Laurent Alexandre est médecin. Dans un texte assez bref paru dans Le Monde il nous dit deux choses: que les progrès de la science permettront un jour aux couples de dépasser la nature – et que les conventions sociales suivront. Lisez vous-même:
«La technique des cellules souche iPS - dont l'inventeur japonais Shinya Yamanaka est lauréat du prix Nobel de médecine 2012 - permet de fabriquer des spermatozoïdes et des ovules à partir de fibroblastes, des cellules que l'on trouve sous la peau.»
Concrètement :
«Il est déjà possible de fabriquer un souriceau à partir de deux pères. Le passage de ces techniques à l'espèce humaine est juste une question de temps.»
Et puis :
«Un même individu pourra produire à la fois des ovules et des spermatozoïdes.»
Et finalement :
«Les couples d'hommes pourront en outre bénéficier de l'utérus artificiel.»
Il faudra sans doute attendre encore un peu, mais c’est dans les tuyaux.
Voilà pour la science. Et maintenant, les conventions sociales :
«L'expérience montre que la vitesse de glissement du "défendu" au "toléré" puis au "permis", voire à l'"obligatoire", dépend essentiellement du rythme des découvertes scientifiques, quelles que soient les questions éthiques soulevées.»
Bref, on passe vite du proscrit au prescrit - et réciproquement. Ca change à la vitesse de l'évolution scientifique, c'est à dire de plus en plus vite. Bigre! Notre époque aime à penser qu'elle se situe en aval de bouleversements considérables, qu'elle s'est affranchie de la morale qui avait cours jusqu'alors, et caetera. En gros nous aurions fait un demi-tour complet depuis ce que le fou (le 'toller Mensch') de Nietzsche appelle la mort de Dieu. En réalité, nous n'avons encore rien vu, rien entendu, et le fou nous le dit bien:
«Cet événement monstrueux s'est ébranlé, il est en route, il n'est pas encore arrivé aux oreilles des hommes...»
Pfffffffff!!!!! Pourquoi s'inquiéter? Dieu ne veille-t-il pas jalousement sur Sa création?
RépondreSupprimerIl ne laissera pas faire...
Un peu de foi...que diable!!! Chrétiens! sortez de votre mortelle torpeur!!!!....
Chers lecteurs, je vous cite les récents progrès de la science, qui permettent d’envisager un bébé ayant deux papas biologiques (et pas de maman) mais également un bébé ayant un seul parent biologique (qui produit et l’ovule et le spermatozoïde). Puis, dans un ‘commentaire’ un visiteur croit savoir que «Dieu… ne laissera pas faire».
RépondreSupprimerEh bien… Dieu a déjà permis (non pas souhaité) beaucoup: le ‘non fiat’ de Satan, la pomme croquée, la mise à mort de Son fils, et toutes nos petites turpitudes. Je trouve bien présomptueux de fixer la limite de Sa patience. Je trouve encore plus présomptueux de penser que Dieu devrait dire «STOP!» au moment précis où nous le pensons.
Les techniques de reproduction à venir vous affolent? Vous préférez à l’ancienne? Moi aussi. Pour autant (et ça n’a rien à voir) l’humanité a déjà connu quelques changements. Ils étaient impensables, et nous les avons intégrés. Pensez à la pilule qui n’a pas deux générations. Pensez à la fécondation in vitro – elle représente aujourd’hui un bébé sur 50.
Roy Lewis a traité du sujet dans «Pourquoi j'ai mangé mon père», qui met en scène nos lointains ancêtres. Il y a Edouard, qui invente le feu, l’arc, et d’autres choses. Il y a son frère Vania qui lui reproche de jouer à l’apprenti sorcier. Il y a toutes les découvertes qui découlent de celles d’Edouard, et toutes les catastrophes aussi. Cette fable nous parle de la querelle des réactionnaires et des progressistes, de ceux qui réprouvent le progrès dont ils profitent, et de ceux qui périssent par leur invention.
Notre tentation est grande de geler l’instant, de considérer que l’histoire du monde (et de sa technique) se divise entre ‘avant’ et ‘après’ – ce qui fait de nous des témoins privilégiés, puisque situés pile-poil maintenant, c’est-à-dire à la frontière entre cet ‘avant’ et cet ‘après’. Avant, c’est un peu l’âge d’or, ce qu’ont pu raconter nos grands-parents, avec des développements qui nous semblent naturels (nous sommes nés dedans). Après, c’est l’âge sombre: nous voyons que ça bouge, mais où va-t-on si vite?
Et parce que c’est maintenant que nous vivons, c’est maintenant que nous sommes inquiets, que nous voudrions croire que «Dieu… ne laissera pas faire»?! Voilà qui parle surtout de notre petitesse, et peu de Sa sagesse.
chapeau !
SupprimerNos coeurs et nos cerveaux sont contraints à une plasticité sans limites... sous peine de craquer... En fait ils sont soumis à la torture, sans cesse. Peut-être ne reste-t-il plus que la recherche de l'hésychia..., mais pour de bon.
RépondreSupprimerCher webmestre,
RépondreSupprimerJ'admire votre capacité à anticiper. Pour ma part, j'aurais tendance à penser comme anonyme, que Dieu ne le permettra pas. C'est ce que je me suis dit immédiatement lorsque le SB a annoncé que le directeur du Comité d'Ethique National (ou un truc dans le genre), décrit par le journal Le Monde comme un homme au charisme "visible à l'oeil nu" (dythyrambique, n'est-ce pas), était un homme favorable aux chimères (mi-homme, mi animal). Un comble et une abomination. Il aurait tenu ses réflexions, voire ses découvertes dans le secret, dans l'attente d'une évolution des mentalités (cf. l'article du Monde).
J'ai oublié son nom, mais le nouveau numéro un de l'Ethique médicale en France a écrit un livre intitulé "la sculpture du vivant".
Un malade mental.
Il faudrait peut-être s'en inquiéter, il est vrai...
L'homme en question est le Dr Ameisen, et rien n'indique qu'il souffre du mal que vous lui diagnostiquez. Mais puisque vous parlez de "chimères", voici ce dont il s'agit. Il ne s'agit pas d'un hybride homme/animal ou homme/plante. Il s'agit d'un embryon 100% humain, qui se développerait au sein d'une mère porteuse qui serait par exemple une vache.
SupprimerConcrètement, si vous mettez une ovule humaine fécondée dans l'utérus d'une vache, il ne se passe rien. L'idée est de placer un noyau de cellule humaine dans une ovule de vache, préalablement évidée. Là, ça peut prendre. A la naissance, vous auriez un humain. Il se serait développé dans une vache, plutôt que dans sa mère ou dans une couveuse - et socialement ça se porte moins bien.
Mais techniquement, de quoi parle-t-on? C'est au fond un peu comme si les canes refusaient de couver les oeufs de cygnes placés dans leur nid. On grugerait alors la cane, en transférant dans un de ses propres oeufs un embryon de cygne.
Dans le cas des "chimères" (qui n'en sont pas) c'est plus impressionnant puisqu'on parle d'humain et que cela se passe in utero. Si cela vous rassure, on peut parler de faire porter par la vache plutôt un bonobo, un tigre du Bengale, ou un gorille.
Les hommes peuvent jouer avec les cellules, qui sont la matière, la glaise de Dieu, ils n'auront jamais le souffle qui a animé l'homme, pas plus que l'Esprit vivifiant qui est Dieu Lui même se donnant aux hommes pour en faire des temples de sa Vie, de Son Esprit Saint...Ils en auront compte à rendre à Dieu de toute manière. Pour peu qu'on croie en Dieu il n'y a pas grand chose à craindre, mais prier pour ceux qui n'y croient pas.
RépondreSupprimerDieu, dans Sa bonté, donne aujourd'hui une âme à tout être humain, quelles que soient les conditions de son engendrement - et elles ne sont pas toujours très radieuses. Il n'y a pas lieu de penser que cela change, quand bien même la malice des hommes prendrait de nouvelles formes.
SupprimerPeut être un jour la science sera- t-elle reliée à la foi ? Mais une foi bonne et tolérante : en écoutant une émission sur Archimède, j'ai entendu que ce dernier avait découvert et étudié en géométrie, l'infini . Le manuscrit était recouvert par un palimpseste du Monastère de Mar Saba en Palestine, non loin de Bethleem, par un moine, et le texte d'Archimède était caché... Et les scientifiques, ont admis que cet "Infini" avait deux valeurs, celle de la science, et celle de la religion : et effectivement le Pape Pie X nous parle d'un Dieu infiniment bon et infiniment aimable....C'est une reconnaissance de Dieu par des scientifiques , sorte de nécessité elle aussi... presque nécessité scientifique.
RépondreSupprimer"Tout mal porte en lui son remède" et puis il y a la Providence.
RépondreSupprimerC'est, aussi, confortable de penser que le feu qui détruisit Sodome et Gomorrhe viendrait faire le ménage , mais il y a aussi " Aide toi , le Ciel t'aidera". Alors , en dernier recours il ne faut pas s'inquiéter pour les choses qui sont hors de notre portée et pour lesquelles nous ne pouvons rien.
Ceux qui ont l'intention de mettre en oeuvre de tels projets ne demanderont pas l'avis au Pape ou à un quelconque croyant.
Au final , Dieu reconnaîtra les siens.
"C'est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu" (1 Jn 3, 8). Il n'y donc aucune crainte à avoir car Il n'est pas mort mais ressuscité !!! (j'espère que je suis pas sur un blog nietzchéen ).
RépondreSupprimerLes moyens techniques qui sont proposés et font être mis au point sont très dépendant d'une société riche, riche en terme monétaire, mais aussi en terme de matières premières et d'énergie.
RépondreSupprimerOui, un jour, certains se feront cloner ou donneront naissance à des êtres humains via des moyens non-naturels. Mais cela consistera en une minorité, car l'époque montre les limites d'un système fini.
De plus, ces techniques n'ont aucun avenir: le clonage conduit à un appauvrissement génétique et à un vieillissement prématuré, la pillule conduit à la stérilité via les perturbations endocriniennes, l'allongement de l'espérance de vie amène à des états de morbitude et de dépendance ...
Bref, la technique à toute les sauces n'apporte pas de solutions, mais ne fait que déplacer les problèmes.
Helvète
Cher Maestro,
RépondreSupprimer« Dieu dans sa bonté donne une âme à chaque être humain… »
Vous connaissez sans doute bien, les différences entre « l’anima », l’âme qui anime le corps, tout corps, et l’esprit « animus ». Ce dernier appelé « intellect agent » par Aristote, séparé, impassible et sans mélange, par opposition à l’âme qui s’étudie dans la psychophysiologie.
Pour Pascal, le cœur de l’homme est naturellement voué aux concupiscences de toutes sortes, et sans l’Incarnation et la Grâce, rien ne viendrait jamais combler la distance infinie entre le corps et l’Esprit.
Non seulement, je suis d’accord avec anonyme de 16.44, mais suis assez sidérée de votre affirmation à présumer que l’homme puisse créer de l’Esprit ! Un principe d’animation peut-être, mais certainement pas plus ! Je me demande même si cette création diabolique que nous avons déjà commencée (même si les bébés ne naissent pas encore dans l’utérus d’une vache) ne produit pas déjà des êtres animiques sans la moindre parcelle d’Esprit. Toute la problématique se situe à ce niveau. Car pourvu d’un embryon d’esprit « fait à l’image de Dieu », il n’y aurait rien à craindre ! Par contre un Golem de provenance purement humaine ne peut, et c’est d’une logique déconcertante, n’être créé qu’à l’image de l’homme. Nous aurions là l’homme pur, animé de passions, imperméable à la Grâce.
S’il n’en était pas ainsi, alors, tout serait permis et chacun pourrait créé son petit Golem dans sa cuisine…et plaire à Dieu.
Benoîte
Oui oui je connais la différence entre animus et anima. De plus il me semble bien que l'animus nous est transmis par nos parents, tandis que l'anima vient de Dieu (pour faire simple). Et donc je récidive: je pense que quand un papa et une maman font certaines choses, il en résulte éventuellement un bébé (on trouve dans le commerce des livres adaptés aux différents âges qui vous expliquent tout cela). Et je pense qu'à ce bébé Dieu dans Sa bonté donne une âme (anima).
SupprimerVous continuez en disant votre étonnement face à ce que je penserais. Vous me prêtez l'idée folle "que l’homme puisse créer de l’Esprit". J'ai pourtant écrit très exactement le contraire, que je répète encore une fois:
C'est Dieu, dans Sa bonté, qui donne une âme à tout être humain, quelles que soient les conditions de son engendrement.
Alors, je me suis mal exprimée :
RépondreSupprimer1- l’anima c’est ce qui anime les être vivants quels qu’ils soient.
2- L’animus c’est l’Esprit, Souffle de Dieu qui lui, est capable de recevoir la Grâce.
3- Non, je ne peux pas croire que nos créations in « vitro » ou in « vaca » ou clonées puissent contenir de l’Esprit. Comment Dieu pourrait-il donner Son esprit à une création dont Il n’est pas l’auteur et dont II n’est pas sûr qu’Il la veuille.
En conclusion, une pluie de feu ou autre calamité de ce genre en sera fort heureusement Sa réponse. Je pense même, si vous permettez de faire un tout petit peu d’humour là-dessus, que Dieu peut lui aussi dire, un jour : « Basta cosi ! »
Benoîte
Benoite, vous faites erreur, vous prenez l'animus pour l'anima et réciproquement. Mais ce qui m'importe surtout, c'est que vous restreignez quasiment la distribution des âmes aux limites de la bienséance. Dieu insufflerait d'âme que lorsqu'il approuve un engendrement. Voyons, voyons!
SupprimerVous parlez plus haut de "golem", c'est à dire de créatures humanoïdes sans âmes (sans anima, avec juste un animus). Mais c'est vous qui avez cette idée monstrueuse que les bébés conçus 'in vitro' seraient privés d'âme. Mais nous sommes en 2012! les premiers bébés éprouvettes sont devenus parents! nous les croisons chaque jour, et pour peu que nous ayons moins de trente ans, il n'est pas impossible que nous en soyons un.
Allons, allons!
Oui assurément là notre chère Benoite déraille car elle est animée de bonnes intentions...vous savez celles dont l'Enfer est souvent pavé...
RépondreSupprimerDieu est créateur et cet attribut divin n'a nullement besoin des hommes dans son principe immuable. Par contre nous sommes co-créateurs avec Dieu et coopérateurs de Sa Puissance...C'est pour cette raison que nous avons une responsabilité morale insigne dans la manipulation de la vie en général et plus particulièrement celle des hommes que Dieu créa "à Son image"...
N'oublions pas enfin, chère Benoite, que le concept de Golem est éminemment kabbalistique et talmudique.