Chose promise, chose due. Je vous avais annoncé au mois d'août « des décisions prises à Rome » pour « baliser le chemin de crête » sur lequel nous nous engageons. Eh bien les voilà et, vous l'avouerez, sans retard!
Le cardinal Castrillon-Hoyos, en la fête de la Nativité de la Sainte Vierge Marie, a bien voulu ériger sous l'autorité de M. l'abbé Laguérie, une nouvelle société religieuse : l'Institut du Bon Pasteur, avec le pouvoir d'incardiner des prêtres et de faire ordonner des séminaristes.
Deo gratias ! Oui, à Dieu d'abord les remerciements de nos cœurs débordants. Nous, prêtres injustement chassés, nous étions traités de mutins. Et voilà que nous sommes officiellement embauchés dans la vigne du Seigneur, pour continuer à travailler comme nous l'avons toujours fait « pour que son Règne arrive ». Pensons aussi aux séminaristes d'Ecône, laissés sur le pavé sans une explication le lendemain des Ordinations de fin d'année. Ils ont ainsi retrouvé un port d'attache pour prendre des forces avant la « grande traversée » de leur ordination sacerdotale.
Cet Institut qui porte le nom du Bon Pasteur évoque d'abord, dans son titre, la générosité toute pastorale de Rome à notre égard. J'ai beaucoup parlé de Rome depuis bientôt 18 ans que je suis prêtre. Mais aujourd'hui, je peux dire que j'ai vu le visage de Rome et que ce visage est un visage de miséricorde.
J'imagine qu'un certain nombre de mes lecteurs et néanmoins amis froncent les sourcils en se demandant : mais qu'est-ce qu'ils ont lâché pour obtenir cela ?
Ce que je voudrais avoir lâché, c'est la passion excessive qui m'anime et cette volonté d'avoir raison qui parfois m'a rendu injuste.
Mais sur le fond, nous n'avons rien lâché. Lisez donc attentivement le communiqué ci-joint : usage exclusif de la liturgie traditionnelle, critique constructive du concile Vatican II. Avec magnanimité, Rome nous accorde tout.
En contrepartie ? Eh bien nous devons aider ce pape, là où nous sommes, avec les moyens qui sont les nôtres, à sortir l'Église de la religion conciliaire. J'ai quelques idées sur les modalités pratiques de ce beau programme. Je vous en entretiendrai dès que possible.
Mais tout de suite, ce qu'il nous faut faire, c'est rendre grâce. Par une délicate attention, le cardinal Castrillon a souhaité que notre Société soit érigée en la fête de la Nativité de la Vierge. Eh bien ! Pour la fête du Saint Nom de Marie, ce 12 septembre, à 19 heures, j'invite tous ceux qui le peuvent à se joindre à nous pour chanter un Te Deum et une messe d'action de grâce. C'est M. l'abbé Laguérie nouveau supérieur, qui conduira notre prière.
Que ceux qui ne peuvent pas se libérer dans un délai si court ou qui habitent trop loin pour pouvoir venir jusqu'à nous, n'hésitent pas à s'unir de cœur et d'intention à notre chant.
Pour que grandisse toujours notre amour de l'Église et notre volonté de la servir.
Abbé Guillaume de Tanoüarn
Communiqué - Dialogue entre Rome et les traditionalistes, un premier acquis
Ce vendredi 8 septembre 2006, en la fête de la Nativité de la Sainte Vierge Marie, le cardinal Castrillon-Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé, au nom du Saint-Siège, a érigé l’Institut du Bon Pasteur en « Société de vie apostolique ». Regroupant sous la houlette de M. l'abbé Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, des prêtres traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie-X, cette communauté nouvelle, la première du genre reconnue par le pape Benoît XVI, marque la volonté sérieuse de la part de Rome d'en finir avec le séparatisme traditionaliste. Quelques précisions juridiques sont nécessaires pour prendre la mesure de ce petit événement. Cet Institut est reconnu comme de Droit pontifical, c’est-à-dire qu’il relève directement du Saint-Siège et que son supérieur a le pouvoir de juridiction ordinaire, aux fors interne et externe, sur tous les membres de la société. Il incardine ses membres prêtres et diacres. Il peut ouvrir un séminaire et appeler aux ordres mineurs et majeurs les candidats reconnus aptes au sacerdoce. Fait digne d’être remarqué, l'érection de ce nouvel Institut est intervenue en plein accord avec le président de la conférence épiscopale française, le cardinal Ricard, qui a accueilli la nouvelle fondation dans son diocèse.
Le Saint-Siège octroie aux membres de l’Institut « l’usage exclusif de la liturgie grégorienne » (Statuts II, §2). Le rite traditionnel est « le rite propre » de la fondation, comme le soulignait le cardinal Castrillon lui-même, en recevant les membres de l’Institut. Désormais, à travers les statuts du Bon Pasteur, la messe traditionnelle n’est plus seulement une permission. Elle se trouve encouragée pour elle-même par le Siège Romain. Par ailleurs, chaque membre fondateur reconnaît personnellement « respecter le Magistère authentique » du Siège Romain, dans « une fidélité entière au Magistère infaillible de l’Église (Statuts II §2). De plus, conformément au discours du pape Benoît XVI à la Curie Romaine le 22 décembre 2005, les membres de l’Institut, autant qu'il est en eux, sont engagés, par une « critique sérieuse et constructive » du Concile Vatican II, à permettre au Siège apostolique d’en donner l'interprétation authentique.
Les prêtres de cette nouvelle œuvre apostolique et missionnaire se réjouissent de la générosité avec laquelle la hiérarchie ecclésiastique a reçu leur demande d’une communion qui soit enfin pleinement manifestée avec le Saint-Siège.
La création de l’Institut du Bon Pasteur n’est pas une fin en soi ; c’est un commencement. Le cardinal Ricard a promis au mois d'avril dernier que les évêques français s'engageront dans « un vrai travail de communion » avec les traditionalistes. La création de cet Institut constitue l'occasion toute trouvée de tourner le dos aux anathèmes interpersonnels et de passer, d'un côté comme de l'autre, de la déclaration d'intention à une mise en œuvre sérieuse et vraiment chrétienne de ce qui au fond n’est rien d’autre que la charité surnaturelle entre tous les catholiques !
Centre Saint-Paul, Paris.