Nous vivons un moment historique. Quelque chose comme la chute d’un Mur de Berlin spirituel. L’audace de Benoît XVI, levant par un décret du 21 janvier dernier l’excommunication des quatre évêques sacrés en 1988 par Mgr Lefebvre, ouvre une époque nouvelle pour l’Eglise catholique. De manière profondément moderne, le Pasteur universel a compris que l’unité des chrétiens n’adviendrait pas par les actes répétés d’une autorité tatillonne, voulant, à elle seule, établir les conditions de vie du troupeau des fidèles. Il a accepté – c’est très évangélique – de mettre de côté l’arsenal répressif dont il dispose en tant que souverain pontife. Sa stratégie? Il lève unilatéralement et sans contrepartie les sanctions portées par son prédécesseur à l’encontre des traditionalistes, pour créer une dynamique nouvelle, au terme de laquelle ce n’est pas une restauration qui se profile (Benoît XVI n’est pas un pape traditionaliste). Mais on assiste, sous sa houlette à une restitution des biens spirituels dont les fidèles avaient été privés par la Révolution culturelle qui a suivi dans l’Eglise le concile Vatican II. Qu’est-ce que cette levée d’excommunication? Dans son sens le plus large, c’est une initiative du pape qui entend faire rentrer ceux qui avaient été spoliés dans leurs droits de fils et de filles de l’Eglise. On tâche – à droite et à gauche - de diminuer l’importance de ce geste sans précédent. On n’empêchera pas les faits de parler plus haut que tous ceux qui ne pensent qu’à conserver des situations considérées comme acquises. Il faudra s’y faire : avec Benoît XVI, ses petits pas et ses coups de poker, l’Eglise a définitivement tourné la page du funeste XXe siècle.
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