Voici ce que m'écrit Guy : "Je me risque, à la lecture de votre blog, à une réflexion qui n’est pas de ma compétence. Vous citez l’Evangile : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous (Luc17/21) ». Cette citation m’a surpris…en creusant je me suis aperçu qu’il y avait peut être un problème de traduction…St Jérôme dans sa vulgate emploie le mot « intra » , en anglais semble t il ceci est traduit par « whithin »…au milieu … ça ne veut rien dire…. Le Christ ne renvoie t il pas à quelque chose de radical : notre intériorité, ce à quoi fait référence la fin du chapitre 17 ? Ne dit il pas d’ailleurs « Mon royaume n’est pas de ce monde .»…. Merci de votre éclaircissement".
Je m'étais toujours posé cette question. On peut traduire le verset 17 : "Le Royaume de Dieu est parmi vous" ou bien, plus probablement, d'après le sens du grec entos : le Royaume de Dieu est "en votre for intérieur" (Delebecque). Tertullien dans son Contre Marcion (4, 38) glose : "le Royaume de Dieu est sous votre main, en votre pouvoir". "Et voilà pourquoi "il ne viendra pas avec éclat"", comme s'y attendaient les messianistes juifs et comme le pensent encore certains musulmans qui m'ont dit attendre le retour de Jésus à Jérusalem [l'un d'entre eux, un chauffeur de taxi barbu a ajouté à mon intention : "après l'extermination des juifs, mais il ne faut pas le dire aux journalistes"]. Pourquoi faire un éclat : le Royaume de Dieu est déjà là, à votre main. Si vous le voulez. Il vous suffit de le vouloir.
Si l'on traduit "le Royaume de Dieu est au milieu de vous" (comme y autoriserait l'anglais within et comme l'ont fait beaucoup de biblistes), ce serait pour souligner l'identité entre le Roi et le Royaume, entre le Christ et son Eglise. Cette idée est absolument juste et belle. Mais - et c'est pour moi une découverte - cette deuxième traduction est difficilement soutenable du point de vue de la langue grecque. Edouard Delebecque, ce grand helléniste qui a traduit l'Evangile de saint Luc, ne se donne même pas la peine d'un commentaire ou d'une mise au point pour justifier sa traduction de la préposition entos : "en votre for intérieur".
Dans le rite extraordinaire, nous venons de célébrer le Christ roi (ce sera fin novembre dans le nouveau calendrier). Et la Toussaint suit immédiatement. Le Royaume à l'intérieur ? Qu'est-ce sinon la définition de la Toussaint. Il y a en nous la souveraineté de Dieu. Il suffit de lui dire : oui.
Je m'étais toujours posé cette question. On peut traduire le verset 17 : "Le Royaume de Dieu est parmi vous" ou bien, plus probablement, d'après le sens du grec entos : le Royaume de Dieu est "en votre for intérieur" (Delebecque). Tertullien dans son Contre Marcion (4, 38) glose : "le Royaume de Dieu est sous votre main, en votre pouvoir". "Et voilà pourquoi "il ne viendra pas avec éclat"", comme s'y attendaient les messianistes juifs et comme le pensent encore certains musulmans qui m'ont dit attendre le retour de Jésus à Jérusalem [l'un d'entre eux, un chauffeur de taxi barbu a ajouté à mon intention : "après l'extermination des juifs, mais il ne faut pas le dire aux journalistes"]. Pourquoi faire un éclat : le Royaume de Dieu est déjà là, à votre main. Si vous le voulez. Il vous suffit de le vouloir.
Si l'on traduit "le Royaume de Dieu est au milieu de vous" (comme y autoriserait l'anglais within et comme l'ont fait beaucoup de biblistes), ce serait pour souligner l'identité entre le Roi et le Royaume, entre le Christ et son Eglise. Cette idée est absolument juste et belle. Mais - et c'est pour moi une découverte - cette deuxième traduction est difficilement soutenable du point de vue de la langue grecque. Edouard Delebecque, ce grand helléniste qui a traduit l'Evangile de saint Luc, ne se donne même pas la peine d'un commentaire ou d'une mise au point pour justifier sa traduction de la préposition entos : "en votre for intérieur".
Dans le rite extraordinaire, nous venons de célébrer le Christ roi (ce sera fin novembre dans le nouveau calendrier). Et la Toussaint suit immédiatement. Le Royaume à l'intérieur ? Qu'est-ce sinon la définition de la Toussaint. Il y a en nous la souveraineté de Dieu. Il suffit de lui dire : oui.
Je crois qu'il faut être "capable" de dire qu'Il est en nous : Avec toutes les émotions qui nous submergent nous n'avons plus, à notre époque, la clarté suffisante pour "brandir" une telle affirmation! Par contre, nos amis anglais, en faisant référence très implicitement sans doute au fameux : "si 2 ou 3 invoquent mon nom etc..."sont , me semble-t-il dans le vrai avec tout le pragmatisme qui les caractérisent. Finalement, les autres sont nos garde-fou et nous empêchent de dérailler. Tout seul, dans mon coin, je puis m'abuser! Au milieu des autres, c'est plus difficile...
RépondreSupprimeret en même temps "ma royauté n'est pas de ce monde",
RépondreSupprimersa royauté ne se révèle t'elle pas encore plus dans son absence ?
partout ou il est chassé, de par son absence il n'en est que plus désiré
Il n'a vraiment pas besoin d'être chassé pour sembler absent! D'ailleurs, comment pourrait-on chasser D.?
SupprimerTout au contraire, l'évangile nous dit très explicitement : "Il vous est un gain que je m'en aille! " Vous raisonnez comme les juifs avec la Palestine.La terre promise est un pays où l'on n'arrive jamais. C'est asymptotique! Je veux dire que Son royaume ne peut pas être de ce monde, comme faire d'un cercle un carré, c'est mathématiquement impossible. Un juif nous dirait que nous sommes en "gallout" de ce royaume. Nous sommes définitivement errants. C'est pourquoi les pseudo racines chrétiennes etc...Je m'en tiens encore les cotes!
Joyeux anniversaire monsieur l'abbé.
RépondreSupprimerQue Dieu vous garde !
Mirabelle et Mortimer
Excellent!
RépondreSupprimerεντoς : dedans, intérieurement. Donne en français les mots comme endogène , endocrine, endogame etc.
RépondreSupprimer« Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites qui purifiez l’extérieur de la coupe et de l’écuelle quand l’intérieur (entos) en est rempli par rapine et intempérance » ( Mathieu 23-25)
Peut signifier l’âme, l’intérieur par excellence.
Pour admettre le Royaume à l’intérieur de soi, encore faut-il reconnaître le « Royaume » descendu sur terre. Le Royaume de Dieu, n’est-ce pas aussi le Christ lui-même ? : « ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la Lumière luit dans les ténèbres… » (Prologue de Jean) C’est bien ce que les pharisiens ne perçoivent pas. Le Christ leur reproche de ne pas être des adorateurs du Dieu Vivant, de Dieu le Père.
L’étymologie n’épuise jamais totalement le sens d’un terme biblique. Le Saint-Esprit pallie à l’insuffisance de la raison humaine. C’est pourquoi la traduction du Nouveau Testament ne devrait pas être faite par des personnes étrangères au Christianisme ! Cela n’a aucun sens. La linguistique reste étrangère à « l’avènement-événement » du Fils de l’Homme. Le Royaume de Dieu sur terre est à la fois cet Avènement et cet Evènement dans l’histoire. Avènement dans notre espace-temps et qui en même temps en abolit les frontières. « Les temps sont accomplis » dit le Christ lui-même. Avec Lui, nous sommes rentrés dans un autre espace.
Le Royaume de Dieu c’est donc l’Alliance nouvelle qui relie cette terre au Royaume des cieux par le Sang du Christ. C’est aussi la vie Nouvelle transmise par le baptême s’épanouissant dans la vie chrétienne et dans les sacrements. Le Royaume c’est aussi le corps du Christ dans l’Eucharistie. Dans chaque Hostie consacrée, le Royaume est concentré tout entier. Le Royaume de Dieu, c’est le Tout entier dans chaque partie et dans chaque esprit (pour autant qu’on le veuille !).
Le Royaume c'est l'Etre (Dieu) et l'agissant en nous (l'Esprit).
Les pharisiens ne reconnaissent pas le Christ. Ils ne le voient pas. Ce sont les vrais aveugles. Sans Foi, les ténèbres demeurent et le Royaume est à son tour, invisible.
Benoîte