Cet entretien est paru il y a un peu plus d'un mois dans la revue Monde et VieFarida Belghoul est cette franco-maghrébine de la deuxième génération qui a fait reculer en désordre le Pouvoir socialiste sur la question du genre à l’école et qui organise désormais chaque mois, comme une semonce, sa Journée de Retrait de l’Ecole : JRE. Dans certains quartiers, à Meaux par exemple, elle a obtenu de très bons chiffres puisque, dès le premier mois, 70 % des élèves manquaient à l’appel dans leurs classe le jour de la JRE.
Farida Belghoul, qui êtes-vous ? On dit que vous venez de la gauche ?
Je suis née en 1958 à Paris et j’ai fait des études de
sciences économiques. Mon seul engagement à gauche a été les trois années que
j’ai passé, entre 17 et 20 ans, aux étudiants communistes. Cela dit je me suis
toujours engagée dans le collectif. Et j’insiste : pas dans le
communautarisme, dans le collectif. Vous vous souvenez qu’en 1983, un faux curé
moderniste (sic), Christian Delorme, avait lancé la Marche nationale des Beurs.
Quant à moi, j’ai lancé, l’année suivante, comme une sorte de réponse, le
mouvement Convergence 84. Il s’agissait d’un grand rallye à mobylette, avec des
gens de toutes origines, venant de cinq points de départ différents en France
et se retrouvant à Paris. Je voulais moi aussi poser la question de
l’immigration, mais pas dans les termes communautaristes utilisés par les
antiracistes. Je soulignais les soucis communs que partageaient les Français de
souche et les immigrés. Au fond, c’était déjà l’idée d’une coagulation.
En même temps, vous êtes romancière et cinéaste… Pour votre roman, vous avez même reçu un prix…
Disons plus simplement que j’ai réalisé deux films, produits
dans des maisons de distribution alternatives. L’un s’appelle Madame la France,
l’autre Le départ du père. Il y a eu aussi en 1986 ce roman Georgette, pour
lequel j’ai reçu effectivement le Prix Hermès du premier roman, un prix qui
était décerné par tous les lauréats des prix de l’année précédente. J’avoue que
je ne m’y attendais pas du tout, d’autant plus que je n’étais pas dans le
circuit de la grande distribution du livre. Georgette, c’est l’histoire d’une
petite fille à l’école qui ne sait pas d’où elle vient. Deux forces opposées se
disputent son identité : d’un côté, la maîtresse, qui représente le
Progrès et la force de la loi humaine. De l’autre le père qui a pour lui la
légitimité et la loi de Dieu…
Après ce premier succès, il ne se passe rien jusqu’aujourd’hui… Vous avez réfléchi ?
Pas rien ! J’ai été prof de Lettres et d’histoire géo
pendant vingt ans dans un lycée pro en banlieue. Et puis, en 2008, j’ai créé le
RAID, Remédiation par l’aide individualisée à domicile, à l’attention des
enfants en échec scolaire. C’est vrai que j’ai réfléchi. Les fées s’étaient
penché sur notre berceau. C’était magnifique. Mais j’ai voulu remettre en cause
toutes les « vérités » des années 80. Ces fées nous ont donné une
fausse image du christianisme et de la France. Elles nous ont laissé ignorer le
lien réel entre la France et le christianisme. A l’époque, nous avons cru à des
choses… à des vérités relatives et manipulatoires. Voilà pourquoi cette
convergence à laquelle j’aspire avec les vrais chrétiens n’a pas eu lieu plus
tôt.
C’est vrai qu’il y aurait une puissance électorale dévastatrice dans cette coagulation ou dans cette convergence…
Alors là vous n’y êtes pas du tout… Les élections ne
m’intéressent pas, qu’elles soient nationales ou locales ou européennes.
Je ne fais pas de politique…
Mais alors qu’est-ce que vous cherchez ?
Que les gens reprennent le
contrôle de leur vie.
Vous êtes libérale alors ?
Non je cherche simplement à ce que les gens ne délèguent pas
ce contrôle à des personnes illégitimes. Dieu nous a confié un dépôt, ce dépôt
doit être élevé selon de vrais critères. Il faut que les questions soient
posées à partir des principes et non à partir de leurs applications
contingentes et maçonnisées. Les catégories politiques que vous évoquez - le
libéralisme par exemple - cela ne nous concerne pas. Nous sommes dans une
société libérale qui nous conduit vers le chaos. La société libérale c’est la
gouvernance par le chaos. Dans la société libérale, on ne s’étonne ni des
catastrophes ni des courses à l’abîme. Moi si vous voulez je ne crois pas à la
politique de l’époque : détachée de tout objectif spirituel, elle a perdu
sa légitimité.
Farida, vous avez conscience d’être une sorte d’OVNI dans l’époque comme vous dites. Quelle est votre identité spirituelle ? Comment vous vous définissez personnellement ? Qu’est-ce que vous lisez par exemple ?
Les écrits des saints catholiques et des saints musulmans.
Je ne m’imaginais pas qu’il y ait des saints en islam. Quand je l’ai compris,
cela m’a libéré et j’ai pu aller vers les saints catholiques, sainte Thérèse
d’Avila, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, saint Augustin bien sûr, l’Africain,
dont j’ai lu les Confessions et aussi Maître Eckhart. En islam, j’ai lu, parmi
les noms que vous connaissez Ibn Arabi ou aussi les écrits spirituels de l’Emir
Abdel Kader. Ajoutez à cela bien sûr toute la littérature française du XIXème
siècle, que j’ai appréciée et enseignée en tant que prof de français.
Où va-t-on, si l’on vous suit ?
On va… à la victoire ! Les parents vont vaincre leur
peur et on va pouvoir mettre sur pied le premier réseau structuré de
catholiques et de musulmans unis sur le terrain. Et les familles vont se
défendre, le père et la mère vont défendre leurs enfants. Voilà mon but. C’est
cette union des catholiques et des
musulmans face au socialisme qui permettra la victoire. La France… On peut dire
que la République l’a mise à mal. Elle la fait disparaître. Mais l’intérêt du
monde, c’est que la France revienne – en attendant Jésus-Christ, car, en tant
que musulmane ma tradition m’a appris qu’à la fin des temps Jésus reviendra…