Je vous ai promis de vous emmener dans Isaïe méditer la beauté de la Parole de Dieu et reconnaître chez ce Grand Prophète des accents qui sont déjà ceux de l'Evangile. Vous trouverez en sus une poésie vigoureuse, qui prend son inspiration dans le drame politique que vit Israël (le Royaume du nord). Nous sommes autour de 750 avant Jésus-Christ. Le pays est coincé entre deux empires prédateurs, l'Assyrie de Téglat-Phalasar III, de Sargon II et de Sénnachérib et Babylone, puissance montante qui s'affirmera au siècle suivant. Les sages et les politiques n'ont rien trouvé de mieux que de s'allier à l'Egypte pour essayer de faire face. ce faisant, ils se signale à l'attention de leur puissant voisin, qui n'en fera qu'une bouchée, sans que l'Egypte, puissance déclinante, ne bouge une oreille pour protéger son allié.
Ce qui est extraordinaire avec Isaïe, c'est que, certes, il annonce des catastrophes (qui se produiront d'ailleurs), mais ce n'est pas un exalté. Sa voix est celle de la raison politique. C'est un notable, ami des rois successifs (enfin : de certains au moins). Il n'a que suspicion pour la caste des prophètes, ces irresponsables qui glapissent leur vaticination. Il ne se gêne pas avec ses "confrères" en prophétie : "Yahvé a coupé la tête et la queue, la palme et le jonc, en un seul jour. L'ancien et l'homme respecté, c'est la tête. Le prophète, maître d emensonge, c'est la queue" (9, 13-14). Inutile de vous dire qu'il se place lui-même du côté de l'ancien et de l'homme respecté ! Isaïe croit trop aux valeurs de sa race pour jouer la carte de la démocratie prophétique... N'abordez pas Isaïe avec à l'esprit le cliché romantique du Prophète. Vous ne comprendriez pas son texte !
Le relisant, je suis tombé en arrêt sur le deuxième verset, avec son emploi intransitif du verbe savoir : "Israël ne sait pas. Mon peuple ne comprend pas". Isaïe est tellement peu romantique, que malgré la puissance des images poétiques dont il se sert, ce qu'il nous apporte avant tout c'est une science, ou un savoir si vous voulez, et ce qu'il déplore, c'est notre ignorance. Ne serait-ce qu'en cela, Isaïe est en plein dans notre effort d'Avent, effort de concentration, d'appréhension des réalités spirituelles, de connaissance.
Mais de quelle connaissance s'agit-il ? Le temps est loin où les hommes d'Eglise jouissaient du quasi-monopole de la science, où Copernic était chanoine et Galilée ami personnel du pape. De toutes façons, dans Isaïe, il ne s'agit pas de cette connaissance-là. Aujourd'hui, les sciences se multiplient, les techniques sont toujours plus performantes selon une loi d'accumulation des savoirs qui entraîne un progrès automatique dans la maîtrise de l'Univers, dans la connaissance de son histoire. Ce n'est bien sûr pas de ces sciences là que nous entretient Isaïe. Ce n'est pas cette ignorance-là qu'il songe à déplorer.
La science dans laquelle les intellectuels sont souvent encore moins forts que les autres, c'est la science de la vie, la connaissance de notre destinée. Nous n'avons pas de vrai savoir concernant ce que nous avons à faire, ce pour quoi nous sommes là, ce qui est bien, ce qui est mal. Comment sortir de notre ignorance congénitale ? Comment franchir "le voile d'Ignorance" qui limite notre destin ? Cette science ne vient pas de nous-mêmes. Elle ne se découvre pas par je ne sais quelle introspection. Elle se reçoit de Dieu.
Mais de quelle façon ? Faut-il attendre que Dieu me tape sur l'épaule ? Faut-il une bonne discussion préalable avec mon ange gardien ? Pas du tout. Cette science qui nous est donné, sans que nous soyons capables de l'acquérir par nous-mêmes, c'est la parole de Dieu : "Le Seigneur a envoyé une parole en Jacob, elle est tombée en Israël. Tout le peuple saura" (9, 7-8). Manifestement, neuf chapitres plus tard, Isaïe, écrivant devant Dieu, se répond à lui-même. Cette ignorance native de l'homme, seul Dieu peut y mettre fin, il le fait par sa Parole. Il faut la scruter. il faut en vivre. il faut lire et relire l'Evangile d'abord et tout ce qui dans la Bible nous parle du salut apporté par Jésus-Christ. C'est cela qui nous protègera de l'ignorance abyssale dans laquelle nous sommes, cela seulement. C'est cette parole donnée par Dieu qui permet au Prophète d'écrire : "On ne fera pas de mal, on ne détruira pas sur toute ma sainte Montagne [Jérusalem], car le Pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux recouvrent la surface de la mer" (11, 9).
"Travailler à bien penser, telle est la source de la morale" disait Pascal. Il est du même avis qu'Isaïe ! Nous avons fait de la pensée une ressource purement intellectuelle. Nous avons oublié que c'était d'abord l'intelligence de la vie. Il faut que nous nous ressaisissions, que nous retrouvions cette intelligence de notre propre vie, que nous la retrouvions dans la méditation de la Parole de Dieu, rien de moins. Et nous nous rendrons compte qu'en définitive, nous attendions cette science comme "la surface de la mer" attend la mer, pour prolonger la métaphore d'Isaïe.
Loin de se plaquer sur nos vie de l'extérieur, à la manière des idéologies, qui sont autant de lits de Procuste pour nos existence, la connaissance de Dieu et de son dessein de salut nous fera rentrer dans notre propre existence en y introduisant la lumière. Nous verrons cela... demain mercredi.
Ce qui est extraordinaire avec Isaïe, c'est que, certes, il annonce des catastrophes (qui se produiront d'ailleurs), mais ce n'est pas un exalté. Sa voix est celle de la raison politique. C'est un notable, ami des rois successifs (enfin : de certains au moins). Il n'a que suspicion pour la caste des prophètes, ces irresponsables qui glapissent leur vaticination. Il ne se gêne pas avec ses "confrères" en prophétie : "Yahvé a coupé la tête et la queue, la palme et le jonc, en un seul jour. L'ancien et l'homme respecté, c'est la tête. Le prophète, maître d emensonge, c'est la queue" (9, 13-14). Inutile de vous dire qu'il se place lui-même du côté de l'ancien et de l'homme respecté ! Isaïe croit trop aux valeurs de sa race pour jouer la carte de la démocratie prophétique... N'abordez pas Isaïe avec à l'esprit le cliché romantique du Prophète. Vous ne comprendriez pas son texte !
Le relisant, je suis tombé en arrêt sur le deuxième verset, avec son emploi intransitif du verbe savoir : "Israël ne sait pas. Mon peuple ne comprend pas". Isaïe est tellement peu romantique, que malgré la puissance des images poétiques dont il se sert, ce qu'il nous apporte avant tout c'est une science, ou un savoir si vous voulez, et ce qu'il déplore, c'est notre ignorance. Ne serait-ce qu'en cela, Isaïe est en plein dans notre effort d'Avent, effort de concentration, d'appréhension des réalités spirituelles, de connaissance.
Mais de quelle connaissance s'agit-il ? Le temps est loin où les hommes d'Eglise jouissaient du quasi-monopole de la science, où Copernic était chanoine et Galilée ami personnel du pape. De toutes façons, dans Isaïe, il ne s'agit pas de cette connaissance-là. Aujourd'hui, les sciences se multiplient, les techniques sont toujours plus performantes selon une loi d'accumulation des savoirs qui entraîne un progrès automatique dans la maîtrise de l'Univers, dans la connaissance de son histoire. Ce n'est bien sûr pas de ces sciences là que nous entretient Isaïe. Ce n'est pas cette ignorance-là qu'il songe à déplorer.
La science dans laquelle les intellectuels sont souvent encore moins forts que les autres, c'est la science de la vie, la connaissance de notre destinée. Nous n'avons pas de vrai savoir concernant ce que nous avons à faire, ce pour quoi nous sommes là, ce qui est bien, ce qui est mal. Comment sortir de notre ignorance congénitale ? Comment franchir "le voile d'Ignorance" qui limite notre destin ? Cette science ne vient pas de nous-mêmes. Elle ne se découvre pas par je ne sais quelle introspection. Elle se reçoit de Dieu.
Mais de quelle façon ? Faut-il attendre que Dieu me tape sur l'épaule ? Faut-il une bonne discussion préalable avec mon ange gardien ? Pas du tout. Cette science qui nous est donné, sans que nous soyons capables de l'acquérir par nous-mêmes, c'est la parole de Dieu : "Le Seigneur a envoyé une parole en Jacob, elle est tombée en Israël. Tout le peuple saura" (9, 7-8). Manifestement, neuf chapitres plus tard, Isaïe, écrivant devant Dieu, se répond à lui-même. Cette ignorance native de l'homme, seul Dieu peut y mettre fin, il le fait par sa Parole. Il faut la scruter. il faut en vivre. il faut lire et relire l'Evangile d'abord et tout ce qui dans la Bible nous parle du salut apporté par Jésus-Christ. C'est cela qui nous protègera de l'ignorance abyssale dans laquelle nous sommes, cela seulement. C'est cette parole donnée par Dieu qui permet au Prophète d'écrire : "On ne fera pas de mal, on ne détruira pas sur toute ma sainte Montagne [Jérusalem], car le Pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux recouvrent la surface de la mer" (11, 9).
"Travailler à bien penser, telle est la source de la morale" disait Pascal. Il est du même avis qu'Isaïe ! Nous avons fait de la pensée une ressource purement intellectuelle. Nous avons oublié que c'était d'abord l'intelligence de la vie. Il faut que nous nous ressaisissions, que nous retrouvions cette intelligence de notre propre vie, que nous la retrouvions dans la méditation de la Parole de Dieu, rien de moins. Et nous nous rendrons compte qu'en définitive, nous attendions cette science comme "la surface de la mer" attend la mer, pour prolonger la métaphore d'Isaïe.
Loin de se plaquer sur nos vie de l'extérieur, à la manière des idéologies, qui sont autant de lits de Procuste pour nos existence, la connaissance de Dieu et de son dessein de salut nous fera rentrer dans notre propre existence en y introduisant la lumière. Nous verrons cela... demain mercredi.
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