samedi 15 janvier 2011

Demain dimanche, Notre-Dame des Victoires

Demain dimanche, au Centre Saint Paul, nous célèbrerons Notre Dame des Victoires, ou plutôt la fête du Coeur Immaculée de Marie refuge des pécheurs, qui est le culte de l'archiconfrérie Notre Dame des Victoires créée en 1836 par l'abbé Charles Eléonore Dufriche des Genettes, curé de cette paroisse parisienne, sous l'aura de laquelle se trouve notre petit Centre Saint Paul. Nous sommes sur le territoire paroissiale de Notre Dame de Bonne Nouvelle, mais si proches de la Basilique Notre Dame des Victoires qu'il m'a semblé normal de célébrer Marie ce dimanche, selon le propre parisien et de lui offrir cette fête de 1ère classe.

Curieux personnage, ce Charles Desgenettes ! Né en 1778, aux derniers jours du règne de Louis XV, il va connaître tous les régimes et mourir en 1860, sous Napoléon III. Pourquoi le cacher ? Le curé de Notre Dame des Victoires est profondément monarchiste et légitimiste. Cette conviction le poursuit durant tout son sacerdoce. Son diocèse d'origine - Sées en Normandie - paraît vite trop petit pour l'entreprenant abbé. Il est envoyé à Paris, où il fonde a Providence, dans le VIIème arrondissement, un établissement s'occupant des jeunes filles pauvres. Il est d'abord vicaire puis curé de la paroisse des missions étrangères. Pour encourager les enfants à venir au catéchisme, il n'hésite pas à offrir des bons de ravitaillement. Sa parole est tranchante. C'est un véritable tribun, très répandu dans Paris. Il aurait été à l'origine du toucher des écrouelles par le roi Charles X, à l'issue de son sacre (1825). Les dix premiers malades "touchés" auraient d'ailleurs été guéris, exauçant la formule : "le roi te touche, Dieu te guérit".

Las... Vient la Révolution de 1830 : l'abbé quitte Paris et part... en Suisse. Il reviendra dans la Capitale deux ans plus tard. Mgr de Quelen le nomme à Notre Dame des Victoires en 1832. Déception : cette paroisse est déserte. Quel contraste avec son ministère précédent ! Oubliés, dans l'église vide, les fastes louis-quatorziens, souvenir de ce frère Fiacre qui avait prédit à Anne d'Autriche la naissance de Louis Dieudonné. La paroisse alors est bourgeoise... et les bourgeois n'ont plus la foi.

Nous sommes à l'époque où un Jules Michelet médite sur la fin du christianisme en traversant la Seine par le Pont Louis-Philippe. Ecoutez cette page de son Journal et vous saurez ce que sont devenus les paroissiens de l'abbé Desgenette. Nous sommes - précisément dans ce journal - en 1834 : "Grand brouillard ! En allant aux Archives, à 11 H, j'admirai Notre Dame, à demi perdu dans un manteau flottant de brumes. Les parties antérieures et voisines de moi étaient sombres et noires : elles devenaient grise et fantastiques à mesure qu'elles s'éloignaient. (...) C'était l'enterrement de Notre-Dame et du catholicisme. Ah ! dit Juliette à Roméo, qui descend, il me semble que je te vois dans un tombeau."

A l'époque du curé Desgenettes, il y a beaucoup de votairiens, beaucoup de saint-simoniens, beaucoup d'optimistes... "Enrichissez-vous !" dira Guizot. Le ton du nouveau règne est donné. Sommes-nous si loin de cette époque, aujourd'hui, lorsqu'on nous dit : "Travaillez plus pour gagner plus" ? Ce qui est loin, en tout cas, c'est la religion. Très loin. Loin du coeur.

C'est dans ce contexte parisien qu'en 1836, le 3 décembre précisément, l'abbé Desgenettes a une locution intérieure, lui enjoignant de consacrer sa paroisse au Coeur Immaculé de Marie. Le dimanche 11 décembre au soir, il convoque ses paroisisens : "Nous ne savions pas pourquoi nous étions là" disent les premiers "confrères". Esprit organisateur, Desgenettes a non seulement consacré sa paroisse au Coeur immaculée de Marie, mais créé une archiconfrérie universelle, en allant directement à Rom, quitte à chagriner quelque peu son archevêque le très légitimiste Mgr de Quelen. A cette archiconfrérie parisienne, des aroisses et des ordres religieux du monde entier se joignent pour augmenter le trésor de la prière et participer, dans une merveilleuse communion des saints, aux biens spirituels obtenus. parmi les premiers à vouloir s'inscrire, un petit curé de paroisse dont la réputation n'a pas encore dépassé les limites de son canton : un certain Jean-Marie Vianney, curé d'Ars. Sa lettre est courte et comminatoire : "Ne me faites pas attendre !" écrit-il aux Parisiens. Il avait lui-même consacré la paroisse d'Ars au Ceur Immaculé de Marie quelques mois avant que Desgenettes ne le fasse.

Que signifie cette consécration ? L'archiconfrérie existe toujours et elle compte plus d'un million de membres. Il s'agit d'une pratique de la communion des saints : que les prières des uns proifitent aux autres. Il s'agit de s'en remettre au Coeur de Marie, chrétienne avant le Christ, comblé de grâces, remplie de l'Esprit saint, dont la délicatesse et le don de soi sont absolus et qui "a conçu Jésus dans son coeur avant de le convevoir dans son corps" comme dit magnifiquement saint Augustin. "C'est le coeur qui sent Dieu", c'est le coeur qui est habité par Dieu.

Le coeur de Marie est un pur réceptacle de la grâce : vas insignae devotionis, vas honorabile : récipient d'une insigne dévotion, vase d'honneur. Non seulement le coeur de marie est consacré tout entier à Jésus, mais il est celui de la mère de tous les hommes. Dieu habitant ce coeur, lui a donné des dimensions magnifiques. Ce coeur qui, lors de l'Annonciation, a symbolisé la liberté et la dignité de tous le genre humain, est aujourd'hui le coeur de la Mère universelle : refuge des pécheurs.

Lorsque Dieu nous semble loin, inaccessible, Tout Autre, l'Infini devant lequel on est... rien, Marie est là, son sourire, sa préoccupation pour tous et chacun, jusque dans les détails, comme à Cana où elle remarque seule que le vin va manquer et où son intercession permet à Jésus d'accomplir son premier signe. Le coeur de Marie, signe aussi aujourd'hui : signum magnum apparuit in caelo dit l'Apocalypse. Le coeur de Marie signe donné aux nations à Fatima : "A la fin mon Coeur immaculé triomphera". Ce ne sera pas comme nous le pensons. Après la consécration du monde au Coeur immaculé de Marie par Jean Paul II en 1984, on a eu, selon les promesses de Fatima, la fin du communisme. Mais aujourd'hui ? Je pense spécialement aux musulmans... et aux musulmanes, qui en ont assez du machisme d'Allah. Confidence récente d'une musulmane voyant la statue de la Sainte Vierge au Centre Saint Paul : "Mais comment cette religion donne une si grande place aux femmes qu'elle en fait des représentations". C'est le coeur de Marie qui va triompher de nouveau de l'athéisme socialisé, du vice banalisé. C'est le coeur de Marie qui révèlera aux musulmans la bonté de Dieu - qui leur manifestera que le véritable Allah a un Coeur, qui secrètement reste le coeur du monde qu'il a créé. Le coeur de Marie est la plus belle manifestation créée du coeur de Dieu. Le coeur de Marie, refuge des pécheurs, leur donne envie du coeur de Dieu.

Le curé Desgenettes a toujours dit qu'il n'éprouvait spontanément aucune dévotion pour le coeur de Marie (voir sur le site de la paroisse Notre Dame des Victoires, son très beau récit). Mais sans doute sa rencontre avec le Père de Clorivière, auquel il demanda s'il ne fallait pas qu'il se fasse jésuite, a-t-elle été pour lui l'occasion d'un premier contact avec cette dévotion. C'est Adélaïde de Cicé, fille spirituelle du Père de Clorivière, qui emploie la première la formule qui deviendra le signe de ralliement de la Confrérie Notre Dame des Victoire : Coeur Immaculé de Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous.

5 commentaires:

  1. Monsieur l'Abbé,

    Je regrette qu'un homme aussi cultivé et aussi intelligent que vous se livre à une critique primaire et digne du quotidien l'Humanité de Guizot.

    Bien entendu il faut replacer cette phrase du chef de file des doctrinaires dans son contexte.

    Guizot avait dit qu'il fallait s'enrichir, mais uniquement par son travail, condamnat toutes les rentes de situation. Il voulait dire par là que la richesse n'est pas une infamie, si elle est due au travail. N'est-ce pas d'ailleurs la reichesse individuelle de chacun qui a fait la richesse de la France.

    Bien entendu, Guizot était protestant et le protestantisme n'a jamais condamné la richesse honnêtement acquise ni le travail.

    Une nation nepeut ête prospère que par le travail de ses enfants.

    Sarko n'avait ps tort : comment espérer gagner plu sans travailler plus ?

    Nos parents élevaient courageusement des familles nonmbreuses sans rien demander à l'Etat ni à la charité publique.

    Oui au travail et à l'effort.


    Comme le dit la sagesse populaire : "on n'a rien sans rien".


    NB Guizot a prononcé un très beau discours pour la réception du Père Lacordaire à l'Académie française (voir sur son site)en présence de l'Impératrice Eugénie.

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  2. L'être humain [ l'Homme ] n'est pas au-dessus de la nature: il est la nature et en même temps une petite partie de la nature – de même que l'on peut dire que l'Art est la nature -

    La philosophie sans respecter la liberté de conscience des enfants n'a aucun sens et n'est plus la philosophie
    Cet enseignement est la réalité actuelle des écoles ; c'est le fait des programmes imposés par l'éducation nationale, ... programmes rédigés par ce que je nomme '' des démocratiquophobes ''
    La philosophie associée à une culture scientifique, du Droit, portée par l'honnêteté intellectuelle de l'enseignant devrait consister à aider les enfants apprendre non ''quoi penser '' mais '' comment penser ''
    http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2010/12/23/l-ecole-et-la-philosophie.html

    Caen – ville pionnière
    '' Comment penser ''
    http://blvids.free.fr/Universit%c3%a9_populaire_de_Caen_.mp4

    BIBLIOGRAPHIE

    http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2010/08/27/bibliographie.html

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  3. Guizot a dit exactement: "Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne! Eclairez-vous!" On oublie toujours de citer la seconde phrase – qu'on n'a jamais entendu non plus dans la bouche de Sarkozy.

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  4. A Henry

    C'est bience que j'ai dit, Guizot avait préché l'enrichissement par le travail et par l'épargne, ce qui n'a rien de scandaleux.

    Je trouve que Monsieur l'Abbé de Tanouarn y va fort avec sa critique de la bourgeoisie de la Monarchie de juillet.

    A-t-il oublié que c'est cette bourgeoisie qui a permis de faire de la France une grande puissance politique, économique et militaire après le désastre des guerres de l'Empire.

    C'est au polytecniciens et aux saint-simoniens (ce sont les mêmes) que l'on doit l'expansion du chemin de fer.

    Quand à Sarko il a dit grosso modo la même chose de Guizot : coment en effet s'enrichir sans travailler plus et/ou épargner plus.

    Donnez-moi la recette.

    Si vous voulez travailer moins vous gagnerez moin. C'est ce que les socialiste ont feint (car ils ne sont pas idiots) d'ignorer avec ces calamiteuses 35 heures qui ont plongé les hopitaux publics dans le chaos.

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  5. Je suis un peu d'accord avec Anonyme ? Il ne faut pas caricaturer Guizot. Comme d'habitude l'Abbé est un peu trop sévère pour le régime de Louis-Philippe, qui a tenté un équilibre périlleux
    Le fameux » enrichissez » vous rejoint une éthique du travail de l'épargne, qui ne serait pas inutile aujourd'hui pour les nouveaux venus!
    Après tout heureusement que les monastères se sont enrichis, ils ont permis d'accueillir et de dynamiser l'économie et les arts songeons à l'Hospice de Beaune . L'enrichissement permet aussi l'offrande, songeons au parfum déversé .
    Maintenant ; cela ne dispense pas d'approfondir sa foi, de chercher sens à la vie et de s'enrichir de richesses non corruptibles. Les deux ne sont pas incompatibles, , il peut aussi y avoir synergie heureuse si on sait se détacher à temps… ;
    Donc enrichissons nous honnêtement, si nous pouvons, et détachons nous.


    Maintenant le plus important, longue vie à la confrérie Notre Dame des Victoires, qui nous porte dans sa prière, on aimerait en connaitre un plus sur elle aujourd’hui et où elle se manifeste à Paris. Merci de ce rappel

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