Ce dimanche de mi-Carême se célèbre non pas dans la couleur violette qui
est la couleur habituelle du Carême et de la pénitence, mais dans la
couleur rose. L’introït (chant d’entrée latin) donne le ton : «
Réjouis-toi Jérusalem ! » La pénitence n’est pas une fin en soi. Elle
est juste destinée à nous donner une certaine idée de la profondeur du
réel dans lequel nous nous trouvons : connaissance de nous-mêmes, qui
nous libère et connaissance de notre destinée éternelle, qui nous
exalte.
Jérusalem ? De quelle Jérusalem s’agit-il ? C’est à répondre à cette question qu’est consacrée la lecture de l’épître de saint Paul aux Galates. Dans une interprétation imagée de l’Ancien Testament, Paul nous explique qu’il y a deux Jérusalem, de même qu’Abraham a eu deux femmes. Pourquoi deux femmes ? parce qu’il y a Agar l’esclave et Sarah la femme libre. Avec une audace folle, saint Paul conçoit que le véritable lien entre Dieu et les hommes n’est pas la Loi (la Torah) en vigueur dans la Jérusalem terrestre. Cette Loi pointilleuse est un esclavage. Tous les communautarismes d’aujourd’hui, religieux ou pas, sont des formes d’esclavage. Quant à nous, poursuit saint Paul, « nous sommes libres de la liberté par laquelle le Christ nous a libérés ». Nous ne sommes plus esclaves ni de la loi ni d’aucune forme de communautarisme religieux. En ce sens, poursuit saint Paul, juifs ou pas, nous ne sommes plus de la Jérusalem terrestre, qui est esclave de la loi, « avec ses enfants ». Nous appartenons déjà à « la Jérusalem d’en-haut », car nous avons notre « part à l’héritage des saints dans la Lumière ». En ce sens, nous sommes (ou au moins nous essayons d’être) les fils de la femme libre.
Qu’est-ce que la liberté chrétienne ? Non pas la liberté absolue de faire n’importe quoi, celle qu’avait entrevue Rabelais en imaginant l’abbaye de Thélème, dont la devise était simplement : « Fais ce que voudras ». Non. La liberté chrétienne, c’est celle qui permet à chaque personne de réaliser qu’elle est une personne, c’est-à-dire qu’elle est responsable de son destin. Non pas « fais ce que tu veux » mais « fais tout ce que tu peux ». En même temps que tu es libre, et pour les mêmes raisons, tu deviens responsable de ton destin.
Telle est la Révolution chrétienne, une Révolution personnaliste, qui permet à chacun de prendre conscience et de sa liberté et de sa responsabilité. Le chrétien maîtrise son destin. Il lui donne un but. Comme le remarque Curzio Malaparte dans Le bal au Kremlin, du point de vue chrétien, il n’y a pas de souffrance inutile, pas de vie inutile. Parce que « la liberté par laquelle le Christ nous a libérée » n’est pas seulement une liberté d’indifférence (celle qui nous permettrait de faire n’importe quoi) mais une liberté créatrice, celle qui nous transforme et nous sauve, celle qui donne le sens qui manquait, celle qui donne la vie et l’éternité qui manquait. Le Verbe de Dieu fait homme [le Christ] a donné à tous ceux qui l’ont reçu la Puissance de devenir enfant de Dieu. Cette Puissance n’est pas en nous, mais nous la recevons par la foi et elle nous permet de nous transformer.
Comment ? Le récit évangélique de la multiplication des pains, qui nous est proposé ce dimanche, nous aide à le comprendre.
Ce geste de la multiplication des pains, qui renvoie à la manne – cette nourriture par laquelle Dieu a nourri son peuple au désert – apparaît comme un geste qui dans les écrits du Premier siècle avant Jésus Christ, désignerait le Messie à venir. Comme Yahvé autrefois, le Christ nourrit son peuple dans le désert.
« Il y avait là un jeune homme qui avait cinq pains d’orge et deux poissons. C’est à partir de ces cinq pains d’orge que le peuple put manger et l’on récupéra douze corbeilles après le repas. Il y a donc une « mise » humaine. Nécessaire. Et la puissance de Dieu multiplie cette première mise. Eh bien ! Il en est un peu de même pour nous. Nous offrons à Dieu « ce que nous pouvons » en ce Carême et Dieu bénit nos efforts en leur donnant une puissance qu’ils n’ont pas en eux-mêmes. On peut dire qu’Il complète tous les sacrifices que nous lui offrons, en leur donnant un sens nouveau dans la Croix du Christ.
Le peu de chose que nous pouvons faire devient efficace dans le Christ [dans la foi au Christ] en nous transformant peu à peu en Dieu, c’est-à-dire en nous donnant le salut, qui nous arrache à la mort inévitable. Étrange et merveilleuse alchimie chrétienne !
Abbé Guillaume de Tanoüarn
Jérusalem ? De quelle Jérusalem s’agit-il ? C’est à répondre à cette question qu’est consacrée la lecture de l’épître de saint Paul aux Galates. Dans une interprétation imagée de l’Ancien Testament, Paul nous explique qu’il y a deux Jérusalem, de même qu’Abraham a eu deux femmes. Pourquoi deux femmes ? parce qu’il y a Agar l’esclave et Sarah la femme libre. Avec une audace folle, saint Paul conçoit que le véritable lien entre Dieu et les hommes n’est pas la Loi (la Torah) en vigueur dans la Jérusalem terrestre. Cette Loi pointilleuse est un esclavage. Tous les communautarismes d’aujourd’hui, religieux ou pas, sont des formes d’esclavage. Quant à nous, poursuit saint Paul, « nous sommes libres de la liberté par laquelle le Christ nous a libérés ». Nous ne sommes plus esclaves ni de la loi ni d’aucune forme de communautarisme religieux. En ce sens, poursuit saint Paul, juifs ou pas, nous ne sommes plus de la Jérusalem terrestre, qui est esclave de la loi, « avec ses enfants ». Nous appartenons déjà à « la Jérusalem d’en-haut », car nous avons notre « part à l’héritage des saints dans la Lumière ». En ce sens, nous sommes (ou au moins nous essayons d’être) les fils de la femme libre.
Qu’est-ce que la liberté chrétienne ? Non pas la liberté absolue de faire n’importe quoi, celle qu’avait entrevue Rabelais en imaginant l’abbaye de Thélème, dont la devise était simplement : « Fais ce que voudras ». Non. La liberté chrétienne, c’est celle qui permet à chaque personne de réaliser qu’elle est une personne, c’est-à-dire qu’elle est responsable de son destin. Non pas « fais ce que tu veux » mais « fais tout ce que tu peux ». En même temps que tu es libre, et pour les mêmes raisons, tu deviens responsable de ton destin.
Telle est la Révolution chrétienne, une Révolution personnaliste, qui permet à chacun de prendre conscience et de sa liberté et de sa responsabilité. Le chrétien maîtrise son destin. Il lui donne un but. Comme le remarque Curzio Malaparte dans Le bal au Kremlin, du point de vue chrétien, il n’y a pas de souffrance inutile, pas de vie inutile. Parce que « la liberté par laquelle le Christ nous a libérée » n’est pas seulement une liberté d’indifférence (celle qui nous permettrait de faire n’importe quoi) mais une liberté créatrice, celle qui nous transforme et nous sauve, celle qui donne le sens qui manquait, celle qui donne la vie et l’éternité qui manquait. Le Verbe de Dieu fait homme [le Christ] a donné à tous ceux qui l’ont reçu la Puissance de devenir enfant de Dieu. Cette Puissance n’est pas en nous, mais nous la recevons par la foi et elle nous permet de nous transformer.
Comment ? Le récit évangélique de la multiplication des pains, qui nous est proposé ce dimanche, nous aide à le comprendre.
Ce geste de la multiplication des pains, qui renvoie à la manne – cette nourriture par laquelle Dieu a nourri son peuple au désert – apparaît comme un geste qui dans les écrits du Premier siècle avant Jésus Christ, désignerait le Messie à venir. Comme Yahvé autrefois, le Christ nourrit son peuple dans le désert.
« Il y avait là un jeune homme qui avait cinq pains d’orge et deux poissons. C’est à partir de ces cinq pains d’orge que le peuple put manger et l’on récupéra douze corbeilles après le repas. Il y a donc une « mise » humaine. Nécessaire. Et la puissance de Dieu multiplie cette première mise. Eh bien ! Il en est un peu de même pour nous. Nous offrons à Dieu « ce que nous pouvons » en ce Carême et Dieu bénit nos efforts en leur donnant une puissance qu’ils n’ont pas en eux-mêmes. On peut dire qu’Il complète tous les sacrifices que nous lui offrons, en leur donnant un sens nouveau dans la Croix du Christ.
Le peu de chose que nous pouvons faire devient efficace dans le Christ [dans la foi au Christ] en nous transformant peu à peu en Dieu, c’est-à-dire en nous donnant le salut, qui nous arrache à la mort inévitable. Étrange et merveilleuse alchimie chrétienne !
Abbé Guillaume de Tanoüarn
La liberté chrétienne, est le plus grand don surnaturel du Christianisme, et Saint Paul racontait comment nombre de personnes venaient espionner les chrétiens sur ce point, comment d'autres se servaient de la philosophie pour tenter les réduire en servitude et espionner aussi leur liberté .... ! Au sein de la société : la lutte contre l'esclavage est une constante de l'église : depuis Saint Paul, depuis les premiers conciles qui interdisent de réduire quiconque en sujettion par la torture, aux conciles posterieurs qui tous condamnent l'esclavage sou peine de très graves châtiments, dont la damnation éternelle, et je crois l'excommunication , ainsi que la la traite des noirs ..Puis au point religieux : « Aime et fais ce que tu veux » , c'est le credo de Saint Paul celui qui libère de la servitude sociale ou religieuse, du conformisme social, des contraintes de toute sortes cela libère... l'enseignement de Jésus délivre et libère de l'esclavage du péché, des convoitises de toute sorte qui rendent esclave de l'amour de l'argent....ce n'est pas une idée nouvelle : Comme le dit si bien La Fontaine dans sa fable du loup errant mais libre, et du chien au collier et au cou pelé , un Dieu pauvre est un Dieu libre , il n'a pas un terrier comme le renard mais il est libre et enseigne la liberté !!! Dieu a libéré tous les hommes en prenant la condition d'un esclave crucifié: « le Christ n'est descendu sur terre que pour « broyer les portes de bronze et briser les verrous de fer » qui étaient fermés depuis toujours, et pour arracher notre vie de son état périssable et nous attirer vers lui, nous appelant de l'esclavage à la liberté.» (Athanase d'Antioche) en effet les esclaves n'étaient esclaves que par la crainte de la crucifixion, châtiment du fugitif, crainte dont saint Pierre fut exempté ainsi que tous les martyrs sous Néron, crucifiés dans les jardins du Vatican..... et le bon Larron (départ définitif pour le paradis ) La statue du Christ de Rio, avec ses bras en croix est bien plus que celle de la Liberté à New York....
RépondreSupprimerEnfin ce «réjouis toi » semble vraiment être la Joie de Marie qui est élue, oui, la Dame Elue pour être l'« Eve Nouvelle» c'est à dire que désormais c'est avec «Jésus le Modèle» unique de tous les humains, de tous les baptisés, et elle est libre, la Jérusalem celeste, c'est Elle....enfin Saint Paul confirme le choix des petits et de ce qui n'est rien pour confondre avec la liberté chrétienne ce qui se prend pour quelque chose, les riches, les puissants, les mondains, les esclavagistes, les sages, les intelligents, ceux qui semblent plus forts que les autres... L'esclavage a vu son compte réglé en une heure, avec la chute de Babylone dans l'apocalyspe, la soif de dominer et de vendre une cargaison d'hommes ( coke en stock) avec celle de s'enrichir en propageant l'amour cupide (la convostise) des biens et de richesses et du luxe. Tout cela est remplacé par la mise en service libre des uns et des autres dans la charité : être l'« esclave de tous » est un choix libre, paradoxe que les païens ne peuvent pas comprendre faute de savoir ce qu'est l'Amour : la liberté absolue malgré toutes les contraintes qui subsisteraient : ce que les juifs alourdis par le fardeau de la loi ne comprennent pas... Jésus est venu pour l'essentiel, pour l'être libre... et ensuite, c'est par amour qu'on se met au service des autres, comme une Mère, comme Marie pour son enfant Jésus, comme le bon Pasteur pour ses brebis... et pas pour de l'argent , pour un gain mercenaire ni par contrainte ! Donc c'est la Jérusalem libre, qui n'est ni la torah, ni un centre financier....
RépondreSupprimerLa liberté chrétienne, c'est aussi ce larron, esclave crucifié, qui échappe à la peur de la mort par la louange de Dieu, de Jésus de Nazareth, et laisse échapper un cri d'admiration et une prière : «Souviens toi de moi» : la Vérité, que méprisa Pilate est devenu son salut et l'a rendu libre au sein de son affliction, de sa condition tandis que Pilate est esclave de sa peur, car ce bon larron utilisé sa suprême Liberté pour glorifier Dieu et lui rendre justice, compatir, librement , selon la promesse du Christ, quoique crucifié comme esclave et larron .... et au coeur du plus noir des instants, c'est l'allégresse... ...en vérité... Il entre au Paradis, la Jérusalem céleste dont st Paul décrit la beauté en ces termes « Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d'anges en fête, et vers l'assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d'une Alliance nouvelle, et vers son sang répandu sur les hommes, son sang qui parle plus fort que celui d'Abel. »
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