Rassurez-vous, je ne vais pas vous causer de l’attitude du Saint-Père face aux persécutions antijuives de la IIe Guerre Mondiale! il y a déjà 3.000 journalistes, et 6.000 éditorialistes amateurs qui s’en occupent sur leurs blogs – dans un sens ou dans l’autre. Je ne vais pas non plus m’interroger (quelle outrecuidance!) sur les vertus personnelles de Pie XII. Parce qu’il ne faut pas l’oublier: ce sont les vertus de Pie XII qui ont été jugées (et jugées héroïques), pas son pontificat. Je ne vais pas non plus comparer Pie XII et Jean Paul II, d’autres le font mieux que moi, encore que… personne n’interroge l’attitude de Jean Paul II durant le génocide rwandais. Un million de morts en 100 jours, dans le pays le plus catholique d’Afrique, ça intéresse qui?
Non. Ce dont je veux vous parler c’est de l’adjectif «controversé» que j’ai lu un peu trop ces derniers jours pour ne pas m’ énerver. «…Un pape controversé…» (Le Point), «…les controverses sur son attitude…» (L’Alsace) ; «Pie XII, controversé pour…» (Le Parisien) ; «le pape controversé» (L’Express) ; «…ce pape controversé pour son silence…» (Le Monde). Pareil dans La Croix, Le Nouvel Obs, Le Figaro et les autres.
Les auteurs de ces articles auraient pu écrire que Pie XII a fait ceci ou n’a pas dit cela, mais c’était se confronter à la réalité. Ils auraient pu écrire plus simplement «Pape que nous n’aimons pas…», ce à quoi les lecteurs auraient répondu «C’est votre opinion – que vaut-elle?» Question qui contient sa réponse – laquelle est cruelle. Ils auraient pu dire «Pie XII est accusé…» mais il aurait fallu dire par qui, et de quoi - donner du substantiel. Avec ‘controversé’ ils tiennent le mot magique – je m’explique:
On connaît les «self fulfilling prophecies», ces prophéties auto-réalisantes: il suffit qu’un certain nombre de gens pensent que le sucre va manquer pour qu’ils se précipitent en acheter, créant ainsi la pénurie qui donnera raison à leur crainte. Eh bien le terme ‘controversé’ tient du «self fulfilling reproach», c’est un reproche auto-réalisant. La preuve que Pie XII est controversé? Allez sur Google Actualités, des centaines d’occurrences dans la presse francophone – c’est bien la preuve qu’il y a controverse.
Quand j’entends le mot ‘controversé’ je sors ma hache, celle qui me sert à fendre le bois dont on fait les langues. Car c’est bien de langue de bois qu’il s’agit, celle qui entend enfermer l’interlocuteur dans un choix réduit de pensers.
Un exemple concret de cette xyloglossie : Prenez deux phrases («Le webmestre est idiot» et «Cela pose un problème au Blog»), phrases tout à fait contestables («Non il n’est pas idiot» et «Mais le Blog n’a pas de problème!»). Vous les fusionnez, vous obtenez «L’idiotie du webmestre pose un problème au Blog». Pire, vous atténuez la responsabilité du sympathique idiot, et votre phrase devient «L’idiotie du webmestre n’est que l’un des problèmes du Blog». Discuter sur cette base? Impossible. C’est alors qu’il faut sortir la hache.
Non. Ce dont je veux vous parler c’est de l’adjectif «controversé» que j’ai lu un peu trop ces derniers jours pour ne pas m’ énerver. «…Un pape controversé…» (Le Point), «…les controverses sur son attitude…» (L’Alsace) ; «Pie XII, controversé pour…» (Le Parisien) ; «le pape controversé» (L’Express) ; «…ce pape controversé pour son silence…» (Le Monde). Pareil dans La Croix, Le Nouvel Obs, Le Figaro et les autres.
Les auteurs de ces articles auraient pu écrire que Pie XII a fait ceci ou n’a pas dit cela, mais c’était se confronter à la réalité. Ils auraient pu écrire plus simplement «Pape que nous n’aimons pas…», ce à quoi les lecteurs auraient répondu «C’est votre opinion – que vaut-elle?» Question qui contient sa réponse – laquelle est cruelle. Ils auraient pu dire «Pie XII est accusé…» mais il aurait fallu dire par qui, et de quoi - donner du substantiel. Avec ‘controversé’ ils tiennent le mot magique – je m’explique:
On connaît les «self fulfilling prophecies», ces prophéties auto-réalisantes: il suffit qu’un certain nombre de gens pensent que le sucre va manquer pour qu’ils se précipitent en acheter, créant ainsi la pénurie qui donnera raison à leur crainte. Eh bien le terme ‘controversé’ tient du «self fulfilling reproach», c’est un reproche auto-réalisant. La preuve que Pie XII est controversé? Allez sur Google Actualités, des centaines d’occurrences dans la presse francophone – c’est bien la preuve qu’il y a controverse.
Quand j’entends le mot ‘controversé’ je sors ma hache, celle qui me sert à fendre le bois dont on fait les langues. Car c’est bien de langue de bois qu’il s’agit, celle qui entend enfermer l’interlocuteur dans un choix réduit de pensers.
Un exemple concret de cette xyloglossie : Prenez deux phrases («Le webmestre est idiot» et «Cela pose un problème au Blog»), phrases tout à fait contestables («Non il n’est pas idiot» et «Mais le Blog n’a pas de problème!»). Vous les fusionnez, vous obtenez «L’idiotie du webmestre pose un problème au Blog». Pire, vous atténuez la responsabilité du sympathique idiot, et votre phrase devient «L’idiotie du webmestre n’est que l’un des problèmes du Blog». Discuter sur cette base? Impossible. C’est alors qu’il faut sortir la hache.
C'est le fond du problème :ou l'on court après l'opinion dans une course endiablée ou on l'éclaire et on l'élève. Il faut choisir..
RépondreSupprimerMerci à notre webmestre de cette façon non conformiste d'aborder un problème dont tout le monde parle. Je n'aurais pas fait mieux ! Il me semble que je comprends mieux le pb après avoir lu ça. Hier, en préparant un entretien sur le sujet pour le journal Minute, je me suis rendu compte qu'en réalité sur Internet, que ce soit wikipedia ou d'autres sites "non partisans", ils traitent du "pb de Pie XII" dans le bon sens, celui de la vérité historique. Mais "devant" la vérité historique, aujourd'hui accessible à toutes les personnes de bonne volonté, il y a la controverse, il y a Pie XII pape controversé et donc... non canonisable et plus largement, il y a cette écharde dans la chair des rapports compliqués entre juifs et chrétiens, qui fait que la béatification de Pie XII est ressentie comme une agression alors qu'elle est simplement un acte de justice, ne serait-ce que pour tous les juifs qui ont été sauvés par l'action diplomatique de ce pape.
RépondreSupprimerAbbé G. de Tanoüarn
Ma maladresse informatique m'oblige à paraître en anonyme !
Réjouissons-nous de la prochaine béatification de notre Pape bien-aimé le Vénérable
RépondreSupprimerJean-Paul II ! Merci à BXVI d'avoir rendu justice à cet immense Pontife (=qui crée des ponts; entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes, entre l'Eglise et les fidèles, entre les peuples dont celui de la 1ère alliance, entre les chrétiens et les autres croyants, entre les croyants et ceux qui n'ont pas encore ressenti le besoin d'une transcendance...etc, etc)- tout cela JPII le grand a assuré à la perfection, mission accomplie !
Pour Pie XII, eh bien, nous ne le connaissons pas vraiment, ne l'avons pas connu en tant que Pape, encore moins avant, il ne nous reste qu'à faire confiance à Benoît XVI et le soutenir dans sa décision, en tant que celui qui siège sur le trône de St Pierre et a certainement plus d'éléments en main pour juger que n'importe quel journaliste.
Personnellement j'ai décidé d'adopter cette attitude de confiance au St Père et recevoir avec respect ce qu'il nous propose.
Que savons-nous véritablement de la vérité historique ? Certes, on peut comprendre la communauté juive (pensez à la douleur de ceux qui ont perdu les proches dans des camps, c'est normal que le moindre doute réveillé sur le sujet doit faire renaître une souffrance, c'est la nature humaine, finalement peu à voir avec PieXII lui-même, c'est plutôt ce rappel des faits et d'un silence potentiel ou présumé, qui remue le couteau dans la plaie); arrêtons donc pour notre part de stigmatiser la communauté juive qui est à fleur de peau sur le sujet.
Mais, encore une fois, confiance au Saint Père et recevons humblement son don à l'Eglise de ces futurs nouveaux saints !
Aux côtés du Vénérable JPII dont la sainteté ne fait aucun doute (BXVI lui-même l'a évoqué en ces termes lors d'une audience générale il y a quelque temps), il y a aussi le Père Popieluszko qui pourra être béatifié comme martyre (sans nécessité d'un miracle donc). Réjouissons-nous !
Gaudeamus pour cette étape vers les béatifications !
Cela peut sembler paradoxale mais le silence de Pie XII durant la 2e guerre mondiale a sauvé encore plus de gens. C'était un homme assez prudent. Tellement prudent qu'il cru bon de ne pas lire la 3e partie du secret de Fatima en 1917, croyant que cela le regardait personnellement, puisqu'ordonné à l'heure même des apparitions à Saint Marie-Majeure.
RépondreSupprimerUne interview pleine de bon sens de Monseigneur Vingt-Trois sur Pie XII :
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/le-talk/2009/12/21/01021-20091221ARTFIG00605-dire-que-pie-xii-n-a-rien-fait-pour-les-juifs-est-aberrant-.php
"Il y a aussi le Père Popieluszko" (dit l'anonyme de 15:50) "qui pourra être béatifié comme martyre". J'avoue humblement que je ne comprends pas ce qui fait que Popieluszko est martyre. Il a été tué par les forces de l'ordre d'un régime qui lui en voulait de soutenir les revendications sociales de sa classe ouvrière. Les ouvriers étaient catholiques, le régime athée; à part cela on est dans une situation assez fréquente hélas, le syndicalisme est dans certains pays une activité à risque.
RépondreSupprimerA propos du Père Popieluszko : votre message est choquant !
RépondreSupprimerQuels syndicats ?? A Varsovie dans le quartier de Zoliborz ??? Les ouvriers ?? Il y en avait sûrement parmi les miliers qui fréquentaient les messes pour la patrie du Père Popieluszko, mais loin d'en être la majorité ni même la moitié ! Revisitez les environs, regardez déjà le quartier, si vous n'aviez pas eu le privilège de vivre ces évenements !
Avez-vous oublié ces messes débordant de fidèles de tous les âges et couches sociales à l'écoute des sermons du Père P. stigmatisant on ne peut plus courageusement le régime ?? Ces foules avec les mains levées en signe de la victoire (V) loin autour de l'église, car bien sûr quand il préchait, il n'y avait pas une seule place dans l'église ni sur le parvis ? Le tout avec les ZOMOs (=CRS++, les vrais, pas nos rigolos) armés, en surveillance permanente et affichée autour des fidèles rassemblés pour les messes et sermons du Père ?
Il était SEUL, même l'episcopat était timoré; son soutien sur qui compter, c'était Dieu, la Sainte Vierge.....et, pour le temporel, le Vénérable Jean Paul II pour galvaniser l'opposition au communisme via l'Eglise.
Avec ça, l'homme était humble, discret, humain.
Un Chrétien. Un digne et courageux défenseur de la foi.
Puis, ils l'ont assasiné sauvagemment.
Un MARTYRE.
(rappelle le St Etienne, célébré samedi dernier)
Le Père Popieluszko était l'un des aumôniers de fait de Solidarnosc. Solidarnosc était un syndicat populaire. La renommée du Père Popieluszko s'étendait à tout le pays. Les mains levées en V, Notre Dame de Czestochowa, les drapeaux, le régime défié? et les foules, les foules forcément populaires car telle était la sociologie de la Pologne de l'époque, y compris à Zoliborz. Oui, c'était cela le mouvement Solidarnosc. En le rappelant je ne manque certainement pas de respect à ceux qui l'ont porté. Je suis bien désolé de vous avoir choqué, mais je ne comprends pas en quoi?
RépondreSupprimerLe Père Popieluszko avait fait le bon choix, son action était soutenue par sa foi. Pour autant, a-t-il été tué directement "en haine de la foi"? a-t-il été tué sciemment plutôt que par bavure? Franchement...