"Mais lui, imposant la main à chacun, les guérissait tous" Lc 4, 40
Ce récit de la guérison de la belle-mère de Simon est présent dans les trois synoptiques, Matthieu, Marc et Luc. Mais cette formule, on la trouve dans le seul Luc. Elle est significative pourtant. La guérison de la belle-mère est l'occasion que choisisssent une foule de malades pour se faire porter auprès de Jésus. Ce que Luc ajoute à cela, c'est qu'il suffisait de se présenter pour être guéri (Il les guérissait TOUS) mais que chacun se voyait imposer les mains dans un geste personnel du Christ à son égard.
Parvenu à ce point, il faut que je vous fasse une confidence : je suis un peu philosophe... Vous êtes au courant ? En tout cas, c'est en tant que tel que je voudrais chercher le sens de ce passage. Ne vous inquiétez pas : c'est extrêmement basique, comme souvent les philosopheries.
Je ne peux pas manquer de voir dans cette formule de l'évangéliste Luc, apparemment banale,la forme exacte de l'universel catholique et la raison profonde (humaine et divine tout à la fois) pour laquelle l'Eglise catholique, même en ces temps de mondialisation, est la seule internationale qui tienne.
- En quoi cela concerne notre Carême ? demanderez-vous
- Deux raisons : cela nous fait mieux connaître l'Eglise et la manière dont nous adhérons à son Mystère, c'est-à-dire au Christ. Et cela nous donnera, je pense, une nouvelle raison d'espérer dans l'Eglise. Autant dire que cela augmentera notre foi.
Mais je vais m'expliquer sur ce que j'appelle la forme de l'universel catholique.
"Imposant la main à chacun, le Christ les guérissait tous". Cela signifie d'abord que le Christ n'a aucune exclusive, qu'il n'est pas limité (par une quelconque prédestination supra-lapsaire ou par une élection divine ou une appartenance communautaire ou que sais-je ?) dans la grâce qu'il porte au monde. Il verse son sang pour sauver tous les hommes, parce qu'il veut sauver tous les hommes. C'est la liberté d'un certain nombre d'entre eux qui les fait se soustraire à cette générosité divine. Mais il est bien mort pour la multitude. Jusqu'à la fin du monde, "quiconque invoquera le Nom du Seigneur [c'est-à-dire le Christ Seigneur, le sachant ou non] sera sauvé".
Et vous qui lisez ces lignes, il en est de même pour vous. Il vous suffit d'approcher, sans avoir peur du Christ. Vous recevrez sa grâce, c'est-à-dire sa vie... éternelle.
En même temps, cette universalité du salut n'est pas quelque chose d'abstrait. Ce n'est pas un salut donné "en général", ce n'est pas une IDEE du salut qui se vérifierait universellement. Ce n'est pas un salut présumé universel. Pas un salut sur le papier. C'est un salut donné à chacun, reçu (ou refusé) par chacun : le Christ prend le temps d'imposer les mains à chacun des malades. il pourrait leur dire : "Rentrez chez vous, vous êtes guéris. Il aurait pu leur dire : "Sentez-vous bien tous, car le Royaume de Dieu est pour tous et, que vous le sachioez ou non, vous êtes déjà dedans et vous êtes déjà guéris".
Non ! Il prend le temps, selon un rite que le prêtre continue à observer le jour du baptême et sur le front de chaque malade, il pose sa main, et certainement il regarde le malade qui s'adresse à lui. Qui dira cet échange de regard ?
Eh bien ! C'est encore le cas aujourd'hui. Il n'y a pas qu'une seule manière d'être chrétien. Chacun d'entre nous à sa vocation, son appel, son chemin, sa manière de s'offrir au Seigneur. C'est pourquoi l'on dit, au-delà même du principe hiérarchique et des questions de périmètre visible ou invisible de l'Eglise, que l'on se trouve devant une société de personnes, chaque personne ayant un rapport ineffable à son Seigneur, une manière particulière de lui dire son amour.
Il est vrai que tous nous devons aimer Dieu "plus que tout". C'est le Deutéronome qui nous le demande, et ce commandement est repris dans l'Evangile. Mais en même temps nul ne doit s'ériger sans mandat exprès en juge de son prochain, car nous avons chacun un secret, un chemin, un trésor... personnel.
Et voilà pourquoi, n'en déplaise à certains prêtre à court d'inspiration, l'Eglise n'est pas totalitaire, tout en étant la plus exigeante. Raphaël avait dit à Tobie : "Il est bon de cacher le secret du roi" (Tb. 12, 7) - c'est-à-dire le mot d'amour, chaque fois différent, qui existe entre chaque personne et son Dieu.
Ni transparence, ni standardisation, ni massification spirituelle : le Royaume de Dieu commence ou plutot recommence, comme en un premier jour, en chacun d'entre nous. Comme l'écrivait saint Thomas à sa soeur : "Il suffit de le vouloir".
Pour ceux que la métaphysique intéresse, je préciserai simplement qu'il s'agit là de la figure de l'analogie de proportionnalité propre, telle que la développe un certain Cajétan dans son De nominum analogia. Cette figure métaphysique est la figure christique par excellence, la forme chrétienne - indestructible - de l'Universel, c'est-à-dire de la catholicité.
Ce récit de la guérison de la belle-mère de Simon est présent dans les trois synoptiques, Matthieu, Marc et Luc. Mais cette formule, on la trouve dans le seul Luc. Elle est significative pourtant. La guérison de la belle-mère est l'occasion que choisisssent une foule de malades pour se faire porter auprès de Jésus. Ce que Luc ajoute à cela, c'est qu'il suffisait de se présenter pour être guéri (Il les guérissait TOUS) mais que chacun se voyait imposer les mains dans un geste personnel du Christ à son égard.
Parvenu à ce point, il faut que je vous fasse une confidence : je suis un peu philosophe... Vous êtes au courant ? En tout cas, c'est en tant que tel que je voudrais chercher le sens de ce passage. Ne vous inquiétez pas : c'est extrêmement basique, comme souvent les philosopheries.
Je ne peux pas manquer de voir dans cette formule de l'évangéliste Luc, apparemment banale,la forme exacte de l'universel catholique et la raison profonde (humaine et divine tout à la fois) pour laquelle l'Eglise catholique, même en ces temps de mondialisation, est la seule internationale qui tienne.
- En quoi cela concerne notre Carême ? demanderez-vous
- Deux raisons : cela nous fait mieux connaître l'Eglise et la manière dont nous adhérons à son Mystère, c'est-à-dire au Christ. Et cela nous donnera, je pense, une nouvelle raison d'espérer dans l'Eglise. Autant dire que cela augmentera notre foi.
Mais je vais m'expliquer sur ce que j'appelle la forme de l'universel catholique.
"Imposant la main à chacun, le Christ les guérissait tous". Cela signifie d'abord que le Christ n'a aucune exclusive, qu'il n'est pas limité (par une quelconque prédestination supra-lapsaire ou par une élection divine ou une appartenance communautaire ou que sais-je ?) dans la grâce qu'il porte au monde. Il verse son sang pour sauver tous les hommes, parce qu'il veut sauver tous les hommes. C'est la liberté d'un certain nombre d'entre eux qui les fait se soustraire à cette générosité divine. Mais il est bien mort pour la multitude. Jusqu'à la fin du monde, "quiconque invoquera le Nom du Seigneur [c'est-à-dire le Christ Seigneur, le sachant ou non] sera sauvé".
Et vous qui lisez ces lignes, il en est de même pour vous. Il vous suffit d'approcher, sans avoir peur du Christ. Vous recevrez sa grâce, c'est-à-dire sa vie... éternelle.
En même temps, cette universalité du salut n'est pas quelque chose d'abstrait. Ce n'est pas un salut donné "en général", ce n'est pas une IDEE du salut qui se vérifierait universellement. Ce n'est pas un salut présumé universel. Pas un salut sur le papier. C'est un salut donné à chacun, reçu (ou refusé) par chacun : le Christ prend le temps d'imposer les mains à chacun des malades. il pourrait leur dire : "Rentrez chez vous, vous êtes guéris. Il aurait pu leur dire : "Sentez-vous bien tous, car le Royaume de Dieu est pour tous et, que vous le sachioez ou non, vous êtes déjà dedans et vous êtes déjà guéris".
Non ! Il prend le temps, selon un rite que le prêtre continue à observer le jour du baptême et sur le front de chaque malade, il pose sa main, et certainement il regarde le malade qui s'adresse à lui. Qui dira cet échange de regard ?
Eh bien ! C'est encore le cas aujourd'hui. Il n'y a pas qu'une seule manière d'être chrétien. Chacun d'entre nous à sa vocation, son appel, son chemin, sa manière de s'offrir au Seigneur. C'est pourquoi l'on dit, au-delà même du principe hiérarchique et des questions de périmètre visible ou invisible de l'Eglise, que l'on se trouve devant une société de personnes, chaque personne ayant un rapport ineffable à son Seigneur, une manière particulière de lui dire son amour.
Il est vrai que tous nous devons aimer Dieu "plus que tout". C'est le Deutéronome qui nous le demande, et ce commandement est repris dans l'Evangile. Mais en même temps nul ne doit s'ériger sans mandat exprès en juge de son prochain, car nous avons chacun un secret, un chemin, un trésor... personnel.
Et voilà pourquoi, n'en déplaise à certains prêtre à court d'inspiration, l'Eglise n'est pas totalitaire, tout en étant la plus exigeante. Raphaël avait dit à Tobie : "Il est bon de cacher le secret du roi" (Tb. 12, 7) - c'est-à-dire le mot d'amour, chaque fois différent, qui existe entre chaque personne et son Dieu.
Ni transparence, ni standardisation, ni massification spirituelle : le Royaume de Dieu commence ou plutot recommence, comme en un premier jour, en chacun d'entre nous. Comme l'écrivait saint Thomas à sa soeur : "Il suffit de le vouloir".
Pour ceux que la métaphysique intéresse, je préciserai simplement qu'il s'agit là de la figure de l'analogie de proportionnalité propre, telle que la développe un certain Cajétan dans son De nominum analogia. Cette figure métaphysique est la figure christique par excellence, la forme chrétienne - indestructible - de l'Universel, c'est-à-dire de la catholicité.