Comment faire le bien ? Je vous ai laissé hier avec cette question. Vous pensez sans doute, comme beaucoup, que nous portons chacun en nous une idée du bien moral et que notre conscience juge spontanément du bien et du mal. Sans doute, Dieu, qui nous a créé à son image et à sa ressemblance, nous a-t-il donné quelque chose comme un sens inné du bien et du mal, une capacité spontanée à admirer le bien et à nous indigner du mal. Mais dans la pratique, qu'il est difficile de savoir ce qui est bien et ce qui est mal. La vertu est souvent lourde, pénible ou bien sèche et ennuyeuse. Vertu lourde ? Celle que revendiquait Robespierre l'incorruptible. Vertu sèche ? Celle de ces pharisiens de toutes les religions, qui n'aiment pas tant la vertu que l'image qu'ils en donnent.
"Apprenez à faire le bien" nous demande le Prophète. Nous croyons savoir, mais notre morale est sèche ou pénible, nos valeurs sociales ou utilitaires.
Au Jardin d’Éden, Adam et Ève ont voulu goûter du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. J'ai lu plusieurs interprétations autorisées à propos de cette expression. Je n'ai pas compris. Il me semble que cette connaissance du bien et du mal, c'est justement ce que souhaite nous apporter le Prophète Isaie. Tout son livre -jusqu'au chapitre 39 - tourne autour de cette idée. Le Messie, l'Emmanuel qu'il annonce doit justement "rejeter le mal et choisir le bien" (Is. 7, 15). C'est lui qui nous fera goûter de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, lui le Christ. Cet arbre, quand on y réfléchit, comme créature de Dieu, il n'est pas mauvais en lui-même. Simplement les hommes n'ont pas à s'en approcher. Ils ne doivent pas essayer de se passer du Messie. Il ne faut pas qu'ils croient qu'ils seront leur propre Messie. Ils ont besoin de l'Emmanuel.
Ce messianisme humain, trop humain, on l'a connu durant tout le XXème siècle. Les idéologies de droite et de gauche apprenaient aux hommes qu'ils seront comme des dieux sans avoir besoin de passer par la case Messie, sans que personne ne leur enseigne ce quest le bien. Ils se croyaient autonomes, ils imaginaient qu'ils seraient à eux-mêmes leur propre loi. Erreur ! Faute ! Elle a été payée. Au prix fort, au prix du sang.
Depuis Jean-Jacques Rousseau, les hommes imaginent qu'ils n'ont besoin de personne pour leur apprendre à faire le bien. Ils cueillent à pleine main à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, qu'Isaïe réserve au Messie annoncé. Et ils se plantent... dans leur vie personnelle, dans leur histoire collective. C'est Jérémie, plus qu'Isaïe, qui insistera sur la nécessité d'un sain pessimisme sur la nature humaine : "Le péché de Judas est écrit avec un stylet de fer, gravé avec une pointe de diamant sur la tablette de leur coeur". Nous sommes loin du coeur de Jean-Jacques où résonne "l'immortelle et céleste voix". Plus près de Pascal : "Le coeur de l'homme est tout rempli d'ordure". Mais ce stylet de fer sur les tablettes de notre coeur a tellement choqué les sages qui ont traduit la Bible hébraïque en grec qu'ils ont carrément "oublié" ce verset dans leur traduction. Étonnant !
Vous me direz qu'avec Jérémie nous sommes loin d'Isaïe ? Je ne crois pas. Ce diagnostic sur le mal qui se trouve dans le coeur même de l'homme, "gravé au stylet", il faut l'avoir posé pour écrire ce qu'écrit Isaïe : "Toute la tête est malade et le coeur languissant. De la plante des pieds jusqu'à la tête, rien n'est intact. Blessures, meurtrissures et plaies récentes n'ont pas été bandées ni pansées, ni adoucies par l'huile" (Is. 1, 6). On a souvent attribué cette parole au Christ souffrant pour nos péchés. Mais avant d'être l'état du rédempteur, c'est l'état du pécheur... Je pense au Bernanos du Soleil de Satan : "Que le péché qui nous dévore laisse en nos êtres peu de substance".
En tant que romancier, Georges Bernanos s'y connaissait sur le mal qui ronge l'âme humaine. Il voit bien que le péché est autodestructeur. L'Ecriture inspirée (Isaïe, Jérémie ou le Livre de la Genèse) nous enseigne autre chose encore : en nous le péché est toujours déjà là. il est "originel", "naturel". Si nos vertus sont lourdes ou sèches, c'est parce qu'elles se sont greffées de manière non critique sur ce péché d'origine qui est tout notre savoir de nous-même. Comment faire le bien si le mal est toujours déjà en nous, "gravé au stylet" ?
"Apprenez à faire le bien" nous demande le Prophète. Nous croyons savoir, mais notre morale est sèche ou pénible, nos valeurs sociales ou utilitaires.
Au Jardin d’Éden, Adam et Ève ont voulu goûter du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. J'ai lu plusieurs interprétations autorisées à propos de cette expression. Je n'ai pas compris. Il me semble que cette connaissance du bien et du mal, c'est justement ce que souhaite nous apporter le Prophète Isaie. Tout son livre -jusqu'au chapitre 39 - tourne autour de cette idée. Le Messie, l'Emmanuel qu'il annonce doit justement "rejeter le mal et choisir le bien" (Is. 7, 15). C'est lui qui nous fera goûter de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, lui le Christ. Cet arbre, quand on y réfléchit, comme créature de Dieu, il n'est pas mauvais en lui-même. Simplement les hommes n'ont pas à s'en approcher. Ils ne doivent pas essayer de se passer du Messie. Il ne faut pas qu'ils croient qu'ils seront leur propre Messie. Ils ont besoin de l'Emmanuel.
Ce messianisme humain, trop humain, on l'a connu durant tout le XXème siècle. Les idéologies de droite et de gauche apprenaient aux hommes qu'ils seront comme des dieux sans avoir besoin de passer par la case Messie, sans que personne ne leur enseigne ce quest le bien. Ils se croyaient autonomes, ils imaginaient qu'ils seraient à eux-mêmes leur propre loi. Erreur ! Faute ! Elle a été payée. Au prix fort, au prix du sang.
Depuis Jean-Jacques Rousseau, les hommes imaginent qu'ils n'ont besoin de personne pour leur apprendre à faire le bien. Ils cueillent à pleine main à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, qu'Isaïe réserve au Messie annoncé. Et ils se plantent... dans leur vie personnelle, dans leur histoire collective. C'est Jérémie, plus qu'Isaïe, qui insistera sur la nécessité d'un sain pessimisme sur la nature humaine : "Le péché de Judas est écrit avec un stylet de fer, gravé avec une pointe de diamant sur la tablette de leur coeur". Nous sommes loin du coeur de Jean-Jacques où résonne "l'immortelle et céleste voix". Plus près de Pascal : "Le coeur de l'homme est tout rempli d'ordure". Mais ce stylet de fer sur les tablettes de notre coeur a tellement choqué les sages qui ont traduit la Bible hébraïque en grec qu'ils ont carrément "oublié" ce verset dans leur traduction. Étonnant !
Vous me direz qu'avec Jérémie nous sommes loin d'Isaïe ? Je ne crois pas. Ce diagnostic sur le mal qui se trouve dans le coeur même de l'homme, "gravé au stylet", il faut l'avoir posé pour écrire ce qu'écrit Isaïe : "Toute la tête est malade et le coeur languissant. De la plante des pieds jusqu'à la tête, rien n'est intact. Blessures, meurtrissures et plaies récentes n'ont pas été bandées ni pansées, ni adoucies par l'huile" (Is. 1, 6). On a souvent attribué cette parole au Christ souffrant pour nos péchés. Mais avant d'être l'état du rédempteur, c'est l'état du pécheur... Je pense au Bernanos du Soleil de Satan : "Que le péché qui nous dévore laisse en nos êtres peu de substance".
En tant que romancier, Georges Bernanos s'y connaissait sur le mal qui ronge l'âme humaine. Il voit bien que le péché est autodestructeur. L'Ecriture inspirée (Isaïe, Jérémie ou le Livre de la Genèse) nous enseigne autre chose encore : en nous le péché est toujours déjà là. il est "originel", "naturel". Si nos vertus sont lourdes ou sèches, c'est parce qu'elles se sont greffées de manière non critique sur ce péché d'origine qui est tout notre savoir de nous-même. Comment faire le bien si le mal est toujours déjà en nous, "gravé au stylet" ?
Est-ce le mal qui est gravé au stylet dans notre coeur ou le "souvenir" de nos péchés, du péché de Juda qui est nôtre? Est-ce que le péché est en nous originel par nature ou à la suite d'un acte humain dont nous sommes solidaires? Autrement dit, est-ce que le souvenir davidique du péché originel ("j'étais pécheur dès le sein de ma mère") condamne la nature humaine dès l'origine?
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