jeudi 27 septembre 2012

Islam et christianisme

Le frère Thierry, dans le cadre des Cercles de l'Aréopage, organise au Centre Saint Paul (12 rue Saint-Joseph 75 002) samedi après midi, un colloque sur islam et christianisme. Sujet rebattu ? direz-vous. Sujet essentiel et souvent mal posé. Soit parce que l'on n'ose pas voir la réalité de l'islam en face, soit parce que l'on ne comprend pas et que l'on ne se donne pas la peine de comprendre les musulmans.

Sur la réalité de l'islam, nous entendrons Alain Wagner et René Marchand. Ce dernier est l'auteur d'une importante biographie de Mahomet, dont il faudra que l'on puisse parler sans passion.

Sur les musulmans, je voudrais parler des rapports entre la loi et la foi. Mon propos ne sera pas forcément "coranique" mais plutôt pratique. Il me semble que pour comprendre les musulmans, il faut, comme au premier siècle saint Paul pour le judaïsme, bien distinguer ce qui relève de la foi et ce qui relève de la loi.

Dans le Coran, la foi c'est la première sourate, qui FAIT le musulman quand il la prononce... La loi ? C'est tout le reste. Ma question ? Quelle est la foi des musulmans ? Une fides islamica surnaturelle (mais hérétique) comme le pensent les rédacteur du §3 de Nostra aetate ? Une foi naturelle comme le suppose Alain Besançon. Ce sera une occasion, pour nous chrétiens de revenir sur ce qu'est notre propre foi... Et sur la raison pour laquelle le Christ nous a tant exhorté à sortir de la loi... Rendez-vous samedi après midi à 14 H.

Je profite de ce post pour préciser qu'allant fêter les 60 ans de l'abbé Laguérie à Poitiers le 1er octobre (on n'a pas tous les jours 60 ans), je ne pourrai pas assurer les deux cours prévus ce soir là. La rentrée se fera en thomisme et en psychologie philosophique non pas le 1er octobre mais le 8 octobre. 19 H 30 pour le cours sur la Somme théologique. 20H30 pour le cours de psychologie philosophique (et théologique).... Pour vous inscrire ? Un téléphone : 0762072641

mercredi 26 septembre 2012

J'extrapole ?

Pour Denis et pour l'anonyme, il n'est pas vrai que le pape ait pu faire de la question de l'orientation physique des fidèles et du prêtre au cours de la liturgie un critère déterminant dans la liturgie... Cette orientation me disent-ils, est purement spirituelle... J'aurais ainsi extrapolé en interprétant le discours du pape de ce matin...

Je réponds que du point de vue de la liturgie, qui désigne l'ordre du culte public rendu à Dieu, l'orientation est forcément spirituelle... mais elle est matérielle aussi ou physique. On ne parle pas de liturgie sans se situer dans un espace sacré et sans rendre sacré le temps du culte.

Mais surtout, je réponds que le pape est familier de ce thème de l'orientation physique commune du prêtre et des fidèles, même si ce n'est pas en tant que pape qu'il en parle (voilà la nouveauté, à ma connaissance de ce matin). En tant que scientifique, que théologen, il en parle dans longuement dans L'esprit de la liturgie éd. Ad solem pp. 53-71. Par exemple p. 61, avec la distinction que je fais dans le post précédent entre liturgie de la parole et liturgie sacrificielle : "Le service de la Parole rassemble les fidèles autour du Béma (estrade), où se trouve le trône de l'Evangile, le siège de l'évêque et l'ambon d'où la parole est proclamée. Le sacrifice eucharistique, lui, se déroule dans l'abside, où les fidèles se tiennent debout autour de l'autel, tournés avec le célébrant vers l'Est, vers le Seigneur qui vient".

Le cardinal Ratzinger a aussi préfacé en 1993 la traduction française de l'étude de son maître Klaus Gamber, qui s'intitule Tournés vers le Seigneur et qui évoque l'orientation commune (vers l'Est) du prêtre et des fidèles. Voici le texte de cette préface, trouvée sur Internet :
"Après nous avoir donné une édition française de Die Reform der Römischen Liturgie (Ndrl. la réforme de la liturgie romaine), les moines du Barroux publient aujourd'hui en français un second ouvrage du grand liturgiste allemand Klaus Gamber, Zum Herrn hin !, sur l'orientation de l'église et de l'autel. Les arguments historiques avancés par l'auteur sont fondés sur une étude approfondie des sources, qu'il a faites lui-même; ils concordent avec les résultats de grands savants tels que F.-J. Dölger, J. Braun, J.-A. Jungmann, Erik Peterson, Cyrille Vogle, le R.P. Bouyer, pour ne citer ici que quelques noms éminents.
Mais ce qui fait l'importance de ce livre, c'est surtout le substrat théologique mis à jour par ces savantes recherches. L'orientation de la prière commune aux prêtres et aux fidèles - dont la forme symbolique était généralement en direction de l'est, c'est-à-dire du soleil levant - était conçue comme un regard tourné vers le Seigneur, vers le soleil véritable. Il y a dans la liturgie une anticipation de son retour; prêtre et fidèles vont à sa rencontre. Cette orientation de la prière exprime le caractère théocentrique de la liturgie; elle obéit à la monition : Tournons-nous vers le Seigneur ! Cet appel s'adresse à nous tous, et montre, au-delà même de son aspect liturgique, comment il faut que toute l'église vive et agisse pour correspondre à la mission du Seigneur".
Cet appel s'adresse à nous tous, disait le pape, c'est-à-dire clairement aux pratiquants des deux formes du rite romain et à tous les chrétiens quel que soit leur rite ("toute l'Eglise").

Surprise : on retrouve le thème de l'audience de ce matin dans cette phrase de 1993 : "Cette orientation de la prière [au sens physique donc] exprime le caractère théocentrique de la liturgie [son orientation spirituelle]".

Le texte latin de la Préface (identique dans les deux formes du rite latin) dit somptueusement ce théocentrisme, comme mystère et non comme tentative psychique inefficace :
- Sursum corda : Haut les coeurs, s'écrie le prêtre [et non pas : élevons notre coeur, qui est un optatif, un pur optatif de piété personnelle]. Réponse des fidèles : - "Nous les avons (tournés) vers le Seigneur".

La sobriété des termes nous éloigne de tout psychologisme de toute tentative de psychologiser. Nous sommes DANS le mystère liturgique, comme nous AVONS nos coeurs vers le Seigneur. Avant même que nous nous tournions vers lui, il nous les a pris.

Ces choses sont suffisamment grandes pour que l'on se permette, sans polémique aucune, de couper les cheveux en quatre... oui... mais pas (jamais !) d'extrapoler, comme je crois l'avoir ici démontré.

Tournés vers le Seigneur

Aujourd'hui, lors de l'audience générale Place Saint Pierre, le pape a eu ces mots qui méritent de rester à la postérité :
 "Là où le regard de Dieu n'est pas déterminant, tout le reste perd son sens. Le critère fondamental dans la liturgie est son orientation vers Dieu, nécessaire pour participer à son oeuvre".
Orientation vers Dieu : il s'agit avant tout de la prière du Ministre qui "élève son coeur" vers Dieu ; il s'agit de l'aptitude d'une liturgie à transporter l'assemblée dans le monde de l'Esprit et à pénétrer toute vie d'un élan intérieur irrépressible.
Mais le propre de la liturgie c'est d'inscrire dans le sensible l'effet intelligible que le geste porte en soi. On doit donc dire que le pape entend bien favoriser une célébration "tournée vers le Seigneur", où parce que les fidèles regardent tous dans la même direction avec intensité, le prêtre ne saurait leur faire face en fixant seul la direction opposée.

Autant dans la première partie de la messe, il est digne et juste qu'il y ait une pédagogie humaine, non pas pour faire obstruction à la Parole de Dieu avec des précompréhensions trop humaines, représentant nos pauvres préjugés, mais pour faire en sorte que cette Parole résonne telle qu'elle est. Pas besoin d'emballage !
"Vivante, en effet, est la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, articulations et moelles" (Hébr. 4, 12). 
Dans la première partie de la messe, la pédagogie consiste à ne pas censurer la Parole de Dieu (comme elle l'est dans certains lectionnaires), à ne pas l'édulcorer avec des traductions douceâtres ou simplement fausses. Pas besoin de prendre non plus un ton de circonstances. Rien n'est plus NATUREL que la Parole de Dieu, pas besoin de s'exciter : "Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas".

Autant durant le Sacrifice (offertoire, consécration, communion), il suffit de se laisser transpercer par l'action de Dieu. La messe n'est pas seulement une image analogique de la réalité du sacrifice de la Croix, image devant laquelle nous aurions à nous trouver dans les meilleures conditions possibles, comme à un spectacle, non ! Pendant le sacrifice nous sommes tous tournés vers le Seigneur. Le sacrifice de l'autel a lieu dans notre coeur, qui est la Crèche où repose l'homme-Dieu. Et le silence liturgique est la première manière de réaliser cette orientation spirituelle, en quoi consiste le sacrifice de la Messe.

Qu'est-ce que le sacrifice de la messe, sinon "ce qui manque à la passion du Christ", notre inclusion, notre participation au sacrifice de la Croix. Pour participer à l'oeuvre du Christ, que faut-il ? Des titres particuliers ? Des capacités supérieures ? Des actions d'éclat ? Non : comme le note Benoît XVI, il suffit que nous nous orientions vers lui. Orientation physique, liturgique. orientation spirituelle : c'est le cas de répéter avec Péguy que "le spirituel est lui-même charnel".

Et le pape ajoute que cette orientation est "le critère" d'une bonne ou d'une mauvaise liturgie. Si la liturgie ne nous oriente pas vers le Seigneur, elle n'est rien, qu'une gesticulation qui tiendrait soit du ballet soit de l'animation, mais pas de l'action sacrée. Il ajoute ici une dimension épistémologique" que la réforme liturgique a rendu indispensable. Comme il faut INTERPRETER Vatican II, il faut aussi INTERPRETER la liturgie qui en procède. Quels sont les critères ? Le pape n'en donne qu'un : l'orientation vers le Seigneur.

lundi 24 septembre 2012

Antoine Assaf, retour du Liban

Merci d'abord à Louis-Marie Lamotte et au blog Contre-débat, pour la superbe surprise de ce Compte rendu précis et nuancé, comme était nuancée la conférence que j'ai donnée. Ce mardi, le 25 septembre donc, c'est Antoine Assaf, retour du Liban, qui vient nous parler de la situation dans son pays et du rôle extraordinaire du pape Benoît XVI pour la paix. Il y a une diplomatie vaticane et des principes qui guident l'action  de notre pape. Antoine Assaf avec sa fougue habituelle nous donnera quelques clés du drame syrien et nous dira ce qu'il est encore possible de faire pour conjurer la guerre qui s'approche à nouveau de cette partie du monde.
 
Une conférence par un témoin et un analyste, auquel vous pourrez aussi poser toutes vos questions. C'est demain mardi au Centre Saint Paul, 12 rue Saint-Joseph dans le 2ème (Métro Sentier ou Grands boulevards). C'est à 20 H 15.

mercredi 19 septembre 2012

[contre-debat] Compte rendu de la conférence de l’abbé Guillaume de Tanoüarn : Vincent Peillon, ministre de la religion laïque. Nouvelle donne sur la laïcité en France

Nous publions ci-dessous la recension d'une conférence de l'abbé de Tanoüarn, par Louis-Marie Lamotte, du blog "contre-débat"
L’abbé Guillaume de Tanoüarn, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, a tenu le 18 septembre 2012, dans le cadre des conférences du mardi du Centre culturel chrétien Saint-Paul, une conférence sur la tradition intellectuelle laïque dont Vincent Peillon, actuel ministre de l’Education Nationale, se veut l’héritier.
Jaurès et le socialisme comme religion
En effet, Vincent Peillon est l’auteur d’une œuvre qui n’est pas sans rapport avec le poste ministériel qu’il occupe. Il a ainsi travaillé sur le « socialisme comme religion » chez Jean Jaurès et a consacré un ouvrage à Ferdinand Buisson, auteur d’une Encyclopédie pour l’enseignement primaire récompensé en 1927 par le Prix Nobel de la paix, présent au Congrès de Rome de la libre-pensée en 1904. La perspective de Vincent Peillon s’inscrit donc dans l’héritage de penseurs qui ont créé une tradition intellectuelle laïque que le conférencier désignait comme une « idéologie française » qu’il a soigneusement distinguée de la laïcité chrétienne. L’abbé de Tanoüarn a également remarqué que ces penseurs sont aujourd’hui largement oubliés : si le nom de Jean Jaurès est connu, il n’est guère lu de nos jours. Il n’est cependant pas sans intérêt de se remémorer ce que Jaurès écrivait dans sa thèse sur la réalité du monde sensible : « Le socialisme, dit-il, serait une révolution religieuse. » Le christianisme se meurt ; il s’agit de le recueillir comme un legs. Les vrais croyants veulent abolir toutes les haines et « créer vraiment l’humanité, qui n’est pas encore », mais pour cela, il faut la raison et l’amour, et, se demande-t-il, « qui sait si Dieu n’est pas au fond de ces choses ? » C’est cette clausule que l’abbé de Tanoüarn invitait à ne pas considérer comme une formule purement rhétorique et à prendre pleinement au sérieux.
Ferdinand Buisson : du protestantisme libéral à la libre-pensée
Ferdinand Buisson, quant à lui, est issu du protestantisme libéral. Il n’est d’ailleurs pas anodin que Vincent Peillon exprime, dans un entretien au Monde des Religions, son admiration pour le protestantisme, surtout par comparaison avec le catholicisme. Significativement, Buisson est l’auteur d’une thèse sur Sébastien Castellion, adversaire de Calvin, présenté comme une figure de la liberté de pensée. Le libéralisme de Buisson semble paradoxal en tant que le protestantisme apparaît tout d’abord comme une doctrine de la prédestination intégrale et de la sola scriptura, excluant toute liberté humaine. Mais le protestantisme, en vivant loin de l’autorité pontificale, s’est mêlé à la doctrine de l’unitarien Faust Socin, promoteur d’un christianisme sans mystères et sans sacrifice, ne conservant de la doctrine de Luther et de Calvin que le libre-examen. Ferdinand Buisson est donc un protestant libéral, issu des évolutions du protestantisme, professant une foi sans dogmes et sans sacrifice qui rejoint très largement le socinianisme, dont l’importance est selon le conférencier très largement sous-estimée. C’est ce courant de pensée qui aboutit, après s’être saisi de l’héritage de la Révolution française, à la libre-pensée : en effet, dès lors que le christianisme se trouve vidé de tout son contenu, il ne reste que la liberté, que Ferdinand Buisson n’hésite pas à désigner comme la vraie religion. Buisson distingue en effet l’instinct religieux, qui doit être respecté en tant qu’il appartient à la nature humaine (aujourd’hui, Vincent Peillon écrit encore que l’homme est un animal religieux) du « système dogmatique », dénoncé comme une invention humaine destinée à le satisfaire. 
Vincent Peillon et les catholiques
L’abbé de Tanoüarn a poursuivi sa conférence en exposant deux lectures de Vincent Peillon. La première est celle que peuvent faire de cette pensée laïque des catholiques traditionalistes, qui y reconnaissent paradoxalement l’analyse de la droite catholique de la fin du XIXe siècle. En effet, pour Vincent Peillon, qui reprend largement l’analyse d’Edgar Quinet, la Révolution française a échoué, et c’est à l’Eglise catholique qu’il faut imputer cet échec : la Révolution a fait preuve de trop de hâte et a oublié qu’il fallait forger un peuple de républicains. Edgar Quinet, dans Le christianisme et la Révolution, affirme ainsi l’incompatibilité absolue entre catholicisme et Révolution française, rejoignant sur ce point les traditionalistes, et justifie la Terreur, qui doit régénérer le peuple. Cependant, la Terreur a échoué ; il convient donc de remplacer le pouvoir spirituel de l’Eglise par un autre pouvoir spirituel, celui de l’école : il s’agit de créer une nouvelle génération intellectuelle.
 
Vincent Peillon ne dit pas autre chose. Il parle ainsi d’un « renouveau religieux en dehors des cadres politico-religieux dominants » et plaide pour une « religiosité vraie ». La Révolution réussira uniquement si l’on en démultiplie les effets par un nouveau clergé d’instituteur. 
 
Par comparaison, l’abbé Barruel, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme, estimait que la Révolution n’avait fait que mettre en œuvre un projet qui courait à travers le XVIIIe siècle. C’est en fait exactement l’analyse d’Edgar Quinet et de Vincent Peillon : la Révolution a bel et bien mis en œuvre ce projet, mais celui-ci n’a malheureusement pas été assez expliqué ; il est donc désormais nécessaire de l’expliquer au moyen d’un enseignement républicain. Il s’agit en fait précisément de la critique des catholiques de droite à la République, de tout ce que Léon XIII n’avait pas perçu en ordonnant le Ralliement : derrière la République se trouve un projet médité par les exilés républicains sous le Second Empire, un plan concerté, une tradition intellectuelle, et une idéologie, la laïcité, qui en 1870 fait figure de néologisme.
Vincent Peillon et la société actuelle
L’abbé de Tanoüarn s’est par la suite attaché à caractériser la lecture de Vincent Peillon faite par la société actuelle en prenant l’exemple d’un article publié par le moraliste Ruwen Ogien dans le quotidien Libération. Ruwen Ogien, en net désaccord avec le ministre de l’Education Nationale, lui oppose la distinction entre le juste et le bien. Vincent Peillon prétend proposer une idée du bien, or le moraliste nie qu’on puisse avoir une telle idée et considère donc qu’il faut s’en tenir à l’idée du juste. Cette réaction significative correspond à la fois au matérialisme le plus crasse, selon l’expression du conférencier, et à des reliquats de christianisme. En effet, si la distinction du juste et du bien sert le matérialisme ordinaire, puisqu’elle permet de se défaire de toute idée du bien, elle convient d’une certaine manière à l’Eglise catholique, qui se veut une société parfaite et autonome : le Bien est Dieu, c’est à l’Eglise que revient la charge de le prêcher, tandis que l’autorité politique a la charge d’un bien commun temporel.
 
Face au matérialisme ambiant, Vincent Peillon souligne avec raison l’importance de la religion pour la morale et la nécessité d’une perspective transcendante à l’homme. Le problème, soulignait l’abbé de Tanoüarn, est que si cette perspective se résume à la liberté de la conscience humaine, il devient extrêmement difficile de penser le Dieu de cette religion, qui est transcendant mais ne doit en aucun cas forcer notre conscience.
Un christianisme inconscient ?
Si Vincent Peillon est d’origine juive et donne à ses enfants une éducation juive, il semble obsédé par l’image du Christ. Ainsi, il estime que la démocratie française n’est rien d’autre que le Christ à soixante millions d’exemplaires, soixante millions d’êtres absolument libérés de tout conditionnement et qui portent Dieu en eux-mêmes. D’une certaine façon, Vincent Peillon exprime une idée juste, en tant qu’être chrétien exige un acte de liberté personnel par lequel le chrétien s’approprie ce qu’il a reçu et fait partie de l’Eglise comme une personne, par un acte de liberté qui lui fait choisir l’infini de la charité et le fait donc sortir des conditionnements relatifs. Comme la liberté laïque de Vincent Peillon, la liberté chrétienne a un caractère absolu.
 
Il est donc possible de se demander si l’idéologie laïque est en fait un christianisme inconscient. En effet, le récit par Notre-Seigneur du jugement dernier (Mt XXV) permet de concevoir un christianisme inconscient ; il y a quelque chose d’inconscient dans la charité ordinaire. Cependant, le christianisme de Vincent Peillon doit sortir de la conscience, il s’interdit les textes de l’Evangile ; le christianisme n’est accepté qu’au filtre de la conscience et du cœur, or le cœur de l’homme n’est pas bon. Le christianisme inconscient de Vincent Peillon est marqué par l’idée que l’homme est naturellement bon, qu’il fait forcément bon usage de sa liberté lorsqu’il s’en saisit, qu’il n’a donc pas besoin d’une Parole extérieure pour le sauver. Ce christianisme inconscient sort donc du christianisme réel, pour lequel la première condition pour être chrétien est de reconnaître que l’on a besoin d’être sauvé, que l’on n’accède pas à la bonté et à la justice sans la grâce que Dieu donne. 
 
L’abbé de Tanoüarn a noté cependant que le christianisme réel, le christianisme du péché et de la grâce, est très oublié par les chrétiens eux-mêmes. Depuis le Concile, et même depuis les années qui l’ont précédé, l’homme prétend se saisir lui-même dans le vertige de sa liberté ; il se donne ses propres valeurs. Le christianisme conciliaire, qui fait venir la foi de la conscience humaine et regarde toute intervention extérieure au mieux comme un adjuvant, a donc en fait les mêmes valeurs que Vincent Peillon : celui-ci a en effet hérité d’une ancienne tradition chrétienne libérale, dans laquelle un certain christianisme contemporain peut se retrouver.
 
L’abbé de Tanoüarn a conclu sa conférence par un autre aspect qui oppose les catholiques à Vincent Peillon, à savoir l’idée que l’Eglise puisse exercer un pouvoir spirituel. Vincent Peillon est un héritier du Contrat social de Rousseau, pour lequel tout le mal vient du christianisme en tant que celui-ci a distingué le pouvoir spirituel du pouvoir temporel : la cité doit posséder le pouvoir spirituel, le pouvoir républicain doit être à la fois spirituel et temporel. Le problème des rois ne se trouvait pas dans leur despotisme, mais au contraire dans leur faiblesse ; la Révolution a cherché avant tout à construire un pouvoir fort. Edgar Quinet comme Vincent Peillon sont conscients qu’il n’est plus possible d’user de la violence comme sous la Terreur, que Quinet salue comme un miracle fulgurant, mais qui ne pouvait pas durer. L’école, en revanche, est en mesure de construire sur le long terme des républicains.
 
Ce n’est donc pas l’Eglise, insistait pour conclure le conférencier, qui a déclaré la guerre à la République ; elle a tout fait au contraire pour n’avoir pas à livrer cette guerre. C’est la République qui a déclaré la guerre à l’Eglise. Gambetta, par son exclamation : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi », a ainsi résumé la laïcité comme idéologie, de même que Clemenceau lorsqu’il déclarait : « Rendez à César ce qui est à César… et tout est à César. » La conférence s’est achevée par des questions nombreuses qui ont donné à l’abbé Guillaume de Tanoüarn l’occasion de distinguer un humanisme chrétien, qui considère l’héritage des personnes concrètes, de l’humanisme laïc fondé sur une idée abstraite de l’homme, et de désigner les chrétiens comme des résistants spirituels à la dernière idéologie qui reste, l’idéologie laïque, qui consiste en fait en une conception agressive de l’homme considéré abstraitement.
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Louis-Marie Lamotte

Note : Il va de soi que toute erreur ou toute approximation doit être imputée non au conférencier, mais à l'auteur de ce compte rendu, réalisé à partir des notes prises lors de la conférence au Centre Saint-Paul le mardi 18 septembre 2012.

"Je ne suis qu'un évêque qui continue..."

Qui était Mgr Marcel Lefebvre ? Moi qui l'ai côtoyé 5 ans à Ecône (en tant que séminariste, assistant à ses prédications, à ses conférences spirituelles et l'ayant rencontré seul à seul deux ou trois fois), j'avoue que j'aurais du mal à répondre à cette question. Pour sa soeur, interviewée parmi 37 témoins directs dans un film-documentaire passionnant : [par contraste avec son autre frère prêtre le Père René], Mgr Lefebvre était avant tout "celui qui mettait la paix dans sa famille, qui savait faire les nuances". Mon ascendance belge (ma grand mère) m'aide à comprendre cet homme du nord dont le conformisme de façade fournit la raison profonde de son anticonformisme actif. Autre paradoxe : il était à la fois extrêmement simple et accessible et en même temps, comme dit Agathe une Gabonaise interviewée, "c'était un prince de l'Eglise". tout à fait conscient de sa dignité (il était évêque depuis l'âge de 41 ans).

Le film, qui va passer au grand Rex à Paris à 16 H le samedi 29 septembre prochain nous donne une image à la fois totalement favorable et vraiment universelle de celui qu'il nomme "un évêque dans la tempête". J'ai eu la chance de voir ce film en avant première. Je crois que chaque catholique, quelle que soit sa sensibilité, peut reconnaître quelque chose de son propre parcours dans ce documentaire passionnant. Des épisodes comme le Concile ou l'immédiat après concile sont rendus particulièrement vivants à travers des images fantastiques appartenant au fond de l'INA. Ce séminariste de Poitiers, par exemple, lunettes à la Woody Allen, qui explique très calmement qu'il est le porte parole des Etats généraux qui se sont déroulés dans son séminaire et que dorénavant les professeurs tiendraient le plus grand compte des aspirations de chacun, c'est... phénoménal. Et Dom Helder Camara, l'archevêque des pauvres à Recife qui nous explique qu'au Concile l'Eglise avait appris à se faire modeste. Ou, dans l'autre sens le cardinal Ottaviani qui s'oppose avec clarté et sans passion à la collégialité. Coup de chapeau à Luc Perrin, qui se montre excellent pédagogue, pour faire comprendre l'enchaînement des événements. Le spiritain Philippe Béguerie est très intéressant aussi, avec sa sortie spontanée sur Vatican II et la Révolution française.

Ce film nous montre, sans parti pris les raisons de Mgr Lefebvre et nous permet de mesurer l'ampleur de la Révolution culturelle qu'a constitué l'événement conciliaire. Les images sont irréfutables, les commentaires purement descriptifs et non militants. Quel que soit notre âge, nous plongeons, avec le réalisateur Jacques-Régis du Cray, 31 ans, au coeur de notre histoire religieuse personnelle. On ne peut pas refaire le match. Mais on comprend mieux.

J'étais heureux, par exemple, d'entendre [un observateur attentif] dire que les sacres de 1988 lui semblaient avec le recul vraiment providentiels. C'est l'impression que j'avais eu sur le moment. En revoyant les images de ce moment unique, je comprends pourquoi... Je revis la paix surnaturelle qui était tombée sur la Prairie, entre le séminaire et l'usine électrique. Je ne regrette rien, non : les sacres, c'est la démonstration du sérieux de la contestation de Mgr Lefebvre, c'est l'ouverture de la mouvance traditionnelle, la naissance de la FSSP et, malgré les canons de la déchirure, les premiers gestes publics du pape envers les fidèles. Le début du dégel.

lundi 17 septembre 2012

Rentrée des conférences : Vincent Peillon

Demain, mardi, j'ouvrirai le bal des conférences au Centre Saint Paul avec une conférence sur la laïcité selon Vincent Peillon. Je donnerai en contrepoint des thèmes développés par notre ministre de l'Education nationale, dont j'ai déjà parlé ici, la conception catholique de la laïcité, en m'inspirant des discours de Benoît XVI au Liban. Je montrerai comment la laïcité peut être une arme de destruction massive du catholicisme, aujourd'hui encore. J'essaierai de montrer en outre pourquoi la seule laïcité qui n'est pas religieuse (qui n'est pas une religion de la laïcité) est la laïcité catholique...

C'est demain mardi 18 septembre à 20 H 15 au Centre Saint Paul, 12 rue Saint-Joseph, 75 002 Paris (métro : Sentier ou Grands Boulevards)

[IBP] Communiqué de la Maison Générale de l'Institut

SOURCE - IBP - 16 septembre 2012

Le 16 septembre 2012
La Rivardière,
Maison Générale de l'IBP 
Communiqué de la Maison Générale
Les cinq prêtres fondateurs de l’Institut du Bon-Pasteur,

MM. les abbés Laguérie, Héry, Aulagnier, de Tanouarn et Forestier, ont adressé hier à tous les membres une communication (15 septembre 2012) les appelant au respect du droit, de l’autorité romaine et de ses décisions, et les invitant à l’union. Nous en publions cet extrait :

« Nous, ses fondateurs, unis dans la perspective qui nous a rassemblés en 2006, tenons à rappeler ou à faire savoir à tous (extraits) :

« Que l’Institut est une œuvre d’Eglise « Nul ne peut poser un autre fondement » 1 Cor 3,11

« Que l’Institut du Bon-Pasteur étant une Société de vie apostolique érigée par le Saint-Siège par décret du 8 septembre 2006, il tient sa légitimité canonique, sans retour et définitive, comme sa juste autonomie, de cette approbation pontificale.

« Que ses fondateurs, tels qu’ils se sont exprimés dans les statuts approuvés par Rome, restent  les interprètes authentiques du charisme propre de l’Institut.

« Que cet Institut a nécessairement l’esprit romain et ecclésial, en tous domaines dogmatiques, liturgiques, pastoraux et canoniques. Qu’il respecte donc l’autorité du Saint Siège en toutes choses. Qu’il entend conserver ce lien de communion catholique, via la Commission Ecclesia Dei.

« Qu’il doit et entend agir toujours dans le respect du droit général de l’Eglise et s’y conformer, dans la fidélité et la loyauté, conformément à ses statuts.

« Qu’il se reconnaît et respecte, au dessus de son ordinaire et même de son chapitre,  des supérieurs hiérarchiques clairement désignés en la personne du vice-président de la Commission Pontificale Ecclésia Dei (actuellement S.E. Mgr Joseph Augustine Di Noia) elle-même placée sous l’autorité du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi (actuellement S.E. Mgr Gerhard Ludwig Müller).

« Que ces mêmes fondateurs refusent et refuseront toujours tout esprit de fronde, d’irrespect ou de contestation de l’autorité, au-dedans comme au dehors de l’Institut. Ils réprouvent le mauvais esprit qui consiste à profiter d’une reconnaissance aussi prestigieuse et de la confiance des supérieurs, sans se soucier d’avoir à en honorer les exigences. Ils confirment que toute difficulté rencontrée doit se régler dans la concertation, le respect, la loyauté, conformément au droit de l’Eglise et aux statuts. »

Comme conclue la communication des cinq fondateurs de l'IBP :

« Ils invitent tous les prêtres, les séminaristes et les fidèles à prier le Bon-Pasteur afin qu’Il réunisse en un seul bercail et sous sa houlette et l’expérience des anciens et la fougue des plus jeunes. Ils renouvellent leur confiance en la Providence pour augmenter (Auctoritas) et confirmer (signer avec) la grâce de la fondation, véritable cadeau du Saint-Père, de l’Eglise Romaine et du Christ-Jésus. »

 La maison centrale rappelle et précise en outre :

Que les élections du chapitre de juillet 2012 ayant été contestées, puis rescindées par décret de la Commission Ecclésia Dei du 18 juillet, celles-ci seront refaites et organisées sans délai, dès que ce décret romain sera pleinement admis et suivi par tous les membres dans tous ses effets.

L’annulation des élections capitulaire par la Commission a pour effet, non de rendre vacant le siège de l’Institut, mais de reconduire le gouvernement tel qu’il était avant l’ouverture du chapitre :  M. l’abbé Philippe Laguérie est titulaire de la charge de Supérieur général jusqu’à la tenue du prochain chapitre électif. De même se trouve reconduit à la charge d’assistant M. l’abbé Héry.

Le secrétaire chargé de la communication

samedi 15 septembre 2012

Nicolas de Cuse: «Si l'on préfère présomptueusement et témérairement un rite particulier à l'unité et à la paix...»

Patrick nous envoie «un texte du cardinal Nicolas de Cuse, daté de 1451, qui [lui] semble toujours d'actualité dans les controverses et les difficultés que nous connaissons aujourd'hui. Il s'agit d'extraits de la lettre qu'il avait adressée en tant que médiateur aux Hussites qui s'étaient rebellés contre Rome et qui refusaient en particulier la réforme de la messe qui avait retiré la coupe aux fidèles». De fait, le parallèle est saisissant:
«Vous avez tort de croire qu'il y a plus de fruit à boire le calice de la séparation qu’à n'user que du seul agneau pascal dans la paix et dans l’unité. Recevoir avec une volonté séparatrice le calice du Seigneur de l'unité et de la paix, c'est le recevoir en vain, car il ne peut conférer 1a vie à un membre séparé de cette Église qui est le corps du Christ. Ne dites pas que c'est le reste de l’Eglise qui s'est séparé de vous et que c'est vous qui constituez la véritable Église, réduite à cette petite partie de la Bohême. Assurément, dans l'unité de l’Église, la variété des rites est sans danger, personne n’en peut douter. Mais si l'on préfère présomptueusement et té­mérairement un rite particulier à l'unité et à la paix, fût-on personnellement bon, saint et digne d'éloges, on mérite pourtant condamnation. Vous dites qu'il faut obéir d’abord au précepte du Christ, ensuite seulement à l’Eglise, et que si celle-ci enseigne d'autres préceptes que le Christ, ce n'est pas à l’Église mais au, Christ qu’il faut obéir. Or c'est là précisément le commencement de toute présomption, lorsque les particuliers­ jugent leur opinion privée en ce qui concerne les commandements divins plus conforme à la Volonté divine que l'opinion de l’Eglise universelle [...]

Avec le temps les rites sacramentels et sacrificiels ont pu se modifier alors que la Vérité est restée semblable. On a pu adapter aux époques les Écritures et les inter­préter de diverses façons, mais de manière pourtant qu'en un temps donné elles soient exposées selon un rite universel. Le rite évoluant, l'interprétation doctri­nale peut évoluer. Le Christ, en effet, à qui le Père a transmis les royaumes du ciel et de la terre et qui les gouverne tous deux, dispense les mystères selon la variété des temps à travers l'admirable hiérarchie des Anges et des hommes, et il leur suggère ce qui convient à chaque temps soit par inspiration secrète soit selon une plus claire évidence [...]

Il faut donc suivre sans faute l’Église lorsqu'elle juge ce qui convient en chaque temps, car elle possède la foi et conserve 1e dépôt reçu, même s'il devait se glisser quelque erreur dans ce Jugement. Le cas est le même que celui du juge qui, circonvenu par un faux témoignage, excommunie un innocent, sans commettre en conscience un acte répréhensible. Ce juge ne transgresse pas mais il suit au contraire la règle qui lui impose de juger selon les témoignages et les preuves. Et l’innocent, en obéissant à la sentence et en se séparant ainsi du corps de l’église, ne perd pas la grâce ou la vie qui proviendrait du sacrement, mais, en obéissant à l’Eglise même si elle a tort, il obtient le salut, quoique privé de sacrement. […] Mais toute présomption contre l’Eglise est condamnable, ainsi que le refus d’obéir qui va jusqu’à la division schismatique, nonobstant tout prétexte spécieux tiré de la pratique des Écriture et allégué en faveur de la résistance ou de la rébellion. Conclusion qui ruine vos desseins avec toutes leurs raisons, car l’usage actuel de l’Eglise universelle et le précepte de l’Eglise romaine, fondé rationnellement sur cet usage, n’admettent aucune dispense.»
Vraiment, le parallèle est saisissant et tout le débat traditionaliste des 40 dernières années peut s’articuler autour de ce texte, tiré des «Oeuvres choisies de Nicolas de Cuse», p. 356-358, ed. Aubier 1942

jeudi 13 septembre 2012

Silencieux médiatique

Mgr Richard Williamson va être expulsé de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X dont il est l’un des quatre évêques. La nouvelle a été annoncée par le site allemand kreuz.net et... c’est tout. Elle a circulé un peu (Natalia Trouiller dans La Vie, Andrea Tornielli dans La Stampa) avec ce blog allemand comme unique référence. La FSSPX n’a ni confirmé, ni bien sûr démenti. Quant à l’intéressé, il prend très au sérieux l’annonce de son éviction, même s’il sait qu’elle n’est pas encore formellement actée.

Un silencieux est un dispositif qui vise à réduire le bruit produit lorsqu'un coup est tiré. C’est la libération soudaine des gaz qui provoque la détonation. En atténuant la détente, le silencieux diminue d’autant le bruit. On gagne ainsi en discrétion.

Mgr Williamson expulsé de la FSSPX, voilà qui eut du provoquer une tempête médiatique. Il fut (il n’y a pas si longtemps) l’homme le plus honni des médias occidentaux (à égalité avec Ben Laden) après qu’il eut reconnu douter de l’ampleur de la shoah. Mais voilà que son éviction est annoncée par un seul blog («une simple rumeur!»), il n’y a de quoi ni s’émouvoir ni se réjouir. Et puis dans quelques jours, on lui reprochera le manque d'obéissance, la divulgation de documents internes, que sais-je encore... les esprits auront été préparés. L’annonce sera officielle, mais le souffle sera déjà retombé.

J. Edgar Hoover a dirigé le FBI pendant près de 50 ans, c’était un personnage controversé, et le président des USA Lyndon B. Johnson disait de lui: «It's probably better to have him inside the tent pissing out, than outside the tent pissing in», il est probablement préférable de le garder dedans… etc. Voici que Mgr Williamson est (potentiellement) dehors, et que nul ne pourra plus le retenir d’agir selon sa vision du bien de l’Eglise.

mercredi 12 septembre 2012

Peut-on être catholiques et socialistes ?

Je dois au Père Viot, avec lequel je collabore pour écrire un livre d'entretiens sur la nouvelle évangélisation, quelques lignes de Pie XI qui fournissent une réponse admirablement claire à la question redoutablement simple qui fournit le titre de cette intervention. Alors que le gouvernement, par le biais d'un expert "indépendant", se mêle de donner des leçons de stratégie à l'une des très grandes entreprises françaises, tout en annonçant qu'il faudra trouver 33 milliards d'euros et que l'on compte sur nos impôts pour empêcher la banqueroute de l'Etat, alors que la cote de popularité de notre président normal flirte déjà avec des abysses électorales, j'avoue que je ne résiste pas à vous livrer ce texte, tiré de Quadragesimo anno et qui condamne non seulement le communisme, mais, explicitement, le socialisme né de la scission du Congrès de Tours :
Nombreux sont les catholiques qui, voyant bien que les principes chrétiens ne peuvent être ni laissés de côté ni supprimés semblent tourner le regard vers le Saint Siège et nous demander avec insistance si ce socialisme est suffisamment revenu de ces fausses doctrines pour pouvoir, sans sacrifier aucun principes chrétien, être admis et en quelque sorte baptisé.

Voulant, dans notre sollicitude paternelle, répondre à leur attente, nous décidons ce qui suit : qu’on le considère soit comme doctrine, soit comme fait historique, soit comme action, le socialisme, s’il demeure vraiment socialisme, même après avoir concédé à la vérité et à la justice ce que nous venons de dire, ne peut pas se concilier avec les principes de l’Eglise catholique, car sa conception de la société est on ne peut plus contraire à la vérité chrétienne. Selon la doctrine chrétienne, en effet le but pour lequel l’homme, doué d’une nature sociable, se trouve placé sur cette terre est que, vivant en société et sous une autorité émanant de Dieu, il cultive et développe pleinement toutes ses facultés à la louange de son Créateur et que remplissant fidèlement les devoirs de sa profession ou de sa vocation quelle qu’elle soit, il assure son bonheur à la fois temporel et éternel. Le socialisme, au contraire ignorant complètement cette sublime fin de l’homme et de la société, ou n’en tenant aucun compte, suppose que la communauté humaine n’a été constituée qu’en vue du seul bien être... Que si le socialisme, comme toutes les erreurs, contient une part de vérité (ce que d’ailleurs les Souverains Pontifes n’ont jamais nié) il n’en reste pas moins qu’il repose sur une théorie de la société qui lui est propre et qui est inconciliable avec le christianisme authentique. Socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des contradictions : personne ne peut être au même temps bon catholique et vrai socialiste.» (Encyclique Quadragesimo anno, paragraphe 54 et 55)
Notons-le : ce que condamne le pape dans le socialisme, c'est avant tout le matérialisme. Vieille cible de l'enseignement pontifical depuis Pie IX, le matérialisme est aussi bien du côté du socialisme que du libéralisme.

Mais il y a chez Pie XI un autre diagnostic sur les entreprises politiques modernes. Il en critique la statolâtrie. Le mot se trouve dans Mit brennender Sorge, l'encyclique signée en 1938 contre le national-socialisme. On peut dire qu'il s'adapte bien à la critique du socialisme que l'on trouve dans Quadragesimo anno. La vénération pour l'Etat, qui déresponsabilise les individus, est assurément l'un des fléaux politiques modernes. La solution chrétienne est toujours à chercher du côté d'un personnalisme intégral. Elle bannit toutes les formes (y compris la forme humanitaire) de l'étatisme.

samedi 8 septembre 2012

L’été se termine – en vrac

J’avais (et plus souvent qu’à mon tour) écrit sur le metablog que la réintégration de la FSSPX se ferait avant la fin de l’été. Cela m’a valu quelques quolibets visiblement mérités puisque l’été se termine et qu’aucun accord n’est en vue. Ennemond lui-même qui semblait si confiant écrit maintenant que cela se fera… «dans cent jours ou dans cent ans». Eh bien je penche pour «cent jours» plutôt que pour «cent ans», et je vous en dis la raison: les deux dirigeants (Benoît XVI d’une part, Mgr Fellay de l’autre) des deux parties (l’Eglise d’une part, la Fraternité de l’autre) veulent cet accord. Pas à n’importe quel prix bien sûr, et chacun devant tenir compte de l’opposition interne qu’il affronte. Cependant: les dirigeants ont tant investi dans cette affaire qu’ils voudront la conclure.

Et peu importe, au fond, que le chapitre de la FSSPX ait fait mine de fermeté en posant six conditions, lesquelles ont opportunément été fuitées, de même qu’avait fuité la circulaire du 25 juin Mgr Fellay lui a aussitôt fait savoir qu’il ne pourrait pas signer ce nouveau document, clairement inacceptable») – peut-être pour rassurer les fidèles? Sur ces six conditions du Chapitre Général, il n’y a que trois demandes fermes, les autres étant de simples souhaits. Les trois points non négociables? garder la doctrine traditionnelle, la liturgie traditionnelle, et au moins un évêque. C’est… minimal.
FSSPX officielle – FSSPX canal historique
Du reste les opposants durs à tout accord ne sont guère optimistes. Une (toute petite) poignée de prêtres se sont concertés à Vienne… aux Etats-Unis. Prévoyant leur éviction inéluctable, ils ont fondé un groupe sous la houlette de l’un des leurs (l’abbé Joseph Pfeiffer) – ce groupe dissident s’appelle… Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Les statuts sont ceux… de la FSSPX. Bref, ils créent au sein de la structure qui va bientôt les évincer une structure identique (un ‘canal historique’) à laquelle ils diront appartenir encore.

Les dissidents n’entendent pas remplacer les autorités de la FSSPX officielle : «Nous ne touchons pas la légitimité de leur position» simplement «nous nous retirons des actes d'obéissance envers eux». Autrement dit, ils usent vis-à-vis de Menzingen de la même pirouette que Menzingen a longtemps usé envers Rome: reconnaître l’autorité, sans pourtant s’y plier.

C’est un petit groupe («il devait y avoir beaucoup de prêtres, mais finalement, nous avons été cinq prêtres») mais comme l’explique l’abbé Chazal, d’autres prêtres sont en passe d’être ‘neutralisés’, ‘transférés’, ‘menacés’. Le jour où ils seront carrément chassés, continue l’abbé Chazal, «ils auront un endroit où aller».

D’un autre côté, pour Mgr Fellay, la bonne nouvelle est que les enquiquineurs, une fois dehors, ne seront plus dedans.

Autre opposant à un accord: Mgr Williamson. Les «six conditions» du chapitre général l’inquiètent : «Au lieu d’attaquer la trahison du Concile, désormais la Fraternité demande aux traîtres la permission de dire la Vérité!» Lui aussi pense qu’un accord sera signé : «Il semble bien que le dernier bastion mondial de la Tradition catholique risque de se rendre aux ennemis de la Foi». Contrairement à ce qu’on entend parfois, Mgr Williamson n’empire pas, il ne se radicalise pas – il continue à dire en 2012 ce qu’il disait en 2002, ou en 1992, ou en 1982. (Écoutez sa conférence au Brémien, tout y est déjà). Ce qui est nouveau c’est que Mgr Williamson a passé outre sa quasi assignation à résidence. Sa récente tournée au Brésil a enchanté le supérieur des bénédictins 'amis' : «Honneur et gloire à Mgr Williamson, successeur des apôtres et des confesseurs de la foi». L’abbé Bouchacourt (supérieur du district sud-américain) ne partage pas cet enthousiasme; il écrit que «la collaboration harmonieuse qui existait entre la FSSPX et le monastère Santa Cruz a été brisée par cet acte d’une grande gravité».

N’empêche, il se passe des choses intéressantes dans les «communautés amies» de la Fraternité. Prenez les Capucins de Morgon, et les Dominicains d’Avrillé: Mgr Fellay avait refusé d’ordonner leurs six ordinands (trois de chaque), en juin à Econe. Ils vont finalement être ordonnés… par Mgr de Galaretta, et à Bellaigue (qui confirme ainsi sa solidarité), mais je m’attends à lire que cela n’a ‘rien à voir’.

Bref, si on ne savait pas que ça va plutôt bien, ou aurait presque l’impression (si la chose était possible) que le torchon brûle entre partisans et opposants d’une réintégration. On y verrait le signe de ce qu'elle approche.

Je profite de ce post pour vous signaler une pétition qui tourne sur internet. Elle demande (pas moins!) au pape de célébrer selon l’usus antiquior. Je laisse la parole à Nemo qui sur Fecit estime que cette demande est malvenue («Jamais je ne signerai une pétition pour expliquer au Saint-Père son métier») mais aussi et surtout qu’elle est inepte:
«un évêque ne célèbre en principe la messe pontificale qu'à un nombre de fêtes limité dans l'année, donc à plus forte raison le pape ne célèbre sa messe pontificale qu'à Noël, à Pâques, à la Pentecôte ou pour une canonisation. Enfin l'organisation d'une telle cérémonie après tant d'années d'oubli, cérémonie qui implique non seulement le Saint-Père mais un nombre non négligeable de cardinaux, de membres de la maison pontificale, de ministres, suppose des mois de travail de la part de cérémoniaires et d'ecclésiastiques.»

jeudi 6 septembre 2012

La Vierge, les coptes et moi

Vous avez sûrement entendu parler de ce gentil film de Namir Abdel Messeeh, tourné, caméra à l'épaule, avec peu de moyens mais une volonté de fer, La Vierge, les coptes et moi. C'est l'histoire d'un jeune copte occidentalisé qui veut comprendre les apparitions de la Vierge en Egypte et ce qu'ont vu les chrétiens et les musulmans qui disent l'avoir vu. Le film est un film sur un jeune en train de faire un film sur la Vierge et qui enregistre tout ce qu'on lui fait connaître à ce sujet, au Caire, au pèlerinage marial annuel d'Assiout (très impressionnant). Je suis allé voir ce soir ce que cela peut bien donner, pour vous en dire quelques mots.

Je suis un fan des coptes. J'en connais un certain nombre, tenant des pizzerias bon marché, qui ont toujours un crucifix énorme ou au moins une image de saint dans leur boutique. J'ai eu l'occasion d'interviewer tel ou tel membre de la communauté à l'occasion du triste printemps arabe. Il est vrai que dans l'ensemble, les coptes n'aiment pas ce film, où leurs prêtres sont des baleines ou des malappris qui vous font attendre interminablement... Leur religion peut paraître très primaire. Tel d'entre eux se tatoue la Vierge sur le bras, en expliquant qu'il veut qu'elle soit toujours avec lui : "C'est ma mère". Primaire vraiment ? Si l'on veut... Pas si primaire que ça finalement... J'aimerais bien, moi aussi que Marie soit toujours avec moi... C'est ma mère !

D'ailleurs c'est important la mère dans le film de Namir. C'est sur une phrase de sa mère qu'il a l'idée de faire le film, alors que, dans leur appartement de la banlieue parisienne, ils regardent une vidéo sur les apparitions de la Vierge à Zeitoun en 1968. Et c'est à sa mère, venu le rejoindre en Egypte pour l'aider à finir, qu'il laisse le dernier mot du film : "Il suffit de croire". Namir, lui, ne croit pas... Mais il admire sa mère. Entre eux, c'est fusionnel, on nous les montre chacun sous un parapluie ou faisant ensemble leur jogging. Manifestement, sans maman, pas de film !

Les images de ce film - souvent très belles - sont les images réelles de l'Egypte. Rien n'est "artistifié". Les mots de ce film sont les mots des vrais gens, qui deviennent acteurs l'espace de la minute où ils passent sur la pellicule. Vous aimerez le tonus des ces gens qui ne se prennent jamais pour des victimes. Vous aimerez le rythme des images, le naturel, la spontanéité des gestes et des répliques. Je crois que vous aimerez les coptes dans ce film.

Le thème ? C'est celui de l'image impossible : dans les images qui nous restent de Zeitoun, on ne voit qu'un halo lumineux, une forme : la Vierge ? Sans aucun doute. "Même le président Nasser l'a vu". Rappelons à ce propos que Cyrille VI, le prédécesseur du pape Chenouda (récemment défunt et qui n'a pas encore été remplacé), qui était un thaumaturge, avait guéri miraculeusement le fils de Gamal Abdel Nasser. Ce dernier en remerciement, lui a donné au centre du Caire un terrain pour construire la nouvelle cathédrale Saint Marc, qu'il aurait par ailleurs largement subventionnée. Le miracle, chez les coptes, n'est pas un défi au bon sens, mais simplement l'apanage naturel de la sainteté. Même Namir le réalisateur (mais aussi l'acteur principal de son propre film), qui aimerait être athée et qui fait le raisonneur n'échappe pas tout à fait à cette ambiance foncièrement religieuse qui existe en Egypte depuis le temps des Pyramides (Christiane Desroches-Noblecourt a écrit de très belles pages sur la religion des anciens Egyptiens).

Impossible de se faire une image de la Vierge de Zeitoun. Il y a des apparitions plus récentes de la Vierge à Warraq (11 décembre 2009)... Là encore la Vierge est visible pour tous. Là encore, on peut filmer sa manifestation. Elle est la femme revêtue du soleil. Elle est le soleil dans la nuit. Comment la distinguer ? se demande Namir. Sa mère lui répond : "Il suffit de croire". Ce dernier mot du film est beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air. La foi n'est pas seulement un sentiment. C'est une connaissance performative, qui se manifeste dans l'agir de chacun : "Marchez dans la lumière tant que vous avez la lumière afin de DEVENIR des enfants de lumière" (Jean 12). Il me semble que c'est le message de la maman. Même si son fils Namir n'y comprend pas grand chose, gageons qu'il finira par courir dans son sillage, dans la vie comme dans le film...

La foi n'est pas seulement un sentiment : c'est ce qui nous permet de donner une forme à la lumière, qui de soi, parce qu'infini, est omnimodale. Je pense à Moïse, dont la Bible (Exode 33) nous dit qu'il a vu Dieu mais "de dos" (dans ses énergies mais non dans son essence dira la Tradition orientale)... Les Egyptiens voient sans doute Marie "de dos" : un  halo de lumière dans la nuit, qui se dépose sur les pellicules. Leur tonus, leur énergie (ce que Benoît XVI appellerait "leur joie de croire") donnent à cette Lumière infinie de Dieu, un moment fixée matériellement sur notre terre, la forme maternelle que leur coeur attend...

Il suffit de croire... pour comprendre !

mercredi 5 septembre 2012

La théologie politique de Vincent Peillon

La Rentrée a été marquée, à l'école Jean-Jaurès de Parempuyre en Gironde, par quelques coups de feu tirés dans une cour de récréation entre parents en désaccord (?), le fusil à pompe et l'arme de poing répondant à l'usage du couteau. Bilan : un blessé et des enfants... pour le moins tourneboulés. Pendant ce temps, notre ministre de l'Education nationale fourbit ses armes. Elles sont morales... L'idée est de rendre obligatoire à l'Ecole un enseignement de "la morale laïque", pour toutes les classes. Cette question de la morale à l'Ecole avait déjà été évoquée et son enseignement encouragé par Luc Chatel ou par Xavier Darcos. Mais cette fois, on a l'impression que ces mots "morale à l'école" ne signifient pas seulement l'apprentissage d'un code de savoir vivre ensemble, mais, au moins dans la tête du Ministre, ce qu'il faut se résigner à appeler une idéologie.

La laïcité disent-ils. Disons : le laïcisme.

La couverture du livre telle que
présenté sur le blog de l'auteur:

le sous-titre ("la foi laïque de
Ferdinand Buisson
") a disparu,
on pourrait presque croire que cette
"Religion pour la République"

est celle de Peillon lui-même.
Procès d'intention, penserez-vous peut-être. C'est parce qu'il est socialiste que vous accablez ce gendre idéal au sourire cheese qu'est Vincent Peillon. Non. Je n'y vais pas au hasard Vincent Peillon est philosophe, il a une oeuvre qui parle pour lui. Il suffit de le juger sur pièce. Si vous n'avez pas le temps de vous pencher sur ces deux "Opus" signés Peillon, que sont Jean Jaurès et la religion du socialisme (2000) et Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson (2010), vous pouvez vous reporter [voir ci-après] à l'entretien filmé de Vincent Peillon pour Le Monde des religions, daté du 3 mars 2012. C'est hallucinant. Si Jean Ousset avait connu Internet, il aurait passé cette vidéo dans tous les camps de formation de l'Office.

Que dit Peillon ? Que l'éducation est le moyen par lequel la République a décidé de pérenniser sa domination politique. Jusqu'au XIXème siècle, bon an mal an, en France, c'est l'Eglise qui a détenu le Pouvoir spirituel, c'est l'Eglise qui ritualisait les différents moments de la vie, c'est l'Eglise, "temple des définitions du devoir" qui détenait la clé des valeurs dominantes dans la société : générosité, sens du devoir, respect etc. Le Pouvoir spirituel explique Peillon à propos des grands ancêtres au début du XXème siècle, doit désormais passer de l'Eglise à l'Ecole. Ils ont fait ce qu'il fallait pour.

Aujourd'hui, Vincent Peillon agit en qualité de ministre détenant le Pouvoir spirituel dans notre société. Il explique dans l'entretien avec le Monde des religions que le Christ peut très bien servir d'étalon moral. Les valeurs laïques sont des valeurs chrétiennes (dont acte), auxquelles il manque quelque chose cependant : la foi dans la divinité du Christ. Dieu ne s'est pas incarné seulement dans le Christ. Pour notre Ministre, il s'incarne dans tous les citoyens. Chacun devient un petit dieu, avec des droits, qu'il fait respecter. La démocratie française pour Peillon, c'est l'incarnation à 60 millions d'exemplaires.

Une précision : cette divinisation du citoyen est automatique, comme le droit du sol dont elle est issue. Il suffit de se donner la peine de naître. Et elle est inamissible : peut-on cesser d'être dieu ? L'abolition de la peine de mort (dont on pense ce que l'on veut) a permis de rendre sensible ce point capital dans la théologie politique républicaine. L'homme ne saurait jamais perdre sa dignité divine. L'abolition idéologique de la peine de mort correspond au plan politique à la théologie du salut universel en religion. L'homme refuse l'éventualité d'un jugement divin et d'une condamnation.
 
(à suivre : Humanisme et humanisme)

Vincent Peillon : vers une république spirituelle?
SOURCE: Le Monde des Religions - 1er mars 2010
1. D'où vient la religion laïque?
2. La laïcité : une religion?
3. Quelle est la foi laïque du "Christ Républicain"? 4. Quelle laïcité pour aujourd'hui?