SOURCE - Abbé G de Tanoüarn - Monde & Vie n°866 - 20 octobre 2012
Les temps changent pour le Mouvement traditionaliste. Alors qu’il a longtemps bénéficié du monopole de la contestation catholique face au grand chambardement ecclésial des années soixante-dix, il est aujourd’hui rejoint par toutes sortes de mouvements et d’individualités prêtes à contester les réformes issues du Concile. Le pape lui-même semble de la partie. Résultat : une crise d’identité qui est avant tout une crise de l’autorité en son sein.
Les prodromes d’une telle crise sont apparus
dès 2004-2005, à la fin du pontificat de Jean Paul II. Souvenez-vous: l’abbé
Laguérie envoyé au Mexique par son supérieur Mgr Bernard Fellay, parce qu’il
avait osé remettre en cause la gestion humaine des séminaires dans la
Fraternité Saint Pie-X. Il fait appel. Il n’y a évidemment aucune instance
pour recevoir son appel puisque la Fraternité Saint-Pie-X est juridiquement
coupée de Rome. A l’époque, malgré le raffut internautique et
médiatique, le dernier mot resta, en apparence, à l’autorité légitime.
Mais il y eut une véritable mise en cause de sa crédibilité.
Rome garde un silence prudent
L’Institut du Bon Pasteur naquit de cette
polémique, avec la bénédiction, à Rome, du cardinal Castrillon Hoyos. Mal
né? Six ans après son érection officielle, le 8 septembre 2006, son chapitre
général n’arrive pas à nommer clairement un successeur à l’abbé
Laguérie. Deux noms apparaissent: le sien et celui de l’abbé Roch Perrel,
jusque-là directeur du Séminaire de Courtalain. Ils sont à égalité de
suffrages. L’abbé Laguérie est élu, parce qu’il est le plus ancien. Une
nouvelle élection a lieu immédiatement, qui désigne l’abbé Perrel, alors
que des partisans de l’abbé Laguérie ont quitté le chapitre. Situation
absurde. Rome garde un silence prudent, après avoir rescindé les deux
élections. Un nouveau chapitre est annoncé pour une date indéterminée.
Les deux positions semblent pour l’instant totalement irréconciliables.
L’Institut du Bon Pasteur compte entre vingt et
vingt-cinq prêtres. C’est un microcosme. Son implosion peut être due
simplement à la réunion – improbable sous la soutane – de quelques
personnages forts en gueule et – ça c’est plus courant – préoccupés de
leur carrière. Sa chance? Le contrôle que Rome exerce sur tous les Instituts
qui ont été créés avec son accord. Le droit divin apostolique couvre les
bouffonneries humaines trop humaines de certains ecclésiastiques.
La Fraternité Saint Pie-X ne peut pas compter,
elle, sur le frein romain. Certes, elle est plus ancienne et pourrait compter
sur une plus grande maturité de la part de ses membres. Mais… En son sein
aussi des craquements se font entendre. Les lecteurs de Monde
et Vie savent que l’abbé Chazal a récemment créé
une « Fraternité Saint Pie X de stricte observance »
(FSSPX, so) aux Etats unis, qui pourrait être une
sorte de « Fraternité bis » pour
tous ceux qui contestent le « laxisme » de
Mgr Fellay et sa trop grande ouverture à Rome. A ce jour, ce nouvel Institut
comporte cinq membres, avec une visée délibérément internationale, puisqu’on
compte en son sein trois Américains et deux Français. Mgr Fellay semble
décidé à anticiper sur la tentation d’une éventuelle scission. Il lui faut
régler au plus vite le « cas Williamson ».
Dans le Bulletin interne Cor unum,
on pouvait lire : « Le Chapitre général constate les
graves manquements à la discipline commis par Mgr Williamson et les
difficultés qu’il pose à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie-X par son
attitude. Il approuve les démarches que le Supérieur général entreprendra
pour mettre un terme à cette situation. » (Actes du
Chapitre, Cor Unum n° 102,
été 2012, p. 28). Aujourd’hui, Mgr Fellay prend les devants… Dans une
Fraternité qui menace de devenir ingouvernable, chacun prétendant savoir
quelle est la meilleure attitude à prendre, il entend bien donner le cap. Il
vient de sommer Mgr Williamson de fermer son blog (eleison) et de garder le
silence.
Un mandat fixé pour 12 ans
Le mandat du supérieur général avait été
intentionnellement fixé à douze ans par Mgr Lefebvre, soucieux de la
stabilité de sa fondation. Mgr Fellay en est à son deuxième mandat. Il lui
reste cinq ans. Il semble bien décidé à demeurer le seul garant de l’unité
de la FSSPX…
Il est, pour les uns, le principal atout d’une
FSSPX voulant à terme une intégration juridique dans la grande Eglise. Il
apparaît pour les autres comme l’obstacle à toute radicalisation du combat
traditionaliste, « contre – disent-ils – la Rome
moderniste et néoprotestante ».
Abbé G. de Tanoüarn
Préoccupés par l’unité
Autant il est facile de s’unir contre quel que
chose ou quelqu’un, selon le bon vieux principe du bouc émissaire, autant il
est difficile de réaliser une union positive. Distinguons d’abord mouvement
et institution. L’unité d’un mouvement est très difficile à réaliser. Il
faut avoir en commun les objectifs et la manière de les atteindre dans une
véritable unité d’action. Raison pour laquelle la vie des mouvements est le
plus souvent brève et traversée de scissions. L’unité d’une institution
est juridique, elle repose donc sur une forme de coercition (ou au moins sur un
calcul intéressé, celui qui tient compte du fait de se retrouver
éventuellement en dehors du droit). Il y a deux grands types de droit
associatif, le droit humain, qui est variable et jamais exclusif et le droit
divin, qui est immuable et unique. L’Eglise est de droit divin. Le pape est de
droit divin dans l’Eglise comme un père dans sa famille. L’évêque est de
droit divin dans son diocèse. Par définition, aucun homme ne peut modifier le
véritable droit divin (je ne par le pas de l’idéologie bourbonnienne, qui
induisait un mixte entre Eglise et Etat, ce qu’on a appelé le gallicanisme).
Si l’on prend les communautés traditionalistes, soit elles relèvent du droit
divin de l’Eglise universelle, qu’elles reconnaissent et qu’elles font
leur, auquel elles participent pour une part en le reconnaissant et dans la
mesure où elles le reconnaissent (voilà le problème de l’IBP), soit pour
des raisons de crise et d’opération survie, elles ne le reconnaissent pas
comme contraignant. Elles relèvent alors du droit humain et des jeux d’appareil
qui fatalement l’accompagnent. C’est ce que l’on est en train d’apercevoir
à la FSSPX : gare aux dégâts !
Nous avons atteint le temps de l’ANTICHRIST : l’épreuve va suivre et le règne du Sacré Cœur s’établir (cf. les saintes Écritures et saint Irénée de Lyon). Le désespoir n’est donc pas permis pour ceux qui ont une foi vive par la grâce de la divine Trinité.
RépondreSupprimerJésus disant sans cesse à sainte Marguerite-Marie :
« Ne crains rien, je régnerai malgré mes ennemis
et tous ceux qui voudront s’y opposer. »
Mgr Lefèvre disait lui-même que le sort de la Fraternité St Pie X ne le préoccupait pas, qu'il la remettait entre les mains de Dieu. Seul le sort de l'Eglise et le salut des âmes le préoccupait. Il faut donc poser la question comme ceci: quelle structure est la plus adaptée pour le salut des âmes? comment faire pour que le Christ, lorsqu'Il reviendra, trouve encore la foi sur la terre? Il n'est pas certain qu'il la trouve dans notre monde qui dérive vers l'apostasie. Quant à nous, où est notre devoir, et où est notre honneur? pas forcément de s'accrocher, bon gré mal gré, à une Eglise conciliaire qui prend l'eau de toute part, et dont les évêques, souvent, désobéissent au Pape. Pas forcément non plus de s'accrocher à la Fraternité St Pie X, qui a peut-être fini de jouer son rôle historique, et dont le chef fait figure de "félon helvétique" aux yeux de ses troupes. Alors quoi? Il ne nous reste plus qu'à fortifier notre foi personnelle, en s'appuyant sur la Sainte Ecriture, l'adoration eucharistique, la pratique de la charité fraternelle (trop souvent oubliée) et les sacrements -là où ils sont encore valides-.
RépondreSupprimerLe sentier devient escarpé? C'est peut-être une grâce.
"Là où deux ou trois sont réUNIS en mon nom, je suis là, au milieu d'eux"
RépondreSupprimerIl suffit de s'unir EN Dieu plutôt que s'unir "contre ceci ou cela" pour que la Paix nous soit donnée.
Mais hélas, nous savons malgré tout, que celui que nous appelons "le diviseur" vise à abattre surtout ceux qui ont choisi de servir Dieu plutôt que le prince de ce monde.
Seule la prière et le désir ardent d'union à Dieu peut nous protéger des attaques du "diviseur".
Saint Michel est là, au plus fort de la tourmente.
UNION de prières pour l'IBP où j'ai trouvé des prêtres qui apportent l'épanouissement des fidèles.
Marie
Mr Abbe de Tanourarn,
RépondreSupprimerPourquoi alors avez-vous reste si longtemps dans la FSSPX si votre position est celle-la? Je vous demande cela franchement pour vraiment comprendre et non pas pour etre impoli. J'ai souvent poser cette question a moi-meme et aux pretres de la tradition et je n'ai pas eu une reponse tres clair
@ Hatchepsout
RépondreSupprimerJe m’incline tout d’abord devant la grande Reine-Pharaon Egyptienne. N’étant pas fille de Rê, mais simple benoîte, je me permets humblement de faire remarquer à Sa Majesté qu’Elle peut aisément quitter la barque de Pierre. Il est un autre Roi qui en fera autant, longtemps après Son règne, dans une île lointaine et pluvieuse…
D’autres, sans avoir le sang bleu, la quitteront aussi en s’appuyant, comme vous le dîtes, uniquement sur la Sainte Ecriture. N’ayant plus le Magistère ni le Christ pour les conduire, leur Foi s’éparpillera en de nombreuses églises et sectes.
En fait, on quittera Notre très Sainte Mère l’Eglise toujours pour 2 raisons : Soit on la trouvera trop corrompue, pas assez évangélique, pas assez dogmatique, soit on la considèrera pas assez conciliante avec le monde. Ce schéma banal, humain, trop humain, se répètera au fil des millénaires.
Le Christ aura eu beau dire explicitement, que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre Elle, qu’il ne faut pas séparer l’ivraie du bon grain, il y en aura toujours, Rois ou simples moines, pour savoir mieux que Lui ce qu’il faut faire.
Alors, on peut grappiller à droite, à gauche, ce qui convient à notre subjectivité, à notre conception personnelle de l’Eglise et de Dieu. Un Evangile par ci, une Adoration par là, une Eucharistie jugée digne par notre analyse subjective.
Quand l’Epoux reviendra pour les noces, Il dira aux vierges folles : « Je ne vous connais pas. »
Benoîte
Que de bonnes et benoites paroles Benoite ....
RépondreSupprimerOui bien sur l'Eglise du Verbe incarné selon la belle expression de l'oeuvre majeure du pieux cardinal Journet... Pouvez vous nous en tracer les contours ?
Il y a les grandeurs de sainteté et les grandeurs de hiérarchie dans l'Eglise qui peuvent parfois , mais pas toujours , coincider !
Il vaut mieux se tenir ni trop proche ni trop loin ou très proche et très loin de l'institution , l'Institution divine , ecclésiale....Les moines , les ermites , les témoins , les martyrs , les missionnaires religieux , prêtres ou laics sont plus l'Eglise( dont vous parlez ) que certains clercs ou prélats de cours et d'assemblées "démocratiques" discutailleuses....
Bref l'Eglise est un champ de bataille ? Et alors ? Nous ne sommes pas invités à la pusillanimité mais à mener un combat sur plusieurs fronts et il faut y aller sans mollir quitte à rappeler, comme Catherine de Sienne , au pape qu'il est pape et au Magistère qu'il doit s'exercer