Alors que Jérôme Ferrari vient de recevoir le Goncourt, je repense à une critique de mon alter ego Joël Prieur, publié dans Minute fin août, qui peut, je crois, intéresser les lecteurs de ce Blog. GT
Jérôme Ferrari : La fin du monde est inéluctable
Nous portons tous en nous un monde qui va finir avant nous sans faire de bruit. Cette fin du
monde, à laquelle il faut nous préparer parce que nous la vivrons tous, cela
s’appelle le mal. Sujet austère pour un livre sublime !
Jérôme Ferrari n’a pas froid aux yeux. Il donne à son roman
le nom d’un Sermon de saint Augustin : ce sera « le Sermon sur la
chute de Rome » et cela se passera en Corse… dans un petit bistrot, où
même l’alcool est triste, parce que, d’ordinaire, il ne se passe rien… Rien en
tout cas, jusqu’à ce que Marie-Angèle, la proprio, ait l’idée saugrenue de le
donner en gérance à deux jeunes gens, Matthieu et Libero, qui ne connaissent de
leur île que les vacances et qui vont faire du lieu un petit paradis toujours
disponible après le turbin. La fin du monde aura lieu là, une nuit, dans ce
rade improbable, malgré le sourire de commande des quatre serveuses appointées,
et malgré le pastis, qui donnait des couleurs aux consommateurs addicts. La fin
du monde est inéluctable. Il y a eu quelques secousses sismiques, annonciatrices
du cataclysme. Mais rien n’explique le cataclysme. Rien ne le justifie Un homme
meurt, un monde meurt… Et tout redevient comme avant. Nous ne sommes pas des
créateurs, répète à plusieurs reprises Jérôme Ferrari, mais seulement des
démiurges. Nous sommes prisonniers de nos « créations » et nous
mourons avec elles, si nous ne les avons pas rejetées assez vite. Même quand
nous ressemblons à des vivants, nous sommes vivants comme Marcel, le grand-père
qui enterre son propre fils et qui semble inaccessible à la mort : son
monde est mort pourtant, avec sa jeune épouse adorée, et il est mort avec lui,
avec elle, depuis si longtemps que la mort même l’a oublié. Ce sera sans doute
aussi le sort de Matthieu son petit fils, déconnecté avant même la fin du
film ; ce sera le sort d’Aurélie et de ses amours impossibles (est-ce un
hasard si elle porte le patronyme de saint Augustin : Aurelius ?), le
sort d’autres personnages de la « comédie humaine » qu’est en train
d’écrire Jérôme Ferrari, puisque nous retrouvons certains personnages au fil de
ses quatre romans.
Cette fin du monde aux dimensions d’un bistrot corse mais à
portée universelle est orchestrée, il faut le dire dans un style somptueux :
des phrases profuses, jamais confuses,
dont la profusion même sert à rapprocher les événements, comme lorsque
l’on appuie sur le bouton « avance rapide » d’un film qui semble
lent. C’est le style de Ferrari qui lui permet d’aller vite… en embrassant tout
d’un regard. Ce style abolit le temps et permet une simultanéité perpétuelle.
Style total, vision total, acquiescement total, cet acquiescement que l’auteur
prête à son Aurélie, sous le signe d’Augustin, lorsqu’elle arrive en Algérie.
Voici la baie d’Annaba (Bône ou Hippone, ville d’Augustin), vue d’avion :
« Elle ne se plaignait de rien, son acquiescement était total car chaque
monde est comme un homme, il forme un tout dans lequel il est impossible de
puiser à sa guise, et c’est comme un tout qu’il faut le rejeter ou l’accepter,
les feuilles et le fruit, la paille et le blé, la bassesse et la grâce. Dans un
écrin de poussière et de crasse reposait le grand ciel de la baie, la basilique
d’Augustin et le joyau d’une inépuisable générosité, dont l’éclat rejaillissait
sur la poussière et sur la crasse ». Augustin est toujours là dans le
soleil triomphant d’Annaba et par delà le temps qui passe, quelle que soit sa
foi ou son absence de foi, Ferrari nous fait entendre les accents uniques du
Sermon sur la chute de Rome : « Peut-être Rome n’a-t-elle pas péri si
les Romains ne périssent pas ? » disait déjà Augustin, cité par
Ferrari. Eternel retour de la lumière, trace de la vérité de mondes toujours en
allés déjà mais qui se recréent sans cesse.
Joël Prieur
Mais quand, ô esprits superbes du traditionalisme, entendrez-vous ce que nous dit le Ciel????
RépondreSupprimerLucie parle : le 26 décembre 1957 au Père Fuentes qui instruisit le procès en cannonisation:de Jacinta et françois,
et publié avec l'accord des autorités écclesiastiques dans " Fatima Findings" de juin 1959 et dans " IL cuore de Maria"
d'aout septembre 1961.
"En tout cas mon Père, on doit dire aux hommes de ne pas rester à attendre
ni du Pape, ni des Evêques, ni de leurs curés ou leurs supérieurs un appel à la pénitence et à la prière.
Il est grand temps, que chacun de sa propre initiative, pratique les Bonnes et Saintes Oeuvres,
et transforme sa vie selon les désirs de la Sainte Vierge.
Convertissez vous, cela veut dire:
Mettez Dieu au coeur de vos pensées et agissements, faites pénitence,
reconnaissez votre co-culpabilité, détournez vous des voies de la perdition,
purifiez vous dans le Sang de l'Agneau, et accomplissez, hauts les coeurs,
humbles et joyeux, la tâche que Dieu vous a confiée ici et à l'heure présente...."