La consécration commence en silence par un grand signe d'invocation qui se termine par le baiser de l'autel, comme pour nous rappeler que la prière ne consiste pas d'abord en paroles, que devant l'infini divin, elle est avant tout une attitude, qu'elle commence par une inclination muette, que, comme dans toute communication sentie, le langage du corps précède le langage des lèvres et en conditionne la sincérité . Florus de Lyon en devient éloquent : "Clamat sacerdos cum Ecclesia non voce sed corde" Le prêtre crie avec l'Eglise, non par la voix mais par le coeur, et il s'adresse immmédiatement au Père très clément, en lui demandant sa miséricorde.
La mention de l'Eglise est très importante sous la plume de Florus : clamat sacerdos. Le prêtre crie, mais il n'est exaucé, dans ce vertigineux parcours d'éternité, que parce qu'il crie avec l'Eglise, selon les mots qu'elle lui met dans la bouche, les attitudes qu'elle lui commande et les rites qu'elle lui enseigne. Il n'y a sacrifice agréable à Dieu que parce que c'est le sacrifice de l'Eglise, que l'Eglise prend son prêtre avec elle, parce que c'est elle qui a réuni le sacrifice de l'hommme d'abord, haec dona : en cela, nous l'avons dit, elle est experte en humanité. Mais elle a fait de ces dons des offrandes (munera), en les unissant au sacrifice du Christ. Et c'est elle, qui, avec le trésor de grâce des sept sacrements, a la garde du Sacrifice parfait : haec sancta sacrificia, que le Christ lui a donné lorsqu'il a recommandé à ses apôtres de "faire ceci en mémoire de lui".
Le mot "saint" désigne toujours une réalité divine. Le sacrifice de l'Eglise, sacrifice de l'homme, est un ensemble de dons, qui valent ce que valent les hommes qui les ont offerts, mais ce qui fait de ce sacrifice quelque chose d'infiniment précieux et de proprement irremplaçable, insubstituable, ce n'est pas seulement que c'est le sacrifice divin : c'est le sacrifice qui divinise les dons et les offrandes des hommesen les fondant dans ces"saints sacrifices sans tâche". Le neutre pluriel, sancta sacrificia, indique que l'unique sacrifice du Christ s'est multiplié en autant d'offrandes (munera) qu'il y a de dons (dona) faits par l'homme et divinisés "par le Christ notre Seigneur"..
Et si l'Eglise supplie par la bouche de son prêtre la Miséricorde de Dieu de recevoir ce sacrifice parfait, ce n'est pas parce qu'il est parfait - il n'y aurait pas à supplier pour cela - mais parce que venant de l'Eglise, si souvent trop humaine, il comporte les dons que l'homme apporte humblement comme "ce qui manque à la passion du Christ" ainsi que parle saint Paul, ces "hosties vivantes" unies à l'unique hostie, Jésus Christ ressuscité.
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