lundi 31 octobre 2011

Quelques éléments de réponse pour l'abbé Grosjean

Monsieur l'abbé, je n'ai pas l'honneur de vous connaître personnellement mais j'ai lu votre prise de position sur le Forum catholique, à propos de la pièce Sur le concept de visage du Christ. Vous avez tenu à vous démarquer des catholiques qui condamnent ce spectacle. Pour vous, on ne peut condamner que ce que l'on a vu, et après avoir vu cette pièce, vous la trouvez utile à la réflexion et même favorisant une attention au christianisme.

Il faut tout de même souligner que la pièce que vous avez vue est une pièce expurgée par son auteur. Toute la deuxième partie du spectacle au cours de laquelle des enfants lancent des grenades sur le visage du Christ, n'est pas reprise aujourd'hui. Elle n'est pas présente - et pour cause - dans le Compte rendu qu'en fait Myriam Picard. Trop agressive, trop ouvertement antichrétienne a dû penser l'auteur, Roméo Castellucci, qui, par ailleurs, se répand sur France info en expliquant avec la plus parfaite hypocrisie qu'il n'est en rien hostile au christiansme. Cette correction subreptice indique bien et la tendance profonde de son auteur et l'intention qui a dominé la rédaction de la pièce. cette intention est clairement blasphématoire.

Ce blasphème subjectif est-il suffisant pour interdire cette pièce ou faire en sorte qu'elle ne soit pas représentée ? Je ne le pense pas. Les chrétiens n'ont pas intérêt à faire régner une quelconque police de la pensée ou à prétendre rétablir la censure à leur profit. Du reste, l'Evangile est formel sur ce point : "Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes" (Matth. 12, 31) et encore : "Quiconque dira une parole contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné" (Luc 12, 10). Il faut souligner l'extraordinaire liberté que manifestent ces paroles du Christ. Pour être chrétien, pour avoir la foi, il faut jouir de cette liberté intérieure. Pas de grâce divine, sans liberté humaine. Je ne dis pas d'ailleurs que la liberté humaine soit nécessaire à la grâce comme un préalable (ce disant je serais excessivement moliniste) mais je dis que la grâce produit la liberté, là même où règne les addictions et l'esclavage intérieur. La grâce est cette puissance mystérieuse qui libère l'animal humain des divers conditionnements et addictions dont il est victime.

Le blasphème n'est pas un bien, mais il est pardonnable. La grâce peut toujours surabonder là où le péché abonde comme le dit saint Paul aux Romains. Mais qu'est-ce qui est impardonnable ? Qu'est-ce qui doit être interdit ? C'est le mépris des choses sacrées, c'est la tendance à considérer comme équivalent à ce qui est absolument vile tout ce qu'il y a de plus grand dans l'homme. En l'occurrence dans cette pièce, c'est l'équivalence agressive établie entre la merde et le Visage du Christ. Dieu sait, c'est le cas de l'écrire si l'art d'Antonello da Messina est éloquent ! Dieu sait si ses visages de Christ sont expressifs ! Eh bien, c'est justement ce Christ, le plus expressif qui soit, que l'on choisit pour l'imprégner de merde...

"Tout blasphème est une forme de prière" dit Castellucci quelque part pour se justifier. mais il y a dans cette pièce bien plus qu'un blasphème. il y a le refus méthodique de toute forme de sacré, de toute manifestation transcendante à l'ici et au maintenant, au caprice du moment ou à la pulsion de l'instant. Castellucci n'est pas seulement l'homme d'une négation : cela ne serait pas grave. Dieu sait si les négations ou les dénégations ne nous font pas peur à nous chrétiens, elles sont toujours des formes de déni, nous le savons. Ici, il y a bien plus : la juxtaposition et l'équivalence établie entre la merde et la beauté. Une sorte de barbarie apprivoisée que l'on devrait considérer comme fatale, et qui, bientôt peut-être, pourra devenir obligatoire au nom de la correctness.

A cet égard, la fin, l'ambiguïté entre "Tu es mon Pasteur" et "Tu n'es pas mon Pasteur" est significative : de toutes façons, nous dit l'auteur, les deux expressions se valent, car ce Pasteur, c'est... de la merde... Je vous l'ai fait voir en direct. Il ne s'agit pas seulement d'un jugement de valeur ou d'un simple blasphème. Pour Castellucci, c'est un jugement de fait. La victoire du vieillard est un fait ; la leçon que nous administre le "père" égrotant et sordide, c'est qu'il aura toujours raison de la générosité du fils putatif (ce fils qui, dans la pièce veut l'aider); Si ses organes internes, fatigués d'avoir trop merdé, ne produisent plus rien, la merde, le vieillard la répandra par bidons entiers. Le vieillard qui arrose de la merde au bidon et les enfants qui lancent leurs grenades comme des étrons sont porteurs de la même "a-vérité fondamentale" : tout vaut tout; rien ne vaut rien. Il ne s'agit pas d'un simple blasphème. C'est le nihilisme à l'état pur.

Le blocage scatologique que l'on observe dans la pièce de Castellucci ne correspond pas chez lui à une réflexion sur ce qu'est le monde, réflexion qui se serait achevée en blasphème, mais plutôt à une volonté délibérée d'inverser toutes les valeurs. Cette pièce, dans son néant psychologique, est l'apologie du sacrilège. Elle est l'expression ultime du nihilisme européen, stigmatisé par Nietzsche déjà. Son message est clair : rien n'est sacré, ni le Christ, ni la paternité du père, ni la filiation du fils. La paternité du père n'est pas sacrée parce qu'elle est dégueulasse ; la filiation du fils n'est pas sacrée parce qu'elle est impuissante. Le fils a les mains purs mais il n'a pas de mains. Il est lui-même l'image du Christ qu'il embrasse. Il ne vaut pas plus que le père et sa merde, puisqu'il ne s'impose pas à lui.

Je crois que l'on touche avec Castellucci à la vérité profonde de la célèbre formule de Hermann Hesse : "La culture sans le culte est un déchet". Si la culture n'est pas animée par un véritable culte de ce qui est sacré (indépendamment d'ailleurs de toute foi explicite), elle se détruit elle-même et devient un déchet. Elle est la grande machine à tout égaliser et à tout confondre, elle est la première pourvoyeuse de bouillie mentale à l'usage des pervers et apprentis pervers.

Je conçois, cher M. l'abbé, que ce spectacle de l'abjection et cette représentation du triomphe des déjections vous ait fait réfléchir, vous. Je conçois que ce confusionnisme puisse par réaction rappeler même aux plus matérialistes que le matérialisme est absurde et qu'à un moment ou à un autre, il se niera lui-même. Preuve qu'il ne faut pas désespérer de l'homme ! Il y a toujours un travail du négatif, comme dirait Hegel. Mais il est clair que ce dont souffre toute une génération de jeunes déculturés, ce n'est pas de telle ou telle négation, c'est de cette absence de limites dans l'universelle indifférenciation. L'idée même d'un jugement - pour ou contre - devient une idée impossible, voire absurde, comme vous le montrez vous-même malgré vous.

dimanche 30 octobre 2011

Assise: il restera la photo

J'en parlais en septembre avec un ami, fidèle de la FSSPX, qui me disait: quoique dise le pape, et quoiqu'il fasse, ce que le grand public retiendra, ce sont les images. Ce sont elles qui marquent les esprits, qui résument la situation, et qui donnent (bien plus qu'un discours) l’atmosphère. Le fait est, me disait cet ami, que le monde se souvient (pour s'en réjouir ou pour le déplorer) de tous ces leaders religieux mis sur le même plan (Assise 1986) - et il en serait de même pour Assise 2011. Même plan? et bien oui, les voici sur le même plan... photographique, de part et d'autre du pape catholique, priant devant le Saint Sacrement, au tombeau de saint François. Voici qui devrait rassurer les plus méfiants d'entre nous - ou pas?
autres images

jeudi 27 octobre 2011

Fecit fait pschitt sur Assise III

Vous connaissez sans doute le Forum Fecit, qui regroupe, avec plusieurs de leurs amis, les traditionalistes "piedistes" de stricte observance. J'y ai pris mes identifiants. Ennemond, l'un des éclaireurs du Forum, n'a pas tardé à poster un texte contre Assise III, dont je vous donne la teneur, car je crois qu'il représente tout ce qu'il ne faut pas dire sur ce geste et sur ce discours du Pape.
"Ce texte est profondément blessant. Il va à l'encontre de tout ce qu'ont écrit les papes de Grégoire XVI à Pie XII. J'espère une seule chose, c'est que le pape n'a eu que la faiblesse de le lire et qu'il ne l'a pas écrit. Ce texte attribue au fait religieux en général tout ce qu'on doit attribuer en réalité à l'unique et vraie religion.
1. Le texte explique que la religion ne serait pas source de violence. Bien entendu, c'est vrai de l'unique religion fondée par Dieu mais absolument faux des autres religions, de l'Islam par exemple dont les écrits poussent au meurtre et dont la fondation a été accompagnée de conquêtes armées et de razzias.
2. Le texte dit aussi que le "non" à Dieu a créé de la violence sans mesure. Mais il faut en réalité admettre que certaines religions développent aussi cette violence : dénuées des grâces de l’Église, elles encourageant les exactions à travers le monde car cette violence naît en réalité du non à "Jésus Christ" et du "non" à son Eglise.
3. La distinction à établir, d'après le texte, serait à faire entre la religion et l'anti-religion. Mais toute la Tradition montre au contraire que la véritable distinction doit se faire entre l'adhésion à la vérité (qui passe par l'unique religion fondée par Dieu) et le rejet de la vérité (qui concerne aussi bien les athées que le Judaïsme contemporain, l'Islam, le bouddhisme et toutes les autres religions qui éloignent les âmes de Jésus Christ et de son Église).
4. Enfin, les athées, ceux qui rejettent Dieu sont présentés comme "des pèlerins de la vérité". Comment sont-ils des pèlerins de la vérité quand ils rejettent de manière volontaire et délibérée Dieu, créateur et maître de toutes choses ?
On ne peut pas admettre ces congrès qui placent l'unique religion fondée par Dieu au même rang que des systèmes purement humains. En proposant des salles aux dignitaires de ces systèmes pour prier, à travers les rites faussés de leurs religions, l'autorité de l’Église conforte les hérétiques. Qu'ont fait dans leur salle les 4 représentants des religions locales d'Afrique et d'Asie ? Leurs coutumes animistes les ont-ils portées à prier le démon à Assise ? Qu'ont fait dans leur salle les athées si ce n'est se conforter dans la négation de Dieu puisqu'ils ne le prient pas ?
Un constat de ce texte est bien réel : Depuis 1986, il n'y a pas de paix dans le monde, signe de l'échec de ces tentatives de paix qui ne s'appuient pas exclusivement sur l'unique auteur de la paix : Jésus Christ. Puisse cet esprit d'Assise disparaître à tout jamais de l’Église !"
Je ne suis pas sûr que, pour un texte si rapidement fait, Ennemond soit autre chose que la boîte aux lettres. Oh! Je me trompe peut-être... Jugement téméraire ? Disons que ce serait un prêté pour un rendu puisque l'auteur de ce papier suspecte le pape de ne pas avoir écrit son discours. Et puis, ce ne serait pas en matière grave. Je connais la fidélité militante d'Ennemond, elle peut expliquer sa signature.

Notons d'abord qu'il faut absolument que le rédacteur de ce post place dès les premières lignes deux jugements péremptoire non étayés, qui donnent en quelque sorte la tonalité de toutes les questions subséquentes.
  • (A) le pape n'a sans doute pas écrit ce qu'il a lu. Je reconnais bien là le style "Troisième voie" que je déplorais récemment, où, pour soi-disant ménager le pape, on l'imagine "contraint" ou "inconscient". C'est dans ce but sans doute que par la suite, à propos de l'allocution de Benoît XVI, le rédacteur de ce post dit seulement "ce texte", comme s'il le jugeait abstraction faite de l'homme qui l'a prononcé. Je crois qu'il n'y a pas pire attaque. Cela nous ramène aux procès d'intention sur Paul VI. Ne vous entêtez pas dans ce chemin !
  • (B) Ce texte va "à l'encontre de tout ce qu'ont écrit les papes de Grégoire XVI à Pie XII" : rien que ça ! Démonstration ? Références ? Les liseurs de Fecit n'en seraient pas dignes ? ou, pire, ils n'en auraient pas besoin ?
Pour l'instant on navigue dans un genre littéraire inconnu qui participe de la fiction... Ou peut-être, mais c'est la même chose ici, de l'idéologie. Dans la suite, l'auteur de ce papier tente de s'orienter vers la théologie à travers quatre arguments auxquels je vais répondre.

1- "Le texte explique que la religion ne serait pas source de violence..." - C'est exactement l'inverse. "Le texte" explique que les religions doivent se purifier de l'intérieur des violences qui les défigurent et donne en exemple l’Église catholique qui l'a fait. La pratique religieuse est source de violence quand les religieux se croient gratifiés d'un monopole. Le pape stigmatise par ailleurs les terroristes qui sont animés par des raisons religieuse. Certes Benoît XVI (car c'est de lui qu'il s'agit) ne cite pas l'islam. On se souvient de la crise diplomatique et des menaces dont il avait été l'objet après le discours de Ratisbonne... Mais les allusions qu'il fait sont absolument transparentes pour tout le monde, sauf pour notre aspirant théologien.

2- Toute violence ne naîtrait dit l'auteur du post que d'une ignorance, volontaire ou pas, de Jésus-Christ.
On aperçoit ici, comme en avant première, la négation de la distinction nature/grâce, qui explique seule une telle position. Peut-il y avoir une nature harmonieuse en soi ? Peut-il exister une vertu naturelle de religion qui n'ait pas un rapport au Christ ? Je réponds "oui" à ces deux questions. Le mauvais critique répond : non. Et du point de vue de la théologie, il a tort. A moins qu'il ne souhaite rejoindre les thèses du Père de Lubac, qui, à la fin de sa vie, écrivait dans sa Petite catéchèse sur la nature et la grâce, le mot "surnaturel" entre guillemets. Reste à savoir si cette théologie des guillemets est bien opératoire...

3- Dans la troisième objection le rédacteur continue à dénier toute réalité au plan naturel, où s'opposent à l'évidence les "religieux" et les "antireligieux". Pour lui cette distinction n'existe pas ou n'a pas de sens. La seule distinction qui existe,pour lui, est celle qui passe entre ceux qui "adhèrent" et ceux qui "refusent" le Christ. Il ne vient apparemment pas à l'esprit de l'aspirant théologien que certains peuvent ne pas adhérer sans pour autant rejeter : "Qui n'est pas contre vous est pour vous". Ce raisonnement binaire est catastrophique. Pour moi, il marque la limite de la FSSPX, que j'ai aimé et que j'aime pour son rôle exceptionnel dans la crise de l’Église.

4- Pour l'auteur du texte, il ne peut pas exister de gens qui cherchent Dieu sans l'avoir encore trouvé. Pire : il faut reprocher publiquement au pape de le croire. On retrouve le même esprit binaire qui sévissait dans l'objection précédente dans cette quatrième objection. la citation de Mortalium animos non référencée vient comme des cheveux sur la soupe, confondant l'oecuménisme catholique des années 30 et sa participation éventuelle aux assemblées de Faith and order, à dominante protestante, avec le modeste dialogue culturel instauré ici par Benoît XVI. Si je corrigeais la copie, j'inscrirais en marge H.S.

Je passe sur la conclusion, qui est navrante : "depuis 1986, il n'y a pas de paix". Il y a quand même eu la chute du Mur, comme le fait remarquer Benoît XVI. A cause d'Assise ? Je ne sais pas. Mais le communime en tombant a fait moins de morts que le nazisme. Je rappelle qu'avant le Concile, au XXème siècle, nous avons eu deux guerres mondiales. Mais est-ce nécessaire de l'écrire ?

Le problème du Rédacteur, c'est que si la FSSPX se préparait à dire "Non" au pape, comme le bruit en circule de manière insistante, il est clair qu'il faut des raisons pour dire "Non". Assise III ne peut pas en être une. Le mauvais accueil de certains évêques dans la chrétienté et leur manque d'esprit fraternel serait un motif dont je ne dis pas qu'il est suffisant, mais qui, au moins, serait vrai. Les attaques contre Assise III, je le répète depuis le 12 septembre, dans ma réponse à l'abbé de Cacqueray: elles sont inutiles et ne servent qu'à enfoncer les apprentis théologiens qui les rédigent. Arrêtez ça! Chers amis, je le dis par égard pour ce que vous représentez.

Mise à jour du 28 octobre - 10H38: on lira ici une réponse d'Ennemond.

Vous voulez notre exaspération? vous l’avez!

"... l'amalgame entre les deux
croix n'est nullement patent..."
(Extrait de la décision du TGI de Paris)

J’emprunte mon titre à la plaidoirie (2002) de Jacques Trémolet de Villers contre l’affiche du film Amen. Sa thèse était la suivante: le visuel était là pour blesser; ce but était pleinement atteint; la question était de savoir si le tribunal tolérerait la chose? C’était clair net et imparable… sauf que pour le juge, il ne s’agissait pas d’«une croix catholique prolongée d'une croix gammée». Qu'il n'y avait donc pas d’offense. Ce qui est amusant chez Magritte («Ceci n’est pas une pipe») l’est moins de la part d'un magistrat – J’avais alors pensé qu’il ne sert à rien de saisir la justice quand l’on perd à coup sûr. Je respecte les choix de l’AGRIF qui va systématiquement devant les tribunaux, j’ai de l’admiration pour leur détermination, mais ils réjouissent leurs adversaires puisqu’ils sont déboutés à chaque fois.

Autre voie: l’action directe, c’est-à-dire agir soi-même sur la situation, par les moyens dont on dispose, fussent-ils légaux. Les théoriciens de la chose distinguent entre l’action violente et non violente. Quand des jeunes vont à Avignon casser l’ignoble Piss Christ, leur action est directe, efficace. La violence reste symbolique – et tellement en deçà de celle de l’œuvre en question. Idem à Paris, face à l’ignominie d’aujourd’hui.

Il y a aussi une troisième voie: c’est de demander des comptes aux responsables politiques. C’est ce que le Cardinal Vingt-Trois invite les chrétiens à faire: leur «exprimer sa blessure», sans en faire «un argument de combat organisé»… cette réserve lui valant d’être brocardé dans ‘nos milieux’. Son Éminence serait un mou? je ne le crois pas. Chacun «exprime sa blessure» selon son style: les uns par voie de justice (#1), les autres par action directe (#2), alors pourquoi pas de vive voix ou par un petit courrier?

Certains d’entre nous sont en révolte totale contre ce qu’ils perçoivent comme un système irrémédiablement pourri – ils auront du mal à entrer en phase avec des responsables petits ou grands. D’autres seront mieux à même de faire passer le message. Personnellement j’ai écrit à un élu qui me connait un peu pour lui dire mon exaspération – nous avons eu le pipi d’Avignon, nous avons le caca de Paris, sur fonds publics et avec la caution morale du Ministère. N’y-t-il pas une limite? et n’est-elle pas déjà allègrement franchie? Si l’on laisse faire cela sans ciller, qu’y-t-il qu’on ne laissera pas faire? Sommes-nous si complexés par rapport à la culture contemporaine qu’il faille accepter toute dégueulasserie qui s’en réclame? Ca ne prend pas plus de temps, au fond, que de mettre un post sur un forum ou un commentaire sur ce blog.

Mea culpa

Le débat battait son plein ce matin sur Radio Notre Dame, où Sabine de Rozières m'avait invité à parler d'Assise, avec Patrice Olier, président de l'association La Fontaine des religions et le Père Tchibangou, membre de la Communauté sant Egidio. En perspective : un débat contradictoire en direct. Ça c'est de la Radio!

J'essayais d'expliquer de façon radiophonique ce que je développe sur ce Blog depuis un certain temps : la différence entre Assise I et Assise III. Et je soutenais : dans Assise I, "les religions sont des moyens de salut". Je me souvenais de vieilles polémiques tradi sur les religions moyens de salut, alimentées par le n°819 du CEC. Je cite malencontreusement (mais avec assurance je le confesse) le CEC. Scepticisme de l'animatrice. Elle avait raison bien sûr ! Vérification faite, le passage qui me restait en mémoire ne concerne pas les religions non chrétiennes mais explicitement les religions chrétiennes ordonnées à la plénitude de grâce de l'Eglise catholique. Voilà la boulette : on ne m'y prendra plus à puiser dans mon souvenir de vieilles polémiques imprécises.

Notons quand même qu'on peut néanmoins tirer une extension de ce propos dans la citation de Vatican II qui précède, à cause de son caractère imprécis : "Beaucoup d'éléments de sanctification et de vérité existent en dehors des limites visibles de l'Eglise catholique". C'est ce qu'ont fait (je parle du Concile) un certain nombre de théologiens comme le Père Dupuy, dûment crossé d'ailleurs.

Mais c'est dans le Discours de Jean-Paul II après Assise I le 22 décembre 1986, que l'on trouve cette tendance, que je dénonçais durant l'émission, à universaliser le travail du Saint Esprit. Au n°5, par exemple :
"le mystère radieux de l'unité des créatures s'est manifesté clairement à Assise, malgré les différences de profession religieuse, nullement cachées ou atténuées. A la lumière de ce mystère,les différences de chaque genre, et en premier lieu religieuses, se révèlent comme appartenant à un autre ordre. Si l'ordre de l'unité, celui qui remonte à la création et à la rédemption est en ce sens "divin", de telles différences et même divergences religieuses remontent plutôt à un "fait humain" et doivent être dépassées dans le progrès vers la réalisation du dessein grandiose d'unité qui préside à la création".
J'aurais donc dû dire pour faire vite : "Les diverses religions sont des limitations de l'unique dessein divin de salut", dessein qui manifestement pour Jean-Paul II dans ce texte est aussi présent en elles. Elles doivent "dépasser leurs différences" pour accéder à l'unité.

En tout cas, le discours très "politique" de Benoît XVI sur les religions et la violence et sur le fait que les religions doivent revenir à leur propre fond pour se purifier de la violence me semble très proche de ce que j'ai essayé de dire pendant l'émission. On est loin en revanche de "l'unité radicale basilaire et déterminante" (Disc. 86 n°3) de l'humanité face à son salut qui apparaît comme la position spécifique de Jean Paul II sur ce point (non reprise dans le CEC).

La question qui se pose finalement - je me souviens l'avoir posé dans un vieux débat public organisé par l'abbé Héry avec le Père Bonino - c'est : existe-t-il une unité spirituelle du genre humain ? Réponse : il existe une unité existentielle des hommes qui sont tous appelés au salut et qui ont tous la grâce suffisante pour se sauver. Mais on est très loin de l'unité spirituelle, qu'aucun humanisme ne saurait assumer actuellement. Le seul prince de notre unité, le Christ, réalisera cette unité dans un jugement discriminant, qui lui a été remis par le Père (Jo 5). Pas d'unité spirituelle du genre humain avant le jugement dernier!

A très vite pour commenter le magnifique discours de Benoît XVI.

Christianophobie

nihil novi sub sole
Je dois dire que je n'ai pas le temps cette semaine d'aller soutenir ces jeunes qui prient devant le Théâtre de la Ville. Et samedi, jour de la manif aux Pyramides, je vais marier à Vannes... Mais en écrivant un long article en deux volets pour Monde et Vie, j'ai eu l'occasion de parler et aux jeunes de l'Action Française qui ont ouvert le bal en essuyant les plâtres (la violence policière était au rendez-vous, au point que des spectateurs ont pris le parti des jeunes royalistes) et à Alain Escada, qui, au nom de l'Institut Civitas est le véritable concepteur de cette campagne pas du tout improvisée (on le voyait venir de loin le Castellucci puisque à Avignon déjà durant le Festival, on s'est battu après sa pièce bizarrement et livresquement intitulée Sur le concept de visage du Fils de Dieu). L'affaire a été abordée avec méthode. C'est la première raison du succès actuel et des 700 jeunes présents ce soir Place du Châtelet. La deuxième raison du succès, c'est que les groupes de chrétiens, spontanément issus des réseaux sociaux, se sont finalement pliés à une discipline générale, en restant dans la douceur et dans le témoignage : "heureux les doux car ils possèderont la terre".

Que nous dit l'Evangile à propos du respect du Christ ? Quelque chose de très instructif, en Luc 12, 8-10. "Tout homme qui dira une parole contre le Fils de l'Homme, cela lui sera remis. Mais pour celui qui aura blasphémé contre l'Esprit saint il n'y aura pas de rémission".

Que signifie cette parole ? Si l'on attaque le Christ sans le connaître, cela peut être remis. "Je ne veux pas la mort du pécheur, mais plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive". Le Christ n'est pas un despote oriental ou un Empereur romain. Il a égard à la situation de chacun. Celui qui a été conditionné toute sa jeunesse contre lui, celui là n'est pas coupable comme celui qui, connaissant le Christ, se retourne contre lui.

Car si l'on attaque l'Esprit saint qui révèle à notre esprit la beauté du visage du Christ, si l'on blasphème le Christ que l'on connaît... Alors le Christ ne peut plus se faire "notre avocat" auprès du Père. "Quiconque me reniera à la face des hommes sera renié à la face des anges de Dieu"...

Roméo Castellucci se croit drôle en disant des chrétiens courageux qui viennent prier à son spectacle : "Je leur pardonne. Ils ne savent pas ce qu'ils font". Il montre surtout, ce disant, que le Christ n'est pas pour lui un étranger, que ses blasphèmes sont des blasphèmes de luxe, soigneusement préparés en connaissance de cause. Ce sont assurément les plus graves.

mardi 25 octobre 2011

Beaucoup sont appelés...

Quelle est cette invitation que le Seigneur nous envoie pour que nous le rejoignions ?

Beaucoup de théologiens au XXème siècle, parmi lesquels le célèbre cardinal de Lubac, enseignent qu’il existe en chaque homme un désir naturel de Dieu. Cela signifierait qu’il y aurait en nous, spontanément, cette invitation : nous la trouverions en naissant. Nous désirerions Dieu comme on désire manger ou copuler.

La question immédiate qui se pose, dans cette perspective, c’est : si Dieu est vraiment le désir de l’homme, pourquoi est-il si peu désiré, si mal aimé ? Pourquoi aujourd’hui l’indifférence vis-à-vis de Dieu apparaît-elle, dans certaines sociétés dont la nôtre, comme une note dominante ?

Une question plus profonde apparaît aussi : si Dieu est vraiment un désir de nature, cela signifie qu’il est pour nous comme un objet de consommation parmi beaucoup d’autres. Il apparaîtrait donc seulement comme le moyen de satisfaire en nous un désir. Cela n’est pas possible.

Dieu n’est donc pas un désir naturel en nous. Mais alors quelle est donc cette invitation ? Comment se formule-t-elle ?

Si cette invitation nous représente comme bon pour nous quelque chose que nous ne possédons pas encore et qui nous manque, elle est bien de l’ordre du désir. Elle se manifeste par le désir que nous éprouvons de voir la beauté de Dieu, de comprendre quelque chose de la raison éternelle, de nous laisser inclure dans sa lumière.

Mais de quel désir s’agit-il ? Non pas du désir naturel que nous venons d’évoquer, non pas d’un désir spontané et brutal, mais d’un désir qui s’alimente à la connaissance que l’on prend de son objet. C’est ainsi que le désir de Dieu s’identifie en nous au désir de vérité. Si nous sommes invités par le Seigneur, c’est dans la mesure où nous cherchons à le connaître, c’est parce que seule la vérité nous satisfait. Non pas une vérité abstraite, non pas une babiole philosophique, mais une vérité qui nous transforme et qui nous sauve. Comme dit saint Thomas d’Aquin, l’objet de la foi est la vérité première. La foi intervient quand cette vérité devient en nous un objet de désir.

Cette vérité, nous en connaissons assez les contours pour la désirer. Mais nous ne la connaissons pas suffisamment pour considérer que nous la possédons. Nous nous sentons invités à la connaître mieux en nous identifiant à elle : beaucoup sont invités ainsi, beaucoup sont appelés ! Mais, nous dit le Christ, peu sont élus. Ce désir de vérité nous tenaille tous d’une manière ou d’une autre, mais il est bien supérieur à notre nature… Nous pouvons si facilement nous échapper, oublier de revêtir la robe nuptiale, selon l’image utilisée par la parabole. Ainsi nous ne concrétisons pas l’appel qui nous est lancé quand nous oublions qu’il s’agit d’un appel absolument personnel, auquel personne ne peut répondre à notre place et qui apparaît comme absolument unique, pour chacun.

Peu sont élus… Parce que parmi ceux qui sont appelés, il y a ceux qui répondent correctement, mais il y a aussi tous ceux qui répondent par la négative, parce qu’ils poursuivent des désirs plus immédiats que le désir de vérité et il y a encore ceux qui répondent « Oui » sans mesurer l’honneur qui leur est fait et le sérieux de cette invitation.

dimanche 23 octobre 2011

Troisième voie ? C'est la voie de garage

La réalité est irrémédiablement dialectique et il nous faut prendre parti : le bien et le mal ; le beau et le laid ; la chair et l'esprit. Plus profondément, tous les dilemmes que la vie nous présente se réduisent, du point de vue chrétien, au choix que nous avons entre notre volonté propre et la volonté de Dieu. La volonté propre... c'est tout ce qui mène l'homme à SE SERVIR. La volonté de Dieu, qu'on la connaisse bien ou qu'on en doute encore, qu'elle nous apparaisse clairement ou dans un brouillard, c'est toujours ce qui nous pousse au SERVICE DE L'AUTRE. Servir ou se servir, il n'y a pas de troisième voie. Saint Thomas nous donne la raison ultime de cette absence de troisième voie : la vie morale suppose toujours une fin ultime unique, à quoi tout peut se rapporter... Et s'appuyant sur Augustin, il décline cette fin ultime de deux façons : le but de notre vie c'est Dieu (disons : l'Infini) ou Soi (le Moi à l'Infini : beurk). On ne peut pas sortir de ce dilemme. Connaître la vie, c'est comprendre que, d'une manière ou d'une autre, qu'on soit croyant ou non, ce dilemme on le subit.

Le propre d'une spiritualité forte est d'affronter toujours l'existence comme un dilemme. Le Christ disait simplement : "Qui n'est pas avec moi est contre moi". Dans cette perspective, il n'y a pas de troisième voie.

Il ne s'agit pourtant pas de s'enfermer soit dans une opposition stérile soit dans une adhésion inconditionnelle, qui seraient tout aussi vaines l'une que l'autre. La dualité, lorsqu'elle est envisagée à ce degré d'universalité, n'a rien à voir avec l'esprit binaire, qui lui n'universalise pas, mais régionalise tous les conflits, en les réglant en base 2 : blanc ou noir, rouge ou brun etc. Cette dualité transcendantale est celle qui permet tous les rapprochements et toutes les analogies puisqu'en rigueur de terme il n'y a que deux positions. C'est pourquoi, après avoir dit "Qui n'est pas avec moi est contre moi", le Christ peut dire aussi, et dans la même perspective foncièrement duelle quoi que non dualiste : "Qui n'est pas contre vous est pour vous". C'est justement aussi parce qu'il 'y a pas de troisième voie que "qui n'est pas contre nous est pour nous". En ce sens le génie duel qui est le fond du christianisme a toujours été un génie assimilateur et inculturationiste. L'absence de troisième voie ne signifie aucun enfermement, mais au contraire une dynamique sans équivalent : celle qu'avait perçue saint Ignace en dressant aux yeux de ses retraitants les deux étendards.

La dualité non dualiste, celle qui nous oblige à prendre parti dans les enjeux infinis de l'existence, n'a rien à voir avec l'intégrisme de toutes les Pensées uniques. Elle n'est pas exclusive, mais inclusive. Concrètement ? Il me semble que le pape disant "Nul n'est de trop dans l'Eglise" a bien compris la dynamique duelle qui fait dire au Christ : "Qui n'est pas avec vous est pour vous". Représentant naturellement une unité transcendantale, il a les moyens de vivre la dualité qu'instaure le choix chrétien comme une dualité inclusive.

Au contraire, les chrétiens de tous bords qui crient "Nous sommes l'Eglise" en se partageant ses dépouilles, excluent leurs frères sans un scrupule. IIs ont une conception régionale de l'Eglise et de l'appartenance à l'Eglise. Cette conception régionale, le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne s'élève pas à l'universel. En ce sens elle n'est pas catholique.

samedi 22 octobre 2011

Pascal pour répondre à une lectrice

Je me permets de livrer à la réflexion de ceux qui ne consultent pas les interventions de nos liseurs ce très beau texte anonyme d'une lectrice, qui, ayant attentivement lu "Prends ton grabat", nous fait part de sa tristesse... avec beaucoup de retenue et de lucidité...
"Et comment après être née dans le monde, après avoir été configurée à être le centre du monde, après avoir eu la révélation de son état de créature en même temps que la beauté du Créateur, après avoir demandé, patienté, mendié, oui, mendié la Grâce comment alors qu'aucune volonté ne se forme, qu'aucune force ne se manifeste, comment continuer ?
Comment continuer quand les habitudes, les sales habitudes restent souveraines dans votre coeur, malgré tout le vouloir, qu'elles vous maintiennent entravée dans le péché, dans la misère du Monde ?
Comment continuer quand la Foi se résume à voir la Lumière au loin sans vraiment s'en approcher et que finalement elle rend encore plus palpables, plus réelles les ténèbres dans lesquelles on souffre ?
Et puis comment agir avec virilité lorsqu'on est avant tout une femme, une mère?"
Merci, chère madame, d'avoir consigné ici, pour notre instruction, le cri de votre coeur. Je sais, je sens que ce cri est vrai. Je ne peux pas vous répondre d'expérience personnelle, parce qu'il me semble que le peu de volonté qui est en moi provient de la foi qui me garde. Vous dites : "Après avoir demandé, patienté, mendié, aucune volonté ne se forme". Et, ce disant, vous me faites penser au texte somptueux que l'on appelle indûment le Pari de Pascal. C'est exactement votre cas qu'il a en tête.

Reprenons-le ensemble. Concluant la seconde partie, qui établit que le Pari pour Dieu est toujours gagnant pour l'homme (contrairement aux autres paris qui sont toujours aléatoires), Pascal écrit : "Cela est démonstratif et si les hommes sont capables de quelque vérité, celle-là l'est".

Cette démonstration sur l'utilité et même la nécessité du Pari ne suffit pas à l'interlocuteur de Pascal : "Oui, mais j'ai les mains liés et la bouche muette. (...) Et je suis fait d'une telle sorte que je ne puis croire". Il faut entendre ici ce mot "croire" au sens fort, au sens actif du terme, au sens où la foi engendre en nous une volonté, bref au sens... qui vous manque, dites-vous.

"Il est vrai" répond d'abord Pascal, en Socrate chrétien qu'il est. La situation que vous décrivez existe vraiment. Elle est réelle.

"Mais apprenez au moins votre impuissance à croire, puisque la raison vous y porte et que néanmoins vous ne le pouvez". Ce qui pourrait se traduire en français courant : "Sachez au moins regarder les choses en face et vous voir tel que vous êtes". Chère madame, c'est ce que vous venez de faire en écrivant ce texte.

"Travaillez donc, non pas à vous convaincre par l'argumentation des preuves de Dieu [vous n'en avez pas besoin, vous avez compris l'essentiel, vous le considérez même comme vous ayant été "révélé" dites-vous], mais par la diminution de vos passions". Le cher Père Marziac, prédicateur ignacien, cite très souvent cette phrase du fragment "Infini-rien". Il indique ainsi le rapport profond qui existe entre les Exercices de Saint Ignace et le Pari. Est-ce la clé ? Pour Marziac, semble-t-il, oui. Mais lui, c'est une volonté de fer. "Diminuer ses passions", pour lui, il suffit de le vouloir... Comme il suffit de vouloir faire des exercices physiques chaque matin. Pour nous... C'est parfois plus complexe. Il y a souvent loin de la coupe aux lèvres ! Vous le dites de façon admirablement juste. Rassurez-vous, malgré ce que semble insinuer le Psaume, ce n'est pas une question de testostérone... Parfois même la testostérone constituerait un obstacle supplémentaire ! En tant que "femme et mère", vous seriez presque avantagée dans ce domaine !

Diminuer ses passions, est-ce la clé ? Pour Marziac oui. Pour Pascal... non. Car le texte continue. "Vous voulez aller à la foi [il s'agit de la foi vivante, c'est-à-dire de la volonté qui naît de la foi] et vous n'en savez pas le chemin ; vous voulez vous guérir de l'infidélité et vous en demandez le remède". Le chemin, le remède ne sont pas de pures négations : "ne pas faire ceci ou cela...". Et puis, l'on ne devient maître de ses passions que par la grâce et c'est cette grâce que l'on cherche. Alors ?

Ecoutons encore Pascal : "Apprenez de ceux qui ont été liés comme vous ["J'ai les mains liées et la bouche miuette"] et qui parient maintenant tout leur bien (...) Suivez la manière par où ils ont commencé. C'est en faisant tout comme si ils croyaient, en prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes etc." En faisant tout comme si !

Vous savez que ce conseil de Pascal a déclanché les foudres des "savants". Victor Cousin par exemple, philosophe de son état. Il s'en étoufferait presque : "Quel langage ! Est-ce donc le dernier mot de la sagesse humaine ?". Les thomistes orthodoxes, souvent appelés néothomistes, ne sont pas loin d'éprouver le même scandale que Victor Cousin. C'est qu'ils ont la même conception étroite (et rationaliste en son fond) de la raison. Ils refusent, les uns et les autres, de considérer que la raison, outre son aptitude à démontrer, est faite de mille réflexes plus ou moins conditionnés, de mille inférences préprogrammées par l'éducation, par l'expérience (parfois cuisante), par la culture dominante etc. "Quelle petite chose à la srface de nous-mêmes" disait barrès de la raison au sens restreint. Pour rendre à l'intelligence - et à l'intelligence croyante - son principat sur notre existence... nous ne pouvons pas détricoter toutes les embrouilles ou déminer nous-mêmes tous les pièges qui se présentent à nous.

Reste un point d'acquis, pour vous et pour l'interlocuteur de Pascal dans ce texte : vous savez où vous voulez aller, même si vous ne connaissez pas le chemin. Ce grand esprit qu'est Pascal nous donne une terrible leçon d'humilité : "Abêtissez-vous". Plus exactement ici, après avoir demandé à son interlocuteur de faire dire des messes et de se signer de l'eau bénite, il ajoute : "Naturellement même cela vpous fera croire et vous abêtira". Etienne Gilson, dans une très belle étude, a bien montré le sens éminemment chrétien, de cette formule provocatrice. Si c'est la bête qui ne veut pas marcher en nous, si ce sont des réflexes conditionnés qui nous empêchent d'avoir la foi, eh bien ! Travaillons sur ces réflexes. Mettons nous au niveau d ela bête pour ôter cet obstacle, provenant de notre nature charnelle et de ce que, chère madame, vous appelez vous même "ses mauvaises habitudes".

Il n'y a dans l'apostrophe pascalienne aucun mépris pour la raison, nous avons compris cela dès le début de notre commentaire. Mais il faut tenir compte de l'argile dont nous sommes pétris. Prendre les bonnes habitudes qui se substitueront lentement aux mauvaises. Quelles habitudes ? Des habitudes de prière, car l'amélioration de notre nature ne vient pas de nous mais de Dieu. Pascal vous dit : offrez des messes, signez-vous avec de l'eau bénite. Il évolue dans une société où tout le monde va à la messe. Pour nous qui n'y allons plus, c'est peut-être la première bonne habitude à retrouver. Derrière un pilier si nécessaire (j'ai choisi le local du Centre Saint Paul à cause de ses cinq piliers). Et au début peut-être sans conviction. En laissant du temps au temps. Avec beaucoup de patience, envers soi-même et envers Dieu. Pour détruire lentement les mauvaises habitudes. Et pour expérimenter la force de la foi, qui nous prend, comme malgré nous, quand nous nous offrons.

Et si ce n'est pas le cas ? - Il suffit d'attendre, de se tolérer soi-même sans céder ni à l'"aquoibonisme" ni non plus au perfectionnisme avec sa mise en demeure sur le mode du tout ou rien. Dieu exauce toujours notre attente. Dieu satisfait toujours notre désir de lui, lorsqu'il se formule, comme le dit Pascal : modestement, mais de façon persévérante. Et le temps qu'il met à nous répondre ne fait qu'aiguiser notre désir de lui.

Juste un dernier mot : nous ne nous sauvons pas nous-mêmes. C'est Dieu qui nous sauve. Nous ne trouvons pas en nous-mêmes de quoi assurer notre salut. C'est Dieu qui, "au temps opportun", nous envoie ce qu'il nous faut, pour que, comme les oiseaux du ciel, nous puissions, selon l'ordre de sa Providence, picorer un peu de sa Gloire.

Picorer ? Pour certains, est-ce seulement, comme vous dites, "voir sa Lumière de loin" et se rassasier non de sa présence sentie mais de son image ? Je répondrai avec l'evangile : "Marchez tant que vous avez [un peu de] lumière, afin de devenir des enfants de lumières". Nous sommes tous des mammifères supérieurs enceints de l'enfant de lumière que nous avons à devenir. Parfois l'accouchement est rude... Quoi de plus... attendu. Relisez non seulement Pascal mais saint Paul aux Romains (8, 18-25).

vendredi 21 octobre 2011

Assise III et les zoïles

"Un servile « traditionalisme » ultra-ratzingerien (craintif et complexé), qui au lieu de se limiter à de justes explications se sentirait obligé même de partager et approuver Assise III, bien qu’il ne s’agisse ni d’un acte magistériel ni d’une loi de l’Eglise, se retrouverait « à gauche » non seulement de Mgr Gherardini et de ses réserves sur l’abus de la notion d’ « herméneutique de la continuité », mais aussi à gauche de Benoit XVI. Rendrait-t-il en agissant ainsi un bon service au Saint Père, alors qu’il se trouve dans des conditions de plus grande liberté que Lui? Quelle raison d’être lui resterait-il?"
Je rassure tout de suite mes lecteurs : ce texte est une citation. L'extrême violence des termes dans lesquels se formule cette attitude purement dialectique et non doctrinale sur Assise III n'est pas la marque de metablog. Je dirais même : non seulement ce texte n'est pas de moi, mais j'ai la fierté de reconnaître dans ce que l'auteur qualifie de " servile traditionalisme ultra-ratzingérien craintif et complexé" [quatre adjectifs dont un dans une forme intensitive : excusez du peu] une manière (assez discourtoise il est vrai) de caractériser les propos qui ont été tenus sur ce Blog depuis l'annonce d'Assise III. L'auteur de ce jugement à la fois péremptoire et amphigourique se pose la question... finale de "la raison d'être" de ce "traditionalisme ultra-ratzingérien".

Je voudrais lui répondre. Sur la forme comme sur le fond.

En même temps qu'il dénie à nos positions toutes raisons d'être, l'auteur, pas rancunier, nous offre une "situation". A metablog, nous serions "à la gauche" de Ratzinger. Ce genre de métaphore spatio-politique est à utiliser avec la plus grande prudence. Mais si je l'ai bien décryptée, malgré sa gaucherie, notre zoïle, tout au long de son texte, tend à affirmer la chose suivante : Benoît XVI est "obligé" d'aller à Assise pour les 25 ans d'Assise I. Il y va à reculons. Et nous, en soutenant cette démarche que foncièrement il ne veut pas faire, nous lui plantons un poignard dans le dos.

Vous goûtez le paradoxe ! Vous sentez l'intelligence et la profondeur de la mise en cause ! A entendre notre zoïle, il y a des fois où soutenir les actes du pape, c'est travailler contre lui car le pape ne les pose que contraint et forcé. Nous qui sommes "plus libres que lui" (quelle ambition ! Présomptueuse ?) nous nous devons de dire tout haut ce qu'il se dit tout bas mais qu'il ne peut pas dire à l'Eglise... Le pauvre...

Je le dis tout net : cette position sur le pape condamné au silence et que l'on fait parler est non seulement dénuée de fondement mais nuisible. Entre faire parler le pape et se prendre pour lui... il n'y a malheureusement souvent qu'un pas comme une actualité pas si ancienne peut nous en donner des exemples. il me semble que nous sommes revenus, avec de tels raisonnements sur des "actes du pape qui seraient plutôt subi que voulus", à la grande époque où certains traditionalistes, trouvant aux yeux de Paul VI des reflets changeants, avaient imaginé d'abord qu'il était interdit de parole, puis qu'il était prisonnier au Vatican (est-il mort ?) et enfin remplacé par un sosie. Quand on commence à penser que le pape, Vicaire de Jésus Christ, ne dit pas ce qu'il devrait dire parce qu'il en est empêché, comment le respecter comme pape ? Comment ne pas le rendre pour l'ombre de lui-même ? Un sosie ou un ersatz ?

Nous ne pouvons pas admettre la thèse complotiste du pape réduit au silence et dont quelque happy few sur un blog exprimerait "les justes explications".

Mais il faut en venir au fond de l'affaire : l'auteur dans son texte intégral, utilise jusqu'à la gauche un courrier privé du pape à l'un de ses amis pasteur luthérien. C'est au nom de ce texte que le zoïle s'estime, lui, plus libre que le pape. Ce texte, je l'ai cité déjà ailleurs, mais je vous le redonne ici :
«Je comprends très bien, votre préoccupation par rapport à ma participation à la rencontre d’Assise. Mais cette commémoration doit être célébrée de toutes façons et après tout, il me semblait que le mieux c’était d’y aller personnellement pour pouvoir essayer de cette manière de déterminer la direction du tout. Cependant je ferai tout pour que soit impossible une interprétation syncrétique de l’évènement et pour que cela reste bien ferme que toujours je croirai et confesserai ce que j’avais rappelé à l’intention de l’Église avec l’encyclique Dominus Iesus»
Ce texte donne-t-il l'impression d'un pape dont "les actes sont plutôt subis que voulus". Réponse : non. Au contraire : "Je ferai tout... " dit le pape qui juge en son âme et conscience et fait partager ce jugement à son ami luthérien : "Il me semblait que le mieux était d'y aller personnellement..."

Nous sommes typiquement, d'après cette lettre privée dont il ne faut pas majorer l'importance non plus, dans la perspective du moindre mal que les gouvernants connaissent bien. Je ne résiste pas à vous donner, en latin, l'avis sur ce point de saint Thomas lui-même : "Cum autem inter duo, ex quorum utroque periculum imminet, eligere oportet, illud potissimum eligendum est ex quo sequitur minus malum". Lorsqu'il faut choisir entre deux situations, alors que de l'une et de l'autre on attend du danger, ce qu'il faut choisir de préférence c'est la situation d'où suit un moindre mal" (De Regno éd. Marietti c. 6 in init.)

Choisir la solution qui implique un moindre mal, ce n'est pas faire preuve de faiblesse, ce n'est pas se laisser "contraindre", ce n'est pas "subir", bien au contraire ! C'est faire acte de gouvernant sage et prudent.

Mais continuons avec saint Thomas et sa magistrale précision de langage pour comprendre Benoît XVI et son modus operandi. Saint Thomas ne dit pas qu'il est licite de choisir le moindre mal. Cela n'est jamais licite. Il ne faut jamais choisir un mal pour qu'arrive un bien. Dans les périodes troubles, on sait combien d'atrocités ont été justifiées par là.

Le pape, prenant à son compte Assise III, ne se résout pas à faire le mal... Il connaît trop bien sa théologie morale pour cela. Il prend Assise dans les eaux théologiquement troubles du dialogue interreligieux et il change l'eau du bain, puisqu'il en charge le cardinal Turkson, responsable du Dicastère sur la paix dans le monde. Nous ne sommes pas là dans je ne sais quelle figure glauque d'un pape empêché, empêtré ou lâche. Nous sommes dans une transposition de l'événement qui permet à Benoît XVI de "déterminer la direction de tout" pour reprendre le texte même sur lequel se fonde notre zoïle. Et ce n'est pas être un "ratzinguerien de gauche", ce n'est pas doubler le pape sur sa gauche que de souligner son extraordinaire travail théologique. Comme le voleur chinois, petit à petit, le matin venu, le pape a emporté le morceau "Assise"... à la droite du Père, en l'immunisant contre tout "syncrétisme".

Au lieu de mettre le pape en discorde avec lui-même, en lui prêtant des attitudes qui ne sont pas les siennes et une lâcheté qui ne lui appartient pas, je crois que les théologiens doivent travailler dans le même sens que lui et montrer à quelles conditions, sans aucun syncrétisme, le dialogue interreligieux, débarrassé de sa gangue pseudo-doctrinale issue du Concile, apparaît non seulement comme possible, mais comme souhaitable. Il ne s'agit pas de répéter l'optimisme béat de Nostra aetate sur "ce qui nous unit" qui serait "plus important" que "ce qui nous divise". Ce discours au sucre n'intéresse plus personne, qu'un quarteron de plus en plus réduit de nostalgiques de Vatican II.

Mais, dans la mondialisation morale et mentale que nous vivons bon gré mal gré, nous ne pouvons pas faire comme si les autres religions n'existaient pas ou comme si, en tant que catholiques, nous n'avions rien à leur dire. Il faut donc un discours. "Vatican II a ouvert des pistes" disait joliment Benoît XVI dans son dialogue avec Paolo d'Arcis. Le grand mérite du Concile est d'avoir ouvert les dossiers : de nous montrer le travail à fournir. Mais ce travail, il reste à faire... et ce n'est pas en cultivant je ne sais quelle très gauche Troisième voie que l'on sera à l'aise pour s'y mettre, mais alors vraiment ! Plutôt que de nous satisfaire d'une fragile dialectique, où la seule chose qui importerait en définitive tiendrait à des jugements de personnes et à des effets de clientèles, notre "raison d'être" à nous traditionalistes est d'aller aux principes pour penser la situation absolument inédite dans laquelle se trouve notre chère Église. Il faut seulement retrousser nos manches !

mardi 18 octobre 2011

Prends ton grabat !

Nous connaissons bien ce miracle, raconté au neuvième chapitre de saint Matthieu : la guérison du paralytique.

Nous savons que cette guérison physique figure et manifeste ou démontre une autre guérison : la guérison spirituelle. « Pour que vous sachiez que le Fils de l’Homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, alors il dit au paralytique : Lève-toi, prends ton grabat et va dans ta maison ». Il venait de lui déclarer : « tes péchés sont pardonnés ». Mais, en dehors de Dieu, qui peut savoir si les péchés de l’homme sont pardonnés ? Jésus manifeste son pouvoir surhumain, son pouvoir sur la maladie des corps pour mieux montrer son pouvoir sur la maladie des âmes, qui est le péché.

Ce pouvoir est spirituel ? Il est surnaturel ? N’empêche : il se manifeste « sur la terre » ; c’est « le Fils de l’Homme » qui le détient. Bientôt d’ailleurs il le transmettra à ses apôtres. Comment ? Le premier jour, après sa résurrection – c’était le soir – il leur dit, en soufflant sur eux : « recevez le Saint Esprit. Les péchés seront pardonnés à ceux à qui vous les pardonnerez. Ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez » (Jean, 21).

C’est ce Pouvoir sacré que nous pouvons contempler, dans le grec du texte originel : ex-ousia, ce qui dépasse la substance. Où entend-on parler de ce pouvoir ? A la fin du Prologue de l’Evangile de saint Jean, que vous écoutez à chaque messe. Saint Jean s’exprime ainsi : « A tous ceux qui l’ont reçu, le Verbe a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ». tel est le pouvoir fondamental, le pouvoir universel, le mieux partagé de nos pouvoir : devenir enfants de Dieu. C’est un pouvoir qui ne vient pas de nous, qui ne vient pas de notre nature. Cette vie nouvelle est étrangère à notre sol comme dit Jean Chrysostome. C’est un élan, c’est un souffle qui nous est donné.

Il me semble que ce pouvoir nouveau, dans cette scène de Capharnaum, il est aussi conféré comme une force physique de surcroît : « prends ton grabat ». D’emblée Jésus invite le paralytique, jusque là dépendant de ses amis et de ses relations, à se prendre en charge lui-même, à prendre en charge ses propres capacités pour faire le Bien, à prendre en charge son entretien personnel, son lit, sa vie telle qu’elle se présente.

Prends ton grabat ! Jette tes soucis dans le Seigneur et lui-même te nourrira.
Prends ton grabat ! Exerce cette liberté que tu as reçue de Dieu, exerce la comme quelque chose dont tu es responsable.

Prends ton grabat ! Assume ton passé, les mauvaises habitudes dont tu peines à te débarrasser, les étroitesses de ton esprit, les manques de générosité de ton cœur. Manifeste ta force. Montre que tu as reçu la grâce de Dieu comme une puissance (potestas dit le texte latin pour traduire l’exousia grec). Montre que ta volonté est formée et que tu es prêt à tout emporter. Montre quelle force nouvelle te remplit.

Mais au fait, quelle est cette force nouvelle dans le paralytique, quelle est cette énergie à laquelle Jésus fait appel ? La volonté. La grâce. Une seule et même énergie. Quiconque s’est laissé guérir par le Christ possède, comme marque indubitable de sa guérison, on pourrait presque dire comme signe d’élection, une volonté ardente et qui ne demande qu’à servir. Il lui faut juste accepter de « prendre son grabat ». Ne l’oublions pas aux pieds du Christ. Le porter jusqu’à notre Maison, c’est se donner l’occasion de montrer que la Puissance par laquelle nous avons été guérie et pardonnée par un autre que nous se manifeste aussi en nous et pour nous.

J’aime beaucoup ce verset du Psaume qui définit la puissance de l’enfant de Dieu : « Agis avec virilité et ton cœur sera converti ». Agis d’abord pour que se manifeste la force de ton cœur.

lundi 17 octobre 2011

La gauche introuvable

C'est le titre de la conférence que je donnerai demain mardi à 20H15 au Centre Saint Paul, avec Pierre-Yves Rougeyron, directeur de la revue Perspectives libres. Paradoxe : on n’a jamais autant parlé de la gauche et l’alternance semble inscrite dans la logique du scrutin présidentiel. Mais on a de plus en plus de mal à savoir ce qu’est la gauche et ce qu’elle propose. Se réduit-elle à une clientèle ?

Nous montrerons, en particulier à travers le dernier livre de Pierre Rosanvallon La société des égaux, que la pensée de gauche a perdu tous ses repères classiques et qu’elle s’épuise à constituer un impossible projet face à la realpolitik libérale.

Faut-il retrouver l’utopie ? Faut-il élaborer une pensée du moindre mal – qui serait « quand même » une pensée de gauche ? Faut-il s’en tenir aux incantations impuissantes sur la nécessité de la dé-mondialisation ?

Dans Pour repartir du pied gauche (2010), Jacques Julliard écrivait : « Le Parti Communiste a refusé de se pencher sur son passé. Il n’a pas survécu à ce manque de courage et de lucidité. Aussi longtemps que la social-démocratie n’aura pas fait l’effort d’une réinterprétation globale de l’aventure socialiste au XXème siècle, il lui sera impossible de parler d’elle au futur ; elle demeurera condamnée à rester une variante un peu plus sociale du capitalisme triomphant ».

Si l’utopie socialiste est morte, si la realpolitik libérale risque de mourir, victime de la crise, que reste-t-il ? Non pas à refaire le monde, mais à diffuser dans notre monde comme il ne va pas la seule révolution qui dure depuis 2000 ans, la révolution personnaliste chrétienne. C’est la seule solution humaine face à la montée des communautarismes.

dimanche 16 octobre 2011

2012 année de la foi : I have a dream !

Ainsi en a décidé Benoît XVI. Cette année de la foi commencera en octobre 2012, pour le cinquantième anniversaire du concile Vatican II, et plus précisément pour l'anniversaire du Discours d'ouverture de Jean XXIII : Gaudet Mater Ecclesia, le 11 octobre 1962.
Moi qui suis né le 2 novembre 1962, je suis totalement... conciliaire, avec mon demi-siècle. Je n'ai connu que le Concile ou la résistance au Concile et j'ai plus appris (j'ai vraiment beaucoup appris, au collège déjà) dans la résistance que dans le grand élan conciliaire. Ce grand élan, je l'ai vécu comme une sorte de poussée iconoclaste au sein même de l'Eglise romaine. Il y avait autour de moi, dans mon enfance et mon adolescence une hargne à briser les images, à détruire les formes. C'était déjà comme si il ne restait rien debout. Et c'était il y a longtemps. il faut bien reconnaître qu'aujourd'hui, même si elle ne s'est pas encore sorti de son accès de fièvre, notre chère Eglise va plutôt mieux.

L'heure de la convalescence est arrivé, les JMJ le montrent. C'est sans doute pour cela que Benoît XVI ouvre une année de la foi. Cherchant à convertir le monde, il y a une chose que le Concile avait oublié : c'est que ce qui rend notre Eglise attirante, c'est sa foi, la foi dont elle se pare, la foi qui ranime sans cesse la surnaturelle, l'étonnante jeunesse de cette très vieille dame de 2000 ans. On a cru qu'à son âge, lifting et massages aux huiles essentielles feraient du bien à la vieille dame. On a appelé tout ce tintouin "pastorale". On a été chercher ces huiles inessentielles que sont le marxisme et le freudisme. On a voulu tirer la peau et faire disparaître les rides d'expresson et de bonté qui sont marquées sur le visage de l'Eglise. Mais, ici ou là, elle a failli en crever de cette "modernisation forcée".

Aujourd'hui, avec son année de la foi, Benoît XVI renouvelle l'intuition de Vatican II, cette volonté d'ouverture de l'Eglise, cette bonté, que Jean XXIII voulait mettre à l'ordre du jour, bonté tellement palpable dans les récents entretiens avec Mgr Fellay par exemple. Mais le pape a compris lui que la foi, loin d'être un obstacle à l'ouverture, loin d'être une contre-publicité qu'il aurait fallu s'employer à cacher (comme on le faisait dans ma jeunesse), était le principal et même le seul argument de vente. Pour "faire le job", la vieille dame n'a qu'à être elle-même. il lui suffit de dire ce qu'elle est.

J'ai évoqué le Discours Gaudet mater Ecclesia, prononcé par Jean XXIII pour l'ouverture du Concile. Il est d'une importance capitale. Il est essentiel d'en marquer l'anniversaire.

Le pape y dit principalement deux choses : il n'y aura pas de condamnation au nom du Concile. Et il faut distinguer le fond et la forme de la foi catholique, faire évoluer la forme et garder le fond.

Comment se lisent aujourd'hui ces deux idées ?

La première - Pas de condamnation au nom du Concile - il faut bien reconnaître que Benoît XVI, dans sa pratique, y est beaucoup plus fidèle que Paul VI. Dépassé par les événements, par la révolution qu'il avait contribué à déclancher, Paul VI, le pape du Concile s'est retrouvé avec une gauche agressive qui le paralysait et contre laquelle il n'a, directement, jamais rien tenté (tout en multipliant les textes : Sacerdotalis coelibatus, Humanae vitae et sa Profession de foi, qui dessinent aujourd'hui la ligne de front). Surprise, c'est à droite qu'il frappe, ressuscitant les vieux anathèmes contre Mgr Marcel Lefebvre, ressortant la panoplie que l'on croyait rouillée et déterrant la hache de guerre contre tous ceux qui... par ailleurs défendaient la fameuse ligne de front qu'il avait lui-même voulu tracer. Quand on sait que c'est à cause des doutes qu'il a émis sur le Concile, à cause de sa fidélité à la messe tridentine que Mgr Lefebvre a été frappé... C'est vraiment renversant !

Quant à la deuxième idée, elle est vraiment inquiétante. Cette disjonction entre la forme et le fond du message chrétien faisait partie, depuis le début du XXème siècle au moins, du Credo de ceux qui s'appelaient eux-mêmes "chrétiens progressifs". Et voilà qu'un pape - Jean XXIII - la reprenait à son compte. Dieu sait combien de ruines cette formule a produites : destruction de la liturgie romaine remplacée d'après le Concile lui-même par des liturgies expérimentales (jusqu'à ce que la messe normative de 1969 viennent sanctionner - aux deux sens du terme - ces destructions) ; destruction de la théologie romaine, remplacée par un brouet des idées à la mode, accomodées à la sauce chrétienne ; apologie (par haine des formes, de toutes les formes) de l'enfouissement, perte volontaire de visibilité, iconoclasme, nihilisme révolutionnaire : tout cela les gens de ma génération l'ont vécu.

A dissocier la forme et le fond, on avait perdu toutes les formes anciennes et le fond n'avait pas résisté : il avait souvent disparu. Exemple : dans le catéchisme que j'ai reçu on ne parlait pas de la divinité du Christ. Elle n'était pas niée non plus : elle n'existait pas. Dans les messes de classe auxquelles j'ai assisté, il y avait non seulement une floraison de nouveaux canons, mais, au moins une fois, une messe avec communion mais sans formule consécratoire. il a fallu que nous nous retrouvions une dizaine dans le bureau de l'aumônier après cette mascarade et qu'il nous dise, je l'entends encore : "C'est un tribunal ?". il avait devant lui des gamins de 13 ans, qui lui demandaient... des comptes !

Mais aujourd'hui... Où sont les formes ? Et le fond ?

Aujourd'hui, dans la relecture axée sur la tradition qui est celle de Benoît XVI, le discours de Jean XXIII peut nous être très utile. Dans la religion de Vatican II, je veux dire dans ce qu'elle a de spécifique, dans ce qui se laisse percevoir à travers une herméneutique de rupture, il n'y a plus que des formes. Vatican II ? Ce concile antiforme s'est aujourd'hui crispé sur des formes : l'autel doit être un cube, le plus petit possible pour qu'on ne puisse pas y mettre de croix ; la liturgie doit être dépouillée, c'est un acquis syndical du Concile, au nom duquel on continue à se battre et à exclure ; l'habillement des prêtres est très important, car à lui seul, il manifeste leur ouverture au monde. Bref Vatican II devient une affaire de chiffons. On est dans l'absurdité la plus totale : le Concile antiformes se crispe sur ses formes, très années 70. Hélas ! en religion le ridicule de tue pas et les pattes d'eph continuent, ici ou là, à être de rigueur. Au nom du Concile. Allez comprendre !

Quant au fond... je crois que s'il en est si peu question chez les partisans du Concile (qui sont les supporters d'un Vatican III rêvé), c'est que ce fond est tellement nouveau, tellement loin de la foi... qu'il en devient inavouable pour la plupart. Jean XXIII avait voulu valoriser le fond en le désolidarisant de certaines formes jugées dépassées. Le résultat ? Les formes ont disparu et le fond a muté. Je pense à deux théologiens jésuites de deux générations différentes, mais conciliaires tous les deux : Joseph Moingt et Christoph Theobald. Pour eux le dogme est devenu juste une ressource de sens, mais surtout pas un objet de foi... Voilà ce que sait Benoît XVI et voilà ce qu'il veut remettre en place avec son année de la foi.

Je proposerais volontiers un usage herméneutique du discours Gaudet mater Ecclesia : il faut absolument séparer la forme conciliaire du fond et considérer les formes issues du Concile comme marquées par la fièvre des Trente glorieuse et irrémédiablement datées. Vatican II, du point de vue des formes, fut - c'était l'époque - un concile en formica. Il ne faudrait pas que l'Eglise devienne un conservatoire de formes usagées dont même les chiffoniers d'Emmaüs ne veulent plus (je parle du formica). Bref, le premier objectif de cette année de la foi, dans le cadre d'une célébration traditionnelle du beau discours de Jean XXIII Gaudet mater Ecclesia pourrait être une nouvelle disjonction de la forme et du fond. Il y a du rangement à faire dans le bric à brac et... ranger c'est jeter ! Ne nous laissons pas enfermer dans des formes qui ont aujourd'hui cinquante ans d'âge. Elles ont signifié autrefois la liberté, elles représentent aujourd'hui la ringardise.

Et si nous ne sommes pas prisonniers de ces formes fortement historicisées, nous pourrons revenir au fond. Ca c'est le coeur du programme de Benoît XVI. Pour moi le n°22 de l'encyclique Spe salvi l'exprime merveilleusement : "Il convient que à l'autocritique de l'ère moderne soit associée une autocritique du christianisme moderne, qui doit toujours de nouveau apprendre à se comprendre lui-même à partir de ses propres racines".

Je militerai avec force pour une application contemporaine de la doctrine de Jean XXIII dans Gaudet mater Ecclesia, sous l'étendard, très Benoît XVI il faut le dire, du retour au fond. C'est la tradition de l'Eglise qui est le fond, large, ouvert, intelligent qui doit servir de base, 50 ans après, libre de toutes les pseudo-formes éculées (je veux dire : conciliaires), à une nouvelle contre-réforme, qui sera oecuménique parce que c'est le christianisme lui-même qui est en jeu, tout le monde le sent, à une contrerévolution théologique nécessaire, sous le signe paradoxal de Vatican II...

J'oubliais de préciser que ce "retour au fond" devra se construire sur un retour des formes anciennes, épurées sans doute de leur vieillerie et ayant retrouvé dans leur long purgatoire d'un demi siècle, l'attrait de la nouveauté et de la jeunesse : nous y assistons déjà d'ailleurs. Le génie romain a toujours été de présenter des idées dans leur forme sensible. Pour Rome, le vrai est un fait. Pour la Rome chrétienne, dans le même ordre d'idée, la vérité est d'abord sacramentelle. Pas de retour au fond sans un retour des formes.

- N'est-ce un rêve, tout cela ? - Pour moi, c'est déjà ce que je vois. Le Saint-Esprit est fort. Mais, s'il te plaît... Pince moi !

vendredi 14 octobre 2011

Du nouveau sur Assise III...

Du nouveau sur Assise III, en attendant la conférence de presse de mardi prochain. C'est Yves Daoudal qui a exhumé de cette immense Banque de données qu'est Internet le texte que voici :
"A propos de la réunion d’Assise, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, déclare que « cette fois l’accent est mis sur le pèlerinage, et non sur la prière ». Confirmant qu’il n’y aura pas de prière interreligieuse, il souligne qu’il y aura en revanche, la veille au soir, une veillée de prière spécifiquement catholique à Saint-Pierre de Rome. « Ainsi la prière n’aura-t-elle pas lieu à Assise, mais elle aura lieu à Rome, et ce sera par le pape au milieu de son peuple, des catholiques. »

Il me semble que cela confirme largement les analyses que je propose ici, face à celles de l'abbé de Cacqueray, depuis le 12 septembre. Désormais, le cardinal Turkson ayant parlé, il ne s'agit pas de prendre telle ou telle position particulière face à Assise III. Il s'agit juste d'avoir un peu de bon sens. Il paraît que "c'est la chose du monde la mieux partagée".
Je crains simplement que cet appel au bon sens, faisant référence à Descartes, soit insupportable à beaucoup d'entre nous.

mardi 11 octobre 2011

A propos de la saint Denis (9 octobre) : qu'est-ce que la conversion

Le 9 octobre, nous célébrions la Saint-Denis, qui, à Paris, est une fête de première classe. Nous savons peu de chose au sujet de ce personnage, présenté comme le fondateur du diocèse de Paris, mais dont l’identité est confondue avec celle du Pseudonyme qui écrivit au IVème siècle des traités mystiques magnifiques : les Noms divins, les Hiérarchies célestes, les Hiérarchies ecclésiastiques et la Théologie mystique. Cette confusion a longtemps donné à l’Eglise parisienne une aura intellectuelle qu’elle a gardée… jusqu’aujourd’hui ! Qu’en est-il exactement ? Mgr Darbois a longuement défendu l’authenticité de cette identification. Au vrai, personne n’en sait rien !

La seule chose qui soit claire est que le dénommé Denys est grec d’origine. Il s’appelle Dionussos, portant le nom du dieu païen du vin, ce qui signifie qu’il est lui-même un converti.

C’est de conversion que je voudrais parler aujourd’hui. Le texte de l’Evangile de saint Marc est très clair : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ». Se convertir, c’est admettre une vérité qui sauve, qui transforme notre vie, qui modifie notre destinée. Nous naissons, mammifères supérieurs, doués d’une étincelle de raison et nous nous transformons, par cette vérité reçue, en fils ou en fille de Dieu. Cette conversion est d’abord le fait de ceux qui, comme Denys, n’ont pas reçu une éducation chrétienne dans leur enfance. Mais plus largement, comme nous dit Tertullien, il faut bien reconnaître qu’aucun de nous n’a des droits imprescriptibles sur le Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas chrétiens de naissance. Non nascuntur christiani. Nous ne sommes pas libres de naissance. Nous ne sommes pas bons de naissance.

De naissance, que sommes-nous ? Des animaux supérieurs, qui ont comme une nostalgie de ce qu’ils ont été, un souvenir de l’Absolu, qu’il leur demeure impossible d’atteindre. Voilà le péché originel : c’est le plus petit de tous les péchés personnels dit la théologie. Mais il établit un mur entre Dieu et notre désir. A cause du péché originel, nous sommes incapables de trouver la vérité de notre condition par nous-mêmes. Ce que nous cherchons, ce n’est pas la vérité, c’est notre propre satisfaction.

Que nous donne cette nouvelle naissance que nous vivons par la parole de Dieu ? Ce n’est pas quelque chose d’automatique, comme un ticket qui donnerait des droits à ceci ou à cela. Chacun d’entre nous doit effectuer un travail sur lui-même ; il doit le faire non pas pour seulement pour s’accepter soi-même. Pas seulement ! Ce ne serait pas suffisant. Le christianisme n’est pas une morale ! Il nous importe aussi, si nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans notre mortalité, de nous dépasser nous-mêmes. Comment cela ? Par la connaissance que Dieu nous donne de notre destinée dans son Evangile, par l’acceptation de cette existence de surcroît qui nous est proposée, avec le baptême. Bref, par la foi : «Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé».

Chacun d’entre nous doit choisir librement cette vérité qui le transforme et il est responsable de ce choix, de son entièreté, de sa fécondité (comme il serait responsable de son absence de choix et de la condamnation que cette absence engendre).

samedi 8 octobre 2011

Mardi 11 octobre au CSP

Le dialogue avec l'islam est à la mode. Mardi prochain à 20H15 au CSP, c'est C. Hélou-Matar qui viendra nous parler de l'islam réel. Membre de la famille de l'ancien président de la République libanaise, elle connaît l'islam non seulement en tant que scientifique mais par une longue fréquentation personnelle. C'est ce qui rend son approche précieuse - et même rare.
Mardi 11 octobre 2011 - à 20H15 - au Centre Saint Paul, 12 rue Saint Joseph 75002, M° Sentier ou Grands Boulevards - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - Un verre de l'amitié prolonge la conférence.

jeudi 6 octobre 2011

Au scribe fidèle

Le texte qui évoque l'abbé de la dernière cartouche a été diffusé sur les deux Forums traditionalistes les plus représentatifs, et les commentaires s'accumulent ; ils expriment le plus souvent leur étonnement devant cette "étrange violence" du millier de messes réparatrices.

Je dois à la diligence du Webmestre un beau texte peu connu et manifestement privé de Benoît XVI, daté de mars dernier et en provenance du site Benoît et moi. Il se passe de commentaires :
« Je comprends très bien votre préoccupation par rapport à ma participation à la rencontre d’Assise. Mais cette commémoration doit être célébrée de toutes façons et après tout, il me semblait que le mieux c’était d’y aller personnellement pour pouvoir essayer de cette manière de déterminer la direction du tout. Cependant je ferai tout pour que soit impossible une interprétation syncrétique de l’évènement et pour que cela reste bien ferme que toujours je croirai et confesserai ce que j’avais rappelé à l’intention de l’Église avec l’encyclique Dominus Iesus ».
Vous trouviez déjà cette interprétation d'Assise III sous la plume de notre Webmestre, en son article Patchs. Aller offrir 1000 messes en réparation pour Benoît XVI et 33 pour les sacrilèges de Golgotha Picnic... C'est dérisoire. Comme disait l'autre, "tout ce qui est excessif est insignifiant". Tout ça sent trop sa dernière cartouche...

Dans mon "Megabuzz", c'est surtout le troisième argument anti-La Rocque qui est contesté par les Internautes (ceux au moins qui se sont exprimés ici ou ailleurs). Je reviendrai sur ce troisième point dès demain, en vous redonnant le contexte dans son ensemble.

Je voudrais dès maintenant répondre à deux de mes détracteurs, Scribe et Fleur de lys.

A Fleur de Lys qui m'accuse d'avoir dit que l'abbé de Cacqueray est orgueilleux, je précise que ce mot d'orgueil vient d'elle, Fleur de Lys, et d'elle seule. j'ai publié des textes, j'ai indiqué des dates. je n'ai fait aucun commentaire personnel, relisez-moi, aucune attaque à la personne. La balle dans le pied ? Ce n'est pas un jugement de valeur, c'est déjà un fait avéré. Je me suis même abstenu volontairement d'indiquer, par ailleurs, l'étrange synchronie de la double dernière cartouche, la première tirée le 12 septembre trois jours avant le 14... La seconde tirée le 4 octobre, trois jours avant le 7... Il m'avait semblé que quiconque s'intéresse à ce dossier était à même de remarquer cette bizarre synchronie prévenante, en en dégageant les jugements qui lui appartiendraient...

Je ne crois pas avoir été présenté à... Fleur de lys, mais Scribe, je le connais. Depuis plusieurs années, il est en première ligne pour la FSSPX et j'apprécie son entièreté. Il n'est pas de ces tièdes que le Seigneur vomit... Sur Fecit, il met ce message, attendant écrit-il, une vraie réponse :
J'éprouve pour mr l'Abbé de tanoüarn une certaine admiration. C'est d'ailleurs lui, en décembre 2003 ou 2004, qui m'a ramené à la tradition par un sermon virulent sur les ED. alors que j'étais devenu bien tiède.

Alors permettez-moi de considérer que sa sortie tardive (au sens de l'horaire de rédaction) et bien virulente ne me paraît pas digne d'un abbé aussi intelligent. Il me semble de plus en plus (et je ne me suis pas caché de lui dire il y a quelques années sur le FC) que Mr l'abbé cherche désormais plus à justifier ses propres positions que celles de la tradition. Il me fait penser à d'anciens sédévacantistes comme l'abbé Lucien, défendant ce qu'il honnissait naguère et surtout justifiant son évolution.

Que l'abbé évolue et change (et je pourrais facilement le démontrer - il le sait bien car nous nous connaissons-) est un fait. Qu'il essaie de faire admettre que ce n'est pas lui qui change mais l'Eglise, face à Assise III est tout simplement indéfendable.

Est-ce un vrai message pour vous (et lui)?
Que vous répondre cher Scribe? Ma sortie tardive? Mais c'est que, comme ce soir, je n'ai pas eu d'autre moment pour intervenir. Faut-il se taire? Citation pour citation (Pascal pour Laguérie dans votre précédent post) : "Jamais les saints ne se sont tus". A aucun moment, du jour ou de la nuit s'il le faut. Je ne suis pas un saint (ça c'est sûr) mais plutôt je crois en bonne compagnie à cette heure.

Virulent? J'ai essayé de m'abstenir de jugements personnels. La seule virulence que je me reconnaisse est la rapidité de réaction : le 12 septembre pour le 12 septembre. Le 4 octobre pour le 4 octobre. C'est l'avantage que confère certaines veillée tardive... Je cherche à me justifier? Honnêtement oui, à chaque instant. Mais qui n'en fait pas autant ?

Cependant, cher Scribe, si dans cette idée d'une recherche de justification, vous voulez dire que j'ai évolué d'abord et réfléchi ensuite à toutes sortes de justifications a posteriori, non ! Je crois avoir réfléchi d'abord. Voyez le titre du premier numéro d'Objection : "Le pape qui corrige le Concile". Eh bien! C'est lui ma ligne et c'est sa correction autorisée. Depuis 2005.

"Que l'abbé évolue et change, c'est un fait..." écrivez-vous. Vous avez raison d'écrire cela. Depuis Vatican II et l'Evangile, publié en 2003 et toujours disponible sur le Net, j'ai évolué. Mais je n'ai changé ni dans ce que j'aime ni dans ce que je déteste... J'essaie effectivement de vous faire admettre que ce n'est pas moi qui change, c'est l'Eglise. Je pense que les JMJ de Madrid ont apporté la preuve définitive de ce changement, qui s'est amorcé dans les dernières années du pontificat de Jean Paul II et qui tourne autour de deux thèmes principaux : retour à la liturgie (cf. Ecclesia de Eucharistia) et retour à la parole de Dieu (Verbum Domini, voilà un texte important, à cheval sur les deux pontificats).

Vous me dites que, devant Assise III, il n'est pas possible d'admettre ce changement de l'Eglise. Eh bien! Je vous renvoie bonnement à la lettre de Benoît XVI publié sur Benoît et moi et que notre Webmestre rappelle à notre bon souvenir. Si le pape n'avait pas été à Assise III, la dynamique d'Assise I - ce confusionnisme des religions, dont j'ai parlé dans mon papier du 12 septembre - aurait continué. S'il est là, c'est pour corriger Assise, comme il a corrigé le Concile.

Attention : corriger Assise signifie aussi donner à la question du rapport entre les religions une pertinence. Vous pouvez trouver cela choquant. Ce que je montre c'est que cette pertinence n'est pas d'ordre spirituel (comme si toutes les religions étaient des moyens de salut) ; elle est, avec Benoît XVI, d'ordre politique. Relisez la dernière Soirée de Saint Pétersbourg de Joseph de Maistre, la Onzième, vous verrez que Joseph de Maistre anticipe sur la situation actuelle, où le pape se trouve, volens nolens, le seul pouvoir spirituel mondial. Ce n'est pas du faux oecuménisme de dire cela, ni l'expression d'un dialogue interreligieux déboussolée. Non ! Auguste Comte, fervent du Pouvoir spirituel, aurait certainement constaté la même chose. Ce constat sur les religions et la paix dans le monde est purement politique et les exhortations de Benoît XVI se situeront... finalement du point de vue de cette politique internationale et formellement sous l'angle de la vertu naturelle de religion. Assise III n'est pas "une foire aux religions" (Cacqueray), dans laquelle chacune prétendrait apporter quelque chose de différent et d'intrinsèquement valable pour le salut des hommes. Dans le post du 12 septembre, j'ai cité les textes du pape qui me permettent d'avancer cela. Et l'abbé de La Rocque, habituel affidé de la dernière cartouche, plus tard, ne m'a pas vraiment contredit... Sauf, je vous l'ai déjà dit, à tomber lui-même dans le baïanisme nommé par Garrigou... pseudosupernaturalismus.

Excusez-moi, chers amis, d'avoir été si long. La passion m'égare. Ce qu'on vit aujourd'hui a quelque chose de miraculeux, lorsque l'on veut bien ouvrir les yeux et voir.

mercredi 5 octobre 2011

Benoît XVI fera tout pour que soit impossible une interprétation syncrétique d’Assise

Le pasteur luthérien Peter Beyerhaus est un ami de Joseph Ratzinger, depuis l‘époque où tous deux enseignaient à Tübingen. Sans doute est-ce cette proximité qui a permis au pasteur Beyerhaus de faire part de ses doutes quant au risque de syncrétisme ou de relativisme? La réponse du pape date du 4 mars 2011, elle a été rendue publique la semaine passée lors du congrès «Pèlerins de la Vérité vers Assise». Benoît XVI déclare:
«Je comprends très bien, votre préoccupation par rapport à ma participation à la rencontre d’Assise. Mais cette commémoration doit être célébrée de toutes façons et après tout, il me semblait que le mieux c’était d’y aller personnellement pour pouvoir essayer de cette manière de déterminer la direction du tout. Cependant je ferai tout pour que soit impossible une interprétation syncrétique de l’évènement et pour que cela reste bien ferme que toujours je croirai et confesserai ce que j’avais rappelé à l’intention de l’Église avec l’encyclique Dominus Iesus»
C’est clair, c’est net, et c’est la méthode des ‘rustines’. On reprend ce qui existe pour lui donner son «vrai sens», compatible avec l’ADN catholique. Assise justement: vous aviez compris qu’à Assise (1986) la devise était «Etre ensemble pour prier, mais non prier ensemble»? Eh bien vous aviez mal reçu le message! Lors du récent congrès le Cardinal Burke précise :
«Le Saint Père a voulu souligner le concept de pèlerinage vers la vérité: non pas un être ensemble pour prier d’une façon disparate, avec le risque de confondre la foi révélée surnaturelle avec les croyances religieuses humaines et naturelles, mais un cheminement ensemble vers l’unique Vérité».
Benoît XVI annonce en substance qu’il y va pour traditionaliser l’événement – et nous pensons sur ce blog qu’il le fera. De son côté, la FSSPX de France commence une série de mille messes «en réparation du scandale». Nous verrons bien, et nous verrons bientôt.

PS1 – Après ou avant Assise: la proposition de débat que l’abbé de Tanoüarn a lancée tient toujours. Les Anglais ont une expression: «to agree to disagree» : s'accorder sur l'espace du désaccord. Si les bons abbés arrivent ne serait-ce qu’à ce point, ils n’auront pas perdu leur temps.

PS2 – Plus généralement: il est dommage qu’il n’y ait pas de rencontres régulières entre les prêtres traditionalistes des différentes chapelles - ce serait alors un véritable organe d'échanges entre frères prêtres. Non pas écouter les uns parler des autres, mais s'écouter les uns les autres, car tout échange se doit d'être réciproque. Dans cet espoir, nous lirons avec joie vos réactions.

Etrange violence : l'abbé de la dernière cartouche

Que s'est-il passé dans l'esprit de l'abbé de Cacqueray ?

Le 12 septembre dernier, il publiait un texte sous sa signature, dans lequel la théologie se mariait assez volontiers avec l'outrance. Dès le 12 septembre, sur ce blog, j'ai proposé à mon cher cousin cinq arguments qui me paraissaient montrer de façon péremptoire que de même que les JMJ de Madrid n'avait à peu près rien à voir avec les JMJ de Denver, de même le sommet inter-religieux Assise III convoqué par Benoît XVI en octobre 2011 ne s'identifiait en rien avec Assise I, convoqué en 1986 par Jean Paul II. Je proposais cinq points. L'abbé de La Rocque, reconnaissant sa pensée en difficulté, a produit une réponse à ma réfutation dans L'Hermine du mois d'octobre. Elle est en trois points. Il me semble y avoir répondu sous le titre Megabuzz. Beaucoup de fidèles de la FSSPX, en particulier sur leur Forum Fecit, ont été sensibles à cette réfutation de l'abbé de La Rocque, qui était en même temps une défense d'Assise III.

Mais, depuis, je n'ai pas eu un mot de l'abbé de La Rocque. Encore moins de l'abbé de Cacqueray. Etrange silence.

L'un et l'autre considèrent peut-être que le temps du logos est terminé. Vient le temps du scandale. J'annonce cette nouvelle en me fondant sur le Forum Fecit, quitte à ce qu'il y ait confirmation par des instances mieux habilitées. Je souhaite bien sûr que ce texte soit un faux. En voici l'extrait le plus significatif. L'abbé de Cacqueray explique qu'à l'occasion de la saint François d'Assise (4 octobre), il va demander pardon pour le péché d'Assise. Voici son projet :
"- En réparation de la convocation de la célébration de la scandaleuse réunion interreligieuse d’Assise qui aura lieu le 27 octobre prochain et pour obtenir de Dieu que cette réunion n’ait pas lieu, le district de France fera célébrer mille messes.
- En réparation des 33 représentations blasphématoires contre la Passion de Notre Seigneur dont la programmation a été confirmée dans différentes villes de France et pour obtenir de Dieu qu’elles n’aient pas lieu, le district de France fera célébrer 330 messes.
- En outre, chaque prieuré du district de France célébrera une messe publique de réparation et chaque prêtre célébrera également une messe de réparation.
Nous invitons instamment tous les catholiques à entrer dans cet esprit d’expiation, de pénitence et de réparation de ces terribles péchés publics".
Il me semble intolérable de mettre l'acte que va poser le pape à Assise le 27 octobre sur le même plan que des sacrilèges comme le Pisschrist ou comme ces représentations théâtrales au cours desquelles, à l'occasion d'un picnic, on joue avec des rondelles de carton blanc représentant des hosties.

Intolérable parce que l'abbé de Cacqueray et son staff, ayant publié leur avis "théologique", n'ont pas été capables de répondre posément à mes critiques fondées et ont finalement choisi le silence de la raison et les canons de la déchirure.

Intolérable parce que tous les prieurs du District de France sont sommés de s'associer par une messe publique à cette mascarade. Les pauvres !

Attention ! A traiter le pape de scandaleux, selon le bon vieux principe de l'arroseur arrosé, c'est l'insulteur qui devient lui-même un scandale. Quant au scandale qu'il déclare éprouver, parce qu'il refuse de le fonder en raison, parce qu'il est inaccessible à la discussion raisonnable, on peut le suspecter d'être ce que l'on appelait naguère au séminaire d'Ecône, d'après le bon vieux Prümmer un scandale pharisaïque.

J'avoue que je ne voyais pas d'explication à cette violence. Et puis je me suis rappelé deux textes de l'abbé de Cacqueray publiés en avril 2008 et toujours en lecture sur la Porte Latine. Je les offre à mes lecteurs. il me semble qu'ils expliquent beaucoup de chose. L'abbé de Cacuqeray lui-même déclare, après avoir écrit ces textes que vous allez lire, que ces apologues, qui, selon lui, sont des considérations sur la Providence, ont motivé son engagement dans la FSSPX. Par les temps qui courent, je crains que, se prenant soudain pour le meilleur tireur, il se soit d'abord tiré une balle dans le pied... Mais jugez-en vous-mêmes, je reproduis ici ses textes, qui prennent une tonalité cruelle à la lumière de l'événement, mais je vous les offre tels qu'ils sont sur la Porte latine, à la virgule près, sans en changer une ligne :
Les deux apologues de la Dernière cartouche

Premier apologue
Au soir de cette journée, les chasseurs venaient de renverser leurs étuis : il ne leur restait plus qu’une unique et dernière cartouche. Tout naturellement, ils la remirent à celui d’entre eux qui était le meilleur fusil. En temps habituel, aucun n’aurait assurément reconnu cette supériorité de l’un d’entre eux sur les autres. Mais l’heure était suffisamment grave pour que beaucoup de sentiments d’amour-propre disparussent d’eux-mêmes. A ce dernier coup de feu, bientôt tiré, se trouverait en effet suspendue la survie de toute la population. Voilà des mois qu’ils combattaient une bête maléfique qui dévastait leurs habitations et, du cercle des chasseurs qu’ils formaient, il n’en était pas un qui ne pleurait quelque membre de sa famille emporté dans la gueule du monstre. Ils savaient, puisqu’ils avaient épuisé leur poudre, qu’ils y passeraient tous si la dernière cartouche manquait sa cible.
Ils n’avaient pas hésité à désigner leur champion. Mais aucun d’eux ne pouvait s’empêcher de penser qu’avec cette dernière cartouche, c’était aussi sa vie et celle de tous les siens qui se trouvait remise entre les mains d’un seul homme ! Ils se le chuchotaient entre eux et leur inquiétude montait. Chacun pensait intensément- car aucun n’était inexpérimenté dans l’art de la chasse ni ne manquait d’une réelle connaissance du terrain- au choix du meilleur affût pour se poster, de l’instant le plus favorable du jour, pour ce coup qu’il restait à tirer.
Tandis que les nouvelles les plus sombres des horreurs commises par la bête continuaient de leur arriver, certains estimèrent nécessaire de donner à leur camarade, en plus de la dernière cartouche, leurs avis et vives recommandations. Ce fut un brouhaha d'opinions divergentes. Plusieurs, conscients des ravages opérés par la bête, alors même qu’on était encore en train de réfléchir et de parler, plaidaient pour qu’on ne perdît plus de temps et que l’affrontement, de toute façon inévitable, eût lieu au plus vite. D’autres, non moins justement, rétorquaient qu’à se précipiter sans avoir pris le temps de choisir le meilleur guet, le coup serait manqué et la population entière définitivement livrée à la bête. La discorde augmentait leur peine. Voilà que ceux qui devaient combattre un si grand ennemi commun se retrouvaient, à l’heure la plus grave, presque fâchés entre eux.
Les premiers se tournaient vers leur champion et le sommaient de courir sus à la bête sans plus attendre. Les autres le retenaient par la manche et lui reprochaient de penser à partir au combat sans plus de réflexion. Ils ne semblaient pas s’apercevoir que par leur désunion, le ton de leur querelle et cette soudaine appréhension, ils lui faisaient endurer deux combats au lieu d’un seul, au risque de le voir arriver affaibli pour le duel décisif.
Mais lui, conscient et même compréhensif de leur mélange de méfiance et de confiance, écoutait leurs avis et en retenait le meilleur. Il savait, depuis qu’ils avaient fait ce geste de lui remettre leur dernière cartouche et depuis qu’elle était bien passée de leurs mains dans les siennes, que, à un instant donné qui ne manquerait pas de survenir, c’est lui et lui seul qui se retrouverait devant la bête, face à face, et lui seul qui appuierait sur la gâchette.
Chasseurs ! Si vous les croyez justes, donnez tous vos conseils de chasseur à votre champion mais prenez garde cependant de ne pas l’accabler ! Il vous est évidemment difficile de remettre votre vie entre les mains de l’un des vôtres mais souvenez-vous -c’est ainsi- qu’une cartouche n’est jamais tirée que par un seul homme.

Deuxième apologue
Lorsque son étui est bien garni, le fier chasseur ne regarde pas à ses cartouches. Il se saisit impatiemment de chacune puis, qu’elle ait ou non atteint sa cible, c’est toujours son fusil, puisque la cartouche n’est plus là pour l’entendre, ou qu’il gronde ou qu’il congratule ; ce n’est jamais la cartouche.
Mais, lorsqu’au soir de la journée, il ne lui reste plus que la dernière, voyez donc comme il la regarde, comme il la traite avec respect, comme il la polit entre ses mains ! On dirait que d'être sa dernière l'a comme transfigurée à ses yeux, qu’elle en a brusquement reçu un surcroît d’être qu’elle ne possédait pas, qu’elle mérite désormais les plus grands égards. Sans doute veut-il la tirer mais il veut encore moins la gaspiller ! Alors que le crépuscule descend, il pense qu'elle seule pourra lui procurer le couronnement de sa journée et l’ovation de ses pairs.
Le chasseur veut donc - et pour cause !- ne tirer qu’"à coup sûr". Mais, à dire vrai, qul est le sens de cette expression ? Ne signifie-t-elle pas qu’il faut seulement tirer lorsqu’il n’y a plus aucune chance de manquer la bête maléfique ? Cependant est-ce jamais possible ? Y a-t-il un chasseur sans faiblesse et un fusil sans défaut à qui le triomphe soit garanti ?
S’il ne reste au dernier des chasseurs qu’une dernière cartouche pour tuer la bête maléfique, avant la tombée de la nuit, chacun comprend que le chasseur, les autres chasseurs et la population ne risquent la mort que pour deux motifs possibles. Il est certain qu’ils mourront si la cartouche n'est pas tirée à la nuit tombée. Ils mourront également si elle est tirée mais qu’elle manque la bête. N’apparaît-il donc pas qu’il vaut encore mieux se risquer à tirer plutôt que de ne pas tirer ?
Cependant, cette certitude, au yeux du détenteur de la dernière cartouche, ne constitue pour autant qu’un premier principe de sa stratégie. Il sait bien qu’elle ne le dispense nullement de se mettre en quête de toutes les circonstances qui rendront, lorsqu’il tirera, son âme paisible, parce que son coup, prudemment et parfaitement calculé, sera un coup de maître.

Comme illustration de ces deux apologues.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, il semble que la dernière cartouche qui doive être tirée sur l'hydre moderniste soit la Fraternité Saint-Pie X.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche n’est jamais tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche est mal tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, la Fraternité Saint-Pie X est cette dernière cartouche qui sera tirée, depuis le bon affût et à l’instant convenable, et elle tuera la bête.
C'est à la lumière de telles considérations sur la Providence que nous avons donné notre confiance à la Fraternité.

Suresnes, Avril 2008
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier, 
Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X.

mardi 4 octobre 2011

Jacques de Guillebon demain mardi...

Jacques de Guillebon, jeune essayiste remarqué, est un esprit libre. Alors que la gauche subit une crise d'identité qui n'a d'égal sans doute que celle qui secoue la droite, le voilà qui revient, avec Frédéric Ozanam, aux fondamentaux du christianisme. Comment la révolution chrétienne se réalise-t-elle dans les sociétés qui s'offrent à son influence ? Voilà la question qu'il pose à Frédéric Ozanam, jeune intellectuel brillant, contemporain de la Révolution de 1848 et que Jean Paul II est venu béatifier à Notre Dame de Paris en 1997. Guillebon vient de publier un livre, à la couverture évocatrice sous le titre : Frédéric Ozanam, le choix des pauvres.

Après qu'il nous aura présenté son livre, nous continuerons avec un débat, dans lequel j'interviendrai sur la démocratie confisquée et sur l'idée chrétienne de la démocratie. depuis Jean-Paul II les papes (Benoît XVI tout récemment à Berlin) reparlent de la démocratie. Nous voulons ouvrir le débat au Centre Saint Paul avec tous ceux qui le souhaitent, tous ceux qui estiment qu'une démocratie est sociale ou n'est pas et qu'une démocratie trop politisée est une démocratie purement rituelle (le rite de l'isoloir) une démocratie morte !
Mardi 3 octobre 2011 - à 20H00 - au Centre Saint Paul, 12 rue Saint Joseph 75002, M° Sentier ou Grands Boulevards - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - Un verre de l'amitié prolonge la conférence.