"Le copier/coller ne marche pas", "je ne peux pas mettre de commentaires", "ça foire", etc etc. Heureusement vous n'êtes pas les seuls. Il semblerait que la nouvelle version du navigateur Firefox ne soit pas bien adaptée à blogspot (qui nous héberge). Firefox ayant une part de marché déjà importante, et blogspot dépendant de Google, j'imagine que cela fait pas mal de monde à être gêné, d'une part, et que blogspot et/ou firefox se donneront les moyens de régler le problème, d'autre part.
jeudi 30 juillet 2009
mardi 28 juillet 2009
Bouillant !
Grâce à l'efficacité de notre webmestre, vous avez pu lire l'essentiel de la bataille livrée sur le FC, à propos de l'entretien donné par Mgr Tissier dans La Vie. Etait-ce trop ?
Je crois que cette discussion est partie sur un quiproquo. Je cherchais à convaincre. Mes contradicteurs voulaient surtout occuper le terrain, comme l'a d'ailleurs reconnu l'un d'entre eux dans un mail qu'il m'a fait parvenir. J'ai été naïf.
Naïf d'avoir cru que l'on pouvait critiquer telle position d'un dignitaire de la FSSPX par amour pour la FSSPX et ce que je considère comme sa mission historique de "vaisseau amiral" de la Tradition catholique.
Naïf d'avoir cru que l'on pouvait faire évoluer des chiens de garde par la discussion. J'ai employé cette expression non pour traiter quiconque de chien, comme on me l'a reproché, mais parce que depuis Paul Nizan qui publia un livre sous ce titre en 1932, jusqu'à Isabelle Alonso, qui nous a permis d'employer ce terme au féminin, cette expression est brevetée et désigne les membres de tous les comités de vigilance qui soient au monde.
Lorsque j'ai réalisé que comité de vigilance il y avait, j'ai pensé qu'il valait mieux... le dire tout simplement. Mais si j'y reviens ici, ce n'est pas sous le coup de je ne sais quelle forme de déception, c'est éventuellement pour en tirer une leçon.
La foi n'a rien à voir avec l'idéologie. Mes contradicteurs sur le FC sont au départ des catholiques profonds, des gens de foi comme on n'en fait plus. Et pourtant il manque chez eux une distance et une force. Je vais préciser tout de suite. Peut-être est-ce simplement parce que sur la Toile, ils jouent un rôle, ils "sont" leur pseudo plutôt que d'être eux mêmes. Aussi bien, lorsque je dis : il manque quelque chose, ce sont les pseudos, Ennemond, Scribe, Gentiloup, Pellicanus, Noël, Halleluia and so on, que je vise et non, jamais, les personnes qui se cachent derrière ces noms de Toile.
Que manque-t-il aux masques de carton pâte que sont les pseudos forumiques ? La distance que donne la foi. La foi n'est jamais l'adhésion au discours de Mgr Untel ou au sermon du Père Machin. Les sermons et les discours font signe vers la foi, mais la foi ne se trouve pas DANS un laïus quel qu'il soit. L'énoncé de la foi, si précis soit-il n'est pas la foi. Du reste la foi ne naît pas des énoncés de la foi, elle les produit ; elle ne naît pas de la récitation du Credo ou de telle leçon de catéchisme, elle les produit. Certes elle s'entretient par le Credo et par le Catéchisme, mais sa naissance est ailleurs, en une intersection mystérieuse qui existe entre le coeur du fidèle et le Coeur de Dieu.
J'avais gardé en tête depuis une semaine cette formule de l'un des posteurs de ce Blog, revenant sur la bataille du FC : "Quel malaise face à toutes ces certitudes affichées... On ne peut s'empêcher de méditer et d'évoquer la réponse de Jehanne d'Arc qui place ses convictions ailleurs, elle : "Si je ne suis en état de grâce, que Dieu m'y mette, et si j'y suis, qu'Il m'y garde"... "
Jeanne d'Arc "place ses convictions ailleurs". Si batailleuse soit-elle la Bergère, elle jouit manifestement d'une paix intérieure qui vient d'ailleurs. La foi c'est toujours cette ouverture sur un ailleurs qui permet d'assumer tranquillement l'ici bas.
Au fond c'est cette ouverture de la foi sur l'ailleurs, cette distance de la foi quand elle juge, ce prodige de la foi, qui, comme me glisse ma petite soeur (plus si petite aujourd'hui) tout à l'heure fait de nous "des funambules", tutoyant en permanence deux abimes contraires. Effectivement je crois que ce ni trop ni trop peu fait partie de la logique de la foi, qui intègre dans son élan des dimensions apparemment contradictoire, comme le funambule, sur son fil, combine sans cesse l'élan et l'équilibre.
Ces réflexions sur la foi, je les fais en pensant aussi aux très beaux message de Philippe et d'Eric, auxquels je ne peux répondre sans rougir, comme dit l'un d'eux. La puissance de la foi, c'est qu'elle a des racines plus profondes que tous les énoncés.
Les modernistes historiques au tournant du XXème siècle avaient compris cela. Mais ils avaient cru que l'on pouvait se dispenser des énoncés de la tradition ou qu'il était loisible de les relativiser au nom d'un "christianisme progressif". Les pauvres ! Perdant les énoncés, ils perdaient le code génétique de leur croissance intérieure. Si l'on ne croit pas à la divinité du Christ, comment peut on croire que l'on est fait, nous mêmes pour devenir Dieu, "participants de la nature divine" (II Pierre 1, 4) ?
Il y a dans la foi tout ce que nous sommes, notre passé et notre avenir. Notre passé ? C'est cette intersection mystérieuse entre le Coeur de Dieu et le nôtre que l'on peut appeler prédestination (si l'on se souvient qu'il n'existe pas de prédestination au mal) ou vocation (si l'on accepte de considérer que ce vocable n'est pas réservé aux curés et aux bonnes soeurs, mais que comme le disait Paul VI, cité par B. XVI, "toute vie est vocation".
Notre avenir ? C'est le dogme de la divinité du Christ, c'est le dogme de la Trinité, qui nous aide à comprendre l'amour de Dieu, c'est le dogme de l'eucharistie (nous croyons manger Dieu mais c'est Dieu qui nous mange). Dans tout dogme il y a une dimension eschatologique, tout dogme nous renseigne sur Dieu c'est-à-dire sur notre fin ultime.
La foi naît bien avant les dogmes, dans un attrait sans nom, dans une préférence secrète... Mais les dogmes nous offrent la projection in divinis de ce en quoi consiste notre destin de croyants.
J'espère que j'ai su développer simplement cette intuition qui me porte. N'hésitez pas à me dire dans quelle mesure ce n'est pas le cas.
Je crois que cette discussion est partie sur un quiproquo. Je cherchais à convaincre. Mes contradicteurs voulaient surtout occuper le terrain, comme l'a d'ailleurs reconnu l'un d'entre eux dans un mail qu'il m'a fait parvenir. J'ai été naïf.
Naïf d'avoir cru que l'on pouvait critiquer telle position d'un dignitaire de la FSSPX par amour pour la FSSPX et ce que je considère comme sa mission historique de "vaisseau amiral" de la Tradition catholique.
Naïf d'avoir cru que l'on pouvait faire évoluer des chiens de garde par la discussion. J'ai employé cette expression non pour traiter quiconque de chien, comme on me l'a reproché, mais parce que depuis Paul Nizan qui publia un livre sous ce titre en 1932, jusqu'à Isabelle Alonso, qui nous a permis d'employer ce terme au féminin, cette expression est brevetée et désigne les membres de tous les comités de vigilance qui soient au monde.
Lorsque j'ai réalisé que comité de vigilance il y avait, j'ai pensé qu'il valait mieux... le dire tout simplement. Mais si j'y reviens ici, ce n'est pas sous le coup de je ne sais quelle forme de déception, c'est éventuellement pour en tirer une leçon.
La foi n'a rien à voir avec l'idéologie. Mes contradicteurs sur le FC sont au départ des catholiques profonds, des gens de foi comme on n'en fait plus. Et pourtant il manque chez eux une distance et une force. Je vais préciser tout de suite. Peut-être est-ce simplement parce que sur la Toile, ils jouent un rôle, ils "sont" leur pseudo plutôt que d'être eux mêmes. Aussi bien, lorsque je dis : il manque quelque chose, ce sont les pseudos, Ennemond, Scribe, Gentiloup, Pellicanus, Noël, Halleluia and so on, que je vise et non, jamais, les personnes qui se cachent derrière ces noms de Toile.
Que manque-t-il aux masques de carton pâte que sont les pseudos forumiques ? La distance que donne la foi. La foi n'est jamais l'adhésion au discours de Mgr Untel ou au sermon du Père Machin. Les sermons et les discours font signe vers la foi, mais la foi ne se trouve pas DANS un laïus quel qu'il soit. L'énoncé de la foi, si précis soit-il n'est pas la foi. Du reste la foi ne naît pas des énoncés de la foi, elle les produit ; elle ne naît pas de la récitation du Credo ou de telle leçon de catéchisme, elle les produit. Certes elle s'entretient par le Credo et par le Catéchisme, mais sa naissance est ailleurs, en une intersection mystérieuse qui existe entre le coeur du fidèle et le Coeur de Dieu.
J'avais gardé en tête depuis une semaine cette formule de l'un des posteurs de ce Blog, revenant sur la bataille du FC : "Quel malaise face à toutes ces certitudes affichées... On ne peut s'empêcher de méditer et d'évoquer la réponse de Jehanne d'Arc qui place ses convictions ailleurs, elle : "Si je ne suis en état de grâce, que Dieu m'y mette, et si j'y suis, qu'Il m'y garde"... "
Jeanne d'Arc "place ses convictions ailleurs". Si batailleuse soit-elle la Bergère, elle jouit manifestement d'une paix intérieure qui vient d'ailleurs. La foi c'est toujours cette ouverture sur un ailleurs qui permet d'assumer tranquillement l'ici bas.
Au fond c'est cette ouverture de la foi sur l'ailleurs, cette distance de la foi quand elle juge, ce prodige de la foi, qui, comme me glisse ma petite soeur (plus si petite aujourd'hui) tout à l'heure fait de nous "des funambules", tutoyant en permanence deux abimes contraires. Effectivement je crois que ce ni trop ni trop peu fait partie de la logique de la foi, qui intègre dans son élan des dimensions apparemment contradictoire, comme le funambule, sur son fil, combine sans cesse l'élan et l'équilibre.
Ces réflexions sur la foi, je les fais en pensant aussi aux très beaux message de Philippe et d'Eric, auxquels je ne peux répondre sans rougir, comme dit l'un d'eux. La puissance de la foi, c'est qu'elle a des racines plus profondes que tous les énoncés.
Les modernistes historiques au tournant du XXème siècle avaient compris cela. Mais ils avaient cru que l'on pouvait se dispenser des énoncés de la tradition ou qu'il était loisible de les relativiser au nom d'un "christianisme progressif". Les pauvres ! Perdant les énoncés, ils perdaient le code génétique de leur croissance intérieure. Si l'on ne croit pas à la divinité du Christ, comment peut on croire que l'on est fait, nous mêmes pour devenir Dieu, "participants de la nature divine" (II Pierre 1, 4) ?
Il y a dans la foi tout ce que nous sommes, notre passé et notre avenir. Notre passé ? C'est cette intersection mystérieuse entre le Coeur de Dieu et le nôtre que l'on peut appeler prédestination (si l'on se souvient qu'il n'existe pas de prédestination au mal) ou vocation (si l'on accepte de considérer que ce vocable n'est pas réservé aux curés et aux bonnes soeurs, mais que comme le disait Paul VI, cité par B. XVI, "toute vie est vocation".
Notre avenir ? C'est le dogme de la divinité du Christ, c'est le dogme de la Trinité, qui nous aide à comprendre l'amour de Dieu, c'est le dogme de l'eucharistie (nous croyons manger Dieu mais c'est Dieu qui nous mange). Dans tout dogme il y a une dimension eschatologique, tout dogme nous renseigne sur Dieu c'est-à-dire sur notre fin ultime.
La foi naît bien avant les dogmes, dans un attrait sans nom, dans une préférence secrète... Mais les dogmes nous offrent la projection in divinis de ce en quoi consiste notre destin de croyants.
J'espère que j'ai su développer simplement cette intuition qui me porte. N'hésitez pas à me dire dans quelle mesure ce n'est pas le cas.
Autoroute A7: péages, aires de pique-nique, et théologie.
Ami lecteur, ami visiteur, c'est l'été, tu fais peut-être partie de ces millions de gens qui se rendent dans le sud, peut-être passeras-tu à côté de la centrale de Tricastin, c'est entre Montélimar et Orange dans un sens, entre Orange et Montélimar dans l'autre. Sur l'une des tours de refroidissement on a peint un enfant sur du sable. Une coquille à la main, il tente de compléter un triangle avec de l'eau. Cherche-t-on à te donner un avant gout de la plage? Que nenni, que nenni. La parole est au Saint Père:
... la coquille, qui symbolise avant tout que nous sommes pèlerins, que nous sommes en chemin : « Nous n’avons pas de demeure permanente. » Mais cela me rappelle aussi la légende attribuée à saint Augustin. Celui-ci avait rencontré sur la plage un enfant qui tentait de mettre toute l’eau de la mer dans un trou dans le sable de la plage en utilisant une coquille. Augustin a dit à l’enfant qu’il s’agissait d’une vaine tentative, mais il a aussi fait un lien avec ses propres efforts pour penser le Dieu infini avec un esprit humain bien limité. Ce n’est que par l’humilité qu’on peut connaître Dieu...Penses-y.
samedi 25 juillet 2009
Non merci.
Un discussion passionnante a lieu sur le forum catholique. Une grande dispute avec ou plutôt contre l'abbé de Tanoüarn. So far, so good comme dirait le président Obama - jusque là, rien à redire. Mais voici que par le biais de quelques commentaires à des textes postés ici, quelques anonymes (à moins qu'ils ne soient un?) souhaitent acclimater sur le métablog cette dispute qui appartient au Forum Catholique. Merci messieurs, mais... non merci.
lundi 20 juillet 2009
Modestie et humilité
Discussion libre à table : "Un tel... il est modeste". Cela pour expliquer bien sûr qu'il ne fera rien de ce que l'on peut attendre de lui. La modestie est-elle une vertu ? Si elle empêche de faire ce que X peut faire... Si elle interdit l'engagement et l'efficacité. Micheline a beau me dire son admiration pour cette modestie... je n'arrive pas à me mettre au diapason...
Et soudain une idée : - La modestie et l'humilité, cela n'a rien à voir...
Il y a ainsi tant de vertus chrétiennes rendues méconnaissables, haïssables... Oui : haïssables, parce qu'on ne les comprend pas et qu'on les caricature en prétendant les représenter. Caricature ou confusion ? On a l'impression que chaque vertu chrétienne a son double : la charité ? C'est la tolérance. La foi ? C'est l'idéal... et l'idéalisme. L'espérance ? C'est l'indulgence du "Tout est bien", si caractéristique, comme le disait Philippe Muray, de la nouvelle morale.
Comment démêler ce sac de noeuds ? Il faut avant tout distinguer un comportement et ses motivations. C'est en tout cas, me semble-t-il, ce qui permet de distinguer l'humilité et la modestie. Deux vertus qui induisent les mêmes comportements pour des raisons différentes.
La modestie, comme son som l'indique, consiste en un culte de la petitesse : small is beautifull.
L'humilité provient de l'oubli de soi.
Mais l'oubli de soi peut avoir des conséquences imprévues. Apparemment effectivement l'oubli de soi peut engendrer la modestie. Mais dans telle circonstance particulière, l'oubli de soi peut aussi déchaîner un individu, qui, ne faisant plus attention à lui-même, parce qu'il s'oublie, donnera tout, toute sa force, toute sa présence et des risques et mille autre choses, parce qu'il aime ce pour quoi il s'engage plus qu'il ne s'aime lui-même.
Dans cette perspective l'oubli de soi peut déboucher, pour la personne qui en est sincèrement imbue, sur une manière d'attirer tous les regards et de capter l'action qui fait penser à l'orgueil, mais qui, en réalité provient de l'humilité.
On ne doit jamais juger d'une vertu sur un comportement, car un même comportement peut avoir des explications très différentes, voire opposées. En revanche une intention donnée peut avoir des manières de se réaliser absolument opposées l'une avec l'autre.
Je crois vraiment que la modestie, au-delà du comportement qu'elle induit, est très souvent une catastrophe, une manière de se mettre à couvert ou de justifier son inertie en cultivant la petitesse, par confort. L'humilité en revanche surprend toujours, car elle peut aussi bien se manifester dans une forme agréable de modestie que se réaliser au contraire dans une extraordinaire affirmation de soi.
Décidément ne nous pressons pas de juger... Les comportements ne renvoient pas forcément à ce que nous aimerions qu'ils renvoient. La modestie ne signifie pas toujours (et loin de là...) l'humilité. L'humilité ne se réalise pas forcément dans la modestie, mais parfois dans son opposé.
Et soudain une idée : - La modestie et l'humilité, cela n'a rien à voir...
Il y a ainsi tant de vertus chrétiennes rendues méconnaissables, haïssables... Oui : haïssables, parce qu'on ne les comprend pas et qu'on les caricature en prétendant les représenter. Caricature ou confusion ? On a l'impression que chaque vertu chrétienne a son double : la charité ? C'est la tolérance. La foi ? C'est l'idéal... et l'idéalisme. L'espérance ? C'est l'indulgence du "Tout est bien", si caractéristique, comme le disait Philippe Muray, de la nouvelle morale.
Comment démêler ce sac de noeuds ? Il faut avant tout distinguer un comportement et ses motivations. C'est en tout cas, me semble-t-il, ce qui permet de distinguer l'humilité et la modestie. Deux vertus qui induisent les mêmes comportements pour des raisons différentes.
La modestie, comme son som l'indique, consiste en un culte de la petitesse : small is beautifull.
L'humilité provient de l'oubli de soi.
Mais l'oubli de soi peut avoir des conséquences imprévues. Apparemment effectivement l'oubli de soi peut engendrer la modestie. Mais dans telle circonstance particulière, l'oubli de soi peut aussi déchaîner un individu, qui, ne faisant plus attention à lui-même, parce qu'il s'oublie, donnera tout, toute sa force, toute sa présence et des risques et mille autre choses, parce qu'il aime ce pour quoi il s'engage plus qu'il ne s'aime lui-même.
Dans cette perspective l'oubli de soi peut déboucher, pour la personne qui en est sincèrement imbue, sur une manière d'attirer tous les regards et de capter l'action qui fait penser à l'orgueil, mais qui, en réalité provient de l'humilité.
On ne doit jamais juger d'une vertu sur un comportement, car un même comportement peut avoir des explications très différentes, voire opposées. En revanche une intention donnée peut avoir des manières de se réaliser absolument opposées l'une avec l'autre.
Je crois vraiment que la modestie, au-delà du comportement qu'elle induit, est très souvent une catastrophe, une manière de se mettre à couvert ou de justifier son inertie en cultivant la petitesse, par confort. L'humilité en revanche surprend toujours, car elle peut aussi bien se manifester dans une forme agréable de modestie que se réaliser au contraire dans une extraordinaire affirmation de soi.
Décidément ne nous pressons pas de juger... Les comportements ne renvoient pas forcément à ce que nous aimerions qu'ils renvoient. La modestie ne signifie pas toujours (et loin de là...) l'humilité. L'humilité ne se réalise pas forcément dans la modestie, mais parfois dans son opposé.
jeudi 16 juillet 2009
Viscéral, Benoît XVI ?
La question m'est posée depuis le Salon beige, qui a publié des extraits de l'entretien que j'ai donné au journal Minute cette semaine sur la dernière encyclique. Je développais à nouveau l'idée que connaissent bien ceux qui fréquentent régulièrement ce Blog selon laquelle la thèse du gouvernement mondial pour résister aux désordres du Marché mondial qui se croit autonome manifeste en tout cas que Benoît XVI est viscéralement antilibéral.
L'un des lecteurs, auquel manifestement cet adverbe n'a pas plu, a posé un commentaire pour demander vertueusement si il pouvait y avoir quelque chose de viscéral chez ce pape merveilleusement rationnel qu'est Benoît XVI. Ai-je manqué de respect au Saint Père en évoquant, par le truchement d'un adverbe, ses viscères ? C'est en tout cas ce que semble indiquer mon contradicteur. Au risque de le scandaliser doublement, je répondrai ici que je crois bon et important non seulement que le pape ait des viscères mais qu'il s'en serve et qu'il porte un certain nombre de convictions "dans les tripes" comme on dit vulgairement.
Réfléchissons : qu'est-ce qu'une foi qui ne serait pas viscérale ? Une foi plaquée. Une foi rationnelle, dépendant de démonstrations toutes humaines qui peuvent d'ailleurs, comme tout système rationnel, évoluer au cours d'une vie. Il faudrait toujours dire : "Je crois que je crois" et l'on ne pourrait jamais s'écrier simplement : "je crois". Que serait cette foi sinon un embryon, humain, trop humain.
La foi est forcément viscérale. C'est quelque chose qui nous habite que nous le voulions ou non, quelque chose qui s'impose à nous, comme ferait un hôte indélicat. La foi est toujours chez elle chez nous. Même si nous voulons nous en éloigner, à un moment ou à un autre, elle revient. On ne perd pas la foi comme on perdrait son portefeuille et cela non pas parce que la foi tiendrait aux synapses de notre cerveau, ou à je ne sais quel gène, mais parce qu'elle tient à nos viscères d'animaux pas très raisonnables, toujours en porte à faux avec eux mêmes, et qui ne peuvent s'empêcher de se projeter au-delà d'eux mêmes, en se saisissant de la "puissance" (le mot est de saint Paul) que la foi met à notre portée.
En soutenant l'idée que la foi est viscérale et que l'antilibéralisme de Benoît XVI, directement isssu de sa foi peut être viscéralement présent dans son discours économique, je ne veux pas dire que la foi n'est pas raisonnable. C'est parce qu'elle est viscérale qu'elle est raisonnable. Comme toutes les grandes décisions de notre vie, on la sent ou on ne la sent pas et si on ne la sent pas (encore), ce n'est pas la peine d'y aller. Tout ce qui est viscéral peut bien être raisonnable, mais ce qui n'est que raisonnable à l'origine aura du mal à devenir viscéral.
Dans cet éloge des viscères, je m'en tiens à une formule de Martin Mosebach que j'avais mise en épigraphe de mon livre sur l'évidence chrétienne : "Voilà la foi, c'est ce que nous faisons avec évidence" (voir L'hérésie de l'informe éd. Hora decima p. 34).
A tous ceux que cette formule inquièterait, parce qu'ils n'ont pas l'impression de jouir de l'évidence de la foi, je ferais remarquer que Mosebach ne dit pas : "la foi, c'est ce que nous pensons avec évidence". Si la foi n'était qu'une pensée, elle serait tout sauf évidente : Credo quia ineptum est (je ne traduis pas) disait Tertullien à propos de la foi comme pensée. La foi comme pensée nous établit dans la sagesse de Dieu, c'est un peu grand pour nous, normal ! "Si tu l'as compris, ce n'est pas Dieu".
Mais la foi n'est pas seulement une pensée : "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur Seigneur qui entreront dans le Royaume...". La foi est d'abord une action, une adhésion à l'ordre de Dieu, elle est ensuite une lumière, une connaissance et une pensée. A nouveau, il faut citer la grande phrase de Jean 3, 21 : "Celui qui fait la vérité vient à la lumière".
Qu'est-ce que la foi ? D'abord faire la vérité, de toutes ses viscères... "La foi ? C'est ce que nous faisons avec évidence".
L'un des lecteurs, auquel manifestement cet adverbe n'a pas plu, a posé un commentaire pour demander vertueusement si il pouvait y avoir quelque chose de viscéral chez ce pape merveilleusement rationnel qu'est Benoît XVI. Ai-je manqué de respect au Saint Père en évoquant, par le truchement d'un adverbe, ses viscères ? C'est en tout cas ce que semble indiquer mon contradicteur. Au risque de le scandaliser doublement, je répondrai ici que je crois bon et important non seulement que le pape ait des viscères mais qu'il s'en serve et qu'il porte un certain nombre de convictions "dans les tripes" comme on dit vulgairement.
Réfléchissons : qu'est-ce qu'une foi qui ne serait pas viscérale ? Une foi plaquée. Une foi rationnelle, dépendant de démonstrations toutes humaines qui peuvent d'ailleurs, comme tout système rationnel, évoluer au cours d'une vie. Il faudrait toujours dire : "Je crois que je crois" et l'on ne pourrait jamais s'écrier simplement : "je crois". Que serait cette foi sinon un embryon, humain, trop humain.
La foi est forcément viscérale. C'est quelque chose qui nous habite que nous le voulions ou non, quelque chose qui s'impose à nous, comme ferait un hôte indélicat. La foi est toujours chez elle chez nous. Même si nous voulons nous en éloigner, à un moment ou à un autre, elle revient. On ne perd pas la foi comme on perdrait son portefeuille et cela non pas parce que la foi tiendrait aux synapses de notre cerveau, ou à je ne sais quel gène, mais parce qu'elle tient à nos viscères d'animaux pas très raisonnables, toujours en porte à faux avec eux mêmes, et qui ne peuvent s'empêcher de se projeter au-delà d'eux mêmes, en se saisissant de la "puissance" (le mot est de saint Paul) que la foi met à notre portée.
En soutenant l'idée que la foi est viscérale et que l'antilibéralisme de Benoît XVI, directement isssu de sa foi peut être viscéralement présent dans son discours économique, je ne veux pas dire que la foi n'est pas raisonnable. C'est parce qu'elle est viscérale qu'elle est raisonnable. Comme toutes les grandes décisions de notre vie, on la sent ou on ne la sent pas et si on ne la sent pas (encore), ce n'est pas la peine d'y aller. Tout ce qui est viscéral peut bien être raisonnable, mais ce qui n'est que raisonnable à l'origine aura du mal à devenir viscéral.
Dans cet éloge des viscères, je m'en tiens à une formule de Martin Mosebach que j'avais mise en épigraphe de mon livre sur l'évidence chrétienne : "Voilà la foi, c'est ce que nous faisons avec évidence" (voir L'hérésie de l'informe éd. Hora decima p. 34).
A tous ceux que cette formule inquièterait, parce qu'ils n'ont pas l'impression de jouir de l'évidence de la foi, je ferais remarquer que Mosebach ne dit pas : "la foi, c'est ce que nous pensons avec évidence". Si la foi n'était qu'une pensée, elle serait tout sauf évidente : Credo quia ineptum est (je ne traduis pas) disait Tertullien à propos de la foi comme pensée. La foi comme pensée nous établit dans la sagesse de Dieu, c'est un peu grand pour nous, normal ! "Si tu l'as compris, ce n'est pas Dieu".
Mais la foi n'est pas seulement une pensée : "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur Seigneur qui entreront dans le Royaume...". La foi est d'abord une action, une adhésion à l'ordre de Dieu, elle est ensuite une lumière, une connaissance et une pensée. A nouveau, il faut citer la grande phrase de Jean 3, 21 : "Celui qui fait la vérité vient à la lumière".
Qu'est-ce que la foi ? D'abord faire la vérité, de toutes ses viscères... "La foi ? C'est ce que nous faisons avec évidence".
mercredi 15 juillet 2009
Qui est candidat ?
J'ai encore passé une bonne demi journée sur Caritas in veritate, avec la conférence [au Centre Saint Paul sur le thème "Caritas in Veritate" de Benoît XVI : un tournant dans la doctrine sociale de l'Eglise]. Le débat a été intéressant. J'ai aimé en particulier deux interventions, celle de Matthieu Michel, notre baptisé d'origine iranienne et celle d'Athanase, intervenant sur le FC.
Matthieu Michel insiste sur le flou qu'entretient le pape sur le procédé de désignation de l'autorité politique mondiale. "Quelques hommes droits" dit-il, lorsque le pape parle ainsi, au fond, il fait acte de candidature.
J'avoue que je n'y avais pas pensé mais que plus j'y réfléchis plus je trouve cela plausible. Et je me suis permis de rappeler en réponse que c'est une très vieille tendance des papes de penser que, selon la formule de saint Thomas au chapitre 16 de son De regno, "il règne sur tous les rois de la terre". A ce moment, voix dans la salle : "il règne parce que les gens, en tant que chrétiens, se reconnaissent en lui".
Athanase conforte notre perspective en préciant qu'il avait lu dans ce classique Le Rhin se jette dans le Tibre de Ralph Witgen, que le cardinal Ottaviani, porte parole principale de la Minorité conservatrice, avait lui aussi soutenu publiquement l'idée d'un gouvernement mondial à la fin du Concile. La Tradition catholique selon lui est foncièrement internationalisante.
Je vais me coucher moins bête ce soir...
Matthieu Michel insiste sur le flou qu'entretient le pape sur le procédé de désignation de l'autorité politique mondiale. "Quelques hommes droits" dit-il, lorsque le pape parle ainsi, au fond, il fait acte de candidature.
J'avoue que je n'y avais pas pensé mais que plus j'y réfléchis plus je trouve cela plausible. Et je me suis permis de rappeler en réponse que c'est une très vieille tendance des papes de penser que, selon la formule de saint Thomas au chapitre 16 de son De regno, "il règne sur tous les rois de la terre". A ce moment, voix dans la salle : "il règne parce que les gens, en tant que chrétiens, se reconnaissent en lui".
Athanase conforte notre perspective en préciant qu'il avait lu dans ce classique Le Rhin se jette dans le Tibre de Ralph Witgen, que le cardinal Ottaviani, porte parole principale de la Minorité conservatrice, avait lui aussi soutenu publiquement l'idée d'un gouvernement mondial à la fin du Concile. La Tradition catholique selon lui est foncièrement internationalisante.
Je vais me coucher moins bête ce soir...
vendredi 10 juillet 2009
Libéral ? Non : tridentin
repris du forum catholique
Cher Tibère,
Vous avez raison de mettre en cause la faisabilité de cette gouvernance mondiale de "quelques hommes droits" (n°70). Mais si vous renonciez à créer un échelon politique international, alors vous laisseriez, pour tout ce qui concerne le travail et la circulation des richesses, le dernier mot toujours aux entreprises mondialisées. Et laissant le dernier mot à ces grandes entreprises, toujours capables de passer entre les mailles du filets à gros trous que forment les Etats nations, vous prorogez indéfiniment le règne du libéralisme spéculateur et sans terre. La liberté de quelques individus l'emportera toujours sur le semblant d'ordre qu'un Sarko II ou un Sarko III essaierait de faire règner dans l'Hexagone.
Peut-être faut-il en rester là et ne pas chercher à améliorer l'organisation sociale, au risque un jour que l'Horreur économique, déjà prophétisée par Marx (théorie de la paupérisation universelle) ne soit une réalité non seulement dans certains Pays du Tiers monde ou même dans des pays émergents (la Chine, où les conditions de vie moyennes sont souvent épouvantables) comme aujourd'hui, mais aussi dans nos Pays dépouillés de leurs industrie et dont les populations, à proportion de leur savoir faire, seraient contraintes à émigrer pour trouver du travail.
En ce cas - excusez moi je ne vous connais pas - mais c'est Babakoto qui a raison. Reconnaissons d'ailleurs que ce libéral-là est éloquent et qu'il parle d'or : pourquoi vouloir transformer le Marché ? Pourquoi imposer à la Planète un message éthique ? Il faut que les individus se prennent en charge eux-même et qu'ils changent par eux mêmes. Ce n'est jamais sans appréhension que l'on voit l'autorité politique se transformer en agent moral, parce que cette morale-là c'est celle qui filtre l'automobiliste à 135 sur l'autoroute et qui absout l'avorteur.
De toute façon comme disait Bainville tout a toujours très mal marché.
Cher Tibère, vous imaginez bien que je ne suis pas un fanatique de la gouvernance mondiale. Je crois néanmoins qu'il faut choisir entre ces processus d'organisation et de moralisation du Marché, en provenance d'autorités politiques nationales d'abord, mais aussi, subsidiairement, internationales... et le libéralisme, qui certes force les individus à se prendre en charge mais laisse sur le carreau ceux qui ne peuvent ou ne savent pas le faire.
Une chose est sûre et les tradis devraient s'en réjouir : Benoît XVI n'est pas un libéral. Avec cette encyclique, il a choisi son camp.
Autre chose - qui n'est pas dans l'encyclique mais décrit assez bien la diplomatie pontificale : cette autorité politique mondiale empêcherait l'affirmation exclusive d'une hyperpuissance, les États Unis hier, la Chine demain, au bénéfice - on peut toujours l'espérer - d'arbitrages vraiment justes.
Et à propos d'Hyperpuissance, juste une idée sur le mondialisme, qui occupe en ce moment les congressistes de Renaissance catholique : le mondialisme me semble aujourd'hui le faux nez idéologique de l'Hyper-Puissance américaine. Et pas grand chose d'autre : l'Inde et la Chine sont en pleine mondialisation certes, mais ces puissances émergentes n'ont pas mordu au mondialisme. On peut dire que le pape, de son côté, avec beaucoup de courage et aussi de doigté, est à l'opposé de ce mondialisme dans sa diplomatie. Je pense au rare courage qu'il a eu lors de sa visite en Israël et en Palestine...
Je voudrais simplement justifier le titre de ce post avec le dernier point : cette idée d'un gouvernement mondial, on la trouve évidemment chez Jean XXIII dans Pacem in terris. Mais on la trouve aussi au milieu du XVIème siècle (à l'époque du concile de Trente) chez Vittoria et dans la scolastique espagnole : Charles Quint n'était-il pas l'empereur très catholique sur le domaine duquel déjà le soleil ne se couchait jamais ? N'avait-il pas vaincu le roi de France à Pavie ? Les dominicains thomistes ont sûrement vu en lui le roi du monde...
Cher Tibère,
Vous avez raison de mettre en cause la faisabilité de cette gouvernance mondiale de "quelques hommes droits" (n°70). Mais si vous renonciez à créer un échelon politique international, alors vous laisseriez, pour tout ce qui concerne le travail et la circulation des richesses, le dernier mot toujours aux entreprises mondialisées. Et laissant le dernier mot à ces grandes entreprises, toujours capables de passer entre les mailles du filets à gros trous que forment les Etats nations, vous prorogez indéfiniment le règne du libéralisme spéculateur et sans terre. La liberté de quelques individus l'emportera toujours sur le semblant d'ordre qu'un Sarko II ou un Sarko III essaierait de faire règner dans l'Hexagone.
Peut-être faut-il en rester là et ne pas chercher à améliorer l'organisation sociale, au risque un jour que l'Horreur économique, déjà prophétisée par Marx (théorie de la paupérisation universelle) ne soit une réalité non seulement dans certains Pays du Tiers monde ou même dans des pays émergents (la Chine, où les conditions de vie moyennes sont souvent épouvantables) comme aujourd'hui, mais aussi dans nos Pays dépouillés de leurs industrie et dont les populations, à proportion de leur savoir faire, seraient contraintes à émigrer pour trouver du travail.
En ce cas - excusez moi je ne vous connais pas - mais c'est Babakoto qui a raison. Reconnaissons d'ailleurs que ce libéral-là est éloquent et qu'il parle d'or : pourquoi vouloir transformer le Marché ? Pourquoi imposer à la Planète un message éthique ? Il faut que les individus se prennent en charge eux-même et qu'ils changent par eux mêmes. Ce n'est jamais sans appréhension que l'on voit l'autorité politique se transformer en agent moral, parce que cette morale-là c'est celle qui filtre l'automobiliste à 135 sur l'autoroute et qui absout l'avorteur.
De toute façon comme disait Bainville tout a toujours très mal marché.
Cher Tibère, vous imaginez bien que je ne suis pas un fanatique de la gouvernance mondiale. Je crois néanmoins qu'il faut choisir entre ces processus d'organisation et de moralisation du Marché, en provenance d'autorités politiques nationales d'abord, mais aussi, subsidiairement, internationales... et le libéralisme, qui certes force les individus à se prendre en charge mais laisse sur le carreau ceux qui ne peuvent ou ne savent pas le faire.
Une chose est sûre et les tradis devraient s'en réjouir : Benoît XVI n'est pas un libéral. Avec cette encyclique, il a choisi son camp.
Autre chose - qui n'est pas dans l'encyclique mais décrit assez bien la diplomatie pontificale : cette autorité politique mondiale empêcherait l'affirmation exclusive d'une hyperpuissance, les États Unis hier, la Chine demain, au bénéfice - on peut toujours l'espérer - d'arbitrages vraiment justes.
Et à propos d'Hyperpuissance, juste une idée sur le mondialisme, qui occupe en ce moment les congressistes de Renaissance catholique : le mondialisme me semble aujourd'hui le faux nez idéologique de l'Hyper-Puissance américaine. Et pas grand chose d'autre : l'Inde et la Chine sont en pleine mondialisation certes, mais ces puissances émergentes n'ont pas mordu au mondialisme. On peut dire que le pape, de son côté, avec beaucoup de courage et aussi de doigté, est à l'opposé de ce mondialisme dans sa diplomatie. Je pense au rare courage qu'il a eu lors de sa visite en Israël et en Palestine...
Je voudrais simplement justifier le titre de ce post avec le dernier point : cette idée d'un gouvernement mondial, on la trouve évidemment chez Jean XXIII dans Pacem in terris. Mais on la trouve aussi au milieu du XVIème siècle (à l'époque du concile de Trente) chez Vittoria et dans la scolastique espagnole : Charles Quint n'était-il pas l'empereur très catholique sur le domaine duquel déjà le soleil ne se couchait jamais ? N'avait-il pas vaincu le roi de France à Pavie ? Les dominicains thomistes ont sûrement vu en lui le roi du monde...
jeudi 9 juillet 2009
Décidément, ce pape n'est pas un libéral...
Mon camarade Daniel Hamiche, avec lequel je viens d'avoir une conversation profitable, au moment où je finissais la lecture précise de cette encyclique fleuve, Caritas in veritate, m'explique que George Weigel, biographe attitré de Jean Paul II s'en étouffe... Il faut dire que toute l'encyclique semble écrite pour stigmatiser l'autonomie du Marché comme une catastrophe ; non seulement une catastrophe, mais la catastrophe telle que nous la voyons se déployer, oui la crise... La crise est la crise du libéralisme économique et de l'autonomie du Marché...
Oh ! Le Marché n'est pas mauvais en soi : "Lorsqu'il est fondé sur la confiance, le Marché est l'institution économique qui permet aux personnes de se rencontrer, en tant qu'agents économiques, utilisant le contrat pour régler leurs relations et échangeant des biens et des services fongibles entre eux pour satisfaire leurs besoins et leurs désirs" (n°35). On remarquera le caractère très classique de cette définition du Marché, qui met la réalité définie à l'abri de toute mise en question délirante. Le Marché est un fait. Il contribue à l'humanisation de l'homme en satisfaisant non seulement ses besoins élémentaires, mais ses désirs. Bref le Marché libre est un élément fondamental de la culture humaine.
Mais ce Marché qui est libre par hypothèse, n'est pas pour autant un Marché autonome, qui se donnerait à lui-même sa loi ou qui donnerait à l'Humanité tout entière la seule Loi dont personne ne puisse mettre en cause le tranchant et l'airain, vous savez : "la loi du Marché"...
Plus important que la loi du Marché ? Pour Benoît XVI, "la dignité de la personne et les exigences de la justice demandent aujourd'hui surtout que les choix économiques ne fassent pas augmenter de façon excessive et moralement inacceptable les écarts de richesse et que l'on continue à se donner comme objectif prioritaire l'accès au travail et son maintien pour tous". Ecrivant cela, Benoît XVI renvoie en note au n°33 de Populorum progressio, dont Caritas in veritate célèbre la mémoire ; Paul VI était très clair dans ce texte : "La seule initiative individuelle et le simple jeu de la concurrence ne sauraient assurer le succès du développement. il ne faut pas risquer d'accroître encore la richesse des riches et la puissance des forts, en confirmant la misère des pauvres et en ajoutant à la servitude des opprimés".
Paul VI rejoignait une vieille tradition remontant au XIXème siècle. Je pense à Lacordaire tonnant du haut de la Chaire de Notre Dame : "Entre le maître et l'esclave, entre le patron et l'ouvrier, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchi". Paul VI d'ailleurs poursuit en demandant un affermissement des réglementation, c'est-à-dire "des programmes, nécessaires pour encourager, stimuler, coordonner, suppléer et intégrer", reprenant d'ailleurs textuellement un voeu de Jean XXIII dans Mater et magistra.
Benoît XVI ne dit pas autre chose : "La sphère économique, écrit-il (comprenez : le Marché), n'est par nature ni éthiquement neutre ni inhumaine et antisociale. Elle appartient à l'activité de l'homme et justement parce qu'humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de façon éthique" (n°36). Structuration, organisation, on est loin de la théorie de la Main invisible d'Adam Smith. Le Marché n'est pas la Providence, il faut se rendre à l'évidence. S'il n'est pas structuré et organisé, il ne produira pas de lui-même les "harmonies économiques" chères à Frédéric Bastiat... Quel dommage Madame Chombier : le Marché n'a rien à voir avec une tire lire ouverte à tous ni non plus (pour antiquiser ou classiciser mon propos) avec une corne d'abondance. Le Marché ? Décidément ce n'est pas la valise RTL, n'en déplaise au reagano-thatchéristes indécrottables La meilleure preuve en est d'ailleurs la crise économique que nous traversons, directement liée à la dérégulation américaine de l'immobilier et des prêts y afférant et à la confiance indue placée dans toutes les bulles spéculatives imaginables.
J'entends déjà certains de mes lecteurs me dire : mais alors, si Benoît XVI n'est pas libéral, si pour lui la première urgence c'est de structurer et d'organiser le Marché, alors... il est... socialiste. Ne l'est-il pas quand il stigmatise les écarts de richesse et quand il revendique comme objectif prioritaire la satisfaction d'un droit de tous au travail ?
Je suis au regret de dire à ces lecteurs que je n'ai pas vu l'ombre d'une apologie du collectivisme que ce soit l'appropriation collective des moyens de production ou l'appel à développer une fumeuse propriété collective, non, je n'ai rien vu de tout cela dans l'encyclique. Benoît XVI n'est pas socialiste...
Simplement il se présente devant les chrétiens et devant l'humanité tout entière en ayant pris acte de la crise économique. C'est elle qui oblige à reparler de régulation et de structuration toute personne un peu sensée : "La crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire, à nous donner de nouvelles règles, à trouver de nouvelles formes d'engagement, à miser sur les expériences positives et à rejeter celles qui sont négatives. Elle devient ainsi une occasion de discernement et elle met en capacité d'élaborer de nouveaux projets" (n°21).
Nouveaux projets ? Il ne s'agit à l'évidence pas du vieux socialisme, même repeint aux couleurs du XXIème siècle. Benoît XVI se trouve encore et toujours dans le Ni... Ni..., ni libéral ni socialiste, cher à tous les papes depuis Léon XIII.
Mais qu'est-ce qui est nouveau dans la position de Benoît XVI ? Il me semble que c'est ce qu'il précise lui-même au n°32 déjà cité. Alors que l'on aurait pu contester certains aspects de l'enseignement de l'Eglise, comme marquant une sorte d'irréalisme antiéconomique, Benoît XVI adhère, lui, explicitement à ce qu'il nomme la "raison économique". Il accepte que la doctrine sociale de l'Eglise ne se place pas dans un devoir être proche de l'utopie (cf. Paul VI : Octogesimo adveniens n°36, louant "cette forme de critique de la société existante qui provoque la raison prospective pour percevoir dans le présent le futur ignoré et pour orienter vers un avenir neuf" et qui note que "soutenant la dynamique sociale par la confiance", cette critique "rencontre l'esprit chrétien").
Pour Benoît XVI, l'Eglise ne s'en remet pas à l'avenir et affronte la réalité d'aujourd'hui avec son urgence (il cite en latin saint Paul : Caritas Christi urget nos). La raison économique nous force à prendre en compte non seulement le court-termisme auquel nous oblige la Loi du Marché (n°32 in fi.) mais des motifs humains à plus long terme dont l'incidence sur l'économie réelle est tout aussi importante : exemple ? "L'augmentation massive de la pauvreté" (qu'engendre par exemple l'obsession occidentale du low cost) "a un impact négatif sur le plan économique à travers l'érosion du capital social". Ce que les néo-libéraux n'ont pas compris c'est que seule la prospérité des sociétés, en Occident mais aussi dans les pays émergents et encore dans les pays moins développés représentait "un capital social", une richesse dont le Marché lui-même a besoin.
Astreint à la Loi d'airain du court-termisme, le Marché plonge dans la crise. Un peu plus loin le pape revient sur cette idée : "Abandonné au seul principe de l'équivalence de valeur des biens échangés, le marché n'arrive pas à produire la cohésion sociale dont par ailleurs il a besoin pour bien fonctionner". Laissé à lui-même, le Marché se détruit. Il faut le défendre, en quelque sorte contre lui-même et cesser d'opposer le "social" à "l'économique", alors que l'un ne va pas sans l'autre.
De quoi a besoin le Marché, en dehors des impératifs immédiats de rentabilité, qui trop souvent sont seuls pris en compte ? Il a besoin de confiance (n°35 in medio). Et il a besoin de richesses ou de ce que le pape appelle "le capital social" (parenthèse : on retrouve là implicitement le vieux raisonnement de Marx sur la paupérisation universelle comme fin du capitalisme). Pour faire naître et cette confiance et ce capital social stable, "le Marché ne peut pas compter seulement sur lui-même, il a besoin d'autres sujets qui sont capables de les faire naître" (n°35 in fi.).
Bref l'Eglise, avec 'd'autres sujets', se propose de défendre le Marché contre lui-même et contre "l'horreur économique", contre les horreurs du court-termisme et de la loi du Marché (rentabilité à tout prix). Elle entend contribuer à susciter la confiance et l'honnêteté nécessaires au développement de l'économie de marché dans laquelle nous nous trouvons.
Mais que pouvons nous opposer à l'exigence de rendement immédiat qui règne, on le comprend sur les entreprises ? Les Etats d'abord, qui selon Benoît XVI doivent jouer tout leur rôle, au service de l'homme. Mais "à notre époque, l'Etat se trouve dans la situation de devoir faire face aux limites que pose à sa souveraineté le nouveau contexte commercial et financier international, marqué par une mobilité croissante des capitaux financiers et des moyens de production matériels et immatériels" (n°24). Même si son rôle doit être réévalué (ibid), cette réévaluation ne suffira pas pour s'opposer à ce que la Vielle droite appelait naguère "la fortune anonyme et vagabonde". Comment les Etats nationaux pourraient ils à eux seuls faire face à l'internationalisation de la problématique économique. Certes il ya les organismes internationaux, mais ce sont des technostructures dont B. XVI critique à plusieurs reprises le fonctionnement, déplorant leur manque de transparence et leur manque d'efficacité. Il souligne le possible avènement d'une idéologie technocratique (par ex. n°70).
Contre cette perspective, il importe de trouver "des hommes" qui soient "des hommes droits" (n°71). Sans eux, "le développement est impossible" déclare le pape. Mais à quoi correspondent ces hommes qui ne sont pas des structures anonymes, sinon à l'invention d'un nouveau degré du politique. Face à la fortune anonyme et vagabonde, il importe que se dresse "une autorité mondiale" (n°67), polyarchique et subsidiaire, réellement politique et non technocratique, dont le rôle serait manifestement de dioscipliner le Marché en en faisant le lieu du véritable développement.
Utopie ? Dites vous. C'est peut-être surtout une nécessité que l'on n'a pas encore perçue mais qui s'affirmera toujours d'avantage face à l'horeur économique. Cette question de l'autorité mondiale est suscitée par la mondialisation technologique et commerciale de l'économie, face à laquelle l'Etat nation ou la réunion des Etats nation ne peuvent rien entreprendre. Benoît XVI, comme souvent l'Eglise l'a été, est peut être simplement un petit peu en avance. Elle ne cherche ni à détruire les nation ni à relativiser les identités (le problème des flux migratoires est d'ailleurs de ceux que cette autorité mondiale aurait sans doute à résoudre, tant ils apparaissent insolubles pour les seuls Etats nations).
Allez... disons que l'Eglise de ce pape de 85 ans, sauvé par l'Espérance, a sans doute 20 ans d'avance !
Oh ! Le Marché n'est pas mauvais en soi : "Lorsqu'il est fondé sur la confiance, le Marché est l'institution économique qui permet aux personnes de se rencontrer, en tant qu'agents économiques, utilisant le contrat pour régler leurs relations et échangeant des biens et des services fongibles entre eux pour satisfaire leurs besoins et leurs désirs" (n°35). On remarquera le caractère très classique de cette définition du Marché, qui met la réalité définie à l'abri de toute mise en question délirante. Le Marché est un fait. Il contribue à l'humanisation de l'homme en satisfaisant non seulement ses besoins élémentaires, mais ses désirs. Bref le Marché libre est un élément fondamental de la culture humaine.
Mais ce Marché qui est libre par hypothèse, n'est pas pour autant un Marché autonome, qui se donnerait à lui-même sa loi ou qui donnerait à l'Humanité tout entière la seule Loi dont personne ne puisse mettre en cause le tranchant et l'airain, vous savez : "la loi du Marché"...
Plus important que la loi du Marché ? Pour Benoît XVI, "la dignité de la personne et les exigences de la justice demandent aujourd'hui surtout que les choix économiques ne fassent pas augmenter de façon excessive et moralement inacceptable les écarts de richesse et que l'on continue à se donner comme objectif prioritaire l'accès au travail et son maintien pour tous". Ecrivant cela, Benoît XVI renvoie en note au n°33 de Populorum progressio, dont Caritas in veritate célèbre la mémoire ; Paul VI était très clair dans ce texte : "La seule initiative individuelle et le simple jeu de la concurrence ne sauraient assurer le succès du développement. il ne faut pas risquer d'accroître encore la richesse des riches et la puissance des forts, en confirmant la misère des pauvres et en ajoutant à la servitude des opprimés".
Paul VI rejoignait une vieille tradition remontant au XIXème siècle. Je pense à Lacordaire tonnant du haut de la Chaire de Notre Dame : "Entre le maître et l'esclave, entre le patron et l'ouvrier, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchi". Paul VI d'ailleurs poursuit en demandant un affermissement des réglementation, c'est-à-dire "des programmes, nécessaires pour encourager, stimuler, coordonner, suppléer et intégrer", reprenant d'ailleurs textuellement un voeu de Jean XXIII dans Mater et magistra.
Benoît XVI ne dit pas autre chose : "La sphère économique, écrit-il (comprenez : le Marché), n'est par nature ni éthiquement neutre ni inhumaine et antisociale. Elle appartient à l'activité de l'homme et justement parce qu'humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de façon éthique" (n°36). Structuration, organisation, on est loin de la théorie de la Main invisible d'Adam Smith. Le Marché n'est pas la Providence, il faut se rendre à l'évidence. S'il n'est pas structuré et organisé, il ne produira pas de lui-même les "harmonies économiques" chères à Frédéric Bastiat... Quel dommage Madame Chombier : le Marché n'a rien à voir avec une tire lire ouverte à tous ni non plus (pour antiquiser ou classiciser mon propos) avec une corne d'abondance. Le Marché ? Décidément ce n'est pas la valise RTL, n'en déplaise au reagano-thatchéristes indécrottables La meilleure preuve en est d'ailleurs la crise économique que nous traversons, directement liée à la dérégulation américaine de l'immobilier et des prêts y afférant et à la confiance indue placée dans toutes les bulles spéculatives imaginables.
J'entends déjà certains de mes lecteurs me dire : mais alors, si Benoît XVI n'est pas libéral, si pour lui la première urgence c'est de structurer et d'organiser le Marché, alors... il est... socialiste. Ne l'est-il pas quand il stigmatise les écarts de richesse et quand il revendique comme objectif prioritaire la satisfaction d'un droit de tous au travail ?
Je suis au regret de dire à ces lecteurs que je n'ai pas vu l'ombre d'une apologie du collectivisme que ce soit l'appropriation collective des moyens de production ou l'appel à développer une fumeuse propriété collective, non, je n'ai rien vu de tout cela dans l'encyclique. Benoît XVI n'est pas socialiste...
Simplement il se présente devant les chrétiens et devant l'humanité tout entière en ayant pris acte de la crise économique. C'est elle qui oblige à reparler de régulation et de structuration toute personne un peu sensée : "La crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire, à nous donner de nouvelles règles, à trouver de nouvelles formes d'engagement, à miser sur les expériences positives et à rejeter celles qui sont négatives. Elle devient ainsi une occasion de discernement et elle met en capacité d'élaborer de nouveaux projets" (n°21).
Nouveaux projets ? Il ne s'agit à l'évidence pas du vieux socialisme, même repeint aux couleurs du XXIème siècle. Benoît XVI se trouve encore et toujours dans le Ni... Ni..., ni libéral ni socialiste, cher à tous les papes depuis Léon XIII.
Mais qu'est-ce qui est nouveau dans la position de Benoît XVI ? Il me semble que c'est ce qu'il précise lui-même au n°32 déjà cité. Alors que l'on aurait pu contester certains aspects de l'enseignement de l'Eglise, comme marquant une sorte d'irréalisme antiéconomique, Benoît XVI adhère, lui, explicitement à ce qu'il nomme la "raison économique". Il accepte que la doctrine sociale de l'Eglise ne se place pas dans un devoir être proche de l'utopie (cf. Paul VI : Octogesimo adveniens n°36, louant "cette forme de critique de la société existante qui provoque la raison prospective pour percevoir dans le présent le futur ignoré et pour orienter vers un avenir neuf" et qui note que "soutenant la dynamique sociale par la confiance", cette critique "rencontre l'esprit chrétien").
Pour Benoît XVI, l'Eglise ne s'en remet pas à l'avenir et affronte la réalité d'aujourd'hui avec son urgence (il cite en latin saint Paul : Caritas Christi urget nos). La raison économique nous force à prendre en compte non seulement le court-termisme auquel nous oblige la Loi du Marché (n°32 in fi.) mais des motifs humains à plus long terme dont l'incidence sur l'économie réelle est tout aussi importante : exemple ? "L'augmentation massive de la pauvreté" (qu'engendre par exemple l'obsession occidentale du low cost) "a un impact négatif sur le plan économique à travers l'érosion du capital social". Ce que les néo-libéraux n'ont pas compris c'est que seule la prospérité des sociétés, en Occident mais aussi dans les pays émergents et encore dans les pays moins développés représentait "un capital social", une richesse dont le Marché lui-même a besoin.
Astreint à la Loi d'airain du court-termisme, le Marché plonge dans la crise. Un peu plus loin le pape revient sur cette idée : "Abandonné au seul principe de l'équivalence de valeur des biens échangés, le marché n'arrive pas à produire la cohésion sociale dont par ailleurs il a besoin pour bien fonctionner". Laissé à lui-même, le Marché se détruit. Il faut le défendre, en quelque sorte contre lui-même et cesser d'opposer le "social" à "l'économique", alors que l'un ne va pas sans l'autre.
De quoi a besoin le Marché, en dehors des impératifs immédiats de rentabilité, qui trop souvent sont seuls pris en compte ? Il a besoin de confiance (n°35 in medio). Et il a besoin de richesses ou de ce que le pape appelle "le capital social" (parenthèse : on retrouve là implicitement le vieux raisonnement de Marx sur la paupérisation universelle comme fin du capitalisme). Pour faire naître et cette confiance et ce capital social stable, "le Marché ne peut pas compter seulement sur lui-même, il a besoin d'autres sujets qui sont capables de les faire naître" (n°35 in fi.).
Bref l'Eglise, avec 'd'autres sujets', se propose de défendre le Marché contre lui-même et contre "l'horreur économique", contre les horreurs du court-termisme et de la loi du Marché (rentabilité à tout prix). Elle entend contribuer à susciter la confiance et l'honnêteté nécessaires au développement de l'économie de marché dans laquelle nous nous trouvons.
Mais que pouvons nous opposer à l'exigence de rendement immédiat qui règne, on le comprend sur les entreprises ? Les Etats d'abord, qui selon Benoît XVI doivent jouer tout leur rôle, au service de l'homme. Mais "à notre époque, l'Etat se trouve dans la situation de devoir faire face aux limites que pose à sa souveraineté le nouveau contexte commercial et financier international, marqué par une mobilité croissante des capitaux financiers et des moyens de production matériels et immatériels" (n°24). Même si son rôle doit être réévalué (ibid), cette réévaluation ne suffira pas pour s'opposer à ce que la Vielle droite appelait naguère "la fortune anonyme et vagabonde". Comment les Etats nationaux pourraient ils à eux seuls faire face à l'internationalisation de la problématique économique. Certes il ya les organismes internationaux, mais ce sont des technostructures dont B. XVI critique à plusieurs reprises le fonctionnement, déplorant leur manque de transparence et leur manque d'efficacité. Il souligne le possible avènement d'une idéologie technocratique (par ex. n°70).
Contre cette perspective, il importe de trouver "des hommes" qui soient "des hommes droits" (n°71). Sans eux, "le développement est impossible" déclare le pape. Mais à quoi correspondent ces hommes qui ne sont pas des structures anonymes, sinon à l'invention d'un nouveau degré du politique. Face à la fortune anonyme et vagabonde, il importe que se dresse "une autorité mondiale" (n°67), polyarchique et subsidiaire, réellement politique et non technocratique, dont le rôle serait manifestement de dioscipliner le Marché en en faisant le lieu du véritable développement.
Utopie ? Dites vous. C'est peut-être surtout une nécessité que l'on n'a pas encore perçue mais qui s'affirmera toujours d'avantage face à l'horeur économique. Cette question de l'autorité mondiale est suscitée par la mondialisation technologique et commerciale de l'économie, face à laquelle l'Etat nation ou la réunion des Etats nation ne peuvent rien entreprendre. Benoît XVI, comme souvent l'Eglise l'a été, est peut être simplement un petit peu en avance. Elle ne cherche ni à détruire les nation ni à relativiser les identités (le problème des flux migratoires est d'ailleurs de ceux que cette autorité mondiale aurait sans doute à résoudre, tant ils apparaissent insolubles pour les seuls Etats nations).
Allez... disons que l'Eglise de ce pape de 85 ans, sauvé par l'Espérance, a sans doute 20 ans d'avance !
mercredi 8 juillet 2009
Caritasin veritate : l'ombre du cardinal de Lubac... conjurée.
Je n'attends pas plus longtemps pour vous donner quelques réactions à la lecture de l'encyclique Caritas in veritate. J'en suis au n°44. Je n'ai pas tout lu. Mais il me semble que dans cette encyclique, on doit louer d'abord l'art de la fresque, cette conception grandiose qui, à partir de Populorum progressio du pape Paul VI repense toute la doctrine sociale de l'Eglise, en ambitionnant d'en faire une charte internationale du développement au siècle de la mondialisation.
Mais comme un peintre parvenu au sommet de son art, le pape allie les qualités d'un génial peintre à freque (Michel Ange) et celles d'un étonnant, d'un surprenant miniaturiste (Vermeer). Il y a aussi l'art de la Miniature dans son encyclique, le sens de la formule, une manière de faire le point en quelques lignes sur des questions controversées, une façon d'accrocher au vol un détail de la scène qu'il dépeint, qui m'a ébloui.
Tant que nous en sommes aux métaphores artistiques, je ne connais que Soljenitsyne qui ait possédé à ce degré le sens de la Vérité macro-historique ou macro-romanesque et le goût de ces détails accroche-coeur qui font souvent la différence entre un bon professionnel de la République des Lettres et un génie (voir ses Nouvelles : Zacharie l'escarcelle etc.)
Benoît XVI a une idée mère : pas de développement au XXIème siècle comme à toutes les autres époques, sans que l'Eglise mère et maîtresse des nations ne fasse entendre sa voix d'une manière privilégiée.
Et autour de cette idée matricielle, c'est une constellation de mille points lumineux qui s'organise. Cela va du concile Vatican II au rôle sapientiel de la théologie et de la nature du Marché au statut de l'entrepreneur... Mais ne cédons pas à la tentation d'un inventaire qui, détruisant le contexte, serait forcément "à la Prévert".
Juste un détail, qui a attiré mon attention. A la fin de l'introduction, le pape se prononce "en faveur d'une société à la mesure de l'homme"(n°9). Et l'on a envie de dire : encore du bavardage humanitaire, plein de bonnes intentions mais vide de contenu.
Mais on n'a pas le temps de le penser que déjà la suite vous saute au visage : "à la mesure de l'homme et de sa dignité". La dignité, c'est chrétien, ça. On ne peut pas le nier. C'est le cri de l'Eglise au cours des Matines de Noël, où on lit ce Sermon de saint Léon (qui était pape lui aussi) : "Reconnais chrétien, ta dignité. Et puis alors, c'est tout à fait l'enseignement de Jean Paul II, qui ealte l'homme dans ce qu'il a de digne, l'homme lorsqu'il est digne, l'homme dans sa dignité. Benoît XVI est le digne continuateur de Jean Paul II. Il prêche à l'homme sa dignité d'homme.
Mais il y en a sans doute un certain nomre parmi vous qu'un wojtylisme, fût-il intégral, ne satisferait sans doute pas pleinement. Ceux-là doivent faire attention, car vient maintenant la patte du théologien Ratzinger. Il ne suffit pas de se dire "en faveur d'une société à la mesure de l'homme et de sa dignité". Benoît XVI ajoute : "une société à la mesure de l'homme, de sa dignité et de sa vocation".
Qu'est-ce que la vocation ? Non pas quelque chose qui serait réservé aux curés et aux bonnes soeurs, qui auraient entendu une voix leur enjoignant de ne vivre que pour le Christ. ce n'est pas cela la vocation. La vocation, c'est l'appel que Dieu fait retentir en chacun d'entre nous. A chacun Dieu fait sentir quel est le chemin par lequel il pourra se dépasser pour s'accomplir. Voilà la vocation. Elle est universelle. Elle est toujours une vocation à la sainteté, même s'il y a autant de formes de saintetés que de personnes sur la terre.
La vocation des êtres humains est intrinsèquement surnaturelle, autant qu'elle implique la nature individuelle de chacun. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Benoît XVI au n°18 : "La vocation chrétienne au développement concerne le plan naturel comme le plan surnaturel", indissociables l'un de l'autre. "Quand Dieu est éclipsé, notre capacité à reconnaître l'ordre naturel, le but, le bien commence à s'évanouir" (ibid).
Le fait que le pape emploie à nouveau ces termes de "naturel" et de "surnaturel" que l'oeuvre du cardinal de Lubac avait contribué à prohiber au corps défendant de son auteur me semble en soi digne de remarque.
Une société à la mesure de l'homme, de sa dignité et de sa vocation est donc une société ouverte au surnaturel et qui lui fait une place d'honneur. En effet, poursuit Benoît XVI, "définir le développement comme une vocation, c'est reconnaître d'un côté qu'il naît d'un appel transcendant et de l'autre qu'il est incapable de se donner par lui-même son sens ultime". Nous touchons là à quelque chose comme une définition théologique du surnaturel : ce qui a Dieu pour auteur et pour consommateur diraient les scolastiques en leur jargon. Eh bien, il faut comprendre que "le développement intégral de l'homme est une vocation"... qu'il est impossible sans la grâce.
Qu'est-ce que tout cela a à voir avec une encyclique sociale ? Eh bien ! ce thème de la "vocation" de chaque homme - repris à Paul VI dans Populorum progressio - constitue l'une des miniatures que l'on peut isoler dans cette vaste fresque, où le pape nous entretient avec beaucoup d'originalité de toutes les questions économiques, plus que jamais sur le mode ni... ni... (ni libéral ni socialiste), en produisant sur la mondialisation un discours à la fois foncièrement traditionnel et totalement nouveau, qui n'a pas fini de faire couler de l'encre sur ce Blog et ailleurs.
Mais comme un peintre parvenu au sommet de son art, le pape allie les qualités d'un génial peintre à freque (Michel Ange) et celles d'un étonnant, d'un surprenant miniaturiste (Vermeer). Il y a aussi l'art de la Miniature dans son encyclique, le sens de la formule, une manière de faire le point en quelques lignes sur des questions controversées, une façon d'accrocher au vol un détail de la scène qu'il dépeint, qui m'a ébloui.
Tant que nous en sommes aux métaphores artistiques, je ne connais que Soljenitsyne qui ait possédé à ce degré le sens de la Vérité macro-historique ou macro-romanesque et le goût de ces détails accroche-coeur qui font souvent la différence entre un bon professionnel de la République des Lettres et un génie (voir ses Nouvelles : Zacharie l'escarcelle etc.)
Benoît XVI a une idée mère : pas de développement au XXIème siècle comme à toutes les autres époques, sans que l'Eglise mère et maîtresse des nations ne fasse entendre sa voix d'une manière privilégiée.
Et autour de cette idée matricielle, c'est une constellation de mille points lumineux qui s'organise. Cela va du concile Vatican II au rôle sapientiel de la théologie et de la nature du Marché au statut de l'entrepreneur... Mais ne cédons pas à la tentation d'un inventaire qui, détruisant le contexte, serait forcément "à la Prévert".
Juste un détail, qui a attiré mon attention. A la fin de l'introduction, le pape se prononce "en faveur d'une société à la mesure de l'homme"(n°9). Et l'on a envie de dire : encore du bavardage humanitaire, plein de bonnes intentions mais vide de contenu.
Mais on n'a pas le temps de le penser que déjà la suite vous saute au visage : "à la mesure de l'homme et de sa dignité". La dignité, c'est chrétien, ça. On ne peut pas le nier. C'est le cri de l'Eglise au cours des Matines de Noël, où on lit ce Sermon de saint Léon (qui était pape lui aussi) : "Reconnais chrétien, ta dignité. Et puis alors, c'est tout à fait l'enseignement de Jean Paul II, qui ealte l'homme dans ce qu'il a de digne, l'homme lorsqu'il est digne, l'homme dans sa dignité. Benoît XVI est le digne continuateur de Jean Paul II. Il prêche à l'homme sa dignité d'homme.
Mais il y en a sans doute un certain nomre parmi vous qu'un wojtylisme, fût-il intégral, ne satisferait sans doute pas pleinement. Ceux-là doivent faire attention, car vient maintenant la patte du théologien Ratzinger. Il ne suffit pas de se dire "en faveur d'une société à la mesure de l'homme et de sa dignité". Benoît XVI ajoute : "une société à la mesure de l'homme, de sa dignité et de sa vocation".
Qu'est-ce que la vocation ? Non pas quelque chose qui serait réservé aux curés et aux bonnes soeurs, qui auraient entendu une voix leur enjoignant de ne vivre que pour le Christ. ce n'est pas cela la vocation. La vocation, c'est l'appel que Dieu fait retentir en chacun d'entre nous. A chacun Dieu fait sentir quel est le chemin par lequel il pourra se dépasser pour s'accomplir. Voilà la vocation. Elle est universelle. Elle est toujours une vocation à la sainteté, même s'il y a autant de formes de saintetés que de personnes sur la terre.
La vocation des êtres humains est intrinsèquement surnaturelle, autant qu'elle implique la nature individuelle de chacun. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Benoît XVI au n°18 : "La vocation chrétienne au développement concerne le plan naturel comme le plan surnaturel", indissociables l'un de l'autre. "Quand Dieu est éclipsé, notre capacité à reconnaître l'ordre naturel, le but, le bien commence à s'évanouir" (ibid).
Le fait que le pape emploie à nouveau ces termes de "naturel" et de "surnaturel" que l'oeuvre du cardinal de Lubac avait contribué à prohiber au corps défendant de son auteur me semble en soi digne de remarque.
Une société à la mesure de l'homme, de sa dignité et de sa vocation est donc une société ouverte au surnaturel et qui lui fait une place d'honneur. En effet, poursuit Benoît XVI, "définir le développement comme une vocation, c'est reconnaître d'un côté qu'il naît d'un appel transcendant et de l'autre qu'il est incapable de se donner par lui-même son sens ultime". Nous touchons là à quelque chose comme une définition théologique du surnaturel : ce qui a Dieu pour auteur et pour consommateur diraient les scolastiques en leur jargon. Eh bien, il faut comprendre que "le développement intégral de l'homme est une vocation"... qu'il est impossible sans la grâce.
Qu'est-ce que tout cela a à voir avec une encyclique sociale ? Eh bien ! ce thème de la "vocation" de chaque homme - repris à Paul VI dans Populorum progressio - constitue l'une des miniatures que l'on peut isoler dans cette vaste fresque, où le pape nous entretient avec beaucoup d'originalité de toutes les questions économiques, plus que jamais sur le mode ni... ni... (ni libéral ni socialiste), en produisant sur la mondialisation un discours à la fois foncièrement traditionnel et totalement nouveau, qui n'a pas fini de faire couler de l'encre sur ce Blog et ailleurs.
mardi 7 juillet 2009
Ah ! l'obéissance...
Le 7 juillet 2007 le pape octroyait son Motu proprio libéralisant la messe traditionnelle. Le 7 juillet 2009, il publie une encyclique, signée le 29 juin pour la fête des saints Pierre et Paul et sous embargo jusqu'à midi. 07 07, le chiffre de la perfection ?
C'est le 6 juillet - hasard de la numération : 7 - 1, la perfection, moins un : n'est pas pape qui veut! - que m'est parvenue la belle défense de l'obéissance que signe Antoine une fois de plus. Notre webmestre bien aimé étant parti en vacances, loin de toute connexion wifi, je vous communique moi même, avec les moyens du bord, le long message qu'il m'envoie, ayant fait l'effort de se procurer (par quelle voie ?) mon adresse personnelle : gdetanouarn2@wanadoo.fr. Je le remercie de tout coeur et vous livre volontiers son message:
Cher Antoine,
J'apprécie beaucoup que vous m'ayez d'abord envoyé ce mot personnel et signé (dont je n'ai conservé que vos initiales) et ensuite le raisonnement en trois points que le lecteur vient de prendre connaissance. Je crois que la vie est ainsi faite : Primum vivere, deinde philosophari. J'aime que vous ayez signé d'abord et que vous ayez réfléchi ensuite. "La raison, cette petite chose à la surface de nous même" disait Barrès. Je ne fais pas d'antiintellectualisme (ce serait un comble de ma part), mais je trouve que l'essentiel, pour que la discussion puisse être fructueuse, c'est la qualité de la relation de personne à personne et c'est ce que je ressens dans votre mail et dans le mot personnel, précédant l'explication (ou la tentative d'élucidation) que vous m'envoyez.
En vous relisant, je crois que je suis d'accord avec à peu près tout ce que vous dites.
Premièrement : je pourrais le faire, avec tel ou tel écho bien ou malveillant que j'ai pu recueillir sur place, mais il est inutile de rentrer dans le détail de la conduite de ce prêtre, le Père Guillevic, qui, quoi qu'il en soit de ses intentions personnelles, a obéi. Cette obéissance, toute gouvernée par le bien commun de l'Eglise, est une bonne chose. Elle ne saurait lui être reprochée. Elle doit être portée à son crédit.
Deuxièmement : vous citez la même formule évangélique que moi (pas le temps de vérifier, si par hasard elle ne se trouvait pas dans l'un de mes trois derniers posts, sachez que j'y ait pensé très fort) : "Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux". C'est un signe! J'allais dire : on est connecté pareil.
Troisièmement : vous stigmatisez ce que vous appelez avec bonheur les guerres de clan. C'était l'essentiel de mon propos. Non pas rentrer dans une nième croisade politique à l'intérieur de l'Eglise, mais inviter à l'amour du Royaume de Dieu au-delà des idéologie et surtout au-delà de ce mécanisme archaïque du Bouc émissaire, qui nous empêche de voir le bien à accomplir ensemble.
Si je vous ai donné l'impression de prendre personnellement à partie l'abbé Guillevic, je m'en excuse. Mon propos était de stigmatiser le terrorisme intellectuel et spirituel régnant dans la sainte Eglise et dont ses silences atteste qu'il est une victime et pas un acteur.
Vous ne le dites pas explicitement mais vous pensez sans doute qu'il aurait été plus habile de se taire et de remercier par mon silence de la faveur que constituait l'offre de la Basilique Sainte Anne. Nous avons remercié et nous remercions Raymond Centène du fond du coeur, je l'ai fait ici même avec une chaleur non feinte. Mais le connaissant pour avoir échangé assez longuement avec lui sur la terrasse du Séminaire français, je ne crois pas que Mgr aura mal pris ma défense de la liberté des enfants de Dieu, face aux mécanismes destructeurs qui orchestrent le consensus des chrétiens en dehors du seul consensus divin, celui qui a pour objet les vérités de la foi.
La question fondamentale que posent les silence de l'abbé Guillevic est la suivante : doit-on admettre que l'unité des chrétiens se réalise par l'union sacrée de tous contre quelques uns que l'on baptise "intégristes" et que l'on jette hors du campement ? Doit-on admettre que le Curé Guillevic évoque à demi mot ce consensus de tous contre quelques uns, en répondant aux journalistes : "Vous comprendrez bien que...". Comme si ses critères pour nous juger devaient être les mêmes que... les leurs ?
Il me semble que l'Eglise repose effectivement sur un consensus, celui qui naît d'une foi commune et que de ce point de vue, le curé Guillevic se serait honoré en disant : "Vous comprenez bien que nous avons, eux et nous, la même foi".
Détail direz-vous... Je crois que désormais nous ne sommes plus dans les années Soixante dix où une foi unitarienne tendait à remplacer la foi catholique à l'intérieur de l'Eglise. Ce silence et cette complicité affiché entre un prêtre et des journalistes qu'il ne connaît pas - plutôt qu'entre un prêtre et des prêtres dont il sait par hypothèse que leur foi est la même que la sienne - ce réflexe diabolisateur, qui matériellement ne repose sur rien, et qui chez le curé Guillevic se manifeste par un silence hautement revendiqué, demeure actuellement comme le principal obstacle pour réaliser cette union entre les catholiques, à laquelle nous invite avec tant d'insistance le Saint Père.
Dans ce Metablog expérimental, dont la première caractéristique est la liberté de parole, il m'a paru important que ces considérations aient lieu, et qu'elles soient bien précisées au fil de vos interventions et de mes réponses. Non pas par hargne ou amertume vis-à-vis de quiconque, mais pour... chercher l'air frais qui nous sortira de ces quarante longues années de plomb.
Cher Antoine, excusez ma hardiesse, qui aimerait n'être en rien polémique ou politique. J'abhorre la guerre des clans autant que vous. En 2006, j'ai organisé à Paris une grande Mutualité dont l'un des slogans était : La guerre de 70 est terminée. Rassurez-vous : ce n'est pas en 2009 que je vais m'amuser à la rallumer.
Message personnel : je serais ravi de vous connaître, cher Antoine. Je ne sais si vous êtes parisien. Mais si le coeur vous en dit et si votre travail vous en laisse le temps, vous pouvez m'appeler au o6 15 1o 75 82.
C'est le 6 juillet - hasard de la numération : 7 - 1, la perfection, moins un : n'est pas pape qui veut! - que m'est parvenue la belle défense de l'obéissance que signe Antoine une fois de plus. Notre webmestre bien aimé étant parti en vacances, loin de toute connexion wifi, je vous communique moi même, avec les moyens du bord, le long message qu'il m'envoie, ayant fait l'effort de se procurer (par quelle voie ?) mon adresse personnelle : gdetanouarn2@wanadoo.fr. Je le remercie de tout coeur et vous livre volontiers son message:
Bonjour Monsieur l'Abbé j'ai tenté de vous répondre par voie de commentaire sur le blog mais j'ai l'impression que ça n'est pas passé... donc je préfère vous envoyer directement ma réponse que vous pourrez mettre sur le blog ou non, comme vous le voudrez! Désolé de m'acharner sur ce sujet, mais j'ai tout dit dans mon commentaire, donc je n'en rajoute pas! je trouve que ce type de débat résume bien ce à quoi nous excellons pour perdre notre temps plutôt que de méditer la Révélation et j'ai été un peu déçu que ce soit vous qui l'ayez initié! Certes, entre les grenouilles de bénitier qui estiment que vous n'êtes pas assez ceci et moi qui vous trouve pas assez cela, il y a de quoi envoyer paître tout le monde et vous en avez le droit! Avec mes respectueuses salutations.A. B.Et voici ma réponse :
Merci pour ces nouvelles précisions, M. l'Abbé, mais je reste chiffonné par ce débat et sans doute n'ai-je pas été assez clair dans mon propos puisque certains estiment que ma charité est par trop iréniste ou que je demanderais de tendre l'autre joue...
Il m'importerait peu de n'être pas compris par des gens que je n'estimerais pas et de plus votre profondeur habituelle de vue, M. l'Abbé, me semble éloignée des propos grinçants que vous infligez au prêtre vannetais ; donc je m'explique une ultime fois!
A) Rien dans les propos de ce prêtre ne laisse à penser qu'il souhaite victimiser l'IBP, le faire passer pour un bouc puant ou non, ou autre. Il se contente d'affirmer qu'il se tait et qu'il obéit... Le journaliste croit pouvoir en déduire une opposition qui n'est certainement que dans sa tête et qu'il qu'il arrive assez adroitement à faire passer dans la nôtre. Je trouve cela manipulateur, injuste, peu respectueux de ce prêtre et de sa « présomption d'innocence »! On le considère coupable de diabolisation de l'IBP en extrapolant non ses propos mais son silence (!) , ce qui est parfaitement incompréhensible et illogique.
B) Si le silence de ce prêtre obéissant peut être interprété négativement et alors jugé comme une diabolisation de l'IBP, la dénonciation que vous en faites à votre tour dans trois posts successifs, M. l'Abbé, revient exactement à adopter le comportement dont vous l'accusez! En réalité, vous venez par trois fois de diaboliser ce prêtre, de le vouer aux Gémonies et à la vindicte populaire des commentateurs peu amènes de votre blog! Comme quoi on voit assez facilement la paille supposée dans l'œil de ce prêtre tout en pratiquant soi-même très concrètement l'attitude dont il ne serait, lui, qu'hypothétiquement coupable... En d'autres termes et quand bien même vous auriez raison sur le fond de l'analyse de la pensée de ce prêtre, est-il bien adroit pour dénoncer son attitude, d'utiliser exactement le même comportement que vous avez pourtant parfaitement symptomatisé, analysé et surtout dénoncé ? Bref, si ce prêtre pèche en stigmatisant l'IBP, que faisons-nous à notre tour en le lynchant ?
C) Je vais pousser le bouchon mais on aurait pu tirer grand profit de la méditation sur l'obéissance silencieuse de ce prêtre qui est celle qu'ont pratiquée les plus grands saints, à l'imitation du Christ, l'Agneau conduit au supplice sans ouvrir la bouche, selon le Prophète, qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort, par amour de son Père : avait-Il le choix ? Intéressant sujet de méditation théologique d'ailleurs, que cette notion de choix du Sauveur... En tant que Dieu, en tant qu'Homme, en tant que Fils de son Père, en tant que Fils de la Vierge Marie, en tant que Créateur, en tant que Justicier, en tant que Perfection absolue, en tant qu'Amour infini...
En conclusion, je trouve que cet échange montre combien la stigmatisation des tradis par les modernistes a été nourrie et entretenue par la stigmatisation inverse. Et pourtant : « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens... »
Conclusion de la conclusion : j'aime bien vos posts quand ils nourrissent la méditation spirituelle et la connaissance théologique ; c'est ça qui manquait à la FSSPX!... En revanche, laissons-lui les polémiques stériles et les combats politiques! (voilà qu'à mon tour je ne peux m'empêcher de stigmatiser la FSSPX ;-)) Car je pense que nous avons plus besoin d'une spiritualité exprimée en termes d'aujourd'hui que de monômes liturgiques qui parlent de guerres collectives de clan et non de l'union de l'âme avec Dieu...
Cher Antoine,
J'apprécie beaucoup que vous m'ayez d'abord envoyé ce mot personnel et signé (dont je n'ai conservé que vos initiales) et ensuite le raisonnement en trois points que le lecteur vient de prendre connaissance. Je crois que la vie est ainsi faite : Primum vivere, deinde philosophari. J'aime que vous ayez signé d'abord et que vous ayez réfléchi ensuite. "La raison, cette petite chose à la surface de nous même" disait Barrès. Je ne fais pas d'antiintellectualisme (ce serait un comble de ma part), mais je trouve que l'essentiel, pour que la discussion puisse être fructueuse, c'est la qualité de la relation de personne à personne et c'est ce que je ressens dans votre mail et dans le mot personnel, précédant l'explication (ou la tentative d'élucidation) que vous m'envoyez.
En vous relisant, je crois que je suis d'accord avec à peu près tout ce que vous dites.
Premièrement : je pourrais le faire, avec tel ou tel écho bien ou malveillant que j'ai pu recueillir sur place, mais il est inutile de rentrer dans le détail de la conduite de ce prêtre, le Père Guillevic, qui, quoi qu'il en soit de ses intentions personnelles, a obéi. Cette obéissance, toute gouvernée par le bien commun de l'Eglise, est une bonne chose. Elle ne saurait lui être reprochée. Elle doit être portée à son crédit.
Deuxièmement : vous citez la même formule évangélique que moi (pas le temps de vérifier, si par hasard elle ne se trouvait pas dans l'un de mes trois derniers posts, sachez que j'y ait pensé très fort) : "Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux". C'est un signe! J'allais dire : on est connecté pareil.
Troisièmement : vous stigmatisez ce que vous appelez avec bonheur les guerres de clan. C'était l'essentiel de mon propos. Non pas rentrer dans une nième croisade politique à l'intérieur de l'Eglise, mais inviter à l'amour du Royaume de Dieu au-delà des idéologie et surtout au-delà de ce mécanisme archaïque du Bouc émissaire, qui nous empêche de voir le bien à accomplir ensemble.
Si je vous ai donné l'impression de prendre personnellement à partie l'abbé Guillevic, je m'en excuse. Mon propos était de stigmatiser le terrorisme intellectuel et spirituel régnant dans la sainte Eglise et dont ses silences atteste qu'il est une victime et pas un acteur.
Vous ne le dites pas explicitement mais vous pensez sans doute qu'il aurait été plus habile de se taire et de remercier par mon silence de la faveur que constituait l'offre de la Basilique Sainte Anne. Nous avons remercié et nous remercions Raymond Centène du fond du coeur, je l'ai fait ici même avec une chaleur non feinte. Mais le connaissant pour avoir échangé assez longuement avec lui sur la terrasse du Séminaire français, je ne crois pas que Mgr aura mal pris ma défense de la liberté des enfants de Dieu, face aux mécanismes destructeurs qui orchestrent le consensus des chrétiens en dehors du seul consensus divin, celui qui a pour objet les vérités de la foi.
La question fondamentale que posent les silence de l'abbé Guillevic est la suivante : doit-on admettre que l'unité des chrétiens se réalise par l'union sacrée de tous contre quelques uns que l'on baptise "intégristes" et que l'on jette hors du campement ? Doit-on admettre que le Curé Guillevic évoque à demi mot ce consensus de tous contre quelques uns, en répondant aux journalistes : "Vous comprendrez bien que...". Comme si ses critères pour nous juger devaient être les mêmes que... les leurs ?
Il me semble que l'Eglise repose effectivement sur un consensus, celui qui naît d'une foi commune et que de ce point de vue, le curé Guillevic se serait honoré en disant : "Vous comprenez bien que nous avons, eux et nous, la même foi".
Détail direz-vous... Je crois que désormais nous ne sommes plus dans les années Soixante dix où une foi unitarienne tendait à remplacer la foi catholique à l'intérieur de l'Eglise. Ce silence et cette complicité affiché entre un prêtre et des journalistes qu'il ne connaît pas - plutôt qu'entre un prêtre et des prêtres dont il sait par hypothèse que leur foi est la même que la sienne - ce réflexe diabolisateur, qui matériellement ne repose sur rien, et qui chez le curé Guillevic se manifeste par un silence hautement revendiqué, demeure actuellement comme le principal obstacle pour réaliser cette union entre les catholiques, à laquelle nous invite avec tant d'insistance le Saint Père.
Dans ce Metablog expérimental, dont la première caractéristique est la liberté de parole, il m'a paru important que ces considérations aient lieu, et qu'elles soient bien précisées au fil de vos interventions et de mes réponses. Non pas par hargne ou amertume vis-à-vis de quiconque, mais pour... chercher l'air frais qui nous sortira de ces quarante longues années de plomb.
Cher Antoine, excusez ma hardiesse, qui aimerait n'être en rien polémique ou politique. J'abhorre la guerre des clans autant que vous. En 2006, j'ai organisé à Paris une grande Mutualité dont l'un des slogans était : La guerre de 70 est terminée. Rassurez-vous : ce n'est pas en 2009 que je vais m'amuser à la rallumer.
Message personnel : je serais ravi de vous connaître, cher Antoine. Je ne sais si vous êtes parisien. Mais si le coeur vous en dit et si votre travail vous en laisse le temps, vous pouvez m'appeler au o6 15 1o 75 82.
dimanche 5 juillet 2009
Je rentre de Vannes...
Il est 3 H... et je découvre cette belle discussion entre Antoine, Maciek (sur l'identité duquel j'ai ma petite idée) et des anonymes dont on ne sait pas s'ils sont un ou plusieurs.
Nous avons eu une cérémonie magnifique et j'en rends grâces à toutes les autorités qui l'ont permise. J'en parlais avec le bénévole qui chaque matin est le portier de Sainte Anne d'Auray et qui chaque matin me dit-il, durant quelques instants, avant d'ouvrir la grande porte, garde quelque chose du silence de ce lieu pour lui seul. Il y a une magie granitique de Sainte Anne d'Auray. Que ceux qui en doutent retrouvent les images de la visite qu'y fit Jean Paul II lors de son avant dernier voyage en France. La magie était au rendez-vous et ce n'était pas seulement Jean Paul II. Ce moment n'avait rien à voir avec saint Laurent sur Sèvre, ou avec Reims, ou avec Tours. Un peu comme, toutes proportions etc, ces ordinations (accomplies par le très paternel Mgr Apignalenzi) n'avaient rien à voir avec celles de Bordeaux les deux années dernières, ou de Courtalain.
Foi de Breton, c'est la magie de Sainte Anne.
Je ne veux pas revenir sur le Curé du lieu, à propos duquel j'ai entendu de la part des paroissiens, tout et son contraire. Le problème n'est pas de juger telle ou telle personne, mais de dénoncer la violence du terrorisme mental dont elles sont les victimes plus ou moins consentantes. Le mécanisme du Bouc émissaire dont l'IBP est actuellement victime un peu partout a pour propriété de terroriser ceux qu'il enrégimente, en les sommant de participer à l'unanimité lyncheuse, au lieu de défendre... le bouc.
Vous me direz : mais ne faut-il pas s'en prendre au bouc, parce qu'il est un bouc et que tout le monde c'est qu'un bouc, ça pue...
Le bouc émissaire a forcément des défauts, souligne souvent René Girard et ce sont ces défauts qui le désignent à la vindicte des lyncheurs. oedipe était boiteux et il était un étranger. Jonas aussi était un étranger pour les marins et en plus il dormait à fond de calle en pleine tempête au lieu de mettre la main à la pâte. On pourrait ainsi multiplier les exemples et, en arrivant à l'Institut du Bon Pasteur, souligner qu'il est trop jeune, souvent insolent à contre temps et surtout que ses origines en font un étranger pour la Cléricature d'aujourd'hui. Tout cela est vrai.
Mais même si le bouc est un animal puant, il reste la victime et il ne faut jamais confondre la victime et le bourreau. Ou alors ça fait du Baudelaire (Je suis la plaie et le couteau et la victime et le bourreau) et c'est le spleen assuré pour tout le monde : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l'esprit gémissant..."
Non, pitié. Il fait déjà si chaud dehors. Allégeons l'atmosphère en désamorçant les mécanismes aliénant, qui sont indignes de ce Royaume de Dieu sur la terre qu'est la sainte Eglise.
Juste une petite réponse à l'anonyme : expérience faite, même un bon coup de fourchette en commun ne nous délivrera pas de ce mécanisme satanique de la satanisation du prochain. Pour se délivrer du mécanisme, il faut surtout le connaître, le reconnaître. D'où ces trois derniers posts, forcément un peu grinçants, puisqu'il s'agit de casser le mécanisme du diable.
Nous avons eu une cérémonie magnifique et j'en rends grâces à toutes les autorités qui l'ont permise. J'en parlais avec le bénévole qui chaque matin est le portier de Sainte Anne d'Auray et qui chaque matin me dit-il, durant quelques instants, avant d'ouvrir la grande porte, garde quelque chose du silence de ce lieu pour lui seul. Il y a une magie granitique de Sainte Anne d'Auray. Que ceux qui en doutent retrouvent les images de la visite qu'y fit Jean Paul II lors de son avant dernier voyage en France. La magie était au rendez-vous et ce n'était pas seulement Jean Paul II. Ce moment n'avait rien à voir avec saint Laurent sur Sèvre, ou avec Reims, ou avec Tours. Un peu comme, toutes proportions etc, ces ordinations (accomplies par le très paternel Mgr Apignalenzi) n'avaient rien à voir avec celles de Bordeaux les deux années dernières, ou de Courtalain.
Foi de Breton, c'est la magie de Sainte Anne.
Je ne veux pas revenir sur le Curé du lieu, à propos duquel j'ai entendu de la part des paroissiens, tout et son contraire. Le problème n'est pas de juger telle ou telle personne, mais de dénoncer la violence du terrorisme mental dont elles sont les victimes plus ou moins consentantes. Le mécanisme du Bouc émissaire dont l'IBP est actuellement victime un peu partout a pour propriété de terroriser ceux qu'il enrégimente, en les sommant de participer à l'unanimité lyncheuse, au lieu de défendre... le bouc.
Vous me direz : mais ne faut-il pas s'en prendre au bouc, parce qu'il est un bouc et que tout le monde c'est qu'un bouc, ça pue...
Le bouc émissaire a forcément des défauts, souligne souvent René Girard et ce sont ces défauts qui le désignent à la vindicte des lyncheurs. oedipe était boiteux et il était un étranger. Jonas aussi était un étranger pour les marins et en plus il dormait à fond de calle en pleine tempête au lieu de mettre la main à la pâte. On pourrait ainsi multiplier les exemples et, en arrivant à l'Institut du Bon Pasteur, souligner qu'il est trop jeune, souvent insolent à contre temps et surtout que ses origines en font un étranger pour la Cléricature d'aujourd'hui. Tout cela est vrai.
Mais même si le bouc est un animal puant, il reste la victime et il ne faut jamais confondre la victime et le bourreau. Ou alors ça fait du Baudelaire (Je suis la plaie et le couteau et la victime et le bourreau) et c'est le spleen assuré pour tout le monde : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l'esprit gémissant..."
Non, pitié. Il fait déjà si chaud dehors. Allégeons l'atmosphère en désamorçant les mécanismes aliénant, qui sont indignes de ce Royaume de Dieu sur la terre qu'est la sainte Eglise.
Juste une petite réponse à l'anonyme : expérience faite, même un bon coup de fourchette en commun ne nous délivrera pas de ce mécanisme satanique de la satanisation du prochain. Pour se délivrer du mécanisme, il faut surtout le connaître, le reconnaître. D'où ces trois derniers posts, forcément un peu grinçants, puisqu'il s'agit de casser le mécanisme du diable.
vendredi 3 juillet 2009
Ce que je reproche, Antoine
...au Curé de Sainte Anne d'Auray qui a la gentillesse de nous accueillir, ce n'est pas sa profession d'obéissance, c'est que, lui parmi tant d'autres, il joue le jeu de la diabolisation, qui me semble vraiment un jeu diabolique. Le jour où on aura compris que diaboliser son prochain (en particulier entre chrétiens), c'est un acte antiévangélique, il me semble que l'on aura fait un grand pas vers la santé dans l'Eglise.
Pour qui a un peu lu René Girard, la diabolisation est lié au mécanisme du bouc émissaire qui caractérise les sociétés archaïques. Il est quand même dommage de constater que, à mots couverts ou à insultes découvertes, cette diabolisation, de part et d'autre (je veux dire qu'on soit "conciliaire" ou "tradi"), ait cours dans l'Église. C'est le cas de répéter avec le Christ que si notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens (c'est-à-dire celle des sociétés préchrétiennes) nous n'entrerons pas dans le Royaume des Cieux.
Si les chrétiens étaient plus nombreux à vivre de cette logique de la charité qui refuse le Bouc émissaire comme un mécanisme diabolisateur, indigne de la grâce qui les a régénérés, ils seraient certainement, toutes liturgies confondues, plus crédibles. Mais si dans l'Église c'est comme ailleurs, il ne faut pas s'étonner qu'on ne fasse qu'y passer.
Reste Antoine que vous avez raison de louer l'obéissance du curé.
Message personnel à mon cher Webmestre : techniquement je n'arrive plus à répondre "dans le fil". C'est ce qui vous vaut à tous cette réponse solennelle et un peu longue.
Pour qui a un peu lu René Girard, la diabolisation est lié au mécanisme du bouc émissaire qui caractérise les sociétés archaïques. Il est quand même dommage de constater que, à mots couverts ou à insultes découvertes, cette diabolisation, de part et d'autre (je veux dire qu'on soit "conciliaire" ou "tradi"), ait cours dans l'Église. C'est le cas de répéter avec le Christ que si notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens (c'est-à-dire celle des sociétés préchrétiennes) nous n'entrerons pas dans le Royaume des Cieux.
Si les chrétiens étaient plus nombreux à vivre de cette logique de la charité qui refuse le Bouc émissaire comme un mécanisme diabolisateur, indigne de la grâce qui les a régénérés, ils seraient certainement, toutes liturgies confondues, plus crédibles. Mais si dans l'Église c'est comme ailleurs, il ne faut pas s'étonner qu'on ne fasse qu'y passer.
Reste Antoine que vous avez raison de louer l'obéissance du curé.
Message personnel à mon cher Webmestre : techniquement je n'arrive plus à répondre "dans le fil". C'est ce qui vous vaut à tous cette réponse solennelle et un peu longue.
jeudi 2 juillet 2009
Une déclaration du Curé de Sainte Anne d'Auray
On lit dans Ouest France, à l'occasion des ordinations de l'IBP qui ont lieu samedi prochain :
En tant que chrétien, il aurait pu dire au journaliste : "Vous comprenez bien que ma manière de célébrer n'est pas la leur, mais, comme Mgr Barbarin l'a dit dans une déclaration historique au Progrès de Lyon, "Je suis pour la diversité dans l'Eglise". Je souhaite que toutes les richesses spirituelles authentiquement catholiques puissent s'exprimer".
Voilà qui aurait été authentique tolérance et vraie charité.
Au lieu de cela, le curé dit simplement : "Vous comprenez bien que je ne veux rien dire". "Vous comprenez bien que je me contente d'obéir", à Rome, au nonce apostolique...
Mais pourquoi FAUT-IL comprendre cela ?
Pourquoi ne pas faire comme dans l'Evangile ? Pourquoi ne pas aller à la rencontre de ceux qui sont publiquement maltraités, insultés bafoués, au lieu d'en rajouter dans ce registre ? Pourquoi ne pas déclarer : je suis chrétien et je souhaite aller à la rencontre de ces chrétiens que le Saint Siège a accueillis ?
Cela aurait vraiment une autre allure.
Je suis en train de lire Un autre de Imre Kertesz, un juif hongrois, déporté à Auschwitz en 1944 (coll. Babel LdP). Il souligne, en passant : "Le problème, avec les chrétiens, c'est que si peu d'entre eux soient vraiment chrétiens".
Je ne dis pas que le curé de Sainte Anne d'Auray n'est pas chrétien. Qui suis-je pour le juger ? Mais je trouve dommage que la règle de nos relations soit manifestement autre chose que l'Evangile et que, trop souvent, on ne découvre pas chez les Pasteurs, cette ouverture inconditionnelle à l'autre (en l'occurrence le traditionaliste), que l'Evangile nous a habituée à considérer comme non facultative.
Disant cela, je n'engage que moi. Mais j'aimerais contribuer à assainir l'atmosphère. Il faudrait, une bonne fois que tous ensemble on mette au service de Dieu... notre coeur.
Il ne s'agit pas là de sentimentalisme mais de vérité : "Celui qui FAIT la vérité vient à la lumière".
"Qu'en pense le clergé local ? « Vous comprendrez bien que je ne souhaite pas m'exprimer, répond le père André Guillevic, en charge de la paroisse. Nous ne faisons qu'obéir à ce qui nous ait demandé par Rome par l'intermédiaire de l'annonciature apostolique de Paris. »Manifestement André Guillevic n'a rien de précis à nous reprocher. Il ne nous connaît pas, ne nous a jamais rencontré, ne cherchera sans doute pas à le faire et, en tout cas n'en manifeste pas l'intention. Pour lui l'affaire est claire : "Vous comprenez bien que je ne souhaite pas m'exprimer, nous ne faisons qu'obéir" explique ce prêtre qui est certainement l'une des éminences du diocèses de Mgr Centène.
Ce qu'il faut comprendre, et que les prêtres ne peuvent dire, c'est que le clergé local a d'abord refusé ces ordinations avant de devoir dire « amen ». L'évêque de Vannes s'y serait lui-même opposé. Si la nouvelle communauté traditionaliste est la première du genre reconnue par le pape Benoît XVI, il n'en reste pas moins que chez les fidèles et les religieux, la mouvance traditionaliste fait encore penser aux « intégristes » de Mgr Lefebvre".
En tant que chrétien, il aurait pu dire au journaliste : "Vous comprenez bien que ma manière de célébrer n'est pas la leur, mais, comme Mgr Barbarin l'a dit dans une déclaration historique au Progrès de Lyon, "Je suis pour la diversité dans l'Eglise". Je souhaite que toutes les richesses spirituelles authentiquement catholiques puissent s'exprimer".
Voilà qui aurait été authentique tolérance et vraie charité.
Au lieu de cela, le curé dit simplement : "Vous comprenez bien que je ne veux rien dire". "Vous comprenez bien que je me contente d'obéir", à Rome, au nonce apostolique...
Mais pourquoi FAUT-IL comprendre cela ?
Pourquoi ne pas faire comme dans l'Evangile ? Pourquoi ne pas aller à la rencontre de ceux qui sont publiquement maltraités, insultés bafoués, au lieu d'en rajouter dans ce registre ? Pourquoi ne pas déclarer : je suis chrétien et je souhaite aller à la rencontre de ces chrétiens que le Saint Siège a accueillis ?
Cela aurait vraiment une autre allure.
Je suis en train de lire Un autre de Imre Kertesz, un juif hongrois, déporté à Auschwitz en 1944 (coll. Babel LdP). Il souligne, en passant : "Le problème, avec les chrétiens, c'est que si peu d'entre eux soient vraiment chrétiens".
Je ne dis pas que le curé de Sainte Anne d'Auray n'est pas chrétien. Qui suis-je pour le juger ? Mais je trouve dommage que la règle de nos relations soit manifestement autre chose que l'Evangile et que, trop souvent, on ne découvre pas chez les Pasteurs, cette ouverture inconditionnelle à l'autre (en l'occurrence le traditionaliste), que l'Evangile nous a habituée à considérer comme non facultative.
Disant cela, je n'engage que moi. Mais j'aimerais contribuer à assainir l'atmosphère. Il faudrait, une bonne fois que tous ensemble on mette au service de Dieu... notre coeur.
Il ne s'agit pas là de sentimentalisme mais de vérité : "Celui qui FAIT la vérité vient à la lumière".
mercredi 1 juillet 2009
Réflexion sur le poisson
A l'origine de mon livre sur "Jonas et le désir absent", il y a cette idée simple que le livre de jonas n'est pas un conte théologique comme Pinocchio, avec sa baleine, a pu être un conte fantastique. Non ! Le poisson dans la Bible, c'est toujours le signe de la puissance du Mal, et c'est le schéol, ce mal qui fait de l'homme un être infiniment vulnérable et "prisonnier de la vanité" comme dit saint Paul aux Romains (lecture du 4ème dimanche après la Pentecôte en rite extra). Jonas dans le poisson, c'est Jonas aux enfers, Jonas en état de mort imminente.
Mon ami le Docteur B., dans une longue lettre, s'appuyant sur le Père de Monléon (dont le livre sur Jonas n'est pas le meilleur), me reproche de manquer au sens littéral. Mais c'est l'inverse ! Si le sens littéral est le sens que l'auteur sacré entendait donner à son texte, je crois que le poisson pour lui, c'est Léviathan (Job), c'est Rahab (Psaumes), c'est la Bête sortie de la mer (Apocalypse 13), c'est la puissance du mal et pas un vrai poisson. D'ailleurs dans les premiers versets du chapitre 2, au début de son Cantique, Jonas dit lui-même : "Du ventre du Schéol, j'ai crié vers toi". Il dit donc lui-même de quel ventre il s'agit et à quoi renvoie l'image du poisson. J'ai montré que la plupart des images de ce Cantique pouvait s'interpréter dans ce sens littéralement figuratif.
Mais en en discutant avec un ami, sur la terrasse toujours sympathique du Vaudeville, en face de la Bourse, avec la détente parfaite que procure l'amitié, c'est-à-dire la certitude d'être compris, alliée à... la qualité d'un service littéralement aux petits soins (pub gratuite !)... je me suis laissé suggérer l'idée suivante, qui elle va dans mon sens (littéralement figuratif et non littéralement littéral) mais plus loin encore.
Le poisson que les chrétiens avaient pris comme emblème, à cause des initiales de ichtus, en grec : Isous, Christos, Theou Uios, Sôter, Jésus le Messie, Fils de Dieu Sauveur, pourrait être aussi une allusion à l'histoire de Jonas, signe du Christ descendu aux enfers et ressuscité des morts, dans beaucoup de catacombes romaines.
En quelque sorte le Christ poisson est celui qui transforme le plomb en or, le péché en grâce : "Là où le péché a abondé, il fallait que la grâce surabonde" disait saint Paul aux Romains. Le Christ prenant le signe du poisson désarme Satan, alors même que, se laissant mettre à mort, il semble un moment lui donner raison.
Cette transposition, cette alchimie vitale est tout le secret du christianisme. Le Christ ne nous demande pas tant de faire l'expérience de Dieu (il faudrait être gnostique pour y prétendre infailliblement), que de faire l'expérience de notre propre misère, de notre péché invétéré, pour crier vers Lui, pour que naisse en nous l'espérance d'un salut qui ne vient pas de nous mais qui s'impose à nous, à cause de notre faiblesse. "Je ne suis pas venu pour les justes qui n'ont pas besoin de pénitence". "Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous", même les irréprochables et d'abord les sépulcres blanchis.
Faire l'expérience de notre misère... ce ne me semble pas très difficile... C'est le début d'une deuxième vie, la vie gracieuse, la vie graciée, la vie grâce au Christ.
Mon ami le Docteur B., dans une longue lettre, s'appuyant sur le Père de Monléon (dont le livre sur Jonas n'est pas le meilleur), me reproche de manquer au sens littéral. Mais c'est l'inverse ! Si le sens littéral est le sens que l'auteur sacré entendait donner à son texte, je crois que le poisson pour lui, c'est Léviathan (Job), c'est Rahab (Psaumes), c'est la Bête sortie de la mer (Apocalypse 13), c'est la puissance du mal et pas un vrai poisson. D'ailleurs dans les premiers versets du chapitre 2, au début de son Cantique, Jonas dit lui-même : "Du ventre du Schéol, j'ai crié vers toi". Il dit donc lui-même de quel ventre il s'agit et à quoi renvoie l'image du poisson. J'ai montré que la plupart des images de ce Cantique pouvait s'interpréter dans ce sens littéralement figuratif.
Mais en en discutant avec un ami, sur la terrasse toujours sympathique du Vaudeville, en face de la Bourse, avec la détente parfaite que procure l'amitié, c'est-à-dire la certitude d'être compris, alliée à... la qualité d'un service littéralement aux petits soins (pub gratuite !)... je me suis laissé suggérer l'idée suivante, qui elle va dans mon sens (littéralement figuratif et non littéralement littéral) mais plus loin encore.
Le poisson que les chrétiens avaient pris comme emblème, à cause des initiales de ichtus, en grec : Isous, Christos, Theou Uios, Sôter, Jésus le Messie, Fils de Dieu Sauveur, pourrait être aussi une allusion à l'histoire de Jonas, signe du Christ descendu aux enfers et ressuscité des morts, dans beaucoup de catacombes romaines.
En quelque sorte le Christ poisson est celui qui transforme le plomb en or, le péché en grâce : "Là où le péché a abondé, il fallait que la grâce surabonde" disait saint Paul aux Romains. Le Christ prenant le signe du poisson désarme Satan, alors même que, se laissant mettre à mort, il semble un moment lui donner raison.
Cette transposition, cette alchimie vitale est tout le secret du christianisme. Le Christ ne nous demande pas tant de faire l'expérience de Dieu (il faudrait être gnostique pour y prétendre infailliblement), que de faire l'expérience de notre propre misère, de notre péché invétéré, pour crier vers Lui, pour que naisse en nous l'espérance d'un salut qui ne vient pas de nous mais qui s'impose à nous, à cause de notre faiblesse. "Je ne suis pas venu pour les justes qui n'ont pas besoin de pénitence". "Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous", même les irréprochables et d'abord les sépulcres blanchis.
Faire l'expérience de notre misère... ce ne me semble pas très difficile... C'est le début d'une deuxième vie, la vie gracieuse, la vie graciée, la vie grâce au Christ.
Inscription à :
Articles (Atom)