Isabelle de Gaulmyn revient dans La Croix sur les propos de Nicolas Sarkozy dans Le Monde, qu’elle compare à ceux qu’il tenait à Rome en 2007. Comparaison qui «ne manque pas de sel», il est vrai que l’auditoire «n’est plus le même». Le président Sarkozy, «devant un parterre de prélats», s’émerveillait «de la présence sociale de l’Eglise». Deux ans plus tard, le voici qui défend «une autre conception de la laïcité: celle qui voudrait que l’on pratique en France sa religion avec une ‘humble discrétion’».
C’est qu’entre-temps le sujet s’est modifié, débat sur l'immigration aidant. C’est alors qu’on observe une curieuse alliance entre d’une part «les tenants d’une laïcité pure et dure», et d’autre part un milieu qu’Isabelle de Gaulmyn ne qualifie pas mais qui entend nier aux musulmans «le droit de s’exprimer en Europe». Exemple concret en Suisse où «les tenants de l’extrême droite dure ont trouvé un soutien dans une frange laïque» pour bloquer la construction de minarets - les uns par rejet de l’islam, les autres par rejet de la religion.
Il y a confusion entre «deux plans» nous dit Isabelle de Gaulmyn, quand Nicolas Sarkozy prône une religion «humble et discrète». On glisse de «la laïcité de l’Etat» à «celle de la société» qu'elle estime impossible. C’est une résurgence d’une «certaine tradition française laïciste» qui voudrait «réduire le phénomène religieux à quelque chose de purement privé, à son unique dimension de conviction».
Comment expliquer la différence entre Sarko2007 et Sarko2009 ? Moi qui ne suis ni journaliste ni apprenti théologien, je propose la clé de lecture suivante: quand Nicolas Sarkozy dit ‘religions’, il faut entendre ‘islam’. C’est d’ailleurs bien ainsi que commence sa tribune dans le Monde, («Par référendum, le peuple suisse vient de se prononcer…»), c’est ainsi qu’il la poursuit («Je m'adresse à mes compatriotes musulmans...»), et ça ne peut qu'être à eux qu’il s’adresse quand il demande à «chacun» de «pratiquer son culte avec l'humble discrétion» qu’il juge souhaitable. A chacun? les bouddhistes de France, il est vrai, font moins parler d'eux.
Le fait est qu'il y a en France une part de la population qui est musulmane et qui s’installe, et une part de la population autochtone qui vit mal cette installation. Étant à la tête du pays, Nicolas Sarkozy doit tenir compte des uns comme des autres. Il s’en sort par des circonvolutions et une prudence verbale maximale, au prix d'un style terriblement lourd («Je suis convaincu que l'on ne peut que susciter des malentendus douloureux, un sentiment d'injustice, blesser les âmes en apportant une réponse aussi tranchée à un problème qui doit pouvoir être résolu au cas par cas dans le respect des convictions et des croyances de chacun.») L’inconvénient, effectivement, c’est qu’on croirait entendre une mitre molle des années 80 - Mais à y bien réfléchir, Nicolas Sarkozy pouvait-il parler autrement?
C’est qu’entre-temps le sujet s’est modifié, débat sur l'immigration aidant. C’est alors qu’on observe une curieuse alliance entre d’une part «les tenants d’une laïcité pure et dure», et d’autre part un milieu qu’Isabelle de Gaulmyn ne qualifie pas mais qui entend nier aux musulmans «le droit de s’exprimer en Europe». Exemple concret en Suisse où «les tenants de l’extrême droite dure ont trouvé un soutien dans une frange laïque» pour bloquer la construction de minarets - les uns par rejet de l’islam, les autres par rejet de la religion.
Il y a confusion entre «deux plans» nous dit Isabelle de Gaulmyn, quand Nicolas Sarkozy prône une religion «humble et discrète». On glisse de «la laïcité de l’Etat» à «celle de la société» qu'elle estime impossible. C’est une résurgence d’une «certaine tradition française laïciste» qui voudrait «réduire le phénomène religieux à quelque chose de purement privé, à son unique dimension de conviction».
Comment expliquer la différence entre Sarko2007 et Sarko2009 ? Moi qui ne suis ni journaliste ni apprenti théologien, je propose la clé de lecture suivante: quand Nicolas Sarkozy dit ‘religions’, il faut entendre ‘islam’. C’est d’ailleurs bien ainsi que commence sa tribune dans le Monde, («Par référendum, le peuple suisse vient de se prononcer…»), c’est ainsi qu’il la poursuit («Je m'adresse à mes compatriotes musulmans...»), et ça ne peut qu'être à eux qu’il s’adresse quand il demande à «chacun» de «pratiquer son culte avec l'humble discrétion» qu’il juge souhaitable. A chacun? les bouddhistes de France, il est vrai, font moins parler d'eux.
Le fait est qu'il y a en France une part de la population qui est musulmane et qui s’installe, et une part de la population autochtone qui vit mal cette installation. Étant à la tête du pays, Nicolas Sarkozy doit tenir compte des uns comme des autres. Il s’en sort par des circonvolutions et une prudence verbale maximale, au prix d'un style terriblement lourd («Je suis convaincu que l'on ne peut que susciter des malentendus douloureux, un sentiment d'injustice, blesser les âmes en apportant une réponse aussi tranchée à un problème qui doit pouvoir être résolu au cas par cas dans le respect des convictions et des croyances de chacun.») L’inconvénient, effectivement, c’est qu’on croirait entendre une mitre molle des années 80 - Mais à y bien réfléchir, Nicolas Sarkozy pouvait-il parler autrement?
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