Oxbridge, qui n'aime pas mes analyses cinématographiques en général, trouve aussi que je fais tout un cinéma de Vatican II. Il préfèrerait que j'avoue que du Concile on ne parle plus, parce qu'avec les JMJ on est passé à autre chose.
Sur le fond il a sans doute raison : pourquoi s'encombrer d'un texte qui est à la fois kilométrique (ceux qui ont fait l'expérience de sa lecture confirmeront) et flou (mais cela va ensemble).
Sur la forme... A-t-on le droit de classer l'affaire en proférant de telles énormités formelles? Je n'en suis pas sûr. Et c'est pour cela (parce que je ne veux pas classer l'affaire trop vite) que je continue à en parler. Je ne prends Vatican II ni pour un totem ni pour un tabou. Ni pour une vache sacrée selon l'expression un peu familière d'Oxbridge. Mais je pense que l'histoire de l'Eglise recèle une cohérence... A trouver. Et que rien n'est pour rien, surtout pas un événement de cette ampleur.
Un anonyme intervenant au cours de deux longs posts explique qu'il (ou elle) aimerait justement garder non les textes (trop mal faits) mais un certain esprit d'ouverture caractéristiqaue du temps du Concile et qui lui paraît de bon augure. Ce n'est évidemment pas en ce sens que Benoît XVI parlait, lui, le 22 décembre 2005 d'un esprit du Concile à rejeter. Pour lui, l'esprit à rejeter est un esprit soixante huitard avant l'heure : l'imagination au pouvoir, l'expérience érigée en norme,interdit d'interdire etc. Mais alors quel serait l'esprit à garder ?
In illo tempore, Mgr Williamson (mais oui) nous interdisait d'être ce qu'il appelait des "cinquantistes"... Il n'est pas question en effet de faire comme si, sous prétexte de critique constructive du Concile, Vatican II n'avait jamais existé, et comme si on pouvait impunément revenir aux années 50. Vatican II, du point de vue de l'Eglise catholique, fait partie de notre présent et permet des choses qui n'auraient pas pu exister sans lui.
Quelle est l'utilité providentielle du Concile ?
J'ai déjà écrit que Vatican II fournit la carte et la boussole de tous les problèmes qui se posent aujourd'hui. La carte et la boussole, mais pas l'itinéraire (en cela je suis d'accord avec l'anonyme et j'ai constaté avec plaisir que l'abbé Laguérie comprenait ces expressions comme moi - voir son texte sur ce blog) : constitution de l'Eglise, rapport avec les autres confession chrétiennes sous le signe de l'oecuménisme (comme l'avait vu Joseph de Maistre), dialogue avec les religions non-chrétiennes, nouvelle évangélisation, rôle des laïcs, importance mystique de la liturgie et en particulier de l'eucharistie, "centre et sommet de la vie chrétienne", rôle des médias (qui connaît Inter mirifica, une déclaration que l'on n'étudie pas, qui nous explique que son devoir d'annoncer Jésus Christ confère à l'Eglise un droit absolu de se servir et de posséder des moyens médiatiques) et j'en passe. On peut regretter certaines carences : dans le foutoir de la rédaction de Dignitatis humanae, on trouve des idées faibles sur la liberté de conscience, qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Jean-Paul II et Benoît XVI ont tenté de réaxer la liberté sur la vérité.
Mais enfin, de manière générale, comme je l'expliquais déjà dans la conclusion de Vatican II et l'Evangile "Le concile Vatican II apparaît comme un immense champ à prospecter pour tous ceux qui veulent comprendre l'incroyable collapsus dont est victime l'Eglise catholique". Prospectons donc ces textes si peu ou si mal coonnus de ceux là même qui font profession de les défendre. Nous avons le choix entre deux attitudes : celle de ceux qui relativisent tous les textes du Concile en les jugeant à l'aulne de la Tradition. Et celle de ceux qui relativisent tous les textes de la Tradition en les jugeant à l'aulne de l'esprit du Concile. Benoît XVI nous a solennellement demandé de choisir la première attitude. Pour prospecter, nous relativisons...
Ca c'est valable pour le texte du Concile.
Maintenant il y a aussi l'événement conciliaire et la lecture de l'histoire qu'il commande. Il me semble que la nouvelle souveraineté mondiale du pape de Rome, l'émergence du pape-monde, Jean-Paul II et de son successeur et continuateur Benoît XVI, est quelque chose que nous devons à Vatican II. Jamais Pie XII n'aurait même pu rêver d'avoir l'aura des deux derniers papes. Du reste, ce même Pie XII s'adressait toujours aux catholiques, dans le droit fil de ce que j'appelle le confessionalisme et qui est typique du pontificat de Pie XI, son prédécesseur. Vatican II a fait exploser le confessionalisme (au nom duquel, par exemple en 1926 on a condamné l'Action Française, coupable d'être un mouvement politique laïc). Ca a fait beaucoup de casse. l'Eglise en Occident n'est pas encore sûre de pouvoir s'en remettre. Mais cela permet aussi une prédication plus large.
Exemple ? Les JMJ.
Sous Pie XI et Pie XII, on aurait organisé des JMJC, des Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique. Avec crânerie, Jean Paul II dans une sorte d'intuition de l'universalité véritable (de la catholicité) de l'Eglise n'a jamais voulu de cet épithète limitative. La Jeunesse est tout entière appelée par Dieu ! La véritable universalité, la véritable catholicité de l'Eglise postulait qu'on n'employât pas cet épithète confessionnel. Le pape s'adresse à tous les hommes, parce qu'il est catholique c'est-à-dire universel, mais il ne le précise plus pour ne pas faire du mot "catholique" un étendard de l'exclusivisme communautariste, contraire à l'Evangile et donc à l'ADN de l'Eglise.
Pour conclure : Vatican II a détruit une conception trop étroite de l'universalité de l'Eglise, celle de Pie XI, pour qui l'Eglise était arc-boutée sur sa différence confessionnelle (politique catholique, partis catholique, jeunesse catholique, roman catholique, philosophie catholique etc.) et gouvernée par ses clercs. Jean-Paul II, souvent à l'instinct, par sa fonction de pape-monde, exauce un voeu que le Concile n'avait pas vraiment su comment mettre en oeuvre, en se donnant les moyens d'une nouvelle forme d'universalité ou de catholicité, pour mieux propager la révolution chrétienne de la charité. Au cours des JMJ (cinq millions de personnes à Manille) il fait de l'Eglise selon une formule que Vatican II emprunte à Isaïe, "un signe dressé à la face des nations". Et Benoît XVI donne à cette Institution jiémjique le sérieux germanique dont elle avait besoin.
Le paradoxe de cette nouvelle catholicité,de cette nouvelle universalité du christianisme, c'est qu'elle est pontificale ou papale d'abord... D'autant plus ouverte que son centre doctrinal et moral est mieux défini comme étant Rome. D'autant plus large qu'elle est réalisée par une personne, parlant immédiatement au coeur de millions d'autres personnes... Comme au temps du Christ.
Sur le fond il a sans doute raison : pourquoi s'encombrer d'un texte qui est à la fois kilométrique (ceux qui ont fait l'expérience de sa lecture confirmeront) et flou (mais cela va ensemble).
Sur la forme... A-t-on le droit de classer l'affaire en proférant de telles énormités formelles? Je n'en suis pas sûr. Et c'est pour cela (parce que je ne veux pas classer l'affaire trop vite) que je continue à en parler. Je ne prends Vatican II ni pour un totem ni pour un tabou. Ni pour une vache sacrée selon l'expression un peu familière d'Oxbridge. Mais je pense que l'histoire de l'Eglise recèle une cohérence... A trouver. Et que rien n'est pour rien, surtout pas un événement de cette ampleur.
Un anonyme intervenant au cours de deux longs posts explique qu'il (ou elle) aimerait justement garder non les textes (trop mal faits) mais un certain esprit d'ouverture caractéristiqaue du temps du Concile et qui lui paraît de bon augure. Ce n'est évidemment pas en ce sens que Benoît XVI parlait, lui, le 22 décembre 2005 d'un esprit du Concile à rejeter. Pour lui, l'esprit à rejeter est un esprit soixante huitard avant l'heure : l'imagination au pouvoir, l'expérience érigée en norme,interdit d'interdire etc. Mais alors quel serait l'esprit à garder ?
In illo tempore, Mgr Williamson (mais oui) nous interdisait d'être ce qu'il appelait des "cinquantistes"... Il n'est pas question en effet de faire comme si, sous prétexte de critique constructive du Concile, Vatican II n'avait jamais existé, et comme si on pouvait impunément revenir aux années 50. Vatican II, du point de vue de l'Eglise catholique, fait partie de notre présent et permet des choses qui n'auraient pas pu exister sans lui.
Quelle est l'utilité providentielle du Concile ?
J'ai déjà écrit que Vatican II fournit la carte et la boussole de tous les problèmes qui se posent aujourd'hui. La carte et la boussole, mais pas l'itinéraire (en cela je suis d'accord avec l'anonyme et j'ai constaté avec plaisir que l'abbé Laguérie comprenait ces expressions comme moi - voir son texte sur ce blog) : constitution de l'Eglise, rapport avec les autres confession chrétiennes sous le signe de l'oecuménisme (comme l'avait vu Joseph de Maistre), dialogue avec les religions non-chrétiennes, nouvelle évangélisation, rôle des laïcs, importance mystique de la liturgie et en particulier de l'eucharistie, "centre et sommet de la vie chrétienne", rôle des médias (qui connaît Inter mirifica, une déclaration que l'on n'étudie pas, qui nous explique que son devoir d'annoncer Jésus Christ confère à l'Eglise un droit absolu de se servir et de posséder des moyens médiatiques) et j'en passe. On peut regretter certaines carences : dans le foutoir de la rédaction de Dignitatis humanae, on trouve des idées faibles sur la liberté de conscience, qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Jean-Paul II et Benoît XVI ont tenté de réaxer la liberté sur la vérité.
Mais enfin, de manière générale, comme je l'expliquais déjà dans la conclusion de Vatican II et l'Evangile "Le concile Vatican II apparaît comme un immense champ à prospecter pour tous ceux qui veulent comprendre l'incroyable collapsus dont est victime l'Eglise catholique". Prospectons donc ces textes si peu ou si mal coonnus de ceux là même qui font profession de les défendre. Nous avons le choix entre deux attitudes : celle de ceux qui relativisent tous les textes du Concile en les jugeant à l'aulne de la Tradition. Et celle de ceux qui relativisent tous les textes de la Tradition en les jugeant à l'aulne de l'esprit du Concile. Benoît XVI nous a solennellement demandé de choisir la première attitude. Pour prospecter, nous relativisons...
Ca c'est valable pour le texte du Concile.
Maintenant il y a aussi l'événement conciliaire et la lecture de l'histoire qu'il commande. Il me semble que la nouvelle souveraineté mondiale du pape de Rome, l'émergence du pape-monde, Jean-Paul II et de son successeur et continuateur Benoît XVI, est quelque chose que nous devons à Vatican II. Jamais Pie XII n'aurait même pu rêver d'avoir l'aura des deux derniers papes. Du reste, ce même Pie XII s'adressait toujours aux catholiques, dans le droit fil de ce que j'appelle le confessionalisme et qui est typique du pontificat de Pie XI, son prédécesseur. Vatican II a fait exploser le confessionalisme (au nom duquel, par exemple en 1926 on a condamné l'Action Française, coupable d'être un mouvement politique laïc). Ca a fait beaucoup de casse. l'Eglise en Occident n'est pas encore sûre de pouvoir s'en remettre. Mais cela permet aussi une prédication plus large.
Exemple ? Les JMJ.
Sous Pie XI et Pie XII, on aurait organisé des JMJC, des Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique. Avec crânerie, Jean Paul II dans une sorte d'intuition de l'universalité véritable (de la catholicité) de l'Eglise n'a jamais voulu de cet épithète limitative. La Jeunesse est tout entière appelée par Dieu ! La véritable universalité, la véritable catholicité de l'Eglise postulait qu'on n'employât pas cet épithète confessionnel. Le pape s'adresse à tous les hommes, parce qu'il est catholique c'est-à-dire universel, mais il ne le précise plus pour ne pas faire du mot "catholique" un étendard de l'exclusivisme communautariste, contraire à l'Evangile et donc à l'ADN de l'Eglise.
Pour conclure : Vatican II a détruit une conception trop étroite de l'universalité de l'Eglise, celle de Pie XI, pour qui l'Eglise était arc-boutée sur sa différence confessionnelle (politique catholique, partis catholique, jeunesse catholique, roman catholique, philosophie catholique etc.) et gouvernée par ses clercs. Jean-Paul II, souvent à l'instinct, par sa fonction de pape-monde, exauce un voeu que le Concile n'avait pas vraiment su comment mettre en oeuvre, en se donnant les moyens d'une nouvelle forme d'universalité ou de catholicité, pour mieux propager la révolution chrétienne de la charité. Au cours des JMJ (cinq millions de personnes à Manille) il fait de l'Eglise selon une formule que Vatican II emprunte à Isaïe, "un signe dressé à la face des nations". Et Benoît XVI donne à cette Institution jiémjique le sérieux germanique dont elle avait besoin.
Le paradoxe de cette nouvelle catholicité,de cette nouvelle universalité du christianisme, c'est qu'elle est pontificale ou papale d'abord... D'autant plus ouverte que son centre doctrinal et moral est mieux défini comme étant Rome. D'autant plus large qu'elle est réalisée par une personne, parlant immédiatement au coeur de millions d'autres personnes... Comme au temps du Christ.
Cher Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimerQuelles que soient les faiblesses que vous trouvez au "foutoir" "kilométrique" des textes du concile et en particulier à "dignitatis humanae", ne pensez-vous pas que la déconfessionalisation qu'a permise Vatican II au sens d'une expansion de la mission et de la prédication évangélique, avait pour prémisse, pour préalable indispensable, stratégiquement et pastoralement, l'acceptation de "la liberté religieuse", c'est-à-dire la reconnaissance en droit des religions non chrétiennes ? Car comment pouvoir s'adresser à quelqu'un que l'on ne reconnaît pas ?
D'autre part, les restrictions à la liberté religieuse étaient valables dans le contexte de nations souveraines et relativement otarciques. A partir du moment où la mondialisation a fait, pour le meilleur et pour le pire, que les nations sont devenues des nations-monde (comme Jean-Paul II est devenu un pape-monde dont le message est entendu sur tous les points de la mappe-monde (ou peu s'en faut), ces restrictions, non seulement avaient-elles encore un sens, mais demeuraient-elles tout simplement possibles ?
Je reviens enfin sur la faiblesse formelle évidente, "foutoir kilométrique" et "flou", dites-vous, emphase prônant la simplicité, dirais-je, des textes du concile : s'en tenir à la lettre dans ces conditions, en rechercher autre chose que l'esprit ne relève-t-il pas de la gageure ?
J. Weinzaepflen (alias le torrentiel qui ne galège pas)
Il me semble que Vatican II a eu au moins le mérite de mettre fin à une immense tension au sein du catholicisme, entre modernisme et réaction, dans sa déclaration sur la liberté religieuse notamment, qui met fin à une crispation héritée des violences de la Révolution française. On peut enfin à nouveau, et Jean-Paul II et Benoît XVI nous ont tracé une voie royale, être très à l'aise avec la liberté religieuse et préservé de toutes les scories de l'indifférentisme. Ouf !
RépondreSupprimerCher Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimermerci pour ce message comme toujours très intéressant. vous voudrez bien m'excusez toutefois de faire deux ou trois remarques :
-même si de fait, l'Action française a été condamnée au nom d'un cléricalisme plus révoltant encore que ses propres propos, qui pourrait nier que cette condamnation était opportune ? Certes, Maurass pourrait presque apparaître comme un moindre mal à l'époque de l’essor des 'identitaires' qui sont en quelques sortes en train de ressusciter le fascisme (même s'il ne faut pas généraliser à chacun d'entre eux les tendances générales qu'on peut malheureusement observer) : les maurassiens gardent en général une certaine profondeur intellectuelle, tandis que la nostalgie plus ou moins ouverte pour les années 30 est en général un signe clinique (avant coureur dans certains cas) de mort cérébrale (je ne dis pas, évidemment, que cela soit le cas de tous les identitaires).
Cela étant, si l'on tient compte des outrances de l'A.F. (outrance qui étaient il est vrai tout-à-fait dans l'esprit de l'époque, y compris dans la bouche d'élus de gauche), il me semble que Pie XI lui a finalement rendu service en l'incitant à se réfréner. Il est vrai qu'il eût été à souhaiter que Pie XI prît lui-même conscience aussi rapidement que Maurass et Bainville du problème allemand : je crois me souvenir en effet que l'A.F. avait été condamnée entre autres choses pour son anti-germanisme... Cela étant, je suis tout-à-fait d'accord avec vous sur l'aspect nauséabond du cléricalisme triomphant qui a servi de cadre à cette condamnation. Vous me permettrez tout de même, dans le domaine du patriotisme et de l'anti-germanisme, de préférer De Gaulle à Maurass : il me semble en effet difficile de nier que le général avait une plus grande largeur de vue, une vision du monde plus large et plus universelle que le promoteur du "nationalisme intégral". Ajoutons que sans De Gaulle, la France eût sans doute viré au communisme en 45 de sorte qu'on n'aurait pas même eu l'occasion de lui faire les reproches qu'on a pu lui faire par la suite à tort ou à raison. (à suivre).
(suite)
RépondreSupprimer-second point, cher monsieur l'abbé : où avez-vous vu que le cléricalisme ait disparu ?? Vivons nous sur la même planète ? Simplement, le cléricalisme n'est plus organisé autour du prêtre, mais autour de "l'équipe d'animation paroissiale" avec ce qu'un Mgr Escriva (sur lequel je ne porte du reste de jugement ni en bien ni en mal : je répète seulement ce que j'ai lu, et qui sur ce point était en l’occurrence si vrai...) a pu appeler "les catholiques officiels". Accessoirement, le cléricalisme est centré autour des évêques qui en seraient presque au point de ressusciter le géocentrisme : qui en effet oserait nier que le monde tourne autour des évêques ? Le monde, du reste, n'a-t-il pas été créé pour les évêques ? Je plaisante, bien sûr, mais il suffit de lire certains textes tout-à-fait officiels sur la nécessité de la communion ecclésiale (même pour le pape : "ce ne sont pas les évêques de France qui sont en communion avec le Pape, c'est le Pape qui est en communion avec les évêques") pour se demander s'il n'y a pas là une part de vérité...
Du reste, on peut d'une certaine manière les comprendre : ils ont tellement envie qu'il n'y ait pas de vague, que les gens apostasient peut-être, mais qu'ils le fassent sans faire de vagues... Bref :où avez-vous vu que le cléricalisme ait disparu ? Et par ailleurs, @François : "Jean-Paul II et Benoît XVI nous ont tracé une voie royale, être très à l'aise avec la liberté religieuse et préservé de toutes les scories de l'indifférentisme. Ouf !" Je crois que tout le courant catholique libéral l'avait déjà montré bien avant Vatican II. Cela étant, à l'époque, les libéraux ne tombaient pas pour autant dans l'indifférentisme, au moins ceux d'entre eux qui restaient catholiques : je crains qu'on ne puisse plus exactement en dire autant après Vatican II, même pour ceux (combien sont-ils ?) qui sont resté un tant soit peu catholique, puisqu'aussi bien, il n'est plus nécessaire maintenant pour se dire tel, ni de croire au Christ, ni de croire en la Trinité : je crois que bien rare sont les protestants qui, du moins avant le Concile, en étaient arrivés jusque-là, même en tenant compte de la mode, dans certains milieux du protestantisme libéral, de réhabiliter à peu près toutes les hérésies trinitaires ou christologiques de l'histoire de l’Église. Cette mode du reste, avait surtout cours chez les philologues allemand, qui réhabilitaient en masse tous les hérésiarques de l'antiquité, y compris ceux dont les propos étaient essentiellement tournés vers une critique jusqu'à l'hérésie du judaïsme et de l'Ancien Testament (Marcion, etc). On connait la suite... De nos jours, évidemment, les génocides sont plus softs : on se contente d'avaler une pilule abortive avec le consentement implicite d'une partie de l'épiscopat... Bref, excusez moi, je crois que je suis un peu sorti du sujet... A une prochaine...
@ Anonyme de minuit 11
RépondreSupprimer"...puisqu'aussi bien, il n'est plus nécessaire maintenant pour se dire tel (catholique), ni de croire au Christ, ni de croire en la Trinité"
En une phrase cher Anonyme, vous venez de décrire, à votre corps défendant peut-être, tout le drame de notre crise d'identîté. Comme ce serait bien si c'était vrai: tant d'agnostiques, tant d'athées pourtant bien catholiques jusqu'au bout des ongles mais qui doivent faire le deuil de leur identîté profonde, sous prétexte qu'ils ne croient pas en ceci, qu'ils ne croient pas en cela. Nous parlons des bataillons de catholiques, hommes, femmes, enfants qui peuplaient autrefois les églises, presque jour et nuit et qui ne se présentent plus à l'appel, désormais, puisqu'ils savent bien que l'on va exiger d'eux leur brevet actualisé, de croyance en ceci ou en cela, qu'ils ne sont pas néanmoins enclins à admettre, pour toutes sortes de raisons extrêmement profondes et qui s'appellent, pour faire court, la crise de l'Occîdent chrétien.
Pourtant ils et elles aiment la religion de leurs aïeux mais non! pas question de leur lâcher comme ça la messe en latin, qui serait pourtant bien douce à leurs oreilles, et peut-être à leur coeur, qui sait?
Non, il faut "croîre" mais que ça ait un goût fade et insipide, moderne et démocratique, à la sauce droit-de-lommesque du jour, en acceptant également, selon les caprices hiérarchiques, que la petite chapelle du XVè de leur village, soit enlaîdie d'une ridicule exposition d'art moderno-saint-sulpicien, ou y entendre des percussions hîdeuses, sous prétexte qu'elles sont à la mode exotique, et politiquement correcte.
Pourtant, même sans "croîre", ça leur fait mal au coeur, de voir un tel spectacle, là où fut célébrée la messe de funérailles de leur arrière grand-père et peut-être même celle du grand-père de celui-ci, et finalement de tous leurs parents au cours des siècles si loin dans le temps, que l'on ne se se rappelle même plus d'eux mais on sait qu'ils étaient là, qu'ils se sont mariés aussi à cet endroît, et conduit chacun de leurs enfants au baptème, sans avoir besoin de faire un stage de "préparation" ou je ne sais quel "approfondissement".
Encore un effort, messieurs-dames les bien-croyants et il n'y aura bientôt même plus personne, pour y rentrer, sauf quelques maîgres troupes toujours revendicatives et indîgnées que l'on ne puisse ne pas "croîre", et prétendre quand même aimer sa religion, et dont les chants aîgrelets (très laids, en général) finiront par se perdre nulle part, à force d'avoir défiguré, par un intellectualisme dérisoire, le chant profond qui accompagnait les bâtisseurs de Vézelay, Chartres, de Reims et de Notre-Dame de Paris, que j'ai vue l'été durant, investie par les hordes de touristes pendant la journée, et entourée de gratteurs de guitare, et de concours de roller, sur fond de musique techno, jusqu'à une heure avancée de la nuit...
@Thierry : intéressant... cela dit :
RépondreSupprimer"vous venez de décrire, à votre corps défendant peut-être, tout le drame de notre crise d'identîté" : je crois plutôt qu'il s'agit d'une crise de là foi, vos descriptions le montrent bien d'ailleurs.
"défiguré, par un intellectualisme dérisoire" : je me méfie toujours des critiques trop rapides de l' "intellectualisme", même si je sais qu'un certain intellectualisme peut de fait exister, par exemple dans certains milieux protestants. Ceux qui ont dénaturé la liturgie, l'ont fait au nom d'une critique de la complexité du latin, supposé inaccessible à nos contemporains. Je passe aussi sur l'usage de l'anti-intellectualisme qui peut être fait en politique : je crains en effet que vous ne me soupçonniez de vouloir donner dans le "droit-de-lommesque", comme vous dites. Vous me permettrez cependant d'évoquer aussi (mais peut-être me direz-vous avec Mauriac que ce saint là n'est pas de votre paroisse ?) les propos de saint Pie X dans Pascendi sur la critique de l' "intellectualisme" opérée par les modernistes afin de promouvoir leur "immanence vitale". En résumé : la foi est un sentiment, quelque chose qui se vit, pas un contenu intellectuel dépassé auquel on adhérerait... je crois que vous me comprenez, d'autant plus que c'est à peu de choses près ce que vous venez de décrire. Du reste, Pascendi explique bien que si certains modernistes veulent réformer la liturgie, d'autres sont hostiles à cette idée, car ils voient dans l'ancienne liturgie une grande richesse symbolique. Cela étant dit, je comprends ce que vous voulez dire, et je veux bien croire que certains, sans avoir la foi à proprement parler du fait du décervelage collectif qu'on appelle avec pudeur "nouvelle cathéchèse", soient émus par le patrimoine culturel que représentent les églises, la beauté des chants anciens, etc. Tertullien ne parlait-il pas de l' "âme naturellement chrétienne" ? Au fond, je crois que c'est ce que vous êtes en train d'exprimer.
Cher Thierry,
RépondreSupprimerMa question pourra vous paraître brute de décoffrage et d'une coupable indiscrétion, mai...s
VOUS EN ETES OU AVEC LA FOI ?
J'ai encore dans l'oreille et au coeur (il doit y avoir un an et demie) votre interpellation qui tenait en aussi peu de mots que la mienne et exprimait le déchirement d'une vie:
"Eh Guillaume, eh Julien, on fait quoi quand on n'a pas la Foi ?
A essayer de bien vous suivre, j'ai l'impression que vous avez fait le pari de la religion et que ce pari est en train de vous réussir.
Vous écrivez de plus en plus souvent "notre religion" en parlant du catholicisme.
Si c'est ça, c'est un bon fruit de ceux (le bhx Jean-Paul II, le Cal Poupard ou l'abbé de Tanoüarn entre autres) qui ont misé sur le combat culturel auquel, personnellement, je ne croyais pas, voire que je trouvais carrément contraire à l'Evangile.
Si votre attachement au catholicisme de vos origines vous a donné une famille, vous a permis de rejoindre votre famille d'origine, ce sera déjà un grand bienfait, car le promeneur solitaire de Paris que vous êtes se sentira moins seul.
C'est un grand bienfait d'avoir une famille. Je sais pour ma part que je suis né et que je mourrai catholique, non seulement parce que je crois que je ne perdrai plus la Foi, mais parce que c'est ma famille et que je l'aime, retrouvant mon patrimoine génétique dans toutes ses composantes, si diverses et opposées soient-elles.
Dans une société atomisée comme la nôtre, où quelque chose comme 53 % des parisiens vivent seuls (et encore plus de parisiennes, pensez-y, Thierry, car il va falloir "faire une fin"), ce n'est pas rien d'avoir une famille.
Mais au-delà, dans votre cas, je sens qu'il y a de moins en moins loin entre la religion et la Foi, et j'espère de tout coeur deviner juste.
Car quand on a fait une seule expérience de Dieu en sa vie, quand on a été une fois transporté, les doutes peuvent continuer, "la lutte avec l'ange" aussi, et ce que l'abbé de Tanoüarn appelait un jour le sentiment d'hétéronomie entre notre volonté qui se braque et celle de Dieu Qui a une espérance pour nous, une chose est sûre :nous sommes attachés à Dieu et ce lien est indélébile et restera permanent. C'est notre ancre sur terre. Jamais "rien ne pourra nous séparer de l'amour du Christ" au point de nous faire "désaimer Dieu".
Je prie pour que votre itinéraire aboutisse à cette ancre depuis le port où votre vie "avancera au large" !
Bonjour cher Julien, bonjour Anonyme qui nous avez gratifié de trois posts fort intéressants dans ce topic, et qui avez l'amabilité de vous adresser à moi, dans le dernier. Je suis si touché de ces attentions personnelles, singulièrement par les remarques si fraternelles et chaleureuses de Julien, que je ne sais comment vous répondre à tout deux.
RépondreSupprimerDisons qu'avec la Foi, je fais ce que je peux!
Un point qui me semble capital, c'est d'avoir réalisé que la religion, quelle qu'elle soit d'ailleurs, ne peut être amputée de son volet "identitaire", si je puis dîre. Il me semble que c'est à force d'avoir méconnu ce dernier, certes avec les meilleures intentions du monde, que notre Religion catholique, sa hiérarchie, son encadrement du moins, a découragé nombre d'entre nous, de rester fidèles et de demeurer des Fidèles.
C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle je ne rate pas un seul épisode du combat pour la messe en latin, ayant personnellement vécu comme une privation incompréhensîble, son inexistence officielle, durant une si longue période, heureusement interrompue par le Motu Proprio "Summorum Pontificum".
Comment prétendre que la messe était devenue du jour au lendemain inaudible, sous prétexte qu'elle était traditionnellement célébrée en latin, alors qu'elle avait parfaitement convenu à des centaines de générations de catholiques, dont je soupçonne beaucoup d'avoir été illettrés, dans les premiers siècles, en tout cas?
Étaient-ils donc moins chrétiens, que ceux qui comprenaient "enfin" le sens de quelques paroles, toujours les mêmes, qui guidaient chaque pas de nos aïeux? Quelle insulte à leur intelligence, de les imaginer si bêtes, qu'ils ne fussent pas capables de mémoriser la signification de quelques formules rituelles, qui résumaient pour nombre d'entre eux, la quasi totalité de leur existence et de leurs espérances?
Cette fausseté fut pour moi le "tilt" qui me fit comprendre aussi un autre paradoxe, celui des débats jamais abordés, alors qu'essentiels. Nous sommes très forts, dans ce domaîne de l'hypocrisie sociale poussée à son maximum.
On parle toujours des musulmans et des juifs, comme si leur écrasante majorité était "croyante" mais cette pseudo-évidence ne tient pas à la moîndre analyse sérieuse. Tout comme les chrétiens, dans ces Temps Modernes si peu propices à la vie spirituelle, ils ne sont pas moins que nous, violemment écartés des fins dernières des religions monothéistes qui sont les nôtres mais la seule et vraie différence, c'est que les leurs ne se cachent pas de satisfaire aux besoins identitaires de leurs peuples, tandis que la nôtre a été accaparée par un certain nombre de gens, qui prétendent la dégager de sa gangue populaire, j'allais dîre instinctuelle, pour en faire une sorte de religion élitiste et distinguée, dans laquelle on dénierait aux populations le droit légitime et naturel, de respecter scrupuleusement ses traditions, s'accordassent-elles mieux avec "la foi du charbonnier" qu'avec celle de petits marquis de la Théologie.
Il y a dans la belle cathédrale de Monaco, où reposent le Prince Rainier et la princesse Grace, un portrait saisissant du Padre Pio, simplement vêtu de sa robe de bure, que l'on découvre caché dans un recoin et qui vous saisit, comme s'il vous regardait tout à coup, vous en personne, humble passant et visiteur du lieu mais qui semble vous tenir soudainement sous son bon et profond regard. Comment aujourd'hui seraient jûgées ces foules immenses, qui envahissaient presque jour et nuit, son presbytère, pour l'entendre ne serait-ce que quelques minutes et prier avec lui, laissant monter le chant profond de leur misère, de leurs maladies et de leurs désespoirs, en recevant de sa bénédiction presque comme un avant-goût du Paradis? Tout le reste n'est que littérature!
Très cordialement à vous,
Avec mes excuses pour les deux ou trois fautes (ou +? Aïe!) d'orthographe et grammaticales, que j'aperçois à la relecture et qui me donnent mal aux yeux! J'en suis vraiment désolé mais impossible de les corriger!
RépondreSupprimerBonne occasion de refiler amicalement et avec un clin d'oeil, la responsabilité à notre cher Webmestre: cher Webmestre, quand allez-vous doter votre forum de la fonction "éditer" qui permettra à chacun de corriger ou compléter ses posts + la messagerie privée (qui me permettra d'expliquer à fond à Julien, où j'en suis avec la Foi) et aussi l'affichage des derniers messages, ce qui permettra de faire remonter d'anciens topics passionnants mais qui se trouvent relégués dans les archives, quasiment inaccessibles et si l'on y poste qqch, c'est à peu près comme si l'on criait, au beau milieu du Sahara? Fin du H.S.
Certes, certes, mon bon Thierry. N'imputez pas à notre webmestre, mais à notre hébergeur (puisqu'il est aussi celui de mes blogs) de n'avoir pas donné le moyen d'être tenu informé des nouveaux commentaires qui sont aussi, quoique de seconde main, des mises à jour du blog. Notre webmestre vous reprendrait vivement (et dans l'atmosphère du moment, je vais lui éviter cette mise au point) sur l'assimilation que vous faites entre un blog et un forum.
RépondreSupprimerQuant à communiquer plus directement, vous et moi, je puis vous donner mon adresse mail, qui n'est pas secrète:
julien.weinzaepflen@numericable.fr
Je vous y attends ainsi que tous ceux qui voudront, pas forcément croiser le fer avec moi, mais aussi échanger des propos constructifs. A tous il sera fait bon accueil.
Je note précieusement, cher Julien, votre mail privé: ne craignez pas que j'en abuse, pas mon style d'autant que le Métablog nous offre généreusement un vaste espace de communication.
RépondreSupprimerJe suis certain que notre Webmestre n'aura pas mal pris, ma suggestion, toute amicale, qui était plutôt dans le sens d'un remerciement pour tout le travail bénévole que nous lui donnons mais qui nous procure un tel plaisir de dialoguer, que nous en redemandons et souhaitons de tout coeur, qu'une audience plus grande encore, vienne récompenser ce merveilleux blog, tenu à quatre mains, toujours inattendu, varié, profond. Bref! De quoi réunir bien des bonnes volontés, et de francs caractères.