Certains l’espéraient, d’autres le craignaient: l’expulsion
de Mgr Williamson ferait du grabuge, Monseigneur emporterait un morceau de la
FSSPX avec lui. Un petit morceau éventuellement, mais tout de même : de
quoi lancer l’opération «sauvetage de la Tradition» (pour ceux qui espéraient
des départs), de quoi purger la FSSPX (pour ceux qui les craignaient). On allait voir ce qu’on allait voir.
Pour le moment on ne voit pas grand chose.
Les quelques prêtres qui s’étaient
opposés à la direction de la FSSPX ont le plus souvent déjà été virés – les abbés
Cériani et Meramo d’abord, les abbés Cvjetkovic, Chazal, et Pfeiffer ensuite.
Ces deux derniers étaient déjà sur la touche depuis quelques temps, leur
réputation était faite, et la direction les avait éloignés en Asie. Ils ont
lancé cet été une petite structure (la FSSPX de stricte observance) qui n’a
accueilli que cinq prêtres : eux-mêmes et trois autres qui n’étaient pas
formellement membres de la FSSPX (les abbés Ringrose, Voigt, et Hewko). Ils ne se font du reste pas trop d’illusions – l’abbé Pfeiffer déclare «en théorie, nous sommes totalement
grillés», tandis que l’abbé Chazal chiffre l’opposition ouverte à «vingt
prêtres à peu près», quant aux autres... «ils sont
menacés, certains d'entre eux reçoivent des monitions canoniques, ils se
laissent intimider.»
Rien à attendre de ses confrères.
Côté évêques, Mgr Williamson n’a
rien à attendre de ses confrères. Il y a quelques mois Mgr de Galaretta de Mgr
Tissier de Mallerais signaient avec lui une lettre pour conjurer Mgr Fellay: «N’engagez pas la Fraternité dans un accord purement pratique». Mais
dans sa conférence du 13 octobre, Mgr de Galaretta envisage un accord «dans le
cas où le pape voudrait seulement permettre la Tradition» sans pour autant s’y
convertir lui-même. Quinze jours après, et alors que son frère dans l’épiscopat
a été expulsé, Mgr de Galaretta parle à Lourdes. Il dit qu’«il ne faut pas se
laisser trop émouvoir, ni accabler, ni attrister, il y a une tristesse qui
n’est pas de Dieu. Devant les croix, les sacrifices, les difficultés, les
combats, les échecs, et les départs… (il marque une pause) il ne faut pas
s’attrister outre mesure.» – Reste Mgr Tissier de Mallerais. Comme les autres,
il a accepté cet été le principe d’un Chapitre Général sans Mgr Williamson, il
acceptera bien cette nouvelle étape.
Fatigue du troupeau.
Quant aux fidèles… une partie
d’entre eux regrette nécessairement le sort fait à l’évêque britannique. Ils ne
vont pas pour autant quitter le réseau de chapelles et d’écoles que la FSSPX a
tricoté depuis 40 ans – avant même la question du confort matériel et moral,
force est de constater l’absence d’alternative. Quant à rebatir… Jérôme Bourbon note dans Rivarol qu’«on constate aujourd’hui une grande lassitude parmi les
catholiques de tradition. Peu ont encore le feu sacré de ceux qui se sont
vaillamment opposés aux réformes conciliaires dans les années 1970.»
Bref: l’hiver commence pour
Mgr Williamson – il sera long et froid.
Un seul petit rayon de soleil, que je signale, tant il est rare dans la pluie de fiel qui a suivi l'expulsion. Voici la réaction de l’abbé Aulagnier sur son site Item:
«C’est pour moi la plus triste nouvelle que je reçois depuis bien longtemps. Cette décision de Mgr Fellay et de Mgr Williamson , – ils en sont, semble-t-il, tous les deux responsables -, risque de faire beaucoup de mal à “tout le monde”. Qu’ont-ils fait, l’un l’autre, de la lettre que leur écrivait Mgr Lefebvre, alors qu’il allait leur conférer l’épiscopat: de garder l’unité entre eux. Il les en suppliait… Il les en conjurait… Oh quel malheur!»
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