L'affaire Sainte-Rita a défrayé la chronique et ce n'est pas pour rien. Cela fait partie du processus du sauvetage de cette église, devenue un symbole du sort de toutes les églises menacées, de ruines d'abord (par l'incurie des municipalités) de destruction ensuite (quand les réparations couteront trop cher pour être entreprises). Pour ce qui est de Sainte-Rita, je crois qu'il faut avant tout montrer que le peuple de Paris tient à cette église. C'est dans cette perspective que le 15 août, lundi prochain, nous organisons une grande procession dans le quartier en l'honneur de la Vierge Marie, reine de France, dont c'est la fête, ce jour. Rendez-vous à 16 H. La messe aura lieu devant l'église vers 17 heures.
Vous me direz peut-être : mais à quel titre Marie peut-elle être priée comme reine de France ? Certes, il y a eu la naissance merveilleuse de Louis Dieu donné, le futur Louis XIV, en 1638 après la prière que le roi Louis XIII avait fait réciter dans tout le Royaume, comme un véritable voeu. Avec tous ses défauts, le roi Louis XIV sera toute sa vie pénétré de cette idée qu'il est né, contre toute attente, pour la France, et pour la France chrétienne. Il ne se passe pas de jour, sous son règne, où le roi n'assiste à la messe. Les courtisans y sont nombreux (sauf, raconte Saint-Simon, le jour où le roi, malicieusement, fait circuler le bruit que, malade, il ne s'y rendra pas, ce qui lui permit d'y assister quand même, mais alors presque seul). La France, gouvernée par un roi qui se nomme lui-même le très chrétien, se trouve chrétienne tout naturellement. A l'époque on peut dire que Marie, vénérée dans des milliers d'églises construites sous son vocable et qui a son autel dans tous les édifices catholiques, est la reine de ce Pays et la reine de la chrétienté. Les Français l'appellent tous "Notre Dame", ce nom qui vient du fin fond du Moyen-âge, et qui dit, avec une confiance naïve ou native, la seigneurie de la Vierge sur le Pays de France et dans le coeur des Français.
Cette seigneurie s'exerce autrement aujourd'hui que sous Louis le Treizième; Autrement qu'au Moyen-âge. Mais elle s'exerce toujours, à travers la Providence de Dieu. Marie, dans le gouvernement divin, apparaît par une Volonté insondable du Très Haut, comme le ministre (ou plutôt la ministre) de sa miséricorde. Marie aujourd'hui a un rôle à jouer face à l'islam et aux tentative d'islamisation de telle ou telle région française. En témoignent le nom des lieux où elle voulut apparaître : Fatima, au Portugal, qui porte le nom d'une fatma musulmane et notre Lourdes dont le Salon Beige vient de nous expliquer l'implication historique avec l'islam, la ville ayant été fondée par un musulman converti :
"Tous les ans, le 15 août, en effet, Lourdes célèbre la conversion au catholicisme de l’émir Mirat-Mourad qui, en l’an 778, accepta de se rendre non à Charlemagne mais à la Vierge Marie en donnant à la ville le nom arabe de Warda qui deviendra Louarda puis Lourdes".
Sur le site des Kabyles convertis intitulé Notre-Dame de Kabylie (association pilotée par le cher Mohammed Christophe) on trouve un article plus explicite encore sur le sens du mot Lourdes, ce nom que prit l'émir après sa conversion, que l'on peut rapprocher en arabe et de la rose et de la source sacrée :
"LORDA est bien-sûr le mot le plus intéressant.
En effet sa construction peut valablement être rapproché de la racine [WRD], le ‘L’ du début étant là pour indiquer un article, un singulier pluriel, (LWERD, les roses ou le rosier). Pour désigner la fleur elle-même, on dit [TAWERDET] au singulier, [TIWERDETIN] au pluriel, néanmoins leur emploi est plus rare.
LWERD indique, qui plus est, non seulement « les roses », mais plus généralement toutes les fleurs, et même le feuillage. De sorte que, par métaphore sans doute, il signifie également la « vie » ; exemple : « ses roses sont tombées (fanées) », pour dire que sa vie est finie.
Il existe bien un prénom [WERDIYYA, ou WARDA], mais c’est au féminin, il est inexistant au masculin, aujourd’hui en tout cas. C’est une des difficultés de ce texte. Cela expliquerait le rajout du « L » initial au nom, car cette lettre, préfixée à un mot, introduit toujours le masculin.
Par ailleurs [LWERD] a beaucoup de sens incluant l’eau : amener, ou présenter un animal à « l’abreuvoir » ; la « route » qui y mène ; la « fontaine » et même « le bassin dans lequel on se lave pour guérir ».
C’est encore par ce mot qu’on indique un acte d’affiliation à une confrérie religieuse. Et ceci en islam, puisque l’on sait qu’en Occident diverses sociétés secrètes ont pris la rose pour emblème, et l’ont parfois intégrée dans leurs rites.
Mais voilà le plus curieux : dans cette racine [WRD] est classé par le dictionnaire kabyle-français un mot qui normalement n’y a pas sa place, [LEMBWARDA], dont la signification est « sources sacrées ». Si on creusait dans cette direction, on trouverait d’autres signifiants…
Arrêtons-nous là : que ce prince sarrasin ait existé ou non – il est étrange qu’en prenant un nom de baptême, son choix se soit porté sur celui dont le sens est méconnu des chrétiens -, l’origine sémitique de Lorda ne fait pas doute.
Nous avons donc là de quoi méditer : outre le rôle futur que jouera ce lieu, préfiguré par les évocations de l’eau et de la source, les nombreuses allusions à Marie, ne laissent pas d’étonner. Mais est-ce si étonnant que ça : la tradition ne lui a-t-elle pas décerné les noms de « rose des martyrs », « rose jamais flétrie », « rose mystique » ?"
Ce petit cours d'étymologie arabo-kabyle est très étonnant. Marie a un rôle à jouer face à l'islam violent. Loin d'être considérée comme une prostituée (comme c'est le cas dans le Talmud et déjà, de manière voilée au chapitre 8 de l'Evangile de saint Jean), Marie, pour les musulmans, est la Vierge, mère de Jésus, dont le nom est cité 34 fois dans le Coran (16 fois dans le Nouveau Testament). Va-t-elle amener les musulmans à Jésus ? Cela n'est pas impossible. La sourate 19 est étonnante sur ce sujet. N'oublions pas que le Coran, synthèse de texte souvent paléo-chrétiens modifiés, porte une étonnante christologie. Je me souviens avoir échangé sur ce sujet avec le recteur de la Grande Mosquée de Bordeau Tarek Obrou, nous sommes allés loin dans le sens de la divinité du Christ qui est "l'esprit d'Allah".
Notre prière à Marie reine de France prend un sens particulier aujourd'hui. Au lieu de s'endormir dans leur religion, devenue une identité culturelle sans vie, les chrétiens doivent se ressaisir des richesses de leur foi, certains qu'après l'échec de la laïcité (qui lorsqu'elle est agressive produit la radicalisation islamique), il ne reste que la royauté de Marie sur la France et ce voeu de Louis XIII, dont les nobles accents continuent de nous émouvoir :
"À ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire".
La gloire que demande Louis XIII n'est pas la gloire humaine, mais celle à laquelle mène la grâce : une gloire céleste, éternelle. On remarquera que dans cette consécration de la France à Marie, le Roi, qui, en 1636-1637 est encore un roi sans enfant et donc sans héritier, ne prie pas pour sa dynastie, mais pour son pays. - notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets. Ce texte, arraché aux circonstances qui l'on fait naître, est donc d'une permanente actualité, alors que la France est plus que jamais, quoiqu'à son corps défendant, au coeur du cyclone politique qui déferle sur la Planète sous le nom de Daesh. Le Roi priait pour ses sujets ? Il faut que plus que jamais les Français redécouvre quelle est leur foi, combien elle est humaine et civilisatrice, combien elle est divine et salvatrice et combien, au fond, tout en dépend : Charlemagne lui-même n'a pas demandé à l'Emir de Lourdes, Mourad, qu'il lui fasse reddition, mais simplement qu'il se convertisse à la Rose mystique, qui, à Lourdes, plus tard, se fera source sacrée pour tous les hommes de bonne volonté.