Le MetaBlog reprend ce texte paru dans Monde&Vie
Chaque année qui vient nous réserve son lot de commémoration. Cela finit par devenir lassant. Mais en 2012, il y a un anniversaire que l’on n’a pas le droit de manquer, c’est le sixième centenaire de la naissance de Jeanne d’Arc. Ils l’ont brûlée vive, mais elle parle encore !
Irène Saint-Georges : L’association Avec Jeanne, dont vous êtes le porte parole, s’est donné pour but de rassembler les Français pour prier, réfléchir et s’engager avec Jeanne d’Arc, pouvez-vous nous la présenter?
Abbé Guillaume de Tanoüarn: 2012 sera une année politique. L’élection présidentielle en avril prochain polarise déjà l’attention et cache – comme un train peut en cacher un autre – les élections législatives qui suivront. A l’heure où la mondialisation est en crise, où les technostructures mises en place par une super-classe mondiale craquent de toutes parts, il est important que les Français puissent se recentrer sur ce qui est leur essentiel en tant que Français : la France. On a beaucoup glosé sur le slogan «la France pour tous». Il faudrait envisager l’attitude opposée: comment peut on tous s’unir… pour la France. Les querelles inexpiables entre la droite et la gauche s’estompent, mais les Français sont loin de s’être réconciliés avec eux-mêmes. C’est que l’unité d’une nation ne s’effectue pas par un partage plus ou moins avantageux du gâteau commun, mais par la prise en compte collective d’un héritage commun. Il y a, au long de l’histoire de France, non seulement des journées qui ont fait la France, mais des hommes et des femmes qui ont incarné cette construction historique. Et parmi ces hommes et ces femmes, Jeanne d’Arc a une importance toute particulière. Or nous célébrons justement le 6 janvier 2012 le sixième centenaire de la naissance de cette petite paysanne, envoyée par Dieu dans la grande Pitié du Royaume de France. Un tel anniversaire, en de telles circonstances, cela ne se rate pas. Nous avons donc créé, sous la présidence d’Eric Letty, par ailleurs directeur de la rédaction de Monde et Vie, une association Loi 1901, l’association Avec Jeanne pour célébrer à notre manière cet événement.
ISG: Il existe déjà des défilés annuels ainsi que des messes en l’honneur de Jeanne d’Arc, n’est-ce pas suffisant?
GT: Pour marquer cet anniversaire, il ne faut pas céder à la «commémorationite» et se contenter de faire de l’histoire, comme si les faits, par ailleurs amplement documentés, qui constituent la geste de Jeanne d’Arc, étaient prescrits et ne nous concernaient plus que de loin, comme ces «faits historiques», dont on se contente de regarder le déroulement brillant ou noir dans le grand manège du temps. Rien de tel dans cette aventure! L’intervention de Dieu – à travers Jeanne – dans l’histoire de la France est une donnée immédiate, une donnée permanente de la conscience française. Cela est vrai d’ailleurs que l’on soit chrétien ou pas!
Pour marquer cet anniversaire, il ne suffit pas non plus de défiler, de discourir ou de pétitionner. Jeanne n’appartient à aucun parti. En ce sens sa vérité est universelle, en grec on dit : catholique. Son histoire est notre histoire et notre bien commun. Cette très jeune femme, morte à 19 ans après deux ans de campagne militaire, représente par sa destinée fulgurante tous les Français qui s’en réclament.
ISG: Que proposez-vous?
GT: Ce que nous proposons? Tout de suite, un site Internet pour mieux connaître la figure de Jeanne et donner un carnet des principales manifestations en son honneur. L’information est fondamentale dans ce domaine – l’histoire de Jeanne – où le révisionnisme, à base d’antichristianisme, a particulièrement sévi. Par ailleurs, dès la fin de cette année, nous voulons lancer plusieurs colloques de réflexion et de rencontre autour de Jeanne, pour faire mieux connaître l’élan qui l’a animée, en en prolongeant le mouvement jusqu’à nos jours. Si «l’histoire, parce qu’elle ne traite que du passé, est cette petite science conjecturale» dont parlait Renan, l’histoire de Jeanne peut encore se conjuguer au présent, autour de thématiques qui jaillissent aujourd’hui comme hier de l’évidence chrétienne. C’est ce que Benoît XVI a appelé récemment «le témoignage lumineux de Jeanne d’Arc». Nous parlerons sans peur, avec Jeanne, avec sa simplicité et sa franchise sans détour, de l’identité française, de l’héroïsme chrétien, du féminisme chrétien ou encore de l’immense trésor de culture que l’aventure johannique a inspiré jusqu’à nos jours. Cette veine n’est pas tarie; un film est en préparation sur Jeanne en prison. Nous voulons aussi nous retrouver dans des voyages sur les hauts-lieux de son combat. Et nous travaillons sur un projet éditorial pour garder trace de ce millésime exceptionnel.
ISG: Nous sommes en période de crise. Morale, politique, financière. En quoi Sainte Jeanne d’Arc peut nous aider dans cette traversée du désert?
GT: J’appellerais volontiers Jeanne d’Arc la Sainte de toutes nos crises. Elle démontre ce que peut faire une personne investie de l’esprit divin lorsque toutes les structures craquent, lorsque l’anarchie s’étale, lorsque chacun ne semble préoccupé que de lui-même, et cela alors même que ni son sexe ni son âge ni sa formation, ni son niveau social ne semblait la prédestiner au rôle politique qui fut le sien dans la France du XVe siècle. En cela, dans le prodigieux et l’harmonieux développement de sa personnalité au service de tous, elle a donné à chacun jusqu’aujourd’hui une leçon qui n’a pas fini de faire rêver les plus entreprenants d’entre nous. Elle a su prendre par la main la petite fille espérance dont parlait Charles Péguy. Encore aujourd’hui, face à tous les grincheux et à tous les hargneux, méditer avec Jeanne, c’est sentir s’éveiller en soi l’espérance. Mais ne peignons pas ce tableau trop en rose! Le plus touchant, Bernanos l’a bien vu, c’est que jamais elle ne donne l’impression d’être juste une superwoman, qui gagne à tous les coups. D’ailleurs durant le terrible procès de Rouen, à force d’interrogatoires, elle craque, dit ce que l’on veut qu’elle dise, reconnaît tout ce que ses accusateurs ecclésiastiques veulent qu’elle reconnaisse… Elle est elle-même en crise. Puis elle se reprend, revient à ses voix, retrouve son Conseil et finalement défie ses juges. Mais ce défi ne va pas de soi. Jeanne n’est ni une fanatique, ni une sainte de carton pâte. C’est une Française de 19 ans, fière de son roi, sûre de sa foi et qui n’a, par ailleurs, aucun goût pour la souffrance. Ce n’est pas un hasard si le sensible Jean Anouilh, dans L’alouette, imagine une Jeanne qui ne meurt pas. En réalité son histoire, qui témoigne de l’amour de Dieu pour les Français, n’est jamais finie. Nous voudrions comprendre comment elle continue par nous.
ISG: Comment peut-on vous aider?
GT: C’est la question cruciale. Pour que nous puissions entreprendre pour Jeanne, il faut que nous soyons soutenus. Je l’ai expérimenté depuis quelques semaines: fréquenter Jeanne, c’est l’aimer. Si vous voulez vivre cette année 2012 avec Jeanne, sur le plan spirituel, sur le plan de l’amitié chrétienne, sur le plan culturel… vous pouvez adhérer à l’association « Avec Jeanne », selon les barèmes proposés dans l’encadré ci-dessous. En tout état de cause, votre carte de membre vous ouvrira droit à 50 % de réduction dans les colloques que nous organiserons. Et puis nous avons quelques idées encore que nous vous dévoilerons au fil de cette année.
Jeanne d’Arc par Benoît XVI
L’un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l’expérience mystique et la mission politique. Après les années de vie cachée et de maturation intérieure s’ensuivent deux brèves, mais intenses années de sa vie publique: une année d’action et une année de passion.
(…)
A la différence des saints théologiens qui avaient illuminé l’université de Paris, comme saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin et le bienheureux Duns Scot, dont j’ai parlé dans plusieurs catéchèses, ses juges sont des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune femme l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc 10, 21). Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme : ils ne savaient pas qu’ils condamnaient une sainte.
(…)
Le Nom de Jésus invoqué par notre sainte jusqu’aux derniers instants de sa vie terrestre, était comme le souffle incessant de son âme, comme le battement de son cœur, le centre de toute sa vie. Le «Mystère de la charité de Jeanne d’Arc», qui avait tant fasciné le poète Charles Péguy, est cet amour total pour Jésus, et pour son prochain en Jésus et pour Jésus. Cette sainte avait compris que l’Amour embrasse toute la réalité de Dieu et de l’homme, du ciel et de la terre, de l’Eglise et du monde. Jésus est toujours à la première place dans sa vie, selon sa belle expression : «Notre Seigneur premier servi».
(…)
Avec son témoignage lumineux, sainte Jeanne d’Arc nous invite à un haut degré de la vie chrétienne : faire de la prière le fil conducteur de nos journées; avoir pleinement confiance en accomplissant la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit ; vivre la charité sans favoritismes, sans limite et en puisant, comme elle, dans l’Amour de Jésus un profond amour pour l’Eglise.
(…)
Que le témoignage lumineux de sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France avec sainte Thérèse de Lisieux, soit un appel à aimer le Christ et à vous engager, avec foi et détermination, au service des autres dans la charité.
Extraits de l’audience générale du mercredi 26 janvier 2011.
L’un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l’expérience mystique et la mission politique. Après les années de vie cachée et de maturation intérieure s’ensuivent deux brèves, mais intenses années de sa vie publique: une année d’action et une année de passion.
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A la différence des saints théologiens qui avaient illuminé l’université de Paris, comme saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin et le bienheureux Duns Scot, dont j’ai parlé dans plusieurs catéchèses, ses juges sont des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune femme l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc 10, 21). Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme : ils ne savaient pas qu’ils condamnaient une sainte.
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Le Nom de Jésus invoqué par notre sainte jusqu’aux derniers instants de sa vie terrestre, était comme le souffle incessant de son âme, comme le battement de son cœur, le centre de toute sa vie. Le «Mystère de la charité de Jeanne d’Arc», qui avait tant fasciné le poète Charles Péguy, est cet amour total pour Jésus, et pour son prochain en Jésus et pour Jésus. Cette sainte avait compris que l’Amour embrasse toute la réalité de Dieu et de l’homme, du ciel et de la terre, de l’Eglise et du monde. Jésus est toujours à la première place dans sa vie, selon sa belle expression : «Notre Seigneur premier servi».
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Avec son témoignage lumineux, sainte Jeanne d’Arc nous invite à un haut degré de la vie chrétienne : faire de la prière le fil conducteur de nos journées; avoir pleinement confiance en accomplissant la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit ; vivre la charité sans favoritismes, sans limite et en puisant, comme elle, dans l’Amour de Jésus un profond amour pour l’Eglise.
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Que le témoignage lumineux de sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France avec sainte Thérèse de Lisieux, soit un appel à aimer le Christ et à vous engager, avec foi et détermination, au service des autres dans la charité.
Extraits de l’audience générale du mercredi 26 janvier 2011.
« La vraie fin de l’histoire de Jeanne, la vraie fin qui finit bien, celle qu’on se redira toujours quand on aura oublié ou confondu tous nos noms, ce n’est pas dans sa misère de bête traquée à Rouen, c’est l’alouette en plein ciel, c’est Jeanne à Reims dans toute sa gloire… la vraie fin de l’histoire de Jeanne est joyeuse. Jeanne d’Arc c’est une histoire qui n’en finira plus ! ».
L’Alouette de Jean Anouilh
Plusieurs formules d’adhésion sont proposées : 15€ (moins de 15 ans), 30€ (simple), 50€ (foyer), 100€ (soutien), 150€ (bienfaiteur). On adhère en envoyant ses coordonnées (nom, prénom, adresse complète) à:
AVEC JEANNELes chèques sont à libeller à l’ordre d’«Asso AVEC JEANNE».
C/O Monde et Vie
23 avenue Rapp
75007 PARIS
06 75 84 88 63
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