On aura tout vu. Saint Paul dans le texte interprété sur la scène d'un merveilleux petit théâtre que je ne connaissais pas,au coeur de l'Ile Saint Louis, par un comédien qui parvient au tour de force d'incarner saint Paul monologuant seul pendant une heure. Jean Le Couêdic est à la fois l'adaptateur des textes, le metteur en scène et l'acteur de ce spectacle peu banal. Pourquoi ne pas vous l'avouer ? Je m'attendais à dormir très vite... Mais non : pari tenu. L'attention est captée efficacement, on entend saint Paul, on l'écoute même, il devient audible, alors que si souvent à la messe, dans de mauvaises traductions lues d'une voix monocorde ("la voix cléricale"), l'Apôtre des nations est rendu inintelligible.
Ce spectacle, de la part de son auteur est un acte de ferveur. Et cette ferveur est communicative. Lorsque l'apôtre nous quitte après avoir repris son baluchon, les gens restent dans la salle (il y a eu trois rappels ce soir). On a du mal à se dire que l'on n'entendra plus cette voix qui nous parle de l'Autre monde avec tant de feu.
Comment Jean Le Couëdic est-il parvenu à ce beau résultat de nous restituer saint Paul ? Notons tout de suite l'extraordinaire travail sur les textes. Il y a d'abord une règle : la fidélité scrupuleuse aux textes originaux. Les traductions sont reprises, chaque mot est pesé au trébuchet de l'éloquence et de l'usage. Tout juste l'adaptateur s'est-il permis de "dégraisser" un peu certains textes, pour faire apparaître le ressort de cet extraordinaire rhéteur qu'est Paul. Quelle puissance !
Il faut parler aussi de la performance de l'acteur. Une paroissienne à qui je parlais de ce spectacle me dit tout à trac : "Il faudrait être Luchini pour réussir". Jean Le Couëdic n'a pas les grimaces et les ports de voix de Luchini (si crédible dès qu'il ouvre la bouche), mais il n'en a pas besoin. Ce que l'on sent en lui, c'est le feu, qui brûlait le coeur de saint Paul. De quoi faire honte à Diderot et à son trop fameux paradoxe du comédien ! Selon Diderot, l'acteur ne doit rien ressentir des sentiments qui animent son personnage pour les reproduire de manière plus transparente dans une sorte de copie machinale, la plus précise possible. Eh bien ! On sent qu'à l'opposé, Jean le Couëdic s'identifie à son personnage. Pour une heure, il est saint Paul au milieu de nous. Il faut l'entendre engueuler ses Galates : les mots de la vieille Epître s'en trouvent d'un seul coup dépoussiérés !
A ne pas manquer. Vous découvrirez saint Paul dans ce qu'il nommait lui-même : la puissance de l'esprit.
Prochaines séances au théâtre de l'Ile Saint Louis, 39 Quai d'Anjou : le 29 janvier à 18 H 30 et en février les 5, 12, 19 et 26 février, toujours à 18 H 30.
Réservations : 01 46 33 48 65
Ce spectacle, de la part de son auteur est un acte de ferveur. Et cette ferveur est communicative. Lorsque l'apôtre nous quitte après avoir repris son baluchon, les gens restent dans la salle (il y a eu trois rappels ce soir). On a du mal à se dire que l'on n'entendra plus cette voix qui nous parle de l'Autre monde avec tant de feu.
Comment Jean Le Couëdic est-il parvenu à ce beau résultat de nous restituer saint Paul ? Notons tout de suite l'extraordinaire travail sur les textes. Il y a d'abord une règle : la fidélité scrupuleuse aux textes originaux. Les traductions sont reprises, chaque mot est pesé au trébuchet de l'éloquence et de l'usage. Tout juste l'adaptateur s'est-il permis de "dégraisser" un peu certains textes, pour faire apparaître le ressort de cet extraordinaire rhéteur qu'est Paul. Quelle puissance !
Il faut parler aussi de la performance de l'acteur. Une paroissienne à qui je parlais de ce spectacle me dit tout à trac : "Il faudrait être Luchini pour réussir". Jean Le Couëdic n'a pas les grimaces et les ports de voix de Luchini (si crédible dès qu'il ouvre la bouche), mais il n'en a pas besoin. Ce que l'on sent en lui, c'est le feu, qui brûlait le coeur de saint Paul. De quoi faire honte à Diderot et à son trop fameux paradoxe du comédien ! Selon Diderot, l'acteur ne doit rien ressentir des sentiments qui animent son personnage pour les reproduire de manière plus transparente dans une sorte de copie machinale, la plus précise possible. Eh bien ! On sent qu'à l'opposé, Jean le Couëdic s'identifie à son personnage. Pour une heure, il est saint Paul au milieu de nous. Il faut l'entendre engueuler ses Galates : les mots de la vieille Epître s'en trouvent d'un seul coup dépoussiérés !
A ne pas manquer. Vous découvrirez saint Paul dans ce qu'il nommait lui-même : la puissance de l'esprit.
Prochaines séances au théâtre de l'Ile Saint Louis, 39 Quai d'Anjou : le 29 janvier à 18 H 30 et en février les 5, 12, 19 et 26 février, toujours à 18 H 30.
Réservations : 01 46 33 48 65
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire