dimanche 3 avril 2011

Le flop à venir de la loi anti-burqa

Pour combattre un certain islam en France, le pouvoir politique a fait une loi anti-burqa. C’est à peu près comme d’interdire les thermomètres pour combattre la grippe, mais enfin pourquoi pas? Nous sommes en démocratie et on a applaudi jusque dans nos rangs cette initiative que je m'abstiens de qualifier de scélérate. Et voici que la loi entre en application, le 11 avril. On a aimablement procuré au Figaro la circulaire qui en fixe les modalités. C’est qu’il s’agit d’y aller mollo, le journal rappelle que «les policiers sont vigilants à ne pas embraser les quartiers sensibles à ces questions».

Les lieux, d’abord, où sont interdites burqa et niqab: la voie publique, les commerces, les services publics, les parcs et jardins, les transports en commun. Elles restent autorisées dans les espaces privés (tels que domiciles, chambre d’hôtel, véhicules personnels – sauf pour le conducteur éventuellement). Curieusement, burqa et niqab sont également autorisées «dans un lieu de culte», quand la personne s’y trouve «pour la pratique de sa religion». On n’enverra pas les pandores verbaliser à la mosquée - tant mieux pour eux. Et comme on n’est jamais trop prudent: «il est aussi recommandé aux forces de sécurité intérieure d’éviter toute intervention à proximité immédiate d’un lieu de culte».

A la page six de la circulaire on arrive sur du lourd: les modalités de verbalisation. Les forces de l’ordre, lit-on, devront «indiquer aux personnes qui dissimulent leur visage que le juge de proximité pourra prononcer une peine et/ou imposer un stage de citoyenneté.» Et puis, elles devront «inviter la personne à montrer son visage». Si elle refuse, il faudra lui expliquer «la possibilité» d’être conduite au poste. Bien entendu, il n’est pas question de «lui faire ôter le vêtement» par la force. Quant au séjour éventuel au poste, il ne saurait «excéder quatre heures à compter du contrôle effectué». De toute façon, les agents «veilleront à apprécier avec discernement le contexte général entourant le déroulement du contrôle». Autrement dit et si je comprends bien: pas de contrôle devant la mosquée, mais pas de contrôle non plus dans les cités ni à Barbès. Les forces de l’ordre y ont déjà des rapports parfois difficiles avec les jeunes arabo-musulmans. S’en prendre à la pureté vestimentaire de leurs mères ou de leurs sœurs n’arrangerait pas le problème. Restent les Saoudiennes de la place Vendôme – qui osera les importuner ?
 


La réalité est que l’arrivée de populations musulmanes, depuis une 40aine d’années, n’est pas anodine pour la France, surtout au moment où se disloque notre patrimoine chrétien traditionnel. Ce n’est certes pas par l’angélisme que l’on règlera les questions posées. Ce n’est pas non plus en fantasmant notre passé. Et c’est encore moins en se dandinant d’un pied sur l’autre, bâton un jour et carotte le lendemain. Le bâton, c’est par exemple cette fanfaronnade anti-burqa. La carotte c’est par exemple Eric Besson qui vient de déclarer la «nécessité» d’avoir dans nos cimetières des «carrés musulmans». Notez que dans un cas comme dans l’autre, c’est une sacrée entorse à la laïcité. Laïcité? Je sais que plus l’un d’entre nous tique à ce mot. Bien sûr que moi aussi! je préfèrerais vivre dans une société catholique, avec un Etat qui tout naturellement le serait aussi. Cependant, si nous ouvrons les yeux, et sans même parler de l’islam, nous voyons que ce n’est pas le cas. Dans ces conditions, la laïcité nous protège. Je ne vois que Melenchon et Le Pen pour la défendre aujourd’hui.

12 commentaires:

  1. Bien merci!!!
    http://blog.centrodietica.it/?p=2370

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  2. Ou comment colmater avec un pitoyable et mal-venu scotch d'énormes brèches ouvertes volontairement dans les digues de nos frontières.
    Idéologie et bien-pensance=irresponsabilité et lâcheté
    signé: une Gaulliste

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  3. la chrétienté ne "SE" disloque pas, elle est disloquée, c'est différent...( avec des résistances merveilleuse face à la subversion parpaillote, une tentative de résistance à la R évolution dite française , et la démission totale depuis certain concile( puisqu'il y aurait "certain islam"...)
    La laïcité ne nous protège en rien (surtout pas de l'islam, un de ses chevaux de bataille séculaire, voir Naboléon, Lénine, la colonisation de ferry etc))...l'"état catholique" (???? je suppose une état qui reconnaîtrait la place primordiale de la Révélation...quand l'Eglise s'y tiendra elle aussi!!!) n'est pas une préférence aléatoire...
    L'état actuel veut notre mort (1)(et une partie de l'épiscopat aussi, mort spirituelle en tête, puis mort civile puis mort physique)
    Ses lois sont , dans ce domaine comme dans les autres, du pipeau ..
    Il ne fait plus que ventriloquer et faire du grand (ou du minable!) spectacle( diagnostiqué par Debord il y a bien longtemps et sur des symptômes bien plus ténus).
    ni en matière de sécurité, ni en matière de justice, ni en matière de monnaie, ni en matière d'économie, ni en matière de diplomatie, ni dans aucun domaine , l'Etat failli et le fondé de pouvoir du mondialisme qui pose son cul et son inculture à l'ELysée ne VEUT rien faire...sauf de quoi nous mettre la tête dans le sable et offrir des occasions aux ennemis de parader et de proliférer et de vaincre petit à petit .

    l'heure de l'offensive est (aurait dû être?) venue..sinon , c'est fini( sauf Jeanne d'Arc, Dieu ,les miracles..pourquoi pas)
    Morituri te salutant

    (1) voir le parallèle significatif entre entre Rockefeller - il y a des décennies- " vous aurez l'état mondial, de gré ou de force" ( en substance)et Sarkozy -récemment- " vous vous métisserez, de gré ou de force"

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  4. Un "état catholique" ? Non, je ne crois pas que Jésus voulait faire adhérer quiconque d'office ou encore moins de force à ses idées.
    Que vaut la foi imposée ou vécue par défaut ?

    Aujourd'hui nous pouvons vraiment dire d'avoir choisi la voie qui est la nôtre.

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  5. Cette loi est de la poudre aux yeux. Inapplicable et probablement contraire à la CESDH.
    Après tout, tout le monde a le droit de s'habiller comme il veut à conditions bien sur de ne pas adopter une tenue contraire à la loi ou aux bonnes moeurs.
    Je suis plus choqué par ces demoiselles en string qui me mettent mal à l'aise que par une brave mère de famille qui va faire ses commissions en burqua.

    On dirait que l'occident a perdu tout sens de la pudeur.
    Il doit bien avoir une via media entre le string et la Burqua ?

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  6. L’interdiction de la burqa n’est que de la poudre aux yeux pour l’électeur ex-lepeniste qui a voté Sarkozy en 2007. Mais derrière la rigueur, inapplicable, contre ces quelques pauvres centaines de burqas se cache une politique plutôt tendre avec l’islam. Rien à voir en tout cas avec ce qu’a dû subir le catholicisme à la Révolution et au début du XXe siècle.

    On interdit, sur le papier quelques centaines de burqas et, en échange, on va construire des mosquées sur fonds publics pour le gros million de musulmans pratiquants restants. En espérant que l’imam assurera un peu de maintien de l’ordre en remerciement pour les mètres carrés à prix d’ami.

    Il n’y a qu’à se replonger dans le rapport Gerin/Raoult sur le voile intégral. C’est, pour faire bref, vive l’islam, du moment qu’on retire la burqa.

    « De fait, la mission souhaiterait qu’une réflexion d’ensemble soit engagée sur la manière de « respecter pleinement la diversité spirituelle », selon l’expression retenue par le rapport Stasi. (…)

    a) La construction de lieux de cultes

    (…) Le Président de la République n’a pas écrit autre chose dans sa tribune : ‘Respecter ceux qui arrivent, c’est leur permettre de prier dans des lieux de culte décents. On ne respecte pas les gens quand on les oblige à pratiquer leur religion dans des caves ou dans des hangars. Nous ne respectons pas nos propres valeurs en acceptant une telle situation.’

    Le rapport de la commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics présidée par M. Jean-Pierre Machelon avait d’ailleurs démontré que de réelles marges de manœuvres législatives existaient en ce domaine dans la mesure où l’article 2 de la loi de 1905, qui prévoit que « la République ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte », n’a pas valeur constitutionnelle (255). Cette dernière préconisait notamment d’autoriser l’aide directe à la construction des lieux de culte. »

    (rapport d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national, n°2262, XIIIe législature)

    En résumé, l’article 2 de la loi de 1905 s’appliquait à la question catholique et n’a pas à être vu comme la matrice obligée de cette République laïque dont parle l’article 1er de la constitution de 1958.

    Gerald

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  7. Il en est de même de la laïcisation des cimetières sous la troisième République, qui ne visait en fait que cette toujours épineuse question catholique. Mais un carré musulman, où est le problème ?

    « Aux termes de l’article L. 2213-7 du Code général des collectivités territoriales, il est interdit d’établir des distinctions ou des prescriptions particulières à raison des croyances ou du culte du défunt, ou des circonstances qui ont accompagné sa mort. L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est donc pas possible en droit. Toutefois, en pratique, les carrés confessionnels sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles, de confession musulmane notamment, de voir se créer dans les cimetières des lieux d’inhumation réservés à leurs membres. » (rapport du Conseil d’Etat 2004, pp. 326/327)

    « Comme le déplore le grand rabbin Michel Gugenheim, les familles sont ainsi à la merci de maires livrés à eux-mêmes. Que faire dans ces conditions ?

    Les arguments en faveur du développement de carrés confessionnels ou même de cimetières confessionnels sont la stabilisation et l’intégration des populations concernées.

    M. Fouad Alaoui, vice-président du Conseil français du culte musulman, a ainsi observé que l’absence de carré confessionnel constituait la cause majeure de l’expatriation d’environ 80 % des corps des personnes de confession musulmane décédées dans notre pays, un nombre croissant d’entre elles ayant pourtant la nationalité française. Incontestablement, cette expatriation ne favorise pas l’intégration des populations concernées.

    Le 19 avril 2003, lors du vingtième rassemblement de l’Union des Organisations Islamiques de France, M. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, a déclaré : ‘je pense encore au problème des carrés musulmans dans les cimetières qui suppose que vous puissiez définir avec les maires ces emplacements. Chacun doit pouvoir enterrer ses morts, les prier, les honorer, les aimer dans le respect de sa religion et de sa culture. Devant la mort, nous sommes tous égaux. La peine d’un musulman est la même que celle d’un catholique, d’un juif ou d’un protestant.’

    Quant à la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République, présidée par M. Bernard Stasi, elle a simplement indiqué dans son rapport remis en décembre 2003 au Président de la République que : « La laïcité ne peut servir d’alibi aux autorités municipales pour refuser que des tombes soient orientées dans les cimetières45(*). »

    A l’inverse, la création de carrés ou de cimetières confessionnels peut être ressentie par une partie de la population comme un signe de cloisonnement, volontaire ou non, de certaines communautés. Lors de son audition, M. Pascal-Hervé Daniel, chef du service des cimetières de la Ville de Paris, a ainsi relevé une multiplication des demandes de carrés réservés aux branches qui composent les différentes confessions, à des nationalités ou encore des groupes ethniques.

    Ce risque de communautarisme doit être nuancé. L’existence de cimetières ou carrés juifs et protestants n’a pas menacé l’unité de la République et leur grand nombre rend inenvisageable un retour à une conception stricte du principe de neutralité des cimetières et une interdiction des regroupements confessionnels. »

    (rapport d’information n° 372 (2005-2006) de MM. Jean-Pierre SUEUR et Jean-René LECERF de la commission des lois du Sénat, Bilan et perspectives de la législation funéraire)

    « L’unité de la République » n’est donc menacée ni par les cimetières protestants, ni par les carrés juifs ou musulmans. Non, il faut se rendre à l’évidence, les seuls cimetières confessionnels qui risquent de « menac[er] l’unité de la République » sont les cimetières catholiques.

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  8. C'est que justement! les mœurs changent, et ce qui choque aujourd'hui, c'est justement qu'une femme se soustraie aux regards. Vous pensez que cette pudeur musulmane, pour idiote et mal placée qu'elle puisse être, ne regarde que les femmes qui s'y soumettent? C'est mal connaitre nos concitoyens avancés: elle heurte leurs yeux, ils l'interdisent.

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  9. Les Musulmans sont pour longtemps en France et il faut accepter ce fait.

    Il est normal que des fidèles d'une même religion regroupent leurs morts.

    Je ne vois pas en quoi cela menace la laïcité ou l'unicité de la République.

    Après tout un cimetière n'est-il pas assimilable à un lieu de culte : on s'y retrouve pour pleurer les morts selon le rite de leur religion.

    Les catholiques se rendent à l'église, les juifs à la synagogue, les musulmans à la mosquée et les protestants au temple. Il n'est donc pas anormal que chacun se rende dans un cimetière consacré à sa religion.

    D'ailleurs dans les nécropoles militaires on a regroupé les soldats par nationalité et par religion ; les tumulus étant surmontés d'une croix pour les chétiens (catholiques et protestants confondus), d'un maguen David pour les juifs ou d'un croissant pour les musulmans. A l'époque (1914-18) nul n'y a vu d'atteinte à la laîcité mais un respect de ceux qui sont morts pour la France et la Liberté.

    L'interdiction des regroupements confessionnels me paraît être une de ces absurdités bureaucratiques dont notre pays a le secret.Pourquoi se créer des problèmes là où il n'y en a pas.

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  10. Merci à l'anonyme de 21H55 pour sa contribution. Ce qui me choque n'est pas tant l'existence (ou non) de carrés musulmans. Ce qui me choque c'est cette danse du ventre du régime (l'équipe en place aussi bien que l'équipe alternative) devant les musulmans, sujets de toutes les "attentions" - dont certaines sont bienveillantes et d'autres le sont moins. Que l'on applique la loi commune à tout le monde, point barre. La loi dit qu'il n'y a pas de cimetières confessionnels - autrement dit que n'importe qui peut être enterré sans devoir justifier d'une appartenance à telle ou telle tribu, clan, ou groupe. Je dis: chiche.

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  11. http://www.youtube.com/watch?v=fj8D9Qo4apY&feature=player_embedded

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  12. L'anonyme de 21H55, c'est toujours Gerald. J'ai oublié de signer.

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