samedi 17 décembre 2011

Notre nouveau nom : ultra

Jusque là nous étions des «traditionalistes» ou des «intégristes». Nous-mêmes (nous, les catholiques attachés au rite ancien de la messe), nous nous nommions «traditionalistes» quelle que soit notre chapelle ou notre paroisse, et les grands médias reprenaient ce terme. Quand ils voulaient nous stigmatiser ils utilisaient «intégristes».

Les catholiques conservateurs entretenaient un distinguo plus subtil: ils réservaient «traditionalistes» pour les intégristes en union juridique avec Rome. Les autres traditionalistes (de la FSSPX par exemple) étaient des «intégristes». Voyez Isabelle de Gaulmyn, qui dans La Croix nommait intégristes... «les catholiques se proclamant hors Église, schismatiques». Je ne suis pas certain que nos coreligionnaires de la Fraternité Saint Pie X se soient jamais proclamés hors de l’Eglise, ni schismatiques. Mais ne boudons pas notre bon plaisir: dans cet article d’il y a déjà près de deux ans, Isabelle de Gaulmyn reconnaissait déjà que «c’est beaucoup plus compliqué».

Il fallait trouver autre chose, et justement est apparu «ultra-catholique». C’est encore Isabelle de Gaulmyn qui nous en parle, et son nouvel article est comme la suite de l’ancien. Elle note que «l’expression fait fureur depuis quelques semaines»: de fait, voyez Jean-Marie Guénois (Le Figaro – «Les ultras-catholiques ont-il pris le dessus?»), voyez Stéphane Thépot (Le Monde - «Ultra-catholiques et médias»), voyez Le Nouvel Observateur, L’Express ou Le Point. C’est certes au sujet des pièces blasphématoires, mais je parie que le terme restera et se généralisera dans la langue médiatique, parce qu’il est facile, qu’il emprunte à la sociologie (c’est leur domaine) plus qu’à la foi, et qu’étant neutre (intégriste ne l’était pas) il n’enferme pas le journaliste dans une acrimonie qui relève d’un combat qui n’est pas forcément le sien.

8 commentaires:

  1. Certes, mais vous oubliez qu'en France le terme "ultra" est historiquement connoté. Il fait référence aux ultras royalistes de l'époque de la Restauration. Autant dire que pour le commun ce n'est pas un qualificatif sympathique (voir les manuels de l'enseignement secondaire du genre Malet-Isaac pour qui les ultras sont l'abomination de la désolation). Dans la vulgate républicaine il y a des mots repoussoirs : ultra, ordonnances (de Charles X), Véto (de Louis XVI), sacrilège (lois dites du "sacrilège" de Charles X)etc.. Pour disqualifier définitivement quelqu'un rien de tel que de le traiter d'ultra : par exemple on dira de X.. qu'il est un ultra-sarkosyste).

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  2. Cher Webmestre,

    Quand, corrigeant l'erreur de la journaliste de "la croix", vous écrivez n'être pas certain que "nos coreligionnaires" de la Fraternité sacerdotale saint Pie X se soient jamais proclamés non catholiques ni chismatiques, vous commettez une erreur de perspective. Ce n'est pas à eux de se proclamer catholiques, c'est à l'eglise de reconnaître qu'ils le sont. Or la FSSPX inverse la charge de l'authentification: elle devient le décernant, non celle à qui l'on décerne. Elle fait plus que de se substituer à l'autorité romaine, j'apprends d'hier via le FC que mgr Lefèbvre a qualifié la rome de son temps d'antichrist. Il s'est bien gardé de sombrer dans le sédévacantisme, mais entre déclarer que l'eglise est gouvernée par un antipape ou que le pape est un antichrist, il y a une subtilité qui est très légère. J'en suis encore tout retourné. Comment, dans ces conditions, peut-on avoir donné sa foi à mgr Lefèbvre, un évêque qui soupçonnait le pape d'être antichrist ?Mais surtout, il me semble que ce que devrait exiger l'autorité romaine de la FSSPX, c'est beaucoup moins qu'elle reconnaisse le concile que les prêtres qui veulent revenir dans le giron maternel de l'eglise ne prêtent le serment qu'ils ne tiennent pas ou plus le pape pour un antichrist, qu'ils respectent sa personne et s'engagent à considérer avec bienveillance toutes leurs initiatives ou intentions, continueraient-ils de se réserver un droit à une saine critique du concile.

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  3. Notre époque ne lit plus les Malet-Isaac, pas plus qu'elle ne lit la Semaine de Suzette - même si on trouve encore de vieux exemplaires.

    Aujourd'hui ULTRA existe surtout dans des expressions telles qu'ULTRA plat ou ULTRA blanc.

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  4. Cher Julien! Vous nous dites, en substance, que des schismatiques n'ont pas à se proclamer eux-mêmes catholiques. Bien. Mais en l'occurrence, ce qu'Isabelle croyait observer, c'est le contraire. Ce sont des «catholiques» (c'est elle qui le dit) que se seraient proclamés «hors Église, schismatiques». L'assertion est extravagante.

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  5. Cher webmestre,

    Vous m'aurez mal compris ou je me serai mal exprimé. Je ne traite pas les fidèles de la FSSPX de chismatiques, ce sont eux qui, via mgr Lefèbvre qu'ils ne démentent pas, traitent le pape d'antichrist, ce qui est extravagant, non pas en soi, mais quand on veut retrouver la pleine communion de l'eglise catholique, c'est-à-dire avec le pape, coomme aussi de la foi.

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  6. Cher Julien, vous nous dites en gros que les fidèles de la FSSPX seraient hors Église, schismatiques. C'est votre opinion. Bien.

    Maintenant, lisons ce que nous dit Isabelle de Gaulmyn: elle nous dit que les fidèles de la FSSPX se proclament «hors Église, schismatiques». Tandis qu'elle-même les qualifie de «catholiques».

    Je dis qu'il y a là une inversion.

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  7. Cher webmestre,

    Je n'en fais pas une affaire, comment dire, non pas personnelle, mais subjective. Autrement dit, je ne dis rien du tout. Voici les faits. Sur le Forum catholique, a été mise en ligne une conférence de mgr Lefèbvre dans laquelle il traite ses interlocuteurs romains d'antichrist. A chacun d'en tirer les conséquences subjectives qu'il veut et de se faire une opinion. La mienne (et là, je recommence à parler, je remets ma subjectivité en avant) n'est pas que les fidèles de la FSSPX sont des chismatiques, n'est pas qu'ils sont des antichrist, n'est pas qu'ils sont des diables, mais est qu'ils diabolisent, qu'ils manquent de respect au pape et que ce qu'on devrait exiger d'eux avant toute réintégration dans la pleine communion avec Rome (je ne dis pas dans l'eglise catholique, pour ne pas laisser s'enliser le débat sur le "dans" ou "hors de" l'eglise), ce serait, non pas qu'ils acceptent le vingt et unième concile oecuménique de vatican II, car on ne peut pas forcer les consciences au nom de la "liberté religieuse" que l'on promeut par ailleurs; mais qu'ils retrouvent le respect élémentaire envers le souverain pontife et la piété filiale, en privé comme en public, toute critique pouvant être émise à partir de ce "préalable", non littéral, mais spirituel. Or pour manifester ce respect, ils devraient désavouer cette opinion de mgr Lefèbve que la rome moderne, et pourquoi pas le pape tant qu'on y est, "ce sont des antichrist".

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  8. Julien, mais bien évidemment! Mgr Lefebvre a, au long de sa longue vie, beaucoup parlé, et fait des déclarations... parfois surprenantes, parfois contradictoires. On peut donc collationner un ensemble de déclarations pour montrer qu'il ne voulait pas sacrer d'évêques (mais alors pourquoi l'a-t-il fait?), ou pour montrer qu'il était sédévacantistes (mais alors pourquoi ne l'était-il pas?) -- Plus sérieusement, je crois que ce qui compte, c'est la ligne générale d'une personne. Cette ligne peut être étroite (le type dit toujours la même chose) ou plus large (le type dit un coup un peu plus à droite, un coup un peu plus à gauche). -- Et la ligne de Mgr Lefebvre, clairement, ce n'est pas de voir dans le pape un antichrist. -- Reste que ces paroles ont été prononcées: c'est l'honneur de la FSSPX que de ne pas les mettre en avant.

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