Une vieille connaissance me demande «Pourquoi Assise IV (2011) ?» je lui réponds: parce qu’Assise I (1986), et II (1993), et III (2002). Assise IV, j’en suis convaincu, sera le patch des ‘Assise’ précédents. Mais qu’est-ce qu’un patch? C’est en informatique un petit programme nouveau qui vient corriger les anomalies d’une version précédente. Patch veut dire rustine en anglais – on peut aussi bien considérer l’image du cycliste qui a crevé: il ne jette pas sa chambre à air défectueuse, mais avec un patch il la répare.
C’est bien ainsi que procède Joseph Ratzinger. Il ne jette rien, il répare: Il y a, dans tel texte, telle formulation étonnante? C’est que nous l’avions mal comprise! Par exemple cette phrase : «L'unique Église du Christ subsiste en l'Église catholique» (1965), qui a fait grincer quelques dents. En 1985 le Cardinal Ratzinger nous en explicite le sens: elle signifie que «l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique».
Ou alors la messe: on pouvait croire (et des milliers d’évêques l’ont cru) que le Novus Ordo Missae de 1970 était le nouvel Ordo Missae, qu’il remplaçait celui de 1962, de même que celui de 1962 remplaçait le précédent. Eh bien pas du tout. Le missel de 1962? «jamais abrogé»! Il est donc le rite romain en vigueur, dans sa forme extraordinaire. (Dans cette optique, qu’est le missel d’encore avant? la forme sur-extraordinaire?)
J’en arrive à Assise. Beaucoup avaient vécu ces rencontres comme une grande fraternisation interreligieuse – les uns pour s’en réjouir (et pourquoi pas au fond s’il est vrai que «nous croyons au même Dieu, le Dieu Unique, le Dieu Vivant, le Dieu qui crée les mondes»!), les autres pour s’en plaindre (la FSSPX évoque encore une «foire»). Le cardinal Ratzinger lui-même avait fait savoir ses réticences. Puis applique sa méthode: il évoque (2002) la «juste compréhension de l'événement d'Assise» - il nous annonce qu’à Assise «il ne s'agissait [pas] d'affirmer une égalité des religions, qui n'existe pas».
Ami lecteur, ne pense pas que j’ironise! Car enfin, quelle autre méthode utiliser? Rembobiner le temps? ce n’est pas faisable techniquement. Dire son opposition frontale? C’est envisageable de la part de fidèles ou de prêtres traditionalistes – pas de la part d’un pape. Alors quoi? Peindre d’une nouvelle couleur ce qui existe déjà est au fond la seule chose à faire. Et puisque Assise est advenu (1986 et après), il n’y a sans doute pas d’autre choix que de poser l’acte d’un nouvel Assise, qui par une forme et par un contenu plus traditionnels donneront «leur vrai sens» aux réunions passées.
Je suis bien certain qu’à Assise IV, c’est ce que fera le pape Ratzinger, lui qui aime citer les paroles du Christ à saint François: «Va, et répare mon Eglise»
C’est bien ainsi que procède Joseph Ratzinger. Il ne jette rien, il répare: Il y a, dans tel texte, telle formulation étonnante? C’est que nous l’avions mal comprise! Par exemple cette phrase : «L'unique Église du Christ subsiste en l'Église catholique» (1965), qui a fait grincer quelques dents. En 1985 le Cardinal Ratzinger nous en explicite le sens: elle signifie que «l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique».
Ou alors la messe: on pouvait croire (et des milliers d’évêques l’ont cru) que le Novus Ordo Missae de 1970 était le nouvel Ordo Missae, qu’il remplaçait celui de 1962, de même que celui de 1962 remplaçait le précédent. Eh bien pas du tout. Le missel de 1962? «jamais abrogé»! Il est donc le rite romain en vigueur, dans sa forme extraordinaire. (Dans cette optique, qu’est le missel d’encore avant? la forme sur-extraordinaire?)
[Cela demande parfois une certaine souplesse. Quand on trouve dans un journal la formule «il fallait lire»… (par exemple : «il fallait lire onglet, et non anglais») nous comprenons bien qu’il s’agit d’une tournure de style, et que dès le départ il aurait fallu écrire onglet au lieu d’anglais. Eh bien dans notre cas, c’est différent : tout ce passe comme si l’on nous disait «vous avez bien lu, notez cependant que dans ce texte, ‘anglais’ a le sens d’onglet».]Cette méthode rectificative marche aussi avec les actes. Que faire des JMJ ? leur côté ‘Woodstock catholique’ collait mal au pontificat. Le pape Ratzinger aurait pu les supprimer (ou les réduire à peu de chose, en les organisant dans une ville peu accessible). Pas du tout, il les continue, la fiesta en moins, l’adoration en plus.
J’en arrive à Assise. Beaucoup avaient vécu ces rencontres comme une grande fraternisation interreligieuse – les uns pour s’en réjouir (et pourquoi pas au fond s’il est vrai que «nous croyons au même Dieu, le Dieu Unique, le Dieu Vivant, le Dieu qui crée les mondes»!), les autres pour s’en plaindre (la FSSPX évoque encore une «foire»). Le cardinal Ratzinger lui-même avait fait savoir ses réticences. Puis applique sa méthode: il évoque (2002) la «juste compréhension de l'événement d'Assise» - il nous annonce qu’à Assise «il ne s'agissait [pas] d'affirmer une égalité des religions, qui n'existe pas».
Ami lecteur, ne pense pas que j’ironise! Car enfin, quelle autre méthode utiliser? Rembobiner le temps? ce n’est pas faisable techniquement. Dire son opposition frontale? C’est envisageable de la part de fidèles ou de prêtres traditionalistes – pas de la part d’un pape. Alors quoi? Peindre d’une nouvelle couleur ce qui existe déjà est au fond la seule chose à faire. Et puisque Assise est advenu (1986 et après), il n’y a sans doute pas d’autre choix que de poser l’acte d’un nouvel Assise, qui par une forme et par un contenu plus traditionnels donneront «leur vrai sens» aux réunions passées.
Je suis bien certain qu’à Assise IV, c’est ce que fera le pape Ratzinger, lui qui aime citer les paroles du Christ à saint François: «Va, et répare mon Eglise»
Raisonnement un peu forcé
RépondreSupprimerIl y a bien évidemment du vrai dans votre exposition : dans un grand nombre de domaines, Benoît XVI essaye progressivement, par petites touches, de rendre plus acceptables certains domaines qui avaient débordé (JMJ, liturgie papale, et même doctrine). Toutefois, cette argumentation me paraît forcée à plusieurs endroits.
- Sur la question du subsistit in, Benoît XVI donne une lecture complètement contradictoire avec le sens commun du mot. L'explication donnée est bienheureuse. Mais elle ne répare pas le dommage que crée le mot compris communément. Elle ne prend pas très ouvertement fait des dégâts provoqués par l'interprétation commune (et logique) qui a emmené 99 % des âmes vers de tristes horizons.
- Sur Assise, même les franges conservatrices du monde catholique s'accordaient à reconnaître que l'acte de Jean-Paul II avait été de trop. Ces mêmes franges ont été les premières stupéfaites par cette nouvelle convocation. Je connais bien des prêtres étrangers à la FSSPX qui me tenaient le langage : Bien entendu, Assise, en 1986, ce fut un abus, mais cette période est bel et bien révolue. Désormais, nous avons Benoît XVI...
Ma question au technicien : Un patch peut-il corriger une version d'un programme clairement reconnu comme étant un virus par tous les techniciens précédents (en l'occurrence les papes) ?
Le gâchis, c'est qu'en latin le verbe +subsistere+ signifie également +être+, avec bien plus de force encore que le verbe +être+ banal. +Être+ mais +être la substance+. On aurait pu (si on avait voulu... ce qui n'a pas été le cas) traduire le latin +subsistit in+ par +est en union hypostatique+.
RépondreSupprimerMais bien évidemment, en français ou en anglais ou dans je ne sais quelle langue encore, on prend les mots à leur valeur faciale -et c'est le bon sens- et l'on sait bien que si +L'oiseau subsiste dans sa cage+ ne signifie pas qu'il se confonde avec elle.
Pour le reste et plus globalement, je propose juste une clef d'interprétation - ce n'est pas l'outil absolu, mais sans doute cela peut-il expliquer un peu.
Pour ce qui est d'Assise 1986 (et suivants) je pense comme vous que ce n'est pas l'acte le plus limpide du pontificat de Jean Paul. Benoit aurait pu laisser tomber dans l'espoir que les gens oublieraient. Ou alors, il peut: creuser, curer, apurer. Pas facile d'être pape - je comprends que Piccoli ne se précipite pas.
Pour ce qui est des patchs, et bien qu'il ne faille pas filer trop loin les métaphores, je vous dirais que +oui+: un petit patch peut faire marcher le programme qui plantait toute la machine.
Personnellement, je pense qu'avant de condamner JP2 pour Assise, il faut se remplonger dans le contexte de l'époque et ne pas faire d'anachronisme.
RépondreSupprimerOui JP2 a eu raison dans une conjoncture politique et diplomatique difficile, alors que le rideau de fer n'était pas tombé, de convoquer tous les dirigeants religieux du monde pour une prière dite ensemble (ce qui ne veut pas dire prière commune,mais une prière exprimée en même temps) pour implorer la paix. JP2 a été un pape de la paix : venu d'un pays doublement martyrisé par les nazis et les communistes, il a jeté toutes ses forces pour que cessent les guerres et pour le triomphe de la paix. Les esprits chagrins me diront qu'il y a toujours des guerres, certes, mais croyez vous que l'on puisse imposer la paix perpétuelle et universelle d'un claquement de doigts. N'oubliez pas que JP2 a souffert dans sa chair des horreurs de la guerre.
Enfin, nous ne connaissons pas l'action souterraine du Saint-Siège pour la paix.
Enfin, je me souviens des JMJ de Paris en 1997, c'était vraiment super.
Moi je m'en tiens à la parole de Notre Seigneur: "Que votre oui soit oui, que votre non soit non". La doctrine de Jésus Christ n econnaît pas le "patch", mais l'affirmation courageuse de la vérité.
RépondreSupprimerLes patsch... voilà qu'il me revient que je ne fume pas!A peine à l'occasion. Pas de quoi mettre un patch (avec ou sans "s" avant le "ch"?) En oubliant le hash!
RépondreSupprimer<Les patsch, le pape... Assise... Dans l'énoncé des différents Assise, pourquoi arrivons-nous à assise IV alors qu'il semble en manquer un? Sauf erreur, l'Assise manquant en question, c'est le III, celui de 2001 ou de 2002, celui qui a suivi le 11 septembre, et où l'autorité romaine a pris position pour expliquer que les trois mille morts du 11 septembre étaient de plus grands obstacles à la paix que... je ne sais pas, moi ! Ceux qui meurent tous les jours du désordre mondial, alimentaire ou forestier!
Le terrorisme paraissait un plus puissant ennemi de la papauté de cet Assise III-là que la guerre, réelle ou larvaire. La papauté, dans le sillage du monde entier, a accepté l'horrible chantage de George Bush:
"Nous ferons la guerre contre le terrorisme, et qui, dans cette guerre, ne sera pas pour nous sera contre nous..."
Je passe sur la seconde phrase, évangélique et que je ne m'explique pas. Mais la précédente, avec son expression: "la guerre contre le terrorisme"! Comment ? Une guerre contre un ennemi... invisible? Et, pour ne rien cacher, une guerre mondiale de "l'axe du bien contre l'axe du mal"? C'est le seul bémol qu'ont mis les occidentaux pour suivre George Bush: pas de politique du bien et du mal, pas de réunion des "puissances de l'axe"; mais sorti de là, le caractère diffus de cette guerre n'a semblé poser de problème à personne... Même pas à Assise III en 2001, faut-il y voir une apostasie du pacifisme, ou, pour ceux qui n'aiment pas le pacifisme, de l'hérésie utopique du pacifisme?
Bonjour Julien, bonjour à toutes et à tous,
RépondreSupprimerCher Julien, ce que vous appelez "l'horrible chantage de George Bush" ressemble surtout, comme deux gouttes d'eau, à un "horrible montage", vu que la version officielle des attentats du 11 Septembre 2001, s'avère avec le temps et les enquêtes parallèles, dont l'écho assourdi, ne cesse de se faire plus bruyant, être bien davantage un pur et simple tissu de mensonges et d'incohérences, que l'enquête scrupuleuse et objective qu'elle eût du être.
Et pour cause, puisqu'elle a vraisemblablement servi de justificatif, bien bancal d'ailleurs, pour intervenir au Moyen-Orient et tenter de reconfigurer la carte de cette région, au plus grand bénéfice des intérêts américains "néo-conservateurs" du nom de ceux qui ont initié le projet, de longue date.
L'avenir dira si cet incalculable nombre de morts et de forfaîts, sous le prétexte de mensonges d'État éhontés, n'aura pas eu comme unique résultat qu'un îgnoble bain de sang supplémentaire, en attendant la suite, dans cette partie du monde martyrisée.
Ne manquez pas demain soir mercredi, 18h., sur RC, l'émission qu'Emmanuel Ratier y consacrera. Thierry Meyssan y est annoncé, en personne.
Cordialement,
Cher Thierry,
RépondreSupprimerJe vais suivre votre conseil et me mettre à l'écoute de cette émission. N'oublions pas qu'emmanuel Ratier a été l'inspirateur occulté de thierry Mayssan. Emmanuel Ratier est bien magnanime de ne pas se souvenir de cette occultation dont il a paru plusieurs fois mortifié, et d'estimer que la cause vaut plus que les conflits visant à départager qui a levé le lièvre le premier.
Ce qui m'ennuie le plus dans tout ça est qu'il est bien connu que la papauté que je révère est une structure occidentale de gouvernance du christianisme ou du catholicisme,qui est, lui, universel. Le fait de donner dans le complot que vous supposez ou à tout le moins dans la surréaction occidentale à ces attentats n'est pas de nature à permettre aux peuples qui l'ont subie et qui sont essentiellement d'obédience islamique de faire le distinguo entre la domination occidentale et le christianisme, étant donné la part qu'il a voulu y prendre en désignant le terrorisme comme l'ennemi principal du genre humain et de la marche du monde.
J'ai aimé qu'en 1991, Jean-Paul II ait tout fait pour dissuader les puissances qui voulaient s'y engager de se lancer dans la guerre du golfe. Onze ans plus tard, Jean-Paul II étant malade, la papauté n'aura plus la même réaction. En plus de l'abaissement de la priorité qu'elle donnait à la paix, de la garde dont elle la veillait, je crois que la papauté a commis une erreur de stratégie, comme toutes les puissances qui se sont livrées corps et biens à la volonté américaine de ne pas perdre son hégémonie et qui n'en ont pas manifesté un regret rétrospectif et sincère,
@ Merci cher Julien, de votre précieuse dernière intervention, grâce à laquelle j'apprends d'ailleurs le rôle qu'a pu jouer Emmanuel Ratier, en inspirant Thierry Meyssan, ce dont je n'avais jamais entendu parler.
RépondreSupprimerPreuve qu'il n'en a pas pris ombrage, puisqu'il l'invite à son micro. Ratier a accompli un travail gigantesque, pour le camp national mais c'est une personnalité exactement contraire à ce que peut être un "people". Il est d'une discrétion et d'une sobriété absolument remarquables, et qui inspirent une grande considération, oûtre la valeur de son oeuvre.
Pour être plus précis que je ne l'ai été, c'est la seconde partie de son émission de cet après-midi, soit à 19h30, qu'est prévu le thème du 11/9. Bonne écoute, et à plus tard, quant à moi, j'écouterai les trois heures bien sûr!
(pardon à notre Webmestre, pour le hors-sujet)