Texte repris de l'Action Française n°2829
Avec quelques amis et un patron, Eric Letty, dont la plume naguère fit rage et fit mouche dans ces colonnes, sentant le vent mauvais se lever sur 2012, nous avons lancé l’association "Avec Jeanne", pensant que Jeanne était, plus justement que sainte Rita, la patronne des causes désespérées, la sainte de toutes nos crises.
La France était une cause perdue, neuf ans après le honteux Traité de Troyes (1420). Le Petit Roi de Bourges se terrait à Chinon. Les Anglais avaient mis le siège devant Orléans. C’était une question de quelques semaines et on n’entendrait plus parler des Valois. La France pourrait devenir anglaise ; son prince Henri VI serait l’enfant à la double couronne. Quant à Charles, fils de Charles et petit fils de Charles, il pensait fuir en Aragon ou en Ecosse. Et Jeanne, 17 ans, Pucelle et Chef de guerre, en quelques semaines d’une campagne éclair, délivrant Orléans et anéantissant l’armée anglaise à Patay, rétablit la situation de son Prince.
En France, on a l’habitude des causes désespérées et les Français ne sont jamais si performants que quand tout a l’air fini pour eux. On peut dire de Jeanne d’Arc qu’elle est l’emblème, qu’elle est le symbole de cette espérance politique. Elle a pu renverser le match qui opposait la France à l’Angleterre, en utilisant le temps additionnel : les arrêts de jeu. En trois semaines, elle a changé le visage d’une guerre de 100 ans. Avant la Pucelle dit un Chroniqueur du temps, 500 Anglais pouvaient l’emporter sur toute l’armée française. Après la Pucelle, trois Français mettaient en danger 500 Anglais. Mystère de ce que l’on appellera plus tard la Furia Francese !
Il y a en Jeanne, sur le champ de bataille, quelque chose d’une Passionaria. Mais elle sait s’arrêter et réfléchir. Elle a plus de sens politique que tous les Capitaines qui l’entourent. Elle comprend que le sacre de Charles VII à Reims est plus important que quelques places fortes regagnées sur la Loire. Elle devine les Français : ce dont ils ont besoin, c’est de se reconnaître dans quelqu’un. Et ce quelqu’un, ce n’est pas elle, bien sûr, c’est le Roi. Symbole de l’espérance politique, Jeanne est aussi celle qui a su réfléchir aux conditions concrètes, à la stratégie à mettre en œuvre.
Mais aujourd’hui direz-vous ? Maurice Barrès avait bien vu la modernité de Jeanne. Sainte de la patrie, elle est avant tout la sainte d’un compromis nationaliste à la française, qui regroupe toutes les familles spirituelles du pays dans un même élan. Il écrit dans ses Cahiers : « Il n’y a pas un Français dont Jeanne ne satisfasse les vénérations profondes ». Et d’énumérer le royaliste, le césarien, le républicain, le révolutionnaire : « Aucun Parti n’est étranger à Jeanne d’Arc et tous les Partis ont besoin d’elle. Pourquoi ? Parce qu’elle est cette force mystérieuse, cette force divine d’où à jailli l’espérance ».
Reste aujourd’hui à réinventer « les vénérations profondes » qui nous ont fait ce que nous sommes. Reste à ressaisir l’héritage que chaque Français trouve dans son berceau en se donnant seulement la peine de naître. Nous sommes fiers – trop fiers ? – de notre liberté revendiquée. Mais quelle liberté est possible si nous n’apprenons pas à respecter ensemble ce qui est respectable. Dans la grande décérébration de l’Aujourd’hui, n’oublions pas ce respect, sans lequel aucune vie sociale n’est seulement possible. Les seuls compromis qui vaillent, c’est sur le respect qu’il faut les édifier.
Avec quelques amis et un patron, Eric Letty, dont la plume naguère fit rage et fit mouche dans ces colonnes, sentant le vent mauvais se lever sur 2012, nous avons lancé l’association "Avec Jeanne", pensant que Jeanne était, plus justement que sainte Rita, la patronne des causes désespérées, la sainte de toutes nos crises.
La France était une cause perdue, neuf ans après le honteux Traité de Troyes (1420). Le Petit Roi de Bourges se terrait à Chinon. Les Anglais avaient mis le siège devant Orléans. C’était une question de quelques semaines et on n’entendrait plus parler des Valois. La France pourrait devenir anglaise ; son prince Henri VI serait l’enfant à la double couronne. Quant à Charles, fils de Charles et petit fils de Charles, il pensait fuir en Aragon ou en Ecosse. Et Jeanne, 17 ans, Pucelle et Chef de guerre, en quelques semaines d’une campagne éclair, délivrant Orléans et anéantissant l’armée anglaise à Patay, rétablit la situation de son Prince.
En France, on a l’habitude des causes désespérées et les Français ne sont jamais si performants que quand tout a l’air fini pour eux. On peut dire de Jeanne d’Arc qu’elle est l’emblème, qu’elle est le symbole de cette espérance politique. Elle a pu renverser le match qui opposait la France à l’Angleterre, en utilisant le temps additionnel : les arrêts de jeu. En trois semaines, elle a changé le visage d’une guerre de 100 ans. Avant la Pucelle dit un Chroniqueur du temps, 500 Anglais pouvaient l’emporter sur toute l’armée française. Après la Pucelle, trois Français mettaient en danger 500 Anglais. Mystère de ce que l’on appellera plus tard la Furia Francese !
Il y a en Jeanne, sur le champ de bataille, quelque chose d’une Passionaria. Mais elle sait s’arrêter et réfléchir. Elle a plus de sens politique que tous les Capitaines qui l’entourent. Elle comprend que le sacre de Charles VII à Reims est plus important que quelques places fortes regagnées sur la Loire. Elle devine les Français : ce dont ils ont besoin, c’est de se reconnaître dans quelqu’un. Et ce quelqu’un, ce n’est pas elle, bien sûr, c’est le Roi. Symbole de l’espérance politique, Jeanne est aussi celle qui a su réfléchir aux conditions concrètes, à la stratégie à mettre en œuvre.
Mais aujourd’hui direz-vous ? Maurice Barrès avait bien vu la modernité de Jeanne. Sainte de la patrie, elle est avant tout la sainte d’un compromis nationaliste à la française, qui regroupe toutes les familles spirituelles du pays dans un même élan. Il écrit dans ses Cahiers : « Il n’y a pas un Français dont Jeanne ne satisfasse les vénérations profondes ». Et d’énumérer le royaliste, le césarien, le républicain, le révolutionnaire : « Aucun Parti n’est étranger à Jeanne d’Arc et tous les Partis ont besoin d’elle. Pourquoi ? Parce qu’elle est cette force mystérieuse, cette force divine d’où à jailli l’espérance ».
Reste aujourd’hui à réinventer « les vénérations profondes » qui nous ont fait ce que nous sommes. Reste à ressaisir l’héritage que chaque Français trouve dans son berceau en se donnant seulement la peine de naître. Nous sommes fiers – trop fiers ? – de notre liberté revendiquée. Mais quelle liberté est possible si nous n’apprenons pas à respecter ensemble ce qui est respectable. Dans la grande décérébration de l’Aujourd’hui, n’oublions pas ce respect, sans lequel aucune vie sociale n’est seulement possible. Les seuls compromis qui vaillent, c’est sur le respect qu’il faut les édifier.
Jeanne d'Arc, écrit l'abbé de Tanoüarn, "est avant tout la sainte d’un compromis nationaliste à la française, qui regroupe toutes les familles spirituelles du pays dans un même élan".
RépondreSupprimerJe trouve l'expression "familles spirituelles" mal choisie, pour ne pas dire malheureuse, dans le contexte actuel.
En effet, lorsque Barrès énumérait les catégories politiques, les partis tous capables de se réclamer de Jeanne, il ne pensait pas, que je sache, à des "familles spirituelles", car le mot "spirituel" a une autre dimension que celui de "politique", comme l'abbé le sait bien.
Appeler de ses vœux un nouveau "compromis nationaliste" unissant les diverses "familles spirituelles", c'est donc inviter (ne serait-ce que dans les termes) la France à s'ouvrir aux diverses spiritualités, telles que l'islam par exemple, ce qui ne me paraît pas correspondre au combat politique de Jeanne d'Arc.
Réponse au masque de chair
RépondreSupprimerCe matin, je suis allé au marché. J'ai croisé un vieux maghrébin qui avait du mal à marcher et qui arborait sur sa pôitrine "en réduction" (excusez du peu) les insignes de : la médaille militaire (la Légion d'honneur des non officiers), des croix de guerre 39/45 et TOE, la médaille des blessés et une croix de Lorraine.
Alors quand je lis vos propos sur l'Islam, jai honte, car ce soldat musulman croit toujours en la France pour laquelle il a tant donné.
Oui Barrès avait raison Jeanne est avant tout la sainte d’un compromis nationaliste à la française, qui regroupe toutes les familles spirituelles du pays dans un même élan. Gageons que Barrès devait penser aux Chrétiens, aux Juifs, aux Musulmans aux agnostiques et à tous ceux qui ont donné leur vie pour la France.
Je rappelle qu'avant la guerre les "Croix de Feu" (qui comprenaient des israélite et des musulmans dans leurs rangs) du Colonel de la Roque faisaient célébrer tous les ans un office pour la France et ses morts à la Grande Synagogue de la Rue de la Victoire (c'est le seul lieu de culte ou l'on récite encore une prière pour la France et ses armées).
Ce que me répond Anonyme est un des arguments dont se sert le Système mondialiste afin de nous faire accepter la France "généreuse et colorée" qu'appelait de ses vœux Ségolène R.
RépondreSupprimerJe n'ai rien contre la spiritualité des musulmans ni des juifs, mais Anonyme pourrait-il me citer une parole ou un acte de Jeanne allant dans le sens d'un multi-spiritualisme ?
Si l'avenir de la France (et du monde en général) doit reposer sur la disparition du prosélytisme chrétien, il suffit de le dire : mais laissez Jeanne d'Arc en paix avec ses Saints.
Acceptez un compromis entre vos deux façons de voir (je n'ai pas dit compromission) et alors Jeanne vous aura éclairés.
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas de tous se ranger dans la même demeure du Père mais bien d'apprendre à vivre entre hommes de bonne volonté, les JUSTES.
Cher 2e Anonyme, pourriez-vous aller expliquer votre beau principe aux "justes" qui, en ce moment-même, persécutent les chrétiens en terre d'islam ?
RépondreSupprimer