mercredi 26 septembre 2012

Tournés vers le Seigneur

Aujourd'hui, lors de l'audience générale Place Saint Pierre, le pape a eu ces mots qui méritent de rester à la postérité :
 "Là où le regard de Dieu n'est pas déterminant, tout le reste perd son sens. Le critère fondamental dans la liturgie est son orientation vers Dieu, nécessaire pour participer à son oeuvre".
Orientation vers Dieu : il s'agit avant tout de la prière du Ministre qui "élève son coeur" vers Dieu ; il s'agit de l'aptitude d'une liturgie à transporter l'assemblée dans le monde de l'Esprit et à pénétrer toute vie d'un élan intérieur irrépressible.
Mais le propre de la liturgie c'est d'inscrire dans le sensible l'effet intelligible que le geste porte en soi. On doit donc dire que le pape entend bien favoriser une célébration "tournée vers le Seigneur", où parce que les fidèles regardent tous dans la même direction avec intensité, le prêtre ne saurait leur faire face en fixant seul la direction opposée.

Autant dans la première partie de la messe, il est digne et juste qu'il y ait une pédagogie humaine, non pas pour faire obstruction à la Parole de Dieu avec des précompréhensions trop humaines, représentant nos pauvres préjugés, mais pour faire en sorte que cette Parole résonne telle qu'elle est. Pas besoin d'emballage !
"Vivante, en effet, est la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, articulations et moelles" (Hébr. 4, 12). 
Dans la première partie de la messe, la pédagogie consiste à ne pas censurer la Parole de Dieu (comme elle l'est dans certains lectionnaires), à ne pas l'édulcorer avec des traductions douceâtres ou simplement fausses. Pas besoin de prendre non plus un ton de circonstances. Rien n'est plus NATUREL que la Parole de Dieu, pas besoin de s'exciter : "Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas".

Autant durant le Sacrifice (offertoire, consécration, communion), il suffit de se laisser transpercer par l'action de Dieu. La messe n'est pas seulement une image analogique de la réalité du sacrifice de la Croix, image devant laquelle nous aurions à nous trouver dans les meilleures conditions possibles, comme à un spectacle, non ! Pendant le sacrifice nous sommes tous tournés vers le Seigneur. Le sacrifice de l'autel a lieu dans notre coeur, qui est la Crèche où repose l'homme-Dieu. Et le silence liturgique est la première manière de réaliser cette orientation spirituelle, en quoi consiste le sacrifice de la Messe.

Qu'est-ce que le sacrifice de la messe, sinon "ce qui manque à la passion du Christ", notre inclusion, notre participation au sacrifice de la Croix. Pour participer à l'oeuvre du Christ, que faut-il ? Des titres particuliers ? Des capacités supérieures ? Des actions d'éclat ? Non : comme le note Benoît XVI, il suffit que nous nous orientions vers lui. Orientation physique, liturgique. orientation spirituelle : c'est le cas de répéter avec Péguy que "le spirituel est lui-même charnel".

Et le pape ajoute que cette orientation est "le critère" d'une bonne ou d'une mauvaise liturgie. Si la liturgie ne nous oriente pas vers le Seigneur, elle n'est rien, qu'une gesticulation qui tiendrait soit du ballet soit de l'animation, mais pas de l'action sacrée. Il ajoute ici une dimension épistémologique" que la réforme liturgique a rendu indispensable. Comme il faut INTERPRETER Vatican II, il faut aussi INTERPRETER la liturgie qui en procède. Quels sont les critères ? Le pape n'en donne qu'un : l'orientation vers le Seigneur.

14 commentaires:

  1. Vous extrapolez à partir d’une parole du pape, monsieur l’abbé ! et ceci de façon bien inutile.
    L’orientation à Dieu est déterminée par la place de l’autel ; or donc, si le prêtre célèbre l’Eucharistie face à l’assemblée, suivant la coutume « post-conciliaire », le Saint des Saints est dans la colonne de nuée où Dieu témoigne de sa Présence et qui entoure l’autel au moment de la consécration, et peu importe que les fidèles regardent vers le nord et le prêtre vers le sud (selon l’orientation du chœur), tous sont bel et bien tournés vers le Seigneur présent sous les saintes espèces, offertes à leur adoration par le célébrant.

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    1. Bravo vous avez parfaitement analysé les choses il s'agit d'une simple extrapolation à partir d'une seule parole du Pape.

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    2. et le corps dans le Tabernacle, il est où ? dans la nuée ?

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  2. Pas d'accord, lors du Repas du Seigneur le Ministre est tourné vers l'assemblée à qui il offre le pain et le vin. Bien entendu, le Pape parle d'une orientation spirituelle et non pas physique. De grâce ne lui faites pas dire ce qu'il n'a jamais dit.

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    1. Votre approche est protestante, l'eucharistie n'est pas un repas mais un sacrifice, le renouvellement non sanglant du sacrifice du Seigneur sur la croix. Cela dit beaucoup de gens pense comme vous dans l'Eglise actuellement et c'est là le problème. La messe n'est pas un repas communautaire !

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    2. Si, la messe est AUSSI un repas communautaire où nous sommes invités par le Seigneur tout comme il a invité ses disciples lors de la première Cène. Il n'y là a rien de magique : c'est un repas fraternel où nous faisons mémoire du Seigneur (anamnèse) en proclamant sa mort, en célébrant sa résurrection et en attendant sa venue (Christ has died, Christ is risen, Christ will come again).

      Traiter de protestants les gens qui n'ont pas la même perception des choses que vous (comme si c'était infâmant d'être protestant) c'est un peu simpliste.

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    3. Anonyme de 23h50: ANATHEMA SIT!
      Vous n'êtes PAS CATHOLIQUE!
      Toute la foi de l'Eglise est là pour en témoigner.

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    4. Contradiction: la Cène ne peut être un repas et un sacrifice.

      D'ailleurs si cela n'était qu'un repas de commémoration, pourquoi NSJC a dit ces paroles: "...Prenez, mangez ; ceci est mon corps. 27 Et, ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous. 28 Car ceci est mon sang, celui de la nouvelle alliance, qui est répandu en faveur d’une multitude, en rémission de péchés."

      Par ces paroles, NSJC dépasse complètement la notion de repas puisqu'Il se donne comme nourriture. C'est là que l'on tombe sur la notion de sacrifice.

      C'est aussi là que la crucifixion prend tout son sens: un sacrifice ne peut que s'accompagner d'une immolation d'une victime.

      La pratique des sacrifices juifs pendant la période du temple montre bien toute la signification de la Cène qui ne peut se concevoir sans la crucifixion: pour effacer les fautes, on offrait une victime qui était immolée par les prêtres, puis une partie était brûlée en l'honneur de Dieu, l'autre était mangée par les prêtres et les personnes offrant le sacrifice.

      La différence entre repas et sacrifice n'est une différence de perception, il y a une implication théologique: en considérant que la Cène et la crucifixion sont un sacrifice, les catholiques indiquent la raison de la venue de NSJC sur terre comme étant la rémission des péchés des hommes via un sacrifice avec la victime la plus parfaite et la plus agréable à Dieu qu'il soit possible d'avoir sur terre. Les protestants nient cette dimension de rémission des péchés, et par là n'expliquent pas le besoin de la mort de NSJC. Si ce dernier n'était que venu annoncé la bonne nouvelle, pas besoin de mourir.

      Bref, ce n'est une différence de perception, mais une différence théologique fondamentale.

      Helvète

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  3. "Etre tourné vers le seigneur", le Seigneur aurait-Il donc une préférence spatiale, de la même façon que "Dieu est un homme" (affirmation de l'abbé Laguérie, tellement attaché au "genre" masculin de dieu qu'il ne voyait pas le caractère de grossier oxymor de sa réponse enflammée aux journalistes de feu "direct 8" et de son émission: "Dieu merci!

    Mais oui, bien sûr, M. l'abbé, que vous extrapolez ! Vous avez tellement envie de faire dire au pape ce que vous avez envie d'entendre, et surtout vous aimeriez tellement que le pape ne soit absorbé que par vos propres préoccupation, ou ne soit préoccupé que de vous, les traditionalistes dans l'Eglise...

    Or ici, le pape ne parle presque pas du tout de l'eglise. La principale préoccupation de la spiritualité de benoît XVI est d'être christocentrée. L'affirmation principale du passage que vous citez est que c'est le Regard de dieu qui fait tout! Ce serait dommage de manquer le rendez-vous, surtout si on se rend au lieu de l'agir de dieu. Ce serait dommage de regarder ailleurs! Ce serait dommage d'avoir la pensée distraite et de ne pas chercher à la ramener vers ce Mystère de regard qu'est finalement l'adoration, et l'adoration du Très-Saint-Sacrement, avant, pendant et après la liturgie eucharistique,

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    1. Je crois qu'en ce moment le Pape a des problèmes plus importants sur lesquels se pencher. Rien qu'avec le synode il a du pain sur la planche.

      Monsieur de Tanouarn, en ces temps si troublés, n'avez vous rien de plus utile à nous dire ?

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    2. Il y aurait dans l'Eglise des choses plus importantes que la Liturgie et on ne nous en aurait rien dit ! Euh... Anonyme de minuit, vous devriez revoir votre catéchisme... Lire ou relire Mediator Dei...

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    3. Moi je suis un homme libre, je pense par moi-même, je n'ai pas besoin d'un catéchisme.

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    4. et vous êtes auto-constitué, auto-référent, auto-suffisant, auto-centré, auto-nome ... chapeau. ein Mann, ein richtiger Mann ... un peu auto-ritaire peut-être aussi ?

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  4. A propos: qu'attend notre Pape pour dire sa messe "tourné vers le Seigneur"? A ma connaissance, il ne l'a pas fait une seule fois. Et il n'a pas l'intention de le faire.
    Il y a donc-horresco referens- un écart, et même une contradiction, entre ses actions et ses paroles?
    Y a-t-il un obstacle de l'ordre du droit canon à dire la messe de Paul VI "tourné vers le Seigneur"? Ou l'obstacle serait -t-il l'entourage du pape?

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