la fête de saint Cyrille de Jérusalem, confirmé à l’adolescence, mais je me suis converti véritablement à l’âge de 38 ans. A aucun moment, je me suis pensé ou vu comme un animal supérieur mais comme un être humain, libre de sa bonne ou mauvaise volonté. Et voyez-vous, le déclic qui m’a conduit à la conversion (je parle de « la conversion du cœur », si cette expression a un sens pour vous) est venu d’un jeune païen, mon fils de 10 ans, entré en 6e dans un collège catholique, et qui avait demandé le baptême ; est-ce à dire que le jeune mammifère en lui s’est transformé, à l’écoute de la Parole de Dieu, en petit d’homme ? Je peux vous assurer, l’ayant vu grandir, que l’humain dans toute sa vérité, sa grâce et sa beauté était bien présent dès sa naissance. Je pense, monsieur l’abbé, que vous devriez vous défaire de ce « mammifère supérieur », qui sent trop son « tradi », et une théologie où prédominent le mérite et les œuvres de l’homme comme condition de la justice de Dieu, bref qui fait assez peu de cas de sa grâce et de sa miséricorde.

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  3. très beau post dont la simplicité témoigne admirablement de la plus grande profondeur de notre foi commune.

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  4. Moi, mon fils est entré à 10 ans dans un collège catholique mais depuis (il a maintenant 22 ans) il n'a jamais remis le pied dans une église ni dans un quelconque immeuble de quelque culte que ce soit (mais ensemble nous sommes allés dans le mausolée de Lénine lors d'un voyage à MOscou et avons admiré la relève de la Garde).

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  5. cher anonyme de 19H40, je ne comprends pas bien... vous nous dites que votre fils n'est plus entré dans un lieu de culte, et puis l’instant d'après, vous écrivez avoir visité le Mausolée de l’Ancêtre Fondateur? j'ai du zapper un épisode

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  6. "De naissance, que sommes-nous?"

    --> de naissance, nous sommes humains, c'est à dire des âmes incarnées dans des corps -- or il se trouve que ces corps sont ceux de mammifères supérieurs, comme ils auraient pu être différents si Dieu en avait décidé autrement. Du reste... qu'en savons-nous? J'ai assisté à la causerie d'un Dominicain, quelqu'un lui demandait ce qu'il ferait s'il tombait un jour sur un Martien tout vert. Réponse du Dominicain: je l'instruis des vérités de la foi, et s'il montre les dispositions d'esprit nécessaire: je le baptise.

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  7. Pour le divertissant et sédévacantiste "anonyme de 19h45" : je suis toujours surpris de constater que ses semblables se fient à une dépêche AFP pour établir leurs théories et non au discours lui-même du Pape... ce manque de rigueur me sidère ! Ainsi, l'AFP indique que le pape a "rendu hommage" à Luther ? Eh ben le pape n'est pas pape, c'est si simple l'exégèse de l'AFP ! Mais il ne vient pas une seconde à l'esprit des sédavacs que le pape puisse effectivement louer les bonnes questions posées par Luther tout en indiquant que seule l'Eglise catholique a les bonnes réponses : voilà un résumé plus juste que l'AFP des propos de Benoît XVI ! Mais c'est plus compliqué de lire le vrai discours et quand on veut noyer son chien...

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  8. Nous devons faire un "travail sur nous" pour rendre notre "foi" "active", comme le disait le texte de l'épître lue ce dimanche. Pour rendre notre foi active, c'est-à-dire décisive, capable de choisir Dieu, pas seulement pour nous accepter nous-mêmes, dites-vous, Monsieur l'abbé, parce que "le christianisme n'est pas une morale". Là-dessus, nous sommes d'accord. Le christianisme n'est pas une morale, mais comment ne serait-il pas une psychologie? Comment pouvons-nous passer ce mot de "psychologie" aux oubliettes de son étymon, dans la mesure où la psychologie, c'est le déploiement des ressorts de l'âme. Le travail intérieur qui se fait de nous vers dieu ne saurait s'accomplir hors de la psychologie. C'est peut-être dieu qui nous a aimés le Premier, mais c'est à partir de notre âme, à partir de nous-mêmes que nous aimons Dieu. Est-ce à partir de notre amour de nous-mêmes ? Probablement non. C'est même dans l'exacte mesure où nous aurons pris conscience de notre impossibilité de nous atteindre que nous pourrons commencer de désirer dieu. Seulement, ce désir, cette inclination de notre âme pour Dieu selon l'inclinaison de cette même âme, ils sont à déployer à l'intérieur d'une psychologie donnera qui toute sa saveur à l'Union, au sein de notre âme immortelle, de notre mortalité au dieu eternel, par le dépassement de notre morbidité. Dépasser notre morbidité, issue de notre contact avec la mort, dépasser le fait de ne pouvoir jamais s'atteindre, cela ne peut se faire qu'au long d'un lent apprentissage qui investit notre psychologie. L'Union à dieu est celle de notre âme avec sa Majesté. Aussi, si le christianisme n'est pas une morale, il doit investir notre psychologie, ce lieu du "travail sur soi" où la volonté, enfin, peut devenir décisionnaire, peut connaître le déclic dont nous parlait denis et en quoi consiste toute conversion. Car la conversion est toujours un déclic comme d'ailleurs, sur un autre plan, la sortie de la dépression, la sortie d'une de ces crises morales qui nous brisent le coeur et qui nous rendent capables d'en immoler le sacrifice à dieu par son fils, dans l'esprit.

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