"Je ne sais pas encore si je quitterai l’Église catholique purement et simplement ou si je m'inscrirai dans une communauté libérale de tendance catholique ou protestante. Est-ce que cela a beaucoup d'importance".
Cher ami anonyme, votre deuxième post scriptum rédigé en ces termes m'a beaucoup touché, parce que j'y ai senti une souffrance pour l’Église que vous aimez et dont vous êtes sûr qu'elle ne prend pas le bon chemin.
Dans un article de La Vie que j'ai lu sur Tradinews (merci au webmestre), Jean-Pierre Denis ne s'exprime pas en ces termes, mais il fait montre de la même souffrance que vous. Pour vous deux l'Eglise de Benoît XVI se plante. Elle méconnaît l'irrésistible élan de la modernité. Revenant en arrière, elle s'en va dans une impasse signant son arrêt de mort historique. Au lieu de prendre les décisions salutaires : abolition du célibat des prêtres, ordination des femmes, elle s'entête dans des querelles rituelles qui n'ont aucun intérêt.
Il y a forcément un peu de vrai dans ce constat : ce que nous disions hier sur Radio Courtoisie avec l'abbé Chanut à propos du Concile, si j'additione les adjectifs, que c'est un texte long, un texte flou, un texte daté, un texte impuissant, qui ne devrait pas continuer à polariser les esprits. Vous, cher anonyme, vous dites : parler du Concile ou du rite du Concile, c'est disserter sur le sexe des anges. Votre critique est celle de ceux qui pensent que Vatican II n'a pas été assez loin puisque il ne traite ni de l'abolition du célibat des prêtres (dont au contraire il rappelle l'importance) ni de l'ordination de femmes prêtres. En off, l'abbé Chanut me disait aussi : "Il y a trente ans j'ai fait un article dans le Figaro Magazine intitulé "L'après-concile est terminé" et en réalité on est toujours dedans". Notre point d'accord est dans cette déploration : pourquoi n'arrivons nous pas à nous dépétrer de ce Concile, trop modéré pour vous, mal signifiant pour moi?
Mais il y a me semble-t-il cher anonyme dans votre volonté d'aller au-delà du catholicisme, dans "une communauté libérale" catholique ou protestante, une erreur fondamentale qu'ont payé tous ceux qui, bien avant le Concile, depuis La Mennais, ont tenté de vivre en chrétien en s'appuyant sur l'exigence de liberté qu'ils découvraient en eux. Dans une de ses lettres, Augustin définit ainsi cette erreur : "je ne croirai pas à l'Evangile de Dieu si l'autorité de l'Eglise catholique ne m'y avait poussé". Et le Père Garrigou-Lagrange dans son de Revelatione définissait la foi dans son motif formel comme l'adhésion à l'autorité de Dieu qui se révèle.
Notre liberté pourra-t-elle jamais prouver ni la Trinité ni l'Incarnation, ni la Rédemption ? Si notre raison n'en peut mais, si elle est incapable de fonder l'acte de foi, cela signifie que notre liberté de croire, pour croire en sécurité, doit s'appuyer sur l'autorité de Dieu qui se révèle. Et pourquoi non ? Qu'avons nous d'autre que le nihilisme humain trop humain à opposer à l'autorité de Dieu dans sa Parole ? "Jamais un homme n'a parlé comme cet homme" disent les Juifs en entendant Jésus. Ils ne le comprennent pas toujours. Il les scandalise parfois, comme dans son Discours sur le pain de vie, première théologie de l'eucharistie (Jean 6). Mais ils sont sensibles à l'autorité de sa Parole. C'est elle qui les convertira, s'ils doivent se convertir...
Catholiques ou protestants, il n'y a qu'une seule manière d'être libéral, c'est celle de Fausto Socin, à la fin du XVIème siècle : on abandonne tous les dogmes ; on dénonce le catholicisme comme étant la religion du sacrifice et l'on se contente d'un humanisme chrétien fondé essentiellement sur l'altruisme. Dans cette perspective, que reste-t-il de la Bonne nouvelle que l'on appelle en grec évangile ? Que reste-t-il de notre propre salut ? Que reste-t-il du Christ ? Cajétan, dans le De Institutione Romani Pontificis, avait identifié ce que j'appellerais la grande pourvoyeuse du nihilisme européen. Si l'on transforme le FAIT évangélique, qui a autorité sur nos esprits en une idée de l'Evangile qui se fond "harmonieusement" dans notre univers mental du moment, en ajoutant un peu de sel ou un peu de poivre à notre synthèse personnelle, alors disait-il : Omnia ruunt. Tout se casse la gueule.
La préoccupation heureusement progressiste qui est la vôtre, cher anonyme, risque de vider votre christianisme de sa substance. Vous croyez porter un vrai remède aux maux de l'heure présente et vous n'apportez, avec la liberté absolue du Sujet face à la définition de sa foi, que la possibilité de tout nier et de tout oublier du Christ et de l'autorité de sa Parole. Au lieu d'essayer de définir chacun sa petite idée du christianisme, au risque de perdre le Christ, il faut, comme le demande Benoît XVI au n°19 de Spe salvi, revenir aux mots de la foi, à leur autorité sur nos esprits, à leur fécondité dans nos vies. Et lorsque, ces mots de la foi, on les a fait siens, avec enthousiasme, avec... coeur, eh bien, au lieu de dire : "Je ne sais pas encore si je resterai catholique", on chante, comme la jeune Béninoise dont j'ai baptisé la fille dimanche dernier : "Je suis chrétien voilà ma gloire, mon espérance et mon soutien". Dans la bouche de cette jeune Africaine, ce n'était pas du triomphalisme, c'était un chant d'amour qui, après le baptême de sa petite, s'est imposé à elle comme une évidence : l'évidence chrétienne.
Cher ami anonyme, votre deuxième post scriptum rédigé en ces termes m'a beaucoup touché, parce que j'y ai senti une souffrance pour l’Église que vous aimez et dont vous êtes sûr qu'elle ne prend pas le bon chemin.
Dans un article de La Vie que j'ai lu sur Tradinews (merci au webmestre), Jean-Pierre Denis ne s'exprime pas en ces termes, mais il fait montre de la même souffrance que vous. Pour vous deux l'Eglise de Benoît XVI se plante. Elle méconnaît l'irrésistible élan de la modernité. Revenant en arrière, elle s'en va dans une impasse signant son arrêt de mort historique. Au lieu de prendre les décisions salutaires : abolition du célibat des prêtres, ordination des femmes, elle s'entête dans des querelles rituelles qui n'ont aucun intérêt.
Il y a forcément un peu de vrai dans ce constat : ce que nous disions hier sur Radio Courtoisie avec l'abbé Chanut à propos du Concile, si j'additione les adjectifs, que c'est un texte long, un texte flou, un texte daté, un texte impuissant, qui ne devrait pas continuer à polariser les esprits. Vous, cher anonyme, vous dites : parler du Concile ou du rite du Concile, c'est disserter sur le sexe des anges. Votre critique est celle de ceux qui pensent que Vatican II n'a pas été assez loin puisque il ne traite ni de l'abolition du célibat des prêtres (dont au contraire il rappelle l'importance) ni de l'ordination de femmes prêtres. En off, l'abbé Chanut me disait aussi : "Il y a trente ans j'ai fait un article dans le Figaro Magazine intitulé "L'après-concile est terminé" et en réalité on est toujours dedans". Notre point d'accord est dans cette déploration : pourquoi n'arrivons nous pas à nous dépétrer de ce Concile, trop modéré pour vous, mal signifiant pour moi?
Mais il y a me semble-t-il cher anonyme dans votre volonté d'aller au-delà du catholicisme, dans "une communauté libérale" catholique ou protestante, une erreur fondamentale qu'ont payé tous ceux qui, bien avant le Concile, depuis La Mennais, ont tenté de vivre en chrétien en s'appuyant sur l'exigence de liberté qu'ils découvraient en eux. Dans une de ses lettres, Augustin définit ainsi cette erreur : "je ne croirai pas à l'Evangile de Dieu si l'autorité de l'Eglise catholique ne m'y avait poussé". Et le Père Garrigou-Lagrange dans son de Revelatione définissait la foi dans son motif formel comme l'adhésion à l'autorité de Dieu qui se révèle.
Notre liberté pourra-t-elle jamais prouver ni la Trinité ni l'Incarnation, ni la Rédemption ? Si notre raison n'en peut mais, si elle est incapable de fonder l'acte de foi, cela signifie que notre liberté de croire, pour croire en sécurité, doit s'appuyer sur l'autorité de Dieu qui se révèle. Et pourquoi non ? Qu'avons nous d'autre que le nihilisme humain trop humain à opposer à l'autorité de Dieu dans sa Parole ? "Jamais un homme n'a parlé comme cet homme" disent les Juifs en entendant Jésus. Ils ne le comprennent pas toujours. Il les scandalise parfois, comme dans son Discours sur le pain de vie, première théologie de l'eucharistie (Jean 6). Mais ils sont sensibles à l'autorité de sa Parole. C'est elle qui les convertira, s'ils doivent se convertir...
Catholiques ou protestants, il n'y a qu'une seule manière d'être libéral, c'est celle de Fausto Socin, à la fin du XVIème siècle : on abandonne tous les dogmes ; on dénonce le catholicisme comme étant la religion du sacrifice et l'on se contente d'un humanisme chrétien fondé essentiellement sur l'altruisme. Dans cette perspective, que reste-t-il de la Bonne nouvelle que l'on appelle en grec évangile ? Que reste-t-il de notre propre salut ? Que reste-t-il du Christ ? Cajétan, dans le De Institutione Romani Pontificis, avait identifié ce que j'appellerais la grande pourvoyeuse du nihilisme européen. Si l'on transforme le FAIT évangélique, qui a autorité sur nos esprits en une idée de l'Evangile qui se fond "harmonieusement" dans notre univers mental du moment, en ajoutant un peu de sel ou un peu de poivre à notre synthèse personnelle, alors disait-il : Omnia ruunt. Tout se casse la gueule.
La préoccupation heureusement progressiste qui est la vôtre, cher anonyme, risque de vider votre christianisme de sa substance. Vous croyez porter un vrai remède aux maux de l'heure présente et vous n'apportez, avec la liberté absolue du Sujet face à la définition de sa foi, que la possibilité de tout nier et de tout oublier du Christ et de l'autorité de sa Parole. Au lieu d'essayer de définir chacun sa petite idée du christianisme, au risque de perdre le Christ, il faut, comme le demande Benoît XVI au n°19 de Spe salvi, revenir aux mots de la foi, à leur autorité sur nos esprits, à leur fécondité dans nos vies. Et lorsque, ces mots de la foi, on les a fait siens, avec enthousiasme, avec... coeur, eh bien, au lieu de dire : "Je ne sais pas encore si je resterai catholique", on chante, comme la jeune Béninoise dont j'ai baptisé la fille dimanche dernier : "Je suis chrétien voilà ma gloire, mon espérance et mon soutien". Dans la bouche de cette jeune Africaine, ce n'était pas du triomphalisme, c'était un chant d'amour qui, après le baptême de sa petite, s'est imposé à elle comme une évidence : l'évidence chrétienne.
Je comprends la déception et finalement le désespoir de l'Anonyme auquel, avec raison et affection, vous répondez. A moins d'être comme le charbonnier ou comme cette jeune Béninoise, même si c'est un chant d'amour, l'évidence chrétienne de la foi ne me paraît pas être...évidente. Ce n'est pas un "acquis syndical", n'est-ce-pas! Trouver, entretenir et conservez, dans son acception catholique, la foi - qui a tendance à fuir face aux aléas de la réflexion et aux péripéties de la vie - est une lutte, un combat. Cesse-t-il jamais?
RépondreSupprimerJe souhaite à mon frère anonyme qu'il garde courage. Il n'est pas seul.
Willy
" je suis le chemin, la vérité , la vie" Si on ne cherche plus le christ et qu'on pose ses valises, cela conduit soit à l'enferment dans les certitudes de celui qui croit être sauvé parce qu'il est dans le bon camps (ce que l'on retrouve parfois chez des traditionalistes), soit dans celles aussi vaines,de celui qui voudrait que" l'Alpha et l'Omega" s'adapte à lui, à son temps, c'est à dire ce qu'il nome la modernité, un terme en réalité totalitaire qui ostracise tout ce qui est hors de lui.
RépondreSupprimerOlivier Dejouy
@anonyme
RépondreSupprimer"La foi [...] est une lutte, un combat", dites-vous. C'est avant tout une grâce, un trésor inestimable, qui en effet exige - paradoxalement - la lutte, le combat, et pour le conserver, et pour le partager...
Etonnante, cette attitude de l'anonyme qui ne sait pas s'il va rester catholique... Elle est bien symptomatique de notre époque où chacun s'estime parfaitement libre d'assumer ses choix en toute indépendance, sans réaliser que pas un cheveu de notre tête ne tombe sans que l'ait voulu Celui qui nous donne la vie, le mouvement et l'être...
RépondreSupprimerJe repense à Ste Jehanne d'Arc donc la célèbre réponse pourrait se transposer ainsi : si je suis catholique, Dieu m'y garde, si je ne le suis, Dieu m'y conduise...
En définitive, c'est bien l'orgueil qui perd l'homme comme il a perdu Lucifer et nos premiers parents... A chaque époque ce péché, presque contre l'Esprit en qq sorte, se renouvelle ; nous le portons tous malheureusement, mais combien plus le réitérons-nous en cette période où chacun s'estime détenir l'étalon de ce qui est devenu la règle de foi, et qui n'est même plus une vertu théologale...
Et vous, M. l'abbé, au lieu de renvoyer ce prétentieux au confessional, vous entreprenez un débat comme si tout pouvait se discuter, se remettre en cause, comme si le Christ pouvait être l'objet de spéculations intellectuelles... Quelle humilité de Sa part, en revanche, car Lui, qui EST, accepte de se soumettre à nos débats et à nos états d'âme...
Triste époque où : plus l'homme doute de Dieu, moins Dieu doute de l'homme, finalement ! Et c'est sans doute notre chance comme si le doute de l'homme rendait la présence de Dieu encore plus tangible et féconde... Une sorte d'adaptation de St Paul et de la grâce surabondante face à l'abondance du péché ?...
Ou magnifique époque ? Car face à nos doutes, il suffit de regarder pour Le voir, d'écouter pour L'entendre, car plus l'homme tente de le bannir de son horizon ou de la réduire à sa dimension, et plus Dieu accepte de faire la preuve quotidienne de son amour pour nous... Et vous ne le sentez pas ? Bien sûr que si, je le sais, il suffit de se poser, de l'attendre... que dis-je de l'attendre ?! Alors que la rencontre est immédiate dès que nous l'acceptons puisque c'est Lui qui nous attend...
Cher anonyme, je comprends vos doutes, je les ai partagés... Puis je suis rentré en moi-même et j'ai dit "faites que je vois"... et j'ai vu, et j'ai compris : Il nous aime tellement que la compréhension de cet évènement bouleversant nous conduit à abandonner tous nos préjugés, nos pré-recquis, nos préventions contre Son Eglise qui n'est pas telle que nous l'imaginions parce que NOUS la défigurons par nos péchés...
Alors commençons par remettre en cause ce qui ne va pas dans notre attitude, par revenir à la prière et aux sacrements, par demander et obtenir le pardon de nos fautes... et puis si chacun fait cela, alors l'Eglise deviendra cet avant-goût du Paradis, ce ciel sur la terre qui se réalise d'ailleurs chaque jour éminemment dans l'Eucharistie.
Je fais partie d'un petit groupe d'échange entre laïcs dans un couvent dominicain, et je vois souvent cette attitude de désenchantement parmi mes aînés. Je suis le plus jeune. Un thème classique est l'oppression qu'a pu exercer l'Eglise de la fin du XIXe sur les âmes, une oppression qui était totalement destructrice pour la psychologie humaine. Je répète leurs propos, et je pense que c'est probablement assez vrai. Mais là où je ne suis pas d'accord avec eux, c'est que voyant des choses mauvaises dans l'Eglise passée, ou fidèle à la tradition, ils veulent la changer. Or, il est mille fois préférable de contempler les belles choses de l'Eglise, tout en restant lucide sur les limites de ses membres, que de vouloir la changer par nos propres forces, ce qui est de surcroît très orgueilleux.
RépondreSupprimerAinsi que Willy, je souhaîte à notre anonyme, de persévérer. Pour l'y aider peut-être, quelques réflexions, trouvées sur le net (de Julien),
RépondreSupprimersi notre Webmestre les trouve suffisamment en rapport avec le topic:
"En pleine occupation Allemande (1943) Simone Weil, à ne pas confondre avec Simone Veil, écrivit “L’Enracinement”, livre précieux sur les causes du nazisme, de la modernité et de l’idéologie du « Progrès » au sens moderne (argent). Morte à l’âge de 34 ans, Simone Weil a partagé sa vie entre l’enseignement, le syndicalisme ouvrier et la philosophie. Reçue septième à l’agrégation de philosophie, elle n’hésita pas à abandonner la tranquillité de l’enseignement pour devenir ouvrière à la chaîne dès 1934 chez Alstom, afin de mieux comprendre quelles étaient les causes de l’esclavage humain, dont celui le plus emblématique est le travail à la chaîne. Voici quelques extraits de son livre “L’Enracinement”, publié, dans un premier temps, par Albert Camus et repris, en 1949, par Gallimard.
Extraits :
“Le déracinement est de loin la plus dangereuse maladie des sociétés humaines, car il se multiplie lui-même. Des êtres vraiment déracinés n’ont guère que deux comportements possibles : ou ils tombent dans une inertie de l’âme presque équivalente à la mort, comme la plupart des esclaves au temps de l’empire romain, ou ils se jettent dans une activité tendant toujours à déraciner, souvent par les méthodes les plus violentes, ceux qui ne le sont pas encore ou ne le sont qu’en partie.
Les Romains étaient une poignée de fugitifs qui se sont agglomérés artificiellement en une cité ; et ils ont privé les populations méditerranéennes de leur vie propre, de leur patrie, de leur tradition, de leur passé, à un degré tel quel la postérité les a pris, sur leur propre parole, pour les fondateurs de la civilisation sur ces territoires. Les Hébreux étaient des esclaves évadés, et ils ont exterminé ou réduit en servitude toutes les populations de Palestine. Les Allemands, au moment où Hitler s’est emparé d’eux, étaient vraiment, comme il le répétait sans cesse, une nation de prolétaires, c’est-à-dire de déracinés ; l’humiliation de 1918, l’inflation, l’industrialisation à outrance et surtout l’extrême gravité de la crise de chômage avaient porté chez eux la maladie morale au degré d’acuité qui entraîne l’irresponsabilité.”
Simone Weil/Extraits/2/5
RépondreSupprimer“Un arbre dont les racines sont presque entièrement rongées tombe au premier choc. Si la France a présenté un spectacle plus pénible qu’aucun autre pays d’Europe (ndlr : pendant la seconde guerre mondiale), c’est que la civilisation moderne avec ses poisons y était installée plus avant qu’ailleurs, à l’exception de l’Allemagne. Mais en Allemagne le déracinement avait pris la forme agressive, et en France il a pris celui de la léthargie et de la stupeur.”
[...]
“L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé. L’amour du passé n’a rien à voir avec une orientation politique réactionnaire. Comme toutes les activités humaines, la révolution puise toute sa sève dans une tradition.”
[...]
“Ce qu’on peut rechercher dans les revendications des ouvriers, c’est le signe de leurs souffrances. Or les revendications expriment toutes ou presque la souffrance du déracinement. S’ils veulent le contrôle de l’embauche et la nationalisation, c’est qu’ils sont obsédés par la peur du déracinement total : le chômage. S’ils veulent abolir la propriété privée, c’est qu’ils en ont assez d’être admis sur le lieu de travail comme des immigrés qu’on laisse entrer par grâce. C’est aussi là le ressort psychologique des occupations d’usines en juin 1936. Pendant quelques jours, ils ont éprouvé une joie pure, sans mélange, à être chez eux dans ces mêmes lieux.”
[...]
“À quoi sert-il aux ouvriers d’obtenir à force de lutte une augmentation des salaires et un adoucissement de la discipline, si pendant ce temps les ingénieurs de quelques bureaux d’études inventent, sans aucune mauvaise intention, des machines qui épuisent leurs corps et leurs âmes ou aggravent les difficultés économiques ?”
[...]
“Le courant idolâtre du totalitarisme ne peut trouver d’obstacle que dans une vie spirituelle authentique. Si l’on habitue les enfants à ne pas penser à Dieu, ils deviendront fascistes ou communistes par besoin de se donner à quelque chose.”
[...]
“Tout le monde répète, avec des termes légèrement différents, que nous souffrons d’un déséquilibre dû à un développement purement matériel de la technique. Le déséquilibre ne peut être réparé que par un développement spirituel dans le même domaine, c’est-à-dire dans le domaine du travail. [...] Une civilisation constituée par une spiritualité du travail serait le plus haut degré d’enracinement de l’homme dans l’univers, par suite l’opposé de l’état où nous sommes, qui consiste en un déracinement presque total.”
[...]
“Nous trouvons aujourd’hui tellement naturel de payer des impôts à l’État que nous n’imaginons pas au milieu de quel bouleversement moral cette coutume s’est établie. Au XIVe siècle le paiement des impôts, excepté les contributions exceptionnelles consenties pour la guerre, était regardé comme un déshonneur, une honte réservée aux pays conquis, le signe visible de l’esclavage.”
[...]
“Quand on loue les rois de France d’avoir assimilé les pays conquis, la vérité est surtout qu’ils les ont dans une large mesure déracinés. C’est un procédé d’assimilation facile, à la portée de chacun. Des gens à qui on enlève leur culture, ou bien restent sans culture, ou bien reçoivent des bribes de celle qu’on veut bien leur communiquer. Dans les deux cas, ils ne font pas des taches de couleur différente, ils semblent assimilés.”
Simone Weil/Extraits/3/5
RépondreSupprimer“Richelieu, qui avait la clarté d’intelligence si fréquente à cette époque, a défini en termes lumineux cette différence entre morale et politique autour de laquelle on a semé depuis tant de confusion. Il a dit à peu près : On doit se garder d’appliquer les mêmes règles au salut de l’État qu’à celui de l’âme ; car le salut des âmes s’opère dans l’autre monde, au lieu que celui des États ne s’opère que dans celui-ci. Cela est cruellement vrai.
Un Chrétien ne devrait pouvoir en tirer qu’une seule conclusion : c’est qu’au lieu qu’on doit au salut de l’âme, c’est-à-dire à Dieu, une fidélité totale, absolue, inconditionnée, la cause du salut de l’État est de celles auxquelles on doit une fidélité limitée et conditionnelle.
Mais, bien que Richelieu crût être chrétien, et sans doute sincèrement, sa conclusion était tout autre. Elle était que l’homme responsable du salut de l’État, et ses subordonnées, doivent employer à cette fin tous les moyens efficaces, sans aucune exception, et en y sacrifiant, au besoin, leurs propres personnes, leur souverain, le peuple, les pays étrangers et toute espèce d’obligation.”
[...]
“Le dévouement de Richelieu à l’État a déraciné la France. Sa politique était de tuer systématiquement toute vie spontanée dans le pays, pour empêcher que quoi que ce soit pût s’opposer à l’État. Si son action en ce sens semble avoir des limites, c’est qu’il commençait et qu’il était assez habile pour procéder graduellement. Il suffit de lire les dédicaces de Corneille pour sentir à quel degré de servilité ignoble il avait su abaisser les esprits. Depuis, pour préserver de la honte nos gloires nationales, on a imaginé de dire que c’était simplement le langage de politesse de l’époque. Mais c’est un mensonge.” [...] Sa conception de l’État était déjà totalitaire. Il l’a appliqué autant qu’il pouvait en soumettant le pays, dans toute la mesure où le permettaient les moyens de son temps, à un régime policier.”
[...]
“Louis XIV s’installa au pouvoir dans un esprit de dictateur bien plutôt que de souverain légitime. C’est ce qu’exprime : « l’État c’est moi. » Ce n’est pas là une pensée de roi. Montesquieu a très bien expliqué cela à mots couverts.”
[...]
“Louis XIV avait dégradé l’Église française en l’associant au culte de sa personne et en lui imposant l’obéissance même en matière de religion. Cette servilité de l’Église envers le souverain fut pour beaucoup dans l’anticléricalisme du siècle suivant. Mais, quand l’Église commit l’erreur irréparable d’associer son sort à celui des institutions monarchiques, elle se coupa de la vie publique. Rien ne pouvait mieux servir les aspirations totalitaires de l’État. Il devait en résulter le système laïque, prélude à l’adoration avouée de l’État, en faveur aujourd’hui.”
[...]
“Pendant le XIXe siècle, les chemins de fer firent d’affreux ravages dans le sens du déracinement. Georges Sand voyait encore dans le Berry des coutumes peut-être vieilles de plusieurs centaines d’années, dont le souvenir même aurait disparu sans les notes sommaires qu’elle a prises. La perte du passé, collective ou individuelle est la grande tragédie humaine, et nous avons jeté la nôtre comme un enfant déchire une rose. C’est avant tout pour éviter cette perte que les peuples résistent désespérément à la conquête.”
[...]
“Les Grecs possédaient une science qui est le fondement de la nôtre. Elle comprenait l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre, sous une forme qui leur était propre, l’astronomie, la mécanique, la physique, la biologie. La quantité des connaissances accumulées était naturellement beaucoup moindre. Mais, par le caractère scientifique, dans la signification que ce mot a pour nous, d’après les critères valables à nos yeux, cette science égalait et dépassait la nôtre.”
[...]
Simone Weil/Extraits/4/5
RépondreSupprimer“Quand aux applications techniques, si la science grecque n’en a pas beaucoup produit, ce n’est pas qu’elle n’en fût pas susceptible, c’est que les savants grecs ne le voulaient pas. Ces gens visiblement très arriérés relativement à nous, comme il convient à des hommes d’il y a vingt-cinq siècles, redoutaient l’effet d’inventions techniques susceptibles d’être mises en usage par les tyrans et les conquérants. Ainsi au lieu de livrer au public le plus grand nombre possible de découvertes techniques et de les vendre au plus offrant, ils conservaient rigoureusement secrètes celles qu’il leur arrivait de faire pour s’amuser ; et vraisemblablement ils restaient pauvres.”
“La science grecque ne ressuscita qu’au début du XVIe siècle, en Italie et en France. Elle prit très vite un essor prodigieux et envahit la vie entière de l’Europe. Aujourd’hui, la presque totalité de nos pensées, de nos coutumes, de nos réactions, de notre comportement à tous porte une marque imprimée soit par son esprit, soit pas ses applications. Cela est vrai plus particulièrement des intellectuels, même s’ils ne sont pas ce qu’on nomme des « scientifiques », et bien plus vrai encore des ouvriers qui passent toute leur vie dans un univers artificiel, constitué par les applications de la science. Mais, comme dans certains contes, cette science réveillée après presque deux millénaires de léthargie n’était plus la même. On l’avait changée. C’en était une autre, absolument incompatible avec tout esprit religieux. C’est pour cela qu’aujourd’hui la religion est une chose du dimanche matin. Le reste de la semaine est dominé par l’esprit de la science.”
[...]
“Le phénomène moderne de l’irréligiosité du peuple s’explique presque entièrement par l’incompatibilité entre la science et la religion. Il s’est développé quand on a commencé à installer le peuple dans un univers artificiel, cristallisation de la science. En Russie, la transformation a été hâtée par une propagande qui, pour déraciner la foi, s’appuyait presque entièrement sur l’esprit de la science et de la technique. Partout, après que le peuple des villes fut devenu irréligieux, le peuple des campagnes, rendu influençable par son complexe d’infériorité à l’égard des villes, a suivi, bien qu’à un degré moindre.
Du fait même de la désertion des églises par le peuple, la religion fut automatiquement située à droite, devint une chose bourgeoise, une chose de bien-pensants.”
[...]
“Si une partie de la bourgeoisie a été moins gênée dans sa piété par la science que ne l’a été la classe ouvrière, c’est d’abord parce qu’elle avait un contact moins permanent et moins charnel avec les applications de la science. Mais c’est surtout parce qu’elle n’avait pas la foi. Qui n’a pas la foi ne peut pas la perdre. Sauf quelques exceptions, la pratique de la religion était pour elle une convenance. La conception scientifique du monde n’empêche pas d’observer les convenances.”
[...]
“Les savants exigent du public qu’il accorde à la science ce respect religieux qui est du à la vérité, et le public les croit. Mais on les trompe. La science n’est pas un fruit de l’Esprit de vérité, et cela est évident dès qu’on fait attention. Car l’effort de la recherche scientifique, telle qu’elle a été comprise depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, ne peut avoir pour mobile l’amour de la vérité. Il y a là un critère dont l’application est universelle et sûre ; il consiste, pour apprécier une chose quelconque, à tenter de discerner la proportion de bien contenue, non dans la chose elle-même, mais dans les mobiles de l’effort qui l’a produite.”
[...]
Simone Weil/Extraits/5/5
RépondreSupprimer“Pour que cet amour fût le mobile du savant dans son effort épuisant de recherche, il faudrait qu’il eût quelque chose à aimer. Il faudrait que la conception qu’il se fait de l’objet de son étude enfermât un bien. Or le contraire a lieu. Depuis la Renaissance — plus exactement, depuis la deuxième moitié de la Renaissance — la conception même de la science est celle d’une étude dont l’objet est placé hors du bien et du mal, surtout hors du bien, considéré sans aucune relation ni au bien ni au mal, plus particulièrement sans aucune relation au bien. La science n’étudie que les faits comme tels, et les mathématiciens eux-mêmes regardent les relations mathématiques comme des faits de l’esprit. Les faits, la force, la matière, isolés, considérés en eux-mêmes, sans relations avec rien d’autre, il n’y a rien là qu’une pensée humaine peut aimer.”
“Les savants jouissent de deux avantages en réalité incompatibles, mais compatibles dans l’illusion ; ce qui est toujours une situation agréable. Ils sont au nombre de ceux qui font le destin des hommes, et dès lors leur indifférence à ce destin réduit l’humanité aux proportions d’une race de fourmis ; c’est une situation de dieux. Ils ne se rendent pas compte que dans la conception actuelle de la science, si l’on retranche les applications techniques, il ne reste plus rien qui soit susceptible d’être regardé comme un bien. Sans la technique, personne aujourd’hui ne s’intéresserait à la science ; et si le public ne s’intéressait pas à la science, ceux qui suivent une carrière scientifique en auraient choisi une autre. Ils n’ont pas droit à l’attitude de détachement qu’ils assument. Mais quoique elle ne soit pas légitime, elle est un stimulant.
Pour d’autres, la pensée des applications au contraire sert de stimulant. Mais, ils ne sont sensibles qu’à l’importance, non au bien et au mal. Un savant qui se sent sur le point de faire une découverte susceptible de bouleverser la vie humaine tend toutes ses forces pour y parvenir. Il n’arrive guère, ou jamais, semble-t-il, qu’il s’arrête pour supputer les effets probables du bouleversement en bien et en mal, et renonce à ses recherches, si le mal paraît plus probable. Un tel héroïsme semble même impossible ; il devrait pourtant aller de soi.
Mais, là comme ailleurs, la fausse grandeur domine, celle qui se définit par la quantité et non par le bien. Enfin, les savants sont perpétuellement piqués par des mobiles sociaux qui sont presque inavouables tant ils sont mesquins, et ne jouent pas un grand rôle apparent, mais qui sont extrêmement forts. Qui a vu les Français, en juin 1940, abandonner si facilement la patrie, et quelques mois plus tard, avant d’être réellement mordus par la faim, faire des prodiges d’endurance, braver la fatigue et le froid pendant des heures, pour se procurer un œuf, celui-là ne peut pas ignorer l’incroyable énergie des mobiles mesquins.
Le premier mobile social des savants, c’est purement et simplement le devoir professionnel. Les savants sont des gens que l’on paie pour fabriquer de la science ; on attend d’eux qu’ils en fabriquent ; ils se sentent obliger d’en fabriquer. Mais c’est insuffisant comme excitant. L’avancement, les chaires, les récompenses de toutes espèces, honneur et argent, les réceptions à l’étranger, l’estime ou l’admiration des collègues, la réputation, la célébrité, les titres, tout cela compte pour beaucoup.”
[...]
“L’esprit de vérité est aujourd’hui presque absent et de la religion et de la science et de toute la pensée. Les maux atroces au milieu desquels nous nous débattons, sans parvenir même à en éprouver tout le tragique, viennent entièrement de là. « Cet esprit de mensonge et d’erreur, de la chute des rois funeste avant-coureur », dont parlait Racine, n’est plus aujourd’hui le monopole des souverains. Il s’étend à toutes les classes de la population ; il saisit des nations entières et les met dans la frénésie.
Simone Weil/Extraits/6è. et dernier:
RépondreSupprimerLe remède est de faire redescendre l’esprit de vérité parmi nous ; et d’abord dans la religion et la science ; ce qui implique qu’elles se réconcilient. L’esprit de vérité peut résider dans la science à la condition que le mobile du savant soit l’amour de l’objet qui est la matière de son étude. Cet objet c’est l’univers dans lequel nous vivons. Que peut-on aimer en lui, sinon sa beauté ? La vraie définition de la science, c’est qu’elle est l’étude de la beauté du monde.”
[...]
“Quand la religion chrétienne fut officiellement adoptée par l’Empire romain, on mit dans l’ombre l'aspect impersonnel de Dieu et de la Providence divine. On fit de Dieu une doublure de l’Empereur. L’opération fut rendue facile par le courant judaïque dont le christianisme, du fait de son origine historique, n’avait pu se purifier. Jéhovah, dans les textes antérieurs à l’exil, a avec les Hébreux la relation juridique d’un avec des esclaves. Ils étaient esclaves du Pharaon ; Jéhovah, les ayant tirés des mains du Pharaon, a succédé à ses droits. Ils sont sa propriété, et il les domine comme n’importe quel homme domine ses esclaves, sauf qu’il dispose d’un choix plus large de récompenses et de châtiments. Il leur commande indifféremment le bien ou le mal, mais beaucoup plus souvent le mal, et dans les deux cas ils n’ont qu’à obéir. Il importe peu qu’ils soient maintenus dans l’obéissance par les mobiles les plus vils, pourvu que les ordres soient exécutés.
Une telle conception était précisément à la hauteur du cœur et de l’intelligence des Romains. Chez eux l’esclavage avait pénétré et dégradé toutes les relations humaines. Ils ont avili les plus belles choses. Ils ont déshonoré les suppliants en les forçant à mentir. Ils ont déshonoré la gratitude en la regardant comme un esclavage atténué ; dans leur conception, en recevant un bienfait, on aliénait en échange une partie de sa liberté. Si le bienfait était important, les mœurs courantes contraignaient à dire au bienfaiteur qu’on était son esclave. Ils ont déshonoré l’amour ; être amoureux, pour eux, c’était ou bien acquérir la personne aimée comme propriété, ou bien, si on ne le pouvait pas, se soumettre servilement à elle pour en obtenir des plaisirs charnels, dût-on accepter le partage avec dix autres. Ils ont déshonoré la patrie en concevant le patriotisme comme la volonté de réduire en esclavage tous les hommes qui ne sont pas des compatriotes. Mais il serait plus court d’énumérer ce qu’ils n’ont pas déshonoré. On ne trouverait probablement rien.” (fin de citation)
il ne faut pas confondre la foi et la croyance,la foi vient de dieu ,la croyance vient de l'homme.Je peux croire sans avoir la foi, mais je ne peux pas avoir la foi sans croire.Croire inclus de doute car c'est un acte,la foi l'exclus car c'est un don.Il ne nous reste plus qu'a prier d'avoir la foi , dans la crainte de ne pas y etre et dans le tremblement de plus y etre.
RépondreSupprimeravec quelle faculté sait on qu'on a la foi,l'entendement?la sensibilité?l'intuition?la volonté?.force est de constater que nous ne savons pas si nous avons la foi ou pas la foi, mais seulement croire que nous avons la foi,car dieu seul le sait,et le fidèle doit vivre dans l'angoisse du don de dieu
RépondreSupprimerAnomyme du 26 septembre 2011 15:44 :
RépondreSupprimerJe ne suis pas tout à fait de votre avis ; je pense que lorsqu'une personne a reçu la foi, elle le sait très bien, et à la foi de quoi il s'agit et d'où cela vient. Il n'est pas question d'intuition, de volonté, ou autre, mais comme dit précédemment d'un don qui n’inclut pas le doute, donc le questionnement, sauf celui de découvrir et de comprendre, si c'est possible, le contenu de cette foi et de se positionner par rapport à ce contenu. Il ne me semble pas que qui que ce soit est obligé d'accepter un don.
"elle le sait très bien" ça veut dire avoir la certitude,mais la certitude n'est pas garant de la vérité,je peux etre certain d'apercevoir Pierre et pourtant c'est jean qui se présente.il y a des certitudes trompeuses,le démon peut se faire passer pour dieu en toute certitude.c'est pour ça qu'il faut prier dieu qu'on ne se trompe pas.
RépondreSupprimerTanouarn a écrit :
RépondreSupprimer"l'on se contente d'un humanisme chrétien fondé essentiellement sur l'altruisme"
N'est-ce pas là justement le fondement du christianisme ?
Si la religion n'est pas destinée à nous rendre altruistes, alors à quoi sert-elle ?
J'ai l'impression qu'un certain catholicisme ne propose que le salut individuel dans un autre monde.
N'est-ce pas un peu l'opium du peuple que condamnait Karl Marx.
On ne doit pas faire le bien pour être "sauvé" mais gratuitement parce qu'on aime les gens.
J'espère que vous comprendrez mon point de vue qui peut paraître obscur mais j'ai du mal à ieux l'exprimer.
@Anonyme du 27 septembre 2011 00:00 : je pense que nous ne pourrons pas entendre ce que l'un dit car nous ne parlons pas de la même chose. Vous vous situez exclusivement sur le plan humain, sujet à l'erreur, à la tromperie, à la défaillance.
RépondreSupprimerMais même à ce niveau, vous savez vous même si vous aimez les choux ou les carottes, ce qui suscite votre intérêt et ce qui vous est indifférent. Certes, ces choses peuvent changer dans le temps.
Je me situe quant à moi sur un autre registre, certes de la personne humaine : celui de la vie spirituelle. Donc, la foi, si je puis décrire, est du domaine d'un savoir, oui, on sait si on a la foi ou bien si on ne l'a pas, et je vous avoue ne pas comprendre comment on peut ne pas en avoir une "certitude" mot que je mets entre guillemets car il semble utilisé par vous d'une façon un peu péjorative et tant, dans notre société relativiste, il faut être relatif pour parler aux autres.
Mais, je suis certaine d'avoir la foi, quant à moi.
Rien de plus difficile, il me semble, de parler de la foi à quelqu'un qui ne sait pas s'il l'a ou pas, ou plutôt qui ne l'a pas.
@ toujours le même anonyme : je ne sais pas si vous allez quelques fois à la messe, par ex celle que l'on appelle de Paul VI par exemple. N'avez-vous jamais entendu cela ?
RépondreSupprimer- Le prêtre : "Il est grand le mystère de la Foi !",
- l'assemblée répond "Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus,nous célébrons ta résurrection,
nous attendons ta venue dans la gloire. (...)"
(Voir ordinaire de la messe sur ce lien : http://www.musicanet.org/usc/partvoca/missa/missafrancais.htm)
Cette petite phrase n'est pas dite par hasard, elle pèse son poids, et elle a tout son sens. La Foi est un Mystère.
N'étant pas très savante, je ne saurais mieux vous expliquer, et puis l'auteur de ce blog est prêtre, alors il a à disposition surement de bien meilleurs arguments que moi.