[par Marie-Pierre] J’avais il y a quelques temps déjà montré ici que la théorie du genre ne figure pas dans les programmes de l’Education Nationale. Il y a autour de ce thème plusieurs initiatives plus ou moins convaincantes, dont certaines relèvent d’une légitime lutte contre les préjugés, et d’autres sont empruntes d’une idéologie tarée. Cependant, je le redis, rien dans les programmes. Et penser qu’on enseignera la masturbation à la Maternelle (ne riez pas, je l’ai lu!) relève du fantasme. Au risque de décevoir quelques craintes, j'ajoute qu'on ne projette pas de porno gay pour occuper les petiots quand les instits ne savent pas quoi faire (entre leur grève et leurs jours de RTT).
Cependant, la rumeur se répand, qui veut que le gender s’introduise à l’école. Avec pour corollaire le succès inattendu de la JRE (Journée de Retrait de l’Ecole) initiée par Farida Belghoul. Concrètement, un jour donné, des parents n’envoient pas leurs enfants à l’école, et c’est ainsi qu’à Colombes, à Montpellier, à Sarcelles, il a manqué jusqu’à des 20 ou 40% de l’effectif. J’en suis ravie, et je vous en dirai la raison.
Vincent Peillon, Le Point et la FCPE se demandent «qui veut affoler les parents» ou «d’où vient la rumeur». Ils ont bien sûr la réponse: à la base du mal se trouve l’extrême droite la plus nauséabonde, celle qui ne vomit pas Dieudonné, voire même qui participe à @LaManifPourTous. La seule question qui vaille sur cette rumeur est cependant de savoir pourquoi «ça prend».
Pour qu’une légende marche, il faut que qu’elle intéresse les masses (ésotérisme, violence, maladie, perversité, etc) et qu’elle corresponde à une crainte (plus rarement : à un espoir) déjà en place. Ce que nous dit le succès de ces Journées du Retrait, c’est qu’à Colombes, à Montpellier, à Sarcelles… un nombre significatif de familles tient l’équipe en charge de l’Education Nationale pour une bande de dégénérés. Qu’à tout le moins, ces familles n’ont pas confiance. Et peu importe au fond qu'elles aient tort ou raison.
A partir de là, le Ministre peut convoquer qui il veut, il peut alterner le ton rassurant et le ton menaçant, il peut descendre dans l’arène ou monter sur l’estrade, peu importe. Qu’il promette tout ce qu’il sait : la confiance ne se décrète pas. Il n’empêchera pas que l’on minore ses propos d’une petite formule subversive (Par exemple : «Peillon a réfuté catégoriquement tout enseignement de la théorie du genre ; enfin… on se comprend» ou encore «Le gouvernement tient à rassurer les familles qu’il n’y aura d’enseignement à la sexualité… Qu’ils disent».)
En quoi cela me ravit-il? Rassurez-vous, Ce n’est pas à 63 ans que je deviendrai anarchiste. Mais j’ai vu raconter tant de fariboles aux familles (que tous les postes sont pourvus, que l’on n’a plus guère besoin d’enseignants spécialisés, que les personnels malades sont tous remplacés, qu’une consultation a lieu sur l’Ecole du 21e siècle, etc) que je ne suis pas fâchée de les voir se réveiller, fut-ce pour une raison largement fantasmée. Et encore plus, les voir se réveiller là où j’enseignais, c’est-à-dire loin des beaux quartiers.
Pendant ce temps, que se passe-t-il dans les écoles? Mon petit doigt me dit que les collègues concernés doivent être bien ennuyés. Par ce que les enseignants, et encore plus les directeurs, cherchent à construire une alliance avec les familles des élèves, parce que la confiance réciproque et la sérénité sont une condition sine qua non pour que les enfants puissent apprendre, surtout dans les zones difficiles.
Il ne m’étonnerait donc pas que quelques initiatives soient déprogrammées, au minimum déclinées sur un mode plus soft. Bref, que les familles, en criant au choléra (qui n’existait pas) s’évitent le rhume (qui existe tout de même un peu).
Monsieur P. appelle les différents professionnels à «convoquer» les parents des absents pour leur «expliquer» et... les «avertir». Cependant, l’Education Nationale est régie par des textes. Les familles peuvent être convoquées «au niveau de l'établissement» à partir de «3 demi-journées d'absences non justifiées dans le mois», et «au niveau de la Direction des services départementaux de l'éducation nationale» à partir de «4 demi-journées dans le mois». Le reste est fanfaronnade.
Monsieur P. appelle les différents professionnels à «convoquer» les parents des absents pour leur «expliquer» et... les «avertir». Cependant, l’Education Nationale est régie par des textes. Les familles peuvent être convoquées «au niveau de l'établissement» à partir de «3 demi-journées d'absences non justifiées dans le mois», et «au niveau de la Direction des services départementaux de l'éducation nationale» à partir de «4 demi-journées dans le mois». Le reste est fanfaronnade.