Veuillez chers lecteurs me pardonner mon peu d'assiduité : un petit coup de fatigue suite au succès... foudroyant de notre Journée Jeanne d'Arc à l'Espace Bernanos. Mais nous repartons de plus belle dans la lecture méditée de ce beau chapitre 1 d'Isaïe.
Nous avons vu comment il n'y a de science de la vie, qu'il n'y a de morale véritable qu'à condition que nous acceptions d'introduire Dieu en tiers dans notre permanente discussion intérieure (cf. "Venez discutons"). L'homme peut vouloir le bien, il est pourvu de cette "bonne volonté" qui est quelque chose de l'image de Dieu en lui. Mais il ne peut pas, il ne sait pas l'accomplir s'il n'a pas été capable de se mettre en face de Dieu, "vérité première" et principe universel.
Seul Dieu nous justifie.
A force de cultiver un antijansénisme obsessionnel et fourre tout, on a oublié cette vérité première, qui court dans toute la Bible, en particulier chez les Prophètes, dont c'est un des thèmes majeurs et récurrents : notre justice n'en est pas une, ce que nous appelons ainsi ne mérite pas vraiment ce nom. Si nous ne nous humilions pas devant Dieu, à quelle justice (j'allais dire : à quelle justesse, à quelle vérité) pouvons nous prétendre ? Puissions nous réaliser cette vérité-là à genoux : notre Avent s'en trouvera éclairé tout entier.
Et au contraire, si nous savons reconnaître l'autorité de Dieu - eh oui ! ce n'est pas un gros mot - son emprise sur sa créature, si nous savons admettre que nous ne sommes que des créatures, alors beaucoup de nos péchés se trouveront effacés et nous nous trouverons réintégrés dans la vérité de notre condition. J'ai dit : beaucoup de nos péchés... Je dirai même : tous. il n'y a pas un péché, si grave soit-il, qui résiste à un véritable acte d'humilité. C'est ce que nous dit Isaïe : "Si vos péchés sont comme l'écarlate, comme la neige ils blanchiront ; s'ils sont rouges comme la pourpre, comme la laine ils seront" (Isaïe 1, 18).
Dans les retraites de saint Ignace, cette formule du Prophète est invoquée pour nous montrer la puissance de la Miséricorde de Dieu, qui peut nous changer et annuler le passif que nous traînons comme un boulet. Puissance chrétienne de la Métanoia, de la conversion.
Mais dans le texte du Prophète, on perçoit un autre sens possible, en ajoutant le verset 19 : "Si vous acceptez d'obéir, vous mangerez les biens du Pays" [Le Pays ? Il s'agit de la Terre "promise", qui est la terre de Yahvé, non la terre des juifs : les fruits de cette terre sont donnés selon le mérite du peuple qui l'habite : terrible loi !]. Le verset suivant va renforcer notre première impression : "Mais si vous refusez, si vous vous révoltez, l'épée vous dévorera". En substance, selon que vous serez obéissants ou révoltés, vous serez mangeants ou mangés...
C'est par l'orgueil et la révolte d'un "Vous serez comme des dieux" qu'Adam et Eve ont perdu le paradis terrestre, ce sublime lieu d'expérimentation de leur liberté. C'est dans l'humilité et l'amour que nous retrouverons "au centuple" ce qu'ils ont perdu. Bref, ce texte sur la neige et l'écarlate, sur la pourpre et la laine, dit avant tout la puissance de l'obéissance à Dieu : "Servir Dieu c'est régner". L'obéissance, en tout temps, produit la blancheur. L'écarlate est la couleur de la révolte.
Obéissance, autorité, ce sont des notions que l'on n'ose plus guère utiliser, car depuis Kant, il est moral de considérer que "la personne doit partout et toujours être considérée comme une fin et jamais comme un moyen" et l'inverse (que la personne est faite pour se mettre au service de ce qui est plus grand qu'elle), Kant nous l'a fait considérer, monstrueusement, comme immoral. Saint Paul ne s'embarrassait pas de ce personnalisme là. Pour lui il faut que "nous soyons au service les uns des autres". C'est ce service qui nous sauve. Paul pense comme Isaïe. Et Kant nous écarte de la tradition biblique d'une manière décisive.
Quant au Christ ? Le Christ est encore plus radical : "Celui qui veut gagner sa vie la perdra" (Lc 9, 24).
Nous avons vu comment il n'y a de science de la vie, qu'il n'y a de morale véritable qu'à condition que nous acceptions d'introduire Dieu en tiers dans notre permanente discussion intérieure (cf. "Venez discutons"). L'homme peut vouloir le bien, il est pourvu de cette "bonne volonté" qui est quelque chose de l'image de Dieu en lui. Mais il ne peut pas, il ne sait pas l'accomplir s'il n'a pas été capable de se mettre en face de Dieu, "vérité première" et principe universel.
Seul Dieu nous justifie.
A force de cultiver un antijansénisme obsessionnel et fourre tout, on a oublié cette vérité première, qui court dans toute la Bible, en particulier chez les Prophètes, dont c'est un des thèmes majeurs et récurrents : notre justice n'en est pas une, ce que nous appelons ainsi ne mérite pas vraiment ce nom. Si nous ne nous humilions pas devant Dieu, à quelle justice (j'allais dire : à quelle justesse, à quelle vérité) pouvons nous prétendre ? Puissions nous réaliser cette vérité-là à genoux : notre Avent s'en trouvera éclairé tout entier.
Et au contraire, si nous savons reconnaître l'autorité de Dieu - eh oui ! ce n'est pas un gros mot - son emprise sur sa créature, si nous savons admettre que nous ne sommes que des créatures, alors beaucoup de nos péchés se trouveront effacés et nous nous trouverons réintégrés dans la vérité de notre condition. J'ai dit : beaucoup de nos péchés... Je dirai même : tous. il n'y a pas un péché, si grave soit-il, qui résiste à un véritable acte d'humilité. C'est ce que nous dit Isaïe : "Si vos péchés sont comme l'écarlate, comme la neige ils blanchiront ; s'ils sont rouges comme la pourpre, comme la laine ils seront" (Isaïe 1, 18).
Dans les retraites de saint Ignace, cette formule du Prophète est invoquée pour nous montrer la puissance de la Miséricorde de Dieu, qui peut nous changer et annuler le passif que nous traînons comme un boulet. Puissance chrétienne de la Métanoia, de la conversion.
Mais dans le texte du Prophète, on perçoit un autre sens possible, en ajoutant le verset 19 : "Si vous acceptez d'obéir, vous mangerez les biens du Pays" [Le Pays ? Il s'agit de la Terre "promise", qui est la terre de Yahvé, non la terre des juifs : les fruits de cette terre sont donnés selon le mérite du peuple qui l'habite : terrible loi !]. Le verset suivant va renforcer notre première impression : "Mais si vous refusez, si vous vous révoltez, l'épée vous dévorera". En substance, selon que vous serez obéissants ou révoltés, vous serez mangeants ou mangés...
C'est par l'orgueil et la révolte d'un "Vous serez comme des dieux" qu'Adam et Eve ont perdu le paradis terrestre, ce sublime lieu d'expérimentation de leur liberté. C'est dans l'humilité et l'amour que nous retrouverons "au centuple" ce qu'ils ont perdu. Bref, ce texte sur la neige et l'écarlate, sur la pourpre et la laine, dit avant tout la puissance de l'obéissance à Dieu : "Servir Dieu c'est régner". L'obéissance, en tout temps, produit la blancheur. L'écarlate est la couleur de la révolte.
Obéissance, autorité, ce sont des notions que l'on n'ose plus guère utiliser, car depuis Kant, il est moral de considérer que "la personne doit partout et toujours être considérée comme une fin et jamais comme un moyen" et l'inverse (que la personne est faite pour se mettre au service de ce qui est plus grand qu'elle), Kant nous l'a fait considérer, monstrueusement, comme immoral. Saint Paul ne s'embarrassait pas de ce personnalisme là. Pour lui il faut que "nous soyons au service les uns des autres". C'est ce service qui nous sauve. Paul pense comme Isaïe. Et Kant nous écarte de la tradition biblique d'une manière décisive.
Quant au Christ ? Le Christ est encore plus radical : "Celui qui veut gagner sa vie la perdra" (Lc 9, 24).
Merci d'être "revenu" et bravo pour le succès de Jeanne d'Arc. J'espère que les jeunes générations seront nombreuses. Ménagez-vous un peu, monsieur l'abbé; on tient à vous garder en forme. A bientôt.
RépondreSupprimerWilly