jeudi 5 avril 2012

Mgr Simon et Vatican II 10 ans ou 50 ans après

« Les fondateurs de cet Institut n’ont pas vraiment choisi de revenir au sein de l’Église romaine. Ils ont été tout simplement mis à la porte de la Fraternité Saint-Pie X et Rome les a réintégrés ensuite, à leur demande ».
Ainsi parle Mgr Simon, évêque de Clermont-Ferrand, à propos des fondateurs de l'Institut du Bon Pasteur. Je ne peux évidemment parler ni pour l'abbé Laguérie, ni pour l'abbé Aulagnier, ni pour l'abbé Héry. Mais je peux parler en mon nom propre. J'ai, quant à moi, très clairement choisi depuis toujours cette Eglise universelle que l'on nomme catholique en grec. J'ai aimé l'oeuvre prophétique de Mgr Lefebvre, qui en 1976, dans l'euphorie postconciliaire, se battait seul pour la liturgie latine et contre les mauvaises lectures du Concile. J'ai cru à "l'opération survie" qu'ont représenté les sacres de 1988 : il y avait une telle paix ce jour là sur la prairie, à Ecône. Manifestement ces sacres étaient de Dieu. Ils ont créé électrochoc nécessaire à l'Eglise universelle, qui s'endormait dans ses pseudo-réformes. Ils ont également permis un essaimage de la Fraternité Saint Pie X en sa jumelle, la Fraternité Saint-Pierre. Ils n'ont, en eux-mêmes, créé aucun schisme puisque les quatre évêques sacrés ce jour là (sans compter le cinquième Mgr Licinio Rangel) ont été désexcommuniés sans autre forme de procès le 21 janvier 2009.

Pour ce qui est de l'affaire Laguérie en 2004 (muté sans explication en Amérique Latine comme l'abbé Mercury aujourd'hui), il était clair pour moi dès le départ (je l'ai écrit dans Pacte, qui doit être disponible sur ce site) que le droit de l'abbé Laguérie était de faire appel à l'instance supérieure et que si la Fraternité Saint Pie X lui déniait ce droit, il devait aller à Rome. Je me suis solidarisé avec lui dans cette démarche romaine que je lui ai fortement suggérée dès le départ, car le dysfonctionnement de la FSSPX, livrée à l'arbitraire d'un homme, était trop clair pour que cela soit supportable. L'esprit sectaire montait. Je crois que l'affaire Laguérie a aidé beaucoup de personnes à en prendre conscience, et cela jusque dans la FSSPX.

Notre recours à Rome est dès l'origine un recours filial. Nous savions bien que l'Eglise est à Rome pas à Ecône, comme semble l'imaginer à notre sujet Mgr Simon. Mgr Lefebvre a servi à une réception critique du Concile, mais il n'est pas l'Eglise. Il se serait offusqué qu'on le considère comme dépositaire de la légitimité ecclésiale. Il ne voulait même pas passer pour "le chef des traditionalistes". Son opération est ponctuelle : il l'a lui-même baptisé "opération survie". Le motif de son opération survie est évidemment fondamental : c'est la vérité, le droit absolu de la vérité surnaturelle sur nos esprits. Un certain cardinal Ratzinger, en juillet 1988, le dit presque en ces termes dans une conférence prononcée à Santiago du Chili qui restera célèbre et laisse présager les grandes encycliques de la deuxième partie du pontificat de Jean Paul II Veritatis splendor (1993), mais déjà Centesimus annus (1991). J'ai essayé de développer ce thème dans un livre épuisé mais disponible sur Internet Vatican II et l'Evangile.

Et justement je tombe sur l'épilogue d'un gros livre qui vient de paraître en français, toujours du même Joseph Ratzinger (pas encore cardinal), qui nous livre sa vision des choses "dix ans après Vatican II". Les formules sont roides. J'espère qu'elles ne choqueront pas Mgr Simon. Je les cite quand même...

Il faut vous procurer Dogme et annonce, publié cette année chez Parole et silence. Citant l'écrivain français Daniel-Rops, le futur pape souligne qu'au moment où l'on convoque Vatican II, "aucune crise ne se profile à l'horizon". Dix ans après (en 1972), "que s'est-il passé ? Le Concile a-t-il créé la crise, puisqu'il n'y en avait pas à résoudre. Beaucoup partagent cette opinion. Elle n'est certainement pas tout à fait erronée, mais elle ne reflète qu'une partie de la vérité". Opinion nuancée du théologien : il y a du vrai (mais pas toute la vérité) dans l'opinion de ceux qui disent que le Concile a créé la crise. J'en parlais tout à l'heure avec un confrère après la concélébration de la messe chrismale, je dirais que Vatican II a révélé une crise qui couvait depuis fort longtemps... Au lieu de l'éteindre, il a constitué un signal d'intensification, il lui a donné une force inouïe en apparaissant comme "un signe des temps", libérant les germes de rationalisme religieux et politique, que le néothomisme maritainien n'avait pas su conjurer (et avait peut-être même laissé grandir).

Dans ce texte, le futur pape met en cause avec violence le cléricalisme. Au lieu de s'occuper de ce qu'il faut dire aux hommes (selon la belle formule d'André Charlier), le Concile s'est occupé des intérêts des clercs avec "un égoïsme qui passe à côté des hommes". Je cite ce texte, magistral : "J'ai l'impression que de plus en plus de gens commencent à comprendre que le pragmatisme épuré des réformes structurelles ecclésiastiques néglige précisément ce qu'il faudrait donner aux hommes ; en fait le fanatisme des réformistes structurels est un nouveau cléricalisme, un égoïsme clérical qui passe à côté des hommes et se préoccupe surtout de ses propres intérêts. Les contrepoids de ces soi disant progrès sont encore faibles, mais ils se constituent et laissent apparaître lentement, du milieu de cette fermentation en gestation dans laquelle nous nous trouvons dix ans après le Concile, un renouveau digne de ce nom".

Josef Ratzinger donne des exemples de cet égoïsme clérical qu'il met en cause comme caractéristique de l'après-concile : la fin de l'espace sacré ; la fin d'une liturgie qui permette de s'échapper du quotidien ; l'obsession d'un "ministère fonctionnel". Quant au renouveau, il le voit non comme une application de l'esprit de Vatican II mais comme un "contrepoids". Le terme est fort. J'allais dire, on sent qu'il a été... pesé ! Il constitue un encouragement pour tous ceux, évêques et prêtres, qui tentent, de leur côté, de faire contrepoids.

17 commentaires:

  1. Le cléricalisme, voilà l'ennemi.
    A noter qu'il n'est pas réservé aux progressistes, mais qu'il est, hélas, bien partagé par tous les courants et par tous les instances organisées de ces courants. Ses expressions sont très différentes voire opposées, mais le coeur du mal est le même partout.

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  2. Cher Monsieur l'abbé,

    Loin de moi de vouloir jeter de l'huile sur le feu, d'autant que j'ai l'honneur de vous connaître, tout en partageant avec mgr Simon une piété filiale pour la mémoire de M. Paul Petit du séminaire Saint-sulpice, dont mgr Simon a célébré les obsèques auxquelles j'étais présent.

    Permettez-moi simplement deux remarques marginales, comme à mon habitude, me direz-vous peut-être, pour soulever deux paradoxes:


    1. Vous pointez du doigt "les germes de rationalisme religieux et politique, que le néothomisme maritainien n'avait pas su conjurer" et que le concile Vatican II a laissé lever. D'un autre côté, vous faites l'analyse que la seconde partie du pontificat de Jean-Paul II a été une reprise en main doctrinale ou un retour de l'Eglise à ses fondamentaux, en refusant la dialectique vérité-liberté et en partant de la vérité comme critère ultime de légitimité. Soit. Mais cette reprise en main doctrinale s'est appuyée sur ce qui constitue à mes yeux un pseudo-rationalisme alternatif. En d'autres termes, à une eglise qui ne croyait plus au miracle et qui n'acceptait de discerner les "signes des temps" , qu'à condition qu'ils ne soient pas surnaturels, à cette Eglise rationaliste par fuite du surnaturel, la reprise en mains de Jean-Paul II a opposé une sorte de rationalisme moral. Or ce rationalisme a lui aussi une double limite : d'abord, il risque de devenir moralisateur; et ensuite, il subordonne la philosophie à la théologie, manière de dire que la philosophie est sans puissance ou sans objet.

    2. Peut-être y a-t-il un cléricalisme paradoxal de la part d'un concile qui a prôné "la participation des laïques" en vue d'une prise de conscience du "sacerdoce commun des fidèles (commun, pour ne pas dire universel). Or cet universalisme a eu lui aussi un effet paradoxal ou pervers: c'est que l'Eglise s'est autocentrée et introvertie. Parler de "pastorale" peut nous faire percevoir de l'extérieur comme des moutons bêlants. Au moment où le diaconat permanent a été remis en valeur, l'Eglise a perdu le souci missionnaire et le sens du "seuil", de s'adresser à ceux qui sont hors de l'Eglise, "sur le parvis des gentils". C'est tout à l'honneur de mgr Rouet d'avoir énormément insisté pour que les diacres prennent conscience qu'ils exerçaient ce qu'il appelait "le ministère de la porte". Le problème est que la conscience de la diaconie ne s'est pas répandue dans l'eglise.

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  3. Vatican II a-t-il créé la crise ? l'a-t-il favorisée ?
    A mon humble avis, il l'a créée, et pourtant je ne suis pas traditionaliste puisque je vais à la Messe ordinaire. Il n'y avait pas de crise, comme le dit le cardinal Ratzinger, il y avait une certaine adaptation à faire au monde qui avait connu deux guerres mondiales, des grandes idéologies nihilistes et des philosophes du désespoir. Il fallait non pas changer de Tradition mais la renouveler.
    Ce faisant, l'aggiornamento a ouvert des vannes trop grandes et sans retenue et les conséquences furent plus graves que les seuls changements apportés à la liturgie. Un concile pastoral fut l'occasion d'un bouleversement théologique, d'un glissement de la Foi.
    Quand on ouvre des vannes, certes l'Esprit peut aller irriguer le monde mais aussi les virus peuvent remonter le flux et infecter en profondeur la pensée, la philosophie, changer les mentalités et les représentations. Les théologiens, philosophes et autres penseurs s'en sont donné à coeur joie d'explorer tous les courants et d'influencer les responsables de l'Eglise sans que celle-ci cherche à protéger son troupeau des erreurs, des déviances et des hérésies. S'ouvrir au monde n'était plus une attitude pastorale prudente et renouvelée comme l'aurait souhaité Jean XXIII, JP II ou le cardinal Ratzingzer mais un mot d'ordre, un diktat. Les garde-fous n'avaient pas été installés. Qui explorera complètement le rôle de Paul VI ? ce serait instruire un procès à charge.
    On ne s'est plus référé aux textes des Pères de l'Eglise, saint Paul même apparaissait ringard.
    C'est pourquoi, encore maintenant, nos braves théologiens de base, ceux que l'on trouve dans les diocèses de France, auréolés d'appellations honorifiques de "théologien du diocèse" ou de "Bibliste reconnu", nourris au lait de la phénoménologie et de Merleau-Ponty continuent de tordre la foi des fidèles.
    Ainsi pouvez-vous lire, dans le numéro d'aujourd'hui de cette fort bonne revue qu'est "Famille Chrétienne" qui m'est habituellement une consolation ainsi qu'à toute ma famille, une interview du théologien Xavier Lacroix à propos du "Corps ressuscité" pour célébrer Pâques, j'imagine.
    Cet article est une catastrophe pour la foi en la résurrection de la chair.
    Quel dommage qu'une revue aussi sérieuse n'ait pas vu le danger car la foi elle-même est touchée. Mais c'est la mise bien au jour de ce qui est "annoncé" jour après jour et cela jusque tout en bas dans l'Eglise ; le moindre fidèle de sa petite paroisse est obligé d'entendre que la résurrection, il faut l'entendre en fait comme la résurrection de toutes nos alliances, de toutes nos relations. "chair veut dire faiblesse, c'est le premier sens dans la Bible" ; "notre corps composé d'atomes, ce n'est pas ce corps-là qui va ressusciter" et de nous donner un extrait de Dumézil ( mais pas un seul Père de l'Eglse n'est cité, "trop anciens, ils n'ont pas eu connaissance de nos progrès en sciences humaines" m'a dit le Père Chauvet ): "Je ne sais qui je suis, je ne sais pas ce qu'est l'âme, je ne sais pas plus ce qu'est le corps."
    Tout n'est pas à rejeter chez Lévinas, chez Guitton ou d'autres mais à condition que l'on ne fasse pas du corps "sujet", du corps "perçu de l'interieur", du corps-relation, un absolu, une opposition, un contraire excluant la perception orthodoxe de la chair-corps du Christ-gage de notre propre résurrection à sa suite, avec ses plaies et son visage. Dès qu'une pensée se montre totalitaire, nous pouvons être sûrs qu'elle est au fond une hérésie. Cette pensée ne nous rend plus compte de la Personne, telle que voulue par le Créateur et sauvée par le Christ et à sa suite.
    C'est une sorte de silhouette vaguement floue et lumineuse qui se montre à saint Thomas.

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  4. Il est assez pénible de vous voir obligé de vous justifier devant un prince de l'église que l'on ne connaît pas, que l'on n'entend jamais et qui vit sa mission comme un sénateur. Voilà un évêque qui n'a rien à dire. Monseigneur Simon est à l'épiscopat ce que sont les centristes à la politique. Décidément, l'esprit de Saint-Bernard ne souffle plus à Clermont-Ferrand. Il y a des gens qui n'aiment pas à être dérangés et préfèrent rester dans leurs pantoufles : Monsieur de Clermont visiblement est de ceux-là. Il s'était habitué sénétariolement à vivre entre "gens comme il faut" et surtout qui pensent bien. Je le comprends : la maison de retraite qu'est l'église pour lui est moins spacieuse qu'il ne croyait, il a perdu visiblement ses aises.
    Bravo pour votre réponse, moi qui me tiens en dehors des chapelles, je l'ai trouvée intelligente et élevée. Qu'un prince de l'église puisse s'exprimer ainsi ne l'honore pas, décidément Monsieur de Clermont manque de grandeur. Votre réponse est une réponse de catholique et non de "tradi" ou de "moderniste", Monsieur de clermont sans le vouloir s'est conduit non comme un évêque de l'Eglise, mais comme le porte-parole d'une secte ou d'un groupuscule.

    Patricia

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  5. Je ne suis qu'un néophyte, Monsieur l'abbé, mais votre réplique à Mgr. Simon me touche sur trois points :
    . en premier, son rappel historique;
    . ensuite, point capital, la paix qui régnait ce jour de 1988 sur la prairie à Ecône où "manifestement ces sacres étaient l'oeuvre de Dieu." Lors de circonstances personnelles, j'ai ressenti cette paix.
    . In fine vous citez cet homme extraordinaire devenu au terme d'un parcours d'une intelligence sans faille, ce pape hors du commun, Benoît XVI, qui, en somme, cloue au pilori si je puis dire "un égoïsme clérical qui passe à côté des hommes".
    Puisse le renouveau qu'il constate continuer à s'épanouir - même lentement -!
    Merci Monsieur l'abbé.
    Willy

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  6. Le néo-cléricalisme n'est pas totalement passé à côté de l'homme...puisque il m' a instrumenté 4 ans à mi-temps (bonjour les études et le devoir d 'état !) dans les organismes d'action catholique et qu'on me proposait même de poursuivre au niveau international ( quelle fulgurance dans les carrières des "laïques" aspirés par le vide des "structures" à la recherche vampiresque de sang frais ...

    le Sang Sacré de Jésus ne devait pas suffire !

    Je crains que la crise a changé avec vatican 2. Mais c'est un vaste sujet.
    En tout cas, je constate que ce qu'on nous reprochait en 1968 ( vouloir transformer l'"Eglise étudiante" en fédération de communautés de base) est la solution adoptée par les évêques pour les diocèses qui dépérissent...
    Et que mes camarades progressistes sont en train de sortir de l'ELglise par un schisme à gauche dont j'entends peu parler dans les "milieux tradis "

    Enfin, les effluves pestilentiels d'une campagne présidentielle pire que minable, au vu des enjeux, et l'obstination des "milieux tradis" à rester dans le moule en visant des "moindres pires" sans rien proposer d'autre que des défilés ou des colloques sur Sainte Jeanne ......me poussent à quitter toutes les "sectes affublées d'un nom" et tous les groupes qui "semblent savoir" en quoi ils sont d'Eglise."Moi je" ne sais pas et je n'ai pas de nom ( j'ai tenté de devenir tradi,mais cela demande de trop hautes compétences intellectuelles et un pedigree social bien au dessus de ma modeste extraction);

    voila. Le pauvre con se casse. Il tient les promesses que Charcoco ne tient pas.
    En grande paix . En Catholique anonyme et agnostique, sans frontière aussi peut-être. De façon à pouvoir dire " aux hommes" (si cette espèce en voie de disparition ,comme celle des chefs d'état ,des papes et des évêques n'est pas totalement disparue ...) le Trésor des trésors, sans pb de marketting ni d 'emballage ..
    Dieu soit loué . Tout est grâce . Resurrecturi te salutant ( mais avant, il faudra mourir de guerre civile, de guerre mondiale sémite et de ruines diverses...qui n'ont pas l'air de biler les "tradis"...Il est vrai, qu'eux,ont l'assurance de la vie éternelle du bon côté )

    Bye

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  7. Mgr Hégésippe Simon est un peu sommaire et manque de culture. Beati pauperes etc...

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  8. Moi, si j'avais voté, j'aurais voté pour DSK ; avec un peu de chance il aurait fini comme Félix Faure en perdant sa connaisance et on aurait bien rigolé. On a la Mme Steinheil qu'on peut (Nafissatou ne me semble pas à la hauteur). Enfin, DSK qui aurait bien voulu être César n'a été que Pompée.

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  9. Réponse à AnonymeApr 5, 2012 04:00 AM

    Non la Crise ne provient pas de Vatican II. Elle provient de l'air du temps. Même sans Concile l'Eglise aurait connu une grande crise après 1968. Je me demande même si Vatican II n'a pas contenu les bouleversements de société que l'occident traverse depuis 1914 et dont la crise économique actuelle n'est au'un des avatars.

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  10. Elle me plait cette idée de faire de Vat.II le garde-fou de l’humanité ! Ce n’est certainement pas son unique fonction (ou plutôt mission) mais il se peut bien que les conséquences de toutes ces hérésies et ces débordements soient amoindries par l’ouverture au monde de ce cher Concile ! L’idée mérite approfondissement.
    Benoîte

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  11. De AnonymeApr 16, 2012 12:22 PM
    A AnonymeApr 16, 2012 02:45 PM

    Je pense que je me suis mal exprimé, car je n'ai jamais pensé que Vatican II était le garde-fou de l’humanité,qui s'en fiche pas mal.

    Je voulais dire qu'au sein de l'Eglise catholique le Concile Vatican II a permis de limiter les conséquences d'une crise qui aurait pu lui être fatale s'il n'y avait pas eu d'aggiornamento et d'ouverture au monde moderne. Je crois que Paul VI (ce pape si pathétique) avait vu venir la crise de la jeunesse des années 60. Ne rien faire et continuer à tenir un discours d'un autre âge aurait été suicidaire et catastrophique et aurait pour le coup complètement vidé les églises.

    J'avais 20 ans en 68 et je me foutais bien complètement de la religion, alors la messe en latin cela nous faisait bien rire (et, avouons le, en français itou) ; d'ailleurs nos aumoniers se sont tous mariés.

    Le problème perdure et les jeunes sont totalement absents des messes (ordinaires ou extraordinaires) et de plus en plus du catéchisme ; un signe qui ne trompe pas : le nombre des mariages religieux est en chute libre.

    J'ai l'impression que l'Eglise ne sait pas s'adresser à la jeunesse d'aujourd'hui. Les foules des JMJ ne soont qu'un cache-misère, analogue aux rassemblements pour la paix de Budapest ou de Prague organisés par le PCUS. J'entendais il y a peu à la télévision Luc Ferry qui rappelait que les jeunes venus écouter Jean-Paul II à Paris en 1997 avaient des préservatifs plein les poches, ce qui m'avait été dit par un employé du nettoyage de la Ville de Paris.

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  12. J’ai bien compris votre idée mais elle m’a fait rebondir sur autre chose (garde-fou de l’humanité). Je vais essayer de creuser la chose. Vous parlez de l’Eglise et je me demande si sa fonction ne va pas plus loin. D’ailleurs, cette hypothèse devient déjà en moi comme une certitude. Il faudra quand même que je relise certains textes.
    Ce que j’aime le plus dans ce blog, c’est, justement par la confrontation avec les idées des autres, l’élan que cela donne à notre propre réflexion.
    Benoîte.

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  13. Vous n'avez pas tort, il faut toujours confronter les idées et ne pas croire que l'on a toujours raison. Chacun doit apporter sa petite pierre à l'édifice, un peu comme les bâtisseurs de cathédrales. Ceci dit il faudrait cesser de se quereller pour des histoires de soutanes ou de messe en latin, cela ne fait pas sérieux. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ce serait mieux de célébrer la messe dans une langue difficile que (sauf exception rarissime) personne ne comprend plus (sur tous les candidats à la présidentielle il n'y en a qu'un seul qui soit capable de se débrouiller en latin : c'est l'agrégé François Bayrou* ; en 1965 tous les candidats sauf un seul qui n'avait que son certif' avaient une grande culture classique : de Gaulle bien sur mais aussi Mitterrand, Lecanuet* agrégé de philo, Tixier-Vignancour ilustre ténor du Barreau, Marcilhacy avocat au Consei d'Etat et à la Cour de cassation). Nous sommes tombés bien bas. Et dire que le père de Marcel Pagnol, instituteur laïque et républicain, disait que l'on ne pouvait pas bien connaître la langue française si l'on n'avait pas étudié le latin.

    * c'est fou le nombre d'agrégés et/ou de normaliens que l'on croise dans les rangs centristes à commencer par Georges Bidault ou Robert Schumann.

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  14. Eglise structurelle ou Eglise Charismatique?: "Il nous faut tenir les deus bo^uts de la chaine", dirait Blaise Pascal.
    Le Concile Vatican II a fait sauter les cadenas de la structure, aun nom de la dignite humaine: que reste-t'il de la structure apparemment solide que l' on pouvait voir dans l'Eglise? L' esprit humain ne peut pas embrasser toutes les consequences de la delinquescence mentale, morale et disciplinaire actuelles. Le probleme tient au "mystere d' iniquite", dont parle St.Paul, et qui est en relation intime avec le Prince de ce monde.

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  15. A anonyme de 11h53.
    Vous avez raison de dire qu’il ne faut pas se battre pour le latin. Personne, d’ailleurs ne se bat pour ça. Ceux qui tiennent et à la messe tridentine ont une autre vision de la messe. Ils veulent maintenir la Tradition selon laquelle la messe est dite en souvenir de la passion, de la mort et de la résurrection de N.S.J.C. C’est le sacrifice rendu « actuel » : Nous revivons, Gethsémani, la flagellation, le couronnement d’épines, Pilate, enfin, la Croix et la résurrection du Seigneur. Tout le chœur devient l’Espace où le Prêtre uni au Christ revit ce mystère et nous entraine, nous les fidèles, à sa suite. Jusqu’à ITE MISSA EST, le Chœur est le lieu sacré du Golgotha. Dans la messe de Paul VI, l’accent est mis sur le repas partagé. Même s’il s’agit d’un repas d’amour !! La signification qui devrait être identique ne l’est pas. Le prêtre tourné vers les fidèles et non pas vers l’Orient, ne nous entraine nulle part.
    Le Latin est la langue de l’Eglise qu’on le veuille ou non !!Les prières du missel de 62 sont toutes bilingues, donc rien n’empêche de les lire en Français. Elles restent incomparablement belles par rapport à celles de la messe de P.VI qui, en comparaison, sont bien pauvres !
    Il ne faut pas oublier que « in Persona Christi », veut dire que, à l’offertoire, et bien que ce phénomène nous soit invisible, le Christ donne au Prêtre Ses Plaies et Sa Couronne d’épines. Ils sont mystérieusement unis et seulement ainsi, le Sacrifice peut avoir lieu. Le fait aussi que les laïcs ne s’approchent pas du Chœur et surtout ne distribuent pas la communion se comprend alors tout seul. Qui sommes-nous pour toucher le Corps du Christ ??
    Le chant Grégorien est intrinsèquement uni à la langue latine. C’est une prière chantée, qui n’est jamais sentimentale ni mièvre comme peuvent l’être les nouveaux cantiques.
    Excusez ce développement peut-être trop long, mais il faut mettre les points sur les « I » : Il y a 2 rits ! Chacun va à celui qui correspond à sa propre conception de Dieu et de la messe. Pour aller à la messe tridentine, il faut être convaincu. J’en reste persuadée. Sinon ce n’est pas la peine. Aujourd’hui, les jeunes « zappent » ! Une fois là, une autre fois ailleurs. Ils ne sont pas convaincus ! Ils n’ont pas bien compris. Il leur faut encore du sentimental…
    Benoîte

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  16. Réponse à AnonymeApr 20, 2012 04:41 AM

    d'abord une excuse dans mon message : bien évidemment ce n'était pas à Robert Schumann (fondateur de la CECA) que je faisais allusion mais à Maurice Schuman de l'Académie française et ancien normalien et dirigeant du MRP (comme cela ne vous dira probablement rien allez faire un tour su Wikipédia) que j'ai croisé souvent dans ma jeunesse rue des Bains.

    Mantenant sur le fond expliquez moi de manière rationnelle pourquoi ce serait mieux de dire la messe en latin plutôt qu'en français, ce qui compte c'est le sens des paroles que l'on prononce et non pas les sons. De plus nous sommes françophones c'est à dire que nous parlons une langue qui descend du latin donc certains mots peuvent nous dire quelque chose. Mais pensez aux japonais, que voulez vous que leur apporte une messe célébrée dans une langue d'une autre civilisation : non il faut leur donner le texte en japonais et avec une musique adaptée à la musique extrème-orientale et des vêtements qui évoquent quelque chose pour eux.

    Rappelez-vous de la guerre des rites au 18è siècle en Chine : c'étaient le jésuites qui avaient raison contre les dominicains ; Matteo Ricci célébrait la messe en mandarin et en vêtements chinois.

    On peut très bien célébrer la messe extraordinaire en français.

    Je trouve très bien que le prêtre soit tourné vers les fidèles : lors de la première cène le Seigneur ne tournait pas le dos à ses disciples : il était assis au milieu d'eux.

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  17. Est-ce que les gens qui vont uniquement à la messe extraordinaire ne risquent pas de former une secte où l'on se rencontre entre soi, entre gens "biens", bon chic bon genre ; bref la messe NAP.

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