mercredi 5 octobre 2011

Etrange violence : l'abbé de la dernière cartouche

Que s'est-il passé dans l'esprit de l'abbé de Cacqueray ?

Le 12 septembre dernier, il publiait un texte sous sa signature, dans lequel la théologie se mariait assez volontiers avec l'outrance. Dès le 12 septembre, sur ce blog, j'ai proposé à mon cher cousin cinq arguments qui me paraissaient montrer de façon péremptoire que de même que les JMJ de Madrid n'avait à peu près rien à voir avec les JMJ de Denver, de même le sommet inter-religieux Assise III convoqué par Benoît XVI en octobre 2011 ne s'identifiait en rien avec Assise I, convoqué en 1986 par Jean Paul II. Je proposais cinq points. L'abbé de La Rocque, reconnaissant sa pensée en difficulté, a produit une réponse à ma réfutation dans L'Hermine du mois d'octobre. Elle est en trois points. Il me semble y avoir répondu sous le titre Megabuzz. Beaucoup de fidèles de la FSSPX, en particulier sur leur Forum Fecit, ont été sensibles à cette réfutation de l'abbé de La Rocque, qui était en même temps une défense d'Assise III.

Mais, depuis, je n'ai pas eu un mot de l'abbé de La Rocque. Encore moins de l'abbé de Cacqueray. Etrange silence.

L'un et l'autre considèrent peut-être que le temps du logos est terminé. Vient le temps du scandale. J'annonce cette nouvelle en me fondant sur le Forum Fecit, quitte à ce qu'il y ait confirmation par des instances mieux habilitées. Je souhaite bien sûr que ce texte soit un faux. En voici l'extrait le plus significatif. L'abbé de Cacqueray explique qu'à l'occasion de la saint François d'Assise (4 octobre), il va demander pardon pour le péché d'Assise. Voici son projet :
"- En réparation de la convocation de la célébration de la scandaleuse réunion interreligieuse d’Assise qui aura lieu le 27 octobre prochain et pour obtenir de Dieu que cette réunion n’ait pas lieu, le district de France fera célébrer mille messes.
- En réparation des 33 représentations blasphématoires contre la Passion de Notre Seigneur dont la programmation a été confirmée dans différentes villes de France et pour obtenir de Dieu qu’elles n’aient pas lieu, le district de France fera célébrer 330 messes.
- En outre, chaque prieuré du district de France célébrera une messe publique de réparation et chaque prêtre célébrera également une messe de réparation.
Nous invitons instamment tous les catholiques à entrer dans cet esprit d’expiation, de pénitence et de réparation de ces terribles péchés publics".
Il me semble intolérable de mettre l'acte que va poser le pape à Assise le 27 octobre sur le même plan que des sacrilèges comme le Pisschrist ou comme ces représentations théâtrales au cours desquelles, à l'occasion d'un picnic, on joue avec des rondelles de carton blanc représentant des hosties.

Intolérable parce que l'abbé de Cacqueray et son staff, ayant publié leur avis "théologique", n'ont pas été capables de répondre posément à mes critiques fondées et ont finalement choisi le silence de la raison et les canons de la déchirure.

Intolérable parce que tous les prieurs du District de France sont sommés de s'associer par une messe publique à cette mascarade. Les pauvres !

Attention ! A traiter le pape de scandaleux, selon le bon vieux principe de l'arroseur arrosé, c'est l'insulteur qui devient lui-même un scandale. Quant au scandale qu'il déclare éprouver, parce qu'il refuse de le fonder en raison, parce qu'il est inaccessible à la discussion raisonnable, on peut le suspecter d'être ce que l'on appelait naguère au séminaire d'Ecône, d'après le bon vieux Prümmer un scandale pharisaïque.

J'avoue que je ne voyais pas d'explication à cette violence. Et puis je me suis rappelé deux textes de l'abbé de Cacqueray publiés en avril 2008 et toujours en lecture sur la Porte Latine. Je les offre à mes lecteurs. il me semble qu'ils expliquent beaucoup de chose. L'abbé de Cacuqeray lui-même déclare, après avoir écrit ces textes que vous allez lire, que ces apologues, qui, selon lui, sont des considérations sur la Providence, ont motivé son engagement dans la FSSPX. Par les temps qui courent, je crains que, se prenant soudain pour le meilleur tireur, il se soit d'abord tiré une balle dans le pied... Mais jugez-en vous-mêmes, je reproduis ici ses textes, qui prennent une tonalité cruelle à la lumière de l'événement, mais je vous les offre tels qu'ils sont sur la Porte latine, à la virgule près, sans en changer une ligne :
Les deux apologues de la Dernière cartouche

Premier apologue
Au soir de cette journée, les chasseurs venaient de renverser leurs étuis : il ne leur restait plus qu’une unique et dernière cartouche. Tout naturellement, ils la remirent à celui d’entre eux qui était le meilleur fusil. En temps habituel, aucun n’aurait assurément reconnu cette supériorité de l’un d’entre eux sur les autres. Mais l’heure était suffisamment grave pour que beaucoup de sentiments d’amour-propre disparussent d’eux-mêmes. A ce dernier coup de feu, bientôt tiré, se trouverait en effet suspendue la survie de toute la population. Voilà des mois qu’ils combattaient une bête maléfique qui dévastait leurs habitations et, du cercle des chasseurs qu’ils formaient, il n’en était pas un qui ne pleurait quelque membre de sa famille emporté dans la gueule du monstre. Ils savaient, puisqu’ils avaient épuisé leur poudre, qu’ils y passeraient tous si la dernière cartouche manquait sa cible.
Ils n’avaient pas hésité à désigner leur champion. Mais aucun d’eux ne pouvait s’empêcher de penser qu’avec cette dernière cartouche, c’était aussi sa vie et celle de tous les siens qui se trouvait remise entre les mains d’un seul homme ! Ils se le chuchotaient entre eux et leur inquiétude montait. Chacun pensait intensément- car aucun n’était inexpérimenté dans l’art de la chasse ni ne manquait d’une réelle connaissance du terrain- au choix du meilleur affût pour se poster, de l’instant le plus favorable du jour, pour ce coup qu’il restait à tirer.
Tandis que les nouvelles les plus sombres des horreurs commises par la bête continuaient de leur arriver, certains estimèrent nécessaire de donner à leur camarade, en plus de la dernière cartouche, leurs avis et vives recommandations. Ce fut un brouhaha d'opinions divergentes. Plusieurs, conscients des ravages opérés par la bête, alors même qu’on était encore en train de réfléchir et de parler, plaidaient pour qu’on ne perdît plus de temps et que l’affrontement, de toute façon inévitable, eût lieu au plus vite. D’autres, non moins justement, rétorquaient qu’à se précipiter sans avoir pris le temps de choisir le meilleur guet, le coup serait manqué et la population entière définitivement livrée à la bête. La discorde augmentait leur peine. Voilà que ceux qui devaient combattre un si grand ennemi commun se retrouvaient, à l’heure la plus grave, presque fâchés entre eux.
Les premiers se tournaient vers leur champion et le sommaient de courir sus à la bête sans plus attendre. Les autres le retenaient par la manche et lui reprochaient de penser à partir au combat sans plus de réflexion. Ils ne semblaient pas s’apercevoir que par leur désunion, le ton de leur querelle et cette soudaine appréhension, ils lui faisaient endurer deux combats au lieu d’un seul, au risque de le voir arriver affaibli pour le duel décisif.
Mais lui, conscient et même compréhensif de leur mélange de méfiance et de confiance, écoutait leurs avis et en retenait le meilleur. Il savait, depuis qu’ils avaient fait ce geste de lui remettre leur dernière cartouche et depuis qu’elle était bien passée de leurs mains dans les siennes, que, à un instant donné qui ne manquerait pas de survenir, c’est lui et lui seul qui se retrouverait devant la bête, face à face, et lui seul qui appuierait sur la gâchette.
Chasseurs ! Si vous les croyez justes, donnez tous vos conseils de chasseur à votre champion mais prenez garde cependant de ne pas l’accabler ! Il vous est évidemment difficile de remettre votre vie entre les mains de l’un des vôtres mais souvenez-vous -c’est ainsi- qu’une cartouche n’est jamais tirée que par un seul homme.

Deuxième apologue
Lorsque son étui est bien garni, le fier chasseur ne regarde pas à ses cartouches. Il se saisit impatiemment de chacune puis, qu’elle ait ou non atteint sa cible, c’est toujours son fusil, puisque la cartouche n’est plus là pour l’entendre, ou qu’il gronde ou qu’il congratule ; ce n’est jamais la cartouche.
Mais, lorsqu’au soir de la journée, il ne lui reste plus que la dernière, voyez donc comme il la regarde, comme il la traite avec respect, comme il la polit entre ses mains ! On dirait que d'être sa dernière l'a comme transfigurée à ses yeux, qu’elle en a brusquement reçu un surcroît d’être qu’elle ne possédait pas, qu’elle mérite désormais les plus grands égards. Sans doute veut-il la tirer mais il veut encore moins la gaspiller ! Alors que le crépuscule descend, il pense qu'elle seule pourra lui procurer le couronnement de sa journée et l’ovation de ses pairs.
Le chasseur veut donc - et pour cause !- ne tirer qu’"à coup sûr". Mais, à dire vrai, qul est le sens de cette expression ? Ne signifie-t-elle pas qu’il faut seulement tirer lorsqu’il n’y a plus aucune chance de manquer la bête maléfique ? Cependant est-ce jamais possible ? Y a-t-il un chasseur sans faiblesse et un fusil sans défaut à qui le triomphe soit garanti ?
S’il ne reste au dernier des chasseurs qu’une dernière cartouche pour tuer la bête maléfique, avant la tombée de la nuit, chacun comprend que le chasseur, les autres chasseurs et la population ne risquent la mort que pour deux motifs possibles. Il est certain qu’ils mourront si la cartouche n'est pas tirée à la nuit tombée. Ils mourront également si elle est tirée mais qu’elle manque la bête. N’apparaît-il donc pas qu’il vaut encore mieux se risquer à tirer plutôt que de ne pas tirer ?
Cependant, cette certitude, au yeux du détenteur de la dernière cartouche, ne constitue pour autant qu’un premier principe de sa stratégie. Il sait bien qu’elle ne le dispense nullement de se mettre en quête de toutes les circonstances qui rendront, lorsqu’il tirera, son âme paisible, parce que son coup, prudemment et parfaitement calculé, sera un coup de maître.

Comme illustration de ces deux apologues.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, il semble que la dernière cartouche qui doive être tirée sur l'hydre moderniste soit la Fraternité Saint-Pie X.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche n’est jamais tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche est mal tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, la Fraternité Saint-Pie X est cette dernière cartouche qui sera tirée, depuis le bon affût et à l’instant convenable, et elle tuera la bête.
C'est à la lumière de telles considérations sur la Providence que nous avons donné notre confiance à la Fraternité.

Suresnes, Avril 2008
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier, 
Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X.

8 commentaires:

  1. La violence vient toujours quand on n'arrive plus à dire.
    Se trouvant démuni (plus de munitions) effectivement, on brûle sa dernière cartouche.
    Avec outrance, éclat et déraison.
    Mais la dernière cartouche est mouillée. Elle va faire flop. Car la sagesse constate avec apitoiement le fossé ontologique qui sépare les deux causes de la colère de M. l'abbé de Cacqueray.
    Espère-t-il récupérer les siens avec la deuxième cause pour mieux faire passer la première ?
    Plutôt que de fustiger, de tirer, de condamner, il serait salutaire de se situer dans le Bien, dans la charité, dans le constructif.
    L'ivraie tant pis : la laisser pousser avec le bon grain, encore faudrait-il en produire soi-même, de ce bon grain, plutôt que de s'acharner avec obstination contre les oeuvres du diable. Croit-il qu'il pourra les détruire ? seul le Christ le peut. Qu'il lui en laisse le soin. Qu'il déserte ce terrain miné. Qu'il aille habiter d'autres lieux, ceux de la Foi qui construit, de la Charité qui met du baume et
    - surtout pour son compte - de l'ESPERANCE qui voit LOIN, les horizons du Salut promis à tout homme de bonne volonté, pas à l'homme rempli de colère, une colère qui lui trouble l'entendement, aveugle son jugement, laisse la place trop belle à l'orgueil : c'est dépasser les bornes que d'offrir le sacrifice de la Messe à la place du Christ pour "réparer" Assise III ! convoquer le Christ pour réparer ce que le Christ Lui-même s'apprête à ensemencer par le feu de son Esprit. toujours nouveau, toujours surprenant (et déstabilisant, c'est vrai.)
    De plus, c'est de mauvais goût, comme souvent l'orgueil.
    Ils n'ont pas besoin de ça, ses agneaux, ses brebis, son pauvre staff !

    RépondreSupprimer
  2. Qui veut faire l’abbé-sachant-chasser fait la bête…
    Que dire devant un tel aveuglement ?
    Prions pour que ces mille messes rendent à l’abbé de Cacqueray et à la FSSPX l’assise spirituelle qu’ils ont perdue, et qui passe, aujourd’hui comme hier, par l’humilité et la confiance en notre sainte mère l’Eglise.

    RépondreSupprimer
  3. Juste une petite question sans vouloir ergoter, qui est peut-être naïve: Monsieur Tartempion annonce qu'il se rendra telle semaine au chef-lieu de canton. Son curé connait les faiblesses passées du personnage, il a tout lieu de penser que Tartempion, au chef-lieu, succombera à la tentation de gloutonnerie et commettra pêché.

    Cependant, où réside le péché? Quand Tartempion annonce son départ pour le chef-lieu, pèche-t-il déjà?

    Ou alors, s'inquiète-t-on du péché probable... mais non encore commis? Et dans ce cas: Peut-on réparer un péché avant qu'il n'advienne, ni même que que l'intention en soit annoncée?

    RépondreSupprimer
  4. Halte à la parano! Si ça se trouve, c'est une simple faute de frappe - et l'abbé de Cacqueray ne lance pas des messes de réparation mais bien plutôt de préparation. Reconnaissez qu'il est là dans son rôle, de prier pour que des dérives n'aient pas lieu, et non pas pour 'réparer' celles qui pourraient advenir.

    Remercions déjà l'Abbé de Cacqueray: si Assise III se passe bien, sans kryptosyncrétisme ni abus regrettables, ce sera aussi de son fait.

    RépondreSupprimer
  5. M. l'abbé de Cacqueray ou le bon et le mauvais chasseur à la galinette cendrée

    RépondreSupprimer
  6. Il est temps de faire confiance à sa sainteté Benoit XVI qui, comme toujours, adoptera l'attitude suivante : 1. comprendre la position de son adversaire en vue de gagner son affabilité. 2. Faire évoluer le même adversaire vers la VERITE par un effort de l'intelligence. Notre Saint Père a réalisé cela en Allemagne devant les protestants! C'est ainsi que saint Thomas d'Aquin a procédé dans la Somme théologique, il ouvrait chaque article par les objections pour ensuite les vider de leur pertinence.

    RépondreSupprimer
  7. Mais pour qui se prend-il ?!
    Comment la honte ne l'étreint-elle pas ?!
    Quel orgueil...

    RépondreSupprimer
  8. Face à un tel orgueil et entètement prions notre très Sainte Mère en ce mois du rosaire pour l'unité des chrétiens ( se chamaillant pour de puériles jalousies envers notre Saint-Père ) face à la montée d'un islam radical qui ne connait pas la miséricorde !!

    RépondreSupprimer