N'allez surtout pas voir ce film de Valérie Donzelli avec Valérie Donzelli. Je sais : il est encensé par la critique. Peut-on dire quelque chose contre une femme qui manque de perdre son jeune enfant d'un cancer au cerveau et qui lutte
pour s'en sortir jusqu'à obtenir la guérison du petit... Le sujet est si profondément humain, si merveilleusmeent humanitaire... Le happy-end si rassurant et si encourageant, si pédagogique que, lorsque l'héroïque maman fait de son combat un film... Et lorsqu'elle se met en tête d'y jouer son propre rôle... Son film, on ne peut en dire que du bien... Et moi j'en dis du mal...
Oxbridge va encore m'en vouloir de parler cinéma. Et je ne lui ai toujours pas répondu sur Vatican II, sujet autrement important ! A ma décharge : j'ai passé deux jours dans les relations par dessus les siècles entre Pascal et Maurras... Je comptais sur ce film pour me donner quelques idées sinon frivoles du moins plus quotidiennes. Rien du tout !
Je crois que ce film est dangereux.
Il y a d'abord sa sociologie très courte. Les beaux parents de part et d'autre : il y a d'un côté une hystérique flanquée d'un mari qui ne quitte pas son imperméable, dans lequel il est sanglé comme s'il s'agissait d'une cuirasse. Le monde peut s'écrouler, son petit fils mourir, lui il lit. Quoi ? Le Figaro. Hasard ! Je précise que je n'ai pas d'actions au Figaro, mais c'est lourd, d'autant plus qu'en face (les parents du mec) on a une femme... et sa femme, et les deux donzelles sont merveilleusement compatissantes, efficaces, elles accourent à Marseille, sur le lieu du drame, au premier signe etc. C'est lourd. Mais ce ne serait pas encore le signe du ratage définitif... Ce ne serait pas grave si, au moins, le sujet du film était... traité.
Quel est le sujet du film ? la souffrance devant la fragilité d'une petite vie innocente qui s'en va ; le courage, le coeur face au mal...
Le film se veut extrêmement contemporain : deux jeunes comme tous les autres. ils s'appellent Roméo et... Juliette. Ils se regardent. Ils s'aiment. Ils font un enfant. Ils achètent un appartement. Ils font les travaux. Et l'enfant tombe malade... Qu'est-ce qu'il a ? Un cancer. 70 % de chances. Puis 10 % de chances. L'horreur.
Et face à l'horreur ? L'hystérie. Les personnages sont continuellement dans l'hystérie. Quand ils sont tristes, ils hurlent, courent et s'évanouissent. Quand ils essaient de mener une vie normale, ils embrassent à tout va en soirée "open kiss" : c'est l'hystérie inverse.
Mais la douleur, la vraie, n'est-elle pas avant tout intérieure ? je veux bien que dans ce film la douleur fasse son cinéma, mais il y a des limites, au delà desquelles rien n'est plus crédible, ni dans un sens ni dans l'autre. On sent que le film avec son mouvement et sa voix off ressemble, quant à la forme à Amélie Poulain. Mais n'est pas Audrey Tautou qui veut ! Il aurait fallu créer, ne serait-ce que par instant, au moins l'illusion d'une profondeur, d'un ressenti, d'un mystère. Au lieu de cela : des glapissements... et des évanouissements...
Quant aux dialogues, ils n'ont qu'un but : calculer ce qu'il faut dire (aux autres) et ce qu'il faut faire, mentaliser la souffrance, tenir le coup quitte à ne pas poser les questions qui fâchent, se tenir chaud sans se poser de questions et intervenir toujours comme un couple et pas comme le père ou la mère... Evidemment l'histoire se termine bien et donc on imagine que les parents ont eu raison de réagir de cette façon... Il me semble pourtant que dans la vie, ce genre de calculs des efforts et des peines fonctionne une fois sur dix. La plupart du temps, on est submergé par le démenti que la vie nous inflige. Ce qui est dur est encore plus dur qu'on ne l'imaginait. Et rien n'est rationnel.
Valérie Donzelli tourne en dérision la prière (le Notre Père et le Je vous salue Marie récités de manière superstitieuse par l'actrice) et fait le parallèle entre ces paroles sublimes et le porte-bonheur chinois que la soeur de l'actrice offre à l'enfant avant l'opération.
Bref, face à la souffrance, une seule réaction première l'hystérie et un seul remède le calcul. Chance : cette fois, il est tombé juste. Mais quelle subversion plus complète de la souffrance peut-on imaginer ? Dans sa manière de filmer, Valérie Donzelli montre une seule chose, toujours la même : en face de la souffrance la vie intérieure est inutile. Ce qui compte c'est d'avoir le moral et de croire en la science...
On me permettra de penser, sans sacrilège, que ce dispositif peut fonctionner une fois par hasard. Pas deux. La vie exige d'avantage que ce genre de calculs. La vérité est ailleurs.
D'où vient notre force face à la violence du mal ? Justement de ce qui est ici tourné en dérision. Le mal fait prier, pourquoi se moquer de cette prière ? C'est en elle que se trouve la vérité de notre condition, non pas parce que cette prière pour la vie serait exaucée à tous les coups : trop facile ! Mais lorsque l'on se met à prier, lorsque l'on se met à demander, on se trouve ramené d'un coup à la vérité de ce que l'on représente face au Mystère de l'univers, face à Dieu. Et c'est dans cette vérité aperçue que toujours nous sommes exaucés d'une manière ou d'une autre : nous sommes sauvés.
Que manque-t-il à ce film sur Valérie Donzelli, par Valérie Donzelli, avec Valérie Donzelli ? Poser la question de cette manière, c'est y répondre.
pour s'en sortir jusqu'à obtenir la guérison du petit... Le sujet est si profondément humain, si merveilleusmeent humanitaire... Le happy-end si rassurant et si encourageant, si pédagogique que, lorsque l'héroïque maman fait de son combat un film... Et lorsqu'elle se met en tête d'y jouer son propre rôle... Son film, on ne peut en dire que du bien... Et moi j'en dis du mal...
Oxbridge va encore m'en vouloir de parler cinéma. Et je ne lui ai toujours pas répondu sur Vatican II, sujet autrement important ! A ma décharge : j'ai passé deux jours dans les relations par dessus les siècles entre Pascal et Maurras... Je comptais sur ce film pour me donner quelques idées sinon frivoles du moins plus quotidiennes. Rien du tout !
Je crois que ce film est dangereux.
Il y a d'abord sa sociologie très courte. Les beaux parents de part et d'autre : il y a d'un côté une hystérique flanquée d'un mari qui ne quitte pas son imperméable, dans lequel il est sanglé comme s'il s'agissait d'une cuirasse. Le monde peut s'écrouler, son petit fils mourir, lui il lit. Quoi ? Le Figaro. Hasard ! Je précise que je n'ai pas d'actions au Figaro, mais c'est lourd, d'autant plus qu'en face (les parents du mec) on a une femme... et sa femme, et les deux donzelles sont merveilleusement compatissantes, efficaces, elles accourent à Marseille, sur le lieu du drame, au premier signe etc. C'est lourd. Mais ce ne serait pas encore le signe du ratage définitif... Ce ne serait pas grave si, au moins, le sujet du film était... traité.
Quel est le sujet du film ? la souffrance devant la fragilité d'une petite vie innocente qui s'en va ; le courage, le coeur face au mal...
Le film se veut extrêmement contemporain : deux jeunes comme tous les autres. ils s'appellent Roméo et... Juliette. Ils se regardent. Ils s'aiment. Ils font un enfant. Ils achètent un appartement. Ils font les travaux. Et l'enfant tombe malade... Qu'est-ce qu'il a ? Un cancer. 70 % de chances. Puis 10 % de chances. L'horreur.
Et face à l'horreur ? L'hystérie. Les personnages sont continuellement dans l'hystérie. Quand ils sont tristes, ils hurlent, courent et s'évanouissent. Quand ils essaient de mener une vie normale, ils embrassent à tout va en soirée "open kiss" : c'est l'hystérie inverse.
Mais la douleur, la vraie, n'est-elle pas avant tout intérieure ? je veux bien que dans ce film la douleur fasse son cinéma, mais il y a des limites, au delà desquelles rien n'est plus crédible, ni dans un sens ni dans l'autre. On sent que le film avec son mouvement et sa voix off ressemble, quant à la forme à Amélie Poulain. Mais n'est pas Audrey Tautou qui veut ! Il aurait fallu créer, ne serait-ce que par instant, au moins l'illusion d'une profondeur, d'un ressenti, d'un mystère. Au lieu de cela : des glapissements... et des évanouissements...
Quant aux dialogues, ils n'ont qu'un but : calculer ce qu'il faut dire (aux autres) et ce qu'il faut faire, mentaliser la souffrance, tenir le coup quitte à ne pas poser les questions qui fâchent, se tenir chaud sans se poser de questions et intervenir toujours comme un couple et pas comme le père ou la mère... Evidemment l'histoire se termine bien et donc on imagine que les parents ont eu raison de réagir de cette façon... Il me semble pourtant que dans la vie, ce genre de calculs des efforts et des peines fonctionne une fois sur dix. La plupart du temps, on est submergé par le démenti que la vie nous inflige. Ce qui est dur est encore plus dur qu'on ne l'imaginait. Et rien n'est rationnel.
Valérie Donzelli tourne en dérision la prière (le Notre Père et le Je vous salue Marie récités de manière superstitieuse par l'actrice) et fait le parallèle entre ces paroles sublimes et le porte-bonheur chinois que la soeur de l'actrice offre à l'enfant avant l'opération.
Bref, face à la souffrance, une seule réaction première l'hystérie et un seul remède le calcul. Chance : cette fois, il est tombé juste. Mais quelle subversion plus complète de la souffrance peut-on imaginer ? Dans sa manière de filmer, Valérie Donzelli montre une seule chose, toujours la même : en face de la souffrance la vie intérieure est inutile. Ce qui compte c'est d'avoir le moral et de croire en la science...
On me permettra de penser, sans sacrilège, que ce dispositif peut fonctionner une fois par hasard. Pas deux. La vie exige d'avantage que ce genre de calculs. La vérité est ailleurs.
D'où vient notre force face à la violence du mal ? Justement de ce qui est ici tourné en dérision. Le mal fait prier, pourquoi se moquer de cette prière ? C'est en elle que se trouve la vérité de notre condition, non pas parce que cette prière pour la vie serait exaucée à tous les coups : trop facile ! Mais lorsque l'on se met à prier, lorsque l'on se met à demander, on se trouve ramené d'un coup à la vérité de ce que l'on représente face au Mystère de l'univers, face à Dieu. Et c'est dans cette vérité aperçue que toujours nous sommes exaucés d'une manière ou d'une autre : nous sommes sauvés.
Que manque-t-il à ce film sur Valérie Donzelli, par Valérie Donzelli, avec Valérie Donzelli ? Poser la question de cette manière, c'est y répondre.
Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimerJe n'avais pas noté qu'Oxbridge vous faisait reproche de vos critiques de cinéma: moi je les dévore, qui pourtant n'ai pas du mettre les pieds dans une "salle obscure" depuis une bonne dizaîne d'années bien tassé(quinze)! et ce matin, je suis enchanté.
Je sais bien à présent que vous appréciez le "7è. Art" et votre talent coutumier, dès que vous vous emparez d'un sujet, fait que -sans jamais aller voir le film dont vous parlez- je finis par lui trouver des qualités supposées, à cause de vous, et sans le connaître.
Mais aujourd'hui, vous êtes l'arroseur arrosé n'est-ce pas...Hi! Hi! Hi!
"Encensé par la critique...si merveilleusement humanitaire..." (je vous cite)...et vous vous êtes fait avoir, avec un gros panneau encadré de rouge, comme ça...Ha! Ha! Ha!
"Personnages hystériques...glapissants..." mais comment pouviez-vous vous attendre à autre chose, qui sont le lot commun de toutes ces productions bêlantes et idéologiques? Je ne parle pas du 0,1% de films qui sont des chef-d'oeuvres...à moi Eisenstein, Satyajit Ray, Kurosawa, à moi Abel Gance, et quelques rarissimes autres exceptions de la liste de ces "cinéastes", qui sont au mieux de bons "faiseurs" (de spectacles dont la seule qualité demandée est d'être distrayants), au pire, des menteurs et des profiteurs de la crédulité publique!
De toute manière, le débat public est maintenant quasiment impossible, voire interdit, dans un pays dont les habitants ont accepté que la liberté d'expression soit muselée, par des lois confiscatoires, dans un pays où il fut répondu en cinq lettres, à un référendum (de 2005) qui n'avait donc de populaire et démocratique que le nom, on l'avait d'ailleurs fort bien compris d'avance, en perdant nos dernières et ultimes illusions sur les chenapans qui ont tout verrouillé à leur profît, en attendant que sonne le tocsin, pas trop tard, on espère...
Tout débat est perversement tronqué et convenu, sur fond de moralisation de la plus extrême violence intellectuelle. Il faut prendre des pauses codées, pour faire entendre ce qui sont la plupart du temps, des mensonges gros comme une maison (j'en ai dix exemples à l'esprît), assénés par les valets en lîvrée de la Pensée Unique et du conformisme mortifère, sur fond de la vulgarité et de l'oûtrecuidance de ces petits personnages minables du 'show-biz", qui sont vénérés par les masses avachies et pétrifiées à la fois.
Oh! Je m'arrête, mon café refroidit et je vais finir par l'avaler de travers!
P.S. et j'attends votre prochaine chronique, avec impatience bien sûr!
Merci de cette mise au point si précieuse...la douleur, l'épreuve sont nos lots ...à nous de les affronter et d'y trouver ce que nous sommes grâce à la prière qui nous rappelle notre condition d'être créé.
RépondreSupprimerCe film n'est-il pas finalement "un mensonge romantique"?
Je précise, pour ceux qui auraient lu trop rapidement le post de l'abbé: Dans la "vraie" vie, les acteurs (Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm) ont été un vrai couple. Ils ont eu un enfant (pour de vrai) qui est tombé gravement malade (pour de vrai). Puis ils se sont séparés et retrouvés pour revivre la chose, mais en tant qu'acteurs (et en tant que réalisatrice, pour elle). La profession le sait bien, et quand Valérie Donzelli présente à ses collègues son film, qui est celui de sa souffrance, que peuvent-ils faire d'autre que d'applaudir?
RépondreSupprimerChacun réagit bien comme il le peut, plus encore que comme il le veut, et peut-être Valérie avait-elle besoin de ce film pour digérer l'épreuve? Mais le procédé qui consiste à mettre en scène sa maladie (ou son handicap ou son deuil), bref: à utiliser sa souffrance pour prendre l'autre en otage, c'est un procédé... peu enviable.
Autre chose - qui ne concerne peut-être pas le film, que je n'ai pas vu: J’appellerai ça la volonté toute puissante. Quand j'étais plus jeune, j'étais réceptif aux discours du type "j'ai vaincu mon cancer parce que je l'ai voulu" ou "j'ai guérie ma fille par la force de ma volonté"... Tant mieux pour ceux qui le pensent - tant pis pour ceux qui subissent les mêmes épreuves, auquel on semble dire que s'ils meurent (par exemple) c'est qu'au fond ils ne désirent pas assez survivre. C'est en gros les propos qu'Hitler aurait tenu (dit-on) sur son peuple, dans ses derniers jours.
Cher monsieur l'abbé,
RépondreSupprimerOn vous comprend bien, vous auriez aimé que ce film soit l'occasion d'une belle réflexion profonde avec une morale de l'histoire un peu plus sublime.
D'après ce que vous dites, il n'en est rien bien sûr. Comme le dit Thierry "comment pouviez-vous vous attendre à autre chose?"
Je crois cependant pour ma part que ce film reflète bien la réalité, l'état de néant intérieur de nos contemporains ou plutôt encouragé par la société chez nos contemporains, ainsi que l'état pathologique du psychisme de nos contemporains. Cette hystérie que vous dénoncez est véritablement vécue -en particulier chez les femmes, mères, épouses, non-épousées, de notre temps (hystérie vient de utérus) mais pas seulement- L'hystérie est l'expression d'une souffrance non entendue. Elle est insuportable ? Certes : pour les hommes "raisonnables", formatés et sourds.
Comme ce lecteur du Figaro, propre sur lui, insensible et conventionnel. IL EXISTE ! je l'ai rencontré...en de nombreux exemplaires.
Alors non, je n'irai pas voir ce film. Moi aussi je préfère les fables de bonne tenue et les films idéalistes, porteurs de sens. Mais si l'on vous lit bien, on comprend que cette production n'est pas inintéressante et qu'elle est le fait d'un réalisateur (trice?) non seulement trés observateur mais vivant à fond ce qu'il décrit : "calculer ce qu'il faut dire (aux autres) et ce qu'il faut faire, mentaliser la souffrance, tenir le coup quitte à ne pas poser les questions qui fâchent, se tenir chaud sans se poser de questions et intervenir toujours comme un couple et pas comme le père ou la mère..." comme c'est bien vu! comme c'est juste! c'est bien là notre société inhumaine et déviante.
Maintenant, je suis d'accord avec vous pour le déplorer mais votre réaction ressemble un peu à "cachez ce sein que je ne saurais voir". Or, pour guérir un patient, il faut d'abord accepter de voir, analyser, comprendre. Après on pose un diagnostic puis le remède. Ce film a eu le mérite de vous faire voir la réelle détresse des femmes -surtout- et des hommes de notre temps et de notre civilisation décadente. C'est déjà pas si mal. Le malaise ressenti par vous est à la mesure du "Malaise dans la Civilisation".
Je viens de découvrir ce passionnant article mis en ligne sur le site du Parisien, dans la soirée...Edifiant! et oui cher Monsieur l'abbé, cher Webmestre, cher(e)s lectrices et lecteurs du Métablog... "la guerre est finie" sera peut-être sélectionné pour représenter notre pays, pour l'Oscar du meilleur film étranger (à Hollywood? mais à vérifier, je n'y connais pas grand'chose). Visite de "la cuisine" du show-biz, dans toute sa splendeur...j'allais employer le nom d'une autre partie de la maison...
RépondreSupprimerCela donne une petite idée, je crois, de la façon dont marche tout ce turbin...Hi Hi Hi
Et comme le dit si pudiquement Marguerite...euh! pardon Moreno "procédé peu enviable"...tout ce business, sur la mort de son propre gosse - épreuve particulièrement cruelle en soi, et qui le demeure pour ces parents, j'en suis certain - même si on va avoir droit à tous les larmoiements convenus habituels! Tout ça me coupe l'appétît!
Cinéma : près de 35 000 entrées pour «La guerre est déclarée»
Très, très bon démarrage pour «La guerre est déclarée» de et avec Valérice Donzelli et Jérémie Elkaïm. Le film qui a reçu un formidable accueil des critiques a aussi attiré le public puisque ce sont 34 423 spectateurs qui l’ont vu, hier en France, pour son premier jour de sortie dans 120 salles seulement.
«La guerre est déclarée» : magnifique Soit une moyenne de 267 spectateurs par salle. Devant cet excellent résultat, le distributeur Wild Bunch va augmenter considérablement le nombre de salles dès mercredi prochain. En effet, 92 salles seront rajoutéés à «La guerre est déclarée» le 7 septembre.
On chuchote avec insistance que ce deuxième long métrage de Valérie Donzelli après «La reine des pommes» pourrait être sélectionné pour représenter la France dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Produit par Edouard Weil ( qui a initié les films de Xavier Giannoli, Valérie Lemercier ( «Palais Royal»), et Philippe Garrel dont «L’été brûlant» avec Monica Bellucci présenté demain au Festival de Venise) pour 1,3 million d’euros, «La guerre est déclarée» sera donc très vite amorti s’il continue sur ce ryhme de fréquentation.
Parmi les autres films sortis hier sur les écrans, «Destination finale» de Steven Quale dénombre 128 000 spectateurs (360 salles), «R.I.F.» de Franck Mancuso avec Yvan Attal et Pascal Elbé, 22 874 (292), «Blackthorn», le western avec Sam Shepard et Eduardo Noriega (67) 3 893, et «La grotte des rêves perdus», le documentaire en 3D de Werner Herzog sur la grotte Chauvet fermée au public, 3289 (48).
Alain GRASSET
Cher monsieur l’abbé, je ne voudrais pas m’enfermer dans le rôle de l’opposition de Sa Majesté (comme disent nos amis grands-bretons), mais puisque vous me faites l’honneur de me citer en tête de votre article, je dois bien dire qu’une fois de plus, j’ai le sentiment de ne pas avoir vu le même film que vous.
RépondreSupprimerD’abord, pour pratiquer un exercice dans lequel vous excellez, j’aimerais vous mettre en contradiction avec vous-même : Tantôt, quand vous faites l’éloge du pitoyable “Melancholia”, vous le félicitez de brosser un tableau ressemblant du vide existentiel des générations actuelles, et applaudissez quand la mariée trompe son époux le soir même des noces (il n’a ce qu’il mérite, après tout, car ce n’est qu’un « sorte d'ectoplasme aimant et mimétique » ; et voici que pour “la Guerre est déclarée”, les héros ont le tort de ne pas assez spiritualiser son expérience, et même de ne pas être assez “catho tradi”, et notamment d’avoir dans leur entourage un couple de lesbiennes… Qu’importe que le film soit en grande partie autobiographique et qu’en l’occurrence, la cinéaste n’ait sans doute fait que décrire la réalité : Haro sur le réel. Comprenne qui pourra…
Ensuite, l’hystérie. C’est apparemment à peu près tout ce que vous retenez de ce film (avec le calcul, mais là, je dois dire que je ne vois pas à quoi vous faites référence) et de ce combat de ces parents pour sauver la chair de leur chair. D’hystérie, moi, je n’en ai vu que dans une scène, celle où les parents apprennent l’affreuse nouvelle. Cette séquence m’apparaît en effet comme un des (rares) points faibles du film ; elle va contre le film lui-même, à mon avis pour devancer les critiques que Valérie Donzelli sentait qu’on risquait de lui faire sur le manque de pathos, de dolorisme de son film. Car enfin : voilà un film français qui, abordant un sujet on ne peut plus douloureux, refuse de jouer la carte de l’apitoiement facile, de la compassion obligatoire et généralisée, du chantage à l’émotion, et vous faites la fine bouche (mais, si je voulais vous taquiner, je dirais que je sais bien, depuis votre éloge appuyé du racoleur “Il y a longtemps que je t’aime” de Philippe Claudel, que vous ne détestez pas qu’on sollicite avec insistance votre larme à l’œil).
Alors, vous appelez hystérie ce que j’appelle moi insistance sur l’énergie du combat plutôt que sur l’autoapitoiement, sur le choix de montrer ce que la lutte contre le mal et la souffrance peuvent avoir de positif plutôt que sur la douleur pour la douleur, la révolte ou l’absurdité de toute chose. Je ne comprends pas que ce refus de la révolte et ce choix de métamorphoser les épreuves en une énergie positive vous aient à ce point échappé, et que vous ayez préféré en rester à votre agacement vis-à-vis de personnages qui ne partagent pas vos choix sociétaux et spirituels.
Oui, Roméo ou Juliette refusent la prière ou ont recours à une forme de prière caricaturale. Et alors ? L’étonnant est que ça vous étonne ! Ce sont des enfants de leur siècle, ils n’ont pas été préparés à ça, ils vivent dans une société qui vise à les en détourner du mieux qu’elle peut. Et ils ne parviennent pas à dépasser cette limite, parce que personne ne leur a montré le chemin pour la dépasser. Pardon pour eux !
En revanche, la limite qu’ils parviennent à dépasser, c’est celle de l’égoïsme hédoniste pour laquelle leur génération a été formatée, comme le dit si bien Valérie Donzelli dans ses interviews. Et, pardonnez-moi, mais je persiste à trouver quelque chose de rassurant, voire d’admirable, à voir deux de ces enfants du siècle mettre leur vie entre parenthèses pour leur enfant, renoncer tout à coup à leur ambition, à leur égoïsme, à leur nombrilisme pour tout subordonner à défendre quelqu’un qui est trop faible pour se défendre lui-même. Il me semble que ça vaut bien le nihilisme catastrophiste et confus de “Melancholia”. (Je ne m’énerve que parce que vous avez-vous-même adopté un ton énervé contre Valérie Donzelli, et que défendre les donzelles en détresse est un devoir courtois).
Amitiés,
Plutôt d'accord avec Oxbridge...sauf la dernière phrase sur les "donzelles en détresse" qui me semble appartenir à une manoeuvre de racolage méprisable sur le dos des femmes (seules supposées hystériques) tendant à faire pardonner et donc accepter la critique qui précède en mettant dans sa poche l'interlocuteur (l'abbé) avec le sous-entendu suivant : "nous sommes tous les deux, des hommes, des vrais et bien au-dessus du pathos n'est-il pas? Donc, au fond, nous est d'accord"
RépondreSupprimerAlors que si l'hystérie est plutôt le fait des femmes de par leur nature (elles ont, de fait, un utérus, racine du mot hystérique), il est des hommes qui fantasmatiquement voudraient ou imaginent en avoir un et qui hystérisent exactement comme les femmes.
Merci de lire dans le mail précédent de 10h56 à la fin de la ligne 6 : "Donc, au fond, nous SOMMES d'accord". DésoléE.
RépondreSupprimer@oxbridge
RépondreSupprimerN’ayant pas vu « la guerre est déclaré » je ne participerais pas au débat sur ce film. Tout au plus je remarque que l’Abbé a souvent un goût sûr au cinéma, par exemple son éloge d e « la religieuse portugaise, film méconnu en France ; ou de « l’ile »
Je tenterais dire à Oxobridge qu’on peut défendre Melancholia « et de ne pas y voir l’éloge du nihilisme dans lequel sombre cette Europe du nord, (et l’autre ! ) mais bien au contraire, un appel en creux par le dévoilement brutal d’une société qui tourne à vide ; et dans ce cas ce n’est pas l’institution du mariage qui est tournée en dérision, mais sa caricature, cette enveloppe vide qui sacrifie au néant et , qui ravage ces sociétés ;: ’absence totale de cœur des héros. , bien illustrée par l’héroïne qui n’en peut plus de jouer la comédie et honorer son mari ! Elle le trompe par dérision. En revanche le film montre que devant la catastrophe qui vient , seul un sursaut ; qui vient d’ailleurs , peut nous redonner le goût de vivre pour assumer.
le langage e de Lars von Trier est certes brutal, sans concession et complaisance ! Il fait un peu penser à Pasolini mais comme lui , il veut nous réveiller et nous faire faire un chemin, en montrant que le moralisme sans cœur et l’hypocrisie donc de notre société nous ôte toute consistance , nous évide . Il nous réveille. . En tous cas ce film laisse une impression durable
J’ai vu finalement le film « la guerre est déclaré et je suis bien d’accord finalement avec notre critique de cinéma Guillaume de Tanoüarn. ( l’Abbé)
RépondreSupprimerOui le film ne vaut pas tripette, il est certes un document intéressant sur la qualité médicale de nos hôpitaux et leur prouesses, mais pour le reste sur un sujet aussi grave, c’est un film convulsionnaire, où l’on s’embrasse beaucoup mais où le cheminement intérieur est aux abonnés absents ; (Cela devait être cela les convulsionnaires à Saint Médard !)
Sur un sujet aussi grave , qui appelle à un temps de retournement, de réflexion, de révolte aussi il ya bien fuite dans l’hystérie et même n’ayons pas peur des mots une once de vulgarité dans la description des parents, la première grand- mère à la limite de la comédie bouffonne, le grand- père absent ne l’autre grand-mère évidement en couple avec une autre femme , c’es tendance ; et attendrissante ,mais est-ce du cinéma ;
Certes nous sommes émus par cette mère et ce père , il ya de quoi et puis après. Rien, le vide. Que la critique soit bonne, cela ne m’étonne pas elle confond comme toujours le politiquement correct, des bons sentiments avec ce qu’il faut penser et l’œuvre d’art, l’apitoiement sur soi avec la création Cette critique incapable d’éduquer le regard mais avide de réciter ses clichés. .
Un bon indice de la faiblesse du film c’est qu’il ne supporterait pas un second vison (contrairement à n’importe quel film d’Hitchcock) tellement il nous apparaîtrait alors pour ce qu’il est : téléphoné et sans véritable mystère, un peu je m’excuse comme le calamiteux « les chtis » qui exploite jusqu’ad Nauseam une vague bonne idée sans rien nous apporter, sans rien faire naître.
Sur un sujet aussi poignant, là où Dostoïevski a écrit ses pages les plus brûlantes, on retombe à plat. La prière assimilé à un gris gris comme l’a bien vu le métablog,.
Conclusion un reportage sur les hôpitaux soignant le cancer des enfants ne fait pas un grand film mais nous berce d’une émotion facile, sans rien creuser ni des âmes ni des visages comme le peut par exemple n’importe quel western américain « comme la captive du désert « d’Hawks ou comme un film récent méconnu « la ballade de l’impossible ».
C’est triste mais c’est comme ça le cinéma français manque d’âme et depuis Rohmer, Renoir il a du mal… Quand à un Dreyer on en est à des années lumières..
Monsieur l'Abbé, puisque vous êtes au courant de "tous" les films, pouvez-vous dire un mot de "habemus papam" dont je viens d'apprendre la parution ? Habitant en pleine campagne, et allant peu au cinéma, je ne veux pas perdre mon temps...
RépondreSupprimerMerci d'avance.
M JL R
allé voir ce film également, sans illusion. même constat : dans le moins pire, le scénario semble crédible, et pour cause, mais il est mal conduit. hymne au système de santé français, au moment où il s'écroule. par contre, personnages superficiels et/ou hystériques, relation entre les "jeunes" tellement niaises, mais probables, tant les gens s'efforcent de vivre comme au cinéma, jeu des acteurs indigent, caméra agitée, musique envahissante. je n'ai pas été déçu parce que je ne m'attendais à rien. les amis qui l'ont vu avec moi furent eux "complètement dedans", et n'ont pas compris ma critique.
RépondreSupprimerPS "habemus papam" totalement idiot, même pas drôle, à fuir.
RépondreSupprimer