dimanche 28 septembre 2008

Cercle Augustin Cochin

Le Cercle Augustin Cochin (CAC) est un groupe culturel composé de jeunes désireux de mieux connaître les richesses intellectuelles et spirituelles auxquelles leur Foi chrétienne leur donne accès. En 2008/2009, le CAC se penche sur la pensée de Benoît XVI. Étude des fondements philosophiques de sa pensée au 1er semestre, pour mieux comprendre sa théologie au 2nd semestre. La réunion d'ouverture a lieu le lundi 6 octobre à 20H00 au Centre Saint-Paul, à Paris.

vendredi 26 septembre 2008

Saint Paul est-il infréquentable ?

"Nous, tout ce que nous savons, si toutefois nous savons quelque chose, nous ne l'avons pas appris grâce aux qualités et grâce aux forces de notre esprit, mais bien plutôt dans un entretien continu avec cet homme -Paul - et dans l'affection que nous lui portons". Ainsi parlait saint Jean Chrysostome au IVème siècle. Mais beaucoup d'eau a passé sous les ponts de l'histoire et rares sont ceux qui continuent à penser que saint Paul est un personnage non seulement intelligent - c'est un des plus grands génies de l'histoire de l'humanité - non seulement fascinant -il a dévoré à belles dents deux cultures, la juive et la grecque, pour s'installer au nom du Christ juste au milieu - mais tout simplement... sympathique.

A ses amis Philippiens, les premiers Grecs de Grèce, les premiers Grecs d'Europe qu'il ait rencontrés après avoir traversé le Bosphore, il se présente sans concessions : "Ayant été circoncis au huitième jour, étant de la race d'Israêl, de la tribu de Benjamin, né hébreu, de père hébreu, pour ce qui est de la manière d'observer la Loi, ayant été pharisien, pour ce qui est du zèle du judaïsme, ayant été jusqu'à persécuter l'Eglise, et pour ce qui est de la justice de la Loi, ayant mené une vie irréprochable". Il ne cherche pas à adoucir ou à édulcorer son portrait moral ! C'est vrai qu'aujourd'hui on dira sans doute : pas très sexy le gars !

A-t-on mesuré quelle intensité d'amour suppose, au moins en germe, une telle observation de la Loi juive, une consécration de son existence qui lui permette de déclarer en toute modestie et sans effets de manches : "j'étais irréprochable". Rencontrer saint Paul, c'est d'abord percevoir cette intensité sans pareille. Avant et après sa conversion sur le Chemlin de damas, c'est la même intensité, la même exigence, le même perfectionnisme. Mais après le Chemin de damas, le perfectionnisme de saint paul cesse de s'épuiser dans une observance minutieuse. Saul a rencontré, dans le Christ ressuscité, la perfection qui lui manquait et dont il était altéré. Son perfectionnisme intensif devient transformation, changement, conversion. "Nous ne mourrons pas tous, écrit-il aux Corinthiens en 50, mais tous nous serons transformés". La conversion au Christ n'est pas d'ordre moral. Elle est ontologique. Elle s'effectue dans l'épaisseur de l'existence. La conversion au Christ est une transformation dans le Christ : "tous nous serons transformés".

Saint Paul en perfectionniste aigu, était toujours insatisfait de lui-même. On a l'impression que, juif, la loi elle-même ne lui suffisait pas. Cette insatisfaction, on en possède la confidence au chapitre 7 de l'Epître aux Romains. Le vers qu'en a fait Racine est célèbre : "Je ne fais pas le bien que j'aime et je fais le mal que je hais".

Ce qu'il découvre c'est que le Christ, qui nous transforme tous en lui, en se donnant à nous, vient délivrer l'humanité de cette perpétuelle insatisfaction, de cet ennui chronique, de ce vague à l'âme de ce désespoir... Comment adhère-t-on au Christ ? par la Loi ? Non répond saint Paul, comme Abraham : par la foi.

Cette foi est seule capable de nous transformer dans celui auquel nous croyons. Comme le dit Jésus dans l'Evangile de Jean : "Croyez à la Lumière afin de devenir des enfants de Lumière". Saint Jean parle d'illumination. Les Synoptiques appellent cela le Royaume de Dieu, ce monde où l'homme, vivant de l'amour du Christ se transforme en "un homme nouveau" (et l'homme nouveau, c'est saint Paul qui en parle constamment : nova creatura dit-il aux Galates, une créature nouvelle, dans la jérusalem nouvelle. le Royaume de Dieu ? Saint Paul n'emploie jamais cette expression de Jésus. Mais il prêche le renouvellement de toutes choses en Jésus Christ. En plus abstrait, c'est le même thème : celui de la métamorphose qui attend toute créature.

Croire c'est reconnaître ce pouvoir de métamorphose qui se trouve en chaque personne, en tant qu'elle est un sujet, intelligent et libre. Tresmontant qui allait toujours à l'essentiel voyait dans Paul de Tarse le grand théoricien de cette métamorphose de l'homme qu'on appelle aussi le salut.

vendredi 19 septembre 2008

Une visite en crescendo

Après quelques jours, la bulle médiatique est retombée. Quelques méchancetés encore sont lancées à retardement sur la visite du pape de la paix, dans Marianne par exemple, de fausses flèches de Parthe qui n'atteignent d'ailleurs que ceux qui les lancent.
Ce qui est admirable dans l'ensemble, dans le corpus doctrinal que composent les différents discours, c'est que lorsqu'on les relit, indépendamment des circonstances qui les ont fait naître, ils s'avèrent encore plus riches et toujours plus profonds. Mon ami et néanmoins confrère, l'abbé René Sébastien Fournié, me faisait remarquer tout à l'heure que ces discours se déploient selon un ordre extrêmement clair, balayant tous les sujets, depuis l'identité chrétienne de la France (discours à l'Elysée), en passant par la culture comme quête de Dieu (aux Bernardins), puis en ajoutant que cette quête est celle de la vérité qui est le Christ (aux jeunes), ce qui nous interdit les idoles (Invalides) en nous groupant autour du Saint Sacrifice de la messe (idem, deuxième partie), pour nous faire atteindre le Ciel, sa Lumière et le sourire de Marie (Lourdes). Et puis, lorsqu'on a contemplé le Ciel, comme le philosophe platonicien, il faut redescendre dans la Caverne, en l'occurrence dans l'Eglise. Il faut régler les problèmes qui s'y posent, non pas selon le caprice de l'instant ou selon l'opinion dominante, mais selon ce que l'on a contemplé.
Il n'y a pas opposition entre le pape de l'intériorité qui est apparu partout et le pape de l'ordre et de la foi qui s'est adressé aux évêques. Contempler ne suffit pas, il faut transmettre aux autres ce que l'on a contemplé. Il faut les inviter à vivre selon la vérité...
C'est parce que Benoît est un vrai contemplatif qu'il est en même temps foncièrement actif et efficace. L'évangile de l'Exaltation de la Sainte Croix que nous avons lu dimanche dernier me semble indiquer cet itinéraire, qui va de la contemplation à l'action : "Marchez dans la Lumière tant que vous avez la Lumière, croyez en la lumière afin de devenir des enfants de Lumière". Croyez afin de devenir !
Telle est la foi, cette connaissance voilée de Dieu en lui-même, du Dieu qui parle, du Dieu qui se révèle, qui transforme celui qui connaît en le faisant devenir d'une certaine manière ce qu'il connaît. Il me semble que l'assurance tranquille du petit homme en blanc vient de la confiance qu'il a dans la faculté transformatrice de la foi.
"Tout avait bien commencé" écrit Témoignage chrétien à propos de ce séjour papal en France. Et d'expliquer que la mise au point faite aux évêques a représenté une lamentable chute dans le conservatisme. Et de laisser les lecteurs conclure que tout a donc très mal fini. Mais c'est tout le contraire qui est vrai : la leçon aux évêques (comme dit le Figaro) est bien l'akmé de ce voyage en crescendo. C'est le moment où le pape est le plus pasteur, où il est pasteur des pasteurs, serviteur des serviteurs de Dieu. C'est le moment où il transmet avec assurance la puissance transformatrice de la foi (dans sa dernière encyclique, il a donné à cette puissance transformatrice son vrai nom : c'est l'espérance théologale). Ceux qui manquent à l'espérance, en pensant que le pape aurait dû imaginer des solutions en dehors de ce que la foi nous a transmis, ceux qui crient haro sur le conservatisme du pape allemand devraient réfléchir un instant à la puissance transformatrice qui habite un coeur que la foi a saisi.
Rien n'est moins conformiste, rien n'est plus inattendu qu'un chrétien qui s'est laissé saisir par la parole de Dieu. La fidélité à la parole reçue, qu'évoque le pape dans sa Conférence aux Bernardins, n'a rien à voir avec le fondamentalisme, comme il l'a souligné. L'exactitude de la parole transmise ne signifie aucune crispation rétrograde. Elle est au contraire la condition de possibilité d'une transformation radicale : "Créez en moi Seigneur un coeur pur et innovez dans mes viscères un esprit droit" (Psaume 50). La fidélité et l'exactitude des hommes permet à Dieu de parler à travers eux et de s'exprimer en eux, d'exprimer en eux une puissance inconnue sur notre terre, puissance de changement, d'innovation et même, disons-le, d'originalité personnelle. C'est ce que nous disons lorsqu'avant de célébrer la sainte Messe nous récitons le Psaume Judica me, en appelant sur nous, prêtres et fidèles, le Dieu qui réjouit la jeunesse, en confiant aux humains poussifs, lassés, précocement vieillis, la puissance transformante de son sacrifice propitiatoire.
Ce n'est pas un hasard si le pape a fait remarquer aux évêques cet enthousiasme des jeunes qui l'ont acclamé durant son parcours sur le sol français. La constante verdeur de ce pape de 82 ans est un appel à la jeunesse des coeurs qui se seront laissés renouveler par la foi.

samedi 13 septembre 2008

Benoît XVI recrute...

C'est en ces termes que le quotidien Libération, dans un article par ailleurs plutôt neutre, publié sur son blog, relate la messe de ce matin aux Invalides. "260 000 personnes à l'opération de recrutement de Benoît XVI". Et de citer le Saint Père, d'abord dans un style très wojtylien : "N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ. Puis dans un style quasi-lefebrien, au terme d'une longue évocation du Saint Sacrifice de la Messe : "Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde".

Alors que le nombre des entrées au Séminaire de Paris diminue dangereusement, un tel appel en un tel lieu et à un tel instant (le plus solennel de sa visite) n'est pas fortuit. Le pape espère bien toucher quelques jeunes hommes en leur demandant d'être avant tout "les hommes de la messe", les hommes qui, selon le terme théologique, "confectionnent" et sont seuls capables de confectionner le sacrifice de la messe.

Et il donne la raison pour laquelle ces jeunes hommes doivent répondre à l'appel. Il ne s'agit pas d'une réponse intérieure. Il ne s'agit pas de faire le bilan d'une expérience intérieure, il ne s'agit pas de savoir si le Bon Dieu ou votre ange gardien vous a un jour tapé sur l'épaule droite pour vous inviter à le suivre. il s'agit d'un argument objectif, purement externe, que je serais tenté d'appeler "ontologique", tellement il est pesant, oui tellement il s'impose à notre considération : "Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde".

Pourquoi le jeune homme doit-il répondre présent à l'appel du pape ? Pourquoi l'appel du pape est-il l'appel de Dieu même ? Parce que Dieu même a voulu se contraindre à utiliser ce moyen humain qu'est le sacerdoce, reçu par une poignée d'hommes toujours indignes, pour sauver le monde.

Que faut-il pour devenir prêtre ? Un contact direct avec Dieu ? Bien sûr que non : ce serait condamner les prêtres à l'imposture à un moment ou à un autre... Qui peut se targuer, sans mentir, d'être en contact permanent avec Dieu ?

Vous me direz :" Personne ne donne ce qu'il n'a pas. Le prêtre qui donne Dieu doit donc avoir Dieu". Et vous conclurez peut-être : moi je n'ai pas Dieu en moi. je ne suis donc pas concerné par cet appel.

Mais cet argument est faux. Le prêtre ne donne pas ce qu'il a, comme le remarquait déjà Bernanos de manière poignante dans le Journal d'un curé de campagne. le prêtre donne ce qu'il est. Il donne le pouvoir surnaturel qui, au jour de son ordination, l'a fait être autrement. ce pouvoir nouveau qui est le sien, il n'en connais d'ailleurs pas lui-même toute l'extension. "Si le prêtre savait, il en mourrait" disait le Curé d'Ars. Non seulement le prêtre ne donne pas ce qu'il a, mais il ne sais pas ce qu'il donne. il donne toujours plus (au moins s'il est respectueux de son sacerdoce) que ce qu'il croit donner. il donne Dieu. il donne le pouvoir que Dieu s'est ménagé dans le monde créé pour le salut de ce monde, ce pouvoir (exousia, potestas) dont jouit sur le coeur de Dieu chacun de ses enfants, pouvoir de devenir éternel. Il communique aux chrétiens qui sont "un peuple de prêtres" ce pouvoir qui est devenu le sien par son ordination ministérielle. Il est préposé à donner ce pouvoir qui le dépasse, qui le transforme à son propre insu en un donneur de Dieu, donnant non ce qu'il possède mais ce qu'il est.

Qu'est-ce qui est nécessaire pour faire un prêtre ? Au-delà des voies inscrutables de la Providence, matérialisées dans l'appel de l'évêque qui conclut la période de formation, ce qui est nécéssaire à un prêtre, c'est l'esprit de service. Le prêtre est "ministre", essentiellement ministre, ministre des dons de Dieu. Qu'est-ce qui fait un bon ministre, sinon son aptitude (constatable, concrète, vérifiable) à servir celui dont il est le ministre. S'il y a une prédisposition au sacerdoce, c'est cette ressemblance particulière avec le Christ, qui a dit, lui-même, le soir de sa Passion : "Voici que je suis au milieu de vous comme celui qui sert". Le reste, tout le reste est providentiel, c'est-à-dire insondable.

L'appel si profondément surnaturel, si réaliste, si objectif qu'a lancé Benoît XVI aux jeunes de France tout à l'heure m'a paru conforme aux théories théologiques les plus extrinsécistes sur la vocation, celle par exemple que développa au début du siècle dernier le Chanoine Lahitton, avec la bénédiction (à l'époque) du pape saint Pie X. Puissance traditionnelle de benoît XVI, même en un domaine où on ne l'attendait pas.

On me dira que je ne parle pas ici des vocations religieuses en général et des vocations féminines en particulier. Je crois que ces vocations-là, vocations à la perfection par et dans les voeux, vocations à l'offrande totale, holocaustes spirituels, sont d'un autre ordre que les vocation sacerdotales. Elles manifestent non seulement l'esprit de service mais un amour fou, qui donne tout sans rien exiger en retour. Qui dira un coeur de jeune fille qui, silencieusement et dans l'incompréhension générale, s'offre à son Seigneur ? Ces choses me semblent trop hautes pour que quelques lignes suffisent à les élucider... La vocation sacerdotale est vocation à un service d'Eglise et l'Eglise, depuis le commencement, a réfléchi sur les conditions de l'appel et sur la réponse à lui donner. La vocation religieuse relève d'un ordre plus secret, amoureux, tellement personnel... A celle-là s'applique le mot célèbre du chapitre 12 du Livre de Tobie : "Il est bon de tenir caché le secret d'un roi"

dimanche 7 septembre 2008

Veillée de prière pour le pape

Vendredi 12 septembre à 21 H 30, nous organisons au Centre Saint Paul une veillée aux intentions du Saint Père, comme il en existe dans plusieurs églises parisiennes.
Cette veillée a une histoire que je voudrais vous conter.
A la fin du mois de juin, j'ai appelé l'archevêché pour demander qu'une église parisienne puisse abriter la veillée que nous voulions organiser ce 12 septembre pour le pape. Mon interlocuteur m'encouragea. il semblait trouver l'idée bonne. Mais quelques jours plus tard, il me répondit que les traditionalistes devaient tous se regrouper à l'église Saint Germain l'Auxerrois, avec l'organisation laïque Pèlerinage de Tradition. Aujourd'hui du reste, sans doute pour des raisons de commodité, cette veillée a lieu à la paroisse Saint François Xavier, plus proche des Invalides.
Je souhaite un grand succès à la Veillée de Saint François Xavier, comme à celles qui seront organisées dans plusieurs autres églises parisiennes. Mais, réflexion faite, je ne crois pas qu'il soit nécessaire que notre communauté se joigne aux traditionalistes de Saint François Xavier.
Depuis trois ans, nous constituons une communauté vivante, qui attire plusieurs centaines de personnes chaque dimanche. C'est en communauté que nous allons prier pour le pape et pour son oeuvre de paix.
Je voudrais profiter de ce qui n'est en soi qu'un micro-événement (le refus de l'archevêché de Paris de prêter une église pour que notre communauté puisse prier pour le pape) pour souligner la véritable nature de notre combat. Lorsque Mgr Vingt-Trois met en garde les traditionalistes contre la tentation du repli communautariste, il a raison. Lorsqu'il demande à tous les traditionalistes de se réunir en un même lieu, au mépris des communautés existantes, il favorise ce communautarisme idéologique contre lequel il met en garde par ailleurs.
Lorsque l'an dernier certaines autorités du diocèse disaient aux catholiques qui assistent au rite traditionnel dans la chapelle Notre Dame du Lys : on supprime cette messe, vous êtes priés dorénavant de traverser la Seine, c'était au nom de la même ghettoïsation idéologique des traditionalistes (que l'on invitait en l'occurence à rejoindre Saint Germain L'Auxerrois).D'après certaines rumeurs, le scénario risque d'ailleurs de se reproduire cette année.
Lorsque le curé de Saint Pierre de Montrouge décide de ne pas reconnaître les membres du groupe stable auquel il a au début de l'année dernière octroyé la messe traditionnelle en la chapelle Saint Paul et de nommer lui-même les interlocuteurs auquel il souhaite s'adresser à ce sujet, il cède à la même tentation communautariste dans sa paroisse et au même mépris des communautés réelles.
Faire Eglise, c'est vivre au sein de communautés dans lesquelles chacun apporte une pierre différente à l'édifice. On ne peut pas être chrétien tout seul. On ne peut pas être respecté en tant que chrétien si l'on n'est pas respecté dans la communauté de prière à laquelle on participe.
L'évêque n'est pas le Père absolu d'atomes spirituels. Son troupeau n'est pas fait de particules élémentaires, qui se partageraient en différentes tendances idéologico-pastorales, il consiste en des communautés ou assemblées de prière (ekklesiai). A ces groupes réunis en son nom, le Christ a promis d'être au milieu d'eux. Dans une véritable communauté chrétienne, cette promesse est souvent comme tangible : quiconque s'en approche peut toucher du doigt la fidélité du Christ à cette promesse. D'un autre côté, les communautés doivent prier pour l'évêque et le soutenir dans son ministère sacré ; celles qui ne le font pas sont irrégulières. Mais l'évêque est celui qui fait vivre ces communautés et les encourage. Comme tous ceux qui sont investis d'une autorité évangélique, on peut dire qu'il est à leur service (Lc XXII, 26). L'esprit du Motu proprio dont on va célébrer le premier anniversaire, est, dès l'article 1, une manifestation de la sollicitude évangélique du Souverain pontife pour toutes les assemblées qui prient ou veulent prier selon les formes traditionnelles du Missel romain.
Je prie de tout coeur pour que nous trouvions, auprès de notre évêque et auprès des curés de la Capitale, la même sollicitude et le même respect non pas pour nos "idées" mais pour nos communautés.
On me dira : il y a eu des blessures dans le passé. C'est difficile de dépasser tout cela d'un coup. Il se trouve qu'en terminant la lecture d'un des romans les plus inspirés de l'année (pas du tout un "roman catholique" pourtant), Les déferlantes de Claudie Gallay, je tombe sur cette belle formule du pape Jean Paul II : "L'homme qui pardonne comprend qu'il y a une vérité plus grande que lui". Je crois que nous catholiques, nous devons dire que la vérité qui forme en nous la foi est plus importante que notre linge sale...

lundi 1 septembre 2008

Avec la rentrée viennent les bonnes résolutions ...

Chers amis,
Avec la rentrée, viennent les bonnes résolutions et les projets de l’année pour notre Centre Saint-Paul.
Mais tout d’abord quelques nouvelles de l’Institut du Bon Pasteur : le 11 octobre prochain, fête de la Maternité de la Vierge Marie, seront ordonnés à Bordeaux quatre nouveaux prêtres, parmi lesquels l’abbé Alexandre Berche, qui nous aide depuis trois ans dans le fonctionnement quotidien du Centre et qui, cette année, termine en parallèle sa licence de théologie à l’Université de Strasbourg. L’abbé Laguérie, supérieur général, l’a requis pour en faire son secrétaire particulier. Il nous quittera donc, en septembre, remplacé par l’abbé Vincent Baumann, ordonné lui aussi le 11 octobre prochain. C’est dire que ces ordinations et cette fête concernent particulièrement notre communauté parisienne. N’hésitez pas à téléphoner au Centre Saint Paul pour vous inscrire d’ores et déjà au repas qui suivra ces ordinations à Bordeaux.
Dès maintenant, nous préparons, dans la joie, la visite à Paris du pape Benoît XVI, qui ne sera dans notre Capitale que quelques heures, avant de rencontrer les évêques français à Lourdes.
Au Centre Saint Paul, aura lieu, en union avec plusieurs églises parisienne, une veillée de prière pour le pape, le vendredi 12 septembre à 21 H30. Cette veillée, où vous viendrez nombreux, sera toute centrée, en cette année « paulinienne », sur l’enseignement de saint Paul concernant l’Eglise. A Minuit, partira de Notre Dame de Paris vers les Invalides un « chemin de lumière », auquel ceux d’entre vous qui le souhaitent ou qui le peuvent s’associeront. Nous tenons particulièrement à être nombreux pour soutenir de notre présence et de nos prières le ministère écrasant de notre pape et tout ce qu’il a entrepris en faveur de la liberté liturgique depuis son avènement.
Puisque je viens de vous parler de saint Paul et de l’année paulinienne, je voudrais également vous signaler que, à partir du dimanche 21 septembre prochain, chaque semaine jusqu’à la fin des festivités en 2009, je donnerai moi-même une conférence sur saint Paul et en particulier son message spirituel pour aujourd’hui. Un Colloque Saint Paul sera organisé au cours du premier trimestre.
De plus, dans une perspective missionnaire, le Centre saint Paul a accepté d’animer tous les lundis une journée portes ouvertes au Parloir chrétien. Cela se tiendra de l’autre côté de la Seine, dans le quartier Saint Sulpice, Rue du Vieux Colombier, dès le 2 septembre prochain. Au programme : libations, discussions, ventes de livres par thème et café philo.
Enfin, à l’occasion de l’année jubilaire au Mont Saint Michel, nous envisageons d’y organiser un week-end, non pas le jour de la fête du Saint, le 29 septembre prochain : le Mont sera sans doute impraticable ce jour-là. Mais nous comptons nous y rendre durant la deuxième quinzaine d’octobre, les 25 et 26 octobre, au début des vacances de Toussaint.
A la mi septembre, nous reprenons progressivement les activités habituelles, cours (latin, grec, arabe), conférences du mardi, cours de broderie, auquel vient s’adjoindre cette année un cours de musique, avec une spécialiste. Par ailleurs, le Cercle Augustin Cochin reprend ses activités, avec les jeunes de la Communauté. Une autre initiative, plus laïque, le Cercle Aristote, permettra aux jeunes auxquels cela manque cruellement, de recevoir une formation en philosophie et histoire des idées politiques. Tout cela sera en place début octobre. N’hésitez pas à téléphoner.
Beaucoup de pain sur la planche. Une équipe rénovée. Mais toujours la même ambition : travailler au règne du Christ, au cœur de Paris, en particulier dans le monde, oh combien sensible ! de la culture.
Si vous habitez trop loin, si vous ne pouvez pas venir, n’hésitez pas à commander nos CD. Vous pouvez pour cela vous rendre sur notre site Internet, en tapant simplement cccsp sur google ou sur un moteur de recherche. Vous nous trouverez : en première ligne sur la feuille de recherche. Cccsp : cinq lettre pour mieux suivre nos activités tous les jours de l’année. Le paiemùent par carte est possible, selon le système (simple) Paypal.
Je n’hésite pas à tendre la main. Nous avons terminé l’année au plus juste. S’il vous est loisible de donner un peu d’air à nos finances, n’hésitez pas à le faire. Nous vous enverrons un reçu fiscal, qui vous permettra de déduire du montant de vos impôts sur le revenu 66% de la somme que vous nous offrez.
Que Dieu vous bénisse et qu’Il nous garde, tout à son service.
Guillaume de Tanoüarn

Michel Foucault : le mystère d'une exigence

Il faut lire Michel Foucault, me disait il y a 20 ans le Père Huot de Longchamp, qui en avait beaucoup retiré lui-même, pour sa Lecture de Jean de la Croix. Je n'ai jamais vraiment suivi ce cnseil, et c'est dommage. C'est en tout cas ce que démontre Paul Veyne dans son récent Michel Foucault : il faut lire cet auteur indépendamment du discours que la Pensée 68 a bâti autour de lui. Foucault est le contraire d'un idéologue : un sceptique. J'ajouterai : un sceptique de grande race, au sens étymologique du verbe grec skepto : un examinateur, assoiffé de vérité. Il y a deux races de sceptiques : ceux qui font de leur scepticisme la seule vérité et qui le conçoivent comme une machine de guerre contre toutes les autres et ceux dont le scepticisme est une exigence dressée contre toutes les demi vérités, au nom de la vérité intégrale. Paul Veyne présente Foucault qu'il a bien connu comme un intégriste de la vérité, un sceptique en ce second sens. Il note son affinité inattendue avec saint Augustin sur ce point. Et il cite cette formule magnifique, tirée du dernier volume de Dits et Ecrits (p. 535) :
"Je sais que le savoir a le pouvoir de nous transformer, que la vérité n'est pas seulement une manière de déchiffrer le monde (...) mais que si je connais la vérité, alors je serai transformé et peut-être sauvé. Ou alors je mourrai, mais je crois de toute façon que c'est la même chose pour moi".
Cette transformation, entrevue par Michel Foucault, la première génération chrétienne l'a appelée : metanoia, conversion. Comment construire une anthropologie chrétienne, en oubliant ce fait nouveau de la transformation spirituelle, de la transvaluation universelle dans la grâce de Dieu ?
Les Maîtres penseurs, Marx, Freud et leurs épigones croient à la connaissance ; Jules Monnerot disait que c'était des gnostiques. Leur prise de conscience n'impliquait pas cette "transformation à en mourir" qu'entrevoit Foucault et dont le seul analogue crédible est la conversion.
Je ne cherche à baptiser personne, mais les accents augustiniens de Foucault, relu par Paul Veyne et tout athée résolu qu'il soit, ont quelque chose de troublant.